Pages

jeudi 22 mai 2014

Quelle ère est-il ?

14 ans.
La franchise X-men au cinéma a 14 ans.
Mine de rien, cela fait donc 14 ans que les super-héros ont pris possession de nos salles de ciné.
Oh certes, on a vu Superman et Batman débarquer bien avant, mais l'engouement pour le genre n'a pas été de leur fait.

Après quelques errements ( X-men : l'affrontement final et X-men Origins : Wolverine) la franchise avait besoin de sang frais : c'est pourquoi Bryan Singer, le réalisateur des deux premiers épisodes de la saga a mis en place son come-back. Mais, lié par contrat à la Warner ( à qui il devait encore un film, Jack et le haricot magique, dont je le soupçonne de l'avoir sciemment bâclé pour être vite tranquille et se venger gentiment de ne pas avoir pu continuer son histoire de Superman entamée avec Superman returns), il laisse les commandes à son ami Matthew Vaughn et devient simplement producteur.
X-Men First Class débarque et donne un second souffle à la franchise en s'intéressant aux événements qui ont fait se rencontrer Chales Xavier et Erik Lensherr.

Lors de la sortie de First Class, Matthew Vaughn parlait de ses plans pour la suite, en particulier de lier la "balle magique" de l'affaire JFK à Magneto. Mais, comme un effet de miroir, Vaughn doit quitter le projet pour raisons privées (en vérité, il part réaliser l'adaptation de Secret Service, un comics scénarisé par son pote Mark Millar, le créateur de Kick-Ass). Singer, producteur, négocie son retour en tant de réalisateur et décide de prendre un chemin fou et risqué : lier les deux sagas.

Days of future past est avant tout un arc narratif de la série Uncanny X-men paru dans les années 80 ( deux ans avant Terminator, James Cameron n'a jamais caché son amour des comics).
Dans un avenir sombre, les mutants sont parqués ou éradiqués. Rachel Summers (fille de Cyclope et Jean Grey), renvoie l'esprit de Kitty Pride dans son jeune corps pour empêcher le meurtre du sénateur Kelly, point de départ de la traque aux mutants.



Cette saga, retentissante pour l'époque avait été adaptée dans le dessin animé des années 90 (et se servait du mutant Bishop en lieu et place de Kitty).

Cette nouvelle adaptation voit cette fois-ci Wolverine remonter le temps et débarquer dans son jeune corps.
Le résultat est …ébouriffant, stimulant, bandant ! Bryan Singer a encore augmenté son niveau de jeu technique et se paye donc le luxe d'écraser son propre X-men 2, souvent considéré comme le meilleur de la saga. En une scène, mettant en scène un mutant capable de super-vitesse, il démontre un savoir faire qui renvoie sa scène d'ouverture avec Diablo/Nightcrawler dans X2 pour une bagatelle à la portée de n'importe qui.


Des doutes sur Quicksilver ? Vous n'en aurez plus après ça. 

Je parlais d'un jeu de miroir plus haut dans les situations qui ont amené Vaughn et Singer a réaliser les derniers épisodes. Ce jeu de miroir est aussi bien présent dans le film en lui-même.
La scène d'ouverture d'abord. X-men s'ouvrait sur l'horreur des camps de concentration nazis.
Days of future past s'ouvre sur les campes de concentration que l'humanité a mis en place contre les mutants et ceux qui les aident. Mais le jeu de miroir ne se limite pas à citer la saga, il est aussi présent dans le film.
Le futur est froid et sombre et se déroule uniquement de nuit ( Terminator citait X-men, X-men citera donc Terminator. L'art se nourrit et s'influence de lui-même tout en se démarquant et se diversifiant ) quand le passé, les années 70, est baigné de soleil et de couleurs. Les héros du futur sont tous des soldats en uniformes, les héros du passé sont en habits civils,Wolverine est doublé à l'adamentium dans le futur, ses os n'en sont pas recouverts dans le passé (n'ayez crainte, il tranche toujours aussi facilement dans le lard) ,etc…Tout résulte d'une réflexion sur la réflexion (ouuuh, je vous sens perdus d'un coup).


Les thématiques du film sont nombreuses et variées. Les thématiques sociales sont un fondement de la saga : la fin d'une guerre (celle du Vietnam) servant de point de départ à une nouvelle (contre les mutants), la frilosité et la peur du changement des sociétés, l'acceptation (ou non) des personnes différentes ou en sous-nombres ( les mutants ce sont les noirs qui se battent pour leurs droits civiques, ce sont les juifs qu'on extermine, les musulmans qu'on conspue, les gays que l'on tabasse). Même les théories quantiques sur le temps sont abordées. Le script est riche mais jamais lourd.

L'enjeu du film empêche tout relâchement, à peine sent-on que le deuxième acte est plus lent, car il remet l'échiquier en place, avant le troisième et dernier acte d'une redoutable efficacité narrative. Rien n'est à jeter, que ce soit dans la réalisation, soignée, la photo ou le montage. L'écriture est sérieuse sans oublier le fun ( on rit souvent mais sans tomber dans le rire moqueur : il ne s'agit pas de ridiculiser les héros, il s'agit , pour eux comme pour nous, de relâcher un peu de pression et de repartir au feu!).

Et au feu, on retrouve James McAvoy qui nous offre un Xavier bien différent de la première fois: désabusé, en proie au doute et limite junkie. Michael Fassbender confirme, si besoin était, tout le bien qu'on peut penser de lui : son personnage est encore une fois le plus intéressant et tire la couverture à lui à chaque apparition et ce même s'il n'est plus le personnage principal du film.
Hugh Jackman nous sert le même Wolverine que d'habitude (la recette n'a pas besoin de changer de toute façon) et Jennifer Lawrence offre autant de nuance à son personnage de Mystique que le pouvoir mutant de cette métamorphe.




Le film, jouant sur les retombées des voyages dans le temps ne va rien s'interdire et les surprises seront au rendez-vous. Enfin, ne partez pas avant la fin du générique, une scène post-générique est incluse et si elle pourrait être cryptique pour le néophyte, le fan de comics va pisser dans son pantalon.

Rendez-vous dans deux ans (si tout va bien) pour X-men : Apocalypse !