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vendredi 13 novembre 2009

Les mythes ne meurent jamais.

Le roman "Dracula" a plus de 112 ans au compteur mais reste une valeur sûre. Rare sont les œuvres vampiriques à avoir tant marqué l’imaginaire de part l’importante masse d’adaptations cinématographiques ou de l’emploi du comte dans divers ouvrages de littérature ( la faute à une erreur administrative de Bram Stoker pour établir le copyright de son livre aux USA en 1897,du coup Dracula est du domaine public là-bas depuis…1899 !) . Ainsi quelques suites non-officielles virent le jour telles que « Les archives de Dracula », « Le retour de Dracula » ou encore «L'invitée de Dracula » (je recherche activement ces livres donc si vous avez un tuyau).


Devant le regain d’intérêt pour les vampires de la part du public depuis quelques temps, il n’est pas étonnant de voir le comte ressortir ses canines fluorées au Colgate. Et c’est sous la houlette d’un Stoker que voici revenir le prince des ténèbres. Alors que vaut-elle cette suite officielle (parce que coécrite par un Stoker et approuvée par le reste de la famille) ? Et bien ça se lit agréablement mais ça ne casse pas trois pattes à une chauve-souris. L’aspect roman d’horreur est zappé au profit d’un thriller d’aventure aux chapitres courts qui se terminent souvent sur une interrogation, poussant le lecteur à se ruer vers le chapitre suivant à la manière de tant d’auteurs américains sans style mais accrocheurs. Et pour parvenir à un tel rythme le style épistolaire du roman original est renvoyé aux oubliettes. Mais ce qui frappe le plus c’est l’apparition très tôt dans l’histoire d’incohérences avec « Dracula ». Alors, le descendant et le fan qui ont écrit ce livre ont-ils oublié de relire la référence avant de s’attaquer à leur roman ? Que nenni, il y une explication plus ou moins logique fournie par les auteurs, mais elle parait un peu (voire beaucoup) capilotractée, pensée , pour donner une légitimité à cette suite. Ensuite,le lecteur éventuel ayant sans doute mangé du vampire par le biais de la télé ou autres médias, et bien les auteurs ont pensé que ce mettre à son niveau l’aiderait à entrer dans le pavé de 500 pages : le vampire de Stoker marchait en pleine journée,ce ne sera plus le cas ici, les symboles religieux ne fonctionneront pas toujours selon que le vampire a été croyant ou non de son vivant et bien sûr on alternera scènes sanglantes et sexe aguicheur ,le vampire étant esclave de ses sens. Le tout saupoudré de la mode « je suis un vampire romantique »(absent chez Stoker,mais présent chez Coppola,le livre se basant plus sur l’œuvre du cinéaste par moment que sur le roman d’origine, paradoxal pour une entreprise qui prétend rendre à la famille Stoker ce que les studios de cinéma lui ont pris) . Finalement ce Dracula mange à tous les râteliers du genre mais au dépit de toute identité propre.Pire,il a été fait grand bruit que ce roman se basait sur les notes de Stoker,mais celles-ci concernent "Dracula" et non une éventuelle suite,les notes sont donc intégrées comme éléments de Flash-backs ou de clin d'oeil à des personnages qui ne furent finalement pas utilisés dans le roman du bon vieux Bram.Pas de la pub mensongère mais nous n'en sommes pas très loin.

Vite lu,vite oublié.

1 commentaire:

  1. Il est clair que si on le lit comme une suite du roman original, ce Dracula l'Immortel peut rougir de nombreuses faiblesses vis à vis du roman de Bram Stoker : le style épistolaire est mis au placard, l'ambiance victorienne disparaît pour laisser la place à une sorte de Da Vinci Code début de siècle. Et ce qu'ils font des personnages originaux a de quoi sérieusement faire grincer les dents.

    Ceci dit pour ceux qui n'ont pas lu le roman de Bram Stoker, ce roman peut être un pied à l'étrier intéressant, en cela qu'il est sans doute plus abordable, car plus moderne à la fois dans le fond et dans la forme (même si personnellement le roman de Stoker est à mes yeux une incontournable pièce maîtresse du genre).

    Mon amie, librairie de métier, à vu poindre beaucoup de demandes du "tome 1" ces dernières semaines (ce qui à certes de quoi faire sourire, mais montre que les lecteurs veulent creuser le sujet).

    Une autre chronique de Dracula l'immortel de Dacre Stoker et Ian Holt

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