Après un premier épisode qui avait surpris et plus ou moins emballé, Largo Winch devait confirmer l'essai avec ce second opus des aventures du milliardaire en blue jeans au cinéma. Rentrons dans le lard tout de suite : l'essai n'est pas transformé !
Largo Winch a décidé de vendre le Groupe W pour mettre sur pied une fondation humanitaire. Le jour de la signature du mandat de vente, une procureur décide d'ouvrir une enquête sur les liens du Groupe avec un massacre survenu en Birmanie 3 ans plus tôt. Largo doit contre-enquêter et vite si il ne veut pas se retrouver en prison et sa fondation tuée dans l'œuf. Avec un tel point de départ il aurait été facile d'avoir un thriller financier et d'aventure de haute volée. Mais le film ne décolle jamais.
Entre une écriture molle et des dialogues indigents et même indigestes (sauf les quelques séquences autour de Gauthier, le majordome de Largo, qui sont excellentes et dont l'humour fait mouche) on retrouve des scènes d'actions spectaculaires mais vaines , la faute à une intrigue artificiellement complexifiée. Ces séquences sont extrêmement travaillées et paradoxalement cela dessert le film. Souvenez-vous, dans le premier film les séquences étaient souvent rythmées frénétiquement pour une raison toute simple : le budget moyen et l'interdiction de filmer dans Hong Kong forçait l'équipe à aller vite et cela se ressentait. Ici , le budget alloué est bien supérieur (ils ont su se payer Sharon Stone ! ) et les séquences en profitent : une image léchée, un montage au couteau (ce qui sont des belles qualités techniques quand même. Il y a un plus grand respect de la rétine chez Jérôme Salle que dans n'importe laquelle des productions Besson actuelles) mais l'énergie dégagée ne se communique plus au public . Trop pensées et travaillées, ces séquences en deviennent trop abstraites et froides. Dommages car avec un minimum de spontanéité elles auraient été démentielles et non vulgairement spectaculaires. Le film débute d'ailleurs sur l'une d'elles: une poursuite en voiture avec un montage alterné …rappelant un peu l'ouverture de Quantum of Solace le dernier James Bond en date, sans doute dans un esprit de marquer la parenté ( tout comme l'affiche très bondienne dans l'âme). Celle-ci fut tournée dans le bassin industriel de la ville Belge de Charleroi…pour simuler un pays de l'Est…si accueillir un tournage international doit être gratifiant, les responsables de la ville auraient peut-être dû se sentir insultés au vu de la connotation négative qui s'échappe des mots " pays de l'Est " (à tort ou à raison ces mots ne sont que rarement compris de manières positives). Merci donc pour Charleroi qui après avoir été traité de Chicago se retrouve maintenant associée à ce qui se fait de pire en matière de crimes et de corruption…la ville n'est certes pas Metropolis mais ce n'est pas Gotham non plus ( quoique certains quartiers...).
Largo Winch n'a pourtant pas de permis de tuer il me semble...et je ne me rappelle pas le voir tirer une seule balle !!!
Passons au gros point noir : le scénario. Jean-Van Hamme ,le scénariste de la bande-dessinée, a toujours déclaré non sans humour que Largo c'était le James Bond de la finance…et cette affirmation est ici trop prise au sérieux par le réalisateur et son scénariste. Là où le premier épisode était surtout motivé par une intrigue économique ( les parts de l'entreprise que Largo devait récupérer ), le second est motivé par l'aventure et le dépaysement et ce sont ces éléments qui tentent en vain de motiver l'aspect économique et financier des péripéties. Et le scénario n'arrivent jamais à être prenant ou stressant car personne sur le plateau ne devait savoir comment maîtriser un film d'aventure pure. Ils auraient dû se contenter de nous re-pondre un thriller financier (il y a tant de matières exploitables dans ce domaine dans les albums!!) . Les situations sont lourdes, empruntes de clichés éculés depuis les années 80, la scène de cul n'existe pas (contrairement au premier épisode,celui-ci va sans doute se vendre sur le marché américain grâce à Sharon Stone,enfin plutôt à cause de Sharon Stone, et il ne faut donc pas choquer les esprits fragiles du plus gros consommateur de porno toutes proportions gardées qu'est ce pays) et les motivations du vilain de l'histoire sont tellement vues et revues que ça en devient pathétique pour l'acteur qui se voit contraint d'exposer ses desseins. Tomer Sisley campe toujours bien Largo (il m'avait convaincu dans le premier alors que j'avais de fortes appréhensions) mais force est de constater qu'il n'est pas aidé par les dialogues de cet opus. Sharon Stone n'est là que pour faire des clins d'œil à Basic Instinct et Laurent Terzieff n'est jamais mais jamais convaincant. Ne croyez pas un mot des critiques élogieuses qui ont fleuri sur le net et ailleurs,elles découlent d'un sentiment franco-français que la presse hexagonale aime tant mettre en avant quand une production française joue sur les terres habituellement dominée par les films américains. Une hypocrisie monumentale car c'est cette même presse qui descend en flèche les genres cinématographiques touchés par Hollywood.
Bref je vous enjoint solennellement à ne pas dépenser un centime dans Largo Winch 2 (ou alors de payer votre ticket pour un autre film ^^ ) car si le succès est au rendez-vous, ces cons là risqueraient de vouloir en faire un 3me. Si Largo a réussi à vous intéresser avec le 1er film, ruez-vous sur la BD,vous ne serez pas déçu!
PS: je remercie Laurent Baffie pour mon titre (cfr l'affiche du film " Les clés de bagnole" ).
Moi je te trouve un peu sévère.
RépondreSupprimerEn gros, il y a deux façon de voir ce film :
- Comme un thriller financier : alors là oui c'est une déception étant donnée la simplicité et la prévisibilité du scénario.
- Comme un film d'action à la James Bond : et là Largo Winch remplit son cahier des charges. Un film d'action européen dépaysant pas désagréable.
Mais effectivement, j'ai été déçu (sans doute par rapport aux attentes qu'avaient placé le premier épisode). Le fait de vouloir trop se rapprocher de James Bond (séquence en voiture + scène du parachute too much) lui a fait trop perdre de ce qui était censé être la spécificité du film.
J'adore le titre de ton article, ça m'a tout de suite interpellé!
RépondreSupprimer;-)
Sinon je ne me déplacerai pas pour le voir, j'avais déjà pas réussi à tenir pour le premier...