Michael Fassbender. Retenez bien ce nom: c'est celui de l'acteur ( germano-irlandais) qui va monter en flèche très vite grâce à son rôle dans X-men. La franchise avait révélé Hugh Jackman il y a un peu plus de 10 ans,c'est donc une tradition que de lancer un acteur dans cette saga (même si les cinéphiles purs et durs l'avaient déjà remarqué dans 300, Inglorious Basterds et Centurion).
Mais revenons à nos mutants. X-men first class raconte comment Charles Xavier et le futur Magneto se sont connus, sont devenus amis et pourquoi malgré leur amitié profonde ils ont pris des chemins différents. Tout cela dans l'optique des films réalisés par Bryan Singer et sortis en 2000 et 2003. Cette histoire, on a failli ne pas la voir au cinéma pourtant. Le développement du film à lui seul est une histoire dont on pourrait tirer un véritable film.
Tout d'abord il y a la peur de la FOX de voir la franchise X-men être récupérée par Marvel (et donc par Disney). En effet, une clause des contrats entre Marvel et Fox stipule bien que le studio doit produire des films sur le sujet dans un certain délai entre chaque film. Si le délai est dépassé, la franchise revient dans le giron de Marvel. C'est pour cette raison que X-men 3 et Wolverine avaient été lancés sans attendre que Singer revienne de son escapade sur Superman Returns (et quand on ne fait des films que pour le fric et emmerder son monde on ne peut obtenir un bon résultat). C'est pour cette même raison que la Fox commande un nouveau film X-men et qu'elle a lancé le chantier de nouveaux films tournant autour des 4 Fantastiques et de Daredevil. Heureusement voila l'exception à ce que j'ai énoncé plus haut.
Au départ, les producteurs veulent surfer sur le succès de l'immonde série " Twilight" et offrir des mutants tout beaux et tout jeunes : le comic book " X-men First class" se déroule à la base quand Cyclope, Jean Grey ,etc..viennent à peine d'intégrer l'institut Xavier.Un premier jet est écrit mais il ne convint pas. Le film passe de main en main et tout semble indiquer qu'on court vers le naufrage. Par chance, la nature va s'en mêler. Bloqué en Angleterre par le nuage de cendres islandais, Bryan Singer tombe à l'aéroport sur Matthew Vaughn le réalisateur de Kick-Ass. Ce dernier devait originellement dirigé X-men 3 ( les deux réalisateurs sont amis, c'est d'ailleurs Singer qui avait conseillé Vaughn pour le remplacer sur X-men 3) mais à force de se prendre la tête avec des producteurs à l'esprit étriqué, il quitta le navire avant le naufrage artistique. Ces deux-là commencent à taper la discute et très vite une idée germe dans leurs esprits : et si à eux deux ils relançaient les X-men ? Vaughn comme réalisateur et Singer comme producteur ? La Fox, trop heureuse de les revoir revenir accepte sans se douter que nos compères ont décidé de ne pas plier l'échine quoi qu'il arrive ! Et pourtant La Fox multiplie les coups tordus tout au long de la production, changement incessant de directeur photo (au final seul est crédité John Mathieson, le chef op de Ridley Scott quand même, car il a réalisé 50 à 55 % des prises de vue), retournage dans le dos du réal de scènes sur une période de 6 semaines ( temps suffisant pour tourner un petit film ça !!Les déclarations de la FOX expliquant qu'il s'agissait d'un tournage de scènes additionnelles prévu de longue date sentent la mauvaise justification à plein nez: aucune interview de Vaughn ou de Singer ne viendra confirmer les propos des exécutifs de la Fox). Et pourtant Vaugh tient bon, aidé par Singer.Et leur persévérance et leur capacité à dire "non" aux conneries des connards en costard cravate ne comprenant rien au cinéma a finalement payé ( c'est le même genre de sous-prolétaires intellectuels qui avaient supprimé la série Futurama avant de se faire viré pour incompétence)!
Car oui on tient là un film tourné intelligemment et réfléchi pour s'intégrer dans la droite ligne des X-men de Bryan Singer. La première scène marque d'emblée la parenté avec les films de Singer : il s'agit de la scène du camps de la mort nazi dans lequel Erik Lensher ( Magneto) et sa famille sont envoyés pour le simple fait d'être juifs. Les seuls plans retournés à l'identique sont ceux où l'on voit Erik jeune, l'acteur original étant trop vieux pour les quelques autres scènes se déroulant en 44. Même la musique est celle composée par Michael Kamen pour le premier film X-men ! Erik est repéré par Schmidt après son coup d'éclat. Schmidt est un mutant et découvre en Erik un être fascinant pouvant lui servir. Pour provoquer les capacités du jeune homme, Schmidt n'hésite pas à tuer la mère du malheureux devant ses yeux. 20 ans plus tard, Erik se lance dans une chasse au nazi ( métaphore à peine voilée à la traque illégale israélienne) pour retrouver son bourreau qui se fait appeler Sebastian Shaw! La quête solitaire d'Erik le place directement comme protagoniste principal de l'histoire. Une histoire dans la grande tradition des films d'espionnage dont les codes de l'époque des 60's seront repris ( méchant mégalo, sous-marin personnel avec salon privé, il ne manque que la chat angora sur les genoux) et dans laquelle Fassbender joue les James Bond avec panache ( Vaughn avait lancé Daniel Craig dans Layer Cake, est-il en train de lancer le successeur de Craig dans la peau de 007? Après tout Fassbender est aussi Irlandais que Pierce Brosnan et aussi Bondien que l'écossais Sean Connery).
Mais Shaw attire l'attention de la CIA et d'une agente témoin de phénomènes étranges commis par des êtres qui se font appeler mutants au sein du mystérieux Hellfire Club (le club des damnés en VF), un établissement tenu par un certain Sebastian Shaw. Elle engage alors Charles Xavier, récemment devenus professeur et expert en mutations génétiques.Charles est lui aussi un mutant, un puissant télépathe qui est accompagné par sa " sœur" Raven, une polymorphe qu'il a rencontrée très jeune et qu'il a prise sous son aile. Mais la belle bleue commence à vouloir être vue autrement par Charles.
Traquant le même gibier, Charles et Erik se rencontrent et très vite deviennent amis malgré des point de vues divergeant.Mais quand la crise des missiles cubains pointe son nez, les deux hommes montent une équipe pour stopper la guerre imminente. J'en ai déjà trop dit alors parlons un peu des aspects techniques.
La réalisation d'abord. Si elle n'atteint pas la maitrise visuelle de Singer, elle n'en est pas moins bonne, aidée en cela par un montage fluide de Lee Smith ( le monteur de Chris Nolan, y a pas à dire, Vaughn sait s'entourer). Les scènes d'actions comme les scènes plus intimistes sont très bien rendues, mention spéciales aux séquences de recrutements sachant alterner légèreté et sérieux quand il le faut. C'est d'ailleurs durant le recrutement que survient le premier caméo d'un personnage. La séquence dure 25 secondes mais promet de devenir culte !
Si la scène d'action avec un ennemi téléporteur ne rivalise pas avec celle d'ouverture d'X-men 2 qui voyait Diablo investir la Maison Blanche, elle n'en reste pas moins accrochante. Le scénario ensuite ne laisse aucun répit au spectateur, tout s'enchaîne à 200 à l'heure, impossible de s'ennuyer tant le film va vite, tant le film va loin et ce sans oublier de faire exister ses personnages : James Mcavoy campe un Charles Xavier intelligent mais terriblement dragueur et tenant étonnamment à ses cheveux, Michael Fassbender comme je le disais plus haut bouffe l'attention de la caméra, il déborde de charisme et transmet parfaitement les tourments de son personnage et ses contradictions ( cherchant à la fois à imposer la suprématie mutante et venger une mère des plus humaine ! ). Face à eux, Kevin Bacon fait ce qu'il fait le mieux : jouer les salauds avec une aisance diabolique. Le tout ramenant encore sur le devant de la scène la question de l'intégration et du droit à la différence dans la société, thèmes chers à Bryan Singer ( réalisateur juif et homosexuel). Les personnages ,à de rares exceptions( Azazel par exemple), existent, inter-agissent, vivent ! Joss Whedon avec son " The Avengers" va devoir atteindre un sacré niveau de ce côté là car l'homme n'est pas connu pour être un grand réalisateur mais un grand scénariste ( et si je fais confiance aux inter-actions dans son scénario, le type a mis au point des séries qui parlent pour lui à ce niveau, il faut aussi savoir diriger et filmer pour que cela soit bien rendu à l'écran. Et vu les acteurs à gérer et les égos qui vont avec, ça va pas être de la tarte).
La B.O quant à elle est signée Henry Jackman (aucun lien de parenté), compositeur travaillant au sein de Remote Control Production , la structure mise en place par Hans Zimmer.La musique est rock'n roll, fun et dramatique,alliant guitare électrique,synthé et orchestre ! Il est à noté que John Powell ( sur X-men The Last Stand) et Harry Gregson-Williams ( sur Wolverine) étaient tous deux des anciens du précédent studio du compositeur allemand : MediaVenture. La parenté musicale semble enfin faire partie de l'équation.Et ce même si X-men 3 et Wolverine se font éjecter de la continuité tant il est clair au vu du déroulement de X-men first class que seuls les films réalisés par Singer servent de base. Singer et Vaughn viennent de pisser sur les deux autres films pour marquer leur territoire et c'est très bien comme ça.
Les producteurs souhaitant aussi relancer X-men tout court avec Singer aux commandes, nous aurons peut-être la chance d'enfin voir le VRAI X-men 3 ! En attendant, si le succès est au rendez-vous, une suite sera mise en chantier et Vaughn a déjà l'idée de départ : l'assassinat du président Kennedy et l'explication à la fameuse " balle magique", tout un programme !
On notera malheureusement quelques petites incohérences avec les films de Brian Singer mais rien d'aussi sérieux que chez Lucas et sa "prélogie"star wars! Ainsi Charles ne rencontre pas Erik à 17 ans mais à 27, Erik acquiert son casque anti-télépathe devant Charles alors que ce dernier semble surpris dans " X-men " ( à moins que Magneto ne fasse que lui rappeler qu'il est immunisé) et surtout le prototype de Cérébro n'est pas mis au point par Charles et Erik ! Cependant il reste logiquement deux films et il n'est pas impossible de voir Magneto tenter de se rapprocher de Xavier avant de définitivement chuter et donc de constuire Cerebro ensemble, tout est possible on a déjà vu ça dans le comic book !
En définitive, Vaughn suit les traces d'un Christopher Nolan avec Batman Begins ou de J.J Abrams avec Star Trek : ramener sur le devant de la scène des séries moribondes en leur offrant enfin les films qu'elles méritent après de beaux plantages!
Vivement la suite , car on tient là le meilleur film de la saga. Oui , même meilleur que X-men 2, c'est vous dire !