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dimanche 30 octobre 2011

American greek tragedy

George Clooney revient au cinéma en tant que réalisateur. Et le monsieur n'est peut-être pas un technicien de génie de la mort qui tue, il n'en reste pas moins doué pour mener un récit à bien. Les marches du pouvoir ( The Ides of March, en V.O ) ne viendra pas démentir mon affirmation.

Stephen ( Ryan Gosling, dont je hurle au monde depuis le film " La faille " / "Fracture" en V.O, qu'il est l'acteur de sa génération qu'il faut impérativement suivre!!!! ) est jeune mais il a néanmoins participé comme conseillé à un nombre importants de campanes électorales. Il bosse aujourd'hui pour le gouverneur Morris ( Clooney) qui brigue la maison banche, mais avant cela il doit encore gagner les primaires du parti démocrate. Et pour la première fois de sa carrière, Stephen croit en son candidat. Et la vie lui sourit puisqu'il entame une relation avec une charmante stagiaire : Molly ( Evan Rachel Wood).



Mais bien entendu, c'est quand tout semble rouler comme sur des roulettes que surgit, excusez l'expression, " la couille dans le pâté". Et c'est biologique, les couilles ça va par deux ! Entre coup-fourrés, scandale potentiel et autres tentatives de sauver la peau de sa carrière, c'est dans un film noir qu'est en réalité entrainé Stephen…pour notre plus grand plaisir de spectateur ( car oui, le spectateur est un sadique, sinon il sortirait de la salle choqué avant même de voir le héros se relever…ou pas).

Si la réalisation est sans éclats, elle reste pourtant d'une efficacité imparable. En partie grâce à un scénario qui n'accumule aucune scène inutile ( co-écrit par Clooney lui-même, l'homme a de multiples talents). En nous présentant Stephen comme quelqu'un de profondément sympa et droit dans ses bottes , Clooney nous gagne à la cause de ce jeune loup de la politique. Et le suivre lui uniquement durant les 98% du film nous remet à hauteur de cet homme et rend le film passionnant de bout en bout, tout en faisant appel à notre réflexion sur la notion de fidélité, de la corruption par le pouvoir, de jusqu'où est-on prêt à aller pour gagner, jusqu'à quelle bassesse peut-on adhérer pour obtenir ce que l'on veut ? Pourtant en filigrane il est évident que Clooney ne prône pas ici le discours du " tous pourris ". Mais du " personne n'est parfait…et cela se mesure à divers niveaux ". Car si on a le sentiment d'un manichéisme à certains moments, Clooney le renverse. La toute fin elle-même étant en contradiction avec ce qu'un faiseur d'Hollywood aurait asséner : pas de rose bonbon , mais du doux amer.



Le tout est relevé par une série de second rôles brillants (quoique l'originalité du choix des seconds rôles ne soient pas ahurissante puisque ce sont des habitués du registre " second rôle de haute volée " : Paul Giamatti, Phillip Seymour Hoffman, Marisa Tomei, etc…des têtes connues donc). Un joli défilé de noms au générique donc qui voit même celui de Léonardo DiCaprio être cité (il est producteur du film), depuis son premier film,Clooney a prouvé qu'il savait bien s'entourer.

Des têtes connues et sans originalité dans leur choix mais d'une efficacité reconnue...alors pourquoi se gêner ?

Clooney a été malin de faire en sorte de tout cela se produise dans le parti démocrate tant il est aisé et plus que facile de présenter les républicains comme les éternels méchants (et une petite leçon d'histoire en passant : Lincoln était un président républicain). On parle de politique, les méthodes sont les mêmes quels que soient les partis et le but est le même également : gagner !

Mis en chantier avant certaines affaires, le film trouve en plus un écho dans l'actualité du moment ( ça s'appelle " la synchronicité " et non "le hasard" ).

Je mise que quelques nominations aux Oscars ( et soyons fous, quelques statuettes) vont tomber pour ce film en février prochain ! Je mise aussi que je vais aller le revoir...

dimanche 23 octobre 2011

Mille millions de mille milliards de mille sabords !

C'est le grand écart dans les films critiqués ce week-end sur ce blog. D'une part nous avions un film tourné en noir & blanc et muet. Et maintenant nous attaquons un film tourné sans caméra ! Putain ce que le cinéma peut être jouissif !

30 ans ! 30 ans que les cinéphiles et les tintinophiles en entendaient parler ( bon moi évidemment du haut de mes 27 ans je n'en ai pas entendu parler depuis aussi longtemps, mais on ne parle pas de moi ici, enfin pas trop !). Un film de Tintin adapté du travail d'Hergé par Steven Spielberg. Cette arlésienne du cinéma est enfin arrivée sur nos écrans, et c'est une telle aventure que ce n'est pas une simple critique qui vous sera donnée à lire mais également la genèse du projet qui vous sera contée (avouez que vous êtes chanceux !). Vous croiserez des mythes vivants tels que George Lucas, Steven Spielberg bien entendu mais aussi James Cameron et Peter Jackson, rien que ça !

Notre voyage ne commencera pas avec les cases d'une bande-dessinée j'en ai bien peur. L'humble auteur de ce blog étant bien plus cinéphile qu'amateur de Tintin (mon rêve aurait plutôt été de voir " Spirou et Fantasio " réalisé par le grand Steven) ou même de bande-dessinées (j'ai beau possédé une collection gargantuesque , il n'en reste pas moins que mes premiers pas dans l'univers des arts séquentiels se sont faits avec le cinéma et ma lecture et mon analyse de l'image seront toujours influencée par ce simple fait. D'aucun diront que je suis obtus, je répondrai que j'ai un schéma neuronal ancré par le trauma de la découverte de la salle de cinéma à 3 ans ).

Un mot pour signaler néanmoins que depuis la création du personnage, de multiples projets pour l'adapter ont été montés. (voila c'est fait, n'y revenons pas).

Pour comprendre le film et la démarche de Steven Spielberg il faut remonter jusqu'Indiana Jones, et d'Indiana Jones, remonter jusque…James Bond !

Nous sommes en 1977, à Hawaï. Deux amis réalisateurs ont pris des vacances loin d'Hollywood. L'un parce que son nouveau film, "Star Wars", est sur le point de sortir et que sa peur de la débâcle lui a fait fuir Los Angeles. L'autre parce que le tournage de "Rencontres du 3me type" l'a épuisé. George Lucas et Steven Spielberg discutent donc ensemble de tout, de rien et surtout de cinéma ! Spielberg a un rêve : réaliser un film de James Bond. Mais la politique des studios à l'époque était de confier la réalisation des aventures de l'agent 007 à un réalisateur si pas britannique, au moins citoyen du commonwealth. Malgré son talent déjà certain (il y a " Duel" et "Les dents de la mer " qui parlent pour lui, rajoutons en plus que " Les dents de la mer" a été le premier film de l'histoire à atteindre le million de dollars de recettes. Spielberg venait d'inventer ce que l'on nomme le blockbuster !), la boîte de prod' des Bond refuse mordicus de lui confier un projet. Spielberg se vengera presque 30 ans plus tard en offrant à Daniel Craig son premier rôle d'espion dans " Munich " !

Mais revenons à nos requins ! Alors qu'il se lamente, son ami George lui parle d'un projet plus excitant qu'un simple James Bond : il a en tête l'idée de faire revivre au cinéma la grande époque des pulps et des sérials. Et il a inventé un héros, un archéologue des années 30 qui parcourt le monde à la recherche d'artefacts magiques pour les trouver avant les Nazis ! Le poisson Spielberg est ferré : lui réalisateur et son ami George comme producteur ne savent pas encore, alors qu'ils sont en vacances, qu'ils vont créer (encore !) un monument de la culture populaire actuelle : Indiana Jones !

En été 1982 sort sur les écrans Les aventuriers de l'arche perdue. Un immense succès, une icône était née. En septembre, le film sort en Europe et Hergé, grand amateur de cinéma est conquis. Il croit reconnaître une influence tintinesque dans le film de Spielberg et exprime le souhait de rencontrer Spielberg ! Des albums sont envoyés à Steven Spielberg avant la rencontre car Spielberg ne connaissait pas le personnage : il n'y avait pas d'influence dans le film de Steven ,juste une imagination de rêveur qu'il partage avec Hergé. Les albums sont en français mais Spielberg avouera avoir tout compris, tant pour lui le travail d'Hergé est cinématographique : les deux racontent des histoires en images, usant d'un art séquentiel différent mais dont le but est le même ! Les deux hommes se rencontrent mais peu de temps après, Hergé meure. Les problèmes de droits et les divers projets de Spielberg font que Tintin au cinéma semble être une idée morte née…Spielberg fera donc de multiples allusions dans ses autres volets d'Indiana Jones, comme pour régler la question et passer à autre chose ( Demi-Lune, le compagnon d'Indy dans " Le temple maudit " est un clone évident de Tchang, et la relation entre Indy et son père dans " La dernière croisade " est une tentative de créer un " couple " semblable à celui formé par Tintin et le Capitaine Haddock. Tiens et au fait, le papa d'Indy, il ressemblerait pas un peu beaucoup à l'agent 007 par hasard ? ).


Et la suite de l'histoire ? Comment Tintin est-il finalement arrivé jusque dans nos salles de ciné ? Et bien on peut dire " Merci James Cameron ! "

Chaque fois que James Cameron tente une percée technique dans ses films, Spielberg passe derrière et lui explose la tronche (pardon à James Cameron dont j'admire le talent mais c'est comme ça). Dans Abyss et Terminator 2, Cameron emploie (un peu) l'image de synthèse pour réaliser un trucage complexe mais dont le rendu est rudimentaire ( un pseudopode d'eau et donc transparent dans Abyss et un robot en métal liquide dans Terminator 2 qui ressemble juste à du plomb). Spielberg mise alors 50% des effets de son prochain film sur cette technique balbutiante. Jurassic Park débarquera ! Non seulement il a compris comment l'utiliser mais aussi à ne pas en abuser en sachant quand utiliser un robot à la place. Et ne nous y trompons pas, si le film s'était cassé la gueule, jamais l'image de synthèse ne serait devenue l'outil que l'on connait aujourd'hui : pas de nouveaux Star Wars, pas de Matrix, de Spider-man etc…

En 2009, rebelote ,Cameron sort un film : Avatar ! Et utilise une technique connue, la motion capture, mais à un niveau jamais atteint auparavant. Il a réussi ce pari en travaillant avec la compagnie d'effets spéciaux Wetta, qui appartient à Peter Jackson , et qui avait travaillé sur la technique pour créer Gollum dans la trilogie du Seigneur des anneaux. Cameron travaille main dans la main avec Wetta pour revoir le système de A à Z. Invité sur le tournage du film, Spielberg a une vision : Tintin est à portée avec de vrais acteurs et sans trahir l'aspect visuel de la bande dessinée, une hybridation de la chose. Et Peter Jackson étant fan de la BD, l'histoire se met en marche : 2 ans après Avatar, Spielberg débarque avec un film entièrement tourné avec la technologie mise au point par Cameron et cette fois pour représenter des êtres humains dans un environnement terrien et pas des elfes bleus de 3 mètres de haut se baladant dans une forêt inconnue.

Peter Jackson et Steven Spielberg : le nouveau " dynamic duo ".

And now ladies and gentlemen, la critique du film.

Tintin, jeune reporter habitant Bruxelles, en Belgique, achète un bateau du 17me siècle en modèle réduit. Très vite le voila approché par deux personnes qui désirent chacune lui acheter cet objet. Mais " La licorne " n'est pas à vendre.

Dès le début du film, le tintinophile va se prendre plein de références au boulot d'Hergé dans la vue. L'amoureux du cinéma de Spielberg aussi. Dans un joyeux bordel de mélange entre hommage à Hergé et autocitation spielbergiennes, l'amateur de BD ou de ciné (ou les deux) va jubiler. Le générique de début place parfaitement Tintin dans l'univers de Steven Spielberg en rappelant follement celui de " Catch me if you can " ("Arrête-moi si tu peux" avec DiCaprio et Tom Hanks) tant dans son déroulent que dans la musique de John Williams. Le jeu continuera avec des références aux '' Dents de la mer " ou encore à " La dernière croisade " (bouclant ainsi la boucle entamée avec les aventures d'Indy). Et ne parlons même pas de la musique de John Williams qui lui aussi est allé rechercher certaines notes et sonorités dans ce qu'il avait déja composé pour Spielberg, les clins d'œil sont partout !

Démonstration sonore de mon affirmation; Allez-y, dites moi qu'il n'y a aucune ressemblance...

Mais le film n'est bien entendu pas qu'une succession de références, c'est aussi un tour de force scénaristique qui combine habillement des éléments de trois albums : " le secret de la licorne", "le trésor de Rackham le rouge " et " le crabe aux pinces d'or ". Et une fois Haddock mis en présence de Tintin,tout va aller à 300 à l'heure. De l'action, de l'humour, du suspens, les insultes du capitaine ( élément indispensable au personnage, et il use et abuse de ses célèbres injures, faisant apparaitre un rictus qui finit par être douloureux sur les visages) …tout ça condensé en 1h47 de film. Un film qui passe en un rien de temps, qui va crescendo dans les séquences d'action.Le seul vrai regret est le peu de présence à l'écran de Dupont et Dupond! Le réalisateur, libéré de toutes contraintes techniques s'en donne à cœur joie ! Passant du réalisme, aux péripéties " Tex Avery " ( la scène de l'avion) à la démesure Hollywoodienne ( le récit du naufrage de La Licorne ou le duel final complètement fêlé rappellent furieusement la folie de 1941, film ô combien méconnu de tonton Steven ). Spielberg s'est fait un énorme plaisir de gosse et nous emmène avec lui pour nous faire revivre l'émerveillement enfantin que l'on a à découvrir un nouveau jouet. Spielberg nous ramène à l'état de découvreur, comme si nous n'avions jamais été au cinéma avant aujourd'hui !

Certains s'offusqueront que les scènes d'actions passent d'un réalisme crû à un délire visuel peu présent chez Hergé. Du moins peu présent après quelques albums. Hors Spielberg n' ayant pas découvert Tintin dans l'ordre de parution, cette notion de réalisme des séquences ne s'impose pas à lui. Il a découvert les aventures de Tintin en bloc, et retranscrit donc les diverses impressions que lui a fait le personnage !

Un tour de force, encore un, comme chaque fois qu'il est associé à un producteur qui est également un réalisateur (ici Peter Jakson. Et George Lucas pour la tétralogie Indiana Jones). Avec Tintin, Spielberg signe une œuvre jubilatoire, humoristique, à l'action trépidante ( il y a de l'ADN d'Indy dans certaines séquences) et au propos tant cohérent avec l'univers d'Hergé qu'avec son propre univers filmographique ! Maintenant c'est au tour de Peter Jackson de réaliser le suivant et à Spielberg de produire : on prendra sans aucun doute son pied mais moins qu'avec celui-ci à mon avis : Jackson ne saura pas jouer au jeu de l'autocitation et de l'ancrage thématique car il a une filmo plus petite et plus éclectique dans ses thèmes.

Hergé avait dit que pour adapter Tintin, il faudrait le budget d'un James Bond ( tiens tiens, encore lui!) ,et de Spielberg qu'il était le seul homme capable d'adapter sa création tout en sachant qu'elle serait trahie…mais avec talent ! Et bien Hergé avait 1000 fois raison!


samedi 22 octobre 2011

Je sais tout mais je ne dirai rien !!!!

" Un film muet ? Mais dis donc, on risque pas de s'emmerder alors ? " Et bin non, on risque pas !

Nous sommes à Hollywood en 1927. George Valentin est l'acteur muet le plus aimé du monde. Mais l'arrivée du cinéma parlant va tuer sa carrière pendant que le crac boursier va ruiner son compte en banque. Alors que George s'engouffre dans les abysses, Peppy Miller, nouvelle tête et star du cinéma parlant va commencer son ascension. Une histoire comme Hollywood les aime en somme…et réalisée par un français : Michel Hazanavicius !

Au départ il y a ce projet qui peut sembler fou : réaliser un grand film muet en noir et blanc ! À une époque où le son n'a jamais été si pur, où les images n'ont jamais été si colorées et où l'information narrative passe autant par le dialogue que par l'image (et plus encore , ne voit-on pas souvent un personnage résumer par la parole ce qu'il s'est passé il y a une scène à peine ? ), Michel Hazanavicius ose se lancer dans une aventure casse-gueule !


Mais l'homme a du talent et une connaissance certaine du média cinématographique : même en faisant l'impasse sur ses nombreux détournements ( que cela soit le court " Derrick contre Superman " ou le long " La classe américaine" ) il y a les deux films " OSS 117 " qui parlent pour lui. À chaque fois, Hazanavicius a tourné ses films en tentant de s'approcher au maximum des effets et des rendus de l'époque où son intrigue se déroulait ! Il y a là une connaissance tant historique que technique de la chose cinématographique ! Sa démarche de rendre un film muet se déroulant à l'époque du muet est donc cohérente dans sa filmo ! Encore fallait-il trouver les acteurs capables de porter un tel projet et surtout une histoire que le spectateur moderne ne trouverait pas désuète. L'histoire j'en ai parlé plus haut , parlons donc des acteurs.

Alors qu'il est sur notre écran de spectateur, George Valentin ne projette plus qu'une ombre de lui-même : la métaphore de la déchéance est si forte et si subtile que personne ne peut se tromper ! Des images si bien pensées, le film en est rempli.Une manière de nous rappeler que le cinéma fut à la base un art purement visuel !

À part Jean Dujardin et Bérénice Béjo ( le couple de " OSS 117" : Le Caire, nid d'espions"), Hazanavicius est allé cherché des gueules hollywoodiennes (encore une fois, démarche logique) et pas des inconnus non non ! John Goodman jouant un producteur comme on se les imagine, James Cromwell en chauffeur fidèle envers son boss, Penelope Ann Miller en femme délaissée (alors qu'elle-même est une actrice délaissée par Hollywood depuis des années et on se demande encore pourquoi !). Et puis bien sûr nous avons Béjo qui n'a jamais été filmée de la sorte, Hazanavicius la filmant dans toute sa grâce et splendeur ( il l'a épousée peu après " Le caire,…", cela explique sans aucun doute pourquoi il la magnifie, plus que tout autre il connait les angles qui la feront ressortir!) et Dujardin, qui a capté l'essence du personnage et de l'époque muette.

Tous jouent comme il faut, en surjouant juste ce qu'il faut pour bien faire passer l'information mais Dujardin a réussi une chose en plus, une chose impalpable sur laquelle on ne sait pas mettre de mot mais qui lui offrit, et cela est mérité, un prix d'interprétation à Cannes en mai 2011. On touche moins ici le génie d'un acteur que sa magie…la magie du cinéma. Et cette magie, Hazanavicius l'a mise en scène avec un soin particulier et a su la capter avec talent. Certains plans tout simples font passer des informations et ce même si il utilise des mouvements de caméra impossible pour l'époque, il utilise aussi l'art tout bête de la symétrie d'une image qui diffuse une info ,oserai-je dire, asymétrique ( la scène du restaurant est un exemple frappant,prêtez-y attention lors de la projection du film !).

Au final, le titre du film est un mensonge ! The artist ? Non, ils étaient plusieurs !

vendredi 7 octobre 2011

Drive through !

Alors que " Drive " vient de sortir dans les salles en France (mais il ne sortira que le 2 novembre en Belgique), je me suis dit qu'un retour sur le livre à l'origine du film vainqueur du "prix de la mise en scène" à Cannes cette année n'était pas une mauvaise idée.

Lorsque l'on ouvre le livre, le Chauffeur (on ne connaîtra jamais son nom ) est assis contre le mur d'un hôtel miteux. Une marre de sang se répand sur le sol et commence lentement mais surement à se rapprocher de ses pieds. Comment en est-il arrivé là ? Que va-t-il faire ensuite ? Voila à quoi va répondre James Sallis au court de 175 pages. Oui le roman est court, mais percutant comme un accident frontal avec une Ford Mustang lancée à 200 à l'heure venant se fracasser sur votre véhicule.

Sallis écrit son histoire de manière décousue, nous narrant par morceaux la vie du Chauffeur : comment il a grandi, comment il déménage tout les 2 ou 3 mois comme un nomade sédentaire,comment il devient cascadeur pour le cinéma et comment il finit par devenir chauffeur pour des braqueurs sans jamais participer au casse ! Et finalement comment il se met à devoir mettre les mains dans la merde pour retrouver ceux qui l'ont doublé et tenté de le buter ! Une trame classique me direz-vous ? Pas sûr.

Déjà,Sallis ne livre pas l'histoire dans l'ordre chronologique. Entre chaque chapitre sur la vengeance du Chauffeur viennent s'intercaler des chapitres flashbacks. Au lecteur de remettre dans l'ordre. Sallis n'utilise pas ce procédé pour complexifier artificiellement son intrigue mais pour permettre au lecteur de respirer et d'éprouver de l'empathie pour son personnage. Il faut dire que James Sallis ne s'encombre pas d'une véritable description psychologique du personnage : il est carré, a ses principes, il vit une vie. L'écriture s'en retrouve âpre, dépouillée et allant droit au but. Des blancs sont laissés dans la narration sur certaines relations entre les personnages sans que cela ne soit gênant ( et cela renforce le sentiment que les gens ne font que passer dans sa vie comme lui passe dans la leur), le sujet n'est pas là, le sujet , au-delà de la vengeance du protagoniste principal, c'est aussi de dresser un état des lieux. Celui de l'Amérique et de ses villes interchangeables, de ses autoroutes tentaculaires, de la misère ordinaire, des ruelles salles, des hôtels merdiques que les touristes ne verront jamais, la ville dans ce qu'elle a de plus moche et se rapprochant de ce qu'elle est vraiment. Et au milieu de ça : un personnage fort et fascinant qu'on suit jusqu'au bout de l'aventure.

Alors au lieu de perdre des heures de lectures en vous lançant dans le nouveau très mauvais Jean-Christophe Grangé, laissez-vous bercer quelques heures par une plume qui va à l'essentiel sans vous prendre pour un con !

Le livre vient d'être ré-édité avec en couverture l'affiche du film. Celle-ci ne cherchant pas à faire de l’esbroufe, elle colle parfaitement au livre et, à part la tête de Ryan Gosling, aurait pû être la couverture d'origine. Par acquis de conscience je diffuse aussi celle de la précédente édition.

lundi 3 octobre 2011

L'objet du délit.

Les féministes ont une dent ( enfin non, carrément une mâchoire) contre le nouveau mensuel consacré à Catwoman. Attention polémique !

Bref, il fallait quelque chose d'énorme pour me faire sortir de ma torpeur et reprendre la plume virtuelle. Et là autant le dire, c'est corsé. Mais avant toute autre chose, je tiens à bien clarifier ma position sur la place de la femme dans la société : je suis pour l'égalité des sexes. Il est inacceptable que dans une société comme la nôtre, la femme soit encore rabaissée, cloisonnée dans un rôle caricatural ou encore moins payée qu'un homme pour un travail égal (alors que statistiquement elles travaillent plus dur et mieux que les hommes à l'école et lors de leurs études supérieures).

Hors, comme le titre de l'article l'indique, l'image ci-contre est l'objet du délit pour pas mal de féministes de l'autre côte de l'Atlantique comme de ce côté de l'océan. Horreur et sacrilège : Batman et Catwoman font l'amour sur un toit (et en plus ils gardent leurs costumes, c'est l'automne, ça serait con d'attraper un rhume). Apparemment, ce n'est pas tant qu'ils couchent ensemble qui pose problème ( ils n'en sont pas à leur première fois : ils ont même eu une petite fille ensemble, mais c'est une autre histoire) mais la façon dont cela s'est produit.

Pour faire court : Catwoman a chauffé Batounet et lui a sauté dessus. Et voila que l'on crie que notre chère Selina Kyle est représentée comme une salope, qu'elle salit l'image de la femme et même qu'elle sert d'instrument pour continuer à ancrer dans les cerveaux que la femme est un objet, rien que ça. Si il est clair que la représenter belle et sexy est un impératif commercial évident, je ne vois pas en quoi être jolie et sexy est un crime ( pour donner un exemple inverse : quand une mère de famille glousse en voyant un acteur de "Twilight" torse nu, est-ce que cela déclenche une émeute sur le net ? Bien sûr que non). Il s'agit d'une représentation imagée, d'un délire de l'imagination et non de la réalité.

Maintenant pour le côté salope et salissant de la femme ,j'ai besoin d'explications détaillées. Catwoman est une femme indépendante. Ce n'est pas un chat pour rien : on peut l'approcher mais elle ne se laissera caresser que si elle le permet. Traduction : elle n'a besoin de personne et surtout pas d'un homme pour exister (le fait qu'elle soit amoureuse n'est pas une faiblesse, si ? ). Si Batman représente (en partie) un idéal chevaleresque , Catwoman, elle, représente le fait que la femme n'a plus besoin qu'un homme la prenne en charge pour survivre ! Je trouve déjà ça pas mal féministe moi, et valorisant pour l'image de la femme ( pas un modèle à 100% puisque son vice principal reste le vol, mais quand même). Voila une femme forte, qui ne se laisse pas dominer. Et qui prend l'initiative. C'est elle qui décide de partir en chasse d'un rat volant (logique pour un félin) et de le séduire…et de coucher avec. L'acte est consenti. En quoi cela fait-il d'elle une salope ? Elle ne se jette pas sur tous les hommes qui croisent sa route ( Il lui arrive de jouer de ses charmes pour enguirlander un homme ou l'autre. Faisant de nous le sexe faible !) contrairement à un certain…Bruce Wayne avec les femmes !

Certes Mr Wayne s'accoquine avec les plus belles femmes du monde pour donner le change, qu'on le prenne pour un play-boy qui change de copine plus souvent qu'il ne change de chemise. Et vu la sphère dans laquelle il évolue, même si c'est pour donner le change, ne vous y trompez pas : il couche ! Il séduit par son apparence et par sa position de pouvoir liée à sa fortune et s'il ne couchait pas avec ses conquêtes l'on verrait apparaitre très vite des rumeurs sur son compte, on se poserait des questions sur sa vie etc… et il ne peut prendre ce risque car cela pourrait attirer l'attention sur sa vie de justicier masqué. En ayant plus de conquête que Selina au compteur , Bruce est un gentil play-boy qui s'amuse. Selina en prenant l'initiative est devenue une salope…La logique m'échappe.
D'un autre côté, Wonder Woman, qui se ballade en bustier et petite culotte est perçue comme l'inverse de Selina. La seule différence est qu'on ne la voit pas coucher, user de ses charmes. Parce que niveau représentation graphique c'est du pareil au même : sexy en diable. C'est pourtant une femme d'action également. Il y aurait là comme un petit goût de " deux poids, deux mesures " ?

Faut-il rappeler que Catwoman est l'image de la femme rabaissée et qui se relève en disant " plus jamais ! " ? Elle prend conscience de sa véritable importance en tant qu'humaine et décide de défendre cette place sur le même pied que les hommes. Bon sang de bon dieu, cette femme est un exemple !

Ce que j'ai compris moi, c'est que "les chiennes de garde" ont mal vu que Catwoman décide de se faire un mec de la même façon qu'un beau gosse décérébré se fait une fille facile (et parfois décérébrée aussi). En quoi n'est- ce pas féministe qu'elle se place ainsi au travers d'une action si souvent masculine, ne se place-t-elle donc pas en égal de l'homme en faisant ça ? Ne démontre-t-elle pas que elle aussi a du pouvoir et le droit de faire ce qu'elle veut de son corps ? Catwoman n'est pas une pute, ce n'est pas une salope, c'est une fille classe, sûre d'elle, forte, qui ne se laisse pas faire et refusera toujours une forme de tyrannie masculine quelle qu'elle soit ! Si toutes les femmes avaient son tempérament, les mecs (enfin les connards sexistes et machos) seraient vite mis au pas. Puisse-t-elle vivre encore longtemps des aventures dans la ville de Gotham.