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mardi 21 août 2012

Tony Scott,l'adieu aux larmes.


Dans La famille Scott, c'est toujours de Ridley dont on parle et que l'on porte aux nues. Le décès prématuré de son frère cadet, Tony, qui s'est donné la mort hier à Los Angeles, est une malheureuse occasion de revenir sur la carrière artistique d'un réalisateur bien plus intéressant que ce qu'on essaye souvent de nous faire avaler. 

Atteint d'une tumeur au cerveau inopérable, Scott a préféré partir comme il l'entendait et non pas parce qu'il " ne supportait pas la comparaison avec son grand-frère" comme une certaine presse française l'a insinué, ah ça quand il s'agit de chier sur les morts, la presse fait fort, je pensais avoir tout lu avec la tuerie d'Aurora, comme quoi bravo les connards, vous arrivez encore à me surprendre !

Il y a deux façons de faire : soit je me refais toute sa filmo et je n'écris rien avant le mois de décembre, soit je me base sur mes souvenirs et mes ressentis. J'ai privilégié la seconde option.Et je n'encenserai pas son œuvre sous-prétexte qu'il est bien vu de ne dire que du bien d'un mort. Tous les réalisateurs ont eu des ratés (même Steven Spielberg, avec Hook, par exemple ou encore Christopher Nolan dont le Insomnia provoquerait presque chez moi l'inverse de son titre !Le premier qui dit que je leur voue un culte sans esprit critique peut aller se rhabiller et fissa !)

À dire vrai, je ne sais plus qui j'ai découvert en premier, Tony ou Ridley Scott. Depuis que je suis tout petit je baigne dans un environnement propice à la cinéphilie (mes parents m'on emmené au cinéma la première fois pour mon 3me anniversaire et j'ai découvert Star Wars à 7 ans ). L'ordre de découverte est sans importance aucune.

Tony Scott a, comme son frère, commencé sa carrière dans la publicité. Une des meilleures écoles d'après ceux qui ont fait leurs armes dans ce domaine. Il travaille d'ailleurs sur quelques courts de son grand-frère, celui-là même qui le poussera à passer pleinement derrière la caméra et qui produira son premier film : Les prédateurs, en 1983.



Produit de son époque, les années 80, Les Prédateurs possède une imagerie déjà obsolète vers la fin de la décennie mais le film reste intéressant à plus d'un titre. Déjà il permet une affiche intrigante en réunissant Catherine Deneuve, David Bowie et Susan Sarandon ! Ensuite, il renouvelle le genre du vampire au cinéma : le couple Deneuve-Bowie va marquer durablement l'esthétique du couple prédateur aristo mais hyper-intégré dans le monde dans lequel il vit. Le vampire est présenté comme aussi mortellement dangereux que rempli de mélancolie et de chagrin, états provoqués par son immortalité relative. En effet, si le personnage de Miriam( Deneuve) est vieux de plusieurs millénaires, ses compagnons ont une durée de vie longue mais limitée et au bout de X siècles se mettent à vieillir irrémédiablement. Miriam se lance alors en quête d'un(e) nouvel(le) amant(e) pour satisfaire son besoin d'aimer (et alimenter ses remords d'abonner, encore une fois, un de ses enfants de la nuit). Le film offre aussi une scène d'amour lesbien entre Deneuve et Sarandon,scène qui hantera longtemps mes nuits adolescentes. 10 ans plus tard, Coppola collera une histoire d'amour tragique totalement absente du roman dans son Dracula, coïncidence ? Je ne crois pas ! Scott ouvrait la voie au nouveau vampire avant que Twilight et ses endives ne viennent violer le mythe dans des récits mièvres et consensuels (plus cons que sensuels d'ailleurs ! ).




Le reste de sa carrière ? Elle va façonner Hollywood comme vous ne l'imaginez même pas !
En 86, il est approché pour réaliser Top Gun et Le Flic de Beverly Hills 2 . Si le succès de Top Gun est largement surfait ,il aura le mérite de lancer Tom Cruise de plein pied dans le milieu des films à grand budget ( et de donner envie aux jeunes hommes de se lancer à l'assaut de leurs profs féminines de 15 ans leurs ainées ), le peu d'aura du Flic de Beverly Hills 2 est incompréhensible ! Non seulement il tire d'Eddy Murphy un jeu qui allie autant son côté comique que son côté dramatique (en faisant une sorte de Bruce Willis black, rien que ça !) mais Tony Scott emballe des scènes d'actions époustouflantes et d'une précision chirurgicale, explosant les standards de l'époque ! Et le cinéma et le public de ne retenir que Die Hard (Piège de Crystal ) et L'arme Fatale 1 et 2 (tous aussi méritants, attention, je ne crache pas dessus du tout ! ) !




En 1990 sort Revenge, film plus personnel dont les codes se retrouveront souvent dans le cinéma de Tony Scott. Mais lisez plutôt : Kevin Costner y joue le rôle d'un ancien de la Marine qui se rend chez un vieil ami incarné par Anthony Quinn (excusez du peu ) . Ce dernier est quelqu'un de très important et d'assez cruel ( ah il sait choisir ses potes le Kevin ) qui est marié à une femme bien plus jeune et interprétée par Madeleine Stowe (encore une actrice qui n'a pas eu la carrière qu'elle méritait). 
Bien entendu, nos deux jeunes gens décident de "danser le sirtaki " dans le dos de Zorba le Grec ! 
Je vous ai dit qu'il était cruel ? 
Il sépare le couple illégitime, laisse Danse avec les loups pour mort et vend son épouse à un bordel Mexicain. L'ancien de la Marine va remonter un à un tous les échelons de l'échelle mise en place par son ancien ami pour retrouver la femme de sa vie. Le titre et le synopsis laisse présager d'un film digne de la série "Un justicier dans la ville " où l'auto-justice est reine. Et bien non, car le drame habite les acteurs jusqu'au bout. Un "western moderne" méconnu, il mérite d'être redécouvert (ça fait un bail que je ne l'ai plus vu, ma mère avait la VHS à la maison, c'est vous dire comme ça remonte quand même. Mais ça m'avait vachement pris aux tripes. ) ! 
Et donc, cette histoire d'un homme qui recherche à sauver quelqu'un, quitte à flinguer le monde entier, on le retrouvera souvent chez Scott et quasi tout le temps incarné par Denzel Washington , mais c'est une autre histoire !




Peu après, Scott retrouve Tom Cruise pour ce qui ressemble à un simple remake de Top Gun avec des voitures : Jour de tonnerre ! Si il y a certains points communs évidents, il serait malhonnête de prétendre qu'il n'apporte rien. Primo, le film conforte Tom Cruise en star de films à gros budget et assoit un peu plus le pouvoir de la star qui va pouvoir commencer à choisir avec qui il veut tourner. Deuxio , Tony se laisse souffler par Ridley que le compositeur parfait pour ce film est un certain Hans Zimmer avec qui Ridley a bouclé Black Rain peu avant ! Si la composition de Zimmer est plus que correcte, elle a surtout le mérite de le mettre en contact avec le producteur du film : Jerry Bruckheimer ! Ce dernier , depuis lors, fait appel à Zimmer ou son studio pour 99% de ses films. Sans Tony Scott, Hans Zimmer ne serait pas là où il est aujourd'hui ! Et puis le film est une tuerie du point de vue filmique, chaque course étant d'une limpidité sans pareille pour le spectateur ! Alors certes, ce n'est pas du Kubrick, mais on s'en fout pendant 2h !




Le dernier Samaritain vaut surtout pour son côté Arme Fatale du pauvre (encore que). Logique, le scénariste est celui des deux premiers opus des aventures de Riggs et Murtaugh. Et la gouaille de Bruce Willis auréolé du succès des Die Hard rend l'ensemble sympa (mais pas indispensable).



C'est en 1993 que Tony Scott va marquer (encore une fois, dans l'ombre) l'histoire du ciné moderne. Un petit jeune, employé dans un vidéo-club, arrive à vendre un scénar monstre, capable de fournir un film de 6h, facile. Ce gamin, c'est Quentin Tarantino ! Scott adapte la première partie du script et en tire True Romance, un film de gangsters allumés ( Tarantinesques quoi) mais surtout une histoire d'amour entre deux personnes qui en avaient bien besoin. Quand on sait que la seconde partie du scénar est devenue Tueurs Nés réalisé par Oliver Stone, on regarde soudain ce "gentil" couple d'un autre œil ! Là encore, Scott met Zimmer aux violons ! Mais, devenu ami avec Tarantino,Scott pousse pour que le téléfilm de luxe que le petit Quentin a réalisé se retrouve dans les salles de ciné ! Reservoir Dogs sort dans les salles. Quentin Tarantino est lancé et gagnera la Palme d'Or à Cannes dès son film suivant : Pulp Fiction !

Les années 90 sont rythmées par des contrats avec Jerry Bruckheimer. Scott est embauché pour filmer Crimson Tide (USS Alabama en VF) et demande à Tarantino de réécrire en douce pas mal de dialogues. Bonne pioche, cela donne une consistance aux personnages qui ne sont pas présentés uniquement sous l'angle de leur métier mais aussi sous un angle humain. Le duel psychologique entre Gene Hackman et Denzel Washington n'en est que plus intense. 
Bourrés de références à la culture comics et à Star Trek, les nouveaux dialogues marqueront bien les esprits. En 2009, J.J Abrams tournera son Star Trek comme un film de sous-marin quand l'action se déroule dans l'Enterprise ! La boucle est bouclée ! 
Première collaboration entre Scott et Denzel. Ces deux-là se retrouveront souvent dans les années 2000. Pour la petite histoire, il se dit à Hollywood que c'est après avoir entendu la musique d'Hans Zimmer pour ce film que Steven Spielberg lui donnera les clés du bureau de directeur musical de DreamWorks !








Ennemi D'état, thriller technologique porté par Will Smith est à demi-convaincant mais montre que Tony Scott commence à expérimenter beaucoup plus l'image. Le montage est plus brut, les plans plus courts et le rendu est souvent saturé ! Spy Game use des mêmes procédés (en un peu plus maîtrisés) mais se montre radicalement différent dans le genre espionnage que le précédent film de Scott. On nage presque dans une ambiance à la John LeCarré avec des espions désabusés et finalement très peu de fun dans la profession (et oui, James Bond c'est de la pure fiction). Le film offre aussi de réunir deux icônes du cinéma : Robert Redford et Brad Pitt. Bravo, il aura forcé des armées de femmes (et de jeunes filles) à s'intéresser à un genre souvent considéré comme réservé aux mecs !




En 2004, il renoue avec Denzel Washington qui ne le quittera plus (sauf pour le film suivant). Man on fire déboule et la claque qu'il assène est à la hauteur de son bide au box-office : monumentale !

Récit de vengeance et de rédemption, on y voit Denzel Washington, garde du corps bourru et ayant un penchant pour la bibine, tout tenter pour retrouver les kidnappeurs de la petite dont il avait la garde et qui s'est faite enlever pendant qu'il se prenait une méchante bastos ( la relation père de substitution/fille de substitution est d'ailleurs plus claires grâce à certaines scènes coupées où l'on voit le héros coucher avec la femme de son patron,donc la mère de la petite pour ceux du fond près du radiateur! ). 
Outre une belle mise en place qui prend son temps et noue des liens émotionnels forts tant entre les héros qu'avec le spectateur, le film bénéficie d'une mécanique bien huilée jusqu'au dénouement dramatique de l'histoire. Scott use et abuse d'un effet de surimpression de la pellicule (en gros il s'agit de tourner des scènes avec de la pellicule déjà utilisée ) qui donne un effet parfois irréel, comme si le héros était mort lors de l'enlèvement et qu'il était trop têtu pour l'admettre avant d'en avoir fini. Et Scott arrive à rendre supportable la petite Dakota Fanning, ce que Spielberg ne réussira pas dans La Guerre des Mondes…comme quoi !



En 2005, il décide de mettre en image la vie de son amie Domino Harvey. Domino est une ancienne top-model qui s'est reconvertie en chasseur de primes (je vous jure que je n'invente rien). Sauf que ça serait trop simple. Les mésaventures ici comptées ne sont pas arrivées à Domino. Scott invente le premier biopic à ne pas en être un. Les expérimentations visuelles de Man on Fire trouvent un paroxysme  dans Domino. L'image est si triturée qu'on dirait une succession de tableaux impressionnistes ! Les sensations visuelles du spectateur sont au diapason de ce que ressentent les personnages ! Bourrin et bas du front, il donne au chaos une odeur de fumée. Autant navet magistral que chef-d'œuvre total. Le film de tous les paradoxes.

Après Domino, le style de Scott s'assagit avec Déjà-Vu, thriller lorgnant sur les paradoxes parallèles. La surimpression n'aurait pas été dépaysante. Pour les 2 derniers films de sa filmo, je n'ai rien à en dire : je ne les ai pas vus.





Au revoir donc Tony, tu nous quittes mais tu n'a pas oublié de nous laisser de quoi continuer à avoir envie de se déplacer dans un lieu où la magie existe et existera toujours ! 

Et au passage, je ne remercie pas les chaines télévisées ! L'info a été traitée en douce et aucune n'a jugé bon de chambouler ses programmes pour lui rendre un dernier hommage.Alors que le mec a juste : propulsé Tom Cruise,mis en lumière le talent de Denzel Washington,mis en place la bonne charnière pour Hans Zimmer et révélé Quentin Tarantino au monde ! Vous avez raison : il n'a rien accompli...

dimanche 12 août 2012

Veronika décide de mourir...et elle se loupe ( sinon y aurait pas eu de film)


Souvent jugée négativement parce que le rôle de Buffy lui colle à la peau , Sarah Michelle Gellar se retrouve peu fréquemment sous le feu des projecteurs et peine à s'imposer au cinéma. Deux raisons à cela :

1° :le préjugé "Buffy" , qu'un doublage VF abominable & servant de censure voilée a violé mais aussi une absence de second degré des détracteurs qui semblent n'avoir jamais pris la peine de se plonger concrètement dedans, loupant au passage LA seule série qui racontait vraiment le passage de l'adolescence à celui du monde adulte, renvoyant Dawson et tous ses clones dans les limbes d'où ils n'auraient jamais dû sortir.

2°: l'absence de rôles marquants de la belle , cantonnée à des rôles de débile profonde ( au pif : Souviens-toi l'été dernier, l'horrible film Scooby-doo et sa suite tout aussi, si ce n'est plus, affligeante, etc.) quand ses rôles plus sérieux (et dans lesquels elle démontre son plein potentiel) prennent place dans des films ayant eu peu de succès comme Cruel Intentions ( rebaptisée, sottement, Sexe Intentions en VF,histoire d'attirer l'ado boutonneux et libidineux dans les salles) , film qui lui donne un rôle de géniale pétasse, manipulatrice au possible, dans une adaptation contemporaine des Liaisons dangereuses ( et il s'agit sans doute du meilleur film basé sur les activités du couple Merteuil/Valmont, rien que ça) ou encore dans des œuvres qui ne trouvent pas le chemin des salles de cinéma comme le crépusculaire Southland tales ,sorti directement en vidéo et qui offre pourtant une expérience de S.F hors du commun.

Verokika décide de mourir est de ces films que le grand public n'aura jamais eu l'occasion de découvrir sur une toile de cinéma. Et c'est bien dommage.



Le film est adapté d'un roman de Paulo Coelho ( auteur auquel j'avoue ne pas m'intéresser, les résumés de ses livres me faisant trop penser à du Marc Lévy ou du Guillaume Musso. ) qui raconte l'histoire de Veronika, jeune femme qui rate son suicide aux somnifères et se réveille internée. Là, elle apprend que son overdose a pourtant fait des dégâts irréparables sur son cœur et qu'elle va s'éteindre dans la semaine. Une semaine au contact d'autres âmes blessées va-t-elle suffire à lui redonner envie de vivre juste avant le grand saut dans la nuit noire ?

Allez, avec un pitch pareil, ça sent le larmoyant, le bien pensant et le moralisateur à plein nez.  
Tout faux ! 
En creusant un peu, on découvre que l'auteur a lui aussi été interné ( de force, par sa famille. Et dire que je trouvais la mienne bizarre… ) à de nombreuses reprises, sa vision de la chose se situe donc à des kilomètres des clichés habituels véhiculés dans les pourtant très bons Vol au dessus d'un nid de coucous ou The Jacket, par exemple. Point de pétages de plombs hallucinés ici (bon, il faut aussi le dire, ce n'est pas un asile de fous furieux non plus ).



Il ne s'agit pas ici de nous dire ce que nous avons le droit ou non de faire avec notre vie ( le suicide restant quelque chose d'encore très tabou dans notre société,voire victime d'idées tellement arrêtées et préconçues que ça en est parfois gerbant de suffisance),le sujet n'est pas là. Le sujet, c'est comment se reconstruire. Et c'est un "comment " multiple, pluriel !Car il n'y a pas de recette miracle. C'est un cheminent interne et propre à chacun. Les personnages peuvent trouver de l'aide mais ce sont leurs actes et leurs décisions qui les relanceront (ou pas) !

La réalisatrice Emily Young a travaillé autant la forme que le fond. Que ça soit la justesse des tonalités de l'image (vespérale ET lumineuse, comme la vie) ou la justesse de sa direction d'acteur.

Jamais on ne verse dans le mélodrame qui vous tire les larmes de force ! Non, avec subtilité, l'émotion vous attrape quand il le faut et provoque l'effet recherché (empathie, colère, tristesse).  Le tout est mené vers une conclusion surprenante dans un rythme lent, presque contemplatif mais jamais pesant et bénéficiant d'une fluidité rare : un tour de force que de dresser une route droite dans un film rendus sinueux par les tourments de ses personnages, patients comme médecins ( car on l'oublie trop souvent : il n'y a pas que les malades qui passent leur temps dans une institution ).



Personnages souvent interprétés avec retenue et où tout se joue autant dans leurs paroles que leurs regards et attitudes. Des personnages perdus, en attente d'une chose ou d'un évènement ( quitte à le provoquer) qui  leur fournira enfin le déclic et/ou la force de quitter ce monde cloisonné de l'institution et d'oser s'aventurer dans un univers sans frontière !
En partant d'un suicide, l'histoire nous offre en fait une parabole sur la liberté. La liberté de vivre, la liberté de faire des erreurs,la liberté de ne pas aimer ce que tout le monde aime,la liberté de tomber et de ne pas vouloir se relever tout de suite (ou même pas du tout),...

Une grande histoire ayant bénéficié d'une petite diffusion. 

jeudi 9 août 2012

La Clé des Vents : retour à La Tour Sombre (ou presque )


La Tour Sombre est un cycle épique en 7 volumes ( qui font en tout près de …7000 pages. Dans les dents Tolkien ! ) écrit par Stephen King. Il raconte l'histoire de Roland le Pistolero ( sorte de croisement entre un chevalier errant et Clint Eastwood ) et de son groupe dans un périple vers La Tour Sombre !

Ce cycle est terminé depuis plusieurs années maintenant. Aussi est-il surprenant de voir débarquer un nouveau tome.
Composé d'un peu moins de 300 pages ( ce qui, si je ne m'abuse, en fait le plus court volume juste derrière le tome 1 "Le Pistolero" ), il s'agit d'un histoire intermédiaire se situant respectivement entre les volumes 4 et 5 ( à savoir " Magie et Crystal ", l'un de plus poignants romans de King,je le jure par ma montre et mon billet, et " Les Loups de la Calla" ).

On s'en doute, avec une intrigue qui vient se placer entre deux romans, King ne va pas révolutionner son cycle. Et il le sait aussi bien que vous et moi. Voila pourquoi il va jouer les roublards et renouer avec un exercice de style présent dans "Le Pistolero" : l'histoire dans l'histoire !



Roland et son groupe sont forcés de faire halte pour se mettre à l'abri d'une tempête. Pour passer le temps au coin du feu, il accepte de partager avec ses amis une histoire de sa jeunesse. Stephen King lève donc un peu plus le voile sur le mystérieux passé de Roland en le jetant , jeune pistoléro, sur la piste d'un garou, monstre changeant de forme et ayant fait plusieurs victimes. Si l'intrigue est menée avec un rythme certains, il ne faut pas s'attendre au thriller du siècle, loin de là. Mais l'intérêt est en fait ailleurs, car au cours de sa mission, il va narrer à un gamin une histoire que sa mère lui lisait quand il était encore lui-même un enfant : "La clé des vents". Si ce "conte de fée" à la King est intéressant de par ses connections avec le cycle ( les fans trouveront les clins d'œil,le lecteur de passage ne sera pas perdu), il offre surtout d'explorer un peu plus en avant les sentiments que Roland porte à sa mère et ceux qu'elle lui portait.


Les fans, comme les lecteurs occasionnels qui tomberaient sur ce livre ( c'est une de ses forces, être un roman indépendant et lisible même sans le background du cycle ) , le savent et King le rappelle très tôt : Roland a tué sa mère ! Le drame est là plus que dans l'attaque du garou. Et c'est ce drame qui fait la force émotionnelle de ce court roman, à tel point qu'il vous sera sans doute difficile de ne pas refouler une petite larmichette une fois arrivé à la fin.

Comme d'habitude quand il s'agit de La Tour Sombre, les romans possèdent en leur centre un petit carnet de dessins croqués par un artiste reconnus. La Clé des Vents ne fait pas exception et c'est le dessinateur de comics Jae Lee qui s'y colle. Lee est un habitué du monde de La Tour Sombre : il a dessiné durant plusieurs numéros l'adaptation en comics éditée par Marvel ! En plus du carnet central, certains de ses dessins en noir&blanc se retrouvent dans les pages du roman ! Ils sont tous simplement somptueux !


Pour ceux qui ne connaitraient pas le cycle, La clé des vents est accessible et ne vous dévoilera rien des rebondissements , vous pourrez donc attaquer la lecture de ces pavés si l'auteur vous convainc ! Surtout qu'il écrit cette histoire dans un style qui lui est en général inconnu : non pas un roman d'horreur mais une épopée (un peu allumée par moments) qui renvoie autant aux Westerns qu'au Seigneur des anneaux. Pour les fans, l'intérêt est également là car c'est toujours un plaisir que de voir se lever un pan du voile qui recouvre le passé tragique de Roland ! 

mardi 7 août 2012

Touché-coulé !

J'avoue avoir loupé ( à desseins ) le film "Battleship" en salle. Je ne regrette pas de n'avoir pas mis un cent dans cette bouse qu'il m'a été donné de voir il y a peu en blu-ray (mais ouf, gratuitement ! ).


Il existe un endroit pur et merveilleux qu'on appelle "Amérique" .
Cet endroit est le plus beau, le plus libre de tous et ne veut que faire profiter au monde de son exemple et de son mode de vie exceptionnel.
Un endroit accueillant, entièrement bâti par des immigrants étrangers à cette bonne terre, venus là-bas pour trouver et construire un monde meilleur et tolérant ( et buter quelques Indiens au passage. Mais que faisaient ces peaux-rouges sur des terres appartenant de droit aux blancs ? Hein ? Je vous le demande ! ).
Alors,lorsque des extra-terrestres débarquent pour la toute 1re fois dans ce pays de Bisounours bien veillant, la première réaction des autochtones est : " Mitraillez-moi cette vermine alien boys ! On a loupé le coup avec les Irlandais, on ratera pas la tronche des ces horreurs spatiales ! Et je parie que ce sont des rouquemoutes aussi !!! " .

"Battleship" est un film encore moins subtil que ce que vous venez de lire à l'instant. Dénué de tout second degré, d'humour volontaire ( et involontaire,1ere raison qui l'empêche d'être un nanar,parce qu'un nanar c'est marrant pris sous un certain angle ), d'ambition cinématographique, j'en passe et des meilleures (enfin…des pires). Bourré de clichés tellement énormes qu'on les voit arriver plus vite que Superman lancé au maximum de ses capacités, "Battleship" est une grosse machine Hollywoodienne (2me raison qui l'empêche d'être un nanar : son budget ) dédié à la gloire des forces militaires américaines, qu'elles soient passées, présentes ou handicapées. Si vous êtes un américain et avez porté l'uniforme, alors vous êtes un super-héros immortel au cœur pur, enclin au sacrifice de votre vie ( que vous faites semblant de risquer : vous êtes immortel ! ) pour sauver le monde…mais un petit cœur pur parce qu'une fois la fin du film venue, vous préférez faire la fête, sauter votre copine et oublier tous vos potes morts au combat ( s'ils sont morts c'est qu'ils ne devaient pas être américains, portoricains à la rigueur, peut-être même des réfugiés cubains… ou ne pas aimer les cheeseburgers et les cookies de mommy et daddy!).





Et ça c'est pour le fond…pour la forme j'en frissonne encore d'effroi : une réalisation lourde et pataude, une photo anxiogène tellement elle est moche (on a l'impression que la sueur a imprégné la pellicule ) et des personnages cons comme leurs pieds (oui parce qu'à ce niveau, je considère que mes pieds sont plus intelligents qu'eux).Le réalisateur Peter Berg a pillé la filmographie de Michael Bay ( allez, retrouvez-moi tout ce qui sort de : "Pearl Harbor" ,"Armageddon" et tous les "Transformers" ) mais en excluant la recherche de sens visuel ( sans doute parce qu'il est un acteur à la carrière ratée avant d'être réalisateur ) et la notion d'implication empathique que le spectateur doit ressentir. Il a même été jusqu'à engager le compositeur de Michael Bay , Steve Jabslonsky, qui livre sa pire partition après les pourtant ensorcelantes mélodies composées par ses soins pour la trilogie "Transformers".Mais comment être inspiré quand ce qu'il faut mettre en musique ne peut qu'évoquer une envie de vomir ou de mettre son cerveau tellement en mode "OFF" que l'on risque un coma sans retour ?

Si le film s'inspire de "Touché-Coulé (ou la "Bataille navale" selon les souvenirs que vous en avez) ", je vous suggère de jouer à un autre jeu avec ce blu-ray : "Cache-cache" ! Ne le laissez jamais trouver l'entrée de votre lecteur !

dimanche 5 août 2012

Les Dieux de Gotham.


Tim Wilde a vu le feu détruire ses espoirs. Deux fois. La première quand il était jeune et que ses parents sont morts dans l'incendie de la ferme familiale. La seconde , des années plus tard quand son bar ,ses économies et une partie de son visage ont été ravagés par le grand feu qui détruisit son quartier. Mais Val, son grand frère lui ouvre les portes d'une carrière dans le NYPD (la police de N-Y) qui vient de naître. Bienvenue en 1845 à Gotham ( surnom de la ville, et oui, pour une fois je ne parle pas de Batman et son folklore ).  Nageant dans des eaux hostiles, Tim va croiser la route d'une jeune fille en sang, terrorisée à l'idée qu'une personne ne soit coupée en morceaux. Le lendemain, un corps mutilé est retrouvé. Tim est chargé de l'enquête !

Lyndsay Faye est une romancière américaine qui voue une passion à l'histoire de N-Y. Avec ce thriller, elle raconte plus qu'une chasse aux tueurs. Non, elle raconte une partie de l'histoire de cette ville, de sa construction, des vagues d'immigrations irlandaises qui la construiront, etc.. Nous sommes dans une ambiance fort proche de celle du film Gangs of New-York ( Bill Poole,figure inspiratrice de Bill Cutting alias Bill le Boucher,  apparaît d'ailleurs dans ce livre).

Écrit à la première personne, Faye rentre parfaitement dans la mentalité masculine du héros sans verser dans le romantisme et la psychologie à deux balles de ses collègues plus connues comme Stephenie Meyer et ses twilight étrons ! Et elle arrive à ferrer le lecteur dès les premières pages. Il devient dés lors impossible de lâcher le livre. Mais l'enquête, aussi redoutablement écrite qu'elle soit,n'est au final qu'un élément d'une mosaïque plus grande : raconter la vie à cette époque où les Protestants en veulent mordicus aux Catholiques " suppôts du Pape et idolâtres ! "

Pour qui aime l'époque et est curieux de savoir comment N-Y s'est construite, ce livre est plus que conseillé. Si vous aimez les thrillers aussi. Car tout est mené de main de maître, la gestion des retournements de situation ainsi que les caractères des personnages. L'écriture est fluide, stylée et sans fioritures.
De plus , malgré les morts atroces et les mises en scènes macabres, l'auteur garde la dimension humaine des choses : les personnages, même positifs, ne sont pas tout blanc et l'enquête ne vire pas dans le délire d'une résolution capilotractée (nous ne sommes pas chez Jean-Christophe Grangé qui foire lamentablement ses résolutions et ses fins de romans alors que l'avant est souvent très agréable à lire mais qui nous prend pour des cons. Mais c'est une autre histoire.)

Le titre original The Gods of Gotham me semble plus approprié que sa traduction. Déjà, "dieu" au pluriel fait référence au dieu protestant et au dieu catholique qui se partagent la population et enfin Gotham fait référence directement au temps ou N-Y fut affublé de ce surnom par Washington Irving, le poète entre-autre auteur de Sleepy Hollow.

Le Dieu de New-York est un roman qui ne révolutionnera pas la littérature mais il est de ses livres qui nous éclairent sur les fondements de cette Amérique fascinante et dont on ne connait finalement que peu de choses historiques à son sujet nous autres Européens, un peu comme Un pays à l'aube ( qui lui boxe dans une catégorie au-dessus quand même).  Bref, un roman parfait pour l'été mais qui devrait rester très efficace en d'autres saisons. Chaudement recommandé. 
Moi, je me lance sur la trace d'autres livres se situant à cette période et lorgnant vers le thriller.