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vendredi 30 novembre 2012

Film Populaire


Je l’avoue souvent : le cinéma français et moi-même sommes plus brouillés que des œufs ! (hou, je vois déjà le regarde torve de certains à la lecture de cette phrase. Ne vous en faites pas, ça va faire chboum là-dedans d’ici peu…normalement). Mais environ une fois par an, nous mettons nos velléités artistiques de côté. L’an dernier, seul The artist m’avait encore une fois montré que quand le cinéma français veut, le cinéma français peut !
Cette année, c’est Populaire qui m’a fait de l’œil avec ses deux petites bandes-annonces et son casting. Alors j’annonce la couleur de suite : non, je n’ai pas trouvé ce film aussi bon et abouti que The artist. Il n’en reste pas moins que j’ai passé un agréable moment.

L’histoire commence vers la fin des 50’s. Rose Pamphyle ( Déborah François ) désespère de vivoter dans la boutique paternelle. Pire que tout, elle étouffe de devoir bientôt officialiser ses fiançailles avec le meilleur parti du village dont elle est loin d’être amoureuse. Elle tente sa chance pour devenir la secrétaire de Louis Échard. L’entretien d’embauche est un fiasco. Mais Rose obtient une semaine à l’essai après avoir démontré son extraordinaire rapidité de dactylo. Dès lors, Louis n’a qu’une idée en tête : la faire gagner le concours régional de vitesse dactylographique !

Populaire est le premier long-métrage de Régis Boinsard. Si l’homme semble avoir un sacré potentiel, il s’est pourtant attaqué à un sujet et à son traitement comme s’il était un réalisateur confirmé. Hors ses épaules ne sont pas encore prêtes. J’y reviendrai plus tard.

Les qualités techniques sont plaisantes. Les cadrages ne font pas «  téléfilms de luxe » comme le sont au final la plupart des films issus de la production française actuelle qui rechigne à produire des films dits de genre. Ici, le genre est celui de la comédie romantique américaine des années 50-60. Cela oblige donc graphiquement a adopté certains codes ( comme The artist adoptait certains codes d’ailleurs) : les couleurs sont vives ( et entrent en contraste avec notre époque sombre et morne) dans les décors comme dans les costumes. L’étalonnage de la photo ( procédé presque conspué dans l’hexagone) a dont été utilisé, et ça paye visuellement.  Certaines séquences, hélas trop courtes parfois, jouent à fond la carte du purement visuel et du lyrique pour transmettre une émotion.  On regrettera une musique qui ne reste absolument pas en tête après la projection.




La distribution est agréable et les acteurs  très impliqués (mention spéciale à Déborah François qui prend manifestement plaisir à interpréter son rôle). Il faut dire que les dialogues sont bons et que derrière une surface légère se cache certaines blessures infligées aux personnages de Romain Duris et Bérénice Béjo (tiens, encore une occasion de parler de The Artist, je suis obsessionnel). Les seconds rôles sont nombreux et disposent de courtes apparitions tout en ayant conviés des figures connues comme Eddy Mitchell, Miou-Miou,Nicolas Bedos ou encore Féodor Atkine ( acteur peu connu des spectateurs mais dont la voix est célèbre ; Jafar et Dr House, c’est lui en VF ).

Cependant ,il y des défauts et pas des moindres. Tout d’abord le genre : si les bandes-annonces laissaient penser à une sorte de Rocky féminine dans le monde des concours de vitesse dactylographique mâtiné d’humour,la réalité est tout autre. Il s’agit en réalité d’une comédie romantique. Un genre basé sur le cliché, sur le « cousu de fil blanc » ! Bref, il n’y a pas vraiment de surprise dans le déroulement de l’histoire. Et l’on sourit plus qu’on ne rit. Dommage. Ensuite, il y a un manque de punch dans les phases de concours. J’admets qu’il doit être ardu de mettre en place des combats où les adversaires ne se touchent pas ou n’interagissent pas ensemble comme dans l’ensemble des films de sports ( mais le cadre atypique et original compense un peu il est vrai ). Enfin, la longueur est excessive : 20 minutes de moins auraient été une chose appréciable car il y a certaines longueurs.Avec l'expérience, le réalisateur devrait peu à peu gommer ses erreurs de jeunesse , j'en suis convaincu !



Alors que je m’attendais à un film plus original, Populaire est une sorte de paquet de bonbons acidulés. Bonbons pour les yeux car les images sont belles mais dont le goût est connu depuis belle lurette et ne renouvelle pas les sensations des papilles. Alors certes, ça ne révolutionne pas le genre, mais ça fait du bien au moral et aux yeux. Et au final, c’est parfois pas plus mal de se faire plaisir avec une vague positive, loin du cynisme et du moribond ambiant. Et tant pis pour les défauts : ils passent au second plan dans ce cas-ci, à tel point que je me foutrais presque de leur présence. Pas forcément un film recommandé mais si vous avez le temps, tentez le coup !

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