Bob est un
type ordinaire que la crise a poussé vers un mode de vie qui l’est moins :
le crime. Et à Gotham, criminalité rime souvent avec folie. Alors quand son
boss se fait appeler le Joker et que le Batman est de sortie, Bob a toutes les
raisons de craindre les rues de la ville. Et ça ne manque pas, Batman lui tombe
dessus, l’empêche de faire son taff et le voila en danger de mort : le
Joker va se venger et Bob va servir d’appât à la chauve-souris. Une chauve-souris
implacable, limite psychorigide que la
visite de « trois esprits » va changer.
Bon, dis
comme ça, ça fait un peu cul-cul la praline. Mais Dickens accompagnait ses
textes d’une dimension sociale, décrivant et décriant la crasse et la misère
des couches les plus pauvres de la population. Ici, les descriptions minutieuses
de Sir Charles sont remplacées par les dessins de Bermejo, qui fournit un
travail remarquable sur les décors ( fouillés, miteux, détaillés, sombres
) qu’il teinte d’une ambiance visuelle éblouissante, réussissant à transformer
la neige qui recouvre Gotham en un élément qui met en lumière sa noirceur.
Les
personnages ne sont pas en reste : les visages sont marqués par les émotions,
les rides et les ridules ( et les rictus d’un certain malade en mauve ) sont
inscrites avec soins. Les costumes , rendus de manières réalistes, ne font
jamais pyjama ( contrairement aux travaux d’un autre dessinateur, Alex Ross )
et retranscrivent le caractère du personnage qui les porte. On a jamais vu une
Catwoman aussi sexuée depuis des lustres : Bermejo ne montre rien mais
dévoile tout !
Reste que
le déroulement de l’intrigue est cousu d’un fil aussi blanc que la neige !
Sans doute parce que l’histoire qui lui sert de base est connue et reconnue
depuis l’époque de sa parution ! Il y a donc ce sentiment de voir venir
les choses qui nous tient dès que l’introduction est finie. Une semi-déception
scénaristique donc, mais un vrai régal pour les yeux !
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