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samedi 6 juin 2015

Hacker, de Michael Mann : le test du blu-ray.

Difficile de parler de Hacker sans parler de son réalisateur, Michael Mann.
Le grand public ne connaît pas forcément son nom (honte à lui !) mais il connait ses films, tout du Heat, le formidable thriller/film de gangsters/film policier/drame poignant (ne biffez aucune mention, elles sont toutes utiles) avec Robert de Niro et Al Pacino. Un film colossal auquel le reste de sa filmographie sera toujours comparée et rabaissée : Heat était un spectacle unique et Mann ne cherchera jamais à le refaire sous une autre forme. Ce qui frustrera souvent les personnes allant voir « un film par le réalisateur de Heat » et qui ressortiront déçu de ne pas avoir ressenti les mêmes émotions. Mais mes cocos, si vous voulez sentir Heat, revoyez Heat !
moins un :

Mais Heat est une bonne porte d’entrée pour saisir son cinéma : des personnages introspectifs saisis par des plans qui le sont tout autant, des personnages qui ont besoin de se connecter aux autres tout en étant souvent des solitaires acharnés ( tu m’étonnes que leur passe-temps soit l’introspection avec un tel caractère ) , des intrigues tentaculaires dans lesquelles les personnages vont tenter de continuer à avancer. Personnages, personnages, personnages. Voila le sujet de Mann. Le tout (en de rares exceptions près) , plongé dans une intrigue que l’on pourra de manière simplette qualifiée de policière. (Miami Vice est-il un film policier portant une grande romance ou un grand film romantique dans un univers de polar ? ). Le tout lui-même englobé dans la jungle urbaine, véritable terrain de la vie selon Mann. Et lorsque la révolution numérique débarque, Mann saisit la chose à bras le corps : voila l’outil dont il se servira désormais pour amplifier le réalisme de ses villes, et donc, en augmentant son terrain de prédilection, les tentacules de l’intrigue vont se fondre dans les rues, les ruelles et les méandres urbains. Et un univers expansé aura toujours un impact sur les personnages. Quadrature du cercle les enfants ! Revoyez Collateral, Miami Vice et Public Enemies. Jamais auparavant dans le cinéma de Mann, les héros n’avaient été à ce point impacté par leur environnement.

Les bases étant posées, attaquons-nous à son dernier film en date.
Une centrale nucléaire chinoise se voit être l’objet d’une cyber-attaque. L’homme chargé de l’enquête, Chen Dawai, un officier ayant fait ses études aux USA reconnait le code utilisé pour l’attaque. Peu après, le même code est utilisé aux Etats-Unis pour faire grimper le cours du soja à la bourse. Chen demande l’aide du FBI dans un effort conjoint pour retrouver le pirate derrière ses attaques. Pour cela, il a besoin de l’aide de sa sœur, Chen Lien ( le nom de famille passe en premier dans nombre de pays asiatiques ) petite génie en informatique et d’un détenu, Nick Hathaway. Nick accepte d’aider ce petit groupe si sa peine est commuée. Il sort de prison, escorté par un US Marshall bad-ass et de l’agente du FBI qui a réussi à le faire sortir. Très vite, ce petit monde décide que la mission est plus importante que tout, même certaines lois.





Grand film bancal ? Série B sérieusement pensée et troussée ? Difficile de qualifier Hacker de chef-d’œuvre, il est même décevant dans la filmo de Mann. Mais, est-ce pour autant un mauvais film ? Que nenni !
Tout d’abord, Mann utilise ce qui, il me semble, est une première pour lui : les séquences en pure image de synthèses. Le piratage informatique étant au centre de l’intrigue, Mann a imaginez comment rendre visuellement une telle attaque au sein d’un ordinateur : pour cela, il emprunte la technique chère à David Fincher jusque 2004 : laisser la caméra explorer tout ce qu’elle veut, même l’immensément petit, comme l’intérieur d’un circuit imprimé. Sans parole, sans indication, le spectateur assiste et comprend d’instinct que des lignes de codes sont déroutées, détournées, etc… Mine de rien, c’est simple mais qui y avait pensé avant ? La simplicité est la sophistication ultime nous disait Léonard De Vinci !

Ensuite, l’intrigue, complexe mais pas absconse, réserve sont lot de péripéties et de retournements de situation. Pourtant, les scènes d’actions sont peu nombreuses et même assez courtes. Mann s’attardant plus sur les conséquences de celles-ci ( avec une brutalité telle qu’elle est choquante : bien, le cinéma et l’art doivent choquer  et bousculer les spectateurs).



Là où le bas blesse c’est dans les caractérisations des liens entre les personnages. Si ceux-ci sont bien écrits et bien campés ( encore une fois, Chris Hemsworth prouve que non, il n’est pas que la montagne de muscle pour midinette qu’est Thor), les liens se forment trop vite entre les protagonistes , comme si il fallait absolument que certaines alliances se forment avant tel ou tel moment du chronomètre. Le script est faiblard sur ce point, quand il est fortiche sur les aspects techniques des cyber-attaques. Contrairement à son habitude, Mann n’a pas signé ou co-signé le scénario, cela explique peut-être cela.
Ensuite, la présence au générique de 4 monteurs laisse présager que Mann n’a pas eu le final cut de son film. Les ingrédients manniens étant présents dans l’histoire, on l’imagine aisément emballé par le sujet. Le studio aurait-il son mot à dire dans l’échec de certains points importants dans ce film ? Une version director’s cut serait-elle différente ? Questions probablement à jamais sans réponse.


Reste que ces défauts, mineurs, ne viennent pas vraiment gâcher le plaisir de se retrouver devant un objet filmique bien pensé, mais qui laissera sur leur faim les shootés à l’adrénaline et à la violence édulcorée mais fun. Ici, comme dans les précédents films du cinéaste, ce sont les personnages que l’on suit plus que l’action.
En résulte un rythme parfois lent, limite contemplatif mais toujours fascinant.






Au niveau du disque en lui même...
L’image de Blackhat (Hacker) n’est pas parfaite. Mais son transfert vers le format HD l’est. Michael Mann expérimente avec les caméras numériques depuis Collateral et qui dit expérimentation dit échecs. On tâtonne, on voit ce qui marche, ce qui est loupé et on progresse comme ça. Mann en est arrivé au point de savoir ce qui fonctionne mais il lui arrive encore de louper un peu le travail et donc le résultat final en pâti. Gravement ? Certes non. Et puis, la prise de risque technique est toujours à saluer. Niveau son, une drôle d’impression : si le tout est très immersif ( et la séquence avec les hélicos est impressionnante à ce niveau), les dialogues sont parfois un peu difficiles à distinguer clairement, la palme revenant aux discussions en chinois, on a la sensation que les sons sont en décalage avec la bouche ( une incongruité linguistique mais ça choque les oreilles occidentales).
Niveau bonus, c’est très peu : le film s’étant ramassé au box office, Universal n’a sans doute pas misé sur ce blu-ray commercialement. Alors pourquoi le gaver après tout ? Dommage. Même si les 40 minutes proposées ne sont pas inintéressantes.


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