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samedi 5 septembre 2015

Crusades : violer l'histoire et lui faire des beaux gamins !

1221 : la cinquième croisade se termine, les soldats chrétiens ayant été anéantis par la peste.
25 ans plus tard, Guillaume de Sonnac, Templier, est chargé par le pape de découvrir la véritable raison de l’échec de cette croisade : en effet, toute l’histoire semble n’être qu’un écran de fumée pour cacher la vérité. Une vérité qui mêlerait d’étranges créatures et la secte des assassins d’Alamut.

Guillaume réunit donc un petit groupe de choc pour s’infiltrer en territoire maure et résoudre l’énigme. Mais pour cela, Guillaume a besoin d’un homme. Un alchimiste versé dans la littérature et la culture. Un homme promis au bûcher et qui le hait profondément. Son frère cadet !


Co-scénarisée par Izu et Alex Nikolavitch (traducteur et essayiste bien connu des fans de comics et/ou de saines lectures culturelles comme ses livres aux Moutons Electriques ) , la série s’intéresse aux trous dans l’histoire officielle et à dépayser le lecteur en lui offrant autre chose qu’une simple chronique guerrière et moyenâgeuse. C’est que le choc des cultures (et pas seulement occidentale et moyen-orientale, un guerrier Mongol viendra pointer le bout de son nez et ce n’est pas incongru du tout ) se mêle au mélange des genres , un peu comme si Ridley Scott avait décidé de soudain se pencher sur sa filmographie et d’injecter des ambiances d’Alien  et Prometheus ( je vais me faire taper par un des scénariste de parler de celui-là ) dans Kingdom Of Heaven.
On s’imagine souvent que ce genre de cocktails rend malade : que nenni, tout est une question de dosage et de talent car, en fiction, aucune idée n’est bête : il n’y a que les bons ou les mauvais traitements de celles-ci !

Hors, voila un tour de montagnes russes rondement mené par deux scénaristes dont l’idée de départ pouvait déraper dans le grand guignol au détour d’une case. Si le rythme et la fluidité du récit sont parfois un peu étranges, il faut en blâmer les éditeurs qui, après un second tome, ont imposé que la série se termine en triptyque et non sous sa forme initialement convenue : 5 tomes. N’empêche que le tout se lit d’un traite (sous la forme d’une intégrale c’est même carrément mieux) et qu’on se met à rêver d’une adaptation sur grand écran. Certains raccourcis semblent malheureusement sorti de nulle part, faute de place pour développer certaines pistes et quelques petits clichés de ci de là viennent pointer le bout de leur nez mais cela participe à faire avancer l’histoire au lieu de la laisser stagner. Nous retrouvons donc le garçon manqué façon Keira Knightley ou les rivalités amoureuses cachées tournant autour de la damoiselle.





Les dessins sont assurés par l’artiste chinois Zhang Xiaoyu. Loin de l’image d’Epinal des images que l’on retrouve dans les mangas ou les manhua, ses œuvres s’inscrivent ici totalement dans un style occidental tel qu’on en retrouve dans la bande-dessinée ayant dépassé les écoles de la ligne claire ou héritée de l’âge d’or de Dupuis. On pense par exemple à la série L’Histoire Secrète dont les dessins auraient bénéficié d’un temps de travail acceptable (L’Histoire Secrète étant de ses séries fleuves dont le débit est de plusieurs albums par an ) voir même confortable. Son découpage est dynamique, presque cinématographique et il distille des ambiances variées et agréable à l’œil. Alors certes, tout ça ne nous provoquera pas de fracture de la rétine mais difficile de se plaindre.



Crusades est au final une série B de luxe, très bien troussée, pleine d’idées et assez jouissive. Et en plus, elle donne envie de se lancer dans une autre série : Croisades. Le portefeuille va souffrir !

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