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mercredi 17 mai 2017

Le 7éme passager.

Dans un futur proche, une sonde robotisée s’est posée sur Mars et a recueilli des échantillons pouvant contenir la vie. Cette sonde nommée Pèlerin revient vers l’ISS ( International Space Station, yes it is ! ) où l’équipage, d’abord euphorique de découvrir la première forme de vie extraterrestre, déchante vite quand celle-ci se montre un poil soupe au lait. Que les mises à mort commencent !

Le huis-clos, s’il est cher à Sartre, est un exercice de style connu et apprécié. Placer une menace mortelle dans un endroit isolé habité par un petit groupe de personnes, et la partie démarre.
Thrillers angoissants, film d’horreur gore ou plus stylisé dans la veine fantastique ou SF, voire carrément tout ça à la fois, le genre fonctionne car il convoque en nous des instincts primitifs de bases sur la survie dans un milieu hostile où l’on ne peut compter sur aucune aide si ce n’est celle de ses amis ( souvent de bonne volonté mais aussi de vrais bras cassés quand les clichés du genre sont pillés) et de son cerveau en surchauffe tant fonctionnelle qu’émotionnelle.
Alors , bien entendu, un alien pas gentil gentil qui a pour obsession de tuer plus de personnes qu’Hannibal Lecter coincé avec une poignée de passagers d’un vaisseau spatial, ça fait forcément penser au Alien de Ridley Scott ( dont le Alien Covenant sort ces jours-ci ).
Certes, mais ça serait oublier que les scénaristes du film le plus traumatique de 1979 (et oui, déjà : Star Wars aura 40 ans cette année et dans deux ans, ça sera le tour de cet autre classique intemporel ) se sont en partie inspirés de La Planète des Vampires, série B italienne de 1965 qui contenait déjà des éléments  ( un vaisseau en détresse , un second qui arrive et repère un massacre, des squelettes géants et des monstres vous prenant pour des hôtes ).







Des graines d’un navet allait pousser une asperge jouissive ( euh…mes métaphores sont nulles bien que visuellement parlante ), disons plutôt une tomate, belle, élancée et à l’apport protéiné énorme (euh, faut que j’arrête de regarder Jardins et loisirs moi putain ! ).
Enfin bref, une belle plante qui allait inséminer et faire germer tout un genre. Alien est un film séminal et LA référence en son domaine.  Désireux de surfer sur la vague, le producteur Roger Corman en commandera vite un ersatz B : La Galaxie de la terreur ( film sur lequel débutera un jeune James Cameron, réalisateur entre autres de Aliens , la suite de l’autre ).Je vous invite à chercher des images sur Google et à comparer certains trucs avec Alien, c'est un plagiat total !
La boucle était bouclée. Suivront Lifeforce ( parfois appelé Space Vampires ) avec Matilda May, The Thing de John Carpenter et autres projets plus ou moins solides.











Bref, les vilaines bêbêtes tueuses (encore que le premier d'entre vous qui ose dire que Matilda May est vilaine va se prendre une belle tatane sur sa tête d'azimuté ), c’est une recette connue de tous. Reste donc à voir le talent du cuistot ! Ici, c’est le réalisateur danois Daniel Espinosa qui s’y colle. Espinosa, on le connait surtout chez nous depuis le très efficace Safe House , déjà avec Ryan Reynolds et le plus ronflant Child44 ( merde, j’ai pas vu les 43 premiers. Qui a ri à cette blague ? Tu sors ! ). Ouf, c’est le retour du mec efficace !

Rien de tel qu’une petite scène d’action pour rentrer dans le bain et présenter les personnages. Ils sont 6 ici et s’apprêtent à récupérer Pèlerin qui a dévié de sa trajectoire. Tout ce petit monde s’affère et c’est l’occasion de tous nous les montrer par la grâce d’un faux plan séquence qui laisse déambuler la caméra dans toute la station , nous faisant donc visiter les lieux. Un plan séquence de toute beauté qui démontre une belle maîtrise technique quand on sait que les divers modules de l’ISS que la caméra traverse sont en réalités tous des décors séparés et posés sur deux plateaux de tournages différents. Une logistique lourde pour quelques minutes à l’écran, telle est la dure loi du cinéma où les efforts fournis durant des semaines voire des mois sont condensés en deux heures de film. Unité de lieu bien définie, personnage présenté dans leurs attributions et rôles au sein de la station sans lourdeur ( ces experts ne se la pètent pas avec leurs diplômes ou leurs connaissances, ils parlent boutique quand il est nécessaire de le faire, le reste du temps, ce sont des gens comme vous et moi , des humains quoi bordel ! ). On regrettera peut-être un léger manque de consistance psychologique mais rien qui viennent les rendre sans âme ou personnalité. Ils ne sont pas que leur fonction contrairement à beaucoup de films au fil des âges. Si Ryan Reynolds apporte comme de bien entendu des dialogues plus légers ou humoristique, c’est que le monsieur est abonné à ça et que les scénaristes ( auteurs du déjanté Zombieland d’ailleurs ) ont bossé avec lui sur le frappé Deadpool. Mais être le petit rigolo ne signifie pas être sans profondeur.
Les deux autres têtes d’affiche sont Rebecca Ferguson, LA révélation de Mission : Impossible Rogue Nation dont elle tourne actuellement la suite à Paris ( vive la France ! ) et Jake Gyllenhaal. Si Ferguson se paye la part du lion, rappelant sans jamais forcer le trait toute une série de femmes fortes sans copier Sarah Connor ou Ellen Ripley,
Gyllenhaal semble être un second voire un troisième rôle avant que le rythme ne s’accélère et que les 6 petits nègres ne commencent à se faire défoncer par une créature visqueuse mais élégante à souhait ( très beau travail sur le design de la créature que je ne dévoilerai pas ici ) .
Dès la première mort, le spectateur peut être certain d’une chose : n’importe quel personnage peut y passer sans que l’on devine qui sera le prochain. Malgré quelques baisses de tensions très passagères, la tension est au maximum et il est difficile de ne pas se sentir impliqué ! ( note personnelle, j’étais seul dans la salle et je me suis laissé aller à faire des commentaires et des  « prières » à voix haute aux personnages : j’étais dedans ! ).
Les personnages ne sont pas des décérébrés profonds qui semblent absolument vouloir faire des conneries, ils analysent les données et agissent en conséquence, quitte à se faire damer le pion par un adversaire plus intelligent. Néanmoins, la donnée humaine qui rend tout le monde dépendant de ses instincts est bien présente. Même un Einstein de compétition est soumis à des données biologiques qui peuvent le pousser à la faute sous le stress et le danger de mort imminent. Et le film jongle avec ces deux extrêmes sans se fourvoyer ( bien qu'une ou deux incohérences puissent passer...mais le rythme et la tension les cachent à la vue ).
Seule la fin m’a un peu déçue, visible à plusieurs kilomètres…mais compensée par un sadisme rare et limite déchirant qui laisse assommé !









Bien que situé dans un futur indéterminé, le réalisateur opte pour une option de réalisme. Les décors sont construits en dur, et les fonds bleus et verts n’ont été que peu utilisé. Les acteurs incarnent des personnages de leur nationalité (ou presque ) : le canadien Reynolds joue un américain et la suédois Ferguson une britannique ( comme sa maman, donc la triche est presque inexistante ). L’anglais est anglais, le japonais est japonais, la russe est russe. Soucis d’authenticité salutaire. Ces derniers évoluent dans les décors à l’aide de harnais dont les câbles seront effacés numériquement  à l’inverse de Sandra Bullock dans Gravity où la synthèse était un peu partout ( et ce n’est pas un reproche, les deux films étant trop dissemblables sur le fond pour être comparés sur la forme ) et se rapprochant ainsi d'un Interstellar dans le traitement de ses effets.




Life est un film dont la recette est connue mais ce qu’on trouve dans l’assiette n’est pas un plat réchauffé de plus, il y a un artisan aux commandes et le plat est bon bien que pas inoubliable. Une série B de luxe (plus ou moins 60 millions de $ de budget ) qui emprunte les codes du genre sans jamais étirer la sauce, le film durant une centaine de minutes, générique compris. Une réussite mineure mais que l’on dédaignerait à tort.

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