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jeudi 4 mai 2017

L'espion qu'on aurait aimé aimer.

Second round pour Warren Ellis avec le tome 2 des aventures du plus célèbre agent secret au service de sa gracieuse majesté : James Bond. 

Alors, notre bon Warren nous refait-il une resucée du premier opus livresque qu’il nous avait donné à lire ou bien a-t-il décidé de faire plus que le minimum syndical histoire de terminer son petit tour ( 12 numéros, soit un an ) sur une meilleure note ?

007 est envoyé à L.A pour protéger et rapatrier une de leurs agents infiltrée à l’ambassade Turque. La compétente demoiselle a en effet découvert des mouvements financiers douteux et son adresse sécurisée a été découverte. Sa couverture a sauté et l’agence aimerait autant nier avoir eu connaissances de ses activités. Mais très vite, Bond et sa mission sont pourchassés par divers groupes de services secrets étrangers.



L’intrigue mêlant action, infiltration et magouilles est plaisante. Sans casser trois pattes à un connard ( ça, c’est le boulot de James ), Ellis nous donne à lire une histoire suffisamment prenante pour que l’on ne s’endorme pas. Hélas, c’est peu quand on connait les compétences du bonhomme. Le minimum syndical est à peine dépassé. La série n’aurait pas du s’appeler James Bond mais M :I-6. Si l’on ne peut en aucun cas venir reprocher au scénariste de développer le temps de présence des rôles secondaires, cela vient faire tomber le temps de présence de Bond. Chaque personnage est important et Bond devient un personnage comme un autre. Compétent, dur et direct mais presque un héros parmi d’autres.
Si Ellis continue à le présenter différemment de l’image d’Epinal que tout le monde connaît, il lui fait également perdre de son sel. Il rencontre une femme, ils finiront ensemble. Mais sans panache, de manière assez anecdotique. Pas de joutes verbales destinées à impressionner la conquête féminine ou à aiguiser l’intérêt de 007. Et aucune scène osée non plus. Pas même un réveil dans le même lit le lendemain matin. C’est expédié sans préliminaires. Passez-moi l'expression, mais ce n'est pas fort couillu tout ça.




Pareil pour l’action. Bond est toujours la machine présentée dans le tome précédent. La majeur partie de l’action se déroule en sol Britannique et un élément intéressant avait été introduit par Ellis : la règle stricte : les agents du M :I-5 sont armés car ils s’occupent de l’espionnage intérieur et ceux du M :I-6 ne peuvent porter d’arme car ils sont des agents s’occupant de l’étranger. ( Il me semble que Greg Rucka annonçait le même dans sa série Queen & Country ). Cette règle , pouvant s’avérer être un bon moyen de mettre Bond à l’épreuve est vite expédiée et , si son introduction est loin d’être anecdotique pour l’intrigue, elle reste une broutille pour James qui n’est pas connu pour être très à cheval sur les règles.

Les fans de l’agent secret s’amuseront quant à eux à repérer les clins d’oeils qui leurs sont adressés, comme lors de la discussion de James avec son ami Felix Leiter. Quelques petits os à ronger pour se mettre les connaisseurs dans la poche. Un procédé qui fait sourire mais qui est ici utilisé pour faire adhérer par sympathie et non pour la haute qualité de l’ensemble.

Les dessins de Jason Masters n’ont pas évolué en bien. Ils sont parfois un peu brouillon dans les angles et les postures des personnages. Le même défaut de sensation de rigidité apparaît ici et les aplats de couleurs ne viennent pas donner un semblant de vie à l’ensemble. Reste un certain talent du dessinateur pour penser ses planches et disposer ses cases. Son story-telling est modèle d’efficacité.




Ce tome 2 de James Bond se lit sans déplaisir mais sans joie non plus. Quelques répliques et roublardises de narration viennent égayer la partie technique mais sans plus. En ne se foulant pas des masses, Warren Ellis risque de laisser le prochain scénariste faire mieux que lui et de passer pour une mauvaise passe pour un bon personnage. Un comble quand on regarde la carrière du scénariste, capable de pondre les intrigues les plus tordues, les plus bourrées de références pop et classiques sans jamais être rébarbatif.

Enfin, comme disait Campbell, les héros sont éternels et Bond résiste à tout, même une écriture à la légère.

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