Dieu merci ( c’est une expression, je suis athée ) , à quelque chose malheur est bon. 50 shades a ouvert une porte et au milieu de ses clones dégénérés, quelques œuvres ont pu se faire éditer…tout en ne tombant pas dans les pièges évidents dans lesquels s’est vautrée la littérature érotique à la mode actuellement. Sunstone est de celles-ci.
Stjepan Sejic est un dessinateur d’origine croate qui s’est fait connaître outre-atlantique par son travail sur le comic book Witchtblade (un seul tome de son travail sur la série a été édité en VF, la série n’ayant jamais réussi à décoller sous l’égide de Delcourt qui a pourtant tenu bon autant qu’il pouvait). Mais l’homme est aussi connu sur deviantart où il publiait un comic , Sunstone donc. Image Comics lui a proposé de le publier en album et Sejic a commencé à retravaillé ses dessins pour les caller sur un modèle de parution livresque.
C’est donc l’histoire de Lisa et Allison, deux fans de BDSM qui se rencontre pour la première fois après des mois d’échanges sur le net. Lisa est une soumise, Alli est une dominatrice. Tout devrait bien se passer non ?
Et c’est là que la surprise survient. Loin de nous vendre un porno, Sejic nous offre…une belle histoire d’amour. La première rencontre ? Mais que ça soit pour du BDSM ou pas, ça reste un premier rendez-vous, avec ses questionnements, ses craintes, ses espoirs. Lisa et Alli se posent des questions sur elles-mêmes, sur l’autre, sur ce qu’il faut faire, ne pas faire.
Et passent à l’acte. Loin de l’imagerie à peine osée d’un Christian Grey et de son comportement abusif ( vous connaissez la blague comme quoi si il était moche, pauvre et vivait dans une caravane ça serait un épisode d’Esprit Criminel ? Et bin, c’est pas une blague ) , Sejic convoque l’imagerie BDSM-latex, baillons, etc… en indiquant tout ce que cela représente pour les personnages. Il s’agit d’un jeu de rôle et non d’un style de vie tout court. Les protagonistes sont d'ailleurs très bien dans leurs têtes vis-à-vis de leurs désirs et fantasmes. Et un peu paumé quand on arrive sur le terrain des sentiments ( ah, ces humains...)
Peu avare en images sur le sujet, Sejic ne convoque jamais le spectre de l’excitation facile. Sous un vernis hardcore, se cache en fait un érotisme féroce, agréable à regarder mais pas à reluquer. Les atermoiements érotiques se placent dans une configuration de vie de tous les jours, moments récréatifs au milieu des relations humaines qu’entretiennent les personnages.
D’abord très centré sur Lisa et Alli, la série s’ouvre au fil des tomes sur toute une galerie de personnage attachants, tous différents, si ce n’est leur goût pour le BDSM. Leur lieu de rencontre privilégié étant la boîte le Crimson. Enlevez la couche coquine, et on se retrouve dans Coupling, ou dans une moindre mesure dans Friends.
Le BDSM est ici un décor abordé sans condescendance mais ne constitue pas le cœur de l’intrigue. Non, l’intrigue se construit sur la base des psychologies solides des personnages, de leurs choix, de leurs conneries et de leurs facultés à apprendre de leurs erreurs, ou non. Une comédie romantique solide, jamais cul-cul ( mais un peu cul quand même ) et terriblement attachante ( avec des nœuds, si possible ).
4 tomes disponibles en VF, le numéro 5 sort fin Août.
J'ai lu le premier tome et suis plutôt d'accord avec ce que tu en dis. Les graphismes sont vraiment remarquables et les dialogues pleins d'entrain et de fraîcheur.
RépondreSupprimerJ'ai lu le premier tome et suis plutôt d'accord avec ce que tu en dis. Les graphismes sont vraiment remarquables et les dialogues pleins d'entrain et de fraîcheur.
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