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samedi 23 septembre 2017

Batman & Double-Face on the route encore vers l'aventure !

Aujourd’hui, 23 Septembre,c’est le Batman Day. Et ouf, je suis encore dans les temps pour proposer un article sur Batounet d’amour.




Après Batman Rebirth en Juin et Detective Comics en Juillet, c’est All-Star Batman qui débarque en VF. La série est scénarisée par Scott Snyder qui officia sur le titre Batman tout court durant plus de 50 numéros ( et même un peu plus si l’on considère ses travaux sur Detective Comics, la mini-série Gates of Gotham et les hebdomadaires Batman Eternal et Batman & Robin Eternal ).
Autant dire que l’homme connait son chiroptère ou tout du moins possède une certaine expérience du terrain Gothamite.



(oui, celui-ci ce n'est pas du Batman mais LISEZ-LE ! )

Harvey Dent, alias Double-Face (ou Pile-ou-Face selon les traductions ) est emmené hors de Gotham par Batman. Le but du croisé à la cape est d’arriver 800 km au loin de Gotham City dans un endroit où se trouverait un remède à la maladie mentale qui ronge Dent depuis qu’il a été défiguré à l’acide. Mais Double-Face ne l’entend pas de cette oreille. Sa situation de seigneur du crime lui va très bien,merci messieurs dames ! Et il entend bien garder sa psyché endommagée.

Il a donc mis son voyage et celui du chevalier noir à prix. Pas pour de l’argent, non. L’ancien procureur a gardé le goût de l’investigation et possède un réseau qui a acquis tous les secrets honteux de , je cite, tout le monde ( prends ça dans la gueule Zuckerberg ! Il connaît d’ailleurs la double identité de Bruce Wayne ! ) : si Batman n’est pas stoppé avant la ligne des 800 bornes, toutes les données seront divulguées. En faut-il plus pour pousser super-vilains et citoyens ordinaires à vouloir à tout prix empêcher nos deux lascars d’arriver à destination ?




Scott Snyder est un scénariste qui connaît ses classiques et comment raconter une histoire. Le bougre est d’ailleurs professeur sur le sujet à l’Université de New York, Columbia et Sarah Lawrence College ( tous situés à ou dans l’état de New York , à savoir la vraie Gotham Américaine ).
Il met en échec le dicton qui veut que «  ceux qui ne savent pas enseignent ». Il a énormément d’imagination et aime jouer avec les codes ( regardez la série qui l’a vraiment lancé, American Vampire  -une tuerie, mangez-en ! - , pour vous en convaincre ).
Cependant , à force de prendre ses marques et ses aises sur Batman, il en est progressivement venu à en faire parfois trop. L’ennemi du mieux.

À l’image de son traitement de Double-Face. Ce dernier avait disparu des comics Batman depuis 2013 : à la suite d’une aventure revisitant ses origines, Harvey lançait sa pièce fétiche pour savoir s’il devait se suicider ou pas. Un grand bang suivra.
C’est pourtant un Harvey en pleine forme (oui, c’est relatif) qui officie ici. Snyder glissera bien une réplique sur un certain coup de feu mais ça sent la facilité absolue. Mieux, il change complètement l’agencement de la personnalité de Dent pour en faire une sorte de Jekyll et Hyde, Dent n’étant pas forcément conscient de ce que projette Double-Face et inversement ! Détail qui n’apparaissait absolument pas la dernière fois que nous l’avions croisé ! Et ne parlons pas du cliffhanger du premier chapitre. Certes, je vous mets au défi de le voir venir. Mais ses conséquences seront presque invisibles.

All-Star Batman se situe dans le prolongement direct de son run sur Batman ( il utilise d’ailleurs ici quelques cases en communs avec Batman puisqu’il co-scénarisa le premier épisode de Tom King qui lui a succédé sur le vaisseau amiral des séries consacrés au milliardaire orphelin ).
Snyder propose une situation bandante, fait souffrir son héros tant physiquement que psychologiquement, multiplie les retournements de situation et tords des concepts connus. Bien que toujours assaisonnée différemment, sa recette sur Batman ne change pas. Pire, à force d’habitudes chopées dans une zone de confort , Snyder grossit le trait de certains de ses défauts au point que certaines situations semblent sortir de la série télévisée des années 60 qui aurait été écrite sous un angle plus violent et sans l’innocence et le kitsch qui marquait ce programme qui ne colle plus du tout aux critères que l’on associe à Batman de nos jours.

Pourtant, Snyder fait tout pour sortir de sa zone de confort (et de celle du héros ) : depuis le début de son run sur Batman, Gotham est un personnage à part entière ? Batman la quitte dès le début de l’aventure pour partir sur les routes avec Harvey Dent. Le chevalier noir est une créature de la nuit ? Ici, il devra bosser la journée aussi, prouvant au passage que les ombres ne lui sont pas forcément nécessaires pour arriver à disparaître face à ses ennemis : ah, on a de l’entrainement et de la ressource ou on n’en a pas. Batman est un être dépressif et noir ? C’est un Batounet Rock’n’Roll avec du répondant ne manquant pas d’un certain humour décalé et adepte du « check » avec son nouvel accolyte qui nous est ici proposé. Une sorte de héros badass des années 80 sorti d’un blockbuster.

Je m'appelle Bruce et je n'ai rien à compenser !

Et si cet aspect blockbuster fonctionne , c’est parce que le récit va vite et reste prenant. Mais manque de profondeur et multiplie les moments What the fuck qui vont du jouissif régressif ( Batman avec une tronçonneuse ) au délire total ( guettez l’implication de La cour des Hiboux, autre invention de Snyder, ici : ridicule ). Quant aux blessures de Batman, celui-ci semble nous avoir caché qu’il était de la famille, éloignée, de Wolverine. Ces gros défauts font grincer des dents et des neurones lors de la lecture de ce road-movie effréné. Pire, alors que l'un des enjeux dramatiques majeurs reste " Qui a raison de placer sa foi dans l'homme de la rue ? Batman qui veut voir le bien ou Harvey qui cherche à prouver que l'occasion de se laisser au mal fait le larron ? " , celui-ci ne sera vaguement développé qu'épisodiquement.

Allo Alfred ? Ça va couper !

Ce récit principal est entrecoupé par une histoire secondaire centrée sur Duke Thomas, le nouvel acolyte de Bruce Wayne ( que l’on retrouve aussi dans la série de Tom King ) . Sortir du schéma Batman et Robin semble être le leitmotiv de Snyder depuis son arrivée à Gotham et de facto, cela devient une technique de Bruce également. Cette histoire courte nous narre la formation de ce nouvel allié selon une méthode très tirée par les cheveux dont on perçoit mal les tenants et les aboutissants (mais patience, c’est peut-être à dessein que les choses sont pour l’instant floues ).  Très plan-plan, le scénariste ne nous accroche vraiment que grâce au mystère que doit résoudre Duke.

Aux dessins de l’intrigue principale, on retrouve John Romita Jr. Le dessinateur prodige puis déclinant de chez Marvel semble avoir découvert une nouvelle force intérieure depuis qu’il travaille chez DC Comics. Son story-telling rivalise avec celui qui était le sien lorsqu’il assurait la partie graphique des différents titres consacrés à Spider-Man sur lesquels il était passé. Et son trait trop souvent brouillon ces dernières années retrouve enfin de l’assurance ! Il insuffle une véritable énergie à ses planches, une énergie qui participe pleinement à l’envie de ne pas lâcher l’aventure même lorsqu’elle nous semble abracadabrantesque ! Il retrouve l'univers du Dark Knight après The Last Crusade ( non , pas le film de Spielberg ! ).

La partie centrée sur Duke quant à elle échoit à Declan Shalvey. Son trait plus simple élégant est malheureusement en dessous de ses capacités ; capacités démontrées sur l’actuelle série Injection de Warren Ellis mais aussi sur ses épisodes de Moon Knight, le Batman de Marvel. Si Batounet avait été le principal protagoniste de cette petite histoire, il aurait sans doute été plus à l’aise mais avec un héros aussi peu charismatique et monolithique que Duke Thomas (on dirait un motard bien protégé à peine customisé ) , Shalvey ne semble pas très inspiré sans pour autant être honteux. Mais il est capable de bien mieux.




All-Star Batman est la plus faible des « nouvelles »séries Batman jusqu’à présent. Efficace mais anecdotique et flanquées de défauts franchement gênants, elle contentera les fans hardcore de la chauve-souris ( et encore, à condition d’avoir d’autres sources à disposition ) et peut-être les amateurs de virées sur les routes dopées à l’adrénaline et à l’action. Mais sa grande qualité reste de sortir Batman de son environnement habituel, le forçant à plus d’efforts. Peut-être faut-il y voir une allégorie sur le travail de Snyder, qui lui aussi devra en fournir un peu plus à l’avenir ?
Chaque arc narratif sera assuré par un dessinateur différent (et pas des manchots apparemment ) , une légère plus-value qui attirera les lecteurs fans de certains artistes.

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