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lundi 23 juillet 2018

Vol au-dessus d'un nid de doudous.

Parce qu'il sort en DVD,Blu-ray et 4K UHD dans deux semaines, retour sur le dernier film en date du grand Steven Spielberg, le barbu le plus divin d'Hollywood.

ARTICLE INITIALEMENT PARU LE 4/04/2018 
Initialement prévu pour sortir en décembre 2017, Ready Player One, le nouveau film de Steven Spielberg, ne déboule dans nos salles qu’en cette fin du mois de Mars. Pourquoi ? Parce que The Last Jedi a vu sa sortie décalée et que, pas fous, la Warner et le grand barbu n’ont pas voulu jouer contre le phénomène Star Wars ( parait-il que même James Cameron et son Avatar ne tenteront pas le coup, on a la Force ou on ne l’a pas ).

Les plus attentifs d’entre vous auront remarqué qu’il s’agit du second film du maître à sortir cette année ( nous ne sommes qu’en MARS !!!! ) , puisque The Post était sorti il y a deux mois (mais avait pourtant été tourné APRÈS Ready Player One.
Ça va, vous suivez toujours ? ) .





Nous sommes en 2045 ( détail amusant, Minority Report se situait en 2054 ) , l’économie s’est effondrée ( tu m’étonnes ).
Les populations les plus défavorisées vivent dans les banlieues des grandes villes dans ce que l’on nomme « les piles » : des amas de caravanes empaquetées les unes sur les autres. Les gens vivent donc littéralement les uns sur les autres dans un monde surpeuplé.

Pour supporter leurs vies misérables, la majeur partie de la populace se connecte à l’OASIS, une simulation virtuelle interactive, sorte de MMO géant ayant remplacé les réseaux sociaux.
L’OASIS a été conçu par James Halliday , le cliché du geek sympa et brillant.
Hors, monsieur Halliday est mort sans héritier. Alors il a conçu un concours : 3 challenges monstrueux qui mènent à un Œuf de Pâques .
Et il a fait en sorte que personne ne veuille poser un lapin !

Celui ou celle qui mettra la main sur l’œuf héritera de 500 millions de $ et aura le contrôle total de l’OASIS. Des millions de joueurs tentent leur chance. Parmi eux, les Sixers, des joueurs anonymes payés par l’IOI, une société ayant pour but avoué de rendre payant et de saturer de pub le monde virtuel d’Halliday (non, pas Johnny, James ! Faites au moins semblant de suivre un peu ! ) et dirigée par Nolan Sorrento. Sans parler des idées cachées de cet homme vil et pleutre qui devrait faire réfléchir les spectateurs sur la neutralité du net.
Entre les amateurs et les pros, comme dirait la France en 39 , la guerre est déclarée.





Ready Player One est tout d’abord un roman d’Ernest Cline.
Littérature « young adult » relativement fun mais peu riche en littérature justement.
Le héros est un geek/nerd assez lambda qui pourrait tout aussi bien vivre de nos jours tant sa façon de penser et ses références pop-culturelles sont celles des geeks d’aujourd’hui. Pire, Wade, le héros, est présenté comme un stalker un peu bas du front à la maturité sentimentale & sexuelle d'un adolescent de 13 ans. un Fifty shdes of geek total et absolu.
Et les références, elles sont à ramasser à la pelle.  Le roman est un véritable name-dropping de personnes, personnages et œuvres venues de tous les supports possibles. Impossible de ne pas se dire «  Hé, mais je connais ça, c’est cool ». L’auteur crée une connivence avec son lecteur sur base de quelques goûts communs. La marque des faibles.
Mais il reste le concept de base. Et c’est ça qui intéresse Spielberg ! Le squelette du roman et du film sont les mêmes. Mais le corps est tout à fait différent. (Ouf. Le film coupe à la machette dans les côtés vraiment malaisants du personnage principal dont les aspects petit connard creepy donnaient envie de le dénoncer aux flics toutes les 15 pages.)
Et ce film est un pur produit Spielbergien. Warner Bros s’y attendait-ils en confiant les manettes à papy Stevy ? Peut-être pas.



Revenons un peu sur la genèse du projet voulez-vous ? ( de toute façon, vous n’avez pas le choix, c’est mon texte,na ! )

Un an avant la sortie du roman, les droits sont rachetés par Warner Bros. Une fois le livre sorti et devenu un best-seller ,les pontes de la Warner tentent d’intéresser…Christopher Nolan !
Mais lui rêve de plages françaises, dans le Nord, à Dunkerque.  (oh ça va hein, on le sait tous depuis Inception que Nono fait des rêves bizarres, jouez pas les surpris)

Et en mars 2015, c’est l’annonce atomique, ils ont choppé un Moby Dick !

Qui ,en lisant le roman, n’a pas fantasmé sur un ou l’autre réalisateur capable de capturer l’essence des images mentales que le texte plantait dans nos têtes ?
Guilermo Del Toro aurait été un choix totalement justifié et justifiable. Peter Jackson aussi. Après tout, si le studio était capable de proposer le film à Nolan, pourquoi pas à d’autres grosses pointures autant réalisateurs que auteurs ? Des personnes ayant grandi et aimé la culture pop dont Cline fait le catalogue dans son histoire ? Qui plus est, Del Toro et Jackson ont déjà bossé avec la Warner, mes poulains étaient probables.
Mais qui aurait imaginé que c’est l’un des architectes de cette culture marquante qui serait choisi et surtout intéressé ? Steven Spielberg en personne ? Je n’aurai pas misé un copeck sur son implication. Et là, le projet passe de « ça peut être sympa avec un vrai réal aux commande » à «  OH NOM DE DIEU DE BORDEL DE MERDE, DIEU S’EN CHARGE LUI-MÊME !!!!!!! »

Le film sort 3 ans ( !!!) après la signature du contrat et un peu moins de deux ans après le tournage.
Je crois me souvenir que dans le roman , l’OASIS est une simulation ultra-réaliste. Dans le film, c’est une vision en image de synthèse.
Spielberg décide de séparer les visuels des deux mondes. Tournage en pellicule pour le monde réel, tournage en performance capture ( oui comme Avatar ou Tintin ) pour le monde virtuel. Et ça ne s’arrête pas là : même la façon d’appréhender les plans est différente selon le mode de tournage ! Le monde réel est gris. Certes, les gens s’habillent de façon colorées mais tout est terne, et les cadrages sont assez serrés.
L’OASIS ? C’est la fête à la couleur, à l’ensoleillement et aux plans larges. Le monde réel semble limité quand le monde virtuel semble sans limite. Un univers entier toujours en expansion. Une métaphore peu voilée de l’Internet moderne où nos avatars sont souvent calqués sur des personnages de fictions bien connus quand il s’agit de cacher nos identités. Est-ce vraiment si étonnant de croiser tant de personnages référencés comme Batman, Batgirl, Harley Quinn ? Bien sûr que non, allez faire un tour sur twitter et admirez les photos de profils !
Comme d’habitude, Spielberg nous parle de notre présent via un prisme. Que cela soit le prisme du futur fantasmé ou du passé documenté, Steven Spielberg ne fait que ça : nous interroger sur notre présent.  Une obsession récurrente, parmi tant d’autres, qui fait de lui ce que Truffaut (et Alain Resnais tentera de le faire entrer dans pas mal de tête ) : un auteur !









Steven Spielberg , avec quelques idées simples, définit la vision des personnages de leurs environnements et par la même occasion nous les fait appréhender d’une manière différente chacun. Le procédé est fluide, comme le reste du film. Une fluidité exemplaire sur 2h20 de métrage qui ne semble jamais vraiment durer plus de 80 minutes. Pour atteindre un tel rythme et une telle fluidité, il faut penser sa réalisation avant, pendant et après le tournage ! Et le résultat final le prouve, tout cela a été fait, et bien fait !

Dès la première séquence, le ton est donné : l’on passera d’un monde à l’autre avec une facilité déconcertante. Des scènes live côtoient des séquences virtuelles ( jouées par les acteurs, c’est de la performance capture, je le répète ! ) souvent jouée à des semaines d’intervalles alors qu’elles doivent s’imbriquer comme des pièces de Tétris dans une partie qui n’accepteraient aucun trou dans l’amoncellement des pièces !  1ére étape, revoir l’histoire !
Zak Penn est engagé pour écrire le scénario en compagnie d’Ernest Cline. Pas la première fois que Spielby associe un scénariste avec l’auteur du roman ( Jurassic Park anyone ? ).





Mais Penn est une montagne russe : capable de passer d’X-men 2 à X-men l’affrontement final, d’Elektra à Incredible Hulk et ensuite Avengers.
Mais il a pour lui de sembler s’intéresser à une partie de la culture-pop et de vouloir donner du rythme. Et puis, les scénarios sont écrits ou ré-écrits sour supervision du réalisateur ( on le sait rarement mais même non-crédités, les réalisateurs peuvent avoir leur mot à dire , le scénariste bossant sous leurs ordres comme un technicien ).
Et si le scénario semble simple (mais pas simpliste !) c’est qu’il a été façonné pour que Spielberg insuffle ses réflexions par l’image. Une refonte pas complète mais suffisamment importante pour qu'un personnage inédit au roman soit créé pour les besoins du film.
Défaut de ses qualités, certains dialogues sonnent faux et les facilités scénaristiques peuvent être grosses. Mais tout ça est distillé dans le film et ne représente pas du tout l’entièreté du script.  Plus qu’un scénario, c’est la réalisation qui fait et dit le film. Et ça tombe bien : Spielberg a des choses à dire et il sait y faire.
À 71 ans, des gars comme lui, Scorsese ou George Miller hurlent aux jeunes réalisateurs, sensés être encore pleins de fougue et d’entrain «  Vous êtes des mômes paresseux , même ceux d’entre vous avec de grandes qualités ».




En moins de 15 minutes, Spielberg pose les bases de l’univers de son film et s’offre ensuite un énorme morceau de bravoure, une course de voitures folle, monstrueuse et si lisible que Speed Rarer, Mad Max Fury Road et Baby Driver sont allés au bar pour boire une bière ou deux, histoire d’encaisser. Ils sont toujours sur le podium mais une nouvelle catégorie vient d’être créée, désolé les gars. Tout le film est à l’image de ce premier quart d’heure. Que dire de plus sur la réalisation , le montage, etc…sans tomber dans l’excès ? Tout coule tellement de source , tout  est tellement réglé comme du papier à musique de qualité supérieur …
Détail qui tue : toute cette séquence de course à travers un New-York ré-organisé nous est présentée...sans musique justement.
L'un des outils les plus utilisés au cinéma pour immerger émotionnellement le spectateur n'est pas employé et la scène marche pourtant du feu de Zeus (ou de l'éclair ? Mais alors l'expression ne veut plus rien dire. Ô cruel dilemme du poète critique ) ! Dans Le pont des espions, Steven Spielberg attendait 40 minutes avant d'utiliser une seule note. Et cela fonctionne tellement bien qu'il faut un moment avant de se dire qu'il "manque" quelque chose.

Bien entendu, il y a des défauts.
Si le chef-d’œuvre est technique, les scories et les impairs achèvent de faire de Ready Player One un grand film, tout court.  Je le disais plus haut, certains dialogues sonnent faux et d’autres heureuses coïncidences sont trop grosses pour ne pas avoir été pensées en amont pour nourrir le rythme. Alors bien assis dans votre fauteuil de cinéma, ça passe. Mais à la seconde vision, difficile de ne pas trouver étrange que tout les personnages principaux se trouvent non seulement sur le même continent, mais aussi dans le même pays voir carrément la même ville.

La musique d’Alan Silvestri ( il va falloir se faire une raison, John Williams n’est pas éternel et plus aussi jeune qu’avant, il ne saura plus forcément suivre le même rythme de travail que Spielberg ) est agréable mais singe parfois un peu trop Wiliams sans l’égaler.
Dommage car l’homme est doué ( allez donc  vous refaire les B.O de Retour vers le futur, Predator, Le retour de la momie, Van Helsing, Captain America. Dans le pur divertissement, il assure ) mais un cran en dessous de ce à quoi l’on pouvait s’attendre.
Quant à la morale de l’histoire, elle semble un peu WTF compte-tenu de l’intrigue.
Et le dernier point noir, pourquoi diantre Simon Pegg et Perdita Weeks ( As above so below, Penny Dreadful ) ont-ils si peu de temps de présence à l’écran ?

Dans la zone grise, une chose étrange mais pas incongrue. L’un des thèmes spielbergiens par essence est le manque du père. Elliot dans E.T , Indy dans La dernière croisade ( et encore plus dans Le royaume du crâne de cristal ) et tant d’autres ( je ne vais pas faire un listing ) semble s’atténuer avec le temps ( A.I montrait le manque de la mère ) , Minority Report le manque d’être un père.

Les orphelins (ou presque) ont souvent eu la faveur de Steven Spielberg mais depuis quelques années, ces orphelins ne ressentent plus le besoin de trouver des figures parentales de substitution. 
Soit l’une des thématiques majeures de Spielberg passe soudain au second plan ( auquel cas il n’est plus aussi pointilleux qu’avant ) soit c’est que lui-même ne voit plus ces manques de la même façon ( rappelons que Spielberg n’a jamais caché avoir très mal vécu le divorce de ses parents : le garçon en manque de père de ses films, c’est lui ! ), ce qui semblerait dire qu’il affectionne encore ces personnages mais qu’il n’est plus en quête lui-même.
Guillermo Del Toro twittait il y a quelques temps que faire du cinéma est une thérapie. Peut-être celle de Spielberg porte-t-elle quelques fruits. Tant pis pour ses exégètes et tant mieux pour lui ?

Ainsi, Wade Watts, facette du jeune Spielberg dans ce film refléterait que le réalisateur accepte enfin d’avoir été «  abandonné » ( le mot est fort et exagéré)  sans pour autant ne pas ressentir ce besoin de s’évader dans des mondes étranges et pourtant familiers ? ( n’est-ce pas ça faire du cinéma ? )
Tye Sheridan, le nouveau Cyclope de X-Men se glisse facilement dans le rôle mais il peine un peu à faire transparaître certaines émotions. Sa prestation est tout à fait correcte mais il n’est pas encore de ces acteurs aux prestations sans doute pas oscarisables mais qui attirent la sympathie du public.


L’imagerie convoqué par tonton Stevy ,en revanche , pullule d'autres thèmes.
Et au lieu de les surligner aux gros marqueurs fluo jaunes, il laisse le spectateur faire le bilan de ce qu’il voit. Un pays à l’abandon où l’emploi est rare, les situations précaires fréquentes. Les institutions nationales sur le déclin quand la privatisation règne dans tous les milieux ( des milices privées dans les rues, des bagnes tangibles ET virtuels tenus par une grosse compagnie, l’esclavagisme légal et déguisé sous un autre nom.Des drones de surveillances ultra-perfectionnés et invasifs, sorte de pompiles géants prêt à fondre sur la proie.Certes moins inventifs que les fameux Spyders de Minority Report. Le constat toujours froidement réaliste que la pire machine à broyer l’humanité reste l’humain et non un requin fou ou quelques dinosaures revenus à la vie ).






Le capitalisme sauvage n’a jamais aussi bien porté son nom. Spielberg déteste les hommes d’affaires ( tellement flagrant dans The Lost World, tiens, un autre film roller-coster ), peut-être aussi bien parce qu’ils tiennent Hollywood entre les mains de leurs visions étriquées (oui, une vision peut avoir des mains…la preuve par Marvel ! ) que parce qu’il flirte lui-même beaucoup avec cette ligne entre l’artiste et le businessman ( il a produit les 5 Transformers, entre autres  et a survendu à la limite de l’honnêteté le premier volet).
A-t-il peur d’être un Nolan Sorrento en puissance s’il se laissait aller ? Un personnage tellement imbu de lui-même que ses initiales ornent ses nœuds de cravates et dont le désir de contrôler un univers virtuel s'exprime via son avatar qui ressemble à un un agent Smith de sorti de The Matrix; un agent que l'on aurait dopé aux hormones et autres anabolisants (oui, ça transpire la confiance en soi ).
En tout cas, Ben Mendelshon lui donne toute la fourberie et la rage du haineux frustré. L’acteur est habitué des rôles de salauds depuis The Dark Knight Rises et il est si à l’aise dans l’exercice qu’il se permet de chaque fois les jouer différemment. Espérons qu’il ne soit pas à jamais prisonnier de ce genre de rôles (mais c’est mal embarqué : il est le prochain sheriff de Nottingham ).
Lui et ses sbires sont la manifestation cinématographiques des brutes incultes prêtes à tout pour mettre la main sur un trésor inestimables et ayant besoin du cerveau des autres pour y arriver ( les Nazis dans la série des Indiana Jones , les actionnaires d'InGen dans The Lost World - décidément )



Par contre, il est très certainement James Halliday, un personnage ayant vécu un long moment en créant un univers riche et foisonnant qui cherche encore un héritier digne de ce nom ( beaucoup ont essayé et même revendiqué ce titre : M.Night Shyamalan, Les frères Duffers créateurs de Stranger Things, J.J Abrams que l’on croyait pourtant déjà adoubé ).

Quelqu’un avec un regard amoureux sur la culture-pop ( Spielberg est un grand consommateur , du cinéma en passant par les jeux vidéos – c’est un gamer reconnu ) , qui la considère non pas comme une manne ( coucou les reboots de Ghosbusters, La Momie, Robocop , Jurassic Word, etc…)  à exploiter mais comme une ressource morale et mentale , un réservoir contenant de quoi puiser de la force et de l’espoir, l’anti-boîte de Pandore !
 ( permettez-moi d’illustrer mon exemple d’une manière simpliste : j’ai tiré mon code moral de romans de capes et d’épées, des Jedi et de Batman. Bon, après, je doute que Yoda aurait été chaud pour former Bruce Wayne. J’y ai picoré et assemblé ce qui me parlait et me semblait bon ).

Hors, cette boîte à outils pop-culturelle a été alimentée par d'autres, dont certains connus personnellement par Spielby à l'instar de Stanley Kubrick ou Stephen King (et ça se prononce Steven et pas Stépeheune !!!! ) à qui il ne manque pas de rendre hommage.
Steven Spielberg retrouve pour la 3éme fois l’acteur anglais Mark Rylance après Le pont des espions et Le bon gros géant.

Oui enfin, vous n'étiez pas à sa cheville et il vient de vous enterrer.Après un tel défilé de références correctement dosées pour ne pas créer une indigestion ni le sentiment d'être pris pour un neuneu, faut-il vraiment tenter l'aventure d'une saison 3 de Stranger Things ? Surtout au vu des limites clairement exposées en saison 2 ? Laissez tomber, seul " It " a réussi à plus ou moins rivaliser pour l'instant.



Olivia Cook en Samantha/ Art3mis est convaincante mais il lui manque un petit quelque chose pour vraiment créer l’empathie avec le public. Comme pour Tye Sheridan, l’actrice joue bien et reste convaincante mais l’on a du mal à sentir le poids de sa motivation sur ses épaules. Même si le rythme du film est élevé, il est possible de donner de l’épaisseur à son personnage de manière subtile et rapide : regardez Daisy Ridley dans The Force Awakens !





Tiens , puisque l’on est dans Star Wars et les chevaliers Jedi, tonton Steven a lui aussi réalisé un film où certains archétypes sont distillés.
Commençons par le plus évident, le héros du film se fait appeler Parzival , soit l’équivalent SMS de Perceval, le chevalier de la table ronde destiné à découvrir le Graal.
Nul besoin de lui coller un roi Arthur ou un Lancelot, ces deux-là échouent dans la quête.
Il est par contre accompagné de fidèles alliés dont les avatars sont , entre autres,un ninja ( soit un être attaché à la notion de clan ) et un samouraï ( un chevalier japonais, pour rester basique de chez basique ).
Son ami Aech est une sorte d’orc robotique un peu destroy, le meilleur ami indéfectible. Et Art3mis, ma foi, voila un personnage féminin solitaire dont le nom rappelle la déesse grecque de la chasse armée d’un arc. Et Art3mis chasse surtout les Sixers.Et pourquoi elle le fait servira de catalyseur, d’allumeur du feu de la conscience politique du héros.
 Les archétypes restent assez à la surface des choses mais fonctionnent tout à fait sans avoir besoin de plusieurs couches qui viendraient les alourdir. Là encore le rythme et l’imagerie convoqués par Steven Spielberg viennent pallier à ces défauts structurels du scénario.

Ready Player One semble être une version plus lumineuse et colorée que le film Avalon ( tiens, encore une référence Arthurienne ) du réalisateur Mamoru Oshii qui voyait ses personnages échapper à une réalité austère  en plongeant dans un jeu en réalité virtuelle.



Enfin, comment ne pas admirer la facilité avec laquelle Spielberg insuffle dans son film plusieurs tropes propres aux jeux vidéos, tel Edgar Wright il y a quelques années dans Scott Pilgrim VS The World ( pas vu ? mangez-en, c'est bon ). Fait peu connu, Spielberg est un gamer de longue date et l'on sent la connaissance et l'affection du monde vidéo-ludique dans sa façon de le représenter à l'écran.








Ready Player One est donc un travail fascinant de par ses niveaux de lectures et ses références ( qui elles mêmes peuvent ouvrir la porte d’un nouveau niveau de lecture. C’est une poupée gigogne dantesque ) ainsi que par le regard posé par son auteur sur les  œuvres qui nous bercent, nous portent et réveillent en nous le meilleur pour tenir face au pire. Et en plus c’est une putain de claque, alors vous attendez quoi pour aller le voir ?





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