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mercredi 8 avril 2009

Un, Deux, Troie !


David Gemmell est un auteur de fantasy dont le premier roman avait fait grand bruit à sa sortie outre-manche en 1984 : Légende. Pas tant par son scénario que par sa maitrise des scènes d’actions (nombreuses) du roman. En effet sa plume était à la littérature ce que la caméra de John McTiernan ou de Peter Jackon est au cinéma.

Mais c’est avec le cycle du Lion de Macédoine que Gemmell s’est fait connaitre chez nous avant de voir ses autres œuvres éditées. Ce cycle prend racine dans l’antiquité grecque et narre la vie, de l’adolescence à la vieillesse, de Parménion, un général de Phillippe II et d’Alexandre le Grand. Parménion est spartiate par sa mère et macédonien par son père. Conspué par les autres spartiates de son âge il s’éprend de Dérae , jeune fille promise à un autre homme. Mais l’adolescent ,en la séduisant ,provoque la mise à mort de sa belle par Sparte et il doit fuir. Lors de son exil il rencontre le jeune Phillippe, un macédonien. De la tragédie grecque, du sang, du sexe, des larmes…On suit avec délice et passion la vie des différents protagonistes, cherchant ici et là les réalités historiques et comment l’auteur imbrique son univers fantastique dans les blancs laissés par l’Histoire antique.

Car chassez le (sur)naturel et il revient au galop. Gemmell est un écrivain de genre et la Grèce et sa mythologie se prêtent bien à cet exercice. Mais ce qui frappe le plus c’est la maitrise totale de sa saga de plus de 1000 pages. Les détails sur les mœurs et coutumes de l’époque montrent le niveau de recherche de l’auteur qui s’aventurait ici pour la première fois hors d’un monde complètement imaginaire mais qui peut entrer en contact avec les mythes de l’époque, ainsi un petit tour en Hades ou dans un monde peuplé de chimères et autres créatures est aussi au programme. Mais ce sont pourtant les intrigues de palais, les complots, les liaisons amoureuses qui captivent le lecteur car les personnages sont bien vivants grâce à une psychologie fouillée et des dialogues allant à l’essentiel.


Les anciennes couvertures, lorsque la saga était éditée sous forme de trilogie.


Les couvertures du diptyque,le découpage suit celui de l"édition originale britannique.

La saga a été éditée sous forme de trilogie (c'est la version que j'ai lue,alors qu’originellement il s’agissait d’un diptyque) par les éditions Mnémos: Le lion de Macédoine,Le prince noir,L'esprit du chaos,puis sous forme de tétralogie chez folio(l'enfant maudit,la mort des nations,le prince noir et l'esprit du chaos. Il a fallu attendre l’année 2008 pour que Mnémos  sorte  enfin les bouquins sous leur forme d’origine (Le lion de Macédoine et Le prince noir). 





Les couvertures des éditions Folio SF. Chaque volume du diptyque a été coupé en deux .

Bref un beau foutoir pour s’y retrouver si vous choisissez de lire " Le lion de Macédoine " en grand format. Mais cela n’enlève rien à la réussite de l’œuvre. Aussi lorsque les fans apprirent que Gemmell allait réattaquer la Grèce avec une trilogie sur la guerre de Troie,les yeus se sont écarquillés.

Ce qui frappe le plus dans cette trilogie c’est peut-être l’absence quasi-totale de fantastique. Il y a des prophéties qui trainent bien sûr et la princesse Cassandre qui possède un don de voyance mais ça s’arrête là. L’autre grosse surprise vient bien évidement de l’histoire. Il ne s’agit ni d’une relecture de L’illiade ni d’un remake romancé du film. Non, ici il s’agirait plutôt d’avoir voulu écrire la « vraie » histoire qui aurait donné naissance à la légende. Un récit plausible qui aurait, au fil du temps, été déformé pour donner naissance à l'histoire que nous connaissons tous et que la littérature, la bande-dessinée et le cinéma se sont appropriés ( ndr : à ce sujet, le film "Troy" ,de Wolfgang Petersen avec Brad Pitt, est à découvrir dans sa version longue, les ajouts changeant complètement le film de sa version sortie en salles).

Le premier tome nous fait donc découvrir le riche marchand et marin Helicon, qui ,comme Indiana Jones, a lui-même décidé de laisser son véritable patronyme derrière lui , Ulysse le roi laid d’Ithaque ,réputé pour être aussi rusé qu’il est doué pour raconter des histoires fantaisistes et merveilleuses(ces mêmes histoires qui donneront naissance à son Odyssée) et surtout d’Andromaque, ancienne prêtresse promise à Hector le fils préféré du cruel roi Priam de Troie.






Tout le mythe est passé à la moulinette. Ce qui rend presque impossible de prévoir les retournements de situation. Ainsi l’on est surpris d’entendre parler du cheval de Troie dés le début de l’histoire et d’apprendre qu’il s’agit en réalité de la cavalerie Troyenne. Il fallait y penser et la trilogie est à cette image : on connaît les héros mais pas leur histoire. Comme pour « le Lion », les rites et coutumes des grecs de l’époque sont bien retranscrits et les enjeux politiques d’alliance et mésalliance également. Cependant le coté tragédie souffle un peu plus du coté du soap opéra que du drame Shakespearien. Peut-être parce que David Gemmell était mourant en écrivant cette ultime œuvre et que sa femme Stella termina le 3éme tome sans pour autant que l’on sente vraiment une rupture de rythme ou une différence de style. Troie est une agréable lecture mais un cran en dessous du « Lion de Macédoine » . 

Cela n’empêche pas d’apprécier cette trilogie originale qui offre un regard nouveau et bienvenu sur une guerre mythique dont on parlera encore longtemps après nos propres morts.

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