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lundi 8 novembre 2010

Guerre des cultes.


Pour célébrer leurs 10 ans d’existence, les éditions Bragelonne, spécialisées dans la fantasy, ont cet été réédité 10 romans phares de leur collection pour un prix de 10 €. Si les romans phares faisaient partie d’une trilogie, alors c’est carrément toute la trilogie qui était proposée dans un seul et massif volume. Pour 10 € c’était le moment de se laisser tenter. Et comme j’ai un sacré retard dans mes lectures de fantasy je ne parle qu’aujourd’hui d’ « Ayesha », une trilogie de fantasy à la française qui n’a pourtant rien à envier à ses cousines anglo-saxonnes. Ecrite à quatre mains sous le pseudonyme de " Ange ", cette œuvre traite d'aventures,de trahisons, d'amour déçus et de fanatisme religieux. Ce dernier thème étant assez rare en fantasy commerciale.

Tout débute alors qu'un bandit purgeant sa peine de galère est sauvé d'un naufrage par la mystérieuse Marikani. Arekh es Morales échappe donc à la mort et mène sa sauveuse et sa suivante en lieu sûr,un moyen de payer sa dette. Mais Marikani est plus qu'une simple femme instruite, c'est la future reine d'Harabec et ses ennemis vont tenter de la tuer en chemin. Haletante, c'est le mot adéquant pour décrire la première partie de l'histoire. " Ange " a la bonne idée de nous plonger directement dans l'action et de décrire par bribes les us et coutumes de ce monde étranger. Sous une plume virevoltant d'action en suspense il n'oublie pas pour autant de faire vivre ses personnages, de leur donner des réactions à mille lieues des conventions et jamais au grand jamais nous ne sommes assaillis de détails sur le fonctionnement de cet univers. Ce qui nous permet d'appréhender sans prise de tête les aventures de nos héros.

Car les rites et le panthéon divin de ce monde sont assez conséquents. La religion y tient une place prédominante. Á tel point qu'un peuple entier est tenu en esclavage par le seul pouvoir d'une rune supposément inscrite dans les étoiles du ciel. C'est l'histoire de ce peuple qui se joue. Alors que les royaumes vont faire face à un ennemi surgi des abysses, le peuple turquoise (les esclaves sont nommés ainsi à cause de la couleur de leurs yeux) va enfin se réveiller et prendre son destin en main.Le tout sous fond d'intrigues de palais,de combats dantesques ou non. Les personnages ne sont ni blanc ni noirs. Arekh est un ancien espion-assassin de la cour de Reynes,un homme hanté par un acte bien plus abominable que ceux commis lors de son boulot.C'est à lui que l'on s'attache en premier lieu,un salaud au grand cœur qui découvre qu'il en a un ça marche à tous les coups et Arekh ne déroge pas à la règle. Marikani quant à elle cache un lourd secret. Dans un univers anglo-saxons,ces deux-là se seraient embrassés aux deux tiers du premier tome. Il n'en sera rien,Ange se joue des envies de happy-end qui animent ce genre de littérature en général. Ces deux caractères seront le théâtre d'affrontements verbaux sur la teneur religieuse du monde. Par eux, le lecteur commencera à se poser des questions sur la légitimité des prêtres, sur le bien fondé des croyances,sur les religions en général. Celles-là même qui peuvent pousser à accomplir tant de bien comme à commettre un déicide si le pouvoir spirituel était en jeu.

Ce cycle est paru sous bien des formes : une trilogie en grand format, une intégrale, une intégrale collector (celle-ci même que je chronique) et une trilogie en poche. Cette édition a été un peu baclée,c'est rien de le dire. Premièrement, pour réduire le nombre de pages la typographie a été réduite, personnellement je n'ai jamais été fan des pages surchargées de texte. Ensuite il y a de multiples coquilles dans le texte,enfin coquilles c'est un bien gentil mot : il manque des mots entiers ! Souvent une lettre dudit mot est là, seule,abandonnée et au lecteur de se démerder avec ça. Est-ce un baclage manifeste ou une envie d'économiser de l'encre et du papier ? Toujours est-il que sur ce coup-ci Bragelonne a merdé dans les grandes largeurs. Un texte d'une telle qualité méritait mieux comme écrin.


Á noter qu'il s'agit ici de mon 200me message.

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