Neil Gaiman , auteur anglais et doté d'une imagination incroyable nous revient encore une fois avec une œuvre destinée à la jeunesse mais que les adultes auraient tort de dédaigner. Il est ici associé à Michael Reeves.
Au départ, Entremonde ne devait pas devenir un roman mais une sérié télé, mais face à l'incompréhension du concept par les producteurs, le projet est resté au stade d'ébauche de scripts et de synopsis. Le concept, parlons – en ! Joey Harker est un ado tout ce qu'il y a de plus typique. Sauf que son sens de l'orientation est désespérant : même équipé d'un GPS, il arriverait à se perdre. Un jour lors d'une course d'orientation ça ne manque pas : Joey se perd et arrive tant bien que mal à retrouver sa maison sauf que quelque chose cloche, que des petits détails ont changé : Joey est passé dans un monde parallèle. Très vite il est amené à comprendre qu'il est un Marcheur et il est enjoint à rejoindre une organisation composée uniquement de ses doubles interdimensionnelles . Une organisation qui fait en sorte que deux grandes puissances (l'une basée sur la magie, l'autre sur la science ) ne prennent pas trop de pourvoir et ne rompent pas l'équilibre de l'Altivers.
Bon, un concept pareil c'est certain que ça peut être casse-gueule. Ajoutez à cela que les doubles ne sont pas toujours humains et ça devient franchement spécial. C'est sans compter sur la plume de Gaiman qui fait passer tout ça à une vitesse folle. C'est d'ailleurs le reproche principal que l'on pourrait faire au livre : être trop court. Non pas que l'aventure en elle-même aurait dû être plus longue mais cibler le lectorat jeunesse parce que le héros est un ado est réducteur. Mais pour la défense des auteurs, c'est à la demande d'un des enfants de Gaiman que nos compères ont repris le concept et on sait depuis Coraline ( et L'étrange vie de Nobody Owens ) que Gaiman aime écrire pour ses enfants. D'ailleurs ça fait quelques livres qu'il ne fait que pour eux ! Le livre surfe un peu sur la vague Harry Potter avec ses héros doté d'une capacité unique peut-importe le monde dont ils proviennent et l'apprentissage en classe. Mais le tout est survolé : comme dans Coraline et Nobody Owens. Ce qui est bien dommage car on loupe alors les métaphores et sans doute des dialogues savoureux comme Gaiman sait si bien les écrire. C'est vraiment le seul reproche à faire au texte en lui-même: cette simplification du style littéraire (qui reste bourré néanmoins de références à la culture populaire). Le livre, puisqu'il devait à la base être un scénario de série, se termine sur une fin ouverte. C'est un peu frustrant alors qu'aucune suite n'est annoncée et que plusieurs pistes annonçant un fil rouge sont lancées !
Passons aux reproches purement imputables aux éditions " Au Diable vauvert " maintenant : premièrement l'immonde couverture alors que celle de l'édition américaine est soignée et dans un style très comic-book (normal, Gaiman est aussi scénariste de comics et de séries télés british à ses heures). Ensuite la traduction de Marcel Pagel. Si rien n'est honteux au niveau de certaines adaptations (on parle de Larousse, dico bien français, à la place d'un dictionnaire connu anglo-saxon par exemple) , il y a une faute de grammaire qui s'est payée le luxe d'apparaître deux fois de suite. Une faute dont je ne suis pas le seul à trouver incroyablement conne : " ça a" qui devient "ç'a " . Même phonétiquement on prononce les deux "a". Personnellement je trouve que ça ne veut rien dire et ça me fait sortir du texte en tiquant méchamment ! Patrick Marcel, l'autre traducteur récurrent de Gaiman après Pagel n'aurait pas fait une telle faute ( jamais lu ça dans Neverwhere , De bons présages ou encore Miroirs et fumées par exemple ). Le pire c'est que l'utilisation du " ç'a" en lieu et place du " ça à " est en train de se répandre à vitesse grand V : la trilogie Millennium par exemple en est bourrée ! Une véritable honte et une insulte à la langue française. Et quand on insulte la langue que je lis, je me sens moi-même insulté !
Bref, un bon petit bouquin, certes trop court mais plein de qualités que n'arrivent pas à gâcher une couverture hideuse et une traduction à la va-comme-j'te-pousse !
Bon je n'ai pas lu ce roman mais deux choses, en passant : Michel Pagel n'est pas un traducteur débutant, et c'est aussi un écrivain depuis belle lurette ; ce qui n'empêche pas de faire des fautes, certes.
RépondreSupprimerEncore faut-il que l'élision de "ça" en soit une. Ce qui ne semble pas être le cas.
hasta luego amigo [-_ô] !
Oui je sais que ce n'est pas un débutant, la moitié de ma collection de Gaiman a été traduite par lui. Mais ce n'est pas parceque le ç'a est rependu qu'il devient de facto bon. On dit ça alors et non c'alors, même prononcé rapidement il y a doublement du a. Le langage sms a commencé comme ça...
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