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lundi 16 janvier 2012

The Girl With The Dragon Tatoo - Millénium : Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes.

C'est une constante, presque une règle non-écrite mais toujours suivie : quand un film étranger marche, les américains en font un remake. Le remake, film ô combien descendu par les bien-pensants, et ce même si il est bon, pour une raison qui reste obscure à ma compréhension ( bon, j'avoue, il y a très peu de bons remakes, c'est vrai). Comme si l'Amérique et Hollywood étaient d'office les ennemis de l'art cinématographique et de l'intelligence cinématographique que l'on attribue si facilement à tous les films européens même les plus anecdotiques. À croire que le remake d'un film atténue l'aura qui se dégage de l'œuvre originale et que l'Amérique est vide de tout réalisateur ou de scénariste talentueux...

Hors ici, puisque David Fincher ( le réalisateur derrière Se7en,Fight Club, Panic Room, Zodiac, L'étrange Histoire de Benjamin Button, The Social Network) s'attaque à une nouvelle adaptation d'un roman, peut-on vraiment parler de remake du film suédois Millennium – Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (basé sur le roman du même titre écrit par feu Stieg Larson) ?  La question reste posée, pour ma part j'ai ma réponse. Un remake, dans son générique, précise que le scénario s'inspire d'un autre film. Ici il n'en est rien, seul est précisé que la base est le roman. Désolé d'être cru, mais si vous y voyez un remake alors vous pouvez aller vous étouffer dans votre mauvaise foi vomitive !  Et ayez le bon goût d'y rester, ça fera remonter le niveau !

Je précise que je n'ai pas vu les films/mini-séries ( oui parce que, apparemment, l'adaptation suédoise est un beau bordel ) qui ont été tournés avant le film de Fincher. Premièrement parce que j'ai lu les romans sur une période allant de novembre 2010 à juillet 2011, ensuite parce que pour moi il était évident qu'il fallait un homme avec une sacrée expérience pour mettre en scène ces pavés littéraires ! Et David Fincher me semblait une évidence avant même que la première bande-annonce ne pointe le bout de son petit nez !

Chaque année, pour son anniversaire, Henrik Vanger,82 ans, ancien dirigeant des entreprises Vanger, reçoit un étrange colis : une fleur séchée, chaque fois différente, dans un cadre. Et chaque année il téléphone aussi tôt à un ancien policier…
Mikael Blomkvist ( Daniel Craig) est un journaliste d'investigation comme on en fait peu : honnête, travailleur, incorruptible. Co-propriétaire et co-fondateur du magazine Millennium. Pourtant il vient de perdre un procès en diffamation contre Hans-Erik Wennerström. Les dommages qu'il va devoir payer sont plus que conséquents ( et dans le roman, cela est suivi d'une peine de prison en plus ! ).
Lisbeth Salander ( Rooney Mara) est une jeune fille étrange,gothique, tatouée de partout. Pourtant elle bosse pour Milton Security, au service des investigations : c'est même la meilleure. Elle vient justement de remettre un rapport sur Mikael Blomkvist. 
Ce dernier est contacté par Henrik Vanger, l'homme derrière l'investigation de Salander. Vanger voudrait que Mikael s'installe sur l'île dont il est propriétaire et qui abrite les maisons de toute sa famille. Car il y a 40 ans, Harriet, la nièce favorite de Vanger a été assassinée et le corps n'a jamais été retrouvé. En échange de son travail, Mikael sera bien payé mais surtout Vanger lui donnera sur un plateau d'argent l'homme qui a ruiné la carrière du journaliste : Hans-Erik Wennerström. Mikael accepte et après moult péripéties, il va avoir besoin de l'aide de Lisbeth Salander !




Réussir un tel film, basé sur un pavé de presque 800 pages et transformé en film de près de 2h40, est une entreprise qui ne repose pas uniquement sur son réalisateur. Il faut un sacré scénariste derrière ! Ce scénariste c'est Steven Zaillian. L'homme est considéré comme l'un des meilleurs. C'est aussi le plus chère ! Ce qui explique qu'il n'écrive pas souvent. Mais pour vous donner une idée : La liste de Shindler, Gangs of New-York ou encore L'interprète, c'est lui ! Son scénario va à l'essentiel sans jamais occulter l'important, que cela soit des éléments de l'intrigue ou les relations humaines. À peine seront passées sous silence certaines aventures sexuelles de Mikael, puisque celui-ci est un véritable tombeur (à côté , James Bond est un puceau ! ). Et la résolution de l'énigme est amenée différemment sans trahir cette dernière, j'insiste : TOUT.SE.TIENT ! Et nous empêche de finir avec un film qui aurait atteint les 3h30, sans que cela ne vienne affecter les histoires des éventuelles suites qui pourraient sortir au ciné d'ici quelques années ! De plus, la trame de l'histoire se situe encore en Suède malgré l'habitude des américains à américaniser les histoires qu'ils adaptent ! 

La réalisation de David Fincher était attendue au tournant. Il avait fourni deux films traitant de tueurs en série avec Se7en et Zodiac par le passé, et ce à chaque fois dans un style différent : glaque et étouffant avec Se7en; froid, méthodique, minutieux avec Zodiac. Ce nouveau film allait-il mêler les deux approches ? Il aurait été facile de se reposer sur ses acquis mais David Fincher n'aime pas se répéter !



La mise en scène est brillante. Chaque plan a du sens et le montage est à l'avenant. Rapide quand il faut, contemplatif au bon moment, lent sans être chiant quand l'histoire le demande. Certaines idées de réalisations (comme la vue à la première personne d'une victime d'asphyxie par un sac plastic) ne sont pas là pour en mettre plein la vue mais bien pour immerger le spectateur. Tout est fait pour que l'on ait l'impression d'être partie prenante de l'aventure, et ce sans nous mâcher le travail ou nous épargner. Ainsi les scènes les plus crues et dures du roman sont bien présentes et représentées frontalement sans tomber dans le vulgaire. Le malaise du spectateur, lui, est bien présent lors d'une séquence de fellation forcée et d'un viol particulièrement sadique ! Le retour de bâton pour le salopard derrière ses actions est aussi rendu sans complaisance mais sans altération ou effet qui rendrait à rendre plus supportable la chose. La nudité n'est pas cachée ou coupée au montage, le film est d'ailleurs interdit au moins de 17 ans aux USA ! Fait de plus en plus rare pour un film produit par un studio qui espère récupérer sa mise et faire un bénéfice substantiel suffisant pour envisager de produire les suites !



Trop longtemps considéré comme étant simplement un habile créateur d'images, il est impossible de nier que David Fincher est également capable de mettre en scène comme un grand du métier. Créer une image est facile ( Michael Bay y arrive bien) mais lui donner vie est une aptitude qui ne s'acquiert que si l'on est dédié à son art ! Et c'est le cas de Fincher. James Cameron passe sur un plateau pour être un perfectionniste ( ce qu'il est !) mais cela n'atteint pas le niveau que peut exiger Fincher, qui reste quand même l'homme à avoir fait rejouer 24 fois la même scène dans The Social Network pour obtenir ce qu'il voulait ! Une scène qui allait être déterminante dans le choix de l'actrice qui hérite du rôle ô combien génial ( et qui intéressa un nombre impressionnant d'actrices confirmées comme Natalie Portman ou Scarlett Johansson ) de Lisbeth. En effet, Rooney Mara, débutante dans le métier a obtenu le rôle au nez et à la barbe de toutes les aspirantes au rôle après être brièvement apparue dans le film précédent de David Fincher dans le rôle de l'ex de Mark Zuccherberg ! Et la scène d'intro au film, c'est celle-là qui fut retournée 24 fois ! Elle campe LA Lisbeth du roman, c'est bien simple le personnage prenait soudain vie devant moi ! Frappa-dingue, revancharde , sensible...un rôle très complexe.À tel point point que ça y est, je crois que suis tombé amoureux de Lisbeth Salander, pauvre de moi !



Le reste du casting est lui aussi aux petits oignons, chaque acteur a été choisi avec soin. Daniel Craig en héros intègre et séducteur ça peut sembler facile ( hé, c'est James Bond le mec ! ). Mais le rôle est à des milliards de kilomètres de celui de 007 ! Et comme d'habitude, Craig fait oublier qu'un rôle récent de sa filmographie lui colle à la peau. Mieux, là ou James se relève, Mikael devient presque une jeune pucelle effrayée ( la scène du fil dentaire est un bon exemple : oui je sais, faut voir le film pour savoir que quoi je parle. Mais depuis le début mon intention est de vous le faire aller voir, je suis d'une extrême cohérence voyez-vous ? ).Les seconds rôles sont échus à des visages familiers et qui ne cèdent pas au jeunisme. Et ce même si le temps d'exposition n'est pas important : ça changera dans les autres films ! Et ça les acteurs le savent bien, alors tant pis si ils sont employés peu de temps dans ce film-ci !Ainsi citons l'apparition de Robin Wright ( ex-madame Sean Penn) qui verra son rôle prendre plus de place dans les éventuelles suites !




Reste la musique de Trent Raznor et Atticus Ross. Si elle fonctionne à merveille dans le film, elle risque d'être soporifique à l'écoute seule. Tout comme leur composition sur The Social Network dont je me demande encore comment elle a fait pour leur valoir l'Oscar de la meilleure musique : la B.O est jugée non pas au visionnage du film mais bien en écoute sur CD par l'académie. Mais passons sur le débat, je suis juste aigri sans doute que la B.O d'Inception ne l'ait pas remporté cette année là … mais je m'égare.

Comme souvent, Fincher ouvre son film sur un générique soigné et travaillé ! L'art du générique de début est un art qui se perd de plus en plus à Hollywood et s'est avec plaisir qu'on plonge dedans, surtout quand, à l'inverse de la majorité des James Bond par exemple, le générique sert d'immersion dans le monde que l'on s'apprête à découvrir ! C'est sur la vidéo du-dit générique que je vous laisse, moi je pars lutter contre l'envie d'y retourner tout de suite !



2 commentaires:

  1. Monsieur l'arachnophile, je viens de lire plusieurs de vos articles... et je dois bien avouer que vous savez drôlement bien captiver l'attention de votre lecteur par une qualité d'écriture rare.

    Bien qu'étant en phase avec beaucoup de vos critiques de films, qui savent égratigner tout en conservant intact l'enthousiasme du véritable amateur, je n'ai toutefois pu m'empêcher de réagir vertement en lisant dans votre critique du Millenium de Fincher : “peut-on vraiment parler de remake du film suédois Millennium” ?, alors que vous précisez même ne pas avoir vu les 3 films suédois !
    Je vous prends sur le fait en plein “j'écrissansvérifiermessources” !!!

    Pour ma part, ayant vu les trois films (sans lire les romans, je m'abstiendrai donc de juger si ces adaptations sont fidèles ou pas aux livres ^^), je puis vous signaler que le premier de la série est un excellent film, et que le remake de Fincher, ne vous en déplaise, lui ressemble sur bien des points (les deux suites sont moins réussies, sentant davantage le travail réalisé à la va-vite avec peu de moyens, juste pour profiter du succès du phénomène Millenium avant que le public ne s'en lasse).

    Mais revenons à Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (Män som hatar kvinnor). Bien que réalisé avec sans doute moins de virtuosité que le Fincher, il le surpasse pourtant sur certains points : les paysages enneigés de l'île suédoise sont mieux rendus, donnant souvent l'impression que les personnages sont immergés dans ces étendues blanches et verglacées (alors que la réalisation de Fincher cadre au plus près des personnages), et la “collection” de plantes séchées de Henrik Vanger est beaucoup plus spectaculaire (d'ailleurs, cela me surprit que Fincher passe rapidement sur la scène où Blomkvist découvre le mur recouvert par les plantes encadrées, comme s'il ne voulait pas multiplier les effets de surprises...)
    Hormis cela, certaines scènes sont presque identiques, notamment celles qui provoquèrent chez vous ce sentiment de malaise (et
    quand on pense que le film fut un succès en Suède, où paraît-il les gens allaient le voir... en famille !)

    Quant à moi, j'ai pris autant de plaisir à voir le film de Fincher que le film scandinave, sinon même plus car, connaissant l'histoire j'essayais de repérer les différences entre les deux versions.
    J'espère vous avoir convaincu que, si vous saviez très bien apprécier les films américains, il fallait aussi aller voir les films suédois ! ^^

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  2. Les seules sources nécessaires sont le roman et le générique du film de Fincher.Un remake est tenu légalement d'indiquer que son scénario s'inspire d'un film précédent.Il s'agit d'une nouvelle adaptation.Pas d'un remake.Je sais que pour beaucoup il n'y a pas de différence et pourtant, ça serait comme dire que Le seigneur des anneaux des anneaux de Peter Jackson est un remake du film d'animation sorti dans les années 70...

    Mais si on creuse, alors les bonus du blu-ray nous apprennent pas mal de chose...comme le travial effectué par le scénariste à partir du...ROMAN ! The departed (les infiltrés) de Scorsese est un remake, c'est carré, c'est indiqué dans le générique que le scénario s'inspire de celui d'un autre film...ce sont les nuances qui définissent les choses.Il n'y pas de raisons que le temps qui passe change la perception de la nature d'un film : The great Gatsby de Baz Lhurmann sort cet hiver, comme il est espacé de presque 40 ans avec la dernière adaptation, on parle de nouvelle adaptation, et pas d'un remake. C'est pareil pour The girl with the dragon tattoo sauf qu'on a pas attendu 40 ans.


    Il y a 2 raisons qui m'ont poussé à ne pas voir les films suédois :
    1° je n'avais pas encore lu les livres et je voulais les lires d'abord.
    2°En pleine lecture du premier, j'ai appris que ça serait Fincher qui réaliserait. C'était une évidence qu'il était l'homme de la situation ( et il l'a prouvé avec son film).

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