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mardi 20 novembre 2012

Argo, not !?


« Quand une opération foire, on désigne toujours un responsable Jack ! Je suis responsable. Je les ramène ! » 
Bon ici, le responsable s’appelle Ben Affleck, et ce qu’il va ramener ce sont quelques statuettes, parce que son film est tout sauf foiré !

En novembre 1979, début ce qu’on appelle la crise des otages américains en Iran. Les employés d’une ambassade sont retenus par les révolutionnaires qui réclament que les USA leur remettent Mohammad Reza Pahlavi alias le dernier Shah d’Iran. La crise durera 444 jours. Cependant, 6 employés ont réussi à s’enfuir avant que tout ne dégénère et à se réfugier chez l’ambassadeur du Canada. Mais le Canada s’impatiente de voir partir ses invités ! Parmi les idées pour les faire sortir de là, une seule semble prometteuse : les faire passer pour une équipe de tournage canadienne et les exfiltrer. L’agent Tony Mendez s’envole pour Hollywood monter une production bidon pour faire gober l’histoire aux iraniens. Et non, vous ne rêvez pas, c’est une histoire vraie !

Qui aurait crû il y a encore 10 ans que Ben Affleck allait devenir un réalisateur à ce point talentueux ? Oh on le savait bon scénariste puisqu’il avait co-écrit « Good Will Hunting » avec son pote Matt Damon mais ça s’arrêtait à ça. Pas mauvais acteur mais pas transcendant, sa carrière risquait de se terminer au rayon direct-to-dvd. Et puis il a réalisé Gone Baby Gone…et tout a changé. Il est devenu un réalisateur à suivre, pour voir si c’était un acte isolé. Et The Town a confirmé l’essai ( et je vous raconte pas sa version longue, encore meilleure !! ).

Argo (nom du scénario servant au film bidon sensé être tourné en Iran) a le parfum doux et suave des films à l’ancienne : le logo de la Warner des années 70 ouvre le film, l’image est granuleuse, la photo âpre. L’imagerie est donc au diapason de la reconstitution historique du film : on nage dans les 70’s, on s’y croirait !




Mais ce n’est pas un film qui marche à la nostalgie, non non ! Sa modernité ne fait aucun doute, que ça soit dans son rythme soutenu, son montage ou encore sa séquence d’intro qui en deux minutes chrono arrive à situer parfaitement la situation du pays avant l’assaut sur l’ambassade (et fait au passage la nique de classe mondiale au film Persepolis ! ).

La montée en puissance du suspens est gérée de main de maître et le passage de Tony a Hollywood, rouage essentiel à son plan, tire autant sur le sérieux que la satire (gentille) du monde du cinéma en Californie. Et cette partie est un bol d’oxygène bienvenu pour le spectateur qui aura du mal à trouver d’autres passages où respirer calmement jusqu’au dénouement final.




L’une des forces du scénario c’est de ne jamais en faire trop. Les personnages existent sans leur demander de sur-jouer, pas le temps de les faire pleurer ou s’engueuler pendant 5 heures. On est dans l’urgence, le film aussi ! N’allez pas pour autant croire qu’ils sont dénués de psychologie mais cela reste basique (mais diablement efficace) . Le groupe est donc constitué de ceux qui y croient, ceux qui doute et de l’éternel pessimiste persuadé que tout le monde va y passer et qui trouve un peu de courage quand il faut y aller ! Du cliché à l’ancienne. Mais à l’ancienne, le cliché passe comme une lettre à la poste, ce qu’on ne peut pas vraiment toujours dire à propos du l’usage des clichés dans les films actuels !

Ben Affleck tire la couverture à lui, le personnage principal : c’est lui ! Pas les otages. Cependant les autres acteurs ne lui servent pas de faire valoir ! Il joue en retenue et avec conviction, perdu dans sa barbe et ses cheveux longs ( le look qui le change et qui fait oublier son image de beau gosse hollywoodien ).





Entre leçon abrégée d’histoire moderne et thriller d’espionnage/politique haletant, Argo vous scotche à votre siège jusqu’au dénouement final ! Parce qu’en plus d’être une histoire vraie abracadabrantestque , c’est aussi un film qui prend aux tripes !


Juste retour des choses : pour sauver ds otages, l'Amérique a donc mis à contribution son produit d'exportation phare : le cinéma. Le cinéma s'est donc emparé de cette histoire. Pas certain que ça s'exportera en Iran par contre...

Mark Twain a écrit : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Et bien les protagonistes de cette histoire savaient que c’était impossible et ils l’ont fait quand même !

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