« Quand une opération foire, on désigne toujours un
responsable Jack ! Je suis responsable. Je les ramène ! »
Bon ici, le
responsable s’appelle Ben Affleck, et ce qu’il va ramener ce sont quelques
statuettes, parce que son film est tout sauf foiré !
En novembre 1979, début ce qu’on appelle la crise des otages
américains en Iran. Les employés d’une ambassade sont retenus par les
révolutionnaires qui réclament que les USA leur remettent Mohammad Reza Pahlavi
alias le dernier Shah d’Iran. La crise durera 444 jours. Cependant, 6 employés
ont réussi à s’enfuir avant que tout ne dégénère et à se réfugier chez l’ambassadeur
du Canada. Mais le Canada s’impatiente de voir partir ses invités ! Parmi
les idées pour les faire sortir de là, une seule semble prometteuse : les
faire passer pour une équipe de tournage canadienne et les exfiltrer. L’agent
Tony Mendez s’envole pour Hollywood monter une production bidon pour faire
gober l’histoire aux iraniens. Et non, vous ne rêvez pas, c’est une histoire
vraie !
Qui aurait crû il y a encore 10 ans que Ben Affleck allait
devenir un réalisateur à ce point talentueux ? Oh on le savait bon
scénariste puisqu’il avait co-écrit « Good Will Hunting » avec son
pote Matt Damon mais ça s’arrêtait à ça. Pas mauvais acteur mais pas
transcendant, sa carrière risquait de se terminer au rayon direct-to-dvd. Et
puis il a réalisé Gone Baby Gone…et tout a changé. Il est devenu un réalisateur
à suivre, pour voir si c’était un acte isolé. Et The Town a confirmé l’essai (
et je vous raconte pas sa version longue, encore meilleure !! ).
Argo (nom du scénario servant au film bidon sensé être
tourné en Iran) a le parfum doux et suave des films à l’ancienne : le logo de
la Warner des années 70 ouvre le film, l’image est granuleuse, la photo âpre. L’imagerie
est donc au diapason de la reconstitution historique du film : on nage
dans les 70’s, on s’y croirait !
Mais ce n’est pas un film qui marche à la nostalgie, non non !
Sa modernité ne fait aucun doute, que ça soit dans son rythme soutenu, son
montage ou encore sa séquence d’intro qui en deux minutes chrono arrive à
situer parfaitement la situation du pays avant l’assaut sur l’ambassade (et
fait au passage la nique de classe mondiale au film Persepolis ! ).
La montée en puissance du suspens est gérée de main de
maître et le passage de Tony a Hollywood, rouage essentiel à son plan, tire
autant sur le sérieux que la satire (gentille) du monde du cinéma en
Californie. Et cette partie est un bol d’oxygène bienvenu pour le spectateur
qui aura du mal à trouver d’autres passages où respirer calmement jusqu’au
dénouement final.
L’une des forces du scénario c’est de ne jamais en faire
trop. Les personnages existent sans leur demander de sur-jouer, pas le temps de
les faire pleurer ou s’engueuler pendant 5 heures. On est dans l’urgence, le
film aussi ! N’allez pas pour autant croire qu’ils sont dénués de
psychologie mais cela reste basique (mais diablement efficace) . Le groupe est
donc constitué de ceux qui y croient, ceux qui doute et de l’éternel pessimiste
persuadé que tout le monde va y passer et qui trouve un peu de courage quand il
faut y aller ! Du cliché à l’ancienne. Mais à l’ancienne, le cliché passe
comme une lettre à la poste, ce qu’on ne peut pas vraiment toujours dire à
propos du l’usage des clichés dans les films actuels !
Ben Affleck tire la couverture à lui, le personnage
principal : c’est lui ! Pas les otages. Cependant les autres acteurs
ne lui servent pas de faire valoir ! Il joue en retenue et avec
conviction, perdu dans sa barbe et ses cheveux longs ( le look qui le change et
qui fait oublier son image de beau gosse hollywoodien ).
Entre leçon abrégée d’histoire moderne et thriller d’espionnage/politique
haletant, Argo vous scotche à votre siège jusqu’au dénouement final !
Parce qu’en plus d’être une histoire vraie abracadabrantestque , c’est aussi un
film qui prend aux tripes !
Juste retour des choses : pour sauver ds otages, l'Amérique a donc mis à contribution son produit d'exportation phare : le cinéma. Le cinéma s'est donc emparé de cette histoire. Pas certain que ça s'exportera en Iran par contre...
Juste retour des choses : pour sauver ds otages, l'Amérique a donc mis à contribution son produit d'exportation phare : le cinéma. Le cinéma s'est donc emparé de cette histoire. Pas certain que ça s'exportera en Iran par contre...
Mark Twain a écrit : « Ils ne savaient pas que c’était
impossible, alors ils l’ont fait ». Et bien les protagonistes de cette
histoire savaient que c’était impossible et ils l’ont fait quand même !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire