lundi 29 juillet 2013

Le bleu est une couleur chaude.

Retour aujoud’hui sur la bande-dessinée qui a « librement inspiré » (c’est marqué sur le sticker ornant l’album ) la dernière palme d’or au festival de Cannes : La vie d’Adèle. Drôle de titre, aucune Adèle ne joue un rôle dans cette histoire, je commence à comprendre (et à craindre ) le « librement inspiré ».

Emma visite la maison de Clém’ ,sa compagne , qui vient de mourir. La mère de Clémentine lui donne accès à l’ancienne chambre de sa fille où se trouvent les journaux intimes de la jeune femme.
Au travers de ces journaux, Emma va redécouvrir un pan de la vie et des sentiments de la fille de 15 ans qu’était Clémentine jusqu’au dénouement inéluctable annoncé dès les premières pages.

Le bleu est une couleur chaude…difficile au premier abord de donner raison à ce titre. Les séquences « dans le présent » sont certes colorisées mais il fait sombre, il fait gris, c’est le Nord. Les flash-backs sont en noir & blanc (enfin, plutôt beige et brun foncé) et seule la chevelure d’Emma, bleue, ressort durant la lecture. 
Un bleu effacé mais bien présent. Mais pas chaud. Il est le reflet d’un bleu à l’âme qui hante Clémentine. Le bleu est la couleur de la mélancolie. Le dessin n’a rien d’exceptionnel, il est agréable mais un peu vide dans ses décors.




Le scénario n’a rien d’exceptionnel non plus, c’est une histoire d’amour somme toute assez simple dans un contexte qui ne doit pas l’être quand on est ado : celui de l’homosexualité. La narratrice commence son récit à 15 ans, est-ce pour cela qu’une certaine naïveté, touchante au demeurant, transpire du texte ? 
Loin des clichés habituels sur les lesbiennes on retrouve plutôt les clichés sur les parents (certains sont ouverts à mort, d’autres fermés comme c’est pas possible…enfin si, le pire c’est que c’est possible . Je parle ici du cliché d’opposer les deux visions alors que je suppose que dans la vrai vie, ce n’est pas forcément un schéma récurrent.).

La caractérisation de la marginalisation de la différence en milieu scolaire, elle, me semble juste et peut-être même adoucie, le but de la BD ne semble pas d’être un catalogue des violences verbales pu physiques que les homos peuvent subir, on ne ressent jamais un quelconque côté militant : c’est appréciable de ne pas lire un texte qui vous dit quoi penser sur le sujet.

La force du récit réside dans sa simplicité. C’est une histoire d’amour. Point ! Avec un décorum précis et peu connu (les statistiques parlent, il y a plus d’hétéros que d’homos et à moins d’être un télépathe, on ne peut connaître complètement la situation des gens et ce qu’ils vivent) mais c’est tout .  
Les sentiments des personnages sont souvent intériorisés, leurs réactions souvent retenues ( ce qui tranche avec certains extraits hystériques au possible de l’adaptation cinéma ).

On aurait pu penser que faire mourir le personnage principal dès le début était un effet narratif éculé mais au final, c’est peut-être grâce à cet artifice pathos facile que le récit glisse vers le nœud de l’histoire : les sentiments. 
Profonds , les sentiments. 
Être amoureux n’oblitère pas les autres aspects de la vie ni les autre sentiments. Et c’est là que le souvenir nostalgique d’une couleur qui marqua Clémentine donne tout son sens au titre. Parce que l’amour réciproque et partagé réchauffe, échauffe. Le bleu est une couleur chaude depuis le début, il fallait arriver à la fin pour le voir.


Le bleu est une couleur chaude est un récit simple, certains diront simplistes (et ils auront peut-être même raison ) mais qui touche juste malgré la naïveté adolescente de la narration et quelques dialogues allant trop vite à l’essentiel et semblant trop littéraires pour sonner vrai .
Mais jamais on ne s’ennuie au fil des 156 pages , jamais on ne décroche de sa lecture. Une œuvre belle, pas aussi bouleversante qu’elle devrait l’être ( depuis Love Story on est immunisé aux effets d’une histoire qui commence par la mort de l’amour d’une vie mais cela s’explique peut-être du fait qu’il s’agit d’une première œuvre ?)  mais attachante ,très attachante. Vivement conseillé !

jeudi 18 juillet 2013

Culture en pagaille.

Wouhou !
Ce cri, assimilable à la joie intense mais aussi à l’une des expressions favorites d’Homer Simpson, est ici inscrit parce que l’article que vous êtes sur le point de lire est le 400me publié sur ce blog. Je dois humblement admettre que je n’avais pas d’idée précise pour cet événement. Devais-je marquer le coup ? Devais-je juste écrire un article de fond et non une simple critique . Je tergiversais.

Et puis, j’ai demandé l’avis de certains lecteurs sur la page Facebook de ce blog. Et une amie qui m’est chère m’a proposé ceci ( je vous livre le tout in texto ) : « Et pourquoi pas "la culture en pagaille" au sens littéral ? »
Vaste sujet ? Sans doute. Et puis , donner le nom du blog à un article, cela peut sembler un brin arrogant…c’est surtout une idée brillante. Que je vais ici prendre à rebrousse-poil ! ( Du coup, le premier qui dira que Geoffrey est un homme plein de surprises…et bien aura raison ! )

Impossible d’attaquer l’ensemble de la culture sans écrire 678 essais de plusieurs milliers de pages chacun, ça serait le bordel …la pagaille ! Mais il y a, en jouant sur les mots, ce qui me sera sans doute pardonné ( oui, il m’arrive d’être présomptueux) ,bel et bien moyen de parler de «  Culture en Pagaille » : une idée toute simple en fait. Faire le « making-of » de ce blog…Autant le dire tout de suite : si peu vous chaut mes états d’âme ou mes motivations, vous allez vous faire chier comme des rats morts ! Quoique…je n’ai pas exclu de faire de l’humour non plus.

Bien,vous êtes encore là ? Venez pas dire que je ne vous ai pas prévenu que ça pourrait vous emmerder à mort !

Si c'est pour faire cette tête-là, fuyez pauvres fous !!!

Commençons par le plus simple : pourquoi ce titre ? Tout simplement parce que je refusais de me limiter à un seul secteur culturel : certains parlent de livres, d’autres de films, etc…je voulais parler de tous les aspects culturels qui me plaisent et des coups de cœur ou de gueule présents dans ces sujets. D’où la pagaille du blog qui en suit, aucune autre ligne directrice que celle de parler de ce que je veux, quand je veux, sans restriction.

Et la culture, qu’est-elle pour moi ? Je pourrais sans doute vous balancer des définitions toutes faites venues de certains dictionnaires généraux ou bien en rapports avec certains domaines d’études. J’irai au plus simple : elle est affaire de choix. Personne ne peut emmagasiner toute la (les) culture(s) du monde. Il y a un éventail presque infini dans lequel, selon nos sensibilités et nos curiosités, nous irons piocher. Et il se trouve que la part culturel qui m’intéresse est composée du cinéma, de la musique, de la lecture, du théâtre, de l’histoire, des histoires, de l’archéologie, des mythologies, etc…et à l’intérieur-même de ces catégories, d’autres choix ! Certes, il existe des bases communes , parmi lesquelles la langue ( dans une population donnée ) ou certains phénomènes d’ampleur populaire ( tout le monde connaît Star Wars, Superman ou Le Petit Prince).Aucune curiosité ne peut être absolue et une personne cultivée ne sera pas l’autre en raison de ses choix culturels. Nous pouvons avoir les mêmes bases et pourtant se retrouver totalement à l’opposé des goûts des autres.

Et au travers de ce blog, je pense que mon affirmation trouve un écho favorable : ce sont mes choix culturels que j’ai ici chroniqués (et plus tard, parce que ma plume a été repérée, j’ai aussi eu la chance d’avoir à écrire sur des sujets imposés sur le site blurayactu.com ).

Ça n’étonnera sans doute personne, c’est le cinéma qui a été l’un des déclencheurs de ma soif d’aventures à travers divers média. Qui eux-mêmes, par leurs références affichées ou non, m’ont poussé à m’ouvrir à d’autres choses. Pour le curieux, un simple artefact culturel est une poupée russe ! Et ma curiosité (qui ne sera jamais un vilain défaut ! ) est comparable à celle d’un jeune de chat !  ( ce qui n’est pas le seul trait de caractère que je partage avec ce bel et fier animal ). Cependant, il a fallu des années pour que je devienne cinéphile : la lecture était mon plus grand passe-temps (et niveau chronophagie, c’est peut-être encore lui qui gagne ).

Bon, où j’en étais moi ? Ah oui ! Donc, l’envie de parler sur les choses que j’aime, je l’ai depuis un bail. L’envie d’écrire dessus, c’est plus récent. Et aucunement motivé, au départ, par le bien commun. Il s’agissait de flatter mon égo  blessé. En effet, lors d’une conversation sur un réseau social fort connu et qui a servi de décor à un film de David Fincher, j’ai , un peu, étalé ma science de la citation obscure pour impressionner une jeune demoiselle loin d’être en détresse. Ce à quoi, un ami que nous appellerons Pierrot ( domicilié à ********) pour garantir son anonymat, lui fit remarquer que j’étais tout bonnement incapable d’écrire mes propres textes…Ouch ! Ça fait mal. Il me fallait laver l’affront ! Et impressionner la dame ? Ah ah je ne répondrai à cette question qu’en présence de mon avocat !

Pas ce genre d'avocat ! Vous le faites exprès ou quoi ? 

Au début, mes textes étaient assez petits, pauvres en style…je pense m’être amélioré très vite mais je confesse qu’il m’a fallu choper le truc. Vous pouvez vérifier, les premiers articles n’étaient pas très bien écrits ou structurés (euh, à la réflexion, n’allez pas vérifier, PLEASE !!!!! Allez quoi, je vous enverrai un « Mon chéri »…euh, non, plutôt un demi ! )

Je ne me souviens pas des premiers chocs littéraires qui ont frappé ma petite tête. Je me souviens par contre du choc des images. J’avais un peu moins de 4 ans quand je suis entré dans une salle de cinéma la première fois. C’était dans un cinéma qui n’existe plus maintenant : le Marignan ( ah, vous le sentez le syndrome « poupée gigogne »  maintenant ? ). C’était pour assister à la projection du film de Disney « Le Livre de La Jungle ». Ma réaction devant la toile géante au fond de la salle : «  Quelle grande télévision ! » . Ah, innocente jeunesse…

Un truc que j'ai pas compris. Pourquoi Sherkan ne gagne-t-il pas à la fin ? J'aime quand les gros chats gagnent à la fin...

Le second, ça a été quelques années plus tard. Lors d’une soirée organisée par mes parents, un film passait à la télévision. Impossible donc que je le regarde devant tout le monde, ça n’aurait pas été tr ès poli. Ma mère l’enregistra donc…et le regarda avec moi le lendemain ou le surlendemain. Vous vous souvenez de la première fois que vous avez vu Star Wars vous ? Moi oui ! Je me souviens  même des publicités enregistrées et se situant avant le film tellement j’ai usé cette casette vidéo ( et c’ était l’époque ou des speakerines présentaient encore le film de la soirée, toute une époque). Il y a des chocs dont on ne se remet jamais !

Si je suis sorti des chemins balisés en lecture, c’est parce que Star Wars m’avait donné soif. Soif de nouveautés, Tintin sur la lune ne m’avait jamais fait rêver. Quand on a fait le tour de ce que tout le monde connaît ( et paradoxalement, tout le monde connait Star Wars ) il ne nous reste plus qu’à tenter l’inconnu (ou du moins, le moins connu). Et de fil en aiguille, de train en train, de port en port, jamais encore je te le jure je n’avais oublié ton…je m’égare ! Bref, vous pouvez remercier George Lucas, c’est un peu grâce à lui que je vous fais part de mes vaticinations de manière si fréquente !
Allez, tous en chœur : Merci George !!! … Tsss, vous pourriez y mettre du votre un peu quand même….



Donc, tout ça c’était pour établir un semblant de contexte historique. Si nous rentrions dans des détails plus techniques maintenant ? Je vous rassure , ça ne sera pas aussi long que la pavé que vous venez d’avaler !

Premièrement, vous avez sans doute remarqué que l’adresse web du blog ne correspond pas au titre. C’est que, un brin gaffeur, j’ai d’abord créé le blog avec la bonne adresse…avant de faire une fausse manipulation. J’ai bien tenté de recréer l’adresse correcte mais le site m’a chanté pendant une bonne heure que «  cette adresse est déjà utilisée » bla bla bla et patati et papata…j’ai donc du créer un plan B, une solution de replis. Aujourd’hui encore, si vous tendez l’oreille, vous pouvez entendre le vent porter mon cri de désespoir
« POUR KE WAAAA ???? »

Ah ça pour crier en chœur « Merci George » y a personne mais pour tenter de capter ma détresse, ça y a du monde hein !!!!! Vous ne me méritez pas….

Bon, je suis magnanime et d’une grande clémence, je continue donc ma petite histoire sans fin. Tel le fin stratège Parménion, tel un Lancelot lancé dans la quête du Graal ou un John Rambo perdu en Afghanistan, je n’ai pas qu’une seule méthode pour écrire.
Parfois, je me laisse porter sans vrai travail structuré avant de me lancer, on y va et on voit bien ce qui en sort ( en général, j’ai un verre ou deux dans le nez ou un rail de coke dans le même organe), parfois, je prends des notes ( par écrit quand je lis ou mentalement quand je regarde un film ou une série et j’articule ça à l’avance, parfois même pendant la séance ) et d’autre fois, quand j’ai un soucis, je la joue comme les scénaristes des anciens James Bond qui déterminaient les scènes d’actions avant de les inclure dans le scénario qu’ils allaient écrire : j’accumule donc mon iconographie et j’essaye de trouver du liant pour tout ça. Vous imaginez pas comme ça peut aider et le résultat est souvent très bon ( et non, je ne vous dirai pas quels articles ont bénéficié de ce traitement, à vous de le découvrir ! ).

Voila, je pense avoir fait le tour du propriétaire de «  Culture en pagaille ». J’espère que vous avez apprécié le voyage durant 400 articles. Vous en reprendrez bien 400 autres  ?

mardi 16 juillet 2013

Suce moi ça !

En 2011, Panini éditait les deux premiers volumes de la série American Vampire. Lorsque cette «  maison d’édition » a perdu les droits du catalogue DC Comics, c’est l’éditeur Urban Comics qui a repris les commandes. Urban n’a pas souhaité continuer directement dans la lancée de Panini et a opté pour l’édition,sous le titre American Vamprie Legacy, de deux mini-séries dérivées suivant les aventures de Felicia Book.

Hors, voici qu’Urban relance enfin la série mère en sortant les trois premiers tomes ( dont les deux premiers correspondent à ceux édités par Panini ).

Il aurait été, à mon avis, plus avisé de ne pas séparer l’univers de cette série en deux titres. En effet, American Vampire Legacy 1 se déroulait en 1941 et le tome 2 dans les années 50.
Le tome 3 d’American Vampire tout court se déroule en 1943. Tout rapatrier sous le même titre et dans l'ordre chronologique était plus logique à mon sens. Reste que séparer série-mère et spin-off l'est tout autant.

Bon, passée cette petite remarque, que dire sur le retour en fanfare de Skinner Swett et de Pearl Jones son « enfant de la nuit » ? Que c’est encore du tout bon !

Cela fait maintenant 18 ans que Pearl Jones a été transformée par Skinner Sweet en vampire américain. Elle est la seconde de son espèce, une espèce plus forte et plus résistante que le vampire le plus commun, le carpatique ! Pearl ne souffre pas de voir le soleil se lever le matin mais reste dépendante du sang humain. Un sang que lui fournit son mari, Henry. Mais Henry vieillit et commence à se sentir inutile. C’est à ce moment que l’organisation anti-vampire « Les vassaux de Vénus » le contacte pour qu’ils prennent part à une mission de l’armée dans le Pacifique.




Encore une fois, Scott Snyder, le scénariste ( entre autres choses de Batman et Swamp Thing ), joue avec son concept de revivre l’histoire de l’Amérique Moderne ( de la fin du XIX jusqu’au la fin du XX si tout se passe bien ) en suivant une jeune vampire. Ici , la guerre contre le Japon va lui permettre d’introduire une nouvelle espèce de suceur de sang dans son arbre de l’évolution des espèces. Car l’idée la plus brillante de Snyder est bien celle-ci : les vampires ont évolués au fil des âges et ce foisonnement d’espèce lui permet non seulement de faire cohabiter les diverses variantes du mythe mais aussi de jongler avec leurs représentations : personnes de tous les jours, aristocrates dégénérés ou purs monstres comme dans ce tome.

Snyder n’en oublie pas de faire vivre ses personnages, de faire évoluer leur relations et d’explorer leur psyché. À ce titre, l’épisode centré purement et simplement sur Skinner Sweet nous éclaire encore un peu plus sur son passé et sur pourquoi il aurait « sauvé » la vie de Pearl en la transformant. Depuis le début, ce salopard de première offre bien plus que ce qu’il présente au monde et son côté monstrueux est finalement très…humain.




Les dessins de Rafael Albuquerque sont d’une force viscérale. Son trait anguleux est d’une grande efficacité et tranche dans le lard des personnages soumis à de rudes épreuves. Enfin, ce tome se trouvent être charnière puisqu'il  vient redistribuer certaines cartes dans l’intrigue ! Vivement octobre pour le tome 4 !