samedi 28 juin 2014

Transformers : l'âge d'une bande de cons.

Michael Bay retrouve ses robots transformistes après l'interlude Pain & Gain.

Changement de statu quo et de casting pour relancer une saga qui avait fait le tour de son sujet dès le premier film ( oui, j'ai bien aimé le troisième mais j'assume mon propos ) à tel point que la mythologie autour des films ne cesse de s'enrichir et de se décharner en même temps, tant chaque nouvel élément vient contredire ce qui fut mis en place précédemment.
Mais commençons par le commencement voulez-vous ?

Je dois vous prévenir d'entrée de jeu car désormais j'emploie la méthode Game of Thrones : le matériel de base servant de matière première à certaines adaptations étant disponible depuis des lustres, je ne considère pas que je peux vous spoiler mais juste mettre en lumière le manque d'intérêt que vous pouviez porter à la chose avant que ça ne devienne à la mode (je ne vous juge pas). Vous avez eu des années pour vous mettre à jour et si vous ne l'avez pas fait, et bien c'est dommage mais c'est votre problème, pas le mien ( sauf si vous étiez dans le coma, auquel cas je vous demande de m'excuser).

5 ans ont passé depuis la bataille de Chicago.
Les autobots ne sont plus alliés des USA et les decepticons restants sont pourchassés par la C.I.A qui en profitent pour également poursuivre les autobots et revendre leurs carcasses à une société cherchant à créer une nouvelle révolution technologique ( oui, ils singent Apple et ce jusque dans la calvitie de Steve Jobs ).

Le chef de ce programme de la C.I.A s'est allié ( on ne nous dira pas comment ) avec un alien transformers d'un genre inhabituel et dont les ambitions, floues et contradictoires,rappellent par moment un Brainiac du pauvre (pour savoir qui est Brainiac, cliquez ici ).
Cade Yeager, mécanicien en robotique has-been , répare et revend des tas de vieilleries pour subvenir à ses besoins et ceux de sa fille , Tessa. Un jour, il rachète un vieux camion pour le retaper en tirer ce qu'il peut. Il découvre vite qu'il est tombé sur Optimus Prime. Et dès ce moment, sa vie et celle de sa fille vont être changées.




Bon alors, le premier tiers du film se tient : la présentation des situations et des nouveaux personnages est rapide, il y a de l'action, de l'humour pas trop lourd ( Mark Whalberg a un comportement protecteur envers sa fille qui rappelle celui de Bruce Willis dans Armageddon du même Bay ) et voir des gentils se faire descendre comme des chiens donne un petit pincement au cœur. Et puis voila. Les deux autres tiers alignent les 3 L : long, lent et lourd.

Long, même avec un rythme adéquat, vos fesses l'auraient senti passé : le film dure 2H45.
Lent : malgré une action presque non-stop, comme l'empathie pour les personnages n'existe pas ( au choix : des dialogues affligeants qui donnent envie qu'ils la ferment ou se fassent buter pour qu'ils la ferment, une caractérisation  des personnages proche de celle d'un porno des années 80,etc…) et bien on s'en fout de ce qui peut bien se passer à l'écran et on finit par risquer de s'endormir, seuls les bruits et les explosions parviennent à tenir vos yeux ouverts.
Lourd : les situations WTF s’enchaînent à vitesse grand V, les personnages (dont certains sont des génies parait-il) se révèlent plus cons que mes pieds ( ouh la la, Galvatron est un méchant, comment est-ce possible quand les pièces d'origine proviennent de Megatron, le salaud ultime de l'univers ? En plus, avec un nom pareil. Moi aussi je me demande comment ça a pu merder dans les grands largeurs ce projet…).


"Je comprends pas pourquoi mon Optimus Prime 2.0 ressemble tant à Megatron alors que j'ai bossé depuis le cadavre de ce dernier pour mettre au point mon prototype. Franchement, je ne pige pas." Steve Jobs 2.0

Alors, non, tout n'est pas à jeter, il y a quelques bonnes idées dans ce foutoir sans nom : l'action est souvent filmée à niveau d'homme , on voit des humains chassés par d'autres humains ou des humains peu lâchés par la caméra pendant que des géants/dieux se mettent sur la tronche comme des bourrins sans éducation.
L'idée de prendre une technologie alien pour en l'améliorer en en faisant un produit déclinable est aussi bien vue et dans l'air du temps (on ne fait que ça de nos jours : améliorer ce que l'on a : il n'y a plus de rupture technologique depuis un moment) et  il y a même parfois une recherche, minime mais réelle pour donner un nom cohérent au produit : on s'inspire de Bumblebee, le bourdon, pour créer Stinger, le dard. Mais c'est tout et c'est peu.

Un couteau pour Transformes (donc de la taille d'une épée pour humain) se transforme bien pratiquement en fusil d'assaut avec une gâchette calibrée pour l'homme. Du très grand art.

L'amélioration et le modèle de base. Sans être un bobo-hipster désespérant (oui, vous avez repéré un pléonasme), je préfère le vintage sur ce coup-ci.

Les facilités d'écritures et de scénarios sont du pur foutage de gueule : Optimus se répare tout seul en scannant un  nouveau camion (et obtient donc un nouveau look quand il prend une forme humanoïde, logique) alors qu'il semblait juste avant ça que le remettre en état demanderait un sacré travail boulot. Et là boum, c'est magique.
Les autobots qui se cachent, comme BumbleBee, ont un nouveau look niveau véhicule mais une fois sur deux jambes, Bee est toujours le même (illogique et ce depuis le premier film où son look n'a jamais changé quand il marche d'ailleurs. C'est d'une cohérence dans l'illogisme qui confine au génie).
Même Steve Jablonsky, qui avait signé la musique des trois premiers volets, n'arrive plus à limiter les dégâts,signant la pire B.O de la saga : sans âme ni saveur.



Mais surtout, surtout…on retrouve encore la marque de fabrique de tous les films depuis Revenge of the fallen : envoyer chier la mythologie du premier film.
Dans Transformers, on nous expliquait que, et je cite : Avant le début des temps , il y avait "le cube". Personne ne sait d'ou il vient, seulement qu'il détient le pouvoir de créer des mondes et de leurs donner vie.
Ce fameux cube a crée Cybertron, la planète des transformers et lorsque la guerre entre autobots et decepticons a éclaté, le cube a disparu.  C'est la base de tout le premier film : Megatron, le leader decepticons, a retrouvé la trace du cube sur Terre, a été piégé dans les glaces de l'ère glaciaire etc…
Dans le second volet, on nous explique que Megatron n'est pas le leader, c'est un séide du Fallen.
Dans le troisième volet, on nous balance que Mégatron venait sur Terre pour rencontrer Sentinel Prime et mettre au point un plan pour amener cybertron sur Terre pour forcer les humains à devenir esclaves de leur race et reconstruire Cybertron comme des petites fourmis serviles.
Et dans ce volet, on vient nous balancer que "les créateurs de Tout" viennent reprendre leurs créations.
Attends, c'est pas LE CUBE le créateur de tout ? Parce que c'est ce que croit Optimus dans le premier et il semble avoir oublié ce détail dans ce volet (la fin est explicite ! ).
Même le titre est un mensonge puisque la seule extinction dont on vous montrera quelques images, est celle des dinosaures. Des gros dinosaures bien faux qui sont une insulte à ceux de Jurassic Park et de The Lost World ( qui ont respectivement 21 et 17 ans au compteur nom de dieu ! ).

Bref, la saga Transformers repose sur du vent, un vent qui souffle dans la direction qu'il faut aux scénaristes car ils sont incapables d'écrire dans les limites établies par eux-mêmes, et ce film est le film de trop.

lundi 23 juin 2014

Le jour sans fin le plus long.

Adaptation d'un roman japonais lui-même décliné en manga nommé All you need is kill, Edge of Tomorrow est le film de SF que personne ne semblait attendre. À tel point qu'il est en train de se prendre une sévère branlée au box-office alors qu'il ne le mérite absolument pas. Pire, Warner Bros, le studio qui l'a produit a maintenant tellement peur de la SF au cinéma qu'il a décalé la sortie de Jupiter Ascending, le prochain film des réalisateurs de Matrix, le faisant passer de Juillet à Février pour être certain de ne pas avoir une mauvaise année fiscale. Ambiance….

Le monde est assailli par une pluie de météorites et très vite, d'étranges créatures surnommées mimics se répandant sur la surface du globe. Toute l'Europe est aux pattes des envahisseurs. Toute ? Non, une île résiste encore et toujours ; l'Angleterre.
Le sergent William Cage est un planqué : porte parole de l'armée Américaine, il exhorte depuis des années les gens à se porter volontaire dans une guerre contre la menace alien. Il survit loin du front et en est fier.
Du jour au lendemain, il est envoyé au front et meurt dans les premières minutes de l'assaut, juste après avoir réussi à tuer un mimic étrange. Cage se réveille alors la veille de la mission et il ne tarde pas à comprendre qu'il est coincé dans une boucle temporelle : renaissant à chaque mort, il va peu à peu apprendre sur le tas comment devenir une machine de guerre et peut-être sauver l'humanité.

Dire que l'on attendait plus rien de Doug Liman est un doux euphémisme. L'homme a lancé la saga Jason Bourne au cinéma et s'est ensuite perdu dans des productions peu emballantes, à l'image du désastreux Jumper.
Et là soudain, l'état de grâce. La réalisation, si elle n'a rien d'originale, est nerveuse, musclée. Les phases de relâchement, pour le personnage comme pour les spectateurs, ne sont pas tirées en longueur. Le montage joue à fond du potentiel de l'histoire et l'overdose de répétitions n'est jamais atteinte tant on alterne entre allitérations qui se suivent ou ellipses qui nous font comprendre que le personnage a vécu des choses que l'on ne nous a pas montrées pour ne pas alourdir le récit.
Les acteurs principaux sont très bons : Tom Cruise, en pleutre presque content de son sort avant d'être envoyé à l'abattoir est étonnant et casse son image de sauveur imbattable ( forcé qu'il est de s'entraîner pour le devenir ) , Emily Blunt , en combattante très humaine mais aussi très froide et méthodique quand il le faut vient confirmer qu'il est grand temps qu'elle explose au cinéma !







Les niveaux de références sont aussi bien trouvés : c'est une sorte de Seconde Guerre Mondiale 2.0 qui se déroule : l'assaut final lancé d'Angleterre, le débarquement en Normandie, l'Europe infestée d'un ennemi monstrueux pris en tenaille sur deux fronts, etc…tellement évidement et ancré dans l'inconscient collectif que la plupart des spectateurs ne feront pas le rapprochement.
On a ensuite une lecture plus militaire : finalement, à la guerre comme à l'entrainement, toutes les journées se ressemblent pour un soldat. Le concept est juste poussé plus loin puisque la même journée se répète pour le sergent Cage. Sa solitude est touchante : il a beau tissé des liens avec certaines personnes, dont Rita, le personnage incarné par Blunt, il est condamné à se souvenir de moments que ses "amis" ne peuvent connaître. Il voit inexorablement ses camarades mourir encore et encore et encore. L'histoire d'amour qui se construit est vraiment traitée de manière subtile et poignante (combien de fois pouvez-vous voir l'amour de votre vie se faire abattre avant de péter un boulon ?).
On pense aussi aux jeux vidéos dans ce qu'ils ont de plus ludiques : tu commences un niveau, tu meurs, tu recommences en évitant les pièges que tu as vus la première fois, etc…




Edge of tomorrow est un excellent film de science-fiction/action, peut-être le meilleur de Tom Cruise dans ce genre depuis Minority Report et assurément quelques coudées au dessus de Oblivion sorti il y a un presque un an. Et il ne mérite pas de se faire snober de la sorte ! Courez en salle, il faut sauver le soldat Cage !


lundi 9 juin 2014

Cœur de Silence.

Silence (ou Hush, en V.O) est un adversaire particulièrement récent dans le bestiaire de Batman.Un adversaire assez intime puisqu'il s'agit de l'ami d'enfance de Bruce Wayne. Thomas Elliot , brillant médecin issu d'une famille riche est aussi jaloux de Bruce Wayne qui a eu la chance de voir ses parents mourir et ne plus l'importuner. Battu après avoir mis au point un plan audacieux et cruel, il est de retour.

Il faut placer cette histoire dans son contexte. La série "Batman", écrite par Grant Morrison vient d'entrer dans l'arc narratif R.I.P lorsque Paul Dini, scénariste de "Detective Comics" se lance dans la rédaction de cette histoire. Silence revient à Gotham pour tuer son meilleur ennemi avant l'organisation du Gant Noir ( celle derrière R.I.P).

Adepte des plans tordus, Silence va trouver le point de pression idéal pour agir sur Bruce ET Batman. S'en prendre à Selina Kyle.



Palpitant. Voila le mot pour résumer cette petite saga en six parties.
Paul Dini connaît son bat-verse sur le bout des doigts et joue avec les petits apports qu'il a lui-même mis en place (les flashbacks sont savoureux dès lors qu'on connaît le run de l'auteur sur Batman, run qui devrait être prochainement disponible en intégralité chez Urban Comics, joie).  Dini joue avec la tension du lecteur et de Batman et nous montre un chevalier noir prêt à presque tout.

Sans se lancer dans de grands discours introspectifs, juste en montrant les actions de Batman, le lecteur est amené à comprendre, si jamais il en doutait vraiment, que Selina Kyle est la femme de la vie de Bruce Wayne et qu'il pourrait franchir quelques lignes morales s'il venait à lui arriver malheur, voir pire.
Le dessinateur Dustin Nguyen (personnellement, un de mes préférés ayant travaillé sur la chauve-souris gothamite) offre des planches pleines de punch : son découpage de l'action est aux petits oignons et les ambiances entre ombre et lumière sont à la limite de la perfection ( le maître de ce genre reste bien entendu Mike Mignola).




Cœur de Silence est un récit réussi, mené tambour battant sans pour autant zappé les relations entre les personnages et est l'occasion de  nous montrer un Batman à sang chaud, plus meurtri et impliqué que d'habitude.