Sorti en
2010 chez Denoël et sorti en poche en avril 2013, Le Vaisseau Ardent jouissait
d'une excellente réputation.
Qu'en est-il une fois lu ?
Réponse !
Qu'en est-il une fois lu ?
Réponse !
Premier - gros – roman de Jean-Claude Marguerite, Le
Vaisseau Ardent aura mis 18 ans à être écrit par son auteur. 18 ans de
gestation, on imagine sans problème la naissance dans la douleur de ces près de
1600 pages de textes. Oui, de textes, au pluriel ! Car c'est un roman aux
formes diverses que nous offre (enfin, nous propose d'acheter ou d'emprunter…oh
puis merde, au besoin, volez-le !) Jean-Claude Marguerite.
Dans le
noir de la nuit, un homme d'âge respectable, assis à son bureau, se remémore
son enfance. Le commandant Petrack, le "Sherlock Holmes des mers"
comme le surnomme la presse, a jadis été un petit garçon vivant dans une ville
portuaire de la mer Adriatique, côté Yougoslavie.
Petit pour son âge et malingre, il n'en est pas moins un enfant débrouillard et trop intelligent pour son bien. À tel point que pour s'éviter des ennuis, il se fait passer pour plus bête qu'il n'est. Il se lie bien vite d'amitié avec Jak, fils d'aubergiste et tout en muscles. La tête et les jambes, chacun s'ennuyant à l'école pour des raisons divergentes.
Mais leur désir d'école buissonnière et d'aventures est un élément convergent. Tous deux rêvent de pirates et de rhum et bien vite, ils se lancent dans le vol sur des bateaux de plaisance. C'est ainsi qu'ils font la connaissance de l'ivrogne. Celui-ci se prétend universitaire et commence à raconter à Anton et Jak une histoire de trésor et d'un Pirate sans Nom contre une dose d'alcool chaque soir.
Pour Anton, tout ceci est vrai et sa vie sera vouée à la découverte des trésors des mers, un aventurier plus qu'un archéologue. Mais la nature du trésor du Pirate sans nom est-elle faite d'or et de bijoux ?
Petit pour son âge et malingre, il n'en est pas moins un enfant débrouillard et trop intelligent pour son bien. À tel point que pour s'éviter des ennuis, il se fait passer pour plus bête qu'il n'est. Il se lie bien vite d'amitié avec Jak, fils d'aubergiste et tout en muscles. La tête et les jambes, chacun s'ennuyant à l'école pour des raisons divergentes.
Mais leur désir d'école buissonnière et d'aventures est un élément convergent. Tous deux rêvent de pirates et de rhum et bien vite, ils se lancent dans le vol sur des bateaux de plaisance. C'est ainsi qu'ils font la connaissance de l'ivrogne. Celui-ci se prétend universitaire et commence à raconter à Anton et Jak une histoire de trésor et d'un Pirate sans Nom contre une dose d'alcool chaque soir.
Pour Anton, tout ceci est vrai et sa vie sera vouée à la découverte des trésors des mers, un aventurier plus qu'un archéologue. Mais la nature du trésor du Pirate sans nom est-elle faite d'or et de bijoux ?
" La tradition orale, c’est d’abord
l’histoire d’une histoire. Chaque narrateur se l’approprie et la réinvente. "
Le Vaisseau
Ardent est un roman puzzle.
Sauf que toutes les pièces ne viennent pas forcément du même modèle : les morceaux peuvent s'emboiter mais le résultat ne sera pas autre chose que l'évocation d'un collage sauce Picasso. L'esprit du lecteur va donc devoir rester éveillé, prêt à trouver des liens entres certains segments.
La structure des 1000 premières pages relève de la construction narrative ingénieuse et inhabituelle : Petrack se souvient de Anton, Anton écoute les histoires de l'ivrogne, ce dernier, universitaire avant de sombrer, cite de mémoire tout un manuscrit écrit par celui qu'il pense être le Pirate Sans Nom.
Et que viennent dont faire une pièce de théâtre viking et un manuscrit mythologique relatant les aventures de l'ancêtre du premier pharaon dans tout cela ?
Pour attaquer cet ouvrage, il s'agit de savoir louvoyer matelot ! Mais le jeu en vaut la chandelle.
Sauf que toutes les pièces ne viennent pas forcément du même modèle : les morceaux peuvent s'emboiter mais le résultat ne sera pas autre chose que l'évocation d'un collage sauce Picasso. L'esprit du lecteur va donc devoir rester éveillé, prêt à trouver des liens entres certains segments.
La structure des 1000 premières pages relève de la construction narrative ingénieuse et inhabituelle : Petrack se souvient de Anton, Anton écoute les histoires de l'ivrogne, ce dernier, universitaire avant de sombrer, cite de mémoire tout un manuscrit écrit par celui qu'il pense être le Pirate Sans Nom.
Et que viennent dont faire une pièce de théâtre viking et un manuscrit mythologique relatant les aventures de l'ancêtre du premier pharaon dans tout cela ?
Pour attaquer cet ouvrage, il s'agit de savoir louvoyer matelot ! Mais le jeu en vaut la chandelle.
"Et si la réalité était un écran ou chacun
projette son film ?"
Qu'est-ce
que la vérité historique ?
Voila l'une des questions fondamentales posées par le livre. L'un des personnages décrit l'archéologie comme la science la plus importante. Et si aucun des personnages n'est archéologue (aventurier ou historien, parfois les deux), tous se basent sur elle pour leurs recherches.
Une remontée vers un point d'origine où le mythe et factuel se confondent. C'est donc une quête à laquelle nous assistons, aux dernières avancées de celle-ci surtout. La quête de démêler le vrai du faux, d'exposer les rapports ambigus entre les mythes et l'histoire avec un grand h.
N'est-il pas surprenant, dans des universités sérieuses, que La Bible, soit encore de nos jours considérée comme une source ? Et bien, pour tout le décorum religieux, bien sûr que oui. Pour certaines choses, pas tant que ça. Le déluge par exemple est l'un des nombreux emprunts des chrétiens et des juifs aux mythes païens bien plus vieux que l'écriture de leur livre ( le déluge apparaît pour la première dans l'épopée de Gilgamesh…et le déluge n'y est que rapporté , pas vécu par le héros : encore une fois, il s'agit de louvoyer et de creuser ! ). Si La Bible ne doit pas être une seconde prise comme une source sérieuse de l'histoire, les trous qu'elle comble méritent d'être creusés: si la légende devient mythe, en perd-elle pour autant sa base de vérité ? Et c'est cette base qu'il faut rechercher !
Voila l'une des questions fondamentales posées par le livre. L'un des personnages décrit l'archéologie comme la science la plus importante. Et si aucun des personnages n'est archéologue (aventurier ou historien, parfois les deux), tous se basent sur elle pour leurs recherches.
Une remontée vers un point d'origine où le mythe et factuel se confondent. C'est donc une quête à laquelle nous assistons, aux dernières avancées de celle-ci surtout. La quête de démêler le vrai du faux, d'exposer les rapports ambigus entre les mythes et l'histoire avec un grand h.
N'est-il pas surprenant, dans des universités sérieuses, que La Bible, soit encore de nos jours considérée comme une source ? Et bien, pour tout le décorum religieux, bien sûr que oui. Pour certaines choses, pas tant que ça. Le déluge par exemple est l'un des nombreux emprunts des chrétiens et des juifs aux mythes païens bien plus vieux que l'écriture de leur livre ( le déluge apparaît pour la première dans l'épopée de Gilgamesh…et le déluge n'y est que rapporté , pas vécu par le héros : encore une fois, il s'agit de louvoyer et de creuser ! ). Si La Bible ne doit pas être une seconde prise comme une source sérieuse de l'histoire, les trous qu'elle comble méritent d'être creusés: si la légende devient mythe, en perd-elle pour autant sa base de vérité ? Et c'est cette base qu'il faut rechercher !
Il ne vous
aura pas échappé que le roman est estampillé SF lors de sa sortie chez Folio, en
poche. Leur collection à la couverture mauve ne contient aucun textes purement
terre à terre. Si la première partie fait part à la recherche pure, la seconde
entre de plein pied dans le fabuleux, l'imaginaire, le fantastique. Cela peut désarçonner
le lecteur mais ne vient en fait que renforcer la structure en miroir de
l'ouvrage.
Si la première partie peut être vue comme un tunnel presque infini, comme deux miroirs face-à-face, la seconde est plus linéaire. La première partie multiplie les points de vues, la seconde suit un seul personnage, Nathalie Derennoy, dont la famille a un contentieux avec Petrack.
Je pourrais parler de jeu de miroirs (miroirs, miroirs sans teint, miroirs déformants, une vrai plaisir de lecture) pendant encore 30 pages tant la structure du roman tient de l'orfèvrerie littéraire : 18 ans de travail !
La grande histoire se répétant dans la petite (les points communs entre l'histoire des héros et l'Histoire passée qu'ils découvrent au fil de leurs vies), les références s’emboîtant quand tout laisse présager que c'est impossible...Tout est minuté, millimétré.
Si la première partie peut être vue comme un tunnel presque infini, comme deux miroirs face-à-face, la seconde est plus linéaire. La première partie multiplie les points de vues, la seconde suit un seul personnage, Nathalie Derennoy, dont la famille a un contentieux avec Petrack.
Je pourrais parler de jeu de miroirs (miroirs, miroirs sans teint, miroirs déformants, une vrai plaisir de lecture) pendant encore 30 pages tant la structure du roman tient de l'orfèvrerie littéraire : 18 ans de travail !
La grande histoire se répétant dans la petite (les points communs entre l'histoire des héros et l'Histoire passée qu'ils découvrent au fil de leurs vies), les références s’emboîtant quand tout laisse présager que c'est impossible...Tout est minuté, millimétré.
En
cherchant, en fouillant, en s'improvisant archéologue des mythes ( en ce sens
qu'il procède couche après couche), Jean-Paul Marguerite multiplie les thèmes
et les pistes (amour, archéologie,conservation du patrimoine, essence enfantine du jeu, histoire,histoires, mythes, légendes)
en créant un tout cohérent.
Mais parfois un peu longuet, il y a sans doute 200 pages de trop, comme s'il avait refusé de coupé certains passages plus lents.
Paradoxalement, cela renforcera la portée de la fin du roman.
Mais parfois un peu longuet, il y a sans doute 200 pages de trop, comme s'il avait refusé de coupé certains passages plus lents.
Paradoxalement, cela renforcera la portée de la fin du roman.
Le Vaisseau
Ardent est un roman multiple.
Aux enjeux multiples et aux multiples niveaux et degrés de lecture. L'auteur crée des liens entre les mythes de l'Arche, du déluge, de l'île perdue ( un peu comme l'ile de Lost, en mouvement) et de la fontaine de Jouvence.
Il va plus loin en ne rejetant pas des histoires plus récentes, entendant en cela que certaines histoires sont si fortes qu'elles en deviennent vite partie prenante de notre imaginaire collectif ( si la mémoire de l'humanité est atavique, cette mémoire continue d'emmagasiner).
Aux enjeux multiples et aux multiples niveaux et degrés de lecture. L'auteur crée des liens entre les mythes de l'Arche, du déluge, de l'île perdue ( un peu comme l'ile de Lost, en mouvement) et de la fontaine de Jouvence.
Il va plus loin en ne rejetant pas des histoires plus récentes, entendant en cela que certaines histoires sont si fortes qu'elles en deviennent vite partie prenante de notre imaginaire collectif ( si la mémoire de l'humanité est atavique, cette mémoire continue d'emmagasiner).
Le Vaisseau
Ardent est un roman sniper : la première page fait mouche et vous fauche pour
ne pas vous laisser vous relever : impossible d'y échapper, où vous arrivez à
la fin du livre et il vous hante ou vous le reposez et il vous obsède, vous
pousse à en reprendre le chemin.
Le Vaisseau
Ardent est un roman fleuve, que l'auteur nous fait remonter, descendre et qui
nous offre en sus l'exploration des sinuosités comme des affluents.
Le Vaisseau Ardent est le premier grand roman français de ce début du XXIe siècle, important et imposant, tant par sa taille que par sa richesse, sa profondeur et son ambition !
Le Vaisseau Ardent est le premier grand roman français de ce début du XXIe siècle, important et imposant, tant par sa taille que par sa richesse, sa profondeur et son ambition !