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lundi 30 septembre 2013

Aux sources du mythe.

Sorti en 2010 chez Denoël et sorti en poche en avril 2013, Le Vaisseau Ardent jouissait d'une excellente réputation.
Qu'en est-il une fois lu ?
Réponse !

Premier  - gros – roman de Jean-Claude Marguerite, Le Vaisseau Ardent aura mis 18 ans à être écrit par son auteur. 18 ans de gestation, on imagine sans problème la naissance dans la douleur de ces près de 1600 pages de textes. Oui, de textes, au pluriel ! Car c'est un roman aux formes diverses que nous offre (enfin, nous propose d'acheter ou d'emprunter…oh puis merde, au besoin, volez-le !) Jean-Claude Marguerite.

Dans le noir de la nuit, un homme d'âge respectable, assis à son bureau, se remémore son enfance. Le commandant Petrack, le "Sherlock Holmes des mers" comme le surnomme la presse, a jadis été un petit garçon vivant dans une ville portuaire de la mer Adriatique, côté Yougoslavie. 
Petit pour son âge et malingre, il n'en est pas moins un enfant débrouillard et trop intelligent pour son bien. À tel point que pour s'éviter des ennuis, il se fait passer pour plus bête qu'il n'est. Il se lie bien vite d'amitié avec Jak, fils d'aubergiste et tout en muscles. La tête et les jambes, chacun s'ennuyant à l'école pour des raisons divergentes.
Mais leur désir d'école buissonnière et d'aventures est un élément convergent. Tous deux rêvent de pirates et de rhum et bien vite, ils se lancent dans le vol sur des bateaux de plaisance. C'est ainsi qu'ils font la connaissance de l'ivrogne. Celui-ci se prétend universitaire et commence à raconter à Anton et Jak une histoire de trésor et d'un Pirate sans Nom contre une dose d'alcool chaque soir.
Pour Anton, tout ceci est vrai et sa vie sera vouée à la découverte des trésors des mers, un aventurier plus qu'un archéologue. Mais la nature du trésor du Pirate sans nom est-elle faite d'or et de bijoux ?

" La tradition orale, c’est d’abord l’histoire d’une histoire. Chaque narrateur se l’approprie et la réinvente. "

Le Vaisseau Ardent est un roman puzzle.
Sauf que toutes les pièces ne viennent pas forcément du même modèle : les morceaux peuvent s'emboiter mais le résultat ne sera pas autre chose que l'évocation d'un collage sauce Picasso. L'esprit du lecteur va donc devoir rester éveillé, prêt à trouver des liens entres certains segments.
La structure des 1000 premières pages relève de la construction narrative ingénieuse et inhabituelle : Petrack se souvient de Anton, Anton écoute les histoires de l'ivrogne, ce dernier, universitaire avant de sombrer, cite de mémoire tout un manuscrit écrit par celui qu'il pense être le Pirate Sans Nom.
Et que viennent dont faire une pièce de théâtre viking et un manuscrit mythologique relatant les aventures de l'ancêtre du premier pharaon dans tout cela ?
Pour attaquer cet ouvrage, il s'agit de savoir louvoyer matelot ! Mais le jeu en vaut la chandelle.

"Et si la réalité était un écran ou chacun projette son film ?"

Qu'est-ce que la vérité historique ?
Voila l'une des questions fondamentales posées par le livre. L'un des personnages décrit l'archéologie comme la science la plus importante. Et si aucun des personnages n'est archéologue (aventurier ou historien, parfois les deux), tous se basent sur elle pour leurs recherches.
Une remontée vers un point d'origine où le mythe et factuel se confondent. C'est donc une quête à laquelle nous assistons, aux dernières avancées de celle-ci surtout. La quête de démêler le vrai du faux, d'exposer les rapports ambigus entre les mythes et l'histoire avec un grand h.
N'est-il pas surprenant, dans des universités sérieuses, que La Bible, soit encore de nos jours considérée comme une source ? Et bien, pour tout le décorum religieux, bien sûr que oui. Pour certaines choses, pas tant que ça. Le déluge par exemple est l'un des nombreux emprunts des chrétiens et des juifs  aux mythes païens bien plus vieux que l'écriture de leur livre ( le déluge apparaît pour la première dans l'épopée de Gilgamesh…et le déluge n'y est que rapporté , pas vécu par le héros : encore une fois, il s'agit de louvoyer et de creuser ! ). Si La Bible ne doit pas être une seconde prise comme une source sérieuse de l'histoire, les trous qu'elle comble méritent d'être creusés: si la légende devient mythe, en perd-elle pour autant sa base de vérité ? Et c'est cette base qu'il faut rechercher !

Il ne vous aura pas échappé que le roman est estampillé SF lors de sa sortie chez Folio, en poche. Leur collection à la couverture mauve ne contient aucun textes purement terre à terre. Si la première partie fait part à la recherche pure, la seconde entre de plein pied dans le fabuleux, l'imaginaire, le fantastique. Cela peut désarçonner le lecteur mais ne vient en fait que renforcer la structure en miroir de l'ouvrage.
Si la première partie peut être vue comme un tunnel presque infini, comme deux miroirs face-à-face, la seconde est plus linéaire. La première partie multiplie les points de vues, la seconde suit un seul personnage, Nathalie Derennoy, dont la famille a un contentieux avec Petrack.
Je pourrais parler de jeu de miroirs (miroirs, miroirs sans teint, miroirs déformants, une vrai plaisir de lecture) pendant encore 30 pages tant la structure du roman tient de l'orfèvrerie littéraire : 18 ans de travail !

La grande histoire se répétant dans la petite (les points communs entre l'histoire des héros et l'Histoire passée qu'ils découvrent au fil de leurs vies), les références s’emboîtant quand tout laisse présager que c'est impossible...Tout est minuté, millimétré.

En cherchant, en fouillant, en s'improvisant archéologue des mythes ( en ce sens qu'il procède couche après couche), Jean-Paul Marguerite multiplie les thèmes et les pistes (amour, archéologie,conservation du patrimoine, essence enfantine du jeu, histoire,histoires, mythes, légendes) en créant un tout cohérent. 
Mais parfois un peu longuet, il y a sans doute 200 pages de trop, comme s'il avait refusé de coupé certains passages plus lents.
Paradoxalement, cela renforcera la portée de la fin du roman.

Le Vaisseau Ardent est un roman multiple.
Aux enjeux multiples et aux multiples niveaux et degrés de lecture. L'auteur crée des liens entre les mythes de l'Arche, du déluge, de l'île perdue ( un peu comme l'ile de Lost, en mouvement) et de la fontaine de Jouvence.
Il va plus loin en ne rejetant pas des histoires plus récentes, entendant en cela que certaines histoires sont si fortes qu'elles en deviennent vite partie prenante de notre imaginaire collectif ( si la mémoire de l'humanité est atavique, cette mémoire continue d'emmagasiner).

Le Vaisseau Ardent est un roman sniper : la première page fait mouche et vous fauche pour ne pas vous laisser vous relever : impossible d'y échapper, où vous arrivez à la fin du livre et il vous hante ou vous le reposez et il vous obsède, vous pousse à en reprendre le chemin.

Le Vaisseau Ardent est un roman fleuve, que l'auteur nous fait remonter, descendre et qui nous offre en sus l'exploration des sinuosités comme des affluents.

Le Vaisseau Ardent est le premier grand roman français de ce début du XXIe siècle, important et imposant, tant par sa taille que par sa richesse, sa profondeur et son ambition !



jeudi 26 septembre 2013

The Long Dark Night.

Après un tome 3 en demi-teinte,la saga Knightfall continue dans ce tome 4 qui se trouve être l’avant dernier avant l'apothéose chiroptère qui se profile à l'horizon.

Jean-Paul Valley est le nouveau Batman et son ombre est autant une bénédiction qu'un danger pour Gotham City.  Rendu fou par les lavages de cerveaux subis durant son enfance, Jean-Paul a perverti l'héritage de la chauve-souris en devenant un être animé par la violence et la rage. 
Mais dans le même temps, ce nouveau Batman décide d'appliquer certaines méthodes de Bruce Wayne en rapport avec l'art des détectives.

Ce nouveau tome est bien meilleur que le précédent. 
Les scénaristes abandonnent leur marotte de l'ultra-violence pure pour enfin revenir sur le chemin du récit de détective. Oh bien sûr, nous sommes en plein dans les années 90 et la concurrence avec Image Comics fait rage,ce qui explique pourquoi le look du nouveau Batman n'a plus rien de subtil et s'applique à copier par mal d'éléments vs dans la série Spawn ou encore la grande présence de scène d'action comme moteur de l'intrigue. 
Mais cela passe bien mieux dès lors qu'elle se retrouve diluée dans un peu de réflexion.

Les quelques épisodes centrés sur Bruce Wayne permettent de mettre un terme à sa souffrance physique et à son errance, promettant un final épique entre l'ancien et le nouveau Batman lors du prochain (et dernier) tome. 



Au niveau graphique, rien n'a vraiment changé depuis le premier volume, si les dessins amorcent le virage créatif des années 90, le découpage et la mise en couleur restent encore très en retard. 
Rien d'alarmant mais on a plus le sentiment de nager dans les années 80.

Ce quatrième tome de Knightfall est donc une bonne surprise vu la déconvenue du tome précédent et offre une belle promesse pour la fin qui arrivera dans quelques mois.


mercredi 11 septembre 2013

50 nuances d'engrais.

Attention, l'article suivant a autant pour but d'être sérieux que complètement barré lorsqu'il s'agit de critique pure. Vous qui cherchiez un article fin et subtil, abandonnez tout espoir. Pour les ouverts d'esprit, bon amusement !

Fifty Shades of Grey (traduit chez nous par 50 nuances de Grey, ce qui ne veut rien dire puisqu'on perd le double sens du titre ) est le nouveau Twilight. Une "œuvre" littéraire vide et sans âme mais, comme le public à ovaires  a grandi et découvert son corps (un peu ou beaucoup), on saupoudre le tout d'une dose de sexe. Attention, du sexe Bondage Sado-Maso parce que le but reste toujours le même dans ce genre de littérature : faire rêver tout en poussant à ne pas consommer ! Redoutable mécanique pudibonde de l'Amérique puritaine ayant tendance à contaminer notre esprit frondeur d'Européen décomplexé.

Bref, devant le succès de ce machin, les studios de cinéma ont décidé de l'adapter.
Personnellement, je m'en branle !
D'ailleurs en parlant de ça, l'industrie X californienne l'a déjà adapté avant tout le monde sous forme d'une parodie porno !

C'est d'ailleurs une affaire truculente voire succulente ! Aux USA, une parodie porno échappe vite aux poursuites sur les droits d'auteurs grâce à son statut de parodie justement (personne n'a attaqué la série Hot Shots ou Naked Gun pour contrefaçon, c'est pareil dans le X mais avec des scènes osées en sus ! ). 
Sauf que cette parodie a été attaquée pour plagiat par Universal, détenteur des droits d'adaptations pour le cinéma. 
En effet, toute l'intrigue reposant sur le cul de l'héroïne, une parodie X coupe vraiment l'herbe sous le pied des studios Universal qui, pour des raisons légales, ne pourront, pourtant  tourner qu'une version soft expurgée de tout le stupre de la chose ! (bon, pour l'aspect sérieux, c'est fini !). Universal a les boules et le montre, enfin presque !

Ana , jeune et jolie (oui, comme le film de François Ozon, le même Fraçois Ozon qui déclare que "faire la pute" est un fantasme féminin courant et répandu.Si si,là je suis sérieux en vous racontant ça.Quelle image il doit avoir chez les filles de sa famille maintenant. ) rencontre le riche et "un-peu-plus-âgé-mais-ça-se-verra-presque-pas-à-l-écran" Christian Grey. C'est le coup de foutre …euh le coup de foudre !
Mais Mr Grey, parce qu'il a eu une enfance traumatisante (ouin ouin ma mère était une pute et son mac me battait. Déjà petit, si son Mac te battait, fallait attaquer Apple ou Steve Jobs, tu serais encore plus plein aux as! Ensuite, grandir dans un bordel, ça peut aussi donner des Don Draper, c'est déja un autre niveau!) a des goûts bien particuliers en matière de sexualité. Mais par amour, Ana va apprendre à aimer le BDSM. Ah, l'amour, ça vous faire de ces conneries quand vous êtes jeunes…




Ana est incarnée par la jolie plante Allie Haze, que l'on avait pu découvrir dans le plus simple appareil dans des films tels que Viol au dessus d'un nid de cocus,Missionnaire : Impossible , Harry Peloteur et la croupe de feu, Le trésor de Braquemart le Rouge ou encore Accroche toi aux rideaux que je te tringle! Cette jeune actrice est tout bonnement ha-bitée par son rôle.
On la sent réellement pénétrée par son personnage et celui de son partenaire à l'écran ! Partenaire qui, malgré le charisme d'une huître, se lance dans un véritable élevage de moules !

Jeune, jolie et dotée d'une longue langue ! Elle va faire carrière longtemps elle !


La réalisation est bien entendu sans saveur ou originalité et le directeur photo est aux abonnées absent : nous sommes en territoire bien connu, pour les territoires verges …euh vierges, il faudra repasser, ce n'est pas encore la révolution qui légitimera ce genre de cinéma. Reste que le tout est assez bandant si l'on est réceptif à ce genre de sexualité (perso, ça m'en touche une sans remuer l'autre, syndrome de la demi-molle ou de la demi-dure selon comment vous voyez le verre ).

Fait étrange, un commentaire audio accompagne les pistes sonores du blu-ray et nous offre des anecdotes de tournages ou de production surprenantes! Ainsi, les producteurs ont sciemment choisi de réduire le nombre d'orgasmes de l'héroïne parce que, et je cite, " Même pour un porno, ça aurait fait trop chiqué ! " ou encore la réécriture totale des dialogues par un scénariste ougandais chevronné parce que, et là encore je cite, "Même pour un porno, il y avait un certain niveau qualitatif à atteindre pour que les acteurs ne se mettent pas à rire de leur texte" ! Incroyables aveux !  Plus négligeable, nous apprendrons aussi le nombre de préservatifs utilisés pour une seule scène ou encore que l'acteur principal a été repéré à Broadway dans une pièce de Shakespeare : Sodothello !

dimanche 8 septembre 2013

Le meilleur héros de BD a 75 ans !

Il a 75 ans cette année et son nom commence par un "S" ! Mais non, pas Superman, Spirou ! (oui, j'ai déjà fait cette blague dans le sens inverse pour Man of Steel, et alors ? )

Un anniversaire en grandes pompes pour les éditions Dupuis qui ont multiplié les événements autour du célèbre groom. Le magazine Beaux Arts sort donc un hors-série pour l'occasion qui revient sur la création du magazine et de sa mascotte qui allait vivre et vit encore de multiples aventures rocambolesques !

Il y a quelques mois, la chaîne de télévision Arte avait diffusé un documentaire sur la création du magazine et son fonctionnement jusque son âge d'or et s'intéressait plus à la revue hebdomadaire , ses lignes éditoriales, ses conflits artistiques, etc…qu'au personnage et son monde à proprement parler.

Ainsi, si vous avez vu ce documentaire, ce hors-série ne vous apprendra pas grand-chose de neuf, si ce n'est la collaboration souvent passée sous silence de Luc Lafnet avec Rob-Vel, créateur officiel du personnage. 

Mais la vie du magazine ( qui, durant la guerre, sera diffusé jusque 1943 sans jamais collaboré, lui. Non non, je ne pense pas au Journal Le XXme siècle et son supplément jeunesse Le petit vingitème qui accueillait le héros de Hergé, allons donc ! ) n'est pas le gros de ce hors-série atypique qui reprend la présentation d'un album de BD franco-belge cartonné !

Si ce numéro brasse les passages semi-obligés (sans les bâcler mais sans les approfondir ) comme les lieux exotiques visités par Spirou et Fantasio , un petite lexique de tout le beau monde croisé dans les albums ou encore les délires de science-fiction de la série passés au tamis de la science, c'est surtout le travail de Franquin dont il sera question ici, les autres auteurs ne seront que peu analysés.

Si la frustration de ne pas en savoir plus sur les autres artistes ayant travaillé sur le mythe est là ( dans mon cas particulier, le tandem Tome & Janry aurait mérité un coup de projecteur ), le travail réalisé par Franquin est vraiment disséqué voire parfois sur-intellectualisé (mais comme le dirait Jean-Marc "Jim" Lainé, essayiste sur la bande-dessinée, sur un célèbre forum : On ne sur-intellectualise jamais trop ! ) et comparé aux travaux de Hergé où le se rend compte que leurs traits si différents avaient des points communs frappants (article très intéressant que celui-là). 
Nous découvrirons aussi la création du Marsupilami et de Gaston Lagaffe qui est apparu dans les aventures de Spirou et Fantasio avant de posséder sa propre série de gags loufoques et tendres !

Le hors-série va jusque à recherche les objets du quotidien des années Franquin à avoir inspiré des décors, véhicules, etc…plus anecdotique et sentant le remplissage pour qui n'est pas sensible au vintage cher aux hipsters (les mecs, ces années ont vécu, Mad Men est super, et le polaroïd n'intéresse plus personne, merci !).

On regrettera une ou deux coquilles et une image des belges et de la Belgique pas toujours très juste (ou alors c'est de l'ironie que je n'ai pas comprise).


Au final, il se dégage un petit parfum d'inachevé car  en se focalisant sur l'homme qui a fait vivre le plus longtemps Spirou (19 albums et 4 Hors-Séries) ,qu'il qualifiait pourtant de coquille vide, et en délaissant les autres artistes, ce numéro spéciale de Beaux Arts ne fait pas le tour de la question ! 
Une semi-déception donc.Mais une semi-déception pleine de détails intéressants.

vendredi 6 septembre 2013

Elysium très mince !

En 2009, un petit film de Science-fiction super bien foutu, District 9, avait propulsé un jeune réalisateur,
protégé de Peter Jackson : Neil Blompkamp.
4 ans plus tard , il revient avec Elysium, un autre film de SF qui, comme son grand frère, a pour toile de fond des problèmes et des enjeux très actuels !

Neil Blompkamp est un protégé de Peter Jackson (mais je l'ai déjà dit) : lorsque le jeu vidéo Halo était en préparation pour devenir un film, le petit Neil a réalisé divers courts-métrages se déroulant dans cet univers et cela a tellement impressionné Jackson qu'il a fait des pieds et des mains pour imposer ce jeune inconnu sur le projet.
 Il avait également appelé son ami Steven Spielberg pour qu'ils produisent le film ensemble. Mais le studio, devant la demande de budget n'a même pas cherché à revoir le budget à la baisse et annule bonnement et simplement le film.

C'est alors que Blompkamp parle à Jackson d'un de ces courts-métrages, de comment il pourrait en faire un long pas trop cher et réutiliser quelques concepts qu'il avait développé pour réaliser son film fantasme qu'était Halo. District 9 est donc lancé et alliait narration intéressante, idées miroirs de notre monde ( l'apartheid mais appliqué sur une population alien réfugiée sur Terre) et film d'action dont certains éléments faisaient références à Halo. 30 millions de $ de budget  et 7 fois cette somme de bénéfice, Neil Blompkamp est officiellement un réalisateur que les studios recherchent.

Son nouveau film va puiser dans les mêmes recettes : les préoccupations actuelles sont traitées par un prisme déformant : surpopulation alarmante, pollution extrême, capitalisme ultra-sauvage, les pauvres plus pauvres et les riches plus riches. À tel point que les pauvres vivent sur Terre dans de véritables décharges et les riches dans une station inspirée d'une Tore de Stanford : Elysium.
Les Elysiens , en plus d'être aisés, gardent pour eux le système de santé ultime, les med-box, engin capable de réparer tout ce qui ne va pas chez vous : cancer, os cassé, foie hépathique,etc…rien ne peut vous tuer ! Max, un ouvrier d'usine sur Terre est irradié sur son lieu de travail. Pour survivre, il va tenter de pénétrer illégalement sur Elysium. Un magouilleur de première lui promet de l'emmener s'il se laisse implanter un exosquelette boostant ses capacités pour accomplir une mission dangereuse. Max accepte, pour sauver sa peau.

Et là, contre toute attente, Blompkamp chie dans la colle mais sévère !
Tout d'abord en pillant purement et simplement d'autres œuvres : Max devient une sorte de cyborg tentant de rallier Elysium. C'est exactement l'histoire du manga Gunnm où la cyborg Gally , vivant dans la décharge terrienne tente de rallier Zalem, la ville dans le ciel !


La Terre est une décharge et les riches vivent dans les airs : Gunnm, un manga plus que conseillé !

Elysium , bien qu'inspirée d'une Tore de Stanford, est aussi surtout une copie du fameux Halo qui donne son titre au jeu vidéo qu'il voulait réaliser il y a quelques années. Les concepts d'armements militaires entrevus dans District 9 sont ici développés puissance 10 (et eux aussi, sentaient l'inspiration Halo), etc…alors oui, visuellement ça dépote.




Une Tore de Standfort, une mégastructure Halo, la station Elysium...

Mais quelle introduction laborieuse, quel sens du convenu dans le déroulement de l'intrigue, quelle répétition des scènes d'actions ( en gros, à chaque fois, Max tombera légèrement dans les vapes, se relèvera et repartira à l'assaut ! ).
Tous les sous-textes intéressants sur l'état du monde,sur les coups fourrés politiques sur Elysium sont à peine entrevus. Il n'y en a que pour l'action et une histoire faiblarde où les gentils sont très gentils (même quand ils cherchent à jouer les durs ), où les méchants sont très méchants et où les coïncidences les plus énaurmes (oui, j'écris ça comme ça à dessein) font avancer l'intrigue.
C'est tellement gros et mal amené que j'ai presque entendu le commentaire audio du réalisateur me dire '' Je t'ai eu mon con en te faisant payer un ticket !".
Et que dire des incohérences : les clandestins tentant d'arriver sur la station ne sont repérés que lorsque cela arrange le réalisateur !





Il est étonnant que Matt Damon et encore plus Jodie Foster aient accepté de jouer dans un film au script aussi faiblard. J'entrevois deux hypothèses : soit ils avaient besoin de payer leurs impôts, soit, au vu de leur dires, le scénario devait sans doute être d'une autre ampleur et c'est la réalisation sans imagination constante et un montage ayant abandonné les scènes les plus posées qui ont fait de ce film plein de promesses un film bas de gamme !

Un univers visuel intéressant et bien rendu (on sait que ce sont des effets spéciaux uniquement parce que les vaisseaux n'existent pas, sinon leur rendu est tout simplement emprunt d'un réalisme rare, bluffant !) ne suffit pas à remplir un film !
Pour rendre le film intéressant ( dans l'exploration de ses thèmes et dans la création d'empathie envers les personnages) il manque 45 bonnes minutes à un film d'1H50 générique compris. À l'heure des films de prés de 2H30, c'est à se demander pourquoi cette option n'a pas été envisagée ! Quoique, vu à quel point l'heure cinquante semble longue,pas certain que des ajouts puissent vraiment sauver le spectateur de l'ennui gêné!

Le film avait tout pour devenir un grand film de SF, au final il ne survivra pas dans le temps au déla de 6 mois après sa sortie en blu-ray ! Quelle déconvenue, quelle déception ! Seule une hypothétique version longue vaudrait peut-être la peine de laisser une seconde chance au pire film sorti cet été !

jeudi 5 septembre 2013

Le Rouge est une Couleur Chaude.

Presque 20 ans après son film le plus connu (et son seul vrai succès commercial, Entretien avec un Vampire), Neil Jordan revient vers les suceurs de sang humain.
En changeant radicalement son angle d’attaque et en apportant un peu d’originalité à un genre qui dépérit au cinéma (soit en n’apportant plus de sang neuf, soit en faisant abstraction de tout ce qui fait un vampire, oui Twilight, je pense à toi, engeance putride !).

Elaenor "Ella" Webb et sa grande sœur Clara sont des marginales. Alors qu'Ella noircit des pages de textes qu'elle jette aux vents une fois écrit le mot "fin", Clara gagne leur croûte en faisant du strip-tease. Mais un danger les guette car Ella et Clara sont en réalité mère et fille, vampires depuis deux siècles, Clara a transformé sa progéniture vers la fin de l'adolescence de celle-ci.

Leur vie ne se fait jamais longtemps au même endroit et lors d'une énième fuite, Clara fait la rencontre de Noel, un homme un peu paumé propriétaire d'un vieil hôtel, le Byzantium.
Clara y voit l'occasion de se poser un bon moment et décide de mettre son expérience d'ancienne prostituée pour en faire un lupanar lucratif. Pendant ce temps, Ella intègre une école de haut niveau et fait la rencontre de Frank, jeune homme un peu marginal…
Mais les cadavres exsangues que les deux femmes laissent derrière elles ne vont pas les aider à passer inaperçues.

Si on replace tout ça dans la filmographie de Neil Jordan, beaucoup verront Ella comme une version adolescente de Claudia, la jeune vampire protégée de Lestat de Lioncourt : même air juvénile, même capacités au piano et même mal-être dû à un manque de contact humain. C'est bien entendu pertinent.
Mais ça serait omettre le film "La compagnie des loups", relecture du petit chaperon rouge que Jordan avait réalisé en 1988.
Hors, Elle se balade durant les ¾ du film avec un gilet à capuche rouge, allure trompeuse car cet aspect de victime cache bien entendu le loup qu'elle peut être.



Si Byzantium est l'un des films les plus originaux sur le thème du vampire de ces dernières années, il n'est pas exempt de défauts assez grands : le rythme est lent, l’enchaînement de certaines séquences est laborieux et les personnages ne sont pas écrits pour qu'on se prenne vraiment d'empathie pour eux.

Mais ces qualités l'emportent sur ces défauts.
Tout d'abord, comme je le disais, l'angle d'attaque est assez différent de ce qui se fait souvent : si laisser les enfants de la nuit marcher sous le soleil n'est pas nouveau en soit ( sachez que c'est le Nosferatu de Murnau qui ajouta la révulsion du soleil au mythe de vampire), les placer dans un cadre social proche des bas-fonds est rare car la plupart des vampires sont souvent des châtelains, des aristos ou juste des personnes ayant réussi professionnellement et menant une vie assez simple. Ici, Clara, pour vivre et protéger son enfant, a recours à la prostitution et au proxénétisme : l'immortalité n'a pas rendu leurs vies plus aisées. Elles sont également soumises à la fameuse règle de l'invitation pour pénétrer chez les gens, il y a des choses qui ne changeront jamais !


Ensuite, les canines pointues sont ici remplacées par les ongles, étirables et effilés. L'entaille profonde a de toutes façons toujours le même but, récolter le sang de la victime. Et si les deux femmes ont le même appétit, leurs méthodes divergent fortement : Clara est une tueuse sans pitié, si sa préférence va au rebus de la société que le monde ne pleurera pas, elle n'hésitera pas à tuer quiconque pourrait être une menace pour elle. Ella, quant à elle, écume les hospices et les hôpitaux pour apporter l'ultime réconfort à des mourants. Chacune cherche une justification à la mort qu'elle donne pour rester en vie un peu plus longtemps. Mais au final, leur route sera toujours jalonnée de morts violentes.





Gemma Arterton, ancienne James Bond Girl, incarne Clara, et son personnage est tour à tour emprunt d'une nature tragique (son histoire n'est pas un conte de fée ) tout autant que vulgaire car, sans porter de jugement de valeur, en dehors de son rôle de mère poule, elle reste bien souvent une pute de bas-étage. Le contraire de Ella incarnée par Saoirse Ronan (son pronom se prononce comme ceci, suivez le lien : http://www.youtube.com/watch?v=znCXvlhYV-Y, et oui, les prénoms irlandais c'est pas simple), jeune fille à suivre car derrière son regard bleu clair envoûtant se cache un talent rare : j'en connais peu qui , en une fraction de seconde, font passer leur  regard adolescent à la profondeur d'une être deux fois centenaire ! Elles forment donc un duo atypique mais complémentaire. Incapables de couper le cordon ombilical !



Les qualités graphiques de l'ensemble sont aussi à souligner. Si l'image est assez neutre et réaliste, il y a une utilisation de la couleur rouge que certains trouveront peut-être lourdingue (le rouge est la couleur du sang alors pourquoi le rappeler toutes les 10 minutes ? ), j'y vois une cohérence et une recherche bien vue.
Le rouge , contrairement au bleu par exemple, est une couleur qui charrie d'innombrables sentiments : la luxure et la timidité en tête. Rien d'étonnant à ce que Clara l'extravertie travaille sous néon rouge et qu'Ella la renfermée se promène comme un petit chaperon en mal de loup !
Si on va plus loin, l'un des mots grecs pour désigner la couleur est porphyros, qui donnera porphyrie...la maladie "du vampire".
Et ça ne s'arrête bien entendu pas, la création d'un humain en vampire nécessite ici un usage poétique de la couleur lors de séquences bien différentes des créations habituelles puisque ce n'est pas le folklore des Balkans mais plus celui Celtique qui est ici utilisé.
Même les habituels chasseurs de vampires recèlent quelques surprises.






Byzantium n'est donc pas un film parfait mais son traitement et son originalité le place clairement dans le classement des films les plus intéressants à l'instar du très bon La sagesse des crocodiles (ou Jude Law incarnait un prédateur froid , méthodique et pourtant terriblement humain) et qui aurait mérité un meilleur coup de projecteur sous nos latitudes ! Et puis on revoit enfin des chauves-souris et du sang dans un film de vampire, ça faisait longtemps !




mercredi 4 septembre 2013

Batman : épouvantable épouvantail.

Jusqu’ici plus faible des bat-séries  (mais, malencontreusement, Batwoman semble suivre le même chemin), Batman The Dark Knight vient d’atteindre le médiocre. 
Si dans l’optique éditoriale il s’agit du second tome, dans les faits nous en sommes au troisième et sans doute pas le dernier pour notre plus grand malheur.

Batman The dark knight est la série bébé du dessinateur David Finch qui assurait dessins et scénarios, puis juste le scénario. 
Lorsque la série est relancée , Finch reprend ses crayons et laisse à d’autres le soin d’écrire la série pour qu’il puisse avoir le temps de dessiner.
Avec cette troisième salve, nous en sommes également au troisième scénariste sur la série. Et chacun efface un peu plus les éléments mis en place par son prédécesseur, belle preuve d’envie de continuité même si je soupçonne une paresse crasse de lire le travail des autres.

Nous disions donc, après Finch et Paul Jenkins, c’est au tour de Gregg Hurwitz de s’y coller. 
L’auteur décide de faire du Dr Jonathan Crane, alias L’épouvantail, l’antagoniste des épisodes constituant ce tome. En plus de décrire ses exactions ( le kidnapping d’enfants et l’expérimentation de son gaz inducteur de panique sur ceux-ci avant de les relâcher dans la nature) , Hurwitz va tenter de nous faire avoir un peu d’empathie pour le personnage en nous dévoilant son enfance difficile et…
Mais attendez voir !  Ce n’est pas déjà ce qu’il nous avait fait sur La Splendeur du Pingouin ça ?

Hurwitz a donc trouvé une recette à son goût et décide semble-t-il de l’appliquer à toutes ses bat-histoires. Ça promet pour le reste…

Batman va donc tenter de retrouver l’une des dernières victimes de Crane. Cette partie est assez bien menée et force Batman a se monter parfois un peu humain envers une enfant, la dernière en date qui a été retrouvée. C’est bien vu de le voir s’adosser à un mur et de tendre la main vers une enfant traumatisée : cela le renvoie à sa propre enfance traumatisée et l’on sait , parce qu’il a adopté 3 Robin,que cela le touche profondément de voir des enfants dans cet état. Dès lors, pourquoi le montrer distant envers son propre enfant ( alors que les autres séries montrent que Bruce est très attentif envers son fils Damian, le transformer en père est l’une des plus belles évolutions accordées au personnage ! ) ? Parcequ’Hurwitz n’a rien lu des autres séries, voila pourquoi ! Ni même les numéros précédents de la série dont il reprend les commandes !





En effet, il oblitère totalement la nouvelle petite amie de Bruce avec un secret potentiellement dangereux pour sortir de son chapeau la belle Natalya, pianiste de renom avec qui le héros semble fricoter  depuis un moment. Mais plus fort, il passe complètement sous silence que l’Épouvantail lui-même apparaissait dans les épisodes précédents ! Pour la cohérence on repassera !



Très vite, le scénario devient confus et sujet aux incongruités les plus diverses voire débiles . Lors d’une séquence, il est très difficile de savoir si Batman hallucine ou non, à tel point que j’ai pensé qu’il manquait des pages ou que toutes n’étaient pas dans le bon ordre, comme une erreur d’impression. Et bien non, c’est bien un travail de sagouin.Plus loin,en manque d'imagination, le scénariste nous refait le remake de séquences sorties de Batman Begins et de The Dark Knight Rises à quelques variations près...quand on a pas d'inspiration, allons voir ailleurs et si jamais on nous le fait remarquer, on parlera d’hommage...


David Finch quant à lui continue sa décrépitude graphique. Pour sa défense on pourra toujours avancer que mettre en images des scénarios aussi indigents cela ne doit pas aider mais quand on est pro, on assure son boulot même si le boss est un crétin fini ! Il sera remplacé dès les prochains numéros par Ethan Van Sciver. Hurwitz , lui, restera en place. Et tant qu’il reste en place, cette série ne verra pas ses tomes suivants entrer dans ma bibliothèque, je suis loin d’être un masochiste aussi avancé ! 

Vivement que la série Batman (tout court) nous sorte son tome 3 car l’équipe aux manettes est d’un autre niveau et surtout, surtout, on devrait voir revenir le Joker…sans explication de son enfance tiens !

Batman : Vengeance Oblige !

DC Comics a lancé la collection Earth One ( Terre-1) qui consiste a reprendre depuis le début un super-héros dans des histoires déconnectées de la continuité et dans un format bien loin des comics puisqu’il s’agit de grands albums types européens avec une pagination importante, bref des graphic novels comme le veut l’expression. Après Superman en Juin (pile à temps pour la sortie de Man of Steel dis donc, le hasard fait bien les choses ), c’est au tour de l’homme chauve-souris de profiter de l’initiative.
C’est Geoff Johns qui se charge d’écrire et c’est Gary Frank qui assure (comme une bête) les dessins.

Thomas Wayne, héritier d’une des familles ayant fondé Gotham City et propriétaire d’une compagnie d’ingénierie médicale, se présente à la mairie de la ville. Sa femme, Martha Wayne-Arkham est sa directrice de campagne. Ayant reçu des menaces de mort, Thomas, pour rassure sa chère et tendre, rappelle l’un de ses amis de l’armée, Alfred Pennyworth. Le soir de l’arrivée d’Alfred, la famille Wayne cède à l’une de ses habitudes, une sortie en famille et en famille seulement, au cinéma. En sortant de la salle, la famille Wayne est assassinée par un voyou sous les yeux de leur fils unique : Bruce. Convaincu que l’adversaire politique de son père, Oswald « Le Pingouin » Cobblepot est derrière cet acte odieux, Bruce décide de se venger…

Il y a , à mon sens, une différence entre une réinterprétation et une réécriture. La réinterprétation conservera les bases supposées immuables et modernisera la vision des choses ou trouvera un angle inédit. La réécriture, elle, passera un coup de gomme sur certains aspects pour que l’écrivain fasse ce qu’il veut sans être embêté par des éléments qui nuirait à son inspiration. Personnellement, j’éprouve plus de respect pour la personne livrant une réinterprétation inédite que pour un auteur qui réécrit pour s’assurer une certaine facilité dans son travail. Malheureusement, Geoff Johns réécrit.

Johns, dont j’apprécie souvent le travail, que ce soit sur l’univers de Green Lantern  ou encore le récent Flahspoint , ne livre pas une mauvaise histoire. Mais il est surtout un auteur de blockbusters de bande-dessinée  peu subtil. Attaquons d’abord ce qui ne va pas avant de passer aux qualités de l’ensemble !

1° L’auteur change l’angle d’attaque de Bruce Wayne : la vengeance ! Batman n’agit pas par vengeance, ce n’est pas un justicier qui cherche à se sentir mieux en tabassant voire en assassinant les gens.

2° Le Batman présenté ici se lance dans sa quête en n’étant pas assez préparé ! Son entrainement physique et mental est à des lieues de ce qui a forgé Batman : que ce soit sous l’aile de Frank Miller, de Scott Snyder ou encore de Christopher Nolan dans les récents films, Bruce parcourt le monde pour apprendre comment combattre le crime. Johns nous livre un Bruce resté sur place et formé par un soldat efficace mais vieillissant : Alfred ! Faire d’Alfred un vétéran n’est pas une mauvaise idée en soi par contre, il a souvent été insinué que le majordome engagé par Thomas Wayne avait un passé chargé.

3° Et là ça risque d’en choquer plus d’un : James Gordon est un pleutre, un pourfendeur de nano-dangers. Un tel coup dans la légende, c’est très out of character. Trop !
Il y a des bases à respecter lorsqu’on s’attaque à un mythe et tant pis si elles sont trop restrictives pour l’imagination de l’auteur. S’il ne sait pas faire avec des thèmes imposés, qu’il laisse la place à un autre !

4° Geoff Johns a semble-t-il été puisé son inspiration autant dans les récits des comics mais aussi dans les films centrés sur le croisé masqué, ceux de Burton et de Nolan. Ce n’est pas un défaut en soit que de se baser sur ce qui a été fait concernant les diverses versions du point de départ de Bruce Wayne, presque chaque auteur qui tente l’exercice a emmagasiné les travaux précédents, c’est la preuve de l’intérêt qu’ils portent au personnage.
Ainsi, Le Pingouin maire de Gotham est une idée apparue dans Batman Returns (Batman : le défi ). Gotham est une ville pourrie, à la Police corrompue. Que le maire soit un être aussi abject que Le Pingouin est un passage de palier supérieur mais logique. Le souci, c’est ce qu’il a pris à Nolan.
Christopher Nolan utilise une imagerie réaliste pour raconter une histoire totalement irréaliste. Johns lui, passe à côté de cet aspect et tente d’être super-réaliste (au détriment du côté super-héros du coup) et va même jusqu’à emprunter quelques lignes de dialogues du film Batman Begins !




Et enfin, difficile de penser que Bruce Wayne est sain d’esprit. Je suis le premier à admettre que cet homme a un problème , une chauve-souris au plafond…et une grosse ! En faire le descendant, par sa mère, d’une famille d’azimutés est un procédé tellement peu subtil que j’hésite encore entre la consternation et la franche rigolade.

Néanmoins, tout ceci est disséminé dans un récit assez bien foutu et plaisant qui ne rentrera pas dans les annales pour avoir révolutionné le genre mais qui se laisse lire. L’intrigue prend parfois des détours inattendus (quoique très hard et sombre, comme ce serial-killer homme de main) et apportre quelques idées intéressantes (mais là encore manquant de subtilité) comme les jumeaux Dent : Harvey et Jessica. Le Futur double-face de cet univers sera peut-être un binôme ? On passera sur certaines facilités amenant Batman a interprété des indices qui auraient pu le mener n’importe où si on y réfléchit deux secondes.

Les dessins de Gary Frank sont très bons et dynamiques. Assez réalistes, ce qui est une bonne chose pour décrire l’état des rues de Gotham, ils bénéficient du talent du dessinateur en matière de story-telling, ce qui rend l’ensemble lisible facilement sans crainte de se perdre dans le sens de lecture des cases.
Batman Terre-Un est au final un bon petit moment de lecture à défaut d’être un bon Batman. Ce n’est qu’à la condition de ne pas s’attendre à voir évoluer une copie du Batman que l’on connaît que les défauts ne vous feront pas sortir de la lecture cependant. Vous voila prévenus !

lundi 2 septembre 2013

George Lemaître tourne et tourne encore, vite, une dynamo !

Et voila, nous y sommes. Le point de non-retour. Le moment où je signe mon suicide éditorial ! 
Comment ? En attaquant le « parfait », en critiquant l’incritiquable ! 
Mais décrété par qui, pour quoi ?

Aujourd’hui, perdu dans une foule à genoux et béate d’admiration, je me lève, je me tiens bien droit. 
Je me dépoussière un peu en frottant mes mains contre mes manches et ma paire de jeans. 
Je deviens un point noir dans un horizon qui semblait dégagé. 
La série The Big Bang Theory ne me fait plus rire ou sourire. 
La série The Big Bang Theory n’éveille en moi qu’envie de vomir, de hurler, de me révolter. 
Car la série The Big Bang Theory cultive et diffuse une mentalité pourrie, une branche putride de l’humour facile, celle de la moquerie. 
La championne du « rire avec les geeks » a révélé son vrai visage il y a déjà quelques temps, le visage de « rire des geeks ».

Je n’aime pas le terme « geek », je ne me revendique d’ailleurs pas de ce mot, insultant au demeurant.
Je ne le revendique pas, car je ne m’y reconnais pas. Tout comme je ne me reconnais en aucune des caricatures grossières véhiculées par ce show.

Pourtant, au début, tout allait bien. Une Lune de Miel ! Les blagues nécessitant un sacré bagages culturels me faisaient rire. Et quels bagages : comics, films, littérature, etc…si vous n’êtes pas sacrément calés, tout ça vous passe au dessus de la tête. Pourtant, le ver était dans le fruit depuis le tout début.

La série débute alors que Penny emménage devant l’appartement de Léonard et Sheldon, deux geeks de niveau mondial. Penny servira en fait au spectateur de point de repère « normal » ( je hais ce mot) dans un monde anormal. Si Léonard est le geeks le moins loufoque de la bande c’est à dessein : il faut que la ménagère palpite de voir une relation amoureuse s’esquisser dans la série et c’est impensable que cela arrive avec les monstres de foire.

Penny donc, la fille américaine normale ( et là franchement, avec le recul, j’aurai dû avoir peur tout de suite ) : maligne mais pas intelligente, superficielle, tout en maquillage et soutifs rembourrés, blonde évidemment ! Le ressort comique de la série est Sheldon Cooper, une personne tellement intelligente que les règles sociales et les interactions humaines lui sont inconnues car elles ne répondent à aucune logique ! Totalement déconnecté, son comportement est donc incongru et ses confrontations avec Penny, qui le remet toujours à sa place comme une bonne disciple de Brice de Nice , amusent. Amusaient.








L’aptitude de Penny à savoir casser les gens lui vient naturellement ( sous-entendu : l’américain normal se doit de remettre dans le rang les gens qui en sortent ? ) et elle se fait la main sur les deux autres amis de Léonard et Sheldon : Howard et Raj, le scientifique venu d’Inde. Si Léo et Sheldon ont un style vestimentaire un peu désuet pour leur âge ( ils sont fringués comme des ados…ils sont chercheurs universitaires et leurs collègues sont habillés de manières plus classiques ), Howard et Raj sortent tout droit des années 80 dans ce qu’il y a de plus effrayant dans ces mots ! ( à tel point que lorsque j’ai vu les premières images avant de regarder la série, je croyais sincèrement que celle-ci se déroulait dans les 80’s, une sorte de suite non-officielle à That’ 70’s Show ).

Howard et Raj ont du mal avec la gent féminine. Leur inaptitude à « conclure » est là encore un ressort comique de la série. Et joue peu ou prou sur le même registre d’inadaptation sociale, comme avec Sheldon. De là à dire que ces personnages sont redondants, il n’y a qu’un pas. Mais, petit à petit, tout ce petit monde va trouver chaussure à son pied.

Je théorise ici l’effet Penny : pour vivre en couple, tu dois renier ton moi profond ! Car je vous l’ai dit plus haut, le ver était dans le fruit dès le début. Ce ver, c’ était la belle Penny. Les personnages vont donc passer d’inadaptés à handicapés mentaux remis sur les rails par les gens « normaux » à la moindre sortie de route, que celle-ci soit énorme ou qu’elle consiste en un simple étalage culturel. C’est systématique ! C’est de la moquerie ! C’est de l’insulte ! Les ignorants font la morale , l’ordre social établi n’est pas sujet à des remises en cause et celui qui se permet une pensée originale est marginalisé, conspué, rabaissé ! 
C’est tout cela The Big Bang Theory !
C'est la négation de la différence de pensée, c'est la négation du droit d'être en harmonie avec soi-même, c'est la négation que la normalité n'existe pas !