lundi 25 décembre 2017
lundi 18 décembre 2017
The First Order Strikes-Back ! ( est-il sorti jedi dernier ? )
Rey a quitté la base de la résistance. Elle est à la recherche du Jedi Luke Skywalker. Peu de temps après son départ, le Premier Ordre contre-attaque suite à la destruction de la base Starkiller. Finn finira par se réveiller et rencontrer Rose, une mécano un poil soupe-au-lait avec qui il va mettre sur pied une opération censée permettre aux résistant d’échapper à la traque en règle que leur livre le Premier Ordre…
En allant chercher les cinéastes qui auront la lourde tâche de continuer le mythe, Kathleen Kennedy, la présidente de Lucasfilm, a décidé qu’ils auraient la possibilité de laisser leur emprunte sur les films qu’ils auront en charge. Ainsi, J.J Abrams a co-signé le scénario de The Force Awakens et Rian Johnson a écrit tout seul, comme un grand, celui de The Last Jedi. Et le mec s’est fait plaisir.
Débutant in media res en pleine guerre des étoiles, Johnson nous plonge, références visuelles à l’appui, en pleine seconde guerre mondiale version space opera. Les pilotes casse-cou américains ou anglais, les bombardiers et leurs tourelles de protection. La tension monte, le drame se fait puissant et un personnage que l’on connait depuis 10 secondes devient soudain le sujet central de notre attention. Ce que Christopher Nolan peinait à faire au début de Dunkerque , Johnson l’a fait.
La guerre est sale, elle fait des morts et ses conséquences sont un désastre pour tous. Le ton est donné. La résistance joue sa survie.
Rey, quant a elle, rencontre enfin Luke Skywalker. Qui ne réagira pas comme elle l’attendait. Ni comme nous l’attendions. La première réaction de Luke donnera le la des intentions du réalisateur : prendre à contre-pied les attentes du spectateur.
Cela donne des séquences souvent prenantes ( car totalement inattendues ), parfois cyniques aussi. Nombreuses furent les critiques faites au précédent opus sur sa supposée réutilisation du schéma de l’épisode IV ( billevesées ). Johnson semble avoir décidé quant à lui de pleinement ré-employé certains brins d’ADN de la première trilogie pour…les détourner, nous poser dans un terrain que l’on croît connaître et nous surprendre encore plus. Vous pensez « Empire Contre-Attaque », le réalisateur vous abuse : Luke n’est ni Obi-Wan, ni Yoda, certes, ces deux personnages ne manquaient pas d’humour et Luke en a développé également, mais pas le même et son approche pédagogique sera tout autre.
Vous pensez « Retour du Jedi » et les choses se mettent en marche différemment. Car là où The Force Awakens convoquait certains codes visuels précis de la saga ( que l’on retrouvaient également dans la prélogie ) , The Last Jedi appelle des thèmes et des schémas connus … pour les retourner. Comme le dit Luke dans la dernière bande-annonce : « Cela ne se passera pas comme tu le crois ».
Le pari est osé, mais payant.
Osé de ne pas nous offrir ce que nous pensions attendre, osé de tenter des choses, quitte à ce qu’une séquence semble un peu ridicule et too-much.
L’on nous criera que séparer les héros pour qu’ils vivent des aventures parallèles fait très épisode V. Et Les deux tours de Peter Jackson ? Séparer les héros est une nécessité narrative connue et reconnue. Elle permet à des personnages dont les actions fonctionnaient grâce à leur alchimie à se retrouver sans leurs aides habituelles. À faire face seul ou avec des nouveaux alliés, de rendre leur monde et leurs expériences plus vastes, plus riches. De grandir avant de se retrouver, pour que le tout soit encore plus grand que la somme de leurs parties.
L’épisode V l’a fait , l’épisode II l’a fait…et malgré la haine que beaucoup porte à la prélogie, jamais le critique n’a pointé du doigt que Lucas se recyclait lui-même. Pourquoi le faire lorsque l’on parle d’une série de films dans laquelle son créateur premier a insufflé ses goûts en matière d’aventures spatiales ( Flash Gordon, John Carter, etc…) et ses passions pour la mythologie ?
Combien de quêtes menées en solitaire par les Chevaliers de la table ronde qui est pourtant sensé être un groupe soudé ? Parce que cela les poussait à se dépasser, à repousser leurs propres limites. The Last Jedi s’inscrit dans cette longue et noble tradition littéraire ! Il ne s'agit donc pas d'un vol au dessus d'un nid de doudous ! ( si vous en savez pas ce qu'est le cinéma doudou, google est votre ami...mais vous allez perdre votre temps ).
Hors , Star Wars est devenu un mythe lui aussi…il se nourrit donc également un peu de lui-même depuis La Menace Fantôme. Mais Lucas n’a jamais tordu les codes qu’il avait mis en place, lui ( non, ce n’est pas une critique voilée, c’est une remarque sur l’aveuglement de certains fans actuels : trouvez des arguments cinématographiques, et là on en reparle sans mauvaise foi ).
Finn doit apprendre à voir l’univers de façon non-binaire et nouer de nouvelles relations fortes en dehors de celle qu’il avait avec Rey. Poe doit devenir plus que le meilleur pilote, il doit devenir un exemple, un chef avisé. Rey doit apprendre à contrôler la Force et voir au-delà de ses illusions légendaires d’enfant sur les chevaliers de la République. Leurs épreuves séparées sont riches de sens et de fonds (mais impossible d’en parler ici sans spoiler ).
Et il n’y a pas que les héros qui évoluent. Kylo Ren ( Ben Solo ) passe d’un enfant frustré à une figure déterminée mais plus posée, délaissant certains artifices pour avancer et devenir plus intéressant. Là où la relation Luke/Vador restait assez distante ( un fils idéalisant son père et tombant des nues, un père qui découvre un fils 25 ans plus tard, ça ne doit pas aider à avoir envie de se chercher souvent ), Johnson ouvre une porte sur une relation Rey / Kylo Ren.
Toujours dévastée par la mort de Han Solo, Rey veut comprendre ce qui peut pousser un enfant aimé à assassiner son père, là où une enfant rejetée recherche tout ce que le célèbre contrebandier stellaire était prêt à offrir à son fils. Placés sur des voies différentes et des méthodes divergentes, Rey et Ren partagent des points communs qui seront explorés.
Tout est histoire de figures paternelles pour eux deux. Mais là où Kylo cherche visiblement à détruire ses figures, Rey ne peut s’empêcher de les chercher (en Han, en Luke ){1}.
Obsédés par les mêmes thèmes mais pas pour les mêmes raisons.
La saga passe d’une histoire de filiation de sang à la filiation spirituelle. Sans pour autant se départir de la dimension « drame familiale cosmique » qui sied à la saga depuis sa création.
Il en va de même pour les acteurs qui, comme leurs personnages, doivent jouer avec d’autres et sortir de leur zone de confort.
Daisy Ridley incarne toujours avec détermination une Rey guerrière et volontaire mais empathique et optimiste. Alors que leur duo était le sel de The Force Awakens, John Boyega se retrouve bien plus souvent à jouer avec Kelly Marie Tran qu’avec Daisy Ridley.
Oscar Isaac peut enfin jouer autre chose que le gentil pilote assez lisse et donner plus d’amplitude à son jeu d’acteur. Carrie Fischer incarne toujours aussi aisément la princesse Leïa, et Mark Hamill…disons qu’il nous offre un Luke Skywalker jamais vu.
Parfois désabusé, plus ronin que samourai de l’espace, un vieux sage bien en forme à qui l’on demande de reprendre du service et qui rechigne, hanté par un passé pas toujours glorieux. Hamill se donne à fond dans la composition de son personnage ayant évolué ( bien plus que son copain Harrison Ford dans Blade Runner 2049).
Ses mimiques, ses regards… tout concourt à nous faire cerner le nouveau ancien Luke Skywalker. Alors oui, on regrettera sans doute de voir que R2 et Chewie sont un à peine plus présents qu’un caméo. Mais la nouvelle trilogie n’est-elle pas tournée vers l’avenir et donc vers les nouveaux personnages ?
Le film se termine en apothéose guerrière où là encore, tout ce qui nous fait dire « On nous refait The Empire Strikes-Back » est laminé après deux minutes. Les enjeux se ressemblent, les moyens non. Et les pics émotionnel atteints peuvent laisser KO.
Du début à la fin, rien ne semble se conformer aux attentes ou déduction du public. Respectueux de son héritage mais désireux de ne pas se laisser définir par celui-ci, Rian Jonhson imprime un style différent à la saga et laisse certaines choses en suspens pour offrir des possibilités assez fortes pour l’épisode IX.
Et un challenge pour J.J Abrams de passer après un autre réalisateur, lui qui a eu l’habitude d’imprimer un point de départ et de laisser d’autres finir la chose ( Alias, Lost, Fringe pour évoquer les séries, Star Trek pour évoquer les films et même Mission : Impossible III où il imprimait le début d’une saga au sein même d’une franchise qui avait vu passer De Palma et John Woo avant lui).
Il aura fort à faire quand on voit l’imagerie et les moyens que Johnson a mis en œuvre.
Des moyens techniques (et une certaine maîtrise de ceux-ci ) évidents : le plan travelling nous faisant découvrir la planète casino n’est pas seulement techniquement bluffant, il est aussi un hommage à un plan vaguement similaire du film Wings, premier film à avoir gagné l’Oscar du meilleur film d’ailleurs.
La prédominance de la couleur rouge, couleur de l’agression et de la mort, et de ses différentes teintes, chacune appelant un symbole et donc une interprétation différente de cette couleur ( faites attention à ses différentes utilisations au cours du film ). Et les idées visuelles inédites à la saga sont présentes également. Comme tout bon padawan esseulé, Rey passera aussi par une épreuve de la grotte {2}. Mais attention à la surprise du traitement et de l’image.
Tout comme son comparse Abrams, Johnson use des techniques animatroniques et des images de synthèse. Si le temps des maquettes simulant les vaisseaux spatiaux est bien révolu, les robots, les maquillages, les décors travaillés avec soin, etc…font partie de l’arsenal de guerre du réalisateur , là où Lucas avait privilégié le numérique comme arme quasi-absolue. Le mélange des deux n’atteint pas le niveau d’excellence de Spielberg sur Jurassic Park et The Lost World (mais qui rivalise avec Spielberg, à part Cameron ? ) mais on sent que l’ambition est là. Le design de production est soigné et les techniques pour le rendre beau ont sans doute été pesées avec soins pour savoir laquelle serait utilisée au bon moment pour servir au mieux le film.
Les gardiennes du temple Jedi sur Ach-to. Fort différentes des gardiens des whills de Rogue One hein ?
Si le thème musicale de Rey et de la résistance fonctionnaient (et fonctionne toujours ) dans le précédent film, le reste de la musique était souvent démonstratif (là où Michael Giacchino, arrivé à la bourre sur Rogue One a laissé plus de nouvelles mélodies en tête).
Rebelote ici où Williams reste des plus agréables à écouter mais des plus oubliables à la sortie de la salle. Certes, il retravaille ses thèmes existant (parfois depuis 1977 ) mais ce qu’il propose de neuf ne marque pas les esprits plus que ça. Dommage sans être jamais honteux, surtout de la part d’un compositeur qui a déjà 85 ans !
The Last Jedi divisera. Les fans de la première heure, les fans « gardiens du temple » intégristes, les spectateurs plus lambda.
Car il propose un vrai regard d'auteur tranché sur l’ensemble de la saga, de ses concepts manichéens trop simples au goût du réalisateur et sur l’agencement des divers éléments qui le compose. Même les combats au sabre ne seront pas ce à quoi vous vous attendez.
Mais il est un spectacle riche, généreux, long sans être lent ( les 2h30 passent vite mais l’on sent que certaines scènes manquent où ne sont pas approfondies comme il le faudrait. C’est un Star Wars, pas un film de Peter Jackson sur la Terre du Milieu ) .
On lui pardonne bien vite des dialogues parfois trop appuyés pour décrire le caractère des personnages ( ce n’est pas les bisounours ou Skeletor mais c’est parfois un tantinet cliché chez certains personnages heureusement peu nombreux ) et l’on reste estomaqué par le spectacle et ses répercussions sur la saga, ses héros et leurs futurs à tous…Un blockbuster dans ce qu’il a de plus noble. Et qui mérite plus d’une vision pour l’appréhender pleinement !
Que la Force soit avec nous, encore deux ans à attendre !
nb: cette critique ne fait que survoler le film. Pour pleinement l'analyser, il aurait fallu rentrer dans des détails sensibles. Néanmoins, je note mes idées pour plus tard. 2020 sera l'année où je pourrais vraiment faire des parallèles entre les trois trilogies,etc...
{1} Tuer le père. Rechercher le père.
Deux quêtes différentes.
Plus marquées dans cette nouvelle trilogie (et Rogue One) que lors des 6 opus précédents.Et pour cause.
Mais d'abord, revenons sur la figure paternelle telle que vue par George Lucas et dépendant de son vécu. Lucas avait un père qui rêvait de voir son fils reprendre l'entreprise qu'il avait fondée. George n'en avait cure. Il voulait vivre sa vie, tracer son propre chemin. Il est Luke, son papa est Darth Vader ( simplifions ).
Ce rejet du père, il l'insufflera aussi dans son autre grande création : Indiana Jones. Indiana est un nom d'aventure, son vrai nom est Henry Jones Jr. Indy rejette l'héritage de la famille, forge son prénom et laisse tomber le Jr. Alors que son père ne cesse de lui rappeler qui il est.
Mais si ce brave Sean Connery n'est pas aussi noir que Vader c'est pour une raison simple. Lucas n'est pas aux commandes de la saga Indiana Jones, son ami réalisateur Steven Spielberg est derrière la caméra. Et il a beau dire ce qu'il veut dans les making-of, il n'est pas là juste pour mettre son talent au service de Lucas, il sait imposer des choix et des thématiques.Et la thématique la plus chère de Steven Spielberg, c'est la recherche du père, la reconnexion avec lui. Traumatisé par le divorce de ses parents qui le conduira à essentiellement vivre avec sa mère, Spielberg a jalonné sa carrière de tentatives cinématographiques de rassembler sa famille ou de pointer du doigt ce manque , ce trou béant qui l'a animé ( Elliott dans E.T , c'est lui ! Les enfants de divorcés dans Jurassic Park à la recherche d'un parent de substitution ? La fille de Ian Malcolm - Le Monde Perdu - qui vit mal que celui-ci parte si souvent sans elle ? Je continue ? ).
Alors , que croyez-vous qu'il peut bien se passer quand la directrice de Lucasfilm engage J.J Abrams, Gareth Edwards ou Rian Johnson pour s'attaquer à Star Wars ?
Ils sont la génération qui a grandi avec La Guerre des Étoiles. Mais ce ne sont que 3 films. 3 films parmi ceux qui auront marqué les années 80 et 90, et la majeure partie de ces films sont signés Spielberg ou produits par lui.
L'épisode VII est co-écrit et réalisé par J.J Abrams ( l'autre scénariste, a écrit L'empire contre-attaque...et Les aventuriers de l'arche perdue. Réalisé par qui déja ? ). Abrams est l'héritier reconnu de Spielberg. Par ses collaborateurs : Tom Cruise le décrivait comme cela, lui qui avait bossé deux fois avec le grand barbu auparavant. Et par Spielberg lui-même, honneur qu'il n'avais accordé.
J.J est un enfant Amblin, revoyez Super 8 pour vous en convaincre. Son personnage principal, Rey, recherche un père (une famille ), c'est désormais un angle d'attaque Spielbergien.
L'antagoniste cherche à détruire ses figures paternelles, c'est un personnage Lucassien poussé à bout dans sa logique de destruction. Un peu comme les premiers fans de Star Wars perçoivent à George Lucas quand ils évoquent les épisodes I à III.
Rebelote dans Rogue One. Jyn Erso cherche bien plus son père (dans les deux premiers actes ) qu'à aider les rebelles. Et Gareth Edwards sortait de la réalisation de Godzilla, l'hommage le plus marqué et le plus assumé à Jurassic Park depuis...depuis Jurassic Park ! On notera cependant qu'autant Godzilla que Super 8 se concentrait sur une variante : le héros n'était pas en manque de père mais de mère. Histoire de changer un peu une dynamique que le maître a si souvent employée.
Les auteurs embrassent leur héritage culturelle. Star Wars en fait partie, mais apparemment, quelqu'un les a fait bien plus rêver que George Lucas sur le long terme. Hors, si Indiana Jones nous prouve une chose, c'est que les histoires de Lucas s’accommodent très bien des injections de l'ADN cinéma de Steven Spielberg. Ses héritiers et enfants spirituels le savent ou le sentent. Ils l'appliquent en tout cas.
{2} Sur le sujet, votre serviteur s'est fait avoir. J'étais certain qu'une telle épreuve l'attendrait, comme elle a attendu Luke lors de son initiation avec Yoda. Et lorsque les bandes-annonces ont donné un aperçu aquatique de ce passage, j'ai pensé à un concept développé à la base pour l'épisode 7.
Lors de la conception de l'episode 7, l'équipe de production est partie à la recherche de concepts, d'images fortes.
Les premiers dessins et les premiers pas de l'histoire étaient un peu différents. Rey s'appelait Kyra et la planète dépotoir de Jakku avait un autre look ( il y avait des canaux à la Venise par exemple).
Hors , une des idées qui avaient été avancées, était l'exploration des ruines de la seconde Étoile de la Mort qui serait tombée dans un gros lac sur Endor. J'ai crû que cette idée serait reprise comme épreuve de la grotte baignée (c'est le cas de le dire) par le côté obscur. Je me suis trompé. Bien que l'idée (et les images qui iraient avec) est bonne et peut encore être utilisée dans le IX.
Je vous invite à lire les deux ouvrages suivants pour plus de détails.
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dimanche 10 décembre 2017
Silence, on tue.
1995. Michael Mann sort Heat, polar inclassable où deux monstres sacrés du cinéma s’affrontent :
Robert de Niro et Al Pacino.
L’un,De Niro, incarne un braqueur pro, soignant aussi bien son apparence que ses coups. Lorsque que le dernier dérape par la faute d’une tête brûlée qu’il venait de recruter,il se retrouve avec Pacino sur le dos, super-flic cocaïné, aux méthodes diverses allant du scientifique, old school et instinctive extrême.
Au fil de ce jeu du chat et de la souris, les deux hommes en viennent à se respecter malgré les deux mondes distincts auxquels ils appartiennent. Mais l’un est flic, l’autre voleur. L’un veut absolument l’arrêter, l’autre être libre à tout prix, quitte à plaquer femme et foyer dans la foulée.
Heat est de ces films ambitieux et millimétrés qui permettent d’entrer dans la salle, d’en sortir 3 heures plus tard et de se dire « Putain, déjà le générique ? ». En ciselant autant sa réalisation, son montage et son écriture, Michael Mann ( qui signe en fait un remake de son téléfilm L.A Takedown ) offre un spectacle dense et intelligent, documenté et précis.
Le gras, ça n’existe pas dans ce film.
Sans jamais se poser en juge (ou très rarement), Mann présente ses personnages, leurs familles, leurs envies, leurs méthodes, leurs philosophies de vie. Voyou ou gendarme, tout le monde a son histoire, ses liens, ses failles, ses atouts et ses faiblesses. Un braqueur peut être un gentleman , un flic un mari absent (et le beau-père prévenant quand même ) . On comprend pourquoi chacun crée ce sentiment de fidélité chez son équipe. La rencontre entre ces deux poles intervient à la moitié du film ( ils ne partagent que deux scènes ensemble ! ) et provoque un drôle de sentiment. Pas de violence, pas de méchant contre le gentil. Non, une discussion, entre deux êtres avec du vécu, du recul, qui devaient se voir face à face pour se juger, se jauger et confirmer les impressions qu'ils avaient l'un sur l'autre. Des antagonistes par choix de carrières mais pas par idéologie, encore moins manichéenne. Le public est surpris, le public est conquis.
Bien entendu, les deux pointures que sont Al Pacino et Robert De Niro assurent ( ils étaient au somment de leur art à l’époque ) mais c’est le soin apporté aux choix des interprètes des seconds rôles qui enfonce encore plus le clou.
Têtes connues ou en passe de l’être (ou même pas du tout), le choix et la direction des acteurs est à l’image du travail technique : c’est réglé comme du papier à musique. Et la symphonie urbaine et humaine de l’ensemble est un magnum opus enveloppant et magnifique, un chef-d’œuvre absolu maintes fois copié mais jamais égalé.
Même son auteur ne s’y risquera pas, préférant surprendre son monde avec Miami-Vice, faux polar mais vrai film romantique-à-mort. Le véritable auteur sait quand il a atteint l’Everest et qu’il ne pourra plus refaire l’ascension
Mann ne cherche jamais à créer un rythme trépidant pour masquer les trous et les incohérences de son scénario dans un film qui dure 3 heures et ne comportent peut-être quoi, 30 minutes d’action ( dont une scène de fusillade d’anthologie qui réveille vos voisins chaque fois que vous la regarderez sur votre écran).
Et pourquoi ne cache-t-il pas ses erreurs ? Parce qu’il n’y en a pas. Mann a potassé son sujet comme un pro : il sait qu’il n’est ni truand ni policier et qu’il va devoir gratter les surfaces de ces mondes pour fournir un travail exemplaire et ne pas, surtout pas, se reposer sur ses lauriers et ses acquis.La marque des vrais grands.
Robert de Niro et Al Pacino.
L’un,De Niro, incarne un braqueur pro, soignant aussi bien son apparence que ses coups. Lorsque que le dernier dérape par la faute d’une tête brûlée qu’il venait de recruter,il se retrouve avec Pacino sur le dos, super-flic cocaïné, aux méthodes diverses allant du scientifique, old school et instinctive extrême.
Au fil de ce jeu du chat et de la souris, les deux hommes en viennent à se respecter malgré les deux mondes distincts auxquels ils appartiennent. Mais l’un est flic, l’autre voleur. L’un veut absolument l’arrêter, l’autre être libre à tout prix, quitte à plaquer femme et foyer dans la foulée.
Heat est de ces films ambitieux et millimétrés qui permettent d’entrer dans la salle, d’en sortir 3 heures plus tard et de se dire « Putain, déjà le générique ? ». En ciselant autant sa réalisation, son montage et son écriture, Michael Mann ( qui signe en fait un remake de son téléfilm L.A Takedown ) offre un spectacle dense et intelligent, documenté et précis.
Le gras, ça n’existe pas dans ce film.
Sans jamais se poser en juge (ou très rarement), Mann présente ses personnages, leurs familles, leurs envies, leurs méthodes, leurs philosophies de vie. Voyou ou gendarme, tout le monde a son histoire, ses liens, ses failles, ses atouts et ses faiblesses. Un braqueur peut être un gentleman , un flic un mari absent (et le beau-père prévenant quand même ) . On comprend pourquoi chacun crée ce sentiment de fidélité chez son équipe. La rencontre entre ces deux poles intervient à la moitié du film ( ils ne partagent que deux scènes ensemble ! ) et provoque un drôle de sentiment. Pas de violence, pas de méchant contre le gentil. Non, une discussion, entre deux êtres avec du vécu, du recul, qui devaient se voir face à face pour se juger, se jauger et confirmer les impressions qu'ils avaient l'un sur l'autre. Des antagonistes par choix de carrières mais pas par idéologie, encore moins manichéenne. Le public est surpris, le public est conquis.
Bien entendu, les deux pointures que sont Al Pacino et Robert De Niro assurent ( ils étaient au somment de leur art à l’époque ) mais c’est le soin apporté aux choix des interprètes des seconds rôles qui enfonce encore plus le clou.
Têtes connues ou en passe de l’être (ou même pas du tout), le choix et la direction des acteurs est à l’image du travail technique : c’est réglé comme du papier à musique. Et la symphonie urbaine et humaine de l’ensemble est un magnum opus enveloppant et magnifique, un chef-d’œuvre absolu maintes fois copié mais jamais égalé.
Même son auteur ne s’y risquera pas, préférant surprendre son monde avec Miami-Vice, faux polar mais vrai film romantique-à-mort. Le véritable auteur sait quand il a atteint l’Everest et qu’il ne pourra plus refaire l’ascension
Mann ne cherche jamais à créer un rythme trépidant pour masquer les trous et les incohérences de son scénario dans un film qui dure 3 heures et ne comportent peut-être quoi, 30 minutes d’action ( dont une scène de fusillade d’anthologie qui réveille vos voisins chaque fois que vous la regarderez sur votre écran).
Et pourquoi ne cache-t-il pas ses erreurs ? Parce qu’il n’y en a pas. Mann a potassé son sujet comme un pro : il sait qu’il n’est ni truand ni policier et qu’il va devoir gratter les surfaces de ces mondes pour fournir un travail exemplaire et ne pas, surtout pas, se reposer sur ses lauriers et ses acquis.La marque des vrais grands.
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Geoffrey
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mercredi 6 décembre 2017
The(l)ma
La Suède a la cote depuis quelques années, merci Stieg Larson et sa trilogie Millenium. Mais voila que l’on vient nous rappeler qu’il serait idiot d’oublier sa cousine la Norvège.
Thelma est une jeune étudiante en biologie à l’université. Un peu solitaire, un peu déphasée, sa vie est rythmée par les cours, les séances en bibliothèque et les appels téléphoniques de ses parents qui semblent la surveiller chaque soir ( merci Apple et Facebook ). Des parents ultra-cathos qui semblent faire peser une chape de plomb sur leur fille unique. Manifestement mal dans sa peau, Thelma finit par craquer et convulse en pleine bibli devant tout un tas d’étudiant dont la belle Anja. Les deux jeunes femmes se rapprochent au point de nouer une relation amoureuse compliquée. Dans le même temps, les questionnements existentiels de Thelma coïncident avec des événements étranges, voire surnaturels…
Le réalisateur Joachim Trier s’avance sur le chemin balisé du passage à l’âge adulte mâtiné de paranormal : c’est Carrie de Stephen King, c’est Spider-Man ou les mutants chez Marvel, c’est même malheureusement des séries comme Smallville ou Roswell (ou Buffy pour ceux qui voudraient la qualité, ne soyons pas dans le négatif absolu ).
Bien employé,le surnaturel devient le catalyseur qui permet de mettre en lumière les difficultés et les combats pour s’intégrer aux autres et se différencier de ses parents, des modèles parfois encombrants qui ne vous lèguent pas que de l’ADN mais aussi une éducation et des convictions qui ne s’accordent pas forcément avec vos aspirations profondes ( comment aborder les sciences modernes en sortant d’une famille tellement croyante qu’elle ne remet pas en cause le dogme des 6000 ans de la Terre – et bonjour la façon dont ils doivent percevoir l’homosexualité -, comment comprendre des parents ayant trouvé Dieu et exerçant comme médecin moderne ? ) .
Les thèmes abordés ne manquent pas et ne le sont jamais grossièrement ou survolés. Le dosage est celui qu’il faut pour que le spectateur se pose des questions sans qu’on ne lui assène les réponses.
Dans ce parcours initiatique tordu, les symboles ne manquent pas : du plus évident serpent au plus obscur corbeau, ils passent, ont de l’importance mais ne phagocytent pas l’image qui reste dans une veine de réalisme froid (le ciel est couvert presque en permanence ) , marquant l’irruption de fantastique de manière plus marquante.
On regrettera une scène usant des CGI qui aurait gagné à être montée un peu autrement.Mais l’angoisse ne tient pas tant aux manifestations des capacités de Thelma que du cortège des affres bien terre à terre qu’elle subit, son isolement et son incapacité à y faire face ( la scène de la piscine ) , une famille abusive mais aimante ( enfer pavé de bonnes intentions ? ) créent une ambiance anxiogène qui, malgré une certaine lenteur du film, fascine, révulse, fait réagir. Autant victime que capable coupable,le destin de Thelma nous attrape et demande à ce que l'on assiste à ce que le futur lui réserve et ce qu'elle réserve au futur.
Thelma est incarnée par Eli Harboe, jeune actrice norvégienne au jeu tout en subtilité. Ses expressions, ses regards, tout concourt à la rendre immédiatement attachante et à se prendre de sympathie et d’empathie pour elle. La belle Anja, est interprétée par l’actrice américano-norvégienne Kaya Wilkins. L’alchimie entre elle deux forme le cœur battant du film.
Harboe se donne âme et corps dans son interprétation, ses crises - appelons-les d'épilepsie - ne semblent pas clichées et illustrent à la fois cet esprit qui s'ouvre et lutte, ce corps confronté à de nouveaux stimulus ( changement d'environnement, expérimentation de certains breuvages que la religion réprouve, désirs charnels inassouvis et inavouables de par son éducation ). L'âme se replie sur elle-même en même temps que le corps. Jusque dans cet ultime spasme filmique dont je ne dirais rien.
Un film venu du nord qui ne peut pas laisser froid.
Thelma est une jeune étudiante en biologie à l’université. Un peu solitaire, un peu déphasée, sa vie est rythmée par les cours, les séances en bibliothèque et les appels téléphoniques de ses parents qui semblent la surveiller chaque soir ( merci Apple et Facebook ). Des parents ultra-cathos qui semblent faire peser une chape de plomb sur leur fille unique. Manifestement mal dans sa peau, Thelma finit par craquer et convulse en pleine bibli devant tout un tas d’étudiant dont la belle Anja. Les deux jeunes femmes se rapprochent au point de nouer une relation amoureuse compliquée. Dans le même temps, les questionnements existentiels de Thelma coïncident avec des événements étranges, voire surnaturels…
Le réalisateur Joachim Trier s’avance sur le chemin balisé du passage à l’âge adulte mâtiné de paranormal : c’est Carrie de Stephen King, c’est Spider-Man ou les mutants chez Marvel, c’est même malheureusement des séries comme Smallville ou Roswell (ou Buffy pour ceux qui voudraient la qualité, ne soyons pas dans le négatif absolu ).
Bien employé,le surnaturel devient le catalyseur qui permet de mettre en lumière les difficultés et les combats pour s’intégrer aux autres et se différencier de ses parents, des modèles parfois encombrants qui ne vous lèguent pas que de l’ADN mais aussi une éducation et des convictions qui ne s’accordent pas forcément avec vos aspirations profondes ( comment aborder les sciences modernes en sortant d’une famille tellement croyante qu’elle ne remet pas en cause le dogme des 6000 ans de la Terre – et bonjour la façon dont ils doivent percevoir l’homosexualité -, comment comprendre des parents ayant trouvé Dieu et exerçant comme médecin moderne ? ) .
Les thèmes abordés ne manquent pas et ne le sont jamais grossièrement ou survolés. Le dosage est celui qu’il faut pour que le spectateur se pose des questions sans qu’on ne lui assène les réponses.
Dans ce parcours initiatique tordu, les symboles ne manquent pas : du plus évident serpent au plus obscur corbeau, ils passent, ont de l’importance mais ne phagocytent pas l’image qui reste dans une veine de réalisme froid (le ciel est couvert presque en permanence ) , marquant l’irruption de fantastique de manière plus marquante.
On regrettera une scène usant des CGI qui aurait gagné à être montée un peu autrement.Mais l’angoisse ne tient pas tant aux manifestations des capacités de Thelma que du cortège des affres bien terre à terre qu’elle subit, son isolement et son incapacité à y faire face ( la scène de la piscine ) , une famille abusive mais aimante ( enfer pavé de bonnes intentions ? ) créent une ambiance anxiogène qui, malgré une certaine lenteur du film, fascine, révulse, fait réagir. Autant victime que capable coupable,le destin de Thelma nous attrape et demande à ce que l'on assiste à ce que le futur lui réserve et ce qu'elle réserve au futur.
Thelma est incarnée par Eli Harboe, jeune actrice norvégienne au jeu tout en subtilité. Ses expressions, ses regards, tout concourt à la rendre immédiatement attachante et à se prendre de sympathie et d’empathie pour elle. La belle Anja, est interprétée par l’actrice américano-norvégienne Kaya Wilkins. L’alchimie entre elle deux forme le cœur battant du film.
Harboe se donne âme et corps dans son interprétation, ses crises - appelons-les d'épilepsie - ne semblent pas clichées et illustrent à la fois cet esprit qui s'ouvre et lutte, ce corps confronté à de nouveaux stimulus ( changement d'environnement, expérimentation de certains breuvages que la religion réprouve, désirs charnels inassouvis et inavouables de par son éducation ). L'âme se replie sur elle-même en même temps que le corps. Jusque dans cet ultime spasme filmique dont je ne dirais rien.
Un film venu du nord qui ne peut pas laisser froid.
samedi 2 décembre 2017
Je suis un suicide (ou l'angoisse de la chauve-souris face à la solitude )
Le cross-over (particulièrement affreux ) La Nuit Des Monstres derrière nous, la série Batman peut continuer son bonhomme de chemin.
Suite aux événements du précédent tome, Batman était sur la piste de Hugo Strange (dont le cas a été réglé dans l’affreux récite dont je parle quelques plus haut ) et du Psycho-Pirate, un félon dont le pouvoir est particulièrement retors: il peut vous faire ressentir ce qu’il veut (ou ce que vous voulez si vous y mettez le prix ) .
Ce dernier est détenu par Bane, le seul homme à avoir brisé Batman ( voir Knightfall ou le film The Dark Knight Rises ) , sur l’île de Santa Prisca, un micro-état insulaire ,qui n’est autre que la prison où il a vu le jour et qui l’a retenu avant qu’il ne s’évade, et dont il a pris les commandes. Si retrouver le Psycho-Pirate est à ce point vital à Batman, c’est qu’il a , avant de disparaître, inoculé une peur panique permanente à Claire, sa nouvelle alliée.
Pas folle la chauve-souris, Batman accepte la proposition de Amanda Waller, la chef de la Suicide Squad : Bruce aura l’autorisation de constituer son propre escadron suicide pour infiltrer Santa Prisca… à partir des prisonniers de l’asile d’Arkham s’il lui livre le pirate ( après qu’il ait soigné Claire, cela va sans dire ). Mais peut-il se fier à des hommes et des femmes seulement appâtés par l’envie d’écourter leur peine d’emprisonnement ? Et surtout, Batman est-il vraiment prêt à dirigé un escadron suicide, dont la définition même est d’être constitué de pions à la vie sacrifiable ? Et qu’en est-il de son jugement dès lors que Selina Kyle, Catwoman, se retrouve dans cette équation ?
Tom King est un petit malin et un petit roublard. Le premier chapitre pose les personnages ( connus ou non ) qui formeront l’équipe de choc de Batman ainsi que certains enjeux et offre même des informations qui laisse songeur ( attendez un peu de lire la dernière page consacrée à la dernière recrue du groupe ). Ensuite seulement, Batman se lance à l’assaut de l’île prison. En bon stratège, il a placé ses « co-équipiers » à des postes clés. Batman, l’homme qui ne fait rien ( faits, gestes, paroles) sans but stratégique a-t-il vraiment cette fois-ci les moyens de réussir ? Tom King livre un récit d’infiltration et d’action assez balisé. On se doute trop facilement de certains retournements de veste ou de situation. Mais le véritable enjeu du récit n’est pas là. Il est dans la voix-off.
Batman et Catwoman, Bat et Cat, Bruce et Selina…ces deux-là se tournent autour depuis des années ( dans cette nouvelle continuité , ils n’ont jamais été un couple, seulement des partenaires sexuels ) , au point qu’ils connaissent l’identité de l’autre.Trop fiers et trop obtus pour admettre avoir besoin de quelqu’un dans leurs vies, ces deux têtes de mules sont pourtant des romantiques au plus au point. Et de péripéties en péripéties, de dangers en dangers, la narration du récit se fait au rythme de diverses lettres qu’ils n’ont sans doute jamais osé s’envoyer. Par-dessus une intrigue dessinée prenante mais au finalement assez simple, Tom King complexifie un peu plus la psyché du chat et de la chauve-souris, dévoilant des fêlures qu’ils ne peuvent et ne veulent dévoiler qu’à eux.
Le récit de Bruce nous rappelle si besoin était que sous son masque, il reste un enfant traumatisé à la recherche d’une personne qui comprenne pourquoi il porte un costume d’Halloween chaque nuit. Plusieurs scénaristes, dont Grant Morrison dans son énorme passage sur le chevalier noir, avaient pointé du doigt que Batman était la réponse enfantine à un trauma porté par un homme adulte.
King va plus loin en rajoutant une petite phrase, qui donne son titre à l’album , lorgnant vers une sorte d’instinct de mort. Finement écrit ,le récit qu’écrit King fait que Bruce ouvre tout : son cœur , sa psyché, ses aspirations.
Et accessoirement, ouvre nos vannes. Les mots sonnent juste, les phrases touchent leur cible, les larmes coulent sur nos joues. Ce qui se joue sur Santa Prisca, c’est une partie d’échecs que tout le monde chez les lecteurs sait gagnée d’avance, ce qui se joue entre Bruce et Selina, c’est une nouvelle étape dans leur relation, c’est le cœur du récit, un cœur battant et se débattant entre ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent être et avoir.
Cet aspect est exploré plus avant dans les derniers chapitres de ce tome, centré entièrement sur eux deux. Rien qu’eux deux. Tom King nous montre Bruce et Selina « en rendez-vous » , loin des clichés des comédies romantiques à deux balles mais proches des sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Jamais, depuis, Cœur de Silence ( disponible dans "Paul Dini présente Batman, tome 2, chez Urban Comics ) le lien qui unit nos deux amants maudits n’aura été aussi bien écrit, décrit…
Tenez-le vous pour dit, Batman n’aura jamais été aussi tragique et romantique, il y a dans ce recueil les ingrédients d’un grand et beau drame humain, de ceux qui peuvent entrer dans la légende, si vous acceptez de les laisser entrer dans votre bibliothèque. C’est beau, c’est fort, et si j’en crois les previews outre-atlantique, ça ne peut qu’aller cresendo. King fait bouger les lignes du bat-verse et on peut qu’espère qu’une chose, que DC ne fasse pas machine arrière d’ici quelques années. Parce que ces deux-là sont faits l’un pour l’autre et il est grand temps que les éditeurs et les auteurs sortent de la zone de confort inhérente au concept batmanien (batmanesque) et se décarcassent pour faire avec de nouvelles donnes.
Suite aux événements du précédent tome, Batman était sur la piste de Hugo Strange (dont le cas a été réglé dans l’affreux récite dont je parle quelques plus haut ) et du Psycho-Pirate, un félon dont le pouvoir est particulièrement retors: il peut vous faire ressentir ce qu’il veut (ou ce que vous voulez si vous y mettez le prix ) .
Ce dernier est détenu par Bane, le seul homme à avoir brisé Batman ( voir Knightfall ou le film The Dark Knight Rises ) , sur l’île de Santa Prisca, un micro-état insulaire ,qui n’est autre que la prison où il a vu le jour et qui l’a retenu avant qu’il ne s’évade, et dont il a pris les commandes. Si retrouver le Psycho-Pirate est à ce point vital à Batman, c’est qu’il a , avant de disparaître, inoculé une peur panique permanente à Claire, sa nouvelle alliée.
Pas folle la chauve-souris, Batman accepte la proposition de Amanda Waller, la chef de la Suicide Squad : Bruce aura l’autorisation de constituer son propre escadron suicide pour infiltrer Santa Prisca… à partir des prisonniers de l’asile d’Arkham s’il lui livre le pirate ( après qu’il ait soigné Claire, cela va sans dire ). Mais peut-il se fier à des hommes et des femmes seulement appâtés par l’envie d’écourter leur peine d’emprisonnement ? Et surtout, Batman est-il vraiment prêt à dirigé un escadron suicide, dont la définition même est d’être constitué de pions à la vie sacrifiable ? Et qu’en est-il de son jugement dès lors que Selina Kyle, Catwoman, se retrouve dans cette équation ?
Tom King est un petit malin et un petit roublard. Le premier chapitre pose les personnages ( connus ou non ) qui formeront l’équipe de choc de Batman ainsi que certains enjeux et offre même des informations qui laisse songeur ( attendez un peu de lire la dernière page consacrée à la dernière recrue du groupe ). Ensuite seulement, Batman se lance à l’assaut de l’île prison. En bon stratège, il a placé ses « co-équipiers » à des postes clés. Batman, l’homme qui ne fait rien ( faits, gestes, paroles) sans but stratégique a-t-il vraiment cette fois-ci les moyens de réussir ? Tom King livre un récit d’infiltration et d’action assez balisé. On se doute trop facilement de certains retournements de veste ou de situation. Mais le véritable enjeu du récit n’est pas là. Il est dans la voix-off.
Le récit de Bruce nous rappelle si besoin était que sous son masque, il reste un enfant traumatisé à la recherche d’une personne qui comprenne pourquoi il porte un costume d’Halloween chaque nuit. Plusieurs scénaristes, dont Grant Morrison dans son énorme passage sur le chevalier noir, avaient pointé du doigt que Batman était la réponse enfantine à un trauma porté par un homme adulte.
King va plus loin en rajoutant une petite phrase, qui donne son titre à l’album , lorgnant vers une sorte d’instinct de mort. Finement écrit ,le récit qu’écrit King fait que Bruce ouvre tout : son cœur , sa psyché, ses aspirations.
Et accessoirement, ouvre nos vannes. Les mots sonnent juste, les phrases touchent leur cible, les larmes coulent sur nos joues. Ce qui se joue sur Santa Prisca, c’est une partie d’échecs que tout le monde chez les lecteurs sait gagnée d’avance, ce qui se joue entre Bruce et Selina, c’est une nouvelle étape dans leur relation, c’est le cœur du récit, un cœur battant et se débattant entre ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent être et avoir.
Cet aspect est exploré plus avant dans les derniers chapitres de ce tome, centré entièrement sur eux deux. Rien qu’eux deux. Tom King nous montre Bruce et Selina « en rendez-vous » , loin des clichés des comédies romantiques à deux balles mais proches des sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Jamais, depuis, Cœur de Silence ( disponible dans "Paul Dini présente Batman, tome 2, chez Urban Comics ) le lien qui unit nos deux amants maudits n’aura été aussi bien écrit, décrit…
Tenez-le vous pour dit, Batman n’aura jamais été aussi tragique et romantique, il y a dans ce recueil les ingrédients d’un grand et beau drame humain, de ceux qui peuvent entrer dans la légende, si vous acceptez de les laisser entrer dans votre bibliothèque. C’est beau, c’est fort, et si j’en crois les previews outre-atlantique, ça ne peut qu’aller cresendo. King fait bouger les lignes du bat-verse et on peut qu’espère qu’une chose, que DC ne fasse pas machine arrière d’ici quelques années. Parce que ces deux-là sont faits l’un pour l’autre et il est grand temps que les éditeurs et les auteurs sortent de la zone de confort inhérente au concept batmanien (batmanesque) et se décarcassent pour faire avec de nouvelles donnes.
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Geoffrey
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jeudi 30 novembre 2017
Le cœur noir du monde.
1933. La crise économique a secoué et secoue encore le monde. Un monde blessé par la guerre et qui s’apprête à y replonger.
Le monde est chamboulé, et celui du cinéma s’apprête à l’être également.
King Kong sort sur les écrans.
Ses réalisateurs, Merian Cooper et Ernest Shoedsack délivrent un film qui fait encore date aujourd’hui. Mais d’où vient-il, ce puissant Kong, premier mythe généré par le cinéma ? Quelles forces obscures l’ont fait surgir comme une évidence à deux réalisateurs qui jusque-là tournaient au plus près du réel ?
C’est la question que s’est posée Michel Le Bris. Et pour y répondre, il nous entraîne dans la vie de ces deux hommes. Une vie faite d’aventures, de dangers, de traumas à extérioriser.
Nos deux lascars se rencontrent en 1919, dans une Vienne laissée aux mains des troupes alliées Italiennes qui, comme tout bon occupant, met à sac , impose sa loi du vainqueur au vaincu. Cooper est un pilote , Ernest , lui, a filmé l’horreur des tranchées. Une amitié indéfectible va naître en eux deux. Elle les mènera dans les régions les plus meurtrières du monde : l’Europe de l’est post-révolution rouge , les jungles du Siam à la recherche des tigres mangeurs d’hommes, etc…jusque dans cet univers impitoyable. Non, pas Dallas, Hollywood ! Et la création de la Pan Am, comme ça, en passant.
Coop et Shorty ( comme ils se surnommaient ) ont traversé les révolutions humaines et techniques. C'est autant à une biographie historique incroyable qu'à un morceau de l'histoire du cinéma que l'écrivain nous convie.
Michel Le Bris s’attache à Cooper comme protagoniste principal. Bien qu’extrêmement riche en personnages, le roman n’est pas à proprement parler choral, et ce même si divers courriers envoyés au héros donnent le point de vue et les ressentis de plusieurs de ses compagnons. En traversant le monde , Cooper et son nouveau meilleur ami fuient une vie ordinaire. Comment revenir derrière un bureau après avoir vécu la grand boucherie de 14-18, assisté aux horreurs de l’humain sur l’humain ? La guerre a ouvert un gouffre en eux et ils n’auront de cesse que de vouloir le définir.
Armé d’un souffle épique et d’un sens du mot (les phrases et leurs enchaînements sont une mécanique suisse des mieux réglées ), Le Bris narre les aventures de deux êtres hors du commun et des hommes et femmes, souvent remarquables, qui les ont suivis au cours de leurs vies. D’un coin à l’autre du monde , le sudiste conservateur Cooper farouchement anticommuniste mais détestant que l’homme exploite ses frères plus faibles , et son géant ami du Midwest agricole vont traverser les recoins inconnus, cherchant le cœur noir du monde.
Sur plus de 900 pages , Michel Le Bris nous entraîne dans des aventures parfois à peine croyables. Pourtant, l’homme a passé 8 ans à écrire son roman, 8 ans de recherches, de compulsion d’ouvrages, pour coller au plus près au réel, donnant à cette grande fresque littéraire une substance qui serait au roman ce que Cecile B.Demille était au cinéma. La fluidité de l’ensemble est remarquable, alors que l’auteur prend soin de , très souvent , raconter à reculons des événements : le flashback intervient souvent mais jamais il ne nous perd. Comment y aller autrement, alors que le héros et ses amis les plus proches vivent dans un présent hanté par le passé ?
Alors que les pensées de Cooper nous sont accessibles ( personnage-outil de l’auteur oblige ), Le Bris prend soin de définir les attitudes, les gestes des personnages secondaires ( Ernest donc, mais aussi Fay Wray, Juan Trippe ; google est votre ami ) pour illustrer par le verbe leurs états d’esprits, dessiner les contours de leurs personnalités et faire apparaître la flamme qui les anime. Autant feu réchauffant, guide dans les ténèbres mais peut-être aussi cet incendie personnel qui pourrait les consumer s’il devait le laisser se répandre en eux.
Grand roman d’aventures , reconstitution d’une époque et de lieux tour à tour exotiques, dangereux ou communs, Kong est un pavé immense ; immense en page ,immense en mots, immense en émotions fortes et en expériences et expérimentations.
Kong est un livre servi par le talent d’un auteur dont l’ambition romanesque est manifeste, presque palpable,tel un Shoedsack dont la caméra restait à portée de main pour capturer l’essence d’un moment, Le Bris se sert de sa plume pour nous coller dans une vie tumultueuse et riche en événements, presque trop pour y croire si cela avait été une pure fiction. Mais la réalité dépeinte ici écrase toute fiction. Sauf celle de King Kong , cette fiction empreinte de la réalité de ses pères, de leurs expériences uniques, tragiques, folles et belles. Les tumultes de l'Histoire, ce maelström indomptable,les affres et les joies privés ainsi que la découverte de mondes presque perdus,tous nous poussent inexorablement, page après page, vers Skull Island, vers cet espace infernal et vert (en noir&blanc pourtant) où réside une créature paradoxale, une somme d'expériences et de visions du monde. Vers une vision fictionnelle conçue pour dire le réel.
Écrire, c'est un peu comme jouer aux échecs face à soi-même : il faut placer ses pièces, les faire se mouvoir avec intelligence et y mettre ses tripes et son cœur. Alors seulement, le lecteur qui assistera à la partie se sentira concerné, captivé et à la merci de ce talent précieux qu'est celui de faire vivre devant nous des personnages et des situations capables de nous soulever, de nous émouvoir , de nous passionner. Et transmette cette flamme qui animait les personnages à nos esprits, le temps d'une lecture, ou le temps d'une vie...
Le monde est chamboulé, et celui du cinéma s’apprête à l’être également.
King Kong sort sur les écrans.
Ses réalisateurs, Merian Cooper et Ernest Shoedsack délivrent un film qui fait encore date aujourd’hui. Mais d’où vient-il, ce puissant Kong, premier mythe généré par le cinéma ? Quelles forces obscures l’ont fait surgir comme une évidence à deux réalisateurs qui jusque-là tournaient au plus près du réel ?
C’est la question que s’est posée Michel Le Bris. Et pour y répondre, il nous entraîne dans la vie de ces deux hommes. Une vie faite d’aventures, de dangers, de traumas à extérioriser.
Nos deux lascars se rencontrent en 1919, dans une Vienne laissée aux mains des troupes alliées Italiennes qui, comme tout bon occupant, met à sac , impose sa loi du vainqueur au vaincu. Cooper est un pilote , Ernest , lui, a filmé l’horreur des tranchées. Une amitié indéfectible va naître en eux deux. Elle les mènera dans les régions les plus meurtrières du monde : l’Europe de l’est post-révolution rouge , les jungles du Siam à la recherche des tigres mangeurs d’hommes, etc…jusque dans cet univers impitoyable. Non, pas Dallas, Hollywood ! Et la création de la Pan Am, comme ça, en passant.
Coop et Shorty ( comme ils se surnommaient ) ont traversé les révolutions humaines et techniques. C'est autant à une biographie historique incroyable qu'à un morceau de l'histoire du cinéma que l'écrivain nous convie.
Michel Le Bris s’attache à Cooper comme protagoniste principal. Bien qu’extrêmement riche en personnages, le roman n’est pas à proprement parler choral, et ce même si divers courriers envoyés au héros donnent le point de vue et les ressentis de plusieurs de ses compagnons. En traversant le monde , Cooper et son nouveau meilleur ami fuient une vie ordinaire. Comment revenir derrière un bureau après avoir vécu la grand boucherie de 14-18, assisté aux horreurs de l’humain sur l’humain ? La guerre a ouvert un gouffre en eux et ils n’auront de cesse que de vouloir le définir.
Armé d’un souffle épique et d’un sens du mot (les phrases et leurs enchaînements sont une mécanique suisse des mieux réglées ), Le Bris narre les aventures de deux êtres hors du commun et des hommes et femmes, souvent remarquables, qui les ont suivis au cours de leurs vies. D’un coin à l’autre du monde , le sudiste conservateur Cooper farouchement anticommuniste mais détestant que l’homme exploite ses frères plus faibles , et son géant ami du Midwest agricole vont traverser les recoins inconnus, cherchant le cœur noir du monde.
Sur plus de 900 pages , Michel Le Bris nous entraîne dans des aventures parfois à peine croyables. Pourtant, l’homme a passé 8 ans à écrire son roman, 8 ans de recherches, de compulsion d’ouvrages, pour coller au plus près au réel, donnant à cette grande fresque littéraire une substance qui serait au roman ce que Cecile B.Demille était au cinéma. La fluidité de l’ensemble est remarquable, alors que l’auteur prend soin de , très souvent , raconter à reculons des événements : le flashback intervient souvent mais jamais il ne nous perd. Comment y aller autrement, alors que le héros et ses amis les plus proches vivent dans un présent hanté par le passé ?
Alors que les pensées de Cooper nous sont accessibles ( personnage-outil de l’auteur oblige ), Le Bris prend soin de définir les attitudes, les gestes des personnages secondaires ( Ernest donc, mais aussi Fay Wray, Juan Trippe ; google est votre ami ) pour illustrer par le verbe leurs états d’esprits, dessiner les contours de leurs personnalités et faire apparaître la flamme qui les anime. Autant feu réchauffant, guide dans les ténèbres mais peut-être aussi cet incendie personnel qui pourrait les consumer s’il devait le laisser se répandre en eux.
Grand roman d’aventures , reconstitution d’une époque et de lieux tour à tour exotiques, dangereux ou communs, Kong est un pavé immense ; immense en page ,immense en mots, immense en émotions fortes et en expériences et expérimentations.
Kong est un livre servi par le talent d’un auteur dont l’ambition romanesque est manifeste, presque palpable,tel un Shoedsack dont la caméra restait à portée de main pour capturer l’essence d’un moment, Le Bris se sert de sa plume pour nous coller dans une vie tumultueuse et riche en événements, presque trop pour y croire si cela avait été une pure fiction. Mais la réalité dépeinte ici écrase toute fiction. Sauf celle de King Kong , cette fiction empreinte de la réalité de ses pères, de leurs expériences uniques, tragiques, folles et belles. Les tumultes de l'Histoire, ce maelström indomptable,les affres et les joies privés ainsi que la découverte de mondes presque perdus,tous nous poussent inexorablement, page après page, vers Skull Island, vers cet espace infernal et vert (en noir&blanc pourtant) où réside une créature paradoxale, une somme d'expériences et de visions du monde. Vers une vision fictionnelle conçue pour dire le réel.
Écrire, c'est un peu comme jouer aux échecs face à soi-même : il faut placer ses pièces, les faire se mouvoir avec intelligence et y mettre ses tripes et son cœur. Alors seulement, le lecteur qui assistera à la partie se sentira concerné, captivé et à la merci de ce talent précieux qu'est celui de faire vivre devant nous des personnages et des situations capables de nous soulever, de nous émouvoir , de nous passionner. Et transmette cette flamme qui animait les personnages à nos esprits, le temps d'une lecture, ou le temps d'une vie...
jeudi 2 novembre 2017
Gotham-zilla.
Batman – La nuit des monstres , un crossover en 6 chapitres entre les séries Batman, Nightwing et Detective Comics ( soit deux épisodes de chaque série, CQFD) a débarqué en VF à la fin du mois d’Octobre.
Il se situe entre les tomes 1 et 2 de ces 3 séries ( je parle des éditions VF of course ).
Souvenez-vous : lors des premiers numéros de Batman scénarisé par Tom King, divers personnages se donnaient ou tentaient de se donner la mort en parlant d’une tempête imminente et des monstres qui arriveraient avec elle.
Et bien, ça ne loupe pas, la tempête arrive et l’on devine au titre que les monstres seront également de la partie, ambiance !
Dans un souci de cohérence entre les séries, les scénaristes Tom King (Batman), Tim Seeley ( Nightwing) et James Tynion IV ( Detective Comics ) ont écrit le pitch de chacun de leurs épisodes et confié le tout au scénariste Steve Orlando pour qu’il écrive les 6 scripts.
La méthode est loin d’être bête car les dernières tentatives d’histoires gothamites impliquant plusieurs écrivains souffraient parfois de légers soucis : répétitions , faux-raccords ( oui, je sais, c’est une erreur de cinéma mais vous aurez saisi le concept ).
Batman Eternal et Batman&Robin Eternal avaient souffert de ces travers et chercher à les éliminer est des plus louables.
Alors que grondent les vents, que les vagues frappent les côtes et que la pluie tombe si fort que l’inondation de l’An Zéro risque d’être revue comme une anicroche, quelque chose s’anime dans une des morgues de la ville. La chair froide et flasque de quatre défunts s’anime, se réanime sous des formes monstrueuses. Ayant décidé d’aider à l’évacuation des civils de Gotham City ( parce que les forces de l’ordre sont des bras cassés même pour ça à Gotham il faut croire ) , Batman et l’équipe qu’il entraîne avec Batwoman sont confrontés à des créatures hideuses et destructrices. Heureusement que Dick Grayson passait par là pour filer un coup de main.
Sortir Batman (et sa famille/équipe) de leur zone de confort aussi. Si Batounet d’amour a l’habitude d’affronter des menaces autrement plus bigger than life avec la Justice League , le reste des héros de Gotham est bien plus souvent confronté à des vilains certes hauts en couleurs mais au final plus ou moins terre-à-terre. Cependant, le run récent de Scott Snyder avait ouvert des portes vers des folies visuelles parfois dingues, portées par le trait de Greg Capullo, qui s’était révélé l’homme idéal pour illustrer les démentes idées de son scénariste ( ses années sur Spawn l’avaient formé à cette mission).
Hélas, trois fois hélas … c’est de la merde. Orlando n’a pas le talent de Snyder, et les dessinateurs, interchangeables au possible de cette histoire, n’ont pas la moindre ambition narrative ou visuelle.
Un problème de forme et de mise en forme ainsi que de fond, aussi boursoufflé que le visage d’un ado boutonneux qui se serait porté volontaire pour porter les excroissances purulentes de toute sa bande d’amis.
Puisqu’il s’agit d’un crossover, il est de bon ton d’utiliser la majorité des personnages des séries impliquées. C’est donc pour cette raison que l’une des intrigues secondaires, à savoir planquer les gothamites dans des grottes et les faire surveiller par Orphan et Spoiler , est mise en place. Du remplissage pour caser nos deux héroïnes et démontrer leurs capacités à gérer sans l’aide des « grands » quand il le faut.
Pendant ce temps, Batman et Batwoman, en moto, font le tour des monstres en tentant de les abattre. Pendant au moins 4 chapitres.
Lancés à toutes berzingues, nos héros cousins germains font du surplace. Et vous n’échapperez pas aux sidekicks contaminés qui se transforment en abominations parce qu’on est plus à un cliché près. Mollement écrit, jamais divertissant ou intelligent, La nuit des monstres se paye le luxe de griller sa seule bonne idée pour en faire un spectacle Godzillesque étiré sur une longueur excessive quand un autre traitement pouvait faire ressortir la pertinence du propos développé par l’antagoniste qu’est Hugo Strange. Un Hugo Strange ridiculisé au possible et bien moins finaud qu’il ne devrait être.
Et alors que Gotham a subi en une nuit toute la destruction possible ( au pif, le dernier Godzilla + Pacific Rim ) , tout finit bien car la Justice League vient tout nettoyer et reconstruire en deux temps trois mouvements. Inutile et inconséquent , les rares bonnes idées d’exploration de la psyché de Bruce Wayne (provenant sans doute de Tom King ) sont malmenées et à peine développées. Triste constat pour un triste spectacle. Un faux pas gênant pour l’univers du Chevalier Noir.
D’autant plus gênant que le lecteur des séries (surtout les deux centrées sur Batman ) doivent en passer par là pour avoir la résolution d’une intrigue bien mieux entamée par Tom King et sans doute deviner quelques graines qui pousseront sous les mains vertes de James Tynion IV dans leurs séries respectives. Gageons que ce mauvais moment passé, la qualité sera de nouveau au rendez-vous.
Dans cette débacle, il ne reste à sauver que les couvertures réalisées par Tim Sale, même celles de Yannick Paquette restent peu recommandables (et je l’imagine bien les dessiner dépité tant le bonhomme est talentueux en temps normal ).
Néanmoins, sachez que Batman face à des monstres difformes issus de la science folle ou même face à un être surnaturel n’est pas synonyme de bêtise crasse comme dans l’ouvrage qui nous a occupé : Urban a eu la bonne idée de ré-éditer « Batman et les monstres » & « Batman et le moine fou » de Matt Wagner dans un seul gros volume. Si vous les avez loupé lorsque Panini Comics avait les droits de DC Comics, c’est le moment de corriger cette erreur.
Il se situe entre les tomes 1 et 2 de ces 3 séries ( je parle des éditions VF of course ).
Souvenez-vous : lors des premiers numéros de Batman scénarisé par Tom King, divers personnages se donnaient ou tentaient de se donner la mort en parlant d’une tempête imminente et des monstres qui arriveraient avec elle.
Et bien, ça ne loupe pas, la tempête arrive et l’on devine au titre que les monstres seront également de la partie, ambiance !
Dans un souci de cohérence entre les séries, les scénaristes Tom King (Batman), Tim Seeley ( Nightwing) et James Tynion IV ( Detective Comics ) ont écrit le pitch de chacun de leurs épisodes et confié le tout au scénariste Steve Orlando pour qu’il écrive les 6 scripts.
La méthode est loin d’être bête car les dernières tentatives d’histoires gothamites impliquant plusieurs écrivains souffraient parfois de légers soucis : répétitions , faux-raccords ( oui, je sais, c’est une erreur de cinéma mais vous aurez saisi le concept ).
Batman Eternal et Batman&Robin Eternal avaient souffert de ces travers et chercher à les éliminer est des plus louables.
Alors que grondent les vents, que les vagues frappent les côtes et que la pluie tombe si fort que l’inondation de l’An Zéro risque d’être revue comme une anicroche, quelque chose s’anime dans une des morgues de la ville. La chair froide et flasque de quatre défunts s’anime, se réanime sous des formes monstrueuses. Ayant décidé d’aider à l’évacuation des civils de Gotham City ( parce que les forces de l’ordre sont des bras cassés même pour ça à Gotham il faut croire ) , Batman et l’équipe qu’il entraîne avec Batwoman sont confrontés à des créatures hideuses et destructrices. Heureusement que Dick Grayson passait par là pour filer un coup de main.
Sortir Batman (et sa famille/équipe) de leur zone de confort aussi. Si Batounet d’amour a l’habitude d’affronter des menaces autrement plus bigger than life avec la Justice League , le reste des héros de Gotham est bien plus souvent confronté à des vilains certes hauts en couleurs mais au final plus ou moins terre-à-terre. Cependant, le run récent de Scott Snyder avait ouvert des portes vers des folies visuelles parfois dingues, portées par le trait de Greg Capullo, qui s’était révélé l’homme idéal pour illustrer les démentes idées de son scénariste ( ses années sur Spawn l’avaient formé à cette mission).
Hélas, trois fois hélas … c’est de la merde. Orlando n’a pas le talent de Snyder, et les dessinateurs, interchangeables au possible de cette histoire, n’ont pas la moindre ambition narrative ou visuelle.
Un problème de forme et de mise en forme ainsi que de fond, aussi boursoufflé que le visage d’un ado boutonneux qui se serait porté volontaire pour porter les excroissances purulentes de toute sa bande d’amis.
Puisqu’il s’agit d’un crossover, il est de bon ton d’utiliser la majorité des personnages des séries impliquées. C’est donc pour cette raison que l’une des intrigues secondaires, à savoir planquer les gothamites dans des grottes et les faire surveiller par Orphan et Spoiler , est mise en place. Du remplissage pour caser nos deux héroïnes et démontrer leurs capacités à gérer sans l’aide des « grands » quand il le faut.
Pendant ce temps, Batman et Batwoman, en moto, font le tour des monstres en tentant de les abattre. Pendant au moins 4 chapitres.
Lancés à toutes berzingues, nos héros cousins germains font du surplace. Et vous n’échapperez pas aux sidekicks contaminés qui se transforment en abominations parce qu’on est plus à un cliché près. Mollement écrit, jamais divertissant ou intelligent, La nuit des monstres se paye le luxe de griller sa seule bonne idée pour en faire un spectacle Godzillesque étiré sur une longueur excessive quand un autre traitement pouvait faire ressortir la pertinence du propos développé par l’antagoniste qu’est Hugo Strange. Un Hugo Strange ridiculisé au possible et bien moins finaud qu’il ne devrait être.
Et alors que Gotham a subi en une nuit toute la destruction possible ( au pif, le dernier Godzilla + Pacific Rim ) , tout finit bien car la Justice League vient tout nettoyer et reconstruire en deux temps trois mouvements. Inutile et inconséquent , les rares bonnes idées d’exploration de la psyché de Bruce Wayne (provenant sans doute de Tom King ) sont malmenées et à peine développées. Triste constat pour un triste spectacle. Un faux pas gênant pour l’univers du Chevalier Noir.
D’autant plus gênant que le lecteur des séries (surtout les deux centrées sur Batman ) doivent en passer par là pour avoir la résolution d’une intrigue bien mieux entamée par Tom King et sans doute deviner quelques graines qui pousseront sous les mains vertes de James Tynion IV dans leurs séries respectives. Gageons que ce mauvais moment passé, la qualité sera de nouveau au rendez-vous.
Dans cette débacle, il ne reste à sauver que les couvertures réalisées par Tim Sale, même celles de Yannick Paquette restent peu recommandables (et je l’imagine bien les dessiner dépité tant le bonhomme est talentueux en temps normal ).
Néanmoins, sachez que Batman face à des monstres difformes issus de la science folle ou même face à un être surnaturel n’est pas synonyme de bêtise crasse comme dans l’ouvrage qui nous a occupé : Urban a eu la bonne idée de ré-éditer « Batman et les monstres » & « Batman et le moine fou » de Matt Wagner dans un seul gros volume. Si vous les avez loupé lorsque Panini Comics avait les droits de DC Comics, c’est le moment de corriger cette erreur.
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Geoffrey
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mercredi 1 novembre 2017
L’œil du privé.
Le cloud a explosé. Dans l’orage numérique qui en a résulté, toutes les données sont devenues accessibles. Celles que l’on exhibait et celles, plus obscures, plus intimes, que l’on cachait : nos notes cryptées, de nos recherches google à youporn. Des familles se sont déchirées, des carrières ont été brisées, des vies broyées. 60 ans plus tard, l’anonymat est la denrée la plus précieuse et internet a disparu. Le 4éme amendement est exécuté de manière extrême, entrainant la disparition de la police au profit de la presse (le 4éme pouvoir), garante de l’information à diffuser ou non. Les paparazzi , détectives privés de l’époque, sont des criminels. P.I ( à lire en anglais, Pi aïe ) est l’un deux. Et lorsque sa nouvelle cliente est assassinée, c’est le début des emmerdes, comme dans tout bon polar (ou même les mauvais) qui se respecte.
Brian K. Vaughan est l’un des scénaristes américains de comics les plus intéressants du moment. Et probablement l’un des plus barrés ( avec Jason Aaron ). Adepte des concepts extrêmes ( une situation courante est disparait soudain ) qui lui permettent de scruter à la loupe des comportements sociologiques actuels, Vaughan semble se faire un malin plaisir à pointer les travers des sociétés non pas en nous moralisant mais en nous plongeant dans un monde différent qu’il nous s’agira d’appréhender au fur et à mesure.
Mais l’homme est un malin. Pour éviter de nous perdre, il va ré-utiliser des codes que nous connaissons. Ainsi, c’est tout l’univers des polars et romans noirs qui sert ici de matrice narrative. Le décorum change, les codes restent. Ainsi que les bonnes habitudes de l’auteur.
Qu’il s’agisse d’œuvres personnelles comme Y,le dernier homme, Ex-Machina ou Saga tout en passant par des univers qu’il n’a pas créé ( X-men ou Buffy ) , Vaughan a toujours pris grand soin de dépeindre des personnages multidimensionnels , ils ont un vécu, une histoire, une psychologie propre. Rien d’étonnant à ce qu’il ait préféré jouer avec Faith Lehane plutôt qu’avec Buffy Summers lorsqu’il livra 5 épisodes de la 8éme saison ,au format comic book, de la série centrée sur la célèbre tueuse de vampires et autres démons. L’on retrouve ce soin ici, avec une nuance : dans un monde où le droit au secret (plus qu’à l’oubli numérique, cet outil n’existant quasiment plus) et à l’anonymat en rue sont rois (via des moyens …surprenant, je vous laisse découvrir les choses ), les personnages , dont on devine un vécu au détour d’une case ou d’un dialogue, ne se livreront pas forcément facilement. Et réserveront même parfois quelques surprises.
Je parlais codes et décorum plus haut, arguant que les codes nous permettaient de nous y retrouver dans un monde fantasmé et différent du nôtre. Et bien c’est le cas : enlevez la couche futuriste et qu’avons-nous ? La presse papier est encore lue, la télé (la teevee) est présente dans tous les foyers et reste le divertissement de masse préféré de la population. Le retour des années 50 en 2076 , le nouvel âge d’or du roman à la Chandler (non, pas celui de FRIENDS). Mais tout en étant un regard posé sur le passé (avec une couche de polish ) , Vaughan n’en oublie pas de scruter l’avenir et ne fait pas l’impasse sur les conséquences de nos comportements actuels qui auront des répercussions certains et certaines répercussions.
Lui et son dessinateur, l’espagnol (ou catalan, dur à dire de nos jours puisqu’il est né à Barcelone ) Marcos Martìn , ont choisi de s’éloigner des clichés instillés dans l’esprit du public depuis le Blade Runner de Ridley Scott, chef-d’œuvre visuel à l’intrigue congrue. Si les gratte-ciels pullulent, c’est une approche plus propre et colorée que les nos deux compères nous livrent ici. Point de pluie éternelle ou de nuages noirs sur nos têtes ( le cloud a sauté après tout, non ? ) , la Californie est pleine de soleil et la lumière fait ressortir des couleurs parfois flashy voire excentriques. Les dessins de Martìn sont élégants, très fins mais non dénués de détails. Son découpage de l’action est lisible et agréable à suivre, parfois très inventif. L’ouvrage se présente dans un format inhabituel, à l’italienne : plus large que haut, comme en cinémascope. Après deux pages, on y est déjà habitué et ce n’est pas rédhibitoire.
La traduction est singnée Jérémy Manesse, que les lecteurs de comics en VF connaissent bien : il a travaillé (travaille encore ? ) pour Panini Comics durant des années et étaient l’un des rares traducteurs à ne pas prendre l’eau dans cette barque ( non, un zodiac gonflé à l’hélium) qui résistent contre vents et marées en prenant pourtant l’eau. L’homme s’est fait la main sur quelques traductions casse-gueules où il était nécessaire de parfois inventer voir tordre la langue française pour coller au plus près d’un texte qui avait fait de même avec l’anglais. Hors, si la langue de Shakespeare se prête bien à ce genre d’écart, chez Molière, ça grince vite lorsque l’on sort des clous de manière trop voyante.
The Private Eye est donc une réussite, à défaut d’être un immanquable car il ne révolutionne rien. Il est carré, bien pensé, bien exécuté et possède autant d’âme que de message & discours sur l’actuel monde qui est le nôtre. Une utopie/dystopie post-moderne livrée dans un monde post-culturel. Cohérent avec son époque et avec les qualités de ses auteurs. Recommandé !
Brian K. Vaughan est l’un des scénaristes américains de comics les plus intéressants du moment. Et probablement l’un des plus barrés ( avec Jason Aaron ). Adepte des concepts extrêmes ( une situation courante est disparait soudain ) qui lui permettent de scruter à la loupe des comportements sociologiques actuels, Vaughan semble se faire un malin plaisir à pointer les travers des sociétés non pas en nous moralisant mais en nous plongeant dans un monde différent qu’il nous s’agira d’appréhender au fur et à mesure.
Mais l’homme est un malin. Pour éviter de nous perdre, il va ré-utiliser des codes que nous connaissons. Ainsi, c’est tout l’univers des polars et romans noirs qui sert ici de matrice narrative. Le décorum change, les codes restent. Ainsi que les bonnes habitudes de l’auteur.
Qu’il s’agisse d’œuvres personnelles comme Y,le dernier homme, Ex-Machina ou Saga tout en passant par des univers qu’il n’a pas créé ( X-men ou Buffy ) , Vaughan a toujours pris grand soin de dépeindre des personnages multidimensionnels , ils ont un vécu, une histoire, une psychologie propre. Rien d’étonnant à ce qu’il ait préféré jouer avec Faith Lehane plutôt qu’avec Buffy Summers lorsqu’il livra 5 épisodes de la 8éme saison ,au format comic book, de la série centrée sur la célèbre tueuse de vampires et autres démons. L’on retrouve ce soin ici, avec une nuance : dans un monde où le droit au secret (plus qu’à l’oubli numérique, cet outil n’existant quasiment plus) et à l’anonymat en rue sont rois (via des moyens …surprenant, je vous laisse découvrir les choses ), les personnages , dont on devine un vécu au détour d’une case ou d’un dialogue, ne se livreront pas forcément facilement. Et réserveront même parfois quelques surprises.
Je parlais codes et décorum plus haut, arguant que les codes nous permettaient de nous y retrouver dans un monde fantasmé et différent du nôtre. Et bien c’est le cas : enlevez la couche futuriste et qu’avons-nous ? La presse papier est encore lue, la télé (la teevee) est présente dans tous les foyers et reste le divertissement de masse préféré de la population. Le retour des années 50 en 2076 , le nouvel âge d’or du roman à la Chandler (non, pas celui de FRIENDS). Mais tout en étant un regard posé sur le passé (avec une couche de polish ) , Vaughan n’en oublie pas de scruter l’avenir et ne fait pas l’impasse sur les conséquences de nos comportements actuels qui auront des répercussions certains et certaines répercussions.
Lui et son dessinateur, l’espagnol (ou catalan, dur à dire de nos jours puisqu’il est né à Barcelone ) Marcos Martìn , ont choisi de s’éloigner des clichés instillés dans l’esprit du public depuis le Blade Runner de Ridley Scott, chef-d’œuvre visuel à l’intrigue congrue. Si les gratte-ciels pullulent, c’est une approche plus propre et colorée que les nos deux compères nous livrent ici. Point de pluie éternelle ou de nuages noirs sur nos têtes ( le cloud a sauté après tout, non ? ) , la Californie est pleine de soleil et la lumière fait ressortir des couleurs parfois flashy voire excentriques. Les dessins de Martìn sont élégants, très fins mais non dénués de détails. Son découpage de l’action est lisible et agréable à suivre, parfois très inventif. L’ouvrage se présente dans un format inhabituel, à l’italienne : plus large que haut, comme en cinémascope. Après deux pages, on y est déjà habitué et ce n’est pas rédhibitoire.
La traduction est singnée Jérémy Manesse, que les lecteurs de comics en VF connaissent bien : il a travaillé (travaille encore ? ) pour Panini Comics durant des années et étaient l’un des rares traducteurs à ne pas prendre l’eau dans cette barque ( non, un zodiac gonflé à l’hélium) qui résistent contre vents et marées en prenant pourtant l’eau. L’homme s’est fait la main sur quelques traductions casse-gueules où il était nécessaire de parfois inventer voir tordre la langue française pour coller au plus près d’un texte qui avait fait de même avec l’anglais. Hors, si la langue de Shakespeare se prête bien à ce genre d’écart, chez Molière, ça grince vite lorsque l’on sort des clous de manière trop voyante.
The Private Eye est donc une réussite, à défaut d’être un immanquable car il ne révolutionne rien. Il est carré, bien pensé, bien exécuté et possède autant d’âme que de message & discours sur l’actuel monde qui est le nôtre. Une utopie/dystopie post-moderne livrée dans un monde post-culturel. Cohérent avec son époque et avec les qualités de ses auteurs. Recommandé !
Publié par
Geoffrey
à
12:06
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