Il aura fallu deux petites semaines à la BBC pour diffuser la troisième saison de Sherlock.
Critique, en forme de bilan, de ce dernier épisode de la fournée.
Un magnat de la presse, Charles Magnussen ( sorte de Ruppert Murdock plus honnête sur ses sombres desseins), fait chanter qui il veut quand il veut. Il détient en effet une base de données phénoménale sur les puissants du monde et de l'Angleterre en particulier ( qu'il appelle " sa petite boîte de Pétri ") .
Mais sa dernière victime décide de ne pas se laisser faire et engage Sherlock Holmes pour retrouver des lettres compromettantes.
Pendant ce temps, John Watson aide une amie de sa femme à retrouver la trace de son fils accro au crack et s'aventure dans un squat miteux et lugubre. Il s'attendait à tout sauf à ce qu'il allait y trouver…
Mmmm, l'oscillation entre fantastique et foutage de gueule de premier plan tourne à plein régime dans cet épisode. Le rythme, l'écriture de Sherlock et de John, l'approfondissement de la psyché de Holmes et de ses relations familiales,les clins d'œil à Doyle ( faites très attention au titre du livre que Mary lit en buvant son thé) ou aux œuvres ne faisant pas partie du canon holmésien (vous ne trouverez pas la référence à Enola Holmes, j'en suis presque sûr ), etc… sont au top.
Le grand méchant est méchant à souhait ( et meilleur est le méchant, meilleur est l'histoire si vous me permettez de paraphraser Alfred Hitchcock).
Holmes se retrouve confronté à un être qui pourrait bien être son supérieur intellectuel, doté en plus de pouvoirs financiers qu'il ne possède pas.
Sur ce point de l'histoire, c'est du tout bon.
Les méthodes de Holmes pour arriver à ses fins sont mêmes assez jouissives et parfois inattendues. L'adversaire est de taille et ne singe pas un Moriarty finalement très (trop) exubérant ( la version de de Jared Harris dans la saga de Guy Ritchie me convient bien plus personnellement).
Malheureusement, j'ai un gros soucis moral avec la façon dont Sherlock se sortira de cette situation.
Le potentiel "what-the-fuckesque" est atteint lorsque l'enquête devient personnelle.
Les motifs des personnages sont énaurmes (oui, c'est écrit comme ça à dessein), et vraiment plus capilotractés qu'à l'accoutumée. Enfin, les scénaristes ont semble-t-il un soucis à comprendre les gens supérieurement intelligents : ils sont tous des psychopathes ou des sociopathes en puissance et leurs actions et réactions sont calculées à la milliseconde comme des robots (voire le coup du palais mental de Sherlock après 40 minutes d'épisode ou encore le "regard de requin" en fin d'épisode…ouf, vous n'imaginez pas à quel point j'en chie pour ne pas spoiler tout en parlant à ceux qui l'ont vu !!! ) .
Bon point sur cette fin de saison, alors qu'elle aurait pu se terminer comme la saison précédente sur une évaporation de notre héros dans la nature, les auteurs ont décidé de court-circuiter cet état de fait ! En terminant sur un cliffhanger assez jouissif mais qui a intérêt à être traité correctement lors de la saison 4.
Saison 4 qui pourrait débarquer dès la fin de cette année, ne laissant pas les fans languir encore deux ans.
La réalisation des épisodes aura vraiment été en dents-de-scie. Les effets sont souvent trop appuyés (heureusement, le cliché du ralenti de la mort qui tue n'a pas été utilisé) et les cadrages sont parfois un peu hasardeux, sans compter que certaines focales auraient tout bonnement du n'être jamais envisagées,surtout sur ce dernier épisode !!!!
En définitive, la saison aura été agréable mais reste la plus faible du lot jusqu'à présent. Rien de grave, ça reste au-dessus de pas mal de fictions télévisuelles mais il faudrait vraiment que les créateurs de la série éliminent quelques scories avant que Sherlock ne devienne la caricature de ce qu'elle aura été durant les premières saisons.