mercredi 23 novembre 2011

Les aventuriers de la pierre philosophale.

Edward et Alphonse Elric sont frères. Ce sont aussi des alchimistes. À l'aube de leur adolescence, ils ont vu leur mère mourir et se sont retrouvés seuls : leur père avait quitté le foyer il y a longtemps déjà. C'est leur vieille voisine Pinako et sa petite-fille Winry qui ont veillé sur eux. Un jour les jeunes frères découvrent l'alchimie, la science qui permet de transmuter la matière ( la comprendre, la décomposer et recomposer) à condition de savoir dessiner un cercle de transmutation adéquat et d'appliquer la loi de l'échange équivalent ( il est impossible de transmuter à partir du néant et un Kg n'en donnera jamais deux). Ils décident de tenter l'interdit : la transmutation humaine et de ramener leur maman du monde des morts…mais la chose est interdite pour une bonne raison et lors de l'opération, Ed perd un bras et une jambe…Alphonse lui, perd l'entièreté de son corps et Ed a juste le temps de transvaser l'âme d'Al dans une vieille armure. Une seule chose pourrait les faire revenir à leur état initial : la pierre philosophale: l'artefact qui permet de contourner l'échange équivalent.

Pinako et Winry, mécaniciennes de génies, greffent deux auto-mails (greffes cybernétiques) à Ed, pour lui redonner semblant de bras et de jambe. Pour avoir accès à toute la connaissance sur l'alchimie, Ed et Al se rendent à la capitale de leur pays et arrivent à entrer dans l'armée. Ed grimpe vite les échelons au sein des alchimistes d'état…car il a un avantage certain, une habilité que personne d'autre que lui ne possède : depuis sa transmutation ratée, Ed n'a plus besoin de dessiner un cercle pour transmuter ! Il obtient le surnom de Fullmetal Alchemist et se retrouve sous les ordres du colonel Roy Mustang, un arriviste coureur de jupon qui ferait presque passer Nicky Larson pour un chaste et saint homme (mais les apparences peuvent être trompeuses). Lors de l'une des missions confiée par Mustang, Al et Ed découvrent l'impensable : un chercheur a réussi a créé une chimère (un être mi-humain mi-animal )…à partir de là les évènements vont s'emballer, emportant avec eux les frères Elric…


Il y a tellement à dire sur ce manga que je préfère m'arrêter là. Voila mon manga coup de cœur. Celui qui aurait pu être le dragon ball de notre temps. D'ailleurs il reprend certains archétypes narratifs de l'histoire fleuve d'Akira Toiyama : la quête initiatique, les combats orchestrés de main de maîtres et ébouriffants, l'humour omniprésent…bien entendu l'histoire n'a rien à voir et brasse de nombreux thèmes comme la vengeance, le génocide d'un peuple, la recherche scientifique sans conscience, la quête du père disparu, l'amour fraternel,les sentiments que l'on n'ose avouer,etc… Sous couvert d'une œuvre tout public, la mangaka Hiromu Arakawa nous sert des thèmes forts et qui ne laissent pas indifférent.Sans compter que la violence est rarement gratuite et ne constitue pas le moteur de l'intrigue.


Les personnages évoluent dans un monde qui ressemble au nôtre tel qu'il fut aux abords des années 1920, d'ailleurs ce monde sort d'une guerre sanglante et dévastatrice. La technologie est donc rudimentaire, ce qui est compensé par l'alchimie.

Au-delà des deux frères, le supporting cast est bien fourni et l'on se prend vite à apprécier ou à détester ( c'est selon) ces personnages souvent hauts en couleur, pas souvent manichéens et qui offrent une vraie richesse narrative à l'œuvre. Les retournements sont nombreux, et le tout va crescendo jusque l'affrontement final. L'émotion est également bien présente.


Bref, voila 27 tomes d'un manga peu connu car noyé dans la déferlante nippone quand Dragon Ball, précurseur n'avait pas vraiment de concurrence. Alors oubliez Naruto ou One piece, si un manga mérite d'être aussi culte et d'entrer au panthéon à côte de Dragon Ball ou St Seya, c'est bien Fullmetal Alchemist !

mardi 22 novembre 2011

L'arène.

Je le répète souvent : dédaigner la littérature jeunesse , sous prétexte qu'elle est destinée à la jeunesse, est une bêtise car ça serait passer à côté de très bonnes histoires. Je ne me lancerai pas ici à tenter de définir la littérature jeunesse (même si il paraît évident , puisque j'en lis, qu'elle ne se limite pas toujours à être appréciée des moins de 18 ans).

Dans un futur dystopique , l’Amérique du Nord n’est plus. La nation qui s’est relevée, Panem, est composée de 12 district et du Capitole. Autre fois 13 districts existaient mais une révolte réprimée de manière sanglante a effacé le district numéro 13 de la carte. Pour asseoir son autorité, le Capitole introduit un nouveau type de télé-réalité : les Hunger Games (jeux de la faim) ! Chaque année, les districts doivent fournir deux tributs , un garçon et une fille âgés entre 12 et 18 ans, qui participeront à une lutte à mort entre 24 participants que chaque citoyen sera forcé de regarder. Le message est clair : le gouvernement peut enlever vos enfants et vous ne pouvez rien y faire ! De plus, les tensions ainsi crées entre chaque district excluent qu’ils puissent s’allier encore une fois entre eux…Katniss, jeune fille de 16 ans vivant dans le district 12 et braconnière par nécessité, se porte volontaire lorsque que sa jeune sœur de 12 ans est tirée au sort…

Présenté comme le successeur commercial de Harry Potter ou de Twilight en raison de leur appartenance au genre dit du livre « jeunesse », Hunger Games est pourtant plus riches en enjeux dramatiques (bon face aux endives de Twilight c’est pas compliqué non plus) et en réflexions sur le monde actuel. Ma référence aux deux autres œuvres n'est pas fortuite puisque , comme elles, Hunger games va prochainement envahir les salles obscures ( après nous avoir imposé 3 Narnia et 1 Eragon bien pourris tant niveau littéraire que cinématographique et bousillé À la croisée des mondes  qui ne méritait vraiment pas ça, tant cette trilogie de livres est de qualité).

Deux dédicaces se retrouvent au dos du premier tome : une de Stephenie Meyer (oui, oui Twilight c'est de sa faute !) qui nous donne son avis (et dont personnellement je me moque) et une de Stephen King, qui prétend qu'il est impossible de lâcher ce livre ! Et bien le King a raison !

Le style est direct, ne s'encombre pas de fioritures et est toujours passionnant. Bien entendu il devient plus accrocheur une fois que les jeux ont commencé. Un combat pour la survie qui s'annonce violent. Et pourtant, l'auteur ne s'attarde pas sur les mises à mort ou le côté morbide ( oh il y a bien entendu des scènes assez choquantes mais le propos n'est pas là, nous ne sommes pas dans le voyeurisme malsain d'un Battle Royale), non elle s'attarde beaucoup sur l'ingéniosité de Kat, sa faculté à se démerder et ce sans jamais la faire passer pour une héroïne parfaite : elle doute, elle pleure, elle s'en prend plein la tronche mais elle doit continuer si elle veut vivre un jour de plus ! Et les épreuves et les pièges retors sont nombreux. Outre cet aspect " survival horror", l'auteur Suzanne Collins arrive à distiller ce qu'il faut d'émotions quand il le faut, une certaine scène en particulier arrivant à tirer une larme ou deux (pour peu qu'on ne soit pas insensible).

Le roman offre aussi une belle piste de réflexions sur la télé-réalité actuelle et ses dérives. Du voyeurisme des spectateurs qui en veulent toujours plus aux candidats qui doivent se plier à certaines exigences si ils veulent que le public soit avec eux et les aide ( on passe du vote du public à une sorte de sponsoring qui délivre : arme, médicaments, nourriture, etc… aux participants).

Mais, car il y a un mais ! On assiste par au moins deux fois au retour du célèbre " ç'a " en lieu et place de " ça a ". Et comme d'habitude cette connerie me fait sortir de ma lecture. Dois-je rappeler que même prononcé rapidement, on entend le double " a " ? Ne venez pas me faire croire que c'est employé pour faire des économies d'encre à l'impression du livre, il s'agit de la reproduction crasse d'une erreur aberrante apparue je ne sais pas où et qui depuis pollue de plus en plus de publications !

Bref, à part ça, voila une lecture chaudement recommandée. Et les éditeurs ayant placé à la fin le premier chapitre du second tome, vous aurez difficile de ne pas vous ruer sur le volume 2.

samedi 19 novembre 2011

Le temps c'est de l'argent ! Et en plus ça file à une vitesse...


"Mademoiselle, connaissez-vous Karl Marx ? "
-Non, répondit-elle, mais je suis blonde !
- Et bien voyez-vous, c'est lui qui a inventé le communisme.
- Dites, ça va être encore long ? Je suis blonde je vous le rappelle… "


À peu de chose près, ce dialogue pourrait être réel. L'inculture devenant une vertu aux yeux de plus en plus de membres de la population ( du politicien qui aime que le peuple soit abruti aux abrutis qui aime avoir des neurones libres de tout sauf de pub pour coca). Bref, le communisme c'est le partage des richesses (je résume , je résume).

Et le partage des richesses, c'est le sujet du nouveau film d'Andrew Niccol ( réalisateur/ scénariste de Gattaca, S1m0ne et Lord Of war, et scénariste de Truman Show et Le Terminal): In time( rebaptisé Time Out par le distributeur français...si le titre peut s'appliquer au film, il reste à noter que la signification est tout à fait opposée au titre original donné par le réalisateur !!!!!).

Dans une époque que l'on imagine futur, la vieillesse n'existe plus et le temps a remplacé l'argent : chaque humain a été modifié génétiquement pour stopper son vieillissement à 25 ans. Ensuite il vous reste un an à vivre sauf si vous gagnez du temps, temps que vous dépensez (naturellement, puisque chaque seconde qui passe est une seconde perdue) pour acheter des biens et des services. Les pauvres meurent jeunes, les riches sont virtuellement immortels. Will Salas ( Justin Timberlake ) vit dans le ghetto de Dayton. Il a 25 ans + 3 et travaille dans une usine, gagnant à peine de quoi tenir au jour le jour, il ne se réveille jamais avec plus d'un jour restant au compteur. Une nuit, il sauve la vie d'un homme possédant plus de 116 ans au compteur d'une attaque des "minutemen", un gang voleur de temps qui sévit dans le ghetto. L'homme lui révèle que du temps il y en a pour tout le monde, mais que pour quelques immortels beaucoup doivent mourir. Et à passé 105 ans, il désire enfin mourir. Il transfère en douce son compte à Will et garde 5 minutes pour partir vers son trépas. Will devient riche mais les gardiens du temps (la police monétaire) le soupçonne de meurtre…

Andrew Niccol avait besoin d'un succès commercial pour se remettre en selle après la débâcle financière de Lord of war ( qui n'a pas eu le succès escompté, une véritable honte ! ). Il revient donc à son genre de prédilection : la science-fiction, en y injectant de l'action, du suspense… Mais pas n'importe laquelle, la science-fiction dénonciatrice ! Que cela soit dans Gattaca où il entrevoyait le fossé entre les humaines améliorés génétiquement et les gens conçus de manière naturelle (notons que depuis quelques années, le rêve de chosir le sexe de son enfant et d'éliminer ses tares n'est plus de la fiction si vous avez plusieurs millions à dépenser !!!! Flippant…) ou S1m0ne qui voyait une actrice numérique remplacé une véritable personne (métaphore à peine voilée de la place de plus en plus importante des machines à la places des humains, en plus d'être une attaque acide sur le monde des acteurs). Mais comme la science-fiction a si bien été cataloguée comme un sous-genre à peine digne d'être lu ou regardé par les autoproclamées élites intellectuelles ( et que la majorité des gens en bons moutons de Panurges suivent parce que si l'élite le dit c'est forcément vrai) et bien tout le monde se contre-fout de ce que la SF peut dire. Mais ici il y a peut-être un espoir tant l'analogie avec le monde actuel est forte : c'est exactement la même chose sauf que la monnaie a changé..et qu'on meure plus vite si on arrive à zéro sur son compte.

Malgré un côté " film commercial assumé", il est rassurant de voir que Niccol ne se renie pas et se paye même le luxe de s'auto-citer à travers des références très explicites à sa filmographie ( les voitures électriques , le futur non daté au look rétro, voire même certains plans de la scène de nage, renvoient à Gattaca par exemple). Mais la palme de la citation revient à une référence minuscule à James Bond ( My name's Salas...Will Salas).

Le récit ne connait pas vraiment de temps mort (la première partie qui présente les personnages et les enjeux reste néanmoins la plus prenante) et oscille entre critique sociale( les pauvres plus pauvres, les riches plus riches. Séparés par des routes dont le péage est de plus en plus élevé à mesure qu'on approches des beaux quartiers), course-poursuite et hommage appuyé à Bonnie & Clyde.C'est la partie Bonnie & Clyde qui voit le concept de partage des richesses vraiment se révéler dans le film : les braquages ne se déroulant pas pour le seul profit des instigateurs qui ont bien décidé de pourrir le système aussi longtemps que possible! On reprochera sans doute , tout comme pour Gattaca (encore !!!) ,qu'aucune explication ne soit donnée sur la décision qui poussa l'humanité à adopter cet manipulation génétique (mais cela reste évident, si Gattaca voyait une humanité tentée de rejeter tous les défauts par la manipulation des gènes, ici c'est clairement la surpopulation qui était visée : que cela soit dans les quartiers riches ou les ghettos, la population est mince et évolue dans des décors semi-désertiques) et qu'une piste narrative ( celle de la mort du père) ne soit pas vraiment développée.
Dans un monde où tout le monde a 25 ans, il fallait trouver des acteurs capables d'assurer une présence et une aura de vieillesse quand le rôle l'exigeait. Si Justin Timberlake et Amanda Seyfried ( sexy en rousse) ont un rôle qui colle avec leur âge, d'autres comme Olivia Wilde ou Vincent Kartheiser (Angel, Mad Men) arrivent à faire transpirer l'âge de leur personnage, un peu comme des vampires . Beaucoup des seconds rôles proviennent du monde de la télévision et on retrouve , outre les deux précités, Matt Bomer ( White collar ou FBI: Duo très spécial en VF) ou encore Johnny Galecki ( qui s'est échappé sans lunettes de The Big Bang Theory…bon niveau look ils auraient mieux fait de lui laisser ses 4 yeux! ). Par contre on sent un peu trop que Cillian Murphy a dépassé l'âge de 25 ans depuis plus de 10 ans…ce qui dénote dans cet univers.
En fait, le gros hic du film c'est peut-être son manque d'investissement émotionnel. Les séquences fonctionnent bien mais il manque un je ne sais quoi de vraiment touchant. Le suspens, le drame, l'humour , … tout fonctionne mais sans éclat. Et la musique de Craig Armstrong , même si elle est belle et allie sans problèmes orchestration minimale et synthétiseur, ne relève pas la sauce et reste en deçà de ce qu'il avait composé pour Incredible Hulk.

Au final, le film n'arrive pas à se hisser aussi haut que ses petits frères, mais il serait dommage de le bouder pour autant.