Copperhead, chez Urban Comics, est , vous l’aurez compris en lisant l’incipit, un western de science-fiction. Sur une planète désertique, le Shérif Clara Bronson débarque avec son fils pour reprendre le poste de son prédécesseur, décédé. Très vite, elle doit faire face aux clichés du genre : magnat industriel qui pense que le monde est à sa botte, adjoint acariâtre dont l’espèce a perdu la guerre contre les humains (une sorte de Chewbacca cynique et habillé) et…sa première enquête sera un bel homicide.
La ficelle est connue : commencer une série par un meurtre est une bonne manière de passer en revue l’univers de la-dite série ( ses personnages réguliers, les coutumes, etc…) et utiliser un tel procédé n’est pas honteux, la très bonne série « Fables » avait elle aussi débuté comme cela et on a bien vu/lu ce que ça donnait.
Mais Copperhead n’est pas Fables, œuvre littéraire érudite et jamais prétentieuse (cela dit en passsant).
Copperhead est un western classique dans un environnement de space opera. Comme le dit le scénariste Jae Farber dans son introduction, il écrit chaque épisode en gardant en tête qu’il s’agit d’un western, genre codifié à l’extrême dont le renouveau ne passe pas par une refonte de ses formules mais pas le talent des personnes attachées à l’histoire ( revoir le formidable True Grit des frères Coen pour s’en rendre compte : non seulement le film ne renie pas les codes, mais il s’agit qui plus est d’un remake ! ).
Farber livre une copie agréable mais jamais surprenante. Les clichés sont là jusque dans les vêtements de villes des habitants. Seules les tenues de travail et l’équipement viennent nous rappeler que nous sommes dans une galaxie lointaine, très lointaine…(ou juste un système solaire, le background est encore assez sommaire à ce niveau, sans doute pour laisser de la marge au scénariste). On se doute bien que l’enquête et les rebondissements sont là pour nous mener en bateau jusque la résolution finale qui n’a rien du génie d’un Se7en. Mais on se laisse prendre au jeu de la lecture car : c’est cliché mais pas con, le rythme et le suspens sont bien dosés et donnent envie de continuer à tourner les pages après chaque cliffhanger et enfin : il fait bon, c’est l’été, pas la peine de prendre un coup de chaleur sous le soleil parce le cerveau chauffe trop sous l’astre de nos jours. Inutile donc de se demander pourquoi un shérif est engagé alors qu'ils sont des élus locaux, à la base...
Le dynamisme est également assuré par les dessins (et le découpage des cases, détail toujours très important ) de Scott Godlewski. Son trait est fin et léger. Si il ne finira sans doute jamais dans une galerie d’art ou dans un art-book à sa gloire, force est de constater qu’il mène sa barque correctement et assure le boulot qu’on lui demande : être efficace dans l’exercice de la série B fun et plaisante. Dommage, car son style, proche d'un Sean Murphy du pauvre, aurait peut-être un potentiel plus élevé.
Enfin, puisqu’il s’agit du premier tome d’une série qui doit faire son trou, Urban propose ce livre au prix de 10€. Ne vous privez pas d’une petite lecture d’été pour ce prix-là.
Reste un détail : une fois la belle saison et les vacances « sans prise de tête » terminées, le second tome se lira-t-il aussi aisément ? Nous verrons en temps voulu !