lundi 16 janvier 2012

The Girl With The Dragon Tatoo - Millénium : Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes.

C'est une constante, presque une règle non-écrite mais toujours suivie : quand un film étranger marche, les américains en font un remake. Le remake, film ô combien descendu par les bien-pensants, et ce même si il est bon, pour une raison qui reste obscure à ma compréhension ( bon, j'avoue, il y a très peu de bons remakes, c'est vrai). Comme si l'Amérique et Hollywood étaient d'office les ennemis de l'art cinématographique et de l'intelligence cinématographique que l'on attribue si facilement à tous les films européens même les plus anecdotiques. À croire que le remake d'un film atténue l'aura qui se dégage de l'œuvre originale et que l'Amérique est vide de tout réalisateur ou de scénariste talentueux...

Hors ici, puisque David Fincher ( le réalisateur derrière Se7en,Fight Club, Panic Room, Zodiac, L'étrange Histoire de Benjamin Button, The Social Network) s'attaque à une nouvelle adaptation d'un roman, peut-on vraiment parler de remake du film suédois Millennium – Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (basé sur le roman du même titre écrit par feu Stieg Larson) ?  La question reste posée, pour ma part j'ai ma réponse. Un remake, dans son générique, précise que le scénario s'inspire d'un autre film. Ici il n'en est rien, seul est précisé que la base est le roman. Désolé d'être cru, mais si vous y voyez un remake alors vous pouvez aller vous étouffer dans votre mauvaise foi vomitive !  Et ayez le bon goût d'y rester, ça fera remonter le niveau !

Je précise que je n'ai pas vu les films/mini-séries ( oui parce que, apparemment, l'adaptation suédoise est un beau bordel ) qui ont été tournés avant le film de Fincher. Premièrement parce que j'ai lu les romans sur une période allant de novembre 2010 à juillet 2011, ensuite parce que pour moi il était évident qu'il fallait un homme avec une sacrée expérience pour mettre en scène ces pavés littéraires ! Et David Fincher me semblait une évidence avant même que la première bande-annonce ne pointe le bout de son petit nez !

Chaque année, pour son anniversaire, Henrik Vanger,82 ans, ancien dirigeant des entreprises Vanger, reçoit un étrange colis : une fleur séchée, chaque fois différente, dans un cadre. Et chaque année il téléphone aussi tôt à un ancien policier…
Mikael Blomkvist ( Daniel Craig) est un journaliste d'investigation comme on en fait peu : honnête, travailleur, incorruptible. Co-propriétaire et co-fondateur du magazine Millennium. Pourtant il vient de perdre un procès en diffamation contre Hans-Erik Wennerström. Les dommages qu'il va devoir payer sont plus que conséquents ( et dans le roman, cela est suivi d'une peine de prison en plus ! ).
Lisbeth Salander ( Rooney Mara) est une jeune fille étrange,gothique, tatouée de partout. Pourtant elle bosse pour Milton Security, au service des investigations : c'est même la meilleure. Elle vient justement de remettre un rapport sur Mikael Blomkvist. 
Ce dernier est contacté par Henrik Vanger, l'homme derrière l'investigation de Salander. Vanger voudrait que Mikael s'installe sur l'île dont il est propriétaire et qui abrite les maisons de toute sa famille. Car il y a 40 ans, Harriet, la nièce favorite de Vanger a été assassinée et le corps n'a jamais été retrouvé. En échange de son travail, Mikael sera bien payé mais surtout Vanger lui donnera sur un plateau d'argent l'homme qui a ruiné la carrière du journaliste : Hans-Erik Wennerström. Mikael accepte et après moult péripéties, il va avoir besoin de l'aide de Lisbeth Salander !




Réussir un tel film, basé sur un pavé de presque 800 pages et transformé en film de près de 2h40, est une entreprise qui ne repose pas uniquement sur son réalisateur. Il faut un sacré scénariste derrière ! Ce scénariste c'est Steven Zaillian. L'homme est considéré comme l'un des meilleurs. C'est aussi le plus chère ! Ce qui explique qu'il n'écrive pas souvent. Mais pour vous donner une idée : La liste de Shindler, Gangs of New-York ou encore L'interprète, c'est lui ! Son scénario va à l'essentiel sans jamais occulter l'important, que cela soit des éléments de l'intrigue ou les relations humaines. À peine seront passées sous silence certaines aventures sexuelles de Mikael, puisque celui-ci est un véritable tombeur (à côté , James Bond est un puceau ! ). Et la résolution de l'énigme est amenée différemment sans trahir cette dernière, j'insiste : TOUT.SE.TIENT ! Et nous empêche de finir avec un film qui aurait atteint les 3h30, sans que cela ne vienne affecter les histoires des éventuelles suites qui pourraient sortir au ciné d'ici quelques années ! De plus, la trame de l'histoire se situe encore en Suède malgré l'habitude des américains à américaniser les histoires qu'ils adaptent ! 

La réalisation de David Fincher était attendue au tournant. Il avait fourni deux films traitant de tueurs en série avec Se7en et Zodiac par le passé, et ce à chaque fois dans un style différent : glaque et étouffant avec Se7en; froid, méthodique, minutieux avec Zodiac. Ce nouveau film allait-il mêler les deux approches ? Il aurait été facile de se reposer sur ses acquis mais David Fincher n'aime pas se répéter !



La mise en scène est brillante. Chaque plan a du sens et le montage est à l'avenant. Rapide quand il faut, contemplatif au bon moment, lent sans être chiant quand l'histoire le demande. Certaines idées de réalisations (comme la vue à la première personne d'une victime d'asphyxie par un sac plastic) ne sont pas là pour en mettre plein la vue mais bien pour immerger le spectateur. Tout est fait pour que l'on ait l'impression d'être partie prenante de l'aventure, et ce sans nous mâcher le travail ou nous épargner. Ainsi les scènes les plus crues et dures du roman sont bien présentes et représentées frontalement sans tomber dans le vulgaire. Le malaise du spectateur, lui, est bien présent lors d'une séquence de fellation forcée et d'un viol particulièrement sadique ! Le retour de bâton pour le salopard derrière ses actions est aussi rendu sans complaisance mais sans altération ou effet qui rendrait à rendre plus supportable la chose. La nudité n'est pas cachée ou coupée au montage, le film est d'ailleurs interdit au moins de 17 ans aux USA ! Fait de plus en plus rare pour un film produit par un studio qui espère récupérer sa mise et faire un bénéfice substantiel suffisant pour envisager de produire les suites !



Trop longtemps considéré comme étant simplement un habile créateur d'images, il est impossible de nier que David Fincher est également capable de mettre en scène comme un grand du métier. Créer une image est facile ( Michael Bay y arrive bien) mais lui donner vie est une aptitude qui ne s'acquiert que si l'on est dédié à son art ! Et c'est le cas de Fincher. James Cameron passe sur un plateau pour être un perfectionniste ( ce qu'il est !) mais cela n'atteint pas le niveau que peut exiger Fincher, qui reste quand même l'homme à avoir fait rejouer 24 fois la même scène dans The Social Network pour obtenir ce qu'il voulait ! Une scène qui allait être déterminante dans le choix de l'actrice qui hérite du rôle ô combien génial ( et qui intéressa un nombre impressionnant d'actrices confirmées comme Natalie Portman ou Scarlett Johansson ) de Lisbeth. En effet, Rooney Mara, débutante dans le métier a obtenu le rôle au nez et à la barbe de toutes les aspirantes au rôle après être brièvement apparue dans le film précédent de David Fincher dans le rôle de l'ex de Mark Zuccherberg ! Et la scène d'intro au film, c'est celle-là qui fut retournée 24 fois ! Elle campe LA Lisbeth du roman, c'est bien simple le personnage prenait soudain vie devant moi ! Frappa-dingue, revancharde , sensible...un rôle très complexe.À tel point point que ça y est, je crois que suis tombé amoureux de Lisbeth Salander, pauvre de moi !



Le reste du casting est lui aussi aux petits oignons, chaque acteur a été choisi avec soin. Daniel Craig en héros intègre et séducteur ça peut sembler facile ( hé, c'est James Bond le mec ! ). Mais le rôle est à des milliards de kilomètres de celui de 007 ! Et comme d'habitude, Craig fait oublier qu'un rôle récent de sa filmographie lui colle à la peau. Mieux, là ou James se relève, Mikael devient presque une jeune pucelle effrayée ( la scène du fil dentaire est un bon exemple : oui je sais, faut voir le film pour savoir que quoi je parle. Mais depuis le début mon intention est de vous le faire aller voir, je suis d'une extrême cohérence voyez-vous ? ).Les seconds rôles sont échus à des visages familiers et qui ne cèdent pas au jeunisme. Et ce même si le temps d'exposition n'est pas important : ça changera dans les autres films ! Et ça les acteurs le savent bien, alors tant pis si ils sont employés peu de temps dans ce film-ci !Ainsi citons l'apparition de Robin Wright ( ex-madame Sean Penn) qui verra son rôle prendre plus de place dans les éventuelles suites !




Reste la musique de Trent Raznor et Atticus Ross. Si elle fonctionne à merveille dans le film, elle risque d'être soporifique à l'écoute seule. Tout comme leur composition sur The Social Network dont je me demande encore comment elle a fait pour leur valoir l'Oscar de la meilleure musique : la B.O est jugée non pas au visionnage du film mais bien en écoute sur CD par l'académie. Mais passons sur le débat, je suis juste aigri sans doute que la B.O d'Inception ne l'ait pas remporté cette année là … mais je m'égare.

Comme souvent, Fincher ouvre son film sur un générique soigné et travaillé ! L'art du générique de début est un art qui se perd de plus en plus à Hollywood et s'est avec plaisir qu'on plonge dedans, surtout quand, à l'inverse de la majorité des James Bond par exemple, le générique sert d'immersion dans le monde que l'on s'apprête à découvrir ! C'est sur la vidéo du-dit générique que je vous laisse, moi je pars lutter contre l'envie d'y retourner tout de suite !



dimanche 15 janvier 2012

Lecture envahissante!


Tony Stark les a vus ! C'était un jour qu'il cherchait une bouteille de scotch que jamais il ne trouva. Il en parla à Red Richards, qui voulait y croire  : les skrulls sont parmi nous !

Secret Invasion est l'un des nombreux évènements ayant marqué le monde Marvel ces dernières années, au même titre que le fameux Civil War. Le postulat de départ est simple : cela fait un certain temps que des aliens métamorphes, les skrulls, ont noyauté le petit monde des super-héros. D'une manière inédite puisque leur présence est maintenant indétectable. N'importe quel héros est potentiellement un ennemi. 


J'avais entendu tellement de mal de cette histoire que je pensais m'emmerder comme un rat mort ! Il n'en est finalement rien.Ce qui ne veut pas dire qu'il s'agit d'un chef-d'œuvre incompris non plus, entendons-nous bien !

Au scénario on retrouve Brian Bendis. Bendis est l'homme qui a revitalisé Daredevil et qui petit à petit s'est vu confié le rôle d'architecte de l'univers Marvel ( il n'est pas seul à ce poste) en reprenant en mains les séries " Avengers ". Pendant des années, il a placé des éléments qui devaient culminer avec Secret Invasion.

L'histoire commence fort : Tony Stark annonce l'impensable, les skrulls seraient parmi nous, le cadavre de l'alien qui se faisait passer pour Eletra trône sur une table de médecin légiste,un vaisseau skrull va se crasher en Terre sauvage, deux factions rivales de Vengeurs arrivent sur les lieux, le S.W.O.R.D (la branche spatiale du S.H.I.E.L.D) est attaqué à ce moment précis et alors que tout part en couilles, le vaisseau skrull qui s'est écrasé s'ouvre et libère plein de héros dont certains étaient portés disparus ou carrément supposés morts. Sont-ils des copies ou bien les originaux ? Tout ça en 22 pages !



Le problème de cette série est double : premièrement, avec un tel début, il fallait continuer sur la lancée et aller crescendo. Ce n'est pas le cas, le niveau est stable durant 4 ou 5 chapitres et après le niveau baisse. Le grand dialoguiste qu'est Bendis ne livre pas ses meilleures répliques et l'histoire perd en intérêt, gagne en ellipses faciles alors que si il avait mieux géré les débuts, il aurait pu placer certains éléments et les développer au lieu de juste les faire sortir presque de nulle part. Il faut dire que le titre est mensonger : l'invasion secrète a déjà eu lieu, c'est une invasion bien visible qui se déroule devant nous ! De par son côté guerre contre l'envahisseur, l'histoire est surtout composée de batailles dantesques. C'est un blockbuster hollywoodien auquel Bendis nous convie et non une histoire introspective. Dommage car le côté paranoïa aurait pu ( dû ! ) être plus exploité ! Tout comme le thème des collaborateurs ( expédié en 3 pages).Hors, cette histoire au synopsis très fort qui devait faire monter la parano chez les héros a été exploitée...dans les autres séries "Avengers " juste avant cette saga. Enfin on n'échappera pas au traditionnel mort au combat parmi les héros emblématiques de Marvel ( ça en devient artificiel, surtout que les héros ont tendance à rester morts peu de temps avant de revenir) et au changement de statu quo auquel personne ne donne une véritable importance car la situation reviendra à une quasi-normalité très vite, comme d'habitude…



Le second défaut vient du dessinateur Francis Leinil Yu. Personnellement j'aime son trait, hachuré, détaillé, étrange…mais l'homme a beaucoup de mal dans l'art du story telling comme disent nos amis anglophones. Il place ses cases de façon parfois bizarre et suivre le récit n'est donc pas toujours aisé.

Au final, Secret Invasion n'est pas un navet mais le résultat est en demi-teinte, comme si Bendis après des années de mise en place avait soudainement perdu son intérêt pour la chose, pressé de passer à ce qui se passera ensuite ! 

samedi 14 janvier 2012

L'espion qui venait d'être refroidi.


Le créateur de Spawn et le scénariste de Walking Dead unissent leurs efforts pour lancer le nouveau héros créé par Todd McFarlance presque 20 ans après la création du-dit Spawn : Haunt ! 
20 ans pour accoucher d'un nouveau héros et en confier la destinée dès le départ à un autre que lui (tant aux dessins qu'au scénario), on  peut dire qu'il a chômé niveau comics le père McFarlane !

(Heureusement pour lui et sa santé financière, il n'a pas chômé ailleurs, mais c'est une autre histoire. Sachez qu'en gros il possède l'une des meilleures boîtes de fabrications de figurines tirées de franchises. )

Encore une fois, presqu'au premier coup d'œil , on reconnait les influences qui ont servi a créer le nouveau héros en question. Haunt est à Spider-Man ce que Spawn était à Batman !

Kurt et Daniel Kilgore sont frères. Daniel est prêtre, ce qui n'empêche pas le lecteur de le découvrir dès la première scène entre les bras (mais pas que) d'une prostituée. Kurt lui aussi a une morale un brin tordue puisqu'il est agent secret (et assassin, dans ce genre d'histoire ces deux notions se confondent souvent) pour une agence gouvernementale top moumoute secrète ! 
Lorsque Kurt est tué en mission, il revient hanté Daniel. Plus surprenant ( si si ), lorsque Kurt touche Daniel, ils deviennent une entité dotée de pouvoirs étranges. Très vite la vie de Daniel va changer alors qu'il est amené à entrer dans le monde trépidant de l'espionnage.

Trépidant mais répétitif et pas toujours intelligent ( ça le fout mal pour le fameux " intelligence service " tiens ). Logique de la part de Robert Kirkman dont le seul fait d'arme se trouve être sa série Walking Dead ( et encore, pas exempte de défauts !). 
Gore outrancier, personnages esquissés et mono-utilitaires, dialogues creux et par trop explicatifs, tels sont les tares narratives récurrentes de Kirkman et elles se retrouvent toutes ici ! On retrouve donc un méchant très méchant, riche mégalo qui n'accompagne son sommeil qu'avec un minimum de deux filles et qu'on retrouve le plus souvent avec un cigare au bec. Bien entendu son homme de main est un sadique spécialiste d'un type d'arme spécifique (ça serait con de savoir s'adapter).Ou encore certains personnages introduits pour servir de Deus ex machina bien utiles quand on a pas d'idées pour venir à bout d'un adversaire. Alors pourquoi s'acharner ? Pour plusieurs raisons.


Ryan Ottley aux crayons, c'est pas mal .

Premièrement, même si je descends en flèche plusieurs aspects, ça reste lisible et fun (lourd mais fun). Ensuite les dessins sont très agréable et profitent du talent de 3 artistes : Ryan Ottley aux dessins (pour le premier tome ), Greg Capullo ( dessinateur sur Spawn et depuis quelques mois sur Batman) se charge du découpage/story telling, Ottley et Todd McFarlane himself à l'encrage. Dès le tome 2, Ottley sera remplacé par Cappulo aux dessins, après tout, c'est toujours mieux de supprimer les intermédiaires et on y gagne au change , Greg Capullo ayant infiniment plus de talents que le père Ottley ! 


Greg Capullo aux dessins, ah bin ça y est ,maintenant ça déchire vraiment !

Deuxièmement, dès l'épisode 19 (soit le tome 4 chez nous), la série sera reprise en mains par une nouvelle équipe. Le scénariste de la bande, Joe Casey, a déjà montré qu'il pouvait tirer une série au scénario mineure vers quelque chose de bien plus profond. C'est ainsi qu'il avait tiré la série Wildcats vers les sphères de l'espionnage (industriel). L'homme est donc tout indiqué pour reprendre les commandes ! En ce moment , 3 tomes sont sortis en VF, chez Delcourt !




Sherlock : The hounds of Baskerville.


Changement d'ambiance et de décor pour ce nouvel épisode de Sherlock qui, comme le titre l'indique, est vaguement basé sur Le chien des Baskerville.Au revoir Londres, sa banlieue et ses ruelles sombres et sordides, bonjour la campagne et la lande anglaise ! 

Henry était encore un enfant lorsqu'il a vu son père se faire mettre en pièces par un molosse monstrueux non loin de la base militaire de Baskerville à Dartmoor. 20 ans plus tard, sur conseil de sa thérapeuthe, Henry est revenu sur les lieux du drame pour affronter ses démons, se convaincre que ce qu'il vit ce jour-là n'est qu'une déformation de son esprit. Mais l'impensable se produit : il revoit la créature. Voulant éclaircir ce qui se passe,il fait appel à Sherlock Holmes et son fidèle colocataire, le Dr Watson !

Après Steven Moffat lors de l'épisode précédent, c'est l'autre co-créateur de la série ( et accessoirement l'acteur qui joue Mycrof Holmes) , Mark Gatiss qui se charge d'écrire le scénario de cette nouvelle aventure du détective du 221B, Baket Street !



L'originalité est d'avoir tordu plusieurs bases du roman de Conan Doyle. Comme par exemple le fait que, dans le roman, Sherlock déléguait à Watson, prétextant qu'il avait à faire à Londres. C'est bien trouvé et cela empêche le connaisseur d'assister à une énième redite d'une des histoires les plus souvent adaptées au cinéma ou en télévision de cette aventure de Sherlock Holmes ( allez, on parie combien qu'elle sera la base de départ du prochain film avec Robert Downey Jr ? ). En plus des références purement holmesiennes ( on peut dire ça ? ) on retrouve une petite pique à l'égard du dernier film de Star Trek qui voyait Spock réciter,très poétiquement selon le Dr McCoy, le célèbre axiome de Sherlock Holmes : " Quand vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, même improbable, doit être la vérité.". Évidemment, ici, c'est Sherlock qui se fera traiter de Spock dans une remarque sarcastique de Watson ! Un petit clin d'œil geekesque bien vu et pas lourd pour un sou !



Le hic c'est que beaucoup de coïncidences heureuses viennent jalonner le parcours de nos héros. Oh rien de trop gros mais quand même d'un peu facile, et c'est regrettable, comme l'apparition de l'inspecteur Lestrade,sorti de nul part mais qui aura pour effet de nous apprendre son prénom.Reste que l'enquête et les coups tordus de Holmes pour obtenir une info sont toujours très bien rendus et parfois franchement même excellemment inscrit dans le registre du suspens. Certains pointeront du doigt une ambiance par moment rappelant celle du film Le pacte des loups (certains cadrages…et des effets spéciaux pas toujours au top) qui personnellement ne m'a pas dérangé, le film de Christophe Gans étant pour moi tout sauf un ratage complet.



Bien entendu, malgré qu'il soit l'adaptation d'une aventure classique, c'est le retour annoncé de Moriarty dans le prochain épisode qui va enthousiasmer les fans, au risque de faire passer cet épisode pour une simple entrée avant le repas principal ! 

jeudi 12 janvier 2012

La chauve-souris et Artémis.


Baman, par le jeu des cross-overs inter-éditeurs, a affronté des monstres hideux issus du cinéma comme les aliens ou encore un predator. C'est de ce dernier qu'il est de nouveau question ici dans ce second tome édité par Soleil US. Après David Gibbons au scénario et Andy Kubert aux dessins, c'est une nouvelle équipe qui se charge d'arbitrer le match. On retrouve donc Doug Moench, scénariste habitué à Batman ( il a scénarisé une de ses séries pendant un bout de temps, a scénarisé la trilogie " Batman /Dracula ") ou à ses erzats ( il a aussi contribué au Moon Knight de Marvel). Et aux dessins l'on trouve Paul Gulacy.

Autant rentrer dedans tout de suite, non ce second opus n'arrive pas à la hauteur du premier volume qui rendait vraiment la chasse intéressante et poussait Batman dans ses retranchements tout en transformant Gotham en vraie jungle urbaine, une jungle que Batman déclarait par la force comme sienne à a fin du volume 1 en terrassant un predator à lui tout seul !

Un an a passé. La canicule s'est abattue sur la ville. Un nouveau parrain de la drogue a émergé et Batman est sur sa piste. Mais il n'est pas le seul, l'héroïne Huntress est elle aussi sur le coup et cela ne plait pas à Batman qui ne voit en elle qu'un élément perturbateur. Mais à force de secouer le cocotier, Batman a fini par se faire mettre sa tête à prix. Les pires tueurs à gage du monde veulent la prime. C'est à ce moment qu'un predator refait son entrée en scène pour terrasser le champion de la ville. Et pour attirer son attention, il élimine les tueurs bien humains lancés aux trousses de Batman. Face à un chasseur, Batman pourrait bien avoir besoin d'une chasseresse ( Huntress en VF pour les non-anglophones).


Le résultat est en demi-teinte. Là où Gibbons et Kubert offraient une relecture du film Predator 2 en l'adaptant comme il faut à l'univers du chevalier noir, Moench ne peut  plus en faire un remake déguisé. Scénariste de Batman, il écrit la chose comme si il ne s'agissait que du retour d'un ancien ennemi comme cela arrive si souvent dans les comics. Du coup, le suspens de la chose en pâti et ce n'est pas l'introduction tardive de deux autres extra-terrestres qui relancera l'intérêt. Car même si un predator reste un défi physique, ce n’est pas la première fois que Batman doit en battre un. Et cette fois-ci il est aidé !!! L'effet de surprise sur Batman ,comme sur le lecteur, n'est plus là.Ajoutons à cela que les tueurs aux trousses du Caped Crusader sont parfois vraiment pathétiques et qu'ils ne servent à rien, leurs actions contre Batman passent pour des péripéties très artificielles hélas.

De plus, des incohérences (inhérentes au genre sans doute) sont là et gênent un peu le lecteur attentif. En effet, à deux reprises dans l'histoire, l'on voit clairement des vaisseaux aliens atterrir sur terre : LA question qu'on se pose alors ( parce que ces deux vaisseaux, presque tout Gotham les voit en les prenant néanmoins pour de simples météorites ) c'est : " Mais pourquoi le Green Lantern du secteur ne prend pas en charge cette activité extra-terrestre illicite sur Terre ? " Le premier predator que Bruce Wayne avait affronté avait au moins eu la délicatesse de ne pas être voyant au moment de son arrivée ! Un autre moment qui gêne ( mais qui est pourtant important pour l'histoire, dommage) , c'est quand Batman tombe dans un piège tellement grossier que ça en devient ridicule : le predator a volé le batsignal du toit du Gotham Central et l'allume non loin de sa tanière. Et Batman se rend sur place convaincu que le commissaire Gordon l'appelle sur un endroit précis…plus tard dans le récit il sera pourtant démontré que Gordon et Batman possède une sorte de téléphone rouge leur permettant d'entrer en contact. Je ne sais pas pour vous, mais moi je dis que ça ne colle pas tout ça. 

Les dessins de Gulacy sont dans la plupart des cas passables, parfois très biens (en de rares occasions). L'homme a un problème avec certains visages (ce qui est regrettable) et offre des planches souvent fort figées.


Reste que tout n'est pas à jeter, loin de là. La traque du monstre se laisse suivre sans déplaisir pour peu que, comme dans beaucoup de blockbusters hollywoodiens, on fasse l'impasse sur ces petits points de détails. Batman , face à un tel adversaire, doit se montrer ingénieux et revoir sa façon d'opérer (la scène d'entraînement est d'ailleurs bien foutue même si ,in fine, cela rappelle la salle des dangers des X-men), sa relation avec Huntress est intéressante puisqu'elle n'est pas une héroïne de la bat-family ( du moins pas encore au moment où se passe cette histoire ). Bref, Doug Moench nous refait un peu le coup de sa trilogie vampirique consacrée à Batman : un bon début, un milieu pourri et une fin qui remonte le niveau.
Le tome 3 sera lui scénarisé par Chuck Dixon, autre grand habitué de la chauve-souris puisqu'en plus d'avoir présidé à sa destinée, il a aussi lancé les séries Robin, Nightwing, avant de toucher à Batgirl et Birds of prey. On lui doit aussi la saga Knightfall, saga qui sert de base au prochain film de Christopher Nolan : The dark knight rises.  

mardi 10 janvier 2012

Sherlock : A scandal in Belgravia.

En juillet 2010 débarquait une nouvelle version de Sherlock Holmes. Il aura fallu attendre 1 an et demi pour voir arriver la suite puisque le premier épisode de la saison 2 a été diffusé dimanche dernier (le 1erjanvier, histoire de bien débuter l'année) sur la BBC One ! Alors, la saison débute-elle vraiment bien ?










La fin de la saison 1 était terriblement frustrante ! Le cliffhanger était insoutenable … tout comme l'attente qui s'en suivit. Face aux séries américaines qui mettent 3 ou 4 mois pour revenir à l'antenne entre chaque saison, 1 an et demi c'est une éternité ! La question était de savoir comment les scénaristes (enfin le scénariste Steve Moffat pour cet épisode) allait se débrouiller pour résoudre le cliffhanger et lancer une nouvelle intrigue. En 5 petites minutes, Moffat règle la question. Un peu deus ex machina sur les bords certes mais dès la dernière image avant le générique de début, le ton est donné.


Sherlock et Watson n'ont pas chômé après leur confrontation avec Jim Moriarty. Sherlock devient même une star du web grâce à Watson qui écrit un blog sur leurs enquêtes (rappelons que les nouvelles et romans de Conan Doyle avaient Watson comme narrateur, chose que l'on retrouve dans le dernier film sorti sur le sujet), ce blog donc leur fait une belle publicité et les clients affluent.

Alors qu'ils enquêtent sur une mort suspecte, Sherlock et Watson sont réquisitionnés par Mycroft Holmes (oui ,le frère de l'autre, interprété par Mark Gattiss le co-créateur de la série et scénariste sur le dernier épisode de la saison 1). Ce dernier aimerait que Sherlock retrouve une photo compromettante pour le royaume. Cette photo est détenue par Irène Adler, escort BDSM. Sherlock accepte et c'est le début d'une aventure qui verra action, humour, espionnage et agents incompétents de la CIA se mélanger allègrement. C'est aussi l'occasion de se pencher sur l'étrange lien qui unit Adler et Sherlock. Tout au long de cet épisode, Sherlock s'humanise, petit à petit, sans jamais que cela paraisse artificiel ! Il faut dire qu'Adler manie le mystère autour d'elle d'une façon qui ne peut qu'intriguer Holmes mais surtout elle dégage autre chose…une sorte de charme vénéneux et sensuel qui trouble notre grand détective !


Elle est incarnée ici par Lara Pulver et chacune de ses apparitions laissent bouche bée. Ajoutez à cela des belles idées de mises en scène et vous obtenez sans doute le meilleur épisode de la série jusqu'à présent, une espèce de film (les épisode font 1h30) en trois actes bien distincts et séparés dans le temps où les détails sont importants et les personnages complexes ! Dommage que Watson soit un peu en retrait, lui qui avait été jusqu'ici le héros non-officiel de la série ( revoyez l'épisode 1 pour vous en convaincre ! ) et que la fin semble si capilotractée ( mais elle dure 20 secondes, et ce n'est pas la destination qui compte mais le voyage ! ).


Allez, le prochain épisode est basé sur Le chien des Baskerville. Et le 3me et dernier ( de la saison, de la série ?) aura pour titre The falls of Reichenbach, hors les chutes de Reichenbach, ça parle à tous les amateurs des aventures de Holmes !





samedi 7 janvier 2012

La vie c'est l'enfer.

Todd McFarlane a été un dieu pour les amateurs de comics des années 80. Dessinateur, il a redynamisé graphiquement la série Amazing Spider-man en dotant Peter Parker de poses plus bizarres les unes que les autres et d'une toile dont la texture gluante nous sautait aux yeux.Depuis lors (et même après son départ), Spider-man a continué à bénéficier des apports de ce jeune dessinateur. Il devint même si populaire que Marvel créa pour lui un nouveau mensuel consacré à l'araignée et sobrement intitulé Spider-man ( venant s'ajouter à l'historique Amazing Spider-man et sa série-sœur Spectacular Spider-man ) : le jeune homme en est dessinateur ET scénariste. Il restera 18 mois sur le titre avant departir avec d'autres dessinateurs vedettes fonder le collectif " Image Comics ".

" Image Comics " n'est pas une maison d'éditions comme les autres. Comme je l'ai dit, il s'agit d'un collectif. Ce collectif est formé de divers studios, chacun fondé par l'un des dessinateurs ayant quitté Marvel en 1992. Car Marvel, comme DC d'ailleurs, a une politique éditoriale claire : ce que les scénaristes créent chez eux appartient à Marvel! Cela peut sembler aller contre les droits d'auteurs mais rappelons que les auteurs ont des contrats clairs sur le sujet : ils ne sont que des employés dont on loue le "génie" créatif. En fondant " Image Comics ", les auteurs possèdent donc les droits de leurs créations. Et grâce à sa renommée, la création de Todd MacFarlane, Spawn, se vend à plus d'un million d'exemplaires pour son premier numéro. 20 ans et plus de 200 numéros plus tard, Spawn est un rescapé de la première vague de comics lancée par le collectif en 1992.

Au départ pourtant on ne peut pas dire que le titre brille par son originalité : Spawn c'est Al Simmons, ancien soldat d'élite trahi par ses supérieurs et assassiné. Arrivé en enfer, le diable Malebolgia lui propose un pacte : s'il devient un rejeton infernal (Hellspawn) , Al pourra revoir sa femme. Mais le diable est fourbe et Al revient sur Terre 5 ans plus tard (quelques secondes seulement dans sa perception du temps, comme quoi tout est relatif ) et pas dans son corps. Pire, sa femme Wanda est remariée et a eu un enfant avec le meilleur ami de Al ! Très vite des auteurs comme Neil Gaiman ou Alan Moore vont venir enrichir le petit univers de Spawn en introduisant et/ou en approfondissant certains concepts ( et depuis, McFarlane est en procès sur procès avec Neil Gaiman, mais c'est une autre histoire ).Spawn brasse les influences de 3 super-héros. 3 super-héros que McFarlane a mis en scène : Batman pour : le look général, la cape qui s'étire parfois au-delà de toute limite logique et le côté polar/thriller; Spider-man pour le costume vivant ( McFarlane co-créa le célèbre Venom, ennemi intime de Peter Parker) ; et Ghost Rider pour le côté pacte avec le diable qui tourne mal bien évidemment. Pendant presque 200 numéros, Al Simmons va croiser la route de démons, de robots colorés mais aussi de mafieux plus terre à terre, de pédophiles,etc... Petit à petit le héros de la série ne va plus devenir qu'une ombre, permettant à McFarlane et ses co-scénaristes d'aborder divers sujets de sociétés. Certes cela fait avancer lentement la série ( il faudra arriver au numéro 100 pour que Spawn affronte son créateur, presque 10 ans en somme pour arriver à cette confrontation annoncée dès le début) mais la série est libre de toutes contraintes éditoriales extérieures, cela ancre Spawn dans un univers et inversement cela ancre l'univers de la série !


Un air de famille...ou de décalcomanie ? 




























En ce mois de janvier, les éditions Delcourt lance une nouvelle collection d'albums consacrés à Spawn : " Spawn la saga infernale". Le premier tome débute avec le numéro 201 du magazine américain et continue jusqu'au 206. Pour ceux qui auraient raté le départ, c'est l'occasion idéale de prendre le train en marche. En effet le statu quo a changé : Al Simmons n'est plus Spawn depuis quelques numéros ( parus dans le magazine défunt " les chroniques de Spawn) : il a mis fin à ses jours et le pouvoir a sauté sur un comateux amnésique:Jim Downing. Contrairement à Al Simmons, Jim ne reste pas dans l'ombre et ses premiers exploits ( avoir joué les thaumaturges ) ne passent pas inaperçus. Le voila traqué par les journalistes en même temps qu'il essaye de comprendre ce qui lui arrive et de découvrir qui il est. Mais Jim attire trop l'attention et très vite un certain Mr Bludd, un vampire (aux bras aussi longs que ses canines) décide de le mettre à sa botte !
La nouvelle mouture est scénarisée par un inconnu dans le milieu : Will Carlton. Il a eu le job en tweetant avec McFarlane ! Laisser la série aux mains d'un fan est un pari risqué mais payant dans ce cas-ci.Carlton a non seulement le champ libre puisque le personnage est totalement nouveau mais dispose aussi une mythologie de 200 numéros derrière lui sur laquelle s'appuyer. Et Carlton, en introduisant de nouveaux joueurs avec un groupe de vampires commence à créer la sienne sans jamais renier ce qui a été fait avant lui, ainsi les connaisseurs du personnage ne seront pas dépaysés.Il introduit un nouveau "supporting cast"(les personnages secondaires), plaçant les relations humaines et ce qui les motivent comme éléments centraux de la série ( la soif d'argent, la reconnaissance, la peur, le sexe,la soif de pouvoir etc…ponctuent le récit) Et on remerciera Delcourt d'avoir fait écrire un petit article résumant ce que le nouveau lecteur a besoin de savoir et de l'avoir placé en début d'ouvrage.
Les dessins sont signés par Simon Kudranski et lorgnent autant vers l'épure que le photo-réalisme. Le résultat est noir, glauque, beau.




























20 ans plus tard, Spawn est mort. Vive Spawn !