-Tout d’abord bonjour et merci d’avoir
accepté cette interview sur mon humble blog. Pour les lecteurs qui ne vous
connaîtraient pas (si si, il parait qu’il y en a !) , pourriez-vous vous
présenter un peu et décrire votre parcours ?
J'ai 30 ans, j'habite à Bruxelles, je
suis une journaliste indépendante depuis 8 ans environ, "humeuriste" et non
humoriste ;-) à mes heures. J'ai fait une licence en journalisme à l'UCL ( Université Catholique de Louvain,note du rédacteur), puis
j'ai bossé comme freelance pour pas mal de médias : Vers l'Avenir Brabant
Wallon, Soir Magazine, Bel RTL, Lalibre.be, La Libre tout court, Ciel Radio...
Ensuite je me suis posée au Focus Vif, qui occupe encore le gros de mon temps.
Je suis aussi chroniqueuse sur La Première, après un passage de trois ans sur
Pure FM, en tant que chroniqueuse et remplaçante de l'animatrice de la
matinale.
-Sur les ondes de la RTBF, vous avez
présenté des chroniques sur les bobos ainsi que vos désormais célèbres « Myriam Leroy n’aime pas… ». Si chacun peut
comprendre que l’on n’aime pas quelque chose ou quelqu’un l’envie de traiter
du mode de vie du bobo ( et le décortiquer )est peut-être plus brumeux.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous pencher sur eux ?
J'ai découvert un bouquin hilarant il y
a quelques années, Stuff White People Like, qui décortiquait le mode de vie des
Blancs américains à travers leurs marottes et leurs objets cultes. C'était un
portrait pertinent de l'époque, sous couvert de chroniques légères. J'ai alors
eu envie de décliner le concept en Belgique, en m'appuyant sur nos propres
références culturelles, mais je n'ai jamais trouvé l'opportunité de le faire.
Alors quand Olivier Monssens m'a proposé une chronique dans son émission
d'humour sur l'actualité, l'année dernière, j'ai décidé de présenter chaque
semaine le point de vue sur les évènements qui occupent les manchettes d'un
archétype contemporain que je trouve particulièrement connecté sur l'air du
temps.
-Jane Goodall avait ses chimpanzés, Diane
Fossey avait ses gorilles. Peut-on dire que Myriam Leroy a ses bobos ?
D’ailleurs, en tant que sujet d’études, peut-on parler de « bobo sapiens » selon vous ?
En tout cas, mes chroniques partaient
toutes d'une démarche d'observation participante (un verre de rouge et une
clope à la main), que j'appellerais « sociologie de comptoir ».
-Comme je le faisais remarquer plus haut,
en plus de vos chroniques sur les bobos, vous animiez une chronique portant sur
ce que vous n’aimez pas. Cette chronique semble être la plus connues des deux (
les scores de visionnages de celle-ci sur youtube sont d’ailleurs pas mauvais
).Quelles raisons vous ont poussé à publier sur les bobos plutôt que sur les
sujets que vous descendiez allègrement et dans la bonne humeur ?
Je n'ai pas choisi grand-chose, en
fait ! Ce n'est pas moi qui ai fait la démarche de me faire publier, c'est
Nicolas Vadot, qui travaille aussi pour l'émission d'Olivier Monssens, qui
aimait bien mes chroniques, et qui s'est proposé de les illustrer. Moi je
n'avais aucun contact dans l'édition. Il a joué les intermédiaires, merci à
lui !
En parlant de « Myriam Leroy n’aime pas… »
; cette chronique n’existe plus depuis cette saison. Y-a-t-il une chance de la
voir resurgir sous une autre forme, voire même en recueil en librairie ?
Ce n'est pas impossible. Vu que Les
Bobos s'écoulent plutôt bien, l'éditeur, qui n'était a priori pas intéressé par
mes autres chroniques, les voit désormais d'un œil nouveau ;-) On doit en
discuter dans pas trop longtemps. J'aimerais ne pas sortir uniquement une
compilation de chroniques déjà vues et entendues par ailleurs, mais en proposer
aussi de nouvelles, et pourquoi pas, les assortir des meilleures insultes
reçues durant les deux ans où je les ai présentées sur Pure FM. Entre
« salle putte tu vas mourires » et « essaye d'abord d'être aussi
jolie que Mélanie Laurent et on en reparle espèce de grosse jalouse », je
crois qu'il y a de quoi faire !
(Petits cadeaux bonus : Myriam Leroy n'aime pas Mélanie Laurent , Myriam Leroy n'aime pas Intouchables et Myriam Leroy n'aime pas Myriam Leroy )
-D’ailleurs, le livre « Les bobos, la révolution sans effort. » se
vend-il bien ? J’ai vu qu’il était en rupture de stock sur un célèbre site de
vente pas internet dont le nom rappelle un fleuve sud-américain. Cela vous rend
heureuse j’imagine ? Ou bien Myriam Leroy n’aime pas le succès?
J'aime beaucoup le succès! En un mois et
demi, on a presque écoulé les 2500 exemplaires imprimés. Ce n'est pas énorme
comme chiffre, comparé à un Kroll qui peut monter jusque 70 000, évidemment.
Mais à ma petite échelle, je suis très heureuse de ma petite performance,
d'autant que personne n'y croyait au départ, pas même moi ;-)
-Vous avez entamé une petite tournée
promotionnelle faite de séances de dédicaces et de passages télévisuels.
Comment se passe le contact direct avec le public ? Les personnes qui viennent
demander une dédicace sont-ils des fans
ou y trouve-t-on de temps en temps de simples curieux ?
Les gens sont adorables. J'ai même parfois
du mal à y croire. Certains m'apportent même des cadeaux: j'ai reçu du vin, des
chocolats... C'est extrêmement étrange de rencontrer des gens qui te
connaissent et que toi pas, c'est presque de la fiction. Mais c'est un immense
plaisir.
-Si nous ne sommes pas tous bobos, certains
(voire beaucoup) ont des points communs avec ce que vous décrivez dans votre
livre. À partir de combien de points communs (sur les 35 thèmes développés dans
l’ouvrage) appartient-on au monde des bobos sans aucun espoir de s’en échapper,
et ce même si on s’appelle Michael Scofield ?
Difficile de répondre à cette
question... Mais certaines personnes de mon entourage cumulent les 35
caractéristiques présentées dans le bouquin, sans se forcer.
-La question
que tout le monde se pose : Myriam Leroy est-elle bobo ?
Forcément, oui, un peu. J'habite près de
la place Flagey, j'ai certainement été contaminée bien malgré moi. Et
effectivement, j'aime voyager loin, je trie mes déchets, je ne regarde pas la
télé, j'aime le cinéma d'auteur et la littérature prétentieuse... Mais j'écoute
du rap et du r'n'b, je suis incapable de rouler à vélo, je fuis le café Belga,
et je ne m'habille pas en vintage hors de prix.
-Sous le
vernis , on aurait presque l’impression de lire une étude sociologique compréhensible
par tous sur les bobos. Cependant, le principe d'incertitude d'Heisenberg est
assez clair : tout ce qu’on étudie change. Pas trop peur de sortir un jour un
volume qui contredira vos premières observations ? ( alors ça a l’air super
sérieux comme question mais pas du tout)
Ce sera très certainement rapidement
périmé, mais je n'ai pas l'impression que ça ôte toute sa pertinence au propos.
Comme me le disait récemment un lecteur, je vois plutôt ça comme « une
photographie espiègle d'une culture contradictoire et névrosée de début de
siècle. »
-J’ai assisté à la diffusion de deux de vos
interviews à la télévision. L’une sur la télévision bruxelloise et l’autre sur
la RTBF dans l’émission « On n'est pas des
pigeons ». Si la première semble s’être déroulée agréablement, la seconde m’a
personnellement fait l’effet d’une exécution médiatique que même l’auteure de
Twilight n’aurait pas méritée. Vous l’avez aussi ressentie comme ça ? Comment
expliquez-vous que l’on ait descendu votre livre comme cela ce soir-là ?
Christophe Bourdon a fait son job
d'intervieweur à la sulfateuse, je connaissais le principe de sa séquence, je
n'ai pas eu l'impression d'être prise en traître. Ce qui m'a plus surprise,
c'est qu'il trouve le bouquin méchant et moqueur, alors que j'y ai mis toute la
tendresse dont je suis capable ;-) Ce que je n'ai pas compris, par contre, c'est
le traitement de défaveur qui m'a été réservé par Hubert Mestrez en plateau,
qui n'avait pas lu mon livre, et qui s'enflammait à son sujet comme si c'était
Mein Kampf. Ohé, les gars, on se détend, c'est un recueil de BLAGUES !
-Si vous
deviez convaincre les lecteurs de ce blog de se procurer votre livre, comment
vous y prendriez vous ? Et comme nous ne sommes pas sur twitter, je ne mets
aucune limitation de caractères !
Si vous êtes sensible au sort financier
d'une journaliste précaire et dépensière, si vous aimez lire aux chiottes, si
les bobos vous agacent ou vous amusent, si vous êtes gentil, si vous n'avez que
10 euros pour vos cadeaux de Noël, si vous aimez Nicolas Vadot, si je vous ai
déjà fait rire un jour, si vous êtes friand de mauvaise foi et de postures
faussement naïves... ce livre est pour vous!
-Quels sont
vos projets (professionnels s’entend) pour l’immédiat ?
Mes projets sont avant tout de l'ordre
du sommeil. J'espère arriver à dormir un peu en 2013.
-Enfin,
quelle question auriez-vous aimé que je vous pose et qu’y auriez-vous répondu ?
Qu'est-ce qui, aujourd'hui, te donnerait
envie d'écrire une nouvelle chronique sur le mode «J'aime pas»?
Plein de choses, je bous, je fonds, je
craque... Ma principale inspiration du moment? Les donneurs de leçon, une race
qui malheureusement, avec l'avènement des réseaux sociaux, a encore de beaux
jours devant elle.
Merci
Myriam Leroy de m’avoir consacré de votre temps. Je vous souhaite une
excellente continuation !
Les bobos,la révolution sans effort ,par Myriam Leroy, aux éditions Renaissance du Livre.
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