Pages

dimanche 11 novembre 2012

Chérie, j'ai rétréci les savants !


Michael Crichton est mort en 2008. L’auteur du célèbre « Jurassic Park » (adapté avec brio, mais pouvait-il en aller autrement, par Steven Spielberg ! ) a pourtant laissé derrière lui deux romans dans son disque dur. Les éditeurs ont sauté sur l’occasion de continuer à publier ses œuvres ! Ainsi, après les décevant «  Next » (publié de son vivant) et « Pirates » (titre posthume), voici le tout dernier roman posthume de Crichton : « Micro » . Cependant, Crichton est mort avant d’avoir terminé son roman, c’est donc Robert Preston qui acheva d’écrire ce livre.

Non, avec un titre pareil, les auteurs ne décortiquent pas scientifiquement le fonctionnement d’un enregistrement de Lady Gaga mais bien le monde de l’incroyablement petit. Eric Jansen est le directeur financier de Nitrogen, une compagnie spécialisée dans la fabrication de nanorobots et dirigée par Vince Drake. Nitrogen est à la recherche de chair fraîche pour son personnel et Eric arrive à convaincre son frère Peter et certains de ses amis doctorants à venir à Hawaï visiter les installations de la compagnie. Mais peu avant le jour de la visite, Eric disparaît non sans avoir envoyé un SMS à son frère : « ne viens pas ! ». Peter ignore la mise en garde et se rend sur place pour découvrir la vérité. Il va plonger avec ses amis dans un monde dangereux, où toute la nature que l’on connait devient soudainement mille fois plus mortelle !

Apparemment, le premier tiers du roman a été écrit par Crichton lui-même. Cependant, cela n’est corroboré que sur le net, aucune postface, préface ou note ne viendra jamais éclairé le lecteur sur la manière dont ce roman s’est construit. Bref, la paternité est difficile à établir. On retrouve bien ça et là des indications techniques et un peu de vulgarisation scientifique mais jamais comme Michael Crichton avait pu le faire auparavant !!!(On est loin des 10-15 pages de vulgarisation habituelle qui en plus de nous en apprendre pas mal, en citant souvent les sources qui plus est,était intégrée au récit sans que cela ne l’alourdisse.)  Le style est aussi plus pauvre mais reste cohérent du début à la fin, ce qui me fait dire que soit Preston s’adapte très bien, soit il a retravaillé le texte de départ pour coller à son écriture propre.

Le sujet de départ est très tiré par les cheveux mais une fois le postulat accepté, l’aventure se lit sans déplaisir, sans temps morts…mais sans panache non plus. L’éditeur français vend ce livre comme une sorte de croisement entre « La proie » (pour le côté  nanotech sans doute) et « Jurassic Park » (référence plus assumée avec son groupe de personnes perdues en territoire hostile et entourées de bestioles tout sauf sympathiques ! Et une espèce en particulier se comporte comme les raptors lorsqu’ils chassent d’ailleurs ! ). Mais l’histoire n’arrive jamais à vraiment éveiller en nous autre chose que l’envie de tourner les pages ( ce qui est déjà pas mal ) et l’on ne se pose aucune question sur les possibilités, les contradictions etc… comme pouvaient le faire les autres romans de Crichton !

Si le premier tiers est bien tel qu’il l’a écrit, je pense qu’il s’agit ( et c’est la même hypothèse que pour « Pirates ») en fait d’une ébauche à retravailler dans les détails et que les éditeurs et Robert Preston ont pris pour la version finale des chapitres disponibles. Le livre souffre aussi des emprunts aux romans antérieurs de Crichton (on retrouve la nanotech de "La Proie", le monde hostile de "Jurassic Park/Le monde Perdu", et la société dirigée par un malade prêt à tout comme dans "Prisonniers du temps").

Reste que dans le genre série B littéraire, le livre se lit bien (perso,j’ai mis une nuit à le faire ) et joue avec le lecteur ( aucune certitude sur qui survivra ou non, un vrai jeu de massacre bien sanglant). Il aurait eu plus de chance à sortir en été, période où la consommation littéraire est souvent plus légère et moins prise de tête. 

À réserver aux seuls fans de l'écrivain. Pour les autres, replongez-vous dans les romans pré-cités ( sauf peut-être "Le Monde Perdu",seul le film était bon).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire