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mercredi 25 décembre 2013
dimanche 15 décembre 2013
Au nom du père...
…Tu seras chauve-souris mon fils…
C’est presque une règle absolue, un artifice de création ,un acte fondateur immuable : le traumatisme initial d’un super-héros ! La perte d’un (ou plusieurs, selon les cas) être cher, qui poussera le héros à prendre part à une lutte contre le crime tout en se débattant pour ne jamais franchir la ligne rouge qui le pousserait à commettre ce qu’il sait être irréparable.
Batman est évidemment de ceux-là. Qui ignore encore que Thomas et Martha Wayne furent abattus par un voyou sans imagination du nom de Joe Chill ? Pourtant, tel un Matt Murdock/Daredevil se lamentant d’avoir perdu son père ou un Peter Parker/Spider-Man pleurant sur la mort de son Oncle Ben, Bruce Wayne est hanté par son géniteur. Il ne fait presque jamais allusion à sa mère.
La demeure de mon père, les entreprises de mon père…Même les anecdotes du passé que le chevalier noir utilise pour créer une métaphore avec ce qu’il vit est en relation directe avec Thomas Wayne. Contrairement à la plupart des garçons de 8 ans fourrés dans les jupes de leur mère, le petit Bruce était en admiration totale devant la figure paternelle. Il y a fort à parier que si Martha était restée en vie, le petit Bruce aurait cherché à devenir l’ange de la nuit qu’il est aujourd’hui. Allons plus loin : dans une réalité alternative, Bruce meurt enfant, sa mère devient folle et devient le Joker. Son père se radicalise et devient...Batman.
Son trauma est là : la mort de son père et non celle de ses parents. Non pas que je minimise l'amour qu'il eu pour sa mère, de nombreux ouvrages démontrent bien la profonde relation qu'il entretenait avec elle.
Dès lors, lorsque Grant Morrison, reprend l’écriture de la série « Batman » et nous fait découvrir le fils caché de Bruce et de Talia Al Ghul, la perspective de voir Batman devenir ce qu’il a perdu est excitante. Oh certes, on pourra toujours arguer qu’il a lui-même été un père de substitution pour les « Robin » qu’il a formé ( voire même carrément un père adoptif ), lui-même ayant trouvé des ersatz de paternels en Alfred ou Jim Gordon. Mais , dans la tradition anglo-saxonne, les liens du sang sont encore vus comme vecteurs de tempéraments ( « C’est bien le fils de son père celui-là… » dira-t-on de Luke Skywalker n’ayant eu aucun contact avec Dark Vador ). Bref, Damian Wayne débarque et bouleverse le petit monde du chevalier noir.
Cependant, Morrison avait des plans bien précis pour Bruce, et développer son côté paternel n'en faisait pas partie. Qu'à cela ne tienne, un autre scénariste a compris le potentiel de la chose, et lors de la seconde série " Batman & Robin", Peter Tomasi va étoffer comme personne leur relation.
Bruce va apprivoiser ce fils qu'il ne connaît pas, Damian va peu à peu se laisser aller à apprécier cette nouvelle vie, ces nouvelles valeurs morales ( rappelons que le petit a été élevé par les gens de Ra's Al Ghul, ça vous situe le niveau humaniste de la chose). Leurs liens vont se construire vite et fort. À tel point que voir Bruce se comporter en père apparait comme une évidence, une évolution logique et normale. Cette évolution est tellement fluide, tellement nette, qu'elle semble faire partie du personnage depuis des lustres et non pas quelques années.
Il ne se bat plus uniquement pour que Gotham et ses habitants puissent vivre débarrassés du crime. Il se bat aussi pour que son fils puisse jouir d'une vie plus lumineuse, plus solaire. L'animal nocturne qu'il est souhaite que le rouge-gorge ( Robin signifie rouge-gorge en anglais) profite et s'expose à la lumière du soleil.
Mais Grant Morrison avait d'autres projets.
Son run sur Batman touche à sa fin après plus de 6 ans.
Et 4 épisodes avant la fin, il élimine Damian de l'équation. Robin meurt, dans les bras de son père, transpercé par la lame d'un sbire de sa mère.
Lorsque nous lisons une œuvre, regardons un film, une série ou assistons à une représentation théâtrale, notre réalité est altérée. Car cette fiction, dans laquelle nous nous immergeons semble bien réelle. Nous nous passionnons pour des êtres qui n’existent pas, nous nous passionnons pour ce qu'ils font, ne font pas. Nous ressentons (et une émotion , même si l'on ne peut la mesurer, la quantifier, est une chose bien réelle) pour eux des choses.
Alors oui, je revendique ici mon droit à pleurer la mort de Damian Wayne et à m'appesantir sur le sort de son père, Bruce Wayne. Lui pour qui l'image paternelle avait tant d'importance, vient de perdre la raison d'en donner une.
Fallait-il accabler ce personnage d'un nouveau tourment de ce type ? La mort qui frappe ses proches depuis ses 8 ans n'a-t-elle pas fait assez de dégâts ainsi ? J'ai pleinement conscience que les drames font avancer l'intrigue mais croire que certains statu quo ne sont que des handicaps ankylosant n'est pas forcément une bonne chose…je l'aimais moi, ce sale gosse…
C’est presque une règle absolue, un artifice de création ,un acte fondateur immuable : le traumatisme initial d’un super-héros ! La perte d’un (ou plusieurs, selon les cas) être cher, qui poussera le héros à prendre part à une lutte contre le crime tout en se débattant pour ne jamais franchir la ligne rouge qui le pousserait à commettre ce qu’il sait être irréparable.
Batman est évidemment de ceux-là. Qui ignore encore que Thomas et Martha Wayne furent abattus par un voyou sans imagination du nom de Joe Chill ? Pourtant, tel un Matt Murdock/Daredevil se lamentant d’avoir perdu son père ou un Peter Parker/Spider-Man pleurant sur la mort de son Oncle Ben, Bruce Wayne est hanté par son géniteur. Il ne fait presque jamais allusion à sa mère.
La demeure de mon père, les entreprises de mon père…Même les anecdotes du passé que le chevalier noir utilise pour créer une métaphore avec ce qu’il vit est en relation directe avec Thomas Wayne. Contrairement à la plupart des garçons de 8 ans fourrés dans les jupes de leur mère, le petit Bruce était en admiration totale devant la figure paternelle. Il y a fort à parier que si Martha était restée en vie, le petit Bruce aurait cherché à devenir l’ange de la nuit qu’il est aujourd’hui. Allons plus loin : dans une réalité alternative, Bruce meurt enfant, sa mère devient folle et devient le Joker. Son père se radicalise et devient...Batman.
Son trauma est là : la mort de son père et non celle de ses parents. Non pas que je minimise l'amour qu'il eu pour sa mère, de nombreux ouvrages démontrent bien la profonde relation qu'il entretenait avec elle.
Oui père, je serai chauve-souris.
Père et fils, lié par le même sort.
Dès lors, lorsque Grant Morrison, reprend l’écriture de la série « Batman » et nous fait découvrir le fils caché de Bruce et de Talia Al Ghul, la perspective de voir Batman devenir ce qu’il a perdu est excitante. Oh certes, on pourra toujours arguer qu’il a lui-même été un père de substitution pour les « Robin » qu’il a formé ( voire même carrément un père adoptif ), lui-même ayant trouvé des ersatz de paternels en Alfred ou Jim Gordon. Mais , dans la tradition anglo-saxonne, les liens du sang sont encore vus comme vecteurs de tempéraments ( « C’est bien le fils de son père celui-là… » dira-t-on de Luke Skywalker n’ayant eu aucun contact avec Dark Vador ). Bref, Damian Wayne débarque et bouleverse le petit monde du chevalier noir.
Cependant, Morrison avait des plans bien précis pour Bruce, et développer son côté paternel n'en faisait pas partie. Qu'à cela ne tienne, un autre scénariste a compris le potentiel de la chose, et lors de la seconde série " Batman & Robin", Peter Tomasi va étoffer comme personne leur relation.
Bruce va apprivoiser ce fils qu'il ne connaît pas, Damian va peu à peu se laisser aller à apprécier cette nouvelle vie, ces nouvelles valeurs morales ( rappelons que le petit a été élevé par les gens de Ra's Al Ghul, ça vous situe le niveau humaniste de la chose). Leurs liens vont se construire vite et fort. À tel point que voir Bruce se comporter en père apparait comme une évidence, une évolution logique et normale. Cette évolution est tellement fluide, tellement nette, qu'elle semble faire partie du personnage depuis des lustres et non pas quelques années.
Il ne se bat plus uniquement pour que Gotham et ses habitants puissent vivre débarrassés du crime. Il se bat aussi pour que son fils puisse jouir d'une vie plus lumineuse, plus solaire. L'animal nocturne qu'il est souhaite que le rouge-gorge ( Robin signifie rouge-gorge en anglais) profite et s'expose à la lumière du soleil.
Mais Grant Morrison avait d'autres projets.
Son run sur Batman touche à sa fin après plus de 6 ans.
Et 4 épisodes avant la fin, il élimine Damian de l'équation. Robin meurt, dans les bras de son père, transpercé par la lame d'un sbire de sa mère.
Alors oui, je revendique ici mon droit à pleurer la mort de Damian Wayne et à m'appesantir sur le sort de son père, Bruce Wayne. Lui pour qui l'image paternelle avait tant d'importance, vient de perdre la raison d'en donner une.
Fallait-il accabler ce personnage d'un nouveau tourment de ce type ? La mort qui frappe ses proches depuis ses 8 ans n'a-t-elle pas fait assez de dégâts ainsi ? J'ai pleinement conscience que les drames font avancer l'intrigue mais croire que certains statu quo ne sont que des handicaps ankylosant n'est pas forcément une bonne chose…je l'aimais moi, ce sale gosse…
King of the bad jokes.
Aujourd'hui, prenons un peu d'avance voulez-vous. Le 14 Février prochain, Urban Comics sortira le 3me tome de Batman scénarisé par Scott Snyder.
Ce tome sera centré sur le retour du Joker.
Cependant, le mensuel Batman Saga a publié, au rythme d'un chapitre par mois, ce fameux retour intitulé Le deuil de la famille ( Death of the family en V.O, ce qui n'est pas exactement la même chose*).
Lorsque le volume cartonné sortira, je mettrai cet article à jour si besoin est.
Il y a un an, le Joker s'évadait de l'asile d'Arkham ( oui, encore une fois ) avec l'aide d'un nouveau maniaque : le Taxidermiste. Pour une raison aussi obscure que malsaine, le Joker avait demandé à son complice de lui …couper le visage. Ce dernier a alors été confisqué par le GCPD (Gotham City Police Department ) et placé dans une chambre froide. Nul ne sait, pas même Batman, le plus grand détective du monde, où est allé le Joker et ce qu'il a fait durant ce laps de temps.
Ce soir, le propriétaire de ce morceau de peau décolorée vient reprendre ce qui est à lui.
Ce soir, le sang va couler.
Ce soir, le Joker est de retour…
Pour bien comprendre ma démarche pour rédiger cette critique, je vais devoir un peu vous parler de moi et beaucoup du mensuel Batman Saga. Tout comme lors de La nuit des Hiboux, les bat-séries sont entrées en crossover. Ici, l'ennemi multiple mais au visage de hibou a laissé place à une menace solitaire au visage balafré. Et ça a été une véritable overdose de gore, d'intrigues glauques et malsaines. Pris séparément, je pense que la lecture de chaque série aurait été possible sans haut-le-cœur. Mais à la suite, c'était presque insoutenable et je ne suis pas une petite nature.
J'ai donc décidé, avant d'écrire cette chronique, de relire l'arc narratif propre à la série Batman. Point.
Et force est de constater que ça passe déjà bien mieux, même lu d'une traite. Pendant 4 épisodes (sur 5 ) , Scott Snyder écrit une saga remplie de tension et de paranoïa : le Joker aurait découvert l'identité de chaque membre de " la famille" ( à savoir Batman/Bruce Wayne, Robin/Damian Wayne, Nightwing/Dick Grayson, Red Robin/ Tim Drake, Red Hood/Jason Todd et Batgirl/Barbara Gordon).
Et Bruce semble pourtant se comporter en connard prétentieux, trop sûr de lui et du fait que non, le Joker n'a rien pu découvrir, malgré sa théâtralité à démonter le contraire en agitant sous le nez de nos héros un mystérieux petit carnet en cuir de chauve-souris.
Scott Snyder sait sur quoi il écrit, et sait qu'il ne doit pas se planter en faisant revenir l'adversaire le plus emblématique de la chauve-souris gothamite. Le Joker est une sorte de personnage qui adapte sa personnalité à ses besoins de taré, c'est pour ça que même les pires frappés de Gotham le craignent : si on le croise, on ne sait jamais s'il va vous buter ou vous raconter une blague pourrie.Il évolue en permanence et les auteurs avant Snyder ont donc joué avec lui et changé son comportement en de nombreuses occasions. Snyder va aller plus loin, il va livrer le Joker ultime ! Il va amplifier ce personnage dérangeant ( et dérangé),c'est un individu hors-norme dont l'existence est dirigée vers le contraire des attentes sociétales de base : il est dérangeant par nature.
Cette incarnation du Joker est autant le Joker amoureux (de batounet) de The dark Knight Returns ( Frank Miller), que les Joker de Burton et Nolan (au rayon cinéma), celui de Alan Moore ( The Killing Joke ) ou de Grant Morrison. Alors oui, Snyder a lu Batman, il a compris ce qu'était le Joker mais sa démarche, de ne pas le faire évoluer, peut sembler étrange...
Il va également émailler son récit de références plus ou moins explicites à d'autres "grands moments" de la vie du Joker en évoquant ses origines ( celles présentées dans The Killing Joke ) ou la prise d'otages à Arkham.
Jusqu'au bout, ce cinglé va jouer avec la Police et la Bat-Family, allant jusque les humilier. Embrigadant d'autres figures emblématiques pour jouer un rôle dans son plan de psychopathe. Et puis, soudain, lors des deux dernières pages du chapitre 5, tout s'éclaire, la démarche de Snyder apparaît : il s'agissait de raconter une très mauvaise blague du Joker.
Et pour raconter cela, le Joker n'avait d'autre choix que de s'adapter d'une manière inédite : en piochant dans tous ses aspects ! Le comportement hautain et trop sur de lui affiché par Bruce est expliqué. Scott Snyder avait prévu le coup.
Mais le coût payé par la bat-family est élevé et la fin, douce amère, indique peut-être que les blessures (physiques et surtout mentales ) prendront du temps à cicatriser. Le Joker est allé trop loin, peut-être Batman a-t-il une responsabilité morale dans le fait de laisser ce fou furieux en vie.
Quoiqu'il en soit, cet arc, qui démarrait et continuait sur une lancée trash et morbide, se termine plus subtilement en expliquant ( encore faut-il y réfléchir) pourquoi il nous a été livré comme cela. Une lecture qui peut s'avérer éprouvante par ses aspects morbides mais qui , finalement, nous démontre que Snyder réfléchit beaucoup à comment écrire ses histoires.
Les dessins de Greg Capullo rendent parfaitement cette atmosphère lourde et malsaine. En ajoutant des détails dans les décors, les costumes et le look du Joker nouveau, qui porte son visage comme un masque. Capullo fait un excellent travail sur Batman et il est allé chercher ici ce qui le rendait si bon sur la série Spawn : l'habilité à créer des images superbes tout en travaillant leur rendu dégueulasse.
Accrochez vous donc en le lisant, mais ne doutez pas qu'il y a un travail de réflexion de la part de l'auteur derrière tout ça.
*Un arc narratif antérieur, intitulé A death in the family avait été traduit par Un deuil dans la famille. Cet arc voyant le Joker assassiner Jason Todd, le second Robin ( qui, depuis, a été ramené à la vie par Talia Al Ghul en le plongeant dans un puits de Lazare). Le retour du Joker, sous son titre américain, était donc une référence claire au titre de la mort de Jason. La traduction dudit titre en français devait donc refléter cette parenté.
Ce tome sera centré sur le retour du Joker.
Cependant, le mensuel Batman Saga a publié, au rythme d'un chapitre par mois, ce fameux retour intitulé Le deuil de la famille ( Death of the family en V.O, ce qui n'est pas exactement la même chose*).
Lorsque le volume cartonné sortira, je mettrai cet article à jour si besoin est.
Il y a un an, le Joker s'évadait de l'asile d'Arkham ( oui, encore une fois ) avec l'aide d'un nouveau maniaque : le Taxidermiste. Pour une raison aussi obscure que malsaine, le Joker avait demandé à son complice de lui …couper le visage. Ce dernier a alors été confisqué par le GCPD (Gotham City Police Department ) et placé dans une chambre froide. Nul ne sait, pas même Batman, le plus grand détective du monde, où est allé le Joker et ce qu'il a fait durant ce laps de temps.
Ce soir, le propriétaire de ce morceau de peau décolorée vient reprendre ce qui est à lui.
Ce soir, le sang va couler.
Ce soir, le Joker est de retour…
Pour bien comprendre ma démarche pour rédiger cette critique, je vais devoir un peu vous parler de moi et beaucoup du mensuel Batman Saga. Tout comme lors de La nuit des Hiboux, les bat-séries sont entrées en crossover. Ici, l'ennemi multiple mais au visage de hibou a laissé place à une menace solitaire au visage balafré. Et ça a été une véritable overdose de gore, d'intrigues glauques et malsaines. Pris séparément, je pense que la lecture de chaque série aurait été possible sans haut-le-cœur. Mais à la suite, c'était presque insoutenable et je ne suis pas une petite nature.
J'ai donc décidé, avant d'écrire cette chronique, de relire l'arc narratif propre à la série Batman. Point.
Et force est de constater que ça passe déjà bien mieux, même lu d'une traite. Pendant 4 épisodes (sur 5 ) , Scott Snyder écrit une saga remplie de tension et de paranoïa : le Joker aurait découvert l'identité de chaque membre de " la famille" ( à savoir Batman/Bruce Wayne, Robin/Damian Wayne, Nightwing/Dick Grayson, Red Robin/ Tim Drake, Red Hood/Jason Todd et Batgirl/Barbara Gordon).
Et Bruce semble pourtant se comporter en connard prétentieux, trop sûr de lui et du fait que non, le Joker n'a rien pu découvrir, malgré sa théâtralité à démonter le contraire en agitant sous le nez de nos héros un mystérieux petit carnet en cuir de chauve-souris.
Scott Snyder sait sur quoi il écrit, et sait qu'il ne doit pas se planter en faisant revenir l'adversaire le plus emblématique de la chauve-souris gothamite. Le Joker est une sorte de personnage qui adapte sa personnalité à ses besoins de taré, c'est pour ça que même les pires frappés de Gotham le craignent : si on le croise, on ne sait jamais s'il va vous buter ou vous raconter une blague pourrie.Il évolue en permanence et les auteurs avant Snyder ont donc joué avec lui et changé son comportement en de nombreuses occasions. Snyder va aller plus loin, il va livrer le Joker ultime ! Il va amplifier ce personnage dérangeant ( et dérangé),c'est un individu hors-norme dont l'existence est dirigée vers le contraire des attentes sociétales de base : il est dérangeant par nature.
Cette incarnation du Joker est autant le Joker amoureux (de batounet) de The dark Knight Returns ( Frank Miller), que les Joker de Burton et Nolan (au rayon cinéma), celui de Alan Moore ( The Killing Joke ) ou de Grant Morrison. Alors oui, Snyder a lu Batman, il a compris ce qu'était le Joker mais sa démarche, de ne pas le faire évoluer, peut sembler étrange...
Il va également émailler son récit de références plus ou moins explicites à d'autres "grands moments" de la vie du Joker en évoquant ses origines ( celles présentées dans The Killing Joke ) ou la prise d'otages à Arkham.
Jusqu'au bout, ce cinglé va jouer avec la Police et la Bat-Family, allant jusque les humilier. Embrigadant d'autres figures emblématiques pour jouer un rôle dans son plan de psychopathe. Et puis, soudain, lors des deux dernières pages du chapitre 5, tout s'éclaire, la démarche de Snyder apparaît : il s'agissait de raconter une très mauvaise blague du Joker.
Et pour raconter cela, le Joker n'avait d'autre choix que de s'adapter d'une manière inédite : en piochant dans tous ses aspects ! Le comportement hautain et trop sur de lui affiché par Bruce est expliqué. Scott Snyder avait prévu le coup.
Mais le coût payé par la bat-family est élevé et la fin, douce amère, indique peut-être que les blessures (physiques et surtout mentales ) prendront du temps à cicatriser. Le Joker est allé trop loin, peut-être Batman a-t-il une responsabilité morale dans le fait de laisser ce fou furieux en vie.
Quoiqu'il en soit, cet arc, qui démarrait et continuait sur une lancée trash et morbide, se termine plus subtilement en expliquant ( encore faut-il y réfléchir) pourquoi il nous a été livré comme cela. Une lecture qui peut s'avérer éprouvante par ses aspects morbides mais qui , finalement, nous démontre que Snyder réfléchit beaucoup à comment écrire ses histoires.
Les dessins de Greg Capullo rendent parfaitement cette atmosphère lourde et malsaine. En ajoutant des détails dans les décors, les costumes et le look du Joker nouveau, qui porte son visage comme un masque. Capullo fait un excellent travail sur Batman et il est allé chercher ici ce qui le rendait si bon sur la série Spawn : l'habilité à créer des images superbes tout en travaillant leur rendu dégueulasse.
Accrochez vous donc en le lisant, mais ne doutez pas qu'il y a un travail de réflexion de la part de l'auteur derrière tout ça.
*Un arc narratif antérieur, intitulé A death in the family avait été traduit par Un deuil dans la famille. Cet arc voyant le Joker assassiner Jason Todd, le second Robin ( qui, depuis, a été ramené à la vie par Talia Al Ghul en le plongeant dans un puits de Lazare). Le retour du Joker, sous son titre américain, était donc une référence claire au titre de la mort de Jason. La traduction dudit titre en français devait donc refléter cette parenté.
vendredi 13 décembre 2013
La consolation de Smaug.
Suivant la même logique de sortie que la trilogie du Seigneur des Anneaux ( un film par an), ce joli mois de décembre voit atterrir "La désolation de Smaug" dans les salles obscures.
Si vous vous rappelez de ma critique du premier volet, j'envoyais valser les défauts que beaucoup pointaient du doigt.
Soucis : ce second volet , supérieur, me fait remarquer qu'ils n'avaient pas tout à fait tort ( mais dans des proportions ô combien moins larges que ce que l'on peut lire un peu partout et surtout, pour des raisons dramaturgiques évidentes sur lesquelles je vais revenir).
En dramaturgie, on distingue bien souvent qu'une histoire se divise en 3 actes (eux-mêmes subdivisés d'ailleurs). Le Hobbit (tout comme Le Seigneur des Anneaux) n'est pas vraiment une trilogie mais un seul et même film tellement long qu'il est diffusé sous la forme de trois films, c'est donc une ruse, une tromperie (pas vilaine). On notera, pardonnez-moi cet aparté, que le film L'empire contre-attaque était le second acte d'une histoire en 3 parties qui lui-même respectait un déroulement dramatique en 3 actes.
Hors, un premier acte est toujours un peu plus lent : il sert à poser les personnages, les enjeux, etc…C'était le job d'Un voyage inattendu tout en assurant un spectacle envoûtant.
Mais maintenant que tout (ou presque) est posé , les personnages vont être ballottés d'un point à l'autre : l'échiquier a été préparé et un peu chamboulé en amont, place au gros du déroulement de la partie ! Dès lors , le premier volet semble (en comparaison, j'insiste) plus lent et moins épique.
Car niveau vitesse et dimension épique, vous allez être servis ! Sur près de 2H30 de métrage, nous assistons à sans doute 1H50 d'action pure, Peter Jackson semblant faire très souvent fi de l'adage qui veut " qu'il faut établir des zones calmes pour laisser respirer le spectateur"…et bien, quand on veut, on peut accrocher l'audience ET ne pas l'asphyxier ( la scène de la descente de la rivière, longue, fluide, magistrale) : par exemple, en faisant en sorte que les personnages s'expriment tant en paroles qu'en gestes, continuant ainsi à se développer psychologiquement devant nous. Bien entendu, face à tant de protagonistes, ce sont quelques uns des 13 nains qui seront mis en avant : Thorin, Balin se taillent la part du lion tandis que Kili prend de l'ampleur. À tel point que Bilbo semble parfois en retrait malgré son rôle ô combien important.
Un rôle qui reprend le devant de la scène dès lors que la troupe arrive en Erebor et que Bilbo doit assurer sa mission de cambrioleur en allant dérober l'artefact qui légitimerait Thorin sur le trône nain. Un artefact gardé par un dragon, Smaug, que l'on avait vu se réveiller à la fin du premier volet.
Lors d'une demi-heure anthologique, Bilbo et les nains vont lutter pour leur survie. Smaug n'étant pas un dinosaure à ailes crachant des flammes mais bien un être pensant et intelligent, il y aura de la tension dans les joutes verbales ET l'action pure. Une action mise en scène en prenant en compte la géographie d'Erebor : le dragon vole quand c'est possible, marche, grimpe les autres fois. Crache du feu (un minimum syndical) etc…Une lutte pour la survie s'engage alors , une lutte qui débouchera sur le cliffhanger le plus frustrant de l'année : un an pour voir la suite, ça va être foutrement long !
Dans le registre des protagonistes, c'est le grand retour sur écran de Legolas, l'elfe blond au yeux bleus qui tire plus vite que Lucky Luke. Rayon elfe, Jackson invente un nouveau personnage, Tauriel, joué par Evangeline Lily. D'aucun crieront à la trahison. Criez mes braves, criez, vous attirerez sur vous l'attention des gens qui mettront en lumière votre sectarisme consumé. Cet ajout (ainsi que le plus large rôle de Legolas ) a été mûrement réfléchi et écrit en conséquence. Elle s'insère dans le récit sans que cela ne vienne alourdir le rythme. Nous croiserons également un archer humain, Bard, incarné par Luke Evans.
Comme dans la trilogie précédemment sortie au cinéma, une fois que Jackson pose ses valises en territoire humain, le drame et les enjeux deviennent plus grands, plus forts, plus durs. Car si les nains et les elfes ont des qualités et des défauts, les hommes sont sujets à tous les défauts et toutes les qualités : on ressent donc du dégoût pour ceux qui se laissent aller à leurs bassesses, de l'empathie pour ceux qui luttent pour ne pas y céder, etc… L'écriture des personnages et leur interprétation donnent corps aux personnages : même sans 3D, il y a donc du relief.
En parlant de 3D, voila un des aspects techniques les plus bandants du film.
Autant le premier volet se contentait d'avoir une 3D parfaite, autant ici presque chaque plan a été conçu dans l'optique d'être graphiquement travaillé avec sa profondeur de champ ( Erebor est une claque totale).
Le travail graphique est clairement pensé dans une optique en trois dimensions et on va perdre énormément quand il sortira en vidéo celui-là. Sans compter, encore une fois, la diffusion en HFR ( 48 images par seconde ) de toute beauté : ne pas le voir en 3D HFR c'est passer à côté de toute l'ampleur du film !
Vous voilà prévenus!
Au final, le film confortera les fans et devrait réconcilier les déçus du premier volet du Hobbit avec Peter Jackson.
Si vous vous rappelez de ma critique du premier volet, j'envoyais valser les défauts que beaucoup pointaient du doigt.
Soucis : ce second volet , supérieur, me fait remarquer qu'ils n'avaient pas tout à fait tort ( mais dans des proportions ô combien moins larges que ce que l'on peut lire un peu partout et surtout, pour des raisons dramaturgiques évidentes sur lesquelles je vais revenir).
En dramaturgie, on distingue bien souvent qu'une histoire se divise en 3 actes (eux-mêmes subdivisés d'ailleurs). Le Hobbit (tout comme Le Seigneur des Anneaux) n'est pas vraiment une trilogie mais un seul et même film tellement long qu'il est diffusé sous la forme de trois films, c'est donc une ruse, une tromperie (pas vilaine). On notera, pardonnez-moi cet aparté, que le film L'empire contre-attaque était le second acte d'une histoire en 3 parties qui lui-même respectait un déroulement dramatique en 3 actes.
Hors, un premier acte est toujours un peu plus lent : il sert à poser les personnages, les enjeux, etc…C'était le job d'Un voyage inattendu tout en assurant un spectacle envoûtant.
Mais maintenant que tout (ou presque) est posé , les personnages vont être ballottés d'un point à l'autre : l'échiquier a été préparé et un peu chamboulé en amont, place au gros du déroulement de la partie ! Dès lors , le premier volet semble (en comparaison, j'insiste) plus lent et moins épique.
Car niveau vitesse et dimension épique, vous allez être servis ! Sur près de 2H30 de métrage, nous assistons à sans doute 1H50 d'action pure, Peter Jackson semblant faire très souvent fi de l'adage qui veut " qu'il faut établir des zones calmes pour laisser respirer le spectateur"…et bien, quand on veut, on peut accrocher l'audience ET ne pas l'asphyxier ( la scène de la descente de la rivière, longue, fluide, magistrale) : par exemple, en faisant en sorte que les personnages s'expriment tant en paroles qu'en gestes, continuant ainsi à se développer psychologiquement devant nous. Bien entendu, face à tant de protagonistes, ce sont quelques uns des 13 nains qui seront mis en avant : Thorin, Balin se taillent la part du lion tandis que Kili prend de l'ampleur. À tel point que Bilbo semble parfois en retrait malgré son rôle ô combien important.
Un rôle qui reprend le devant de la scène dès lors que la troupe arrive en Erebor et que Bilbo doit assurer sa mission de cambrioleur en allant dérober l'artefact qui légitimerait Thorin sur le trône nain. Un artefact gardé par un dragon, Smaug, que l'on avait vu se réveiller à la fin du premier volet.
Lors d'une demi-heure anthologique, Bilbo et les nains vont lutter pour leur survie. Smaug n'étant pas un dinosaure à ailes crachant des flammes mais bien un être pensant et intelligent, il y aura de la tension dans les joutes verbales ET l'action pure. Une action mise en scène en prenant en compte la géographie d'Erebor : le dragon vole quand c'est possible, marche, grimpe les autres fois. Crache du feu (un minimum syndical) etc…Une lutte pour la survie s'engage alors , une lutte qui débouchera sur le cliffhanger le plus frustrant de l'année : un an pour voir la suite, ça va être foutrement long !
Dans le registre des protagonistes, c'est le grand retour sur écran de Legolas, l'elfe blond au yeux bleus qui tire plus vite que Lucky Luke. Rayon elfe, Jackson invente un nouveau personnage, Tauriel, joué par Evangeline Lily. D'aucun crieront à la trahison. Criez mes braves, criez, vous attirerez sur vous l'attention des gens qui mettront en lumière votre sectarisme consumé. Cet ajout (ainsi que le plus large rôle de Legolas ) a été mûrement réfléchi et écrit en conséquence. Elle s'insère dans le récit sans que cela ne vienne alourdir le rythme. Nous croiserons également un archer humain, Bard, incarné par Luke Evans.
Comme dans la trilogie précédemment sortie au cinéma, une fois que Jackson pose ses valises en territoire humain, le drame et les enjeux deviennent plus grands, plus forts, plus durs. Car si les nains et les elfes ont des qualités et des défauts, les hommes sont sujets à tous les défauts et toutes les qualités : on ressent donc du dégoût pour ceux qui se laissent aller à leurs bassesses, de l'empathie pour ceux qui luttent pour ne pas y céder, etc… L'écriture des personnages et leur interprétation donnent corps aux personnages : même sans 3D, il y a donc du relief.
En parlant de 3D, voila un des aspects techniques les plus bandants du film.
Autant le premier volet se contentait d'avoir une 3D parfaite, autant ici presque chaque plan a été conçu dans l'optique d'être graphiquement travaillé avec sa profondeur de champ ( Erebor est une claque totale).
Le travail graphique est clairement pensé dans une optique en trois dimensions et on va perdre énormément quand il sortira en vidéo celui-là. Sans compter, encore une fois, la diffusion en HFR ( 48 images par seconde ) de toute beauté : ne pas le voir en 3D HFR c'est passer à côté de toute l'ampleur du film !
Vous voilà prévenus!
Au final, le film confortera les fans et devrait réconcilier les déçus du premier volet du Hobbit avec Peter Jackson.