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mercredi 30 avril 2014

Matrice Artistique.

Matrix a 15 ans cette année.
Pour marquer le coup, il se peut que quelques articles sur le sujet voient le jour ( ce n'est pas une promesse).
En attendant, aujourd'hui j'aimerais vous entretenir d'un ouvrage jamais traduit en français et qui revient sur les gros travaux qu'ont été les story-boards et le design de production.

À l'inverse de nombreux ouvrages estampillés " The art of..." et qui sont des making-of plus pu moins complets, les frères Wachowski ont gardé les éléments techniques pour les dvd's avec les disques de bonus Matrix Revisited (ensuite, chaque épisode a eu droit à son revisited).

The art of The Matrix est un beau livre d'art de presque 500 pages à 80% exclusivement graphique. Ne vous attendez pas à une études des mythes, symboles et autres aspects philosophiques et pop-culturels de la chose.

Les story-boards sont présentés par leurs dessinateurs respectifs pour faire un léger topo mais le tout ressemble presque à un comic book sans texte. Et quel comic-book. 


 On retiendra particulièrement les dessins de Steve Skroce, dessinateur de comics qui officia sur Amazing Spider-Man vers la fin des années 90 (j'ai d'ailleurs d'assez bons souvenirs des numéros qu'il a dessiné).



L'étude de ces dessins préliminaires permet d'avoir quelques surprises, comme des passages jamais filmé ( la poursuite entre Trinity est les agents, au début du film, devait être plus longue et comprendre une course poursuite sur le toit d'un métro aérien !!!). 

Les dessins de production sont signés Geof Darrow, lui aussi dessinateur de comics. Ses travaux sont bourrés de détails, à tels points qu'il a été impossible de tout mettre à l'écran, un vrai plaisir des yeux.






Au milieu de l'ouvrage, le script final (celui qui a servi pour le tournage) n'apporte pas grand-chose, si ce n'est quelques dialogues supplémentaires mais intéressants. 
Plus intéressants, des passages venus de versions antérieures du scénario sont présentés et ceux-ci abordent des sujets laissés de côté : comment gère-t-on sa vie une fois éveillé dans le monde réel alors que votre famille, vos amis et liaisons romantiques sont toujours connectées à la Matrice ? Et comment les agents s'en servent pour traquer les nouveaux adeptes de Morpheus. 
On en viendrait à regretter que ces passages aient été supprimés (un peu comme certains passages du projet originel de Avatar *).

Si vous n'êtes pas réfractaires à l'anglais et que Matrix est ou a été votre film de chevet, voila un bon moyen de passer derrière le miroir et d'essayer de choper le lapin blanc !

 *le film de James Cameron prévoyait au départ de se focaliser sur les dangers de natures insectoïdes de Pandora, avec des "guêpes" aux contours coupant comme des rasoirs. Mais aussi introduire le personnage d'une journaliste couvrant les actes des militaires et pestant de voir ses sujets censurés ainsi que le personnage d'un scientifique devenu fou après que son avatar ait été dévoré par des prédateurs durant de longues heures avant qu'il ne meure. Son esprit n'a pas supporté la charge et il hante les quartiers pénitentiaires depuis.

lundi 21 avril 2014

Fata Morwenna.

La belle collection Lunes d'encre nous revient avec Morwenna  ( Among other things, en V.O ) de Jo Walton.


Morwenna "Mori"  et sa sœur jumelle sont victimes d'un terrible accident : Mori est gravement blessée et une de ses jambes la fait atrocement souffrit tandis que sa sœur meurt. La mère des deux filles étant folle, Mori s'échappe et trouve finalement refuge chez son père (et les 3 sœurs de celui-ci ) qui la place dans une école où elle s'intègre mal mais où elle peut assouvir sa passion pour les écrits de SF et de Fantasy. Et parler aux fées aussi, et apprendre la magie, etc…
Cela lui sera utile pour se faire des amis, trouver un monde intérieur et combattre sa folle de mère (une sorcière) qui semble vouloir sa mort.

Devant la bonne presse faite à ce roman et les prix qu'il a amassé, il me faisait de l’œil depuis que les éditions Denoël avaient annoncé avoir remporté la timbale lors de l’acquisition des droits.
Sur le papier ( oui, jeu de mots) tous les éléments étaient réunis pour plaire.

"J'avais des livres, de nouveaux livres, et je peux tout supporter tant que j'en ai."

Malheureusement le résultat final est loin de tenir les promesses et du pitch et du prestige des prix qu'il a reçu.

Présenté sous forme de journal intime, le roman ne se présente pas en chapitres mais en entrées de date.Une structure intéressante et relativement bien vue pour aider à vraiment entrer dans l'esprit de Mori. Néanmoins, une telle approche peut vite montrer ses limites tant son journal parle de tout et parfois seulement de l'intrigue principale.

C'est finalement le journal d'une fille traumatisée, déracinée et qui trouve du réconfort dans les romans (une foule, une multitude de romans. Les références frôlant même parfois le simple name dropping* ) qu'il nous est donné de lire. Les références de ces livres sont consultables en cliquant ici (attention, la liste est en anglais et certaines œuvres n'ont jamais été traduites dans nos vertes contrées).

L'intrigue avance lentement (détail qui ne pardonne pas quand le nombre de pages est relativement restreint) tant au niveau de sa vie qu'elle reconstruit peu à peu qu'au niveau de l'aspect fantastique de la chose, aspect finalement trèèèès diffus et sujet à caution ( la greffe a du mal à prendre chez moi,et je pense qu'elle hallucine, tout simplement, suite au décès de sa jumelle).

"Il y a des choses affreuses dans le monde, mais il y a aussi des livres magnifiques."

La vision du monde de Mori est souvent sans concession,elle a l'esprit rigide d'une ado qui, malgré son douloureux passé, ne connaît finalement pas grand chose de la vie et cela peut franchement agacer sauf lorsqu'on partage son avis.C'est aussi une critique bien vue du système scolaire aliénant, privilégiant l'obéissance et la bêtise humaine (le sport est parfois plus important que les points).
L'un de ses gros défauts est qu'il est une ode à la différence mais loupe le coche d'être une charge contre l'intolérance.
Le rendu des premiers émois sentimentaux et sexuels est bien écrit, entre pudeur féminine et adolescence impudique mais je n'étais sans doute pas le public visé pour ce roman.
Alors non, il ne s'agit pas d'un mauvais roman. Mais on a fait une montagne himalayenne d'un simple escalier (attention, un escalier style Vatican mais un escalier quand même).

Heureusement pour moi, les prochains romans à sortir dans la collection Lunes d'Encre sont plus ma tasse de thé.

* notons à ce sujet une drôle de chose : en page 29, Mori annonce avoir lu Futur Intérieur ( Christopher Priest, excellent roman annonçant mon préféré de cet auteur : Les extrêmes) et en page 304, cette dernière semble découvrir le titre et veut absolument le commander pour le lire.





















Heureusement que ces deux-là arrivent!

lundi 14 avril 2014

Bienvenue au Spider-Man Inférieur.

James Horner s'est fait virer après avoir composé la bande-originale du premier Amazing Spider-Man (le reboot inutile et profondément raté de la saga Spider-Man au cinéma).
Il fallait donc le remplacer, n'est-il pas ?

Mark Webb n'a aucune intégrité artistique et cède à tous les caprices des fans ayant descendu ses choix : le nouveau costume ne leur plait pas ?On le change!

L'actrice qui joue Mary-Jane dans le second opus ne leur plaît pas ? On la coupe au montage (et on l'annonce en grandes pompes dans la presse pour marquer le coup. Elle a du se sentir bien la pauvre)!

James Horner ne leur plaît pas ? On va chercher celui qui a dynamité les adaptations DC récentes sous l'égide de Christopher Nolan (aaah, la quête de caution artistique).

Hans Zimmer, contrairement à beaucoup de compositeurs à Hollywood, n'oublie jamais de remercier une personne dans les livrets de ses bandes-originales et ne cachent pas les auteurs de musiques additionnelles (l'académie des Oscars estime que la paternité d'une musique revient à celui ou celle qui a écrit 70% de l'œuvre. Là où beaucoup ont des "assistants" limite anonymes, Zimmer cite des noms et lance des carrières.). Hans Zimmer aime travailler au contact des gens et a lié des amitiés avec un nombre pas croyable de musiciens venus d'horizons très divers.

Puisque Spider-Man est un univers tout a fait étranger à son approche des super-héros, il a donc choisi de s'entourer pour créer une toute nouvelle approche. S'il est presque certain que les sessions d'écriture ont été stimulantes vu les protagonistes, difficile de trouver quelque chose de vaguement écoutable ici.

Hans Zimmer, mon compositeur préféré (je le rappelle avant qu'on ne m'accuse de partialité), et son équipe chient magistralement dans la colle et nous fourgue une B.O indigne d'eux : il y a plus d'idées dans deux têtes que dans une mais quand on est 7, il finit sans doute pas y avoir trop d'idées qui se superposent  et cela ne crée pas une dissonance artistique mais juste…du bruit. Le nouveau thème principal, loin des ambiances dépressives de Gotham City ( oui , ils ont pigé que Spidey est un héros solaire ) ressemble plus à un générique de JT américain qu'autre chose ( c'est la partie la moins ratée).

Reste une idée intéressante cependant : les vocalises ont toujours été un élément apprécié par Zimmer (tout le monde se souvient de son emploi de la voix de Lisa Gerrard dans Gladiator par exemple, les fans se souviendront qu'elle a aussi bossé sur quelques autres B.O de Zimmer après cela : M:I-2 , Tears of the Sun, King Arthur) , et l'élément vocal est ici employé d'une manière rappelant les chansons sans en être une : une voix masculine, presque étouffée, distille une ambiance sur de l'électro en ne se cachant pas derrière du latin ou un pseudo-langage mais de manière directe, en anglais, cherchant à créer une sorte d'aliénation audio. Intéressant donc et juste à demi-loupé.

Avec du LSD, l'écoute doit peut-être valoir le coup. Clean, c'est une torture auditive de tous les instants. Nul n'est à l'abri des casseroles, Zimmer en a déjà eu avant cela, mais celle-ci ne restera pas confidentielle.

samedi 12 avril 2014

Pas le héros qu'elle mérite, le héros dont Elle a besoin...

Urban comics continue d'explorer des territoires que Panini refusaient d'envisager (sous prétexte que les sagas étaient trop vieilles et n'intéresseraient personne. Ha ha ha, vu le nombre de volumes et la persévérance d'Urban, je me marre encore plus des arguments fallacieux paniniens de l'époque).

Ainsi donc, après avoir complètement édité Knightfall ( 5 volumes, un hors-série Le fils prodigue et deux albums plus minces), Urban édite enfin une saga restée inédite en V.F pendant presque 15 ans : No man's land.
Tout comme Knightfall, cette saga a en partie inspiré le film de Christopher Nolan The dark knight rises.

Gotham City a subi un cataclysme après qu'un tremblement de terre ait ravagé la ville. Les autorités, sous l'égide du gouvernement du Président Lex Luthor, ont déclaré la zone No man's land : Gotham ne fait plus partie des USA.
La plupart des gens sont partis, Bruce Wayne a plaidé en vain que la ville ne soit pas abandonnée. Les personnes qui sont restées, par dépit, par devoir ou par opportunisme vivent coupées du monde. L'espoir se meurt, Batman a disparu…
Trois mois s'écoulent…

La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien.


Ce premier volume en français correspond grosso-modo à la moitié du premier tome de la réédition de luxe de la saga opérée par DC il y a deux ans aux États-Unis. L'ouverture se fait sur un "chapitre" composé de 5 parties issues de 5 bat-magazines différents : No Man's land est un crossover. Néanmoins, DC a eu le bon goût de confier chaque chapitre à une même équipe.

Bob Gale scénarise et Alex Maleev dessine. Gale va dans un premier temps, par l'intermédiaire de Barbara Gordon, nous présenter la situation désastreuse de la ville : Gotham est divisée en fiefs tenus par des bandes rivales qui trouvent que rejouer Gangs of New-York est une bonne idée.
Batman ne montrera le bout de ses oreilles pointues que très tardivement.
C'est d'ailleurs presque la constante dans ce tome : Batounet sera rarement le personnage principal, il sera souvent géré comme un personnage secondaire, une ombre menaçante. Le chapitre introduit également la nouvelle Batgirl, personnage dont on ne sait rien et dont on ne saura rien dans ce tome.

C'est donc un drame humain considérable jouant sur la mythologie gothamite qui se déroule sous nos yeux. Alex Maleev , qui explosera quelques années plus tard en s'occupant de Daredevil, montre un savoir faire certain pour croquer les ambiances sombres et malsaines. Sa chauve-souris et son Gotham sont des versions qui devraient être considérées comme définitives tant le niveau est élevé.



La seconde partie, plus faible sans être honteuse, est plus centrée sur Huntress, alliée récente de Batman. Celle-ci défend un quartier où l'Épouvantail a posé ses valises. Cette partie du récit essaye , parfois assez lourdement, de démontrer que la facilité en temps de sinistre pousse les hommes à devenir des animaux : Huntress et Jonathan Crane deviennent donc le petit angelot et le petit diablotin sur l'épaule du géant Gotham. Devin Grayson signe un récit prenant et rythmé mais parfois un peu trop naïf dans son écriture.




Le reste du volume mange peu ou prou à la même table mais avec des dessins allant du hors-sujet au passable (encore que, la partie scénarisée par Greg Rucka colle parfaitement à son sujet, c'est juste que ce n'est vraiment pas ma tasse de thé graphique). Le présent recueil se conclut sur une histoire one-shot se situant entre le tremblement de terre et la période no man's land et voit Double-Face agir en citoyen responsable sous la supervision du lieutenant Renée Montoya ( cela aura des répercussions dans la série Gotham Central d'ailleurs, qui ressort bientôt : mangez-en, c'est la meilleure série policière jamais écrite! ).

Au niveau de l'édition, nous passons à des pages brillantes,la colorisation de DC s'étant mise à jour en passant au numérique. Le volume est donc plus mince qu'un volume de Knightfall mais comprend plus ou moins le même nombre de page.

En un mot comme en cent : vivement Juillet pour le tome 2 !



lundi 7 avril 2014

Le dernier Samouraï

Jean-Christophe Grangé, l'auteur des célèbres Rivières Pourpres voit son dernier opus édité au Livre de Poche.
L'occasion de revenir sur ce roman paru initialement fin 2012.

Olivier Passan est un samouraï moderne, du moins c'est probablement ainsi qu'il se voit. Atteint du syndrome de l'herbe plus verte ailleur, Olivier est obsédé par le Japon et a d'ailleurs épousé une Japonaise loin des illusions romantiques de son mari sur l'archipel nippone.
Olivier Passan est un flic bourru : un mariage sur le point de s'achever, une enfance à la dure,…tout cela a laissé des marques et le pétage de plomb n'est plus très loin. Sur le point d'arrêter un tueur en série particulièrement vicieux, Passan commet une erreur qui risque de lui coûter cher : son suspect est relâché avec les excuses de la Justice et d'étranges incidents surviennent dans son foyer. Pour Olivier, c'est clair : le tueur joue avec lui.

Autant l'admettre d'emblée de jeu : j'étais accro à Grangé depuis 2001. Et ce même après avoir lu ses romans les plus faibles ( Le concile de pierre, La ligne Noire, Misere) mais après avoir lu "Le passager", la coupe était pleine, trop is te veel : ses tics d'écritures, ses monstrueuses incohérences…le roman de trop qui me fit dire que plus jamais je ne céderais à l'achat en gros volume de ses romans.

Kaïken est sorti et j'ai donc laissé filer. Ah bin, en fait, j'aurai peut-être apprécié de le lire plus tôt.
En effet, si les habituelles scories de Grangé sont présentes ( serial killers très inventifs dans leur mise en scène, des pratiques scientifiques limites), il décide ici de jouer avec ses propres codes. L'enquête commence presque sur la fin : le flic sait qui est le coupable. In media res , le lecteur est propulsé dans une course effrénée, une tension de tous les instants. Car une fois le boulot fini, Grangé brosse le portrait de la vie de famille. Les chapitres étant courts, on ne sent pas vraiment de lourdeur dans les chapitres plus "posés".

Les rebondissements et les faux-semblants sont de sortie : il y a toujours un élément pour vous mettre un doute, relancer la machine, se faire avoir. Bien que parfois ouvertement capilotracté (le personnage principal ira jusqu'à trouver la situation démente), Kaïken reste un série B littéraire rondement menée et la preuve qu'il en restait sous le capot de l'auteur.

En espérant que ce retour en force ne soit pas une erreur statistique et que le prochain offre autant de plaisir de lecture !

mardi 1 avril 2014

Au cœur des ténèbres blanches.

Aujourd'hui, découvrons ensemble le premier roman d'un auteur à suivre qui a trouvé marrant de mélanger petite & grande histoire, fantastique, mythologie et super-héros.

Chang Chi-fu naît au début des années 30 dans Le Triangle d'Or. Il n'est personne, juste un gamin abandonné de plus. Mais dans l'ombre, l'ancien panthéon Thaïlandais le destine à de grandes choses.
Assailli de visions prophétiques, il entame une guerre pour prendre le contrôle de la production d'opium de la région et devient Khun Sa, le "prince prospère".

Walker Robinson est inspecteur au département des narcotiques de Darwin, Australie en cette fin des golden sixties.
 Enfant, ses parents sont morts dans le bush, le laissant seul…jusqu'à ce qu'une tribu aborigène le recueille. Il ne restera avec eux que 3 ans avant de retrouver la civilisation qui est la sienne.
Mais il a été initié aux croyances et aux rites de ses sauveurs, la première religion du monde : Tjukurpa , le temps du rêve.
L'homme a rêvé le monde et le monde s'est construit. Les brumes de la drogue gangrène le rêve et Walker va devoir replongé dans son passé.

Stephen Roberts a été un héros  créé  par la science lors de la seconde guerre mondiale. Sous le sobriquet de Captain Eagle, il a combattu les hordes nazies en Allemagne.
Revenu dans sa patrie, il a intégré la police de New York pour continuer la lutte. Lorsque le trafic de Khun Sa commence à infecter sa ville, Roberts s'enrôle pour le Vietnam…et déserte une fois sur place, s'enfonçant dans la jungle pour rallier le Triangle d'or.

Rarement ai-je lu des livres aussi sincères, généreux et complets.
L'auteur manie les genres et en brise les frontières : la vie n'est pas délimitée par un genre, son écriture non plus !

En suivant le destin de trois hommes, c'est en fait vers une toile immense qu'il nous invite à nous plonger. C'est presque une guerre cachée de religions qui nous est ici contée, trois panthéons entrés en conflits : les dieux thaïlandais, la vision aborigène et les dieux américains ( ces super-héros fabriqués de toutes pièces par la divine science).
Un conflit à travers trois avatars, jouets qui ont peut-être ou peut-être pas un libre arbitre suffisant pour éviter de s'aventurer trop loin dans des ténèbres à la Kurtz.

Si le roman comporte bien 100 bonnes pages de trop, il n'en reste pas moins une plongée fascinante dans l'histoire contemporaine ( Khun Sa est un personnage réel et l'auteur a fait un sacré boulot de recherche : il suffit de voir les notes de bas de pages et la liste de ses sources en fin d'ouvrage pour s'en convaincre), dans la psyché de ses personnages et dans la folie un brin mégalomane de son auteur, fou génial ou génie fou de s'être lancé dans une telle aventure littéraire.

Si les références de l'écrivain sautent parfois aux yeux (on pense autant à American Gods et Sandman de Neil Gaiman ou encore Apocalypse Now de Coppola ), il n'en reste pas moins que le texte ici proposé transpire sa propre identité.