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Après avoir été au feu 8 saisons (et un téléfilm) durant, Jack Bauer disparaissait dans la nature, fugitif poursuivi par son propre gouvernement et la Russie. Le dernier chronomètre de la série, repère visuel emblématique, ne se terminait pas sur une heure de la journée mais par un décompte jusque zéro, laissant penser que tout finissait.
Avant de parler de la genèse de cette nouvelle saison, j'aimerai un instant revenir sur la série en elle-même.
Lorsque "24" débarque à la télévision, en Novembre 2001, elle n'était pas destinée à obtenir une telle longévité. Mais les évènements tragiques de Septembre vont changer la donne. Si le pilote de la série devait bien être diffusé en Septembre (comme la plupart des nouveautés ), la destruction du World Trade Center repousse la diffusion et force les scénaristes à repenser plusieurs détails.
Ensuite, le fait que le héros pourchasse des terroristes alors que l'Amérique vient de le subir sur son sol va faire de Jack Bauer, une icône.
La seconde saison le verra d'ailleurs pourchassé un pseudo Ben Laden.
Car l'Amérique a besoin d'exorciser ses démons et cela se ressentira (et se ressent encore) dans ses fictions.
La série, co-créée par un militant républicain, sera souvent attaquée sur ce côté-là. (analyse débile et clivage intellectuel crasse : il y a tout autant des républicains ouverts que des démocrates toxiques).
La série offre le premier Président Noir de l'histoire (dans cette réalité fictive ) et il est clairement démocrate d'ailleurs. Au fil du temps, un second président noir siégera à la Maison Blanche. Les deux dernières saisons, avant la nouvelle, verront aussi la Première Présidente.
De multiples sujets seront abordés et souvent en rapport avec l'actualité les cyber-attaques, les armes bactériologiques, les drones de combat, wikileaks, peut-on torturer pour sauver des vies, la torture est-elle vraiment utile ( Bauer utilise plus souvent la peur de souffrir que faire souffrir pour obtenir des infos même si, en effet, il a franchi la ligne plusieurs fois), la vengeance peut-elle tout justifier, etc. , le background politique est très intéressant et questionnant si l'on fait attention à tous ces aspects qui ne sont pas dans le registre de l'action ou du suspens pur .
Peu de temps après la mort de la série, la rumeur persistante d'un long-métrage centré sur un Bauer en fuite quelque part en Europe arrive sur le net. La FOX, confirmera très vite qu'en effet, l'idée est en développement. Dès lors les mises à jour sur le projet arrivent régulièrement sur les sites spécialises jusqu'au jour où le couperet tombe : le film, jugé trop cher, ne se fera pas.
Déception et désappointement des fans.
Et puis, par un beau matin, la nouvelle tombe : 24 revient à la télévision, dans un format plus court. L'idée d'un Jack Bauer planqué en Europe est conservée et c'est à Londres qu'il refera surface. Au même moment, le nouveau Président des USA, James Heller (ancien ministre de la défense) est en visite officielle dans la capitale britannique et est accompagné par sa fille, Audrey…l'ex de Jack.
Le chrono est lancé, Bauer est de retour.
4 ans sans voir une série , c'est long. Et durant ce laps de temps, d'autres séries conceptuelles (ou non) ont occupé le terrain.
Si l'horrible Homeland (héritier autoproclamé de 24 ) avait tenté de faire oublier Jack Bauer ( j'en rigole encore, et en tremble aussi d'effroi), d'autres œuvres télévisuelles ont élevés les standards et , de facto, nos attentes ( Game of thrones, par exemple).
Et c'est un peu là que le bas blesse dans ce retour. Les scénaristes, les créateurs et le réalisateur principal de la série sont tout bonnement restés bloqués 4 ans en arrière.
Les tics d'écritures sont toujours les mêmes et ne sont pas forcément adaptés à un format amputé de 12 épisodes.
Surtout que cette saison s'appuie en grande partie sur la mythologie des saisons 4 à 6 qui ont été les plus soap-opéra du show (même si la saison 5 avait tellement bien ciselé cet aspect qu'elle gagna un Emmy Award, mérité, dans la catégorie meilleure série dramatique) et que cette approche phagocyte le temps de l'intrigue terroriste principale et que le coup de "la famille terroriste" nous avait déjà été servi par avant. Les clichés inhérents à la série, qui forment par ailleurs son ADN, seront respectés.
C'est un peu la force et la faiblesse de la série : son ADN est tellement reconnaissable et immuable que la recette ne change pas , on est en terrain connu. Mais bon, le terrain connu de cette qualité, on va pas trop se plaindre.
Kiefer Sutherland assure toujours dans LE rôle de sa vie, le personnage a pris des rides mais n'a rien perdu de sa pugnacité ni de son charisme. Le personnage reste l'un des plus fascinants du petit écran tant grâce à l'écriture qui respecte Bauer et enrichit son background de saison en saison que grâce à son interprète.
Une fois n'est pas coutume, Chloé O'Brian fait partie de l'aventure. Personnage introduit dans la saison 3, elle est devenue l'alliée par excellence de Jack et sans doute la seule amie qui lui reste. Et encore une fois, c'est un nouvel aspect de Chloé que l'on découvre. Si la facilité qui découle d'un tel personnage est souvent apparente ( elle peut vous hacker la NSA avec un smartphone déchargé), il n'en reste pas moins que son rôle n'est pas là que pour la tapisserie.
Rayon nouveauté, on notera le personnage de Kate Morgan, sorte de Bauer au féminin, qui démarre sa dernière journée de boulot avant de rentrer aux States. L'agent Morgan était mariée à un traître qui a vendu des secrets à la Chine et le retour de Bauer et la proximité d'une attaque vont lui donner l'occasion de tenter de se racheter.
Si Kate ne sert pas à rien, elle peine cependant à faire oublier feu Renée Walker, ancienne partenaire de Jack et amie proche qui sera assassinée dans la saison 8 peu après qu'elle et Jack se soit mis en couple. (C'est à la suite de son décès que Jack avait entamé une vendetta redoutable envers ceux qui avaient commandité sa mort. Et cette saison a le bon goût de ne jamais cracher à la mémoire de Renée ou de sa mort en ne remettant pas Audrey dans les bras de Bauer : ces deux là sont encore fort émus par leur passé mais ont fait le deuil de leur relation et c'est très bien ainsi. ).
Yvonne Strahovski, échappée de Dexter, donne corps à un personnage torturé mais pas assez profond pour vraiment marquer la mythologie de la saga ( elle n'est ni Renée Walker ni Michelle Desler). Cependant, le job est fait correctement et elle n'est pas là pour mettre en valeur le héros.
Pour pallier au manque de 12 épisodes et toujours se dérouler sur 24 heures, les producteurs avaient annoncé que l'intrigue subirait des ellipses narratives. Certes, le coupe de l'ellipse est bien présent mais en toute fin et sent un peu le coup facile pour justifier de garder 24 comme titre… On regrettera aussi que le teaser de la série, tourné en un magnifique plan séquence ne fasse absolument pas partie du show !!!!
Mais même si le plat est servi sans surprise , il n'est pas sans saveur.
Un peu comme une sortie dans son resto chinois préféré, celui où on commande toujours le même plat parce qu'on a beau le connaître par cœur, c'est le meilleur.
Et puis merde quoi, "24", même moyen, reste au dessus de tout, même après quelques années d'absence et vient cruellement rappeler qu'Homeland a été la plus grosse arnaque de ces années sans Jack.
La saison se terminant de manière ouverte et sur un cliffhanger insoutenable, il est à parier que Jack reviendra. Tant mieux, il m'avait trop manqué pour lui adieu si vite une seconde fois.
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