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vendredi 1 janvier 2016

Pour le meilleur et pour l'Empire.

Je ne sais pas ce qu’il se passe en ce moment, mais les livres et les magazines centrés sur la saga Star Wars foisonnent dans les rayons des librairies et des marchands de journaux. Comme ce «  Les ruines de l’Empire », publié en VF par Panini Comics et qui narre des événements qui se situent juste après Le Retour du Jedi et donc bien avant Le Réveil de la Force.

Avant d’aller plus loin, remettons les choses dans leur contexte. Le fan de Star Wars n’a pas attendu 2015 pour voir débarquer de nouvelles aventures de Luke Skywalker et consorts. Très tôt, en 78, sort un roman faisant suite à l’épisode 4 ( mais considéré comme non-canonique) et Marvel publie durant des années des histoires ( non-canoniques également) dans cet univers. Mais au début des années 90, Lucas donne son feu vert pour que sa saga ait une suite en romans : L’héritier de l’empire,
La bataille des Jedi et L’ultime commandement formeront officieusement les épisodes 7 à 9. Ensuite, d’autres romans viendront amplifier cette saga, certains se situant entre des épisodes ( la guerre des clones, on a rien vu au ciné par contre en comics y a de la matière). Les comics ne seront pas en reste.
Tout cela forme l’univers étendu de Star Wars.

Mais lorsque Disney rachète Lucasfilm et met en chantier de nouveaux films, il est décidé de faire dans l’inédit. Pour ne pas dépendre d’un matériau trop lourd et encombrant qui limiterait la créativité et pour surprendre tous les spectateurs, connaisseurs ou juste admirateurs des films.
Bref, cet univers est désormais considéré comme ne faisant pas partie de la continuité officielle et de nouvelles pages blanches apparaissent soudain.

Le présent recueil contient l’entièreté de la mini-série publiée hebdomadairement par Marvel Comics en Septembre aux USA et raconte les aventures de la pilote Shara Bey …la mère de Poe Dameron, le pilote incarné par Oscar Isaac dans l’épisode VII.
L’action débute en pleine fin du Retour du Jedi où Shara aide Luke à quitter l’étoile de la mort sans se faire dézinguer par des intercepteurs TIE. Plus tard, elle accompagnera Leia jusque Naboo et retrouvera Luke qui cherche des restes du grand arbre qui poussait au centre du temple Jedi de Coruscant.

Le scénario est signé par Greg Rucka, spécialiste comics des femmes fortes ( Renée Montoya dans Gotham Central lui doit beaucoup pour sa popularité ). Les dessins sont assurés en grand partie par Marco Checchetto qui avait travaillé sur la série Punisher avec Rucka.
Cette collaboration a donné lieu à la série Punisher la plus aboutie à ce jour. Voir ces deux là se réunir sentait donc bon.
Comme la série est hebdomadaire, Checchetto a reçu l’aide le temps d’un numéro d’Emilio Laiso et toute la sous-intrigue sur Naboo centrée sur Leia a été mise en image par Angel Unzueta. Rien de dramatique, les dessinateurs ont tenté de fournir une continuité graphique assurée par l’encrage et la colorisation. C’est beau mais pas transcendant, les dessinateurs ont bossé dans l’urgence et malgré des dessins tout à fait corrects, il manque quelque chose, un je ne sais quoi d’âme peut-être.




Le scénario quant à lui est loin d’être passionnant. On suit Shara Bey de mission en mission sans que la tension ne monte vraiment. Rucka nous a habitué à mieux, que ça soit en terme d’intrigues courtes ( Queen & Country , sa série d’espionnage, était centrée sur ce genre de procédés) ou de caractérisation de personnages. Qu’il ne puisse pas changer la nature de Luke, Leia et Han est une chose, qu’il échoue à donner une épaisseur correcte à ses créations est plus problématiques.
Les enjeux sont faibles malgré les bonnes idées très SF qu’il injecte dans le récit et les rappels à notre propre histoire lorsque les Impériaux, conscients de la mort de l’Empereur, continent de prétendre que son trépas n’est que de la propagande de rebelle.
La sous-intrigue sur Naboo centrée sur Leia n'est là que pour faire un gros clin d’œil aux fans ( oui, c'est la planète de sa mère qu'elle n'a pas connue, oui elle a une sensibilité à la Force:c'est de famille il paraît).



L’un des atouts de la nouvelle trilogie, dont le premier volet est sorti il y a 15 jours, c’est le mystère sur la vie de certains personnages (nouveaux comme anciens) entre l’épisode VI et VII. Ne pouvant pas jouer avec les 30 ans qui séparent les épisodes comme ils le veulent, les auteurs risquent de ne pas pouvoir remplir les trous comme ils l’entendent tant que l’épisode IX ne sera pas sorti. Rucka a donc une excuse valable de ne pas pouvoir trop en faire mais il y a une certaine paresse ( un dépit ? ) dans le fait de ne pas hausser le niveau d’écriture dans son histoire alors qu’il pouvait arriver à la même conclusion.
Première suite non-cinématographique au Retour du Jedi, Les Ruines de l’Empire ne se situe pas dans le haut du panier et peine à convaincre face aux récits qui forment l’univers étendu, un univers désormais considéré comme parallèle.
Il est par contre appréciable de constater que malgré l’existence d’un tel univers, tout n’a pas été exploré et que les nouvelles pages blanches peuvent se remplir de choses jamais vues avant ou traitées différemment.

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