Factus. Le trou du cul de l’univers connu. Une lune désertique, un far-west étouffant tant par sa chaleur que son manque d’oxygène. On y retrouve principalement d’anciens détenus dont il est peu clair qu’ils soient là par choix et divers colons malchanceux ou naïfs qui n’auront sans doute jamais les moyens de partir de ce trou à rats géants. C’est sur cette lune que vit Dix Low, médecin voyageant dans les terres isolées, soignant qui s’y trouve pour régler un mystérieux compte avec son passé.
C’est que Miss Low a participé à une guerre. Et qu’elle n’a pas choisi le bon camp. Ou du moins, pas le camp qui allait gagner.
Gabi est une jeune ado.
C’est aussi une Générale de l’Accord, la faction qui a gagné la guerre et envoyé des enfants aux combats car les adultes pensent généralement à deux fois avant de buter un gosse. Erreur fatale, tu te prends une balle (nb : soyez sociopathe, tirez sur tout ce que l’ennemi envoie ! ).
Elle et Dix n’auraient jamais du se croiser. Mais le mystérieux crash du vaisseau de Gabi va les mener à traverser la poussière et en mordre pas mal pour sauver la jeune fille de ceux qui veulent son trépas. Sauf si Gabi décide de buter Dix en apprenant son passé durant le voyage.
Que cela soit sur le 4è de couverture ou un peu ailleurs sur le net, Ten Low ( le titre V.O ) est comparé à Firefly/Serenity ( la série de Joss Whedon et le film concluant icelle ) et Mad Max Fury Road. Disons que ce roman a sans aucun doute des brins d’ADN en comun avec les œuvres suscitées mais il a son identité propre, comme un cousin éloigné.
Et il coche les cases attendues : le mystérieux passé de l’héroïne qui la ronge, les villages ou villes remplis de brigands, arnaqueurs, j’en passe et des meilleurs ainsi que des lieux étranges, presque mythiques grâce à leurs noms que personne ne veut visiter mais où nos deux larronnes iront bien entendu foutre le bordel. Du réchauffé.
Mais est-ce un tort ?
Les ingrédients sont connus mais efficaces et le tout est fait maison dans une casserole et pas un plateau repas en carton remplis de colorants et de conservateurs jetés à la va-comme-j’te-pousse comme la première série Disney+ micro-ondée venue.
C’est que Stark Holborn, la femme derrière tout ça , sait comment poser son récit, faire monter la sauce, envoyer les tripes et les boyaux au bon moment avant de relancer le repas et les couverts à travers les gueules de celles et ceux qui peuplent son univers.
En plus de jouer habilement avec le suspens et l’action bourrine bien jouissive et défoulante d’un western de série B saupoudré d’amphétamines, de bruit et de fureur sans raisin mais avec colère , Holborn crée des éléments qui lui sont propres comme la secte des Chercheurs, des charognards délestant toute épave (mécanique ou humaine ) , les Freux , un gang aussi armés qu’acharné et les « Si » , les habitants de Factus.
Des créatures élémentaires que seuls quelques rares « élus » peuvent percevoir. Et pas forcément pour leur porter bonheur. Influant sur le hasard et les probabilités pour en tirer le pire, les Si suivent Low à la trace, ayant bien senti son potentiel chaotique.
Ce monde désertique comporte aussi donc ses lieux emblématiques dont les noms ne sont que rarement annonciateurs d’une ambiance de Parc d’attractions. Comme la Fosse ou la Bordure ( aka l’endroit dont on ne revient pas ) dont je vous laisse découvrir l'horreur.
Bref, le roman étant relativement court et prenant, les lecteurs reprendront peu leur souffle entre deux chevauchées, embuscades, coups fourrés, infiltration burnée et autre plans de sauvetage tenant surtout grâce à du papier collant MacGyver et la détermination acharnée des personnages prêt à en faire chier tous ceux qui ont tenté de les enculer.
C’est entre les lignes, ces zones blanches sur lesquels le lecteur peut projeter ce qu’il veut, que l’on pourra plus ou moins appréhender les factions ayant fait la guerre ayant précédé l’histoire et leurs motivations « toujours belles et nobles » dans la propagande bien rodée.
Au final, le roman est un agréable divertissement que les amateurs de musiques de films liront en mixant dans leur cerveau aussi bien Ennio Morricone qu’Hans Zimmer en passant parfois par Jerry Goldsmith. Souvent pour le meilleur dans l’action violente mais chaque fois dans une dynamique de lieux et de temps différents et plus rarement pour le pire (ou disons le moyen) tant trop de personnages ressemblent à des archétypes connus à qui l’ont aurait greffé un peu plus de background que l’on s’y attendrait. Mais hey, des graines psychologiques disséminées ainsi peuvent très bien pousser plus tard si on les arrose d'assez de sang, de sueur et d'alcool frelaté.
Rien de bien neuf sous le soleil du western mâtiné de SF donc mais encore une fois, le réchauffé peut avoir du goût, remplir son homme et le faire se sentir assez rassasié tout en le poussant à vouloir en reprendre. Et ça tombe bien, l’auteur a déjà une suite à son actif et un 3è tome devrait sortir en VO d’ici peu.
Espérons que les Si ne nous fauchent pas l’opportunité de pouvoir les lire un jour en VF.
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