Les choses
sont bien faites : pour les 50 ans de James Bond au cinéma (le personnage
est plus ancien ), un nouveau film sort sur les écrans. Pour les 40 ans, nous
avions eu « Meurs un autre jour », baudruche boursouflée et immonde
( du moins dans sa seconde moitié). « Skyfall » offre-t-il un
meilleur cadeau d’anniversaire ? La réponse est non.
Il offre bien plus
que cela !
Il y a deux
façons d’appréhender un « James Bond ». En tant que fan, prêt à pardonner beaucoup ( je ne compte pas le fans hardcore qui pardonne tout, même la merde)
et en tant qu'amateur de cinéma ( cette catégorie se décline sous plusieurs formes, il
est vrai).
Le fan sera
attentif à plusieurs détails, codes et clichés inhérents à la saga. Pour le
fan, elles forment l’ADN d’un « James Bond » et sa réaction lorsque l’on ose toucher à un cheveu de cet
ADN est la même que celle d’un bobo choqué et au bord de l’apoplexie lorsqu’on
lui demande de finir son assiette de maïs OGM ! Je suis fan de James Bond…mais
j’appartiens avant tout à la catégorie des amoureux du cinéma ! Et ma
déception face à ce 23me épisode est largement compensée par le plaisir d’avoir
assisté à un vrai grand film !
Aux
commandes de ce nouvel opus, nous retrouvons le réalisateur anglais Sam Mendes,
peu connu pour sa filmographie de films d’action : American Beauty , Road
To Perdition ( déjà avec Daniel Craig), Jarhead et Les Noces rebelles. Deux
films enivrants et poétiques et deux films dont la lenteur et le manque d’ambition
arriveraient presque à faire passer un film porno pour un chef-d’œuvre
des beaux-arts ! Bref, autant dire que c’était mal parti et que cela
sentait le roussi. Pire, au fil des mois, les diverses photos me laissaient présager
du pire au niveau visuel. Je partais donc avec un a priori négatif , persuadé de
tomber sur un bon petit film manquant cruellement d’action et misant tout sur
ses personnages. Je reconnais humblement ma grosse erreur.
Avant toute
chose, il n’est pas mauvais de rappeler certaines choses qui ne changeront
jamais sur un film de James Bond. Le réalisateur, aussi connu qu’il soit, est
entouré par le staff de la production, gardienne du mythe depuis l’époque de
Sean Connery. C’est comme ça ! Ainsi, le réalisateur a certes une certaine
liberté mais faut pas pousser bobonne. Ici, il sera le capitaine du navire mais
en aucun cas le pilote. Il donne l’impulsion, supervise les détails artistiques
mais c’est l’équipe technique qui fournit le produit au spectateur.
Cela n’enlève
rien à Mendes, il faut avoir du talent pour tirer quelque chose de ses
techniciens ! Les 3 grands artisans de la réussite de Mendes sont :
Alexander Witt le réalisateur de la 2nd équipe, Stuart Baird le
monteur ( Witt et Baird avait bossé sur « Casino Royale », une
équipe qui a fait ses preuves donc !) et Roger Deakins, le directeur
photo. Mendes arrive cependant à imposer Thomas Newman à la musique. Il a
travaillé sur tous les films de Mendes jusque là. Il remplace David Arnold qui
travaillait sur Bond depuis Demain Ne Meure Jamais. Newman assure, lui qui
était plus habitué à distiller des ambiances onirique ( American Beauty,
Rencontre avec Joe Black).
Casino
Royale et sa suite directe de chez direct ,Quantum of solace, se déroulaient en
2006. On retrouve donc Bond 6 ans plus tard. Lors d’une mission qui tourne mal
, Bond est supposé mort. Peu après, le MI-6 et surtout M, le big boss, sont la
cible d’une attaque de grande envergure. Bond décide de sortir de sa retraite
et d’aider son ancienne patronne en reprenant le service actif. Mais le temps passé loin du terrain commence à laisser des marques sur 007.
Du début à
la fin, le rythme ne faiblit jamais. Tout en laissant certains passages
aménagés pour laisser 1° laisser le spectateur reprendre son souffle et 2°
faire interagir les personnages entre eux. Le tout est un subtil dosage qui est
ici presque millimétré.
Comme je le
disais plus haut, les codes sont assez peu présents : si Bond mène son
enquête dans des lieux exotiques comme Istanbul (lieu d’une course poursuite
démentielle), Shanghai (un combat mano a mano punchy aux ambitions artistiques
évidentes) ou encore Macao ( avec une scène de Casino particulière ) , il ne
jouira pas vraiment de gadgets et encore moins des « James Bond Girls » sur-vendues en promotion du film mais peu présentes ! Et dès la seconde
moitié, Bond ne quittera plus sa chère perfide Albion. Et si M reste sa mère de substitution, il n'en va plus de même pour Q qui devient un gamin certes un peu arrogant mais respectueux de Bond (et que Bond respecte, la relation s'inverse donc ! ).
C’est lors de cette
partie que tous les codes vont vraiment sauter à l’exception du vilain de l’histoire
campé par Jarvier Bardem et qui rejoint les meilleurs méchants de la saga, ceux
qui allient troubles psychologiques, plans terre à terre et personnalité
décalée ( ici on lorgne vers un mix entre 006, Hannibal Lecter et le Joker du
film de Christopher Nolan).De plus, Bond est certes toujours le produit de son temps ( ça ne changera jamais, c'est le truc immuable pour Bond ) mais il commence à accuser le kilométrage. Il n'est plus ici le super-héros lisse qu'il a toujours semblé être (mais le fan sait qu'il s'agit d'une méthode de protection ).
Ce
changement d’orientation surprend, joue avec le spectateur qu’il soit fan ou
non (le jeu des références pour marquer les 50 ans est jubilatoire mais jamais
au détriment du spectateur occasionnel contrairement au dernier film avec
Brosnan ! ) et nous révèle les tenants et les aboutissants du titre «
Skyfall » qui laissait présager que le ciel allait tomber sur la tête du
monde comme dans tout bon plan mégalo à la Dr Denfer. Et bien non !
Passionnant
de bout en bout, bien écrit, bien mis en scène, surprenant même dans son
déroulement tout sauf bondien (enfin pas tout le temps quand même) , « Skyfall »
n’est pas appelé à devenir un classique de la saga mais bien du cinéma tout
court ! Mon second film préféré de l’année, presque ex aequo avec The Dark
Knight Rises !
D’ailleurs
, si j’oublie, rappelez moi de vous faire un petit article comparatif entre les
Batman de Nolan et le film de Mendes, puisqu’il déclarait devoir beaucoup à
Nolan pour son film ! Mais je ne peux jouer à cela ici sans dévoiler trop
de choses au spectateur qui n’a pas encore vu Skyfall !
"Ce que nous sommes, nous le sommes ; Des cœurs héroïques et d'une même trempe Affaiblis par le temps et le destin, Mais forts par la volonté De chercher, trouver, lutter, et ne rien céder ".
En effet, dans celui là, on y perd en action mais on y gagne en profondeur des personnages.
RépondreSupprimerPar contre, j'avais déjà fais la réflexion dans tes commentaires lors de Quantum of Solace (t'as mis le lien donc je suis retourné voir) : pourquoi ils mettent pas le cercle "gunbarrel" AU DEBUT du film !! Bordel quoi!!!
Genre ils nous font le gros retour au source (depuis 3 films...) et ils ne sont même pas capable de respecter la tradition la plus essentielle. C'est comme si on allait voir Mission Impossible au ciné et que l'on nous sautait le générique avec la mèche (moi dans ce cas là je dis "remboursez").
Enfin bon, ce fut un épisode intéressant. Une belle mise en scène et un bon méchant et une bonne profondeur des personnages.
Par contre moi les références aux épisodes précédents je les ai trouvées un peu lourdes. Le plus gros hommage en quelque sorte et que l'on a à la fin un retour au James des années 50 avec la nana pourtant compétente relayée au rôle de la secrétaire et les deux vrais hommes dans le bureau à parler business limite avec le verre de scotch et le cigare dans la bouche.
J'espère en tout cas qu'ils ont finis de rebooter leur franchise et passer vraiment au chose sérieuse pour le prochain (si la MGM existe toujours). Genre en y mettant un peu plus de spectaculaire.