copyright : Olivier Vatine.
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jeudi 25 décembre 2014
mercredi 24 décembre 2014
Avoir les crocs.
Ici s'achève la trilogie du Dernier Loup-garou.
Jake Marlowe n'est plus, Tallulla a donné naissance.
Vie, mort. Un cycle éternel. Comme celui de l'amour et de la guerre.
La guerre : l'Église Catholique ( la plus grande génocidaire de l'histoire religieuse ) a trouvé un moyen de se réapproprier le pouvoir spirituel en devenant le premier culte à divulguer publiquement l'existence des vampires et des garous mais aussi en devenant le premier culte à leur faire la chasse dans le monde moderne. Se présenter en sauveur a toujours été leur crédo, et quand les gens n'en ont rien à foutre d'être sauvés de leurs péchés, sauvons-les de monstres plus frappants.
L'amour ensuite : Remshi, le plus vieux des vampires, se remémorent sa dernière maîtresse, morte il y a des milliers d'années. Hors, Tallulla pourrait en être la réincarnation ( la phrase vous fait rire ? lui aussi). Tallulla, elle, se détache de son amant, Walker et rêve de Remshi dans des songes interdits aux moins de 18 ans.
Glen Duncan change sa façon de raconter ses histoires avec ce dernier tome : fini la narration à un narrateur : place à plusieurs. L'auteur avait déjà prouvé qu'il savait passer avec aisance d'un personnage à un autre ( en changeant la façon de s'exprimer, de penser, les références littéraires ou culturelles, etc…une sacrée plume ! ) et Rites de sang le prouve souvent : au moins 4 narrateurs nous livrent cette histoire qui semble décousue et qui, pourtant, ne peut que mener au dénouement…que l'on attendait pas forcément d'ailleurs.
Hélais, la sauce ne prend plus aussi bien que la dernière fois. La faute à qui ? Pas celle de l'auteur en tous cas…C'est ce que j'appelle l'effet Retour Du Jedi.
La magie et l'émerveillement sont toujours là, ils sont toujours palpables : mais si les premiers tours nous voyaient spectateurs, le dernier – de par notre curiosité, notre esprit – nous voit être devenu disciple : nous avons assimilé la magie, comprit instinctivement comment elle fonctionne; et si nous ne savons pas l'utiliser, nous discernons sa divine mécanique. Cela impacte notre vision de l'œuvre, la rendant moins percutante subjectivement alors que le boulot est objectivement toujours aussi dantesque, si pas plus.
Car la plume habille, la culture générale imposante ( lisez avec un dictionnaire encyclopédique à vos côtés : on apprend des choses , c'est génial ! ), la patte de Duncan est là et toujours là. (et les lecteurs de la Tour Sombre de Stephen King devraient être contents de retrouver un certain poème classique et épique dans ces pages).
Ici s'achève la trilogie du Dernier Loup-garou.
Mais Jake était le dernier, les autres sont là. Et la vie étant un cycle, rien ne dit que Tallula ne nous reviendra pas.
Jake Marlowe n'est plus, Tallulla a donné naissance.
Vie, mort. Un cycle éternel. Comme celui de l'amour et de la guerre.
La guerre : l'Église Catholique ( la plus grande génocidaire de l'histoire religieuse ) a trouvé un moyen de se réapproprier le pouvoir spirituel en devenant le premier culte à divulguer publiquement l'existence des vampires et des garous mais aussi en devenant le premier culte à leur faire la chasse dans le monde moderne. Se présenter en sauveur a toujours été leur crédo, et quand les gens n'en ont rien à foutre d'être sauvés de leurs péchés, sauvons-les de monstres plus frappants.
L'amour ensuite : Remshi, le plus vieux des vampires, se remémorent sa dernière maîtresse, morte il y a des milliers d'années. Hors, Tallulla pourrait en être la réincarnation ( la phrase vous fait rire ? lui aussi). Tallulla, elle, se détache de son amant, Walker et rêve de Remshi dans des songes interdits aux moins de 18 ans.
Glen Duncan change sa façon de raconter ses histoires avec ce dernier tome : fini la narration à un narrateur : place à plusieurs. L'auteur avait déjà prouvé qu'il savait passer avec aisance d'un personnage à un autre ( en changeant la façon de s'exprimer, de penser, les références littéraires ou culturelles, etc…une sacrée plume ! ) et Rites de sang le prouve souvent : au moins 4 narrateurs nous livrent cette histoire qui semble décousue et qui, pourtant, ne peut que mener au dénouement…que l'on attendait pas forcément d'ailleurs.
Hélais, la sauce ne prend plus aussi bien que la dernière fois. La faute à qui ? Pas celle de l'auteur en tous cas…C'est ce que j'appelle l'effet Retour Du Jedi.
La magie et l'émerveillement sont toujours là, ils sont toujours palpables : mais si les premiers tours nous voyaient spectateurs, le dernier – de par notre curiosité, notre esprit – nous voit être devenu disciple : nous avons assimilé la magie, comprit instinctivement comment elle fonctionne; et si nous ne savons pas l'utiliser, nous discernons sa divine mécanique. Cela impacte notre vision de l'œuvre, la rendant moins percutante subjectivement alors que le boulot est objectivement toujours aussi dantesque, si pas plus.
Car la plume habille, la culture générale imposante ( lisez avec un dictionnaire encyclopédique à vos côtés : on apprend des choses , c'est génial ! ), la patte de Duncan est là et toujours là. (et les lecteurs de la Tour Sombre de Stephen King devraient être contents de retrouver un certain poème classique et épique dans ces pages).
Ici s'achève la trilogie du Dernier Loup-garou.
Mais Jake était le dernier, les autres sont là. Et la vie étant un cycle, rien ne dit que Tallula ne nous reviendra pas.
mercredi 3 décembre 2014
Emballé dans un paquet cadeau, avec un beau nœud rose.
Mine de rien les cocos, le réveillon c'est déjà dans trois semaines.
D'où la question existentielle "On met quoi sous le Sapin cette année ?".
Et Noël rimant avec magie, penchons-nous sur l'option "la magie des étoiles" (vu que le premier teaser de Star Wars est sorti, suivons la vague !).
Chez Huginn & Muninn, le livre Les guerres des étoiles revient sur la période pré et post-Star Wars en tentant d'être le plus exhaustif possible. Jérome Wybon nous explique que le phénomène Star Wars n'est pas sorti de nulle part mais que son succès, sorti de nulle part lui, a ouvert la voie à toute une série de films et de séries télévisées que l'auteur passe en revue.
Chaque film est décortiqué sommairement, nous ne sommes pas dans un uber-making of non plus.
Chez Akiléos, sortie du Making-of Star Wars cette année (l'an dernier avait vu la sortie du Making-of L'empire contre-attaque). Également écrit par J.W Rinzler, ce making-of est une source d'informations phénoménale pour tout fan qui se respecte un minimum. Autant chronique au jour le jour de la conception du film que making-of complet, il devrait ravir tout amateur de Star Wars ou de cinéma (car que l'on aime ou pas la saga de Lucas, elle aura marqué l'histoire du cinéma et c'est un morceau de cette histoire qu'il nous est donné de lire ici).
Pour rester dans les étoiles, Alex Nikolavitch, chez Les moutons électriques, sort un nouvel essai thématique (après Mythes et Super-héros et Apocalypses que je vous invite cordialement à lire) : Cosmonautes, qui nous entraîne sur la voie des pionniers de l'espace et du manque d'intérêt qui suivit !
D'une grande érudition et doté d'une plume agréable, Alex Nikolavitch nous convie à un grand voyage en sa compagnie. On regrettera cependant que l'éditeur ait changé ses habitudes : finies les premières pages illustrées couleurs sur papier glacé et adieu papier granuleux de qualité.
D'où la question existentielle "On met quoi sous le Sapin cette année ?".
Et Noël rimant avec magie, penchons-nous sur l'option "la magie des étoiles" (vu que le premier teaser de Star Wars est sorti, suivons la vague !).
Chez Huginn & Muninn, le livre Les guerres des étoiles revient sur la période pré et post-Star Wars en tentant d'être le plus exhaustif possible. Jérome Wybon nous explique que le phénomène Star Wars n'est pas sorti de nulle part mais que son succès, sorti de nulle part lui, a ouvert la voie à toute une série de films et de séries télévisées que l'auteur passe en revue.
Chaque film est décortiqué sommairement, nous ne sommes pas dans un uber-making of non plus.
Deux ou trois coquilles, parfois ubuesques comme deux mots mélangés ensembles, parsèment malheureusement l'ouvrage. Ouvrage richement illustré et de très bonne facture si l'on fait abstraction des dites coquilles.
Chez Akiléos, sortie du Making-of Star Wars cette année (l'an dernier avait vu la sortie du Making-of L'empire contre-attaque). Également écrit par J.W Rinzler, ce making-of est une source d'informations phénoménale pour tout fan qui se respecte un minimum. Autant chronique au jour le jour de la conception du film que making-of complet, il devrait ravir tout amateur de Star Wars ou de cinéma (car que l'on aime ou pas la saga de Lucas, elle aura marqué l'histoire du cinéma et c'est un morceau de cette histoire qu'il nous est donné de lire ici).
Pour rester dans les étoiles, Alex Nikolavitch, chez Les moutons électriques, sort un nouvel essai thématique (après Mythes et Super-héros et Apocalypses que je vous invite cordialement à lire) : Cosmonautes, qui nous entraîne sur la voie des pionniers de l'espace et du manque d'intérêt qui suivit !
samedi 22 novembre 2014
Cœurs croisés
19eme album pour Largo Winch (donc début du 10eme diptyque narratif de la série) , toujours sous la
plume de Jean Van Hamme et le crayon de Philipe Francq.
La série fête cette année ses 24 ans d'existence… et nous rappelle que le temps de " 1 album par an" est révolu depuis quelques temps.
Au fil des années, l'intérêt pour Largo Winch a diminué. Oh , non pas que la série soit devenue mauvaise mais le terrain balisé ( c’est James Bond dans la finance, dixit le scénariste et cela va avec un certain statu quo dans l'ambiance: peu d'aventures ont un effet boule de neige et la continuité est surtout marquée par la galerie de personnages qui s'étoffe et non par les rebondissements) et quelques facilités & grosses ficelles parasitent le souffle d'aventure et de suspense depuis quelques albums déjà.
Reste que Van Hamme a encore des idées d'histoires intéressantes et un sacré don pour vulgariser tout le décorum de la série, que cela aille de la géopolitique, de la technique scientifique et de la finance. La gestion du "Groupe W" telle qu'il la présente est d'ailleurs un modèle économique viable.Et plus moral que beaucoup.
Parler de l'intrigue de cet album nuirait au plaisir de lecture. Van Hamme convie des personnages récurrents et d'autres croisés dans quelques albums pour monter une intrigue complexe mêlant espionnage industriel, espionnage tout court, terrorisme et conscience financière.
Quelques facilités narratives sautent aux yeux mais permettent d'insuffler un rythme certain à l'intrigue. Effet pervers (encore que, le mot est fort), Largo devient un second rôle presque effacé tant l'histoire, chorale, prend de la place. Mais est-ce vraiment une mauvaise chose ?
Au fil des années, la série a gagné une galerie de protagonistes attachants (et certains que l'on aime détester) qui participent aux intrigues parfois complexes, parfois simples mais pas simplistes. C'est cette mosaïque de personnages qui donne son identité à la série et au final, le personnage titre est désormais traité à égalité avec les autres membres du casting. On suit un univers plus qu'un héros.
Le scénario est truffé de rebondissements et d'assez de rythme pour ne pas toujours les voir venir.
Malheureusement, c'est aussi comme ça que démarrait le diptyque précédent avant de se terminer par un album plus faible. Destin que je ne souhaite pas à cette intrigue-ci car elle pourrait déboucher sur un changement assez significatif pour la suite de la série si Van Hamme ne la joue pas "pilote automatique" ( les lecteurs de la première heure verront sans doute à quels épisodes précédents je fais référence après lecture de Chassé-croisé)
Au niveau des dessins, Philipe Francq assure toujours comme une bête. Le trait est détaillé, navigant entre réalisme (les vêtements, les décors documentés) et fantasme (tout le monde est beau et les femmes encore plus que les hommes). Dupuis flatte d'ailleurs la rétine puisque cet album est le premier à être édité dans un format plus grand que celui dans lequel la série a débuté. Nouvelle maquette, nouveau logo, tout y passe.
Pour l'occasion, l'éditeur de Marcinelle réédite toute la série dans ce nouveau format tout en proposant une valeur ajoutée : la colorisation des premiers albums a été repensée.
En effet, une série avec une telle longévité a traversé les avancées techniques en matière d'encrage, de colorisation et même de dessin ( certains, comme Denis Bajram par exemple, ne dessine même plus sur un support papier ).
Les puristes et les collectionneurs s'étrangleront peut-être que cet album jure avec le reste de leur collection et se sentiront soit obligés de racheter les aventures de Largo, soit feront de la résistance. La décision de Dupuis sera critiquée de toute façon. Tempête dans un verre d'eau.
plume de Jean Van Hamme et le crayon de Philipe Francq.
La série fête cette année ses 24 ans d'existence… et nous rappelle que le temps de " 1 album par an" est révolu depuis quelques temps.
Au fil des années, l'intérêt pour Largo Winch a diminué. Oh , non pas que la série soit devenue mauvaise mais le terrain balisé ( c’est James Bond dans la finance, dixit le scénariste et cela va avec un certain statu quo dans l'ambiance: peu d'aventures ont un effet boule de neige et la continuité est surtout marquée par la galerie de personnages qui s'étoffe et non par les rebondissements) et quelques facilités & grosses ficelles parasitent le souffle d'aventure et de suspense depuis quelques albums déjà.
Reste que Van Hamme a encore des idées d'histoires intéressantes et un sacré don pour vulgariser tout le décorum de la série, que cela aille de la géopolitique, de la technique scientifique et de la finance. La gestion du "Groupe W" telle qu'il la présente est d'ailleurs un modèle économique viable.Et plus moral que beaucoup.
Parler de l'intrigue de cet album nuirait au plaisir de lecture. Van Hamme convie des personnages récurrents et d'autres croisés dans quelques albums pour monter une intrigue complexe mêlant espionnage industriel, espionnage tout court, terrorisme et conscience financière.
Quelques facilités narratives sautent aux yeux mais permettent d'insuffler un rythme certain à l'intrigue. Effet pervers (encore que, le mot est fort), Largo devient un second rôle presque effacé tant l'histoire, chorale, prend de la place. Mais est-ce vraiment une mauvaise chose ?
Au fil des années, la série a gagné une galerie de protagonistes attachants (et certains que l'on aime détester) qui participent aux intrigues parfois complexes, parfois simples mais pas simplistes. C'est cette mosaïque de personnages qui donne son identité à la série et au final, le personnage titre est désormais traité à égalité avec les autres membres du casting. On suit un univers plus qu'un héros.
Le scénario est truffé de rebondissements et d'assez de rythme pour ne pas toujours les voir venir.
Malheureusement, c'est aussi comme ça que démarrait le diptyque précédent avant de se terminer par un album plus faible. Destin que je ne souhaite pas à cette intrigue-ci car elle pourrait déboucher sur un changement assez significatif pour la suite de la série si Van Hamme ne la joue pas "pilote automatique" ( les lecteurs de la première heure verront sans doute à quels épisodes précédents je fais référence après lecture de Chassé-croisé)
Au niveau des dessins, Philipe Francq assure toujours comme une bête. Le trait est détaillé, navigant entre réalisme (les vêtements, les décors documentés) et fantasme (tout le monde est beau et les femmes encore plus que les hommes). Dupuis flatte d'ailleurs la rétine puisque cet album est le premier à être édité dans un format plus grand que celui dans lequel la série a débuté. Nouvelle maquette, nouveau logo, tout y passe.
Pour l'occasion, l'éditeur de Marcinelle réédite toute la série dans ce nouveau format tout en proposant une valeur ajoutée : la colorisation des premiers albums a été repensée.
En effet, une série avec une telle longévité a traversé les avancées techniques en matière d'encrage, de colorisation et même de dessin ( certains, comme Denis Bajram par exemple, ne dessine même plus sur un support papier ).
Les puristes et les collectionneurs s'étrangleront peut-être que cet album jure avec le reste de leur collection et se sentiront soit obligés de racheter les aventures de Largo, soit feront de la résistance. La décision de Dupuis sera critiquée de toute façon. Tempête dans un verre d'eau.
jeudi 6 novembre 2014
Interstellar , nos rêves sont plus grands que le ciel.
" Nous nous sommes toujours définis par notre capacité à surmonter l'impossible.
Et nous comptons ces moments.
Ces moments où nous osons viser plus haut. Briser des barrières. Toucher les étoiles. Faire de l'inconnu du connu.
Nous comptons ces moments, fiers de nos prouesses.
Mais nous avons perdu tout ça.
Ou peut-être avons nous juste simplement oublié…oublié que nous sommes encore des pionniers.
Et que nous n'en sommes qu'au début.
Notre apogée ne peut pas être derrière nous ! Car notre destin est au-dessus de nous."
Le nouveau film de Christopher Nolan aurait pu ne pas être signé de sa main.
Alors que Christopher prend du galon en tant que réalisateur, son frère, le scénariste Jonathan Nolan (avec qui il a coécrit une bonne partie de sa filmographie actuelle) se fait lui aussi un nom. Et c'est vers Jonathan que se tourne un réalisateur chevronné pour lui écrire un script de conquête spatiale basé sur les travaux du physicien Kip Thorne. Le nom de ce réalisateur ? Steven Spielberg.
Mais Spielby est over-booké et le projet est reporté, sans cesse. Christopher sort The Dark Knight Rises et explose le box-office. Libéré de Batman, Nolan cherche un nouveau projet. Quand les négociations pour réaliser un James Bond tombent à l'eau, Chris négocie pour reprendre le scénario de son frère et y apporter des éléments qui lui sont propres.
Interstellar, tel qu'il nous est présenté en salle, n'est donc pas un film de Spielberg réalisé par un autre…mais un film purement Nolanien (je vous invite d'ailleurs à lire ma chronique sur les thèmes et obsessions du réalisateur ici. Interstellar vient prouver que je n'ai pas tort mais cela pourrait vous donner des indices sur le déroulement du film), avec des influences dedans.
Des influences cinéphiliques digérées qui font que le produit final est original et s'inscrit dans la ligne d'auteur du réalisateur. Oui, Nolan a vu 2001, oui Nolan a vu Le trou noir. Oui, Nolan passe après eux. Mais il a des choses à dire, des choses à raconter, une sensibilité différente, une vision différente. Et si les points de départs sont purement Spielbergiens ,le père absent, l'admiration de l'aviation, la lutte à corps perdus face à une machine implacable ( la désertification ici ), la ligne d'arrivée est cohérente avec le reste de l'œuvre de Christopher Nolan : c'est ce que François Truffaut appelait un auteur !
Dans un futur indéterminé, l'humanité est à l'agonie. Une lente et terrible désertification se profile. D'immenses dust bowls ravagent les villes et les récoltes. Le choix de mener sa vie comme on l'entend a presque disparu, le monde a besoin de fermiers et pas d'intellectuels. L'humanité renie ses exploits et ses découvertes : faire rêver ne doit plus être inculqué, le monde a besoin de concret (petite mentalité étriquée de bureaucrate). C'est dans ce monde bientôt mort qu'évolue Cooper,dit Coop. Fermier veuf , il élève son fils Tom, propulsé successeur désigné de son père et sa fille, Murphy. Intelligente et brillante, Murph possède une complicité énorme avec son père, ancien pilote de la NASA qui n'a jamais pu partir dans les étoiles. Quand l'occasion d'enfin partir se présentera sous la forme d'un trou de ver capable de faire franchir des distances incroyables en peu de temps dans l'espace, Coop devra choisir entre revoir ses enfants ou faire un petit pas pour l'homme et un saut de géant pour la survie de l'humanité.
Navigant entre drame familial tendance mélo, peinture alarmante de ce que le futur peut nous préparer comme retour de manivelle et œuvre de Hard SF , Interstellar n'en perd pourtant jamais le nord ni son public. Et ce durant 2H49 de métrage. L'ambition de compter une odyssée de l'espace basée sur les sciences dites dures tout en créant le cœur émotionnel autour des sciences dites molles ( âneries que cette dénomination d'ailleurs) et la métaphysique accouche d'un film ambitieux et didactique sur des notions scientifiques célèbres mais finalement assez nébuleuses pour le grand public.
Et la vulgarisation marche à plein pot. Parce que ces notions forment la base des aventures des héros du film, les dangers qui les guettent ne sont plus théoriques ou hypothétiques, place à la pratique. Et quand on est pionnier d'un domaine, la pratique se découvre à la dure !
Science-fiction…science-fiction… Dans son acceptation la plus pure, la plus basique, la science-fiction est un genre fictionnel se basant sur la science et ses découvertes. La science, ce n'est pas que l'intitulé réducteur des cours dispensés à l'école (biologie, chimie, physique). Ce sont aussi les sciences plus spécialisées, les sciences humaines, etc… Dès lors, Interstellar est un objet de science-fiction quasi ultime, brassant ses sujets et les connectant entre eux dans un balai parfois un peu mal rythmé mais terriblement entraînant. La démarche d'un Jules Verne moderne, alliant connaissances actuelles précises, sens de l'aventure, du merveilleux et de l'humain. Mais aussi envie d'aller plus loin que les concepts proposés habituellement (les vaisseaux qui font du bruit dans l'espace ? Oubliez ça ici ! ), de dépasser certaines limites.
Il est dès lors un peu dommage que Christopher Nolan ne dépasse pas les siennes. Si sa maîtrise des plans ( son directeur photo historique, Wally Pfister , n'est pas de cette partie mais son manque est minime), de l'action et du montage alterné ne sont plus à démontrer , il n'en reste pas moins prisonnier de ses scories habituelles : la gestion du temps qui passe reste hasardeuse (comme sur The Dark Knight Rises) ce qui a pour résultat que l'on sent peu les mois et les années qui passent. Et certains dialogues racontent plus qu'ils ne participent à la discussion entre personnages. Mais des limites pareilles face aux acquis de réalisation, je le répète, ce sont ses scories habituelles et l'ensemble est très très peu alourdi par ce genre de choses.
Dans le rôle de Cooper, Matthew McConaughey prouve une fois de plus que non, il n'est pas juste un acteur pour midinettes et que son Oscar, il ne l'a pas volé (sorry Leonardo). Ce père déchiré entre ses rêves d'espaces, sa mission de sauveur et son besoin , vital, de revoir ses enfants ne pouvait trouver meilleur interprète. Alors que la relativité du temps lui explose en pleine face, les larmes viennent couler sur la votre. Il est l'un des cœurs battants du film et l'empathie pour son personnage est presque immédiate.
Nolan a un sens aigu du casting et c'est sans surprise qu'il nous refait le coup d'un ensemble solide d'acteurs, parfois oubliés suite à d'hasardeux choix de carrières.
Ainsi, nous retrouvons le prometteur Wes Bentley ( Ricky dans American Beauty) qui avait presque disparu des écrans ; Topher Grace dont la carrière ne semble pas vouloir décoller malgré des qualités indéniables. On retrouve aussi des acteurs connus et reconnus comme Casey Affleck ( qui joue au monolithe ici, dommage ) ou la sublime Jessica Chastain. L'héroïne de Zero Dark Thirty loupe un peu le coche émotionnel mais transpire la détermination !
Nolan est aussi connu pour être fidèle envers ses acteurs, comme un magicien envers ses ingénieurs. Ainsi, la petite nouvelle de la bande, Anne Hathaway (impériale, as usual), qui n'a débarqué chez Nolan que lors de son dernier opus gothamite, joue la fille de Michael Caine, autre vieil habitué du Nolan-verse, lui qui est rappelé sans cesse par le réalisateur depuis Batman Begins.
Rayon habitués, Nolan fait une nouvelle fois appel à Hans Zimmer pour signer la musique de son film.
Loin de son style rentre-dedans (et ce n'est pas un reproche), Zimmer se la joue " The Thin Red Line" (une de ses plus belles compositions) avec un orgue d'église et du piano en sus. Un minimalisme orchestrale mais néanmoins puissant qui ne vient jamais parasiter la force des images.
Réputé, à tort, d'être un cinéaste froid (alors que les émotions sont toujours, toujours, le moteur des motivations de ses personnages) et poseur ( non, être respectueux des codes et de la grammaire ce n'est pas être poseur, c'est respecter son public ET tenter de le tirer vers le haut) , Interstellar possède le plus haut taux de séquences tire-larmes (sans être péjoratif) de toute la filmo de Christopher Nolan.
En rendant l'infiniment grand appréhendable pour le public par le prisme des sentiments d'êtres infiniment petits (pour l'Univers), Nolan livre un tourbillon d'émotions, de réflexions, le tout emballé dans un grand huit épique, parfois un peu ronflant mais terriblement réussi. Et n'est-ce pas ça, l'essence du cinéma ? Être remué dans toutes les couches de notre personne par un spectacle qui nous dépasse ?
Et nous comptons ces moments.
Ces moments où nous osons viser plus haut. Briser des barrières. Toucher les étoiles. Faire de l'inconnu du connu.
Nous comptons ces moments, fiers de nos prouesses.
Mais nous avons perdu tout ça.
Ou peut-être avons nous juste simplement oublié…oublié que nous sommes encore des pionniers.
Et que nous n'en sommes qu'au début.
Notre apogée ne peut pas être derrière nous ! Car notre destin est au-dessus de nous."
Le nouveau film de Christopher Nolan aurait pu ne pas être signé de sa main.
Alors que Christopher prend du galon en tant que réalisateur, son frère, le scénariste Jonathan Nolan (avec qui il a coécrit une bonne partie de sa filmographie actuelle) se fait lui aussi un nom. Et c'est vers Jonathan que se tourne un réalisateur chevronné pour lui écrire un script de conquête spatiale basé sur les travaux du physicien Kip Thorne. Le nom de ce réalisateur ? Steven Spielberg.
Mais Spielby est over-booké et le projet est reporté, sans cesse. Christopher sort The Dark Knight Rises et explose le box-office. Libéré de Batman, Nolan cherche un nouveau projet. Quand les négociations pour réaliser un James Bond tombent à l'eau, Chris négocie pour reprendre le scénario de son frère et y apporter des éléments qui lui sont propres.
Interstellar, tel qu'il nous est présenté en salle, n'est donc pas un film de Spielberg réalisé par un autre…mais un film purement Nolanien (je vous invite d'ailleurs à lire ma chronique sur les thèmes et obsessions du réalisateur ici. Interstellar vient prouver que je n'ai pas tort mais cela pourrait vous donner des indices sur le déroulement du film), avec des influences dedans.
Des influences cinéphiliques digérées qui font que le produit final est original et s'inscrit dans la ligne d'auteur du réalisateur. Oui, Nolan a vu 2001, oui Nolan a vu Le trou noir. Oui, Nolan passe après eux. Mais il a des choses à dire, des choses à raconter, une sensibilité différente, une vision différente. Et si les points de départs sont purement Spielbergiens ,le père absent, l'admiration de l'aviation, la lutte à corps perdus face à une machine implacable ( la désertification ici ), la ligne d'arrivée est cohérente avec le reste de l'œuvre de Christopher Nolan : c'est ce que François Truffaut appelait un auteur !
Dans un futur indéterminé, l'humanité est à l'agonie. Une lente et terrible désertification se profile. D'immenses dust bowls ravagent les villes et les récoltes. Le choix de mener sa vie comme on l'entend a presque disparu, le monde a besoin de fermiers et pas d'intellectuels. L'humanité renie ses exploits et ses découvertes : faire rêver ne doit plus être inculqué, le monde a besoin de concret (petite mentalité étriquée de bureaucrate). C'est dans ce monde bientôt mort qu'évolue Cooper,dit Coop. Fermier veuf , il élève son fils Tom, propulsé successeur désigné de son père et sa fille, Murphy. Intelligente et brillante, Murph possède une complicité énorme avec son père, ancien pilote de la NASA qui n'a jamais pu partir dans les étoiles. Quand l'occasion d'enfin partir se présentera sous la forme d'un trou de ver capable de faire franchir des distances incroyables en peu de temps dans l'espace, Coop devra choisir entre revoir ses enfants ou faire un petit pas pour l'homme et un saut de géant pour la survie de l'humanité.
Navigant entre drame familial tendance mélo, peinture alarmante de ce que le futur peut nous préparer comme retour de manivelle et œuvre de Hard SF , Interstellar n'en perd pourtant jamais le nord ni son public. Et ce durant 2H49 de métrage. L'ambition de compter une odyssée de l'espace basée sur les sciences dites dures tout en créant le cœur émotionnel autour des sciences dites molles ( âneries que cette dénomination d'ailleurs) et la métaphysique accouche d'un film ambitieux et didactique sur des notions scientifiques célèbres mais finalement assez nébuleuses pour le grand public.
Et la vulgarisation marche à plein pot. Parce que ces notions forment la base des aventures des héros du film, les dangers qui les guettent ne sont plus théoriques ou hypothétiques, place à la pratique. Et quand on est pionnier d'un domaine, la pratique se découvre à la dure !
Science-fiction…science-fiction… Dans son acceptation la plus pure, la plus basique, la science-fiction est un genre fictionnel se basant sur la science et ses découvertes. La science, ce n'est pas que l'intitulé réducteur des cours dispensés à l'école (biologie, chimie, physique). Ce sont aussi les sciences plus spécialisées, les sciences humaines, etc… Dès lors, Interstellar est un objet de science-fiction quasi ultime, brassant ses sujets et les connectant entre eux dans un balai parfois un peu mal rythmé mais terriblement entraînant. La démarche d'un Jules Verne moderne, alliant connaissances actuelles précises, sens de l'aventure, du merveilleux et de l'humain. Mais aussi envie d'aller plus loin que les concepts proposés habituellement (les vaisseaux qui font du bruit dans l'espace ? Oubliez ça ici ! ), de dépasser certaines limites.
Il est dès lors un peu dommage que Christopher Nolan ne dépasse pas les siennes. Si sa maîtrise des plans ( son directeur photo historique, Wally Pfister , n'est pas de cette partie mais son manque est minime), de l'action et du montage alterné ne sont plus à démontrer , il n'en reste pas moins prisonnier de ses scories habituelles : la gestion du temps qui passe reste hasardeuse (comme sur The Dark Knight Rises) ce qui a pour résultat que l'on sent peu les mois et les années qui passent. Et certains dialogues racontent plus qu'ils ne participent à la discussion entre personnages. Mais des limites pareilles face aux acquis de réalisation, je le répète, ce sont ses scories habituelles et l'ensemble est très très peu alourdi par ce genre de choses.
Dans le rôle de Cooper, Matthew McConaughey prouve une fois de plus que non, il n'est pas juste un acteur pour midinettes et que son Oscar, il ne l'a pas volé (sorry Leonardo). Ce père déchiré entre ses rêves d'espaces, sa mission de sauveur et son besoin , vital, de revoir ses enfants ne pouvait trouver meilleur interprète. Alors que la relativité du temps lui explose en pleine face, les larmes viennent couler sur la votre. Il est l'un des cœurs battants du film et l'empathie pour son personnage est presque immédiate.
Nolan a un sens aigu du casting et c'est sans surprise qu'il nous refait le coup d'un ensemble solide d'acteurs, parfois oubliés suite à d'hasardeux choix de carrières.
Ainsi, nous retrouvons le prometteur Wes Bentley ( Ricky dans American Beauty) qui avait presque disparu des écrans ; Topher Grace dont la carrière ne semble pas vouloir décoller malgré des qualités indéniables. On retrouve aussi des acteurs connus et reconnus comme Casey Affleck ( qui joue au monolithe ici, dommage ) ou la sublime Jessica Chastain. L'héroïne de Zero Dark Thirty loupe un peu le coche émotionnel mais transpire la détermination !
Nolan est aussi connu pour être fidèle envers ses acteurs, comme un magicien envers ses ingénieurs. Ainsi, la petite nouvelle de la bande, Anne Hathaway (impériale, as usual), qui n'a débarqué chez Nolan que lors de son dernier opus gothamite, joue la fille de Michael Caine, autre vieil habitué du Nolan-verse, lui qui est rappelé sans cesse par le réalisateur depuis Batman Begins.
Rayon habitués, Nolan fait une nouvelle fois appel à Hans Zimmer pour signer la musique de son film.
Loin de son style rentre-dedans (et ce n'est pas un reproche), Zimmer se la joue " The Thin Red Line" (une de ses plus belles compositions) avec un orgue d'église et du piano en sus. Un minimalisme orchestrale mais néanmoins puissant qui ne vient jamais parasiter la force des images.
Réputé, à tort, d'être un cinéaste froid (alors que les émotions sont toujours, toujours, le moteur des motivations de ses personnages) et poseur ( non, être respectueux des codes et de la grammaire ce n'est pas être poseur, c'est respecter son public ET tenter de le tirer vers le haut) , Interstellar possède le plus haut taux de séquences tire-larmes (sans être péjoratif) de toute la filmo de Christopher Nolan.
En rendant l'infiniment grand appréhendable pour le public par le prisme des sentiments d'êtres infiniment petits (pour l'Univers), Nolan livre un tourbillon d'émotions, de réflexions, le tout emballé dans un grand huit épique, parfois un peu ronflant mais terriblement réussi. Et n'est-ce pas ça, l'essence du cinéma ? Être remué dans toutes les couches de notre personne par un spectacle qui nous dépasse ?
lundi 6 octobre 2014
Dracula que l'on encu...
Au commencent, il y eu un roman, publié en langue anglaise en 1897 : Dracula, écrit par Bram Stoker.
L'histoire est connue de tous, du moins dans les grandes largeurs : l'arrivée en Angleterre DU vampire et de comment un petit groupe aidé par les conseils du Prof.Van Helsing va réussir à le repousser et finalement le détruire dans son château transylvanien.
Le cinéma s'emparera de l'histoire et ce média de masse imprimera à jamais la légende dans l'inconscient collectif dès les années 20.
Mais Dracula, ce n'est pas que le nom d'un comte transylvanien, c'est aussi l'un des surnoms de Vlad III "L'empaleur", Voïvode de Valachie ayant régné sur une partie de l'actuelle Roumanie au XVeme siècle. Son père, Vlad II était dit Dracul en raison de son appartenance à l'ordre du Dragon. La particule "a" en fin du mot signifie "petit" ou "fils de".
Dracula est donc le petit dragon (ou fils du dragon) encore que Dracul puisse également signifier "Diable" (mais l'ordre défendant la Croix face aux Croissants des Ottomans, difficile de penser que l'aspect diabolique soit vraiment associé à l'histoire qui nous préoccupe en ce moment).
Vlad III est connu pour ses actions violentes et sanglantes ( mais la plupart des sources de bases proviennent des Ottomans, une certaine prudence, qui n'a semble-t-il jamais été de mise dans les récits historiques vulgarisés, est donc à appliquer sur tout ceci) et son goût prononcé pour empaler ses adversaires. Surtout les turcs ottomans dont il a été l'otage royal durant une bonne partie de sa vie avant de monter sur le trône.
Stoker n'a jamais admis s'être vraiment inspiré de Vlad III pour créer son vampire mais les théories sur la chose n'ont cessé d'être répandues et, en 1993, un film va définitivement mélanger les deux et ils seront désormais indissociables.
Le Dracula de Francis Ford Coppola commence donc par une séquence absente du roman : la venue au monde du Vampire après une vie humaine. Vlad "Dracula" l'empaleur devient le vampire Dracula sous les yeux du public après qu'une ruse ottomane ait poussé sa femme au suicide. Rongé par la haine envers un Dieu qu'il avait défendu et la peine d'avoir perdu l'amour de sa vie, Dracula erre sur Terre pendant 400 ans avant de retrouver Mina Murray qui pourrait être la réincarnation de sa défunte épouse.
Monstre dramatique et romantique, Dracula va tenter de la conquérir tout en assouvissant ses viles habitudes nutritives…
Les bonnes intentions de Coppola se sont transformées en pavés infernaux pour le mythe du vampire en général et pour le comte sanguinaire en particulier. En littérature comme en fiction visuelle, tout le monde y ira de sa petite version des origines du vampire ( de la plus proche de celle de 1993 à la plus éloignée) pour le meilleur mais plus souvent pour le pire…
La genèse du film est une aventure en soi.
En 2005, Batman Begins relançait la chauve-souris gothamite depuis le début sous la férule de Warner Bros.
En 2006, Casino Royale faisait de même avec James Bond désormais sous la protection de Columbia Pictures/Sony.
Les deux films ont eu un succès tel que les autres studios commencent à envisager de lancer des films basés sur leurs franchises phares et revenant sur les débuts de ces héros connus du public depuis des années. Le tout contenant quelques réussites ( X-men First Class, Man of Steel) et beaucoup de déchets ( Jack Ryan : Shadow Recruit, The Amazing Spider-Man,… )
Le projet est d'abord initié en 2007 par Universal sous le titre Dracula year one avant de bifurquer vers Dracula year zero.
C'est le réalisateur Alex Proyas ( The Crow, I,Robot) qui est choisi pour mettre en scène les premiers émois sanguinaires de Dracula. Son mot d'ordre pour le film sera : " Des crocs, des filles, du sang et pas de chauve-souris ! ". Une approche qui mêle Eros et Thanatos, point.
Australien, le réalisateur souhaite tourner sur ses terres natales et jette son dévolu sur deux acteurs du crû pour incarner Vlad Dracula et son épouse : Sam Worthington ( Avatar) et Abbie Cornish (Sucker Punch).
Mais le budget du film est si colossal qu'Universal jette l'éponge. Proyas s'en va se focaliser sur son adaptation de Paradise Lost, qui elle aussi capotera.
Initié par le succès d'un héros ( Batman) c'est le succès d'une équipe qui va relancer la machine.
Avengers sort en avril 2012 et explose le box-office. Marvel Studios a mis sur pied un univers partagé au cinéma et cela donne des idées aux banquiers qui tiennent aujourd'hui les studios. Si la recette fonctionne ailleurs, pourquoi ne pas l'appliquer chez nous ? (oui, leurs réflexions primaires me laissent également sans voix).
En mai 2012, Universal annonce son envie de relancer le concept Van Helsing en le reprenant du début. En Juillet de la même année, le projet Dracula ressort des cartons suivi du reboot de La Momie.Le but semi-avoué est de lancer une nouvelle vague de films de monstres, revenant à leurs origines et de les faire évoluer dans le même univers pour culminer avec un film Van Helsing.
Dans le même temps, le studio Legendary Pictures ( qui chapeautait pour Warner Bros. toutes les productions en rapport avec la pop-culture et les adaptations des comics DC en particulier ) se voit remercier par Warner qui souhaite signer ses succès seul sans partager louanges et royalties. Universal signe donc un contrat avec Legendary. Le pacte peut sembler aller de soi, Universal possédant dans son giron un beau bestiaire nourrissant la culture populaire comme Dracula, Le Loup-Garou, La Momie…
Gary Shore, inconnu au bataillon, est engagé pour réaliser le film. Luke Evans prend la place de Sam Worthington et l'Australie est troquée contre l'Irlande. Les premières fuites apparaissent sur le net : l'histoire contera l'histoire de Vlad III qui, face aux armées ottomanes, fera un pacte avec la sorcière Baba Yaga pour acquérir un pouvoir capable de repousser l'envahisseur. Samantha Barks est engagée pour jouer la sorcière. Pourtant, elle n'apparaitra pas dans le film. Pour les raisons ci-dessous.
Le film est prévu pour le mois d'Août 2014 avant d'être repoussé au mois d'Octobre. Car de multiples reshoots vont être exigés par Universal, ce qui retardera la sortie du film.
Film dont je vais vous entretenir maintenant…
1462, neuf ans après la Chute de Constatinople. Le Prince Vlad règne sur la Transylvanie. Ancien janissaire au service des Ottomans, Vlad a été libéré de son service et tente de maintenir la paix en son royaume. Il a renié son passé de guerrier et rangé son armure ornée d'un dragon au placard.
Un jour, deux évènements vont sceller son destin : 1° la découverte des preuves que des éclaireurs turcs sont passés sur ses terres et sont morts en traversant la montagne de la Dent Cassée. 2° La découverte d'une grotte dans la-dite montagne renfermant une créature sanguinaire prisonnière depuis des siècles…
(Bon déjà, pour la véracité historique c'est déjà mal engagé - Vlad janissaire, la bonne blague… - et Baba Yaga déjà expulsée du film pour cause de reshoot.)
Les éclaireurs turcs n'étaient qu'un prélude : un émissaire de Mehmed II le Conquérant ( qui prit Constantinople ) arrive à la cour de Vlad ,flanqué d'une bande de janissaire psychopathes. Celui-ci réclame un tribut en argent à Vlad ainsi que 1000 garçons pour servir dans l'armée du Sultan pour combattre en Hongrie et au siège de Vienne (oui, oui, celui de 1529…quel visionnaire ce Mehmed. Au fait, quand on veut prendre la chrétienté par surprise, on n'annonce pas ses cibles un siècle à l'avance non plus ! Je dis ça je dis rien, en stratégie militaire je ne suis qu'un amateur.) ainsi que le fils de Vlad comme otage royal.
Refusant de livrer son enfant, Vlad tue les hommes venus le chercher et s'attire les foudres de la guerre. Son seul espoir réside dans la créature vivant dans la grotte, un vampire d'après les registres du monastère où il a fait quelques recherches, et qui pourrait lui fournir la force nécessaire pour défaire les troupes turques.
( et là, double fête du slip : le mot vampire n’apparaît pas avant le XVIIIeme siècle déjà puisque dans cette région on les appelle strigoï, terme qui donnera naissance à stryge, ensuite l'étymologie du mot donnée par le moine est complètement conne et à côté de la plaque, une honte totale et absolue que de prétendre que vampire provient du mot grec pi qui signifierait boire…et cette bêtise va s'imprimer dans tout un tas de cerveaux. Les scénaristes n'ont fait aucune recherche sur les sujets du film! pi vaut toujours 3,14 et pino veut dire boire, merci Amsterdam bonsoir !).
Commençons par les points positifs : Luke Evans est un bon acteur, il croit en son personnage et lui donne de l'épaisseur. Et deux trois bonnes idées parsèment le film. Voila…
Pour le reste : les incohérences sont légions ( comment un vampire coincé dans une grotte ,dont il faut être un alpiniste aussi fortiche que le Lénonidas de 300 pour l'atteindre, peut-il être LA peur des habitants et vivre sur un sol composé des os de centaines de personnes ? ), les incongruités sont effarantes. D'ailleurs, l'entrée de la grotte change selon qu'elle a été tournée pour la version "Baba Yaga " et la version "vampire centenaire": on passe d'une grotte toute simple à une entrée de style pseudo-romain pour appuyer le fait (jamais clairement dit dans le film) que le dit-vampire, incarné par le toujours classe et flippant Charles Dance, soit en réalité…Caligula. Vous avez dit " n'importe quoi " ?
Le rythme et l’enchaînement des scènes sont trop rapides pour qu'une empathie quelconque puisse nous lier au sort des personnages, certaines semblant même sortir de nulle part ou avoir été placée au mauvais endroit du film.
Certains personnages, également sortis de nulle part, acquièrent une importance capitale pour certaines séquences (celle de l'incendie provoquée par les villageois est flagrante: celui qui lance le mouvement est clairement mis en évidence par la réalisation et le montage, signe , sans doute, que son personnage avait une importance dans des scènes probablement coupées : c'est ça ,soit le réalisateur ne connaît rien à la grammaire cinématographique. Pareil pour le bohémien qui souhaite servir Vlad.).
Tout cela vient renforcer le sentiment qu'il manque une pelletée de scènes et que certaines ont été rajoutées à la va-comme-je-te-pousse pour donner un peu de liant à l'ensemble.
Les scènes de combats sont hachées et difficiles à lire, c'est fouillis et peu emballant visuellement, que ça soit lors de corps à corps plus ou moins classiques ou lorsque que Vlad fait appel à des hordes de chauve-souris qui ressemblent plus à un essaim géant de mouches qu'à des chiroptères une fois en mouvement à l'écran. Pour un homme capable de plier à sa volonté les créatures de la nuit, il ne fait appel qu'à une seule espèce d'entre elles.Et pas la plus dangereuse hein. Non, une horde de petites bestioles qui font, au mieux en Europe, 10 cm de long et pèsent moins de 30 grammes. Je n'ose imaginer ce qu'un réalisateur couillu aurait pu nous faire avec l'arsenal complet du vampire : chiroptères géants, loups, etc…
Dracula est ici une sorte de super-héros dramatique et maudit ( mort d'un être cher, entrainement pour devenir un guerrier imparable , acquisition de super-pouvoirs et un costume à emblème dont l'apparition rappelle celle du bat-costume dans Batman Begins mais en moins bien : quand on sait pas pomper, on ne pompe pas !).
Le thème du héros contraint de se damner volontairement pour préserver les siens n'est pas nouveau ( Ghost Rider, Anakin Skywalker, Spawn) mais fonctionne toujours correctement pour peu qu'il soit bien traité.
Ce n'est clairement pas le cas ici et ce ne sont pas les clins d'œil appuyés ( le name dropping de certains noms connus des adorateurs du livre de Stoker comme le col de Borgo ou les trois femmes vampires) ni l'idée d'une armée vengeresse en fin de film qui viendront sauver celui-ci ni sauver le spectateur d'un ennui gêné ( le film dure une heure et demi et semble en durer le double) renforcé par la sensation d'assister à un immense gâchis tant les bases auraient pu être solides.
Les sous-entendus thématiques sont clairement naïfs , manichéens et limites racistes tant seuls les transylvaniens chrétiens sont représentés comme pouvant faire preuve de noblesse, les musulmans et leur alliés étant des malades sadiques et malveillants ( on vous rappelle que les territoires conquis tombaient sous la liberté de culte et ce plus d'un siècle avant l'édit de Nantes ? ).
Des intentions initiales d'Alex Proyas, il ne reste presque rien car Gary Shore a tout envoyé valser : quelques crocs, du sang qu'on essaye un maximum de cacher et des nuées de chauve-souris réputées buveuses de sang des centaines d'années avant que la race des chiroptères vampires ne soit découverte.
La fin est là pour bien nous montrer qu'il s'agit ici du premier acte d'une franchise et on n'en demandait pas tant.
Dracula Untold aurait du le resté, untold.
L'histoire est connue de tous, du moins dans les grandes largeurs : l'arrivée en Angleterre DU vampire et de comment un petit groupe aidé par les conseils du Prof.Van Helsing va réussir à le repousser et finalement le détruire dans son château transylvanien.
Le cinéma s'emparera de l'histoire et ce média de masse imprimera à jamais la légende dans l'inconscient collectif dès les années 20.
Mais Dracula, ce n'est pas que le nom d'un comte transylvanien, c'est aussi l'un des surnoms de Vlad III "L'empaleur", Voïvode de Valachie ayant régné sur une partie de l'actuelle Roumanie au XVeme siècle. Son père, Vlad II était dit Dracul en raison de son appartenance à l'ordre du Dragon. La particule "a" en fin du mot signifie "petit" ou "fils de".
Dracula est donc le petit dragon (ou fils du dragon) encore que Dracul puisse également signifier "Diable" (mais l'ordre défendant la Croix face aux Croissants des Ottomans, difficile de penser que l'aspect diabolique soit vraiment associé à l'histoire qui nous préoccupe en ce moment).
Vlad III est connu pour ses actions violentes et sanglantes ( mais la plupart des sources de bases proviennent des Ottomans, une certaine prudence, qui n'a semble-t-il jamais été de mise dans les récits historiques vulgarisés, est donc à appliquer sur tout ceci) et son goût prononcé pour empaler ses adversaires. Surtout les turcs ottomans dont il a été l'otage royal durant une bonne partie de sa vie avant de monter sur le trône.
Stoker n'a jamais admis s'être vraiment inspiré de Vlad III pour créer son vampire mais les théories sur la chose n'ont cessé d'être répandues et, en 1993, un film va définitivement mélanger les deux et ils seront désormais indissociables.
Le Dracula de Francis Ford Coppola commence donc par une séquence absente du roman : la venue au monde du Vampire après une vie humaine. Vlad "Dracula" l'empaleur devient le vampire Dracula sous les yeux du public après qu'une ruse ottomane ait poussé sa femme au suicide. Rongé par la haine envers un Dieu qu'il avait défendu et la peine d'avoir perdu l'amour de sa vie, Dracula erre sur Terre pendant 400 ans avant de retrouver Mina Murray qui pourrait être la réincarnation de sa défunte épouse.
Monstre dramatique et romantique, Dracula va tenter de la conquérir tout en assouvissant ses viles habitudes nutritives…
Les bonnes intentions de Coppola se sont transformées en pavés infernaux pour le mythe du vampire en général et pour le comte sanguinaire en particulier. En littérature comme en fiction visuelle, tout le monde y ira de sa petite version des origines du vampire ( de la plus proche de celle de 1993 à la plus éloignée) pour le meilleur mais plus souvent pour le pire…
Le meilleur.
Le pire. Dracula serait en fait Judas.
En 2005, Batman Begins relançait la chauve-souris gothamite depuis le début sous la férule de Warner Bros.
En 2006, Casino Royale faisait de même avec James Bond désormais sous la protection de Columbia Pictures/Sony.
Les deux films ont eu un succès tel que les autres studios commencent à envisager de lancer des films basés sur leurs franchises phares et revenant sur les débuts de ces héros connus du public depuis des années. Le tout contenant quelques réussites ( X-men First Class, Man of Steel) et beaucoup de déchets ( Jack Ryan : Shadow Recruit, The Amazing Spider-Man,… )
Le projet est d'abord initié en 2007 par Universal sous le titre Dracula year one avant de bifurquer vers Dracula year zero.
Deux excellents films...qui donneront de très mauvaises idées (germées pour les mauvaises raisons) aux concurrents.
Australien, le réalisateur souhaite tourner sur ses terres natales et jette son dévolu sur deux acteurs du crû pour incarner Vlad Dracula et son épouse : Sam Worthington ( Avatar) et Abbie Cornish (Sucker Punch).
Mais le budget du film est si colossal qu'Universal jette l'éponge. Proyas s'en va se focaliser sur son adaptation de Paradise Lost, qui elle aussi capotera.
Initié par le succès d'un héros ( Batman) c'est le succès d'une équipe qui va relancer la machine.
Avengers sort en avril 2012 et explose le box-office. Marvel Studios a mis sur pied un univers partagé au cinéma et cela donne des idées aux banquiers qui tiennent aujourd'hui les studios. Si la recette fonctionne ailleurs, pourquoi ne pas l'appliquer chez nous ? (oui, leurs réflexions primaires me laissent également sans voix).
En mai 2012, Universal annonce son envie de relancer le concept Van Helsing en le reprenant du début. En Juillet de la même année, le projet Dracula ressort des cartons suivi du reboot de La Momie.Le but semi-avoué est de lancer une nouvelle vague de films de monstres, revenant à leurs origines et de les faire évoluer dans le même univers pour culminer avec un film Van Helsing.
Dans le même temps, le studio Legendary Pictures ( qui chapeautait pour Warner Bros. toutes les productions en rapport avec la pop-culture et les adaptations des comics DC en particulier ) se voit remercier par Warner qui souhaite signer ses succès seul sans partager louanges et royalties. Universal signe donc un contrat avec Legendary. Le pacte peut sembler aller de soi, Universal possédant dans son giron un beau bestiaire nourrissant la culture populaire comme Dracula, Le Loup-Garou, La Momie…
Gary Shore, inconnu au bataillon, est engagé pour réaliser le film. Luke Evans prend la place de Sam Worthington et l'Australie est troquée contre l'Irlande. Les premières fuites apparaissent sur le net : l'histoire contera l'histoire de Vlad III qui, face aux armées ottomanes, fera un pacte avec la sorcière Baba Yaga pour acquérir un pouvoir capable de repousser l'envahisseur. Samantha Barks est engagée pour jouer la sorcière. Pourtant, elle n'apparaitra pas dans le film. Pour les raisons ci-dessous.
Le film est prévu pour le mois d'Août 2014 avant d'être repoussé au mois d'Octobre. Car de multiples reshoots vont être exigés par Universal, ce qui retardera la sortie du film.
Film dont je vais vous entretenir maintenant…
1462, neuf ans après la Chute de Constatinople. Le Prince Vlad règne sur la Transylvanie. Ancien janissaire au service des Ottomans, Vlad a été libéré de son service et tente de maintenir la paix en son royaume. Il a renié son passé de guerrier et rangé son armure ornée d'un dragon au placard.
Un jour, deux évènements vont sceller son destin : 1° la découverte des preuves que des éclaireurs turcs sont passés sur ses terres et sont morts en traversant la montagne de la Dent Cassée. 2° La découverte d'une grotte dans la-dite montagne renfermant une créature sanguinaire prisonnière depuis des siècles…
(Bon déjà, pour la véracité historique c'est déjà mal engagé - Vlad janissaire, la bonne blague… - et Baba Yaga déjà expulsée du film pour cause de reshoot.)
Les éclaireurs turcs n'étaient qu'un prélude : un émissaire de Mehmed II le Conquérant ( qui prit Constantinople ) arrive à la cour de Vlad ,flanqué d'une bande de janissaire psychopathes. Celui-ci réclame un tribut en argent à Vlad ainsi que 1000 garçons pour servir dans l'armée du Sultan pour combattre en Hongrie et au siège de Vienne (oui, oui, celui de 1529…quel visionnaire ce Mehmed. Au fait, quand on veut prendre la chrétienté par surprise, on n'annonce pas ses cibles un siècle à l'avance non plus ! Je dis ça je dis rien, en stratégie militaire je ne suis qu'un amateur.) ainsi que le fils de Vlad comme otage royal.
Refusant de livrer son enfant, Vlad tue les hommes venus le chercher et s'attire les foudres de la guerre. Son seul espoir réside dans la créature vivant dans la grotte, un vampire d'après les registres du monastère où il a fait quelques recherches, et qui pourrait lui fournir la force nécessaire pour défaire les troupes turques.
Commençons par les points positifs : Luke Evans est un bon acteur, il croit en son personnage et lui donne de l'épaisseur. Et deux trois bonnes idées parsèment le film. Voila…
Pour le reste : les incohérences sont légions ( comment un vampire coincé dans une grotte ,dont il faut être un alpiniste aussi fortiche que le Lénonidas de 300 pour l'atteindre, peut-il être LA peur des habitants et vivre sur un sol composé des os de centaines de personnes ? ), les incongruités sont effarantes. D'ailleurs, l'entrée de la grotte change selon qu'elle a été tournée pour la version "Baba Yaga " et la version "vampire centenaire": on passe d'une grotte toute simple à une entrée de style pseudo-romain pour appuyer le fait (jamais clairement dit dans le film) que le dit-vampire, incarné par le toujours classe et flippant Charles Dance, soit en réalité…Caligula. Vous avez dit " n'importe quoi " ?
Le rythme et l’enchaînement des scènes sont trop rapides pour qu'une empathie quelconque puisse nous lier au sort des personnages, certaines semblant même sortir de nulle part ou avoir été placée au mauvais endroit du film.
Certains personnages, également sortis de nulle part, acquièrent une importance capitale pour certaines séquences (celle de l'incendie provoquée par les villageois est flagrante: celui qui lance le mouvement est clairement mis en évidence par la réalisation et le montage, signe , sans doute, que son personnage avait une importance dans des scènes probablement coupées : c'est ça ,soit le réalisateur ne connaît rien à la grammaire cinématographique. Pareil pour le bohémien qui souhaite servir Vlad.).
Tout cela vient renforcer le sentiment qu'il manque une pelletée de scènes et que certaines ont été rajoutées à la va-comme-je-te-pousse pour donner un peu de liant à l'ensemble.
Les scènes de combats sont hachées et difficiles à lire, c'est fouillis et peu emballant visuellement, que ça soit lors de corps à corps plus ou moins classiques ou lorsque que Vlad fait appel à des hordes de chauve-souris qui ressemblent plus à un essaim géant de mouches qu'à des chiroptères une fois en mouvement à l'écran. Pour un homme capable de plier à sa volonté les créatures de la nuit, il ne fait appel qu'à une seule espèce d'entre elles.Et pas la plus dangereuse hein. Non, une horde de petites bestioles qui font, au mieux en Europe, 10 cm de long et pèsent moins de 30 grammes. Je n'ose imaginer ce qu'un réalisateur couillu aurait pu nous faire avec l'arsenal complet du vampire : chiroptères géants, loups, etc…
Dracula est ici une sorte de super-héros dramatique et maudit ( mort d'un être cher, entrainement pour devenir un guerrier imparable , acquisition de super-pouvoirs et un costume à emblème dont l'apparition rappelle celle du bat-costume dans Batman Begins mais en moins bien : quand on sait pas pomper, on ne pompe pas !).
Le thème du héros contraint de se damner volontairement pour préserver les siens n'est pas nouveau ( Ghost Rider, Anakin Skywalker, Spawn) mais fonctionne toujours correctement pour peu qu'il soit bien traité.
Ce n'est clairement pas le cas ici et ce ne sont pas les clins d'œil appuyés ( le name dropping de certains noms connus des adorateurs du livre de Stoker comme le col de Borgo ou les trois femmes vampires) ni l'idée d'une armée vengeresse en fin de film qui viendront sauver celui-ci ni sauver le spectateur d'un ennui gêné ( le film dure une heure et demi et semble en durer le double) renforcé par la sensation d'assister à un immense gâchis tant les bases auraient pu être solides.
Les sous-entendus thématiques sont clairement naïfs , manichéens et limites racistes tant seuls les transylvaniens chrétiens sont représentés comme pouvant faire preuve de noblesse, les musulmans et leur alliés étant des malades sadiques et malveillants ( on vous rappelle que les territoires conquis tombaient sous la liberté de culte et ce plus d'un siècle avant l'édit de Nantes ? ).
Des intentions initiales d'Alex Proyas, il ne reste presque rien car Gary Shore a tout envoyé valser : quelques crocs, du sang qu'on essaye un maximum de cacher et des nuées de chauve-souris réputées buveuses de sang des centaines d'années avant que la race des chiroptères vampires ne soit découverte.
La fin est là pour bien nous montrer qu'il s'agit ici du premier acte d'une franchise et on n'en demandait pas tant.
Dracula Untold aurait du le resté, untold.
dimanche 5 octobre 2014
Original : des origines sans origine ou originalité
Deadpool, le mercenaire avec une grande gueule et un pouvoir régénérateur à la Wolverine, est devenu en quelques années une sorte d'idole des comics chez nous : les publications en VF se multiplient autour de ce croisement improbable entre Spider-Man (pour l'humour et le costume "fallait oser"), une gaufre trop cuite (pour la tronche grillée) et une tortue ninja fan de Rambo (pour les armes en pagaille dont le poids total ferait chanceler un Hulk sous amphétamines).
C'est donc tout naturellement que Panini Comics décide d'enfin rééditer les deux premières mini-séries que Marvel avait consacrées à ce malade mental dans un seul et même volume sobrement intitulé : Les Origines (notons qu'il s'agit du troisième "Best of Marvel" à contenir ce mot dans le titre).
Premier truc qui fait tiquer : le titre est mensonger. En effet, Deadpool, comme le léger texte d'introduction nous le dit, n'apparaît pas pour la première fois dans ces pages mais dans celles de la série New Mutants qui deviendra plus tard X-Force. Ensuite, les origines de cet anti-héros sont obscures et seuls quelques éléments seront distillés au fil des pages afin de créer un mystère semblable à celui entourant Logan/James Hewlet/Wolverine.
La première partie date de 1993 et est scénarisée par Fabian Nicieza et dessinée par Joe Madureira.
Le mercenaire Tolliver est mort et tous les pourris de la planète souhaitent mettre la main sur son héritage mais pour cela, il faut retrouver les différentes parties de son testament. La chasse est ouverte et Deadpool en est. Un Deadpool encore un peu prototype puisqu'il n'est pas encore le barjot total et absolu que nous connaissons aujourd'hui. Il est juste encore plus bavard qu'un homme politique à qui on ne coupe pas le micro.
Alors, cette mini-série prend place dans la continuité de X-Force et n'est pas vraiment auto-contenue : dès lors, si vous n'avez pas un BAC+15 en histoire mutantes ou un rédactionnel de la part de Panini, vous aurez du mal à vous y retrouver. Mais Panini a pensé à vous. Non, je déconne, démerdez-vous pauvres pigeons fans de Deadpool, nouvelle vaches à lait que vous êtes !
Plongé dans un univers qu'il est censé connaître mais qu'il ne connait pas, le lecteur qui découvre cette histoire va louper pas mal de chocs lors des révélations. Cela dessert l'empathie que l'on pourrait avoir pour certains personnages.
L'écriture n'aide pas, l'histoire étant fouillis et parfois incompréhensible d'incohérences. C'est qu'il s'agit ici de singer les héros Image Comics, maison fondée l'année précédente par les stars montantes du dessin de Marvel et dont les ventes colossales ont surtout reposé sur les prouesses des dessinateurs et pas sur leurs pauvres scénarios (Spawn faisant un peu figure d'exception).
Serait-ce du côté graphique que le salut viendra ? Eh bien pas entièrement. Joe Madureira n'est pas encore le Madureira d'aujourd'hui, celui qui explose la rétine (mais qui ne sait pas tenir une cadence d'un numéro par mois). Alors c'est bien mais pas top, on sent le potentiel mais il est encore inexpérimenté et cela se voit parfois.
La seconde mini-série date de 1994 et cette fois, c'est Mark Waid, scénariste venu de chez DC, qui s'y colle. Avec encore un débutant aux crayons, Ian Churchill.
Waid a fait ses devoirs et se place dans la continuité de la première mini-série mais décide de ne pas en faire une spin-off de X-Force. Croisé lors de la première partie, Black Tom Cassidy est mourant et place un contrat sur Deadpool : il est convaincu que le facteur de guérison du mercenaire peut le sauver. Dans le même temps, son cousin Sean Cassidy, alias le X-Men Banshee/Le Hurleur, ancien membre d'Interpol, cherche à mettre la main sur le mouton noir de la famille. Il est aidé par Théresa, sa fille, alias Cyren. Leur route va donc croiser celle de Deadpool (qui a un passé avec Cassidy et un de ses partenaires d'Interpol) qui va flasher sur Cyren.
Le rythme est prenant, il se passe des choses, les personnages doutent (les affaires de famille, c'est souvent un bon terreau à exploiter) et Deadpool commence à vraiment placer des blagues dans sa logorrhée interminable.
Ian Churchill offre de belles planches mais a du mal à tenir les délais, raison pour laquelle certaines sont dessinées par d'autres. Le mix n'est pas indigeste car il semble y avoir eu un effort pour harmoniser les traits entre dessinateurs… et la colorisation aide également à cette homogénéité !
Un album en demi-teinte donc mais que les fans de Deadpool ne peuvent pas laisser passer, ne serait-ce que pour découvrir le héros avant que son concept actuel n'existe vraiment.
Dans une intégrale X-force, ça aurait sans doute eu plus de poids et de consistance... mais là, c'est comme si on vous servait l’assaisonnement sans le plat principal.
C'est donc tout naturellement que Panini Comics décide d'enfin rééditer les deux premières mini-séries que Marvel avait consacrées à ce malade mental dans un seul et même volume sobrement intitulé : Les Origines (notons qu'il s'agit du troisième "Best of Marvel" à contenir ce mot dans le titre).
Premier truc qui fait tiquer : le titre est mensonger. En effet, Deadpool, comme le léger texte d'introduction nous le dit, n'apparaît pas pour la première fois dans ces pages mais dans celles de la série New Mutants qui deviendra plus tard X-Force. Ensuite, les origines de cet anti-héros sont obscures et seuls quelques éléments seront distillés au fil des pages afin de créer un mystère semblable à celui entourant Logan/James Hewlet/Wolverine.
La première partie date de 1993 et est scénarisée par Fabian Nicieza et dessinée par Joe Madureira.
Le mercenaire Tolliver est mort et tous les pourris de la planète souhaitent mettre la main sur son héritage mais pour cela, il faut retrouver les différentes parties de son testament. La chasse est ouverte et Deadpool en est. Un Deadpool encore un peu prototype puisqu'il n'est pas encore le barjot total et absolu que nous connaissons aujourd'hui. Il est juste encore plus bavard qu'un homme politique à qui on ne coupe pas le micro.
Alors, cette mini-série prend place dans la continuité de X-Force et n'est pas vraiment auto-contenue : dès lors, si vous n'avez pas un BAC+15 en histoire mutantes ou un rédactionnel de la part de Panini, vous aurez du mal à vous y retrouver. Mais Panini a pensé à vous. Non, je déconne, démerdez-vous pauvres pigeons fans de Deadpool, nouvelle vaches à lait que vous êtes !
Plongé dans un univers qu'il est censé connaître mais qu'il ne connait pas, le lecteur qui découvre cette histoire va louper pas mal de chocs lors des révélations. Cela dessert l'empathie que l'on pourrait avoir pour certains personnages.
L'écriture n'aide pas, l'histoire étant fouillis et parfois incompréhensible d'incohérences. C'est qu'il s'agit ici de singer les héros Image Comics, maison fondée l'année précédente par les stars montantes du dessin de Marvel et dont les ventes colossales ont surtout reposé sur les prouesses des dessinateurs et pas sur leurs pauvres scénarios (Spawn faisant un peu figure d'exception).
La seconde mini-série date de 1994 et cette fois, c'est Mark Waid, scénariste venu de chez DC, qui s'y colle. Avec encore un débutant aux crayons, Ian Churchill.
Waid a fait ses devoirs et se place dans la continuité de la première mini-série mais décide de ne pas en faire une spin-off de X-Force. Croisé lors de la première partie, Black Tom Cassidy est mourant et place un contrat sur Deadpool : il est convaincu que le facteur de guérison du mercenaire peut le sauver. Dans le même temps, son cousin Sean Cassidy, alias le X-Men Banshee/Le Hurleur, ancien membre d'Interpol, cherche à mettre la main sur le mouton noir de la famille. Il est aidé par Théresa, sa fille, alias Cyren. Leur route va donc croiser celle de Deadpool (qui a un passé avec Cassidy et un de ses partenaires d'Interpol) qui va flasher sur Cyren.
Le rythme est prenant, il se passe des choses, les personnages doutent (les affaires de famille, c'est souvent un bon terreau à exploiter) et Deadpool commence à vraiment placer des blagues dans sa logorrhée interminable.
Ian Churchill offre de belles planches mais a du mal à tenir les délais, raison pour laquelle certaines sont dessinées par d'autres. Le mix n'est pas indigeste car il semble y avoir eu un effort pour harmoniser les traits entre dessinateurs… et la colorisation aide également à cette homogénéité !
Un album en demi-teinte donc mais que les fans de Deadpool ne peuvent pas laisser passer, ne serait-ce que pour découvrir le héros avant que son concept actuel n'existe vraiment.
Dans une intégrale X-force, ça aurait sans doute eu plus de poids et de consistance... mais là, c'est comme si on vous servait l’assaisonnement sans le plat principal.
mercredi 27 août 2014
Un conte de Noël, en plein mois d' Août !
Oui, l'auteur est soit fou soit très en retard soit carrément très en avance, à vous de voir.
Il était 7H58 quand ils l'ont amené au poste. Damn', à deux minutes près, j'aurais été happé par l'air frais de l'hiver qui vient, comme aurait dit Ned, mon collègue. Et j'aurais pu apprécier un petit café avant d'aller dormir, pour récupérer d'une nuit que l'ennui avait rendue mortelle. En lieu et place de ce scénario parfait, j'ai du enregistrer l'arrivée du suspect et l'interroger. Je ne m'y attendais pas, mais toute cette histoire est devenue biblique !
L'homme s'appelait Joseph Saint et était accusé d'avoir mis une crèche dans la mosquée ou le souk dans une église je ne sais plus. Et c'est alors que je lui énonçais les faits qu'il me lâcha l'apocalypse : il avouait tout. Le père de Jésus, c'était lui. Tu parles d'un cadeau. Bon Dieu, Noël pourrait bien se voir annulé si une telle info était rendue publique. Pourtant, je le soupçonnais de ne pas avoir cherché à m'enguirlander. Il me restait 5 jours pour sauver les fêtes où tout cela finirait par sentir le sapin. J'avais les boules…
Plus tôt dans la journée, une Femen avait annoncé en place publique que Noël était annulé ( http://www.lesoir.be/384094/article/actualite/fil-info/fil-info-monde/2013-12-19/noel-est-annule-une-femen-se-denude-place-saint-pierre-pour-l-avorte.) . Connaissait-elle Joseph ? Étaient-ils complices ? Quelqu'un dans l'ombre tirait les ficelles peut-être ? Les questions se pressaient dans mon esprit comme une orange dans une machine à jus ! Il me fallait rechercher la vérité, et ,comme l'a dit le sage, celle-ci est forcément ailleurs.
Pourtant, tout ceci me semblait familier. Et soudain, tel un génie grec prenant son bain, j'ai eu une révélation : il y a plusieurs semaines de cela, on avait tenté d'éradiquer le Père Fouettard ( http://loractu.fr/metz/5323-l-onu-veut-interdire-le-pere-fouettard-les-pays-bas-vises.html). Y-avait-il un lien ? Si oui, pourquoi ? Et si non, pourquoi pas ?
Au fait , j'ai oublié de me présenter, je suis le sergent Dreyfuss, et croyez bien que je ferai l'affaire !
Le Père Fouettard servait d'homme de main une fois l'an à un évêque altruiste accro aux Speculoos . Le reste du temps, il était videur dans une boîte de nuit mal famée : La Ramonée. C'est là-bas que j'allais commencer mon investigation. J'avais un avantage, dû à mon "Eureka" fortuit : j'en savais plus que les autres, et les autres en savaient moins que moi.Fouettard avait une réputation assez étrange. Et il était loin d'être blanc comme neige. Pourtant ,il avait eu un penchant pour la poudreuse. À une époque, révolue, il lui arrivait de sniffer des rails de coke longs comme la 5e avenue. Le faire parler serait facile, le faire se taire sur mes investigations seraient une autre paire de manche.
Je chopais Fouettard alors qu'il sortait de chez lui pour se rendre sur son lieu de travail. Je n'avais pas de temps à perdre, j'allais devoir le malmener! Je l'attrapais par le col et le poussais contre le mur de la maison de son voisin ! Pas le temps de le mettre en contexte, j'attaquais tout de go !
- Donne-moi un nom !!!
-Vos parents auraient dû le faire à la naissance !
Je réalisais soudain que ça marche mieux quand on s'appelle Jack Bauer…
Visiblement, ce sous-fifre ne savait rien et je décidais de retrouver mon bureau quand soudain, le vibreur de mon téléphone s'excita de manière plus voyante que DSK devant un "Playboy" spécial finance.
L'appel m'avait informé de deux choses : Primo, j'avais mal réglé le volume et mon oreille sifflait. Deuxio, une certaine Mary Christmas m'attendait au poste.
-Mlle Christmas ? Sergent Dreyfus. Que faites-vous ici ?
- Je vous attendais.
-J'entends bien. Mais qu'est-ce qui vous a mené jusqu'à moi ?
- Un taxi.
-Oui, mais pourquoi ???
-Parce que ma voiture est en panne.
Visiblement, j'étais tombé sur la cruche de Noël…Et pourtant, quelque chose émanait d'elle. Un parfum que je reconnaissais. Elle portait la même fragrance qui jadis provenait de mon ex-femme : elle sentait les emmerdes …
Mary Christmas avait tout : la classe d'Audrey Hepburn, le parfum de Natalie Portman, les yeux de Paul Newman …et le cerveau de Paris Hilton. D'où mon désespoir.Un miracle de Noël que cette dinde de Christmas ne glousse pas.
J'entrepris de la questionner patiemment (très patiemment) et , après avoir avalé trois xanax ,je finis par apprendre la raison de sa présence : elle était l'héritière d'une fabrique spécialisée dans les jouets et avait eu vent de rumeurs sur l'annulation de Noël. Consciente que son portefeuille pourrait devenir plus maigre que son Q.I (oui, même les ahuris ont des moments de grâce intellectuelle), elle voulait absolument être certaine que l'enquête aboutirait, et vite. Un empire financier lorgnait depuis un moment sur les entreprises de son père et elle avait peur que leurs faiblesses permettent que cet empire contre-attaque.
Je tenais peut-être une piste. Cet empire financier, le "Global Carrot Group", possédait un département orienté uniquement sur les fêtes de Pâques. Avait-il organisé la chute de Noël dans le seul but de déstabiliser certaines entreprises pour les racheter et imposer Pâques au monde entier ? Voulait-il éradiquer, dans un élan mégalo, un vieux bonhomme rouge qui sent le vin chaud bas de gamme par un lapin tout mignon et une petite poule inoffensive ? Je devais en avoir le cœur net avant que le chef ne me sonne les cloches !
En parlant de cloche, Miss Christmas me demanda de la raccompagner chez elle. Encore sous l'effet de mon triple xanax sans glace, je préférais la confier aux bons soins des agents Lecel et Lepoivre. Dans le même temps, je chargeais les agents Géloeil et Lebon de fouiner pour moi et de surveiller le domicile du "prix Nobel" qui venait de quitter mon bureau.
Quant à moi, je décidais de gagner un bar proche de mon petit nid douillet. Je déambulais seul. Seul dans une ville traumatisée et triste. J'avais besoin d'un verre. Je commandais donc une bière brassée avec savoir que je dégusterais sans sagesse : j'ai soif, j'ai pas le temps de philosopher comme un pilier de comptoir plus imbibé que Depardieu frôlant le coma éthylique. Je pensais avoir bien mérité ma Bush de Noël.
Si je m'attaquais au Global Carrot Group, sans preuve et avec juste des présomptions, je risquais de me retrouver dans le même état que lorsque j'avais enquêté sur un trafic de couches-culottes usagées : être dans la merde jusqu'au cou ! Ces pensées s'incrustaient dans mon esprit comme la saleté sous les ongles.
J'ouvrais ma porte pour tomber presque directement endormi sur mon sofa. Cette nuit-là, je fis un rêve étrange. Je m'appelais Noël et j'étais poursuivi par un Dark Vador nain. Son sabre tournoyait dans les airs et je n'avais pour me défendre qu'un bâton de réglisse géant…qui diminuait à mesure que je le mangeais.
Acculé dans un coin , le Dark Vador nain me fit une proposition :
-Rejoins-moi, et ensemble, nous dominerons la réglisse !
- Jamais ! Vous avez tué mon papa !
- Non. Je suis ton petit papa, Noël !
C'est à ce moment que je me suis réveillé. Avec une idée en tête…
Cette enquête me prenait le chou. J'avais la rage aux dents; les dents de l'amer. Mais j'avais un embryon de plan. Pour ça j'allais devoir prendre mon courage à deux mains, chose que je ne fais qu'à cloche-pied. Cependant, la faiblesse n'a jamais été mon fort.
J'allais m'infiltrer chez GCG en me faisant passer pour un ancien employé de chez Christmas Toys. Je ferai miroiter que je suis un employé mécontent au courant de pleins de petites choses utiles. Mais pour cela, j'aurai d'abord besoin d'une lettre de recommandation de Mary Christmas. L'idée de la revoir me fit frissonner d'effroi.
Arrivé devant chez elle, je pris mon temps avant de sortir de la voiture. J'avais rempli mon estomac de calmants, avait chargé ma conscience de courage et déchargé mon flingue de ses munitions. Inutile d'être tenté de mettre fin non pas aux souffrances de la belle mais aux miennes.
Géloeil et Lebon étaient en faction devant la porte d'entrée.
- Alors, on en est où ?
- Et bien chef…elle a de la visite.
- Tout le monde a le droit à une vie privée épanouissante Lebon, même les enfants de Rain Man.
- Oui mais là c'est…
- Et bien quoi ? C'est….?
-Je sais bien que je n'aurai pas du jeter un œil par la fenêtre. Mais vous savez..
- Ça va Lebon, j'ai compris. Vous êtes célibataire depuis un moment, je ne dirai rien dans mon rapport. Mais accouchez mon vieux !
- Et bien, la personne avec elle…c'est la mère Noël.
Par Fulchibar et St Thurgode réunis ! Je n'en croyais ni mes oreilles ni mes narines. N'avais-je pas reniflé sur elle l'odeur si particulière des ennuis ? Avais-je donc été si bête ? M'avait-elle sciemment lancé sur une fausse piste ? Joué à la fausse idiote mais à la vraie sa…tyre ? ( Avouez, z'avez tous crû que j'allais dire "salope" hein ? Et bien non, je refuse d'écrire ce mot ! Non mais ! ). La mère Noël, contrairement à son appellation, est une jeune fille d'à peine 19 ans qui n'a pas été très sage cette année. Toute cette histoire n'allait-elle servir qu'à faire disparaître Papa Noël de l'équation pour que Madame puisse s'envoler loin du pôle Nord sans passer par la case divorce ?
-Géloeil, t'as toujours ton appareil photo avec toi ?
-J'en ai même plusieurs patron !
- Passe moi le premier qui te tombe sous la main et…Mais nom de Dieu, qu'est-ce que c'est que ce truc ?
-Bin c'est mon grand angle patron. Il ne vous plaît pas ? C'est pourtant un modèle recommandé par les vendeurs comme le top du top pour les voyeu…euh, les amoureux de la nature.
- Ok, passe le moi, je te le rends vite.
(Note pour plus tard, surveiller les activités du futur prix Pullitzer de photographie. On sait jamais, je pourrais aimer ce qu'il y sur sa carte mémoire. Oh sergent Dreyfuss, quel coquin vous êtes.)
Apparemment, Miss Christmas et Madame Noël étaient fort proches. Je prenais la photo incriminante et l'envoyait par mail sur mon aPhone. Avec ce cliché, j'arriverais peut-être à obtenir un mandat. C'est à ce moment précis que je tombais dans les pommes : les calmants faisaient enfin effet. Ma dernière pensée fût que non, avaler toute la boîte n'était pas l'idée du siècle finalement…
Je me laissais dériver dans un univers onirique et cotonneux. Vers les années bénies où j'étudiais la théologie. C'est là que j'avais rencontré sœur Céline. C'est là qu'elle et moi avions conclu.
Conclu que non, le séminaire n'était pas un endroit pour nous. Dans notre fuite, j'apprenais que son nom de baptême était Vulfégonde (tu m'étonnes qu'elle soit rentrée dans les ordres tiens, quelle espèce de malade appelle sa fille ainsi ? ).
Je n'avais jamais compris comment elle se débrouillait pour marcher en laissant penser que le sol était plus souple sous ses pieds que sous les miens. Et Dieu, qu'elle était belle…belle comme la femme d'un autre.
Le réveil a été brutal. En lieu et place d'une nonne fugueuse tout droit sortie d'un film hollywoodien pour midinettes, je me retrouvais nez-à-nez avec mes agents de terrain…qui avaient quitté leur poste pour me secourir. Devais-je les engueuler ou les embrasser ? Je décidais de régler une question plus importante : pourquoi diantre étais-je habillé en en clown ?
C'est alors que je voulais avoir une réponse que je me suis réveillé, pour de bon cette fois.
-Patron, j'ai bien crû qu'on allait vous perdre. J'ai du vous faire du bouche-à-bouche.
-Doublement merci Lebon…pour ta sollicitude et ton chewing-gum à la fraise des bois ! Du nouveau pendant que je comatais ?
- Rien de rien, tout baigne dans l'huile boss. Ah si, y a un camion de déménageurs qui a apporté un gros paquet. Il faisait du bruit mais quand j'ai posé une question, on m'a répondu que ça ne regardait pas les poulets et j'ai laissé filer.
L'incompétence crasse de mes agents me donnait paradoxalement l'opportunité d'agir sans devoir quérir un mandat ! En effet, je soupçonnais nos deux criminelles en jupons et petites dentelles rouges de vouloir éliminer les témoins gênants. Silencieusement, j'approchais de la porte d'entrée. Celle-ci n'était pas fermée à clé. Je sortais mon arme et glissais un chargeur.
-Géloeil, garde la porte. Lebon, avec moi !
Nous avancions dans le noir à pas feutrés.
-Dis moi , Lebon…les déménageurs ne sont pas partis n'est-ce pas ?
- Comment le savez-vous patron?
- Une intuition. Et leur camion est toujours garé sur le côté.
- Vous êtes observateur boss.
-C'est pour ça que je suis boss. Comment étaient charpentés nos hommes au fait ?
- Des armoires à glaces patron.
-Mmmm. Très bien. Tu restes en bas. Je monte. Si tu vois quelqu'un descendre en courant, laisse le passer, ça sera surement moi !
Inutile de jouer au cow-boy. Je ne l'ai jamais été. En revanche, je suis un sacré cavaleur. Néanmoins, avec les fêtes, tout ça, un acte de bravoure aussi brillant que stupide me vaudrait peut-être une médaille en or. Je sortais alors mon flingue de secours, un ancien modèle de revolver à alarme reconverti en modèle d'assaut. Une alarme fatale !
-Wow patron ,pourquoi deux flingues ?
-Parce qu'un seul ne suffit pas !
C'est alors que je sentais le poids des armes me redonner du courage que j'ai eu l'idée la plus lumineuse de ma carrière. Sortir de la maison et appeler l'équipe tactique. Elle investirait la maison, ferait le travail et je serais l'homme qui a mis toute l'opération sur pied ! Du pur génie !
20 minutes plus tard, alors que ça pétaradait dans tous les coins, je prenais un café crème bien mérité près du fourgon de ravitaillement. Ne rien faire m'avait exténué, c'est tout un art de ne pas en foutre une vous savez ! Ah, j'aime quand mes affaires se déroulent sans accro.
L'équipe avait sauvé Papa Noël. Il était retenu à la cave, enguirlandé comme un arbre des fêtes de fin d'année, un châtiment ironique sans doute.
Nos deux comploteuses en herbes avaient tout avoué : elles s'étaient rencontrées l'année dernière à un colloque sur les jouets issus du commerce équitable. Amoureuses folles, elles avaient voulu balayer tous les obstacles. Joseph Saint s'était avéré être un acteur minable du nom de Jude As. La fortune de Christmas avait permis de falsifier ses papiers d'identités.
C'est ainsi que votre serviteur a sauvé les fêtes de Noël . Ne me remerciez pas, je n'ai fait que mon devoir. Mais si vous tenez vraiment à me remercier, mon compte en banque est le 777-998766-777.
L'homme s'appelait Joseph Saint et était accusé d'avoir mis une crèche dans la mosquée ou le souk dans une église je ne sais plus. Et c'est alors que je lui énonçais les faits qu'il me lâcha l'apocalypse : il avouait tout. Le père de Jésus, c'était lui. Tu parles d'un cadeau. Bon Dieu, Noël pourrait bien se voir annulé si une telle info était rendue publique. Pourtant, je le soupçonnais de ne pas avoir cherché à m'enguirlander. Il me restait 5 jours pour sauver les fêtes où tout cela finirait par sentir le sapin. J'avais les boules…
Plus tôt dans la journée, une Femen avait annoncé en place publique que Noël était annulé ( http://www.lesoir.be/384094/article/actualite/fil-info/fil-info-monde/2013-12-19/noel-est-annule-une-femen-se-denude-place-saint-pierre-pour-l-avorte.) . Connaissait-elle Joseph ? Étaient-ils complices ? Quelqu'un dans l'ombre tirait les ficelles peut-être ? Les questions se pressaient dans mon esprit comme une orange dans une machine à jus ! Il me fallait rechercher la vérité, et ,comme l'a dit le sage, celle-ci est forcément ailleurs.
Pourtant, tout ceci me semblait familier. Et soudain, tel un génie grec prenant son bain, j'ai eu une révélation : il y a plusieurs semaines de cela, on avait tenté d'éradiquer le Père Fouettard ( http://loractu.fr/metz/5323-l-onu-veut-interdire-le-pere-fouettard-les-pays-bas-vises.html). Y-avait-il un lien ? Si oui, pourquoi ? Et si non, pourquoi pas ?
Au fait , j'ai oublié de me présenter, je suis le sergent Dreyfuss, et croyez bien que je ferai l'affaire !
Le Père Fouettard servait d'homme de main une fois l'an à un évêque altruiste accro aux Speculoos . Le reste du temps, il était videur dans une boîte de nuit mal famée : La Ramonée. C'est là-bas que j'allais commencer mon investigation. J'avais un avantage, dû à mon "Eureka" fortuit : j'en savais plus que les autres, et les autres en savaient moins que moi.Fouettard avait une réputation assez étrange. Et il était loin d'être blanc comme neige. Pourtant ,il avait eu un penchant pour la poudreuse. À une époque, révolue, il lui arrivait de sniffer des rails de coke longs comme la 5e avenue. Le faire parler serait facile, le faire se taire sur mes investigations seraient une autre paire de manche.
Je chopais Fouettard alors qu'il sortait de chez lui pour se rendre sur son lieu de travail. Je n'avais pas de temps à perdre, j'allais devoir le malmener! Je l'attrapais par le col et le poussais contre le mur de la maison de son voisin ! Pas le temps de le mettre en contexte, j'attaquais tout de go !
- Donne-moi un nom !!!
-Vos parents auraient dû le faire à la naissance !
Je réalisais soudain que ça marche mieux quand on s'appelle Jack Bauer…
Visiblement, ce sous-fifre ne savait rien et je décidais de retrouver mon bureau quand soudain, le vibreur de mon téléphone s'excita de manière plus voyante que DSK devant un "Playboy" spécial finance.
L'appel m'avait informé de deux choses : Primo, j'avais mal réglé le volume et mon oreille sifflait. Deuxio, une certaine Mary Christmas m'attendait au poste.
-Mlle Christmas ? Sergent Dreyfus. Que faites-vous ici ?
- Je vous attendais.
-J'entends bien. Mais qu'est-ce qui vous a mené jusqu'à moi ?
- Un taxi.
-Oui, mais pourquoi ???
-Parce que ma voiture est en panne.
Visiblement, j'étais tombé sur la cruche de Noël…Et pourtant, quelque chose émanait d'elle. Un parfum que je reconnaissais. Elle portait la même fragrance qui jadis provenait de mon ex-femme : elle sentait les emmerdes …
Mary Christmas avait tout : la classe d'Audrey Hepburn, le parfum de Natalie Portman, les yeux de Paul Newman …et le cerveau de Paris Hilton. D'où mon désespoir.Un miracle de Noël que cette dinde de Christmas ne glousse pas.
J'entrepris de la questionner patiemment (très patiemment) et , après avoir avalé trois xanax ,je finis par apprendre la raison de sa présence : elle était l'héritière d'une fabrique spécialisée dans les jouets et avait eu vent de rumeurs sur l'annulation de Noël. Consciente que son portefeuille pourrait devenir plus maigre que son Q.I (oui, même les ahuris ont des moments de grâce intellectuelle), elle voulait absolument être certaine que l'enquête aboutirait, et vite. Un empire financier lorgnait depuis un moment sur les entreprises de son père et elle avait peur que leurs faiblesses permettent que cet empire contre-attaque.
Je tenais peut-être une piste. Cet empire financier, le "Global Carrot Group", possédait un département orienté uniquement sur les fêtes de Pâques. Avait-il organisé la chute de Noël dans le seul but de déstabiliser certaines entreprises pour les racheter et imposer Pâques au monde entier ? Voulait-il éradiquer, dans un élan mégalo, un vieux bonhomme rouge qui sent le vin chaud bas de gamme par un lapin tout mignon et une petite poule inoffensive ? Je devais en avoir le cœur net avant que le chef ne me sonne les cloches !
En parlant de cloche, Miss Christmas me demanda de la raccompagner chez elle. Encore sous l'effet de mon triple xanax sans glace, je préférais la confier aux bons soins des agents Lecel et Lepoivre. Dans le même temps, je chargeais les agents Géloeil et Lebon de fouiner pour moi et de surveiller le domicile du "prix Nobel" qui venait de quitter mon bureau.
Quant à moi, je décidais de gagner un bar proche de mon petit nid douillet. Je déambulais seul. Seul dans une ville traumatisée et triste. J'avais besoin d'un verre. Je commandais donc une bière brassée avec savoir que je dégusterais sans sagesse : j'ai soif, j'ai pas le temps de philosopher comme un pilier de comptoir plus imbibé que Depardieu frôlant le coma éthylique. Je pensais avoir bien mérité ma Bush de Noël.
Si je m'attaquais au Global Carrot Group, sans preuve et avec juste des présomptions, je risquais de me retrouver dans le même état que lorsque j'avais enquêté sur un trafic de couches-culottes usagées : être dans la merde jusqu'au cou ! Ces pensées s'incrustaient dans mon esprit comme la saleté sous les ongles.
J'ouvrais ma porte pour tomber presque directement endormi sur mon sofa. Cette nuit-là, je fis un rêve étrange. Je m'appelais Noël et j'étais poursuivi par un Dark Vador nain. Son sabre tournoyait dans les airs et je n'avais pour me défendre qu'un bâton de réglisse géant…qui diminuait à mesure que je le mangeais.
Acculé dans un coin , le Dark Vador nain me fit une proposition :
-Rejoins-moi, et ensemble, nous dominerons la réglisse !
- Jamais ! Vous avez tué mon papa !
- Non. Je suis ton petit papa, Noël !
C'est à ce moment que je me suis réveillé. Avec une idée en tête…
Cette enquête me prenait le chou. J'avais la rage aux dents; les dents de l'amer. Mais j'avais un embryon de plan. Pour ça j'allais devoir prendre mon courage à deux mains, chose que je ne fais qu'à cloche-pied. Cependant, la faiblesse n'a jamais été mon fort.
J'allais m'infiltrer chez GCG en me faisant passer pour un ancien employé de chez Christmas Toys. Je ferai miroiter que je suis un employé mécontent au courant de pleins de petites choses utiles. Mais pour cela, j'aurai d'abord besoin d'une lettre de recommandation de Mary Christmas. L'idée de la revoir me fit frissonner d'effroi.
Arrivé devant chez elle, je pris mon temps avant de sortir de la voiture. J'avais rempli mon estomac de calmants, avait chargé ma conscience de courage et déchargé mon flingue de ses munitions. Inutile d'être tenté de mettre fin non pas aux souffrances de la belle mais aux miennes.
Géloeil et Lebon étaient en faction devant la porte d'entrée.
- Alors, on en est où ?
- Et bien chef…elle a de la visite.
- Tout le monde a le droit à une vie privée épanouissante Lebon, même les enfants de Rain Man.
- Oui mais là c'est…
- Et bien quoi ? C'est….?
-Je sais bien que je n'aurai pas du jeter un œil par la fenêtre. Mais vous savez..
- Ça va Lebon, j'ai compris. Vous êtes célibataire depuis un moment, je ne dirai rien dans mon rapport. Mais accouchez mon vieux !
- Et bien, la personne avec elle…c'est la mère Noël.
Par Fulchibar et St Thurgode réunis ! Je n'en croyais ni mes oreilles ni mes narines. N'avais-je pas reniflé sur elle l'odeur si particulière des ennuis ? Avais-je donc été si bête ? M'avait-elle sciemment lancé sur une fausse piste ? Joué à la fausse idiote mais à la vraie sa…tyre ? ( Avouez, z'avez tous crû que j'allais dire "salope" hein ? Et bien non, je refuse d'écrire ce mot ! Non mais ! ). La mère Noël, contrairement à son appellation, est une jeune fille d'à peine 19 ans qui n'a pas été très sage cette année. Toute cette histoire n'allait-elle servir qu'à faire disparaître Papa Noël de l'équation pour que Madame puisse s'envoler loin du pôle Nord sans passer par la case divorce ?
-Géloeil, t'as toujours ton appareil photo avec toi ?
-J'en ai même plusieurs patron !
- Passe moi le premier qui te tombe sous la main et…Mais nom de Dieu, qu'est-ce que c'est que ce truc ?
-Bin c'est mon grand angle patron. Il ne vous plaît pas ? C'est pourtant un modèle recommandé par les vendeurs comme le top du top pour les voyeu…euh, les amoureux de la nature.
- Ok, passe le moi, je te le rends vite.
(Note pour plus tard, surveiller les activités du futur prix Pullitzer de photographie. On sait jamais, je pourrais aimer ce qu'il y sur sa carte mémoire. Oh sergent Dreyfuss, quel coquin vous êtes.)
Apparemment, Miss Christmas et Madame Noël étaient fort proches. Je prenais la photo incriminante et l'envoyait par mail sur mon aPhone. Avec ce cliché, j'arriverais peut-être à obtenir un mandat. C'est à ce moment précis que je tombais dans les pommes : les calmants faisaient enfin effet. Ma dernière pensée fût que non, avaler toute la boîte n'était pas l'idée du siècle finalement…
Je me laissais dériver dans un univers onirique et cotonneux. Vers les années bénies où j'étudiais la théologie. C'est là que j'avais rencontré sœur Céline. C'est là qu'elle et moi avions conclu.
Conclu que non, le séminaire n'était pas un endroit pour nous. Dans notre fuite, j'apprenais que son nom de baptême était Vulfégonde (tu m'étonnes qu'elle soit rentrée dans les ordres tiens, quelle espèce de malade appelle sa fille ainsi ? ).
Je n'avais jamais compris comment elle se débrouillait pour marcher en laissant penser que le sol était plus souple sous ses pieds que sous les miens. Et Dieu, qu'elle était belle…belle comme la femme d'un autre.
Le réveil a été brutal. En lieu et place d'une nonne fugueuse tout droit sortie d'un film hollywoodien pour midinettes, je me retrouvais nez-à-nez avec mes agents de terrain…qui avaient quitté leur poste pour me secourir. Devais-je les engueuler ou les embrasser ? Je décidais de régler une question plus importante : pourquoi diantre étais-je habillé en en clown ?
C'est alors que je voulais avoir une réponse que je me suis réveillé, pour de bon cette fois.
-Patron, j'ai bien crû qu'on allait vous perdre. J'ai du vous faire du bouche-à-bouche.
-Doublement merci Lebon…pour ta sollicitude et ton chewing-gum à la fraise des bois ! Du nouveau pendant que je comatais ?
- Rien de rien, tout baigne dans l'huile boss. Ah si, y a un camion de déménageurs qui a apporté un gros paquet. Il faisait du bruit mais quand j'ai posé une question, on m'a répondu que ça ne regardait pas les poulets et j'ai laissé filer.
L'incompétence crasse de mes agents me donnait paradoxalement l'opportunité d'agir sans devoir quérir un mandat ! En effet, je soupçonnais nos deux criminelles en jupons et petites dentelles rouges de vouloir éliminer les témoins gênants. Silencieusement, j'approchais de la porte d'entrée. Celle-ci n'était pas fermée à clé. Je sortais mon arme et glissais un chargeur.
-Géloeil, garde la porte. Lebon, avec moi !
Nous avancions dans le noir à pas feutrés.
-Dis moi , Lebon…les déménageurs ne sont pas partis n'est-ce pas ?
- Comment le savez-vous patron?
- Une intuition. Et leur camion est toujours garé sur le côté.
- Vous êtes observateur boss.
-C'est pour ça que je suis boss. Comment étaient charpentés nos hommes au fait ?
- Des armoires à glaces patron.
-Mmmm. Très bien. Tu restes en bas. Je monte. Si tu vois quelqu'un descendre en courant, laisse le passer, ça sera surement moi !
Inutile de jouer au cow-boy. Je ne l'ai jamais été. En revanche, je suis un sacré cavaleur. Néanmoins, avec les fêtes, tout ça, un acte de bravoure aussi brillant que stupide me vaudrait peut-être une médaille en or. Je sortais alors mon flingue de secours, un ancien modèle de revolver à alarme reconverti en modèle d'assaut. Une alarme fatale !
-Wow patron ,pourquoi deux flingues ?
-Parce qu'un seul ne suffit pas !
C'est alors que je sentais le poids des armes me redonner du courage que j'ai eu l'idée la plus lumineuse de ma carrière. Sortir de la maison et appeler l'équipe tactique. Elle investirait la maison, ferait le travail et je serais l'homme qui a mis toute l'opération sur pied ! Du pur génie !
20 minutes plus tard, alors que ça pétaradait dans tous les coins, je prenais un café crème bien mérité près du fourgon de ravitaillement. Ne rien faire m'avait exténué, c'est tout un art de ne pas en foutre une vous savez ! Ah, j'aime quand mes affaires se déroulent sans accro.
L'équipe avait sauvé Papa Noël. Il était retenu à la cave, enguirlandé comme un arbre des fêtes de fin d'année, un châtiment ironique sans doute.
Nos deux comploteuses en herbes avaient tout avoué : elles s'étaient rencontrées l'année dernière à un colloque sur les jouets issus du commerce équitable. Amoureuses folles, elles avaient voulu balayer tous les obstacles. Joseph Saint s'était avéré être un acteur minable du nom de Jude As. La fortune de Christmas avait permis de falsifier ses papiers d'identités.
C'est ainsi que votre serviteur a sauvé les fêtes de Noël . Ne me remerciez pas, je n'ai fait que mon devoir. Mais si vous tenez vraiment à me remercier, mon compte en banque est le 777-998766-777.
lundi 25 août 2014
Les enfants de la nuit.
Kate Neuman est hématologue.
Au début des années 90, dans une Roumanie qui vient de se libérer du joug de Ceausescu et où le sida fait rage , Kate s'occupe du cas d'un étrange bébé dont le corps réagit de manière phénoménale après chaque transfusion de sang.
Kate adopte le bébé avant de rentrer aux USA.
Une fois chez elle, dans le Colorado, d'étranges hommes en noir commencent à la terroriser et tentent de kidnapper son enfant. Face à une horreur implacable, Kate devra retourner sur les traces de son fils dans un pays rongé par la corruption et la violence.
Elle aura besoin de toute l'aide possible face à ce qui pourrait être une secte vampirique qui semble remonter à Vlad Dracula, le voïvode qui inspira Bram Stoker en 1897.
Et de l'aide, Mike O'Rourke, prêtre qui, enfant, a survécu à l'horreur d'un été à Elm Haven, est prêt à lui en fournir.
Changement de style. Après l'horreur feutrée, Simmons refait vivre un de ses personnages de Elm Haven. Ayant grandi et fait le Vietnam, c'est un Mike toujours aussi courageux mais plus réfléchi qui entre ici en scène. Mais ce n'est qu'un second rôle, presque tout le roman étant écrit du point de vue de Kate. Une femme de science, plongée dans un monde qu'elle ne contrôle absolument pas et déterminée coûte que coûte à retrouver son enfant.
Dan Simmons livre ici un roman très axé sur le suspense et l'action. Presque sans temps morts, l'auteur arrive pourtant à décrire les traumas et les pensées de ses personnages. Kate est un personnage auquel on s'attache presque tout de suite. Et si sa relation avec O'Rourke est cousue de fil blanc, il n'en reste pas moins que leur amitié et leur rapprochement sont décrits avec justesse.
L'état de la Roumanie de l'époque participe aussi grandement à l'ambiance : Simmons se documente beaucoup et cela se ressent. Certes, cela ne change pas beaucoup des idées reçues sur le fonctionnement administratif et judiciaire que le lecteur occidental a des pays de l'Est mais la recette fonctionne quand le cuistot sait assaisonner comme il faut.
Un roman de vampire atypique qui arrive à concilier science moderne de fiction et aspect mythique du buveur de sang en offrant une autre approche que celle, trop facile, de la porphyrie. Une série B littéraire de haute tenue qui vous tiendra éveillé quelques nuits.
Au début des années 90, dans une Roumanie qui vient de se libérer du joug de Ceausescu et où le sida fait rage , Kate s'occupe du cas d'un étrange bébé dont le corps réagit de manière phénoménale après chaque transfusion de sang.
Kate adopte le bébé avant de rentrer aux USA.
Une fois chez elle, dans le Colorado, d'étranges hommes en noir commencent à la terroriser et tentent de kidnapper son enfant. Face à une horreur implacable, Kate devra retourner sur les traces de son fils dans un pays rongé par la corruption et la violence.
Elle aura besoin de toute l'aide possible face à ce qui pourrait être une secte vampirique qui semble remonter à Vlad Dracula, le voïvode qui inspira Bram Stoker en 1897.
Et de l'aide, Mike O'Rourke, prêtre qui, enfant, a survécu à l'horreur d'un été à Elm Haven, est prêt à lui en fournir.
Changement de style. Après l'horreur feutrée, Simmons refait vivre un de ses personnages de Elm Haven. Ayant grandi et fait le Vietnam, c'est un Mike toujours aussi courageux mais plus réfléchi qui entre ici en scène. Mais ce n'est qu'un second rôle, presque tout le roman étant écrit du point de vue de Kate. Une femme de science, plongée dans un monde qu'elle ne contrôle absolument pas et déterminée coûte que coûte à retrouver son enfant.
Dan Simmons livre ici un roman très axé sur le suspense et l'action. Presque sans temps morts, l'auteur arrive pourtant à décrire les traumas et les pensées de ses personnages. Kate est un personnage auquel on s'attache presque tout de suite. Et si sa relation avec O'Rourke est cousue de fil blanc, il n'en reste pas moins que leur amitié et leur rapprochement sont décrits avec justesse.
L'état de la Roumanie de l'époque participe aussi grandement à l'ambiance : Simmons se documente beaucoup et cela se ressent. Certes, cela ne change pas beaucoup des idées reçues sur le fonctionnement administratif et judiciaire que le lecteur occidental a des pays de l'Est mais la recette fonctionne quand le cuistot sait assaisonner comme il faut.
Un roman de vampire atypique qui arrive à concilier science moderne de fiction et aspect mythique du buveur de sang en offrant une autre approche que celle, trop facile, de la porphyrie. Une série B littéraire de haute tenue qui vous tiendra éveillé quelques nuits.
Noir est l'été.
Elm Haven, petite ville de l'Illinois.
C'est le début de l'été et des vacances en cette bonne année 1960. L'école Old Central va fermer ses portes à jamais.
Le dernier jour de classe, un élève disparaît. Mais qui se soucie d'un cas social ?
Pourtant, une bande d'amis va s'en préoccuper et attirer à eux les sombres secrets de leur ancienne école, de leur ville et de son histoire. Car tapie dans l'ombre, la fin de l'innocence s'apprête à frapper un à un la petite bande.
Dan Simmons a sans doute été le rival le plus sérieux de Stephen King dans les années 80 et 90. Et , sans conteste, on pense au fantastique " Ça " lorsque l'on débute la lecture : une bande d'amis d'environs douze ans chacun, une petite ville américaine typique, des secrets enfouis, un mal qui rôde…
Car King a usé et abusé (mais sans gaver son lectorat car l'homme est fort) d'un schéma récurrent utilisant les affres et les aléas de la vie de l'enfance pour nourrir son œuvre.
Mais il n'a pas inventé ce schéma. Néanmoins, il le manie tellement bien que voir un de ses rivaux s'attaquer à ce même exercice peut sembler simpliste.
Pourtant, Simmons, va appuyer sur l'aspect fantastique bien plus que sur l'aspect "enfance" : certes, on retrouve quelques brutes plus âgées mais celles-ci sont vite remises à leur place. Ce qui compte, c'est ce qui rôde la nuit dans le noir et les sombres actions d'adultes malfaisants quand les adultes ordinaires semblent incapables de percevoir le mal et la pourriture émanant de certains de leurs concitoyens et proches voisins.
Faisant lentement mais surement monter la sauce, coupant son récit quand il le faut pour embrayer sur une autre action et laissant le lecteur dans un état proche de la syncope tant le suspense est haletant, Simmons signe un roman prenant, horrifique et diablement perturbant.
Alors non, face à " Ça ", il se ferait dévorer…mais pas sans vendre chèrement sa peau et vous faire vérifier que rien ne se cache sous votre lit avant de vous endormir.
C'est le début de l'été et des vacances en cette bonne année 1960. L'école Old Central va fermer ses portes à jamais.
Le dernier jour de classe, un élève disparaît. Mais qui se soucie d'un cas social ?
Pourtant, une bande d'amis va s'en préoccuper et attirer à eux les sombres secrets de leur ancienne école, de leur ville et de son histoire. Car tapie dans l'ombre, la fin de l'innocence s'apprête à frapper un à un la petite bande.
Dan Simmons a sans doute été le rival le plus sérieux de Stephen King dans les années 80 et 90. Et , sans conteste, on pense au fantastique " Ça " lorsque l'on débute la lecture : une bande d'amis d'environs douze ans chacun, une petite ville américaine typique, des secrets enfouis, un mal qui rôde…
Car King a usé et abusé (mais sans gaver son lectorat car l'homme est fort) d'un schéma récurrent utilisant les affres et les aléas de la vie de l'enfance pour nourrir son œuvre.
Mais il n'a pas inventé ce schéma. Néanmoins, il le manie tellement bien que voir un de ses rivaux s'attaquer à ce même exercice peut sembler simpliste.
Pourtant, Simmons, va appuyer sur l'aspect fantastique bien plus que sur l'aspect "enfance" : certes, on retrouve quelques brutes plus âgées mais celles-ci sont vite remises à leur place. Ce qui compte, c'est ce qui rôde la nuit dans le noir et les sombres actions d'adultes malfaisants quand les adultes ordinaires semblent incapables de percevoir le mal et la pourriture émanant de certains de leurs concitoyens et proches voisins.
Faisant lentement mais surement monter la sauce, coupant son récit quand il le faut pour embrayer sur une autre action et laissant le lecteur dans un état proche de la syncope tant le suspense est haletant, Simmons signe un roman prenant, horrifique et diablement perturbant.
Alors non, face à " Ça ", il se ferait dévorer…mais pas sans vendre chèrement sa peau et vous faire vérifier que rien ne se cache sous votre lit avant de vous endormir.
samedi 23 août 2014
Le père Noé est une ordure. Le réalisateur aussi.
Après le succès de Black Swan, Darren Aronofsky avait le monde à ses pieds. Il choisit donc de mettre en branle un ancien de ses projets, Noé, dont il avait recyclé le scénario pour en faire une bande-dessinée.
Le cas Aronofsky est révélateur d'une chose : la majorité des critiques de cinéma sont des girouettes, bergers du troupeau qu'est le grand public. Peu importe que le réalisateur fut voué aux gémonies après son The Fountain puisque The Wrestler et Black Swan sont passés par là.
On parle bien d'un film tourné à la "frères Dardenne" et d'un autre dont un plan sur trois a été piqué à l'anime japonais Perfect Blue (ce que j'ignorais lorsque j'ai critiqué Black Swan. Depuis, le cygne a pris un coup dans l'aile. Et si vous voulez des preuves : Google est votre ami, c'est édifiant).
Girouettes ET incultes.
Car depuis le film qui valu à Natalie Portman son Oscar, il est trèèèès mal vu de taper sur le petit Darren.
Pourtant, a-t-il jamais été un grand réalisateur ou auteur ?
Les statistiques sont sans appel : un grand film malade que presque personne n'a vu et quatre films que presque personne ne regarde plus (comment je sais que vous ne les regardez plus des masses ? Vous n'en parlez plus jamais.).
Son seul travail intime, personnel et dans lequel il semble avoir mis toutes ses idées s'appelle The Fountain. Requiem for a dream s'appuie sur quelques images chocs et surtout le livre Retour à Brooklyn d'Hubert Selby ( qui a coécrit le scénario). The Wrestler et Black Swan sont des scénarios originaux qu'il a mis en images. Mais aucune thématique commune ne se dégage jamais de film en film.
Arrive donc ce naufrage euh ce Noé, où il a décidé de se remettre à écrire avant de repasser derrière la caméra….
Le déluge. Si la vision forcément judéo-chrétienne est imprimée dans nos esprit, il n'est pas mauvais pour la culture de rappeler qu'il s'agit de l'un des nombreux emprunts de la Bible aux mythologies et rites oraux qui ont précédés les religions monothéistes.
L'épopée de Gilgamesh ( écrite il y a 5000 ans contre 3000 pour les plus vieilles parties de la Bible ) faisait déjà mention d'un antique déluge vieux de plusieurs centaines d'années avant la naissance du héros. Là aussi, un homme sauvait les graines du futur en bateau…
Bref, Noé avait des bases pour transcender les cultures. Encore que pour cela, il aurait fallu faire une chose toute simple : ne pas constamment rappeler les barrières entre les cultures et ce sans chercher, jamais, à les abattre. D'un récit, on l'a vu, commun et semi-universel, Aronofsky ne va retenir que la vision biblique, creusant de facto un fossé entre croyants d'une part et non-croyants de l'autre. Mais retenir une version déjà pré-établie, c'est plus facile, pas besoin de faire des recherches en bibliothèque pour tirer une essence et en faire une histoire originale ( influencée certes, mais originale).
Donc, comme de bien entendu, ça commence avec " Au commencement étaient les ténèbres" , le serpent ( en CGI à deux balles) et le coup de la pomme, etc... on appuie à mort sur tout ce qui fera bondir qui n'est pas un intégriste. Car dans sa grande cohérence de division de l'humanité, Aronofsky arrive même à en venir à un schisme au sein même des croyants en rappelant que certains y voient des métaphores porteuses de sagesses et d'autres une parole d'évangile que nul sur cette Terre n'a le droit de remettre en cause, ambiance...
Bref, le déluge ne pouvant servir de matière à un film de plus de 20 minutes, il va falloir quand même broder autour. Va donc venir se greffer la subtilité de l'auteur, adepte des images chocs (Requiem for a dream) et dérangeantes (Black Swan) , bref adepte de l'antithèse absolue de la subtilité.*
Et là, commence la foire du slip ultime, presque du Uwe Boll au scénario....
Tout y passe : de la civilisation industrielle ( si si, il y a des passages où les décors font passer à …Mad Max 2 ! ) qui a détruit toutes ses ressources pour faire un film écolo engagé jusqu'au discours neuneu "carnivores méchants, végétariens gentils " (allant jusqu'à montrer que manger de la viande mène au cannibalisme hein, on va pas se priver).
Parce que bon, les carnivores mangeant la création de Dieu, ils sont d'infâmes profanateurs : CQFD.
Dieu n'a-t-il donc pas créés les fruits et les légumes qui sont aussi consommables ? Non je demande hein…
En tous cas, l'humanité qu'il a mise sur pieds n'est que blanche : pas d'ethnies.Les élus du Créateur seront blancs ! Merci Darren pour cette leçon humaine et poignante.Dire que le KKK était mal vu, mais toi, Darren, tu nous rappelles que seuls les bobos blancs, végétariens et bigots auront droit à l'éternité et aux cantiques des anges sur leurs nuages ! On se demande pourquoi Rachel Weisz t'a largué tiens....
Noé construit donc son arche en … détruisant une forêt. Oui, comme les infâmes industriels que Dieu veut faire disparaître avec son déluge. Et lorsque ces hommes et ces femmes, forcément barbares et violents du point de vue de Noé, car seul son point de vue, qui est aussi celui de Dieu dans le film, est vraiment exprimé, veulent sauver leur peau : Noé les envoie chier. Car, et c'est là que ça devient puant, ce point de vue est aussi celui de Aronofsky. Végétarien convaincu, il a interdit toutes sortes d'aliments sur le plateau de tournage (ainsi que l'eau en bouteille : ça a juste envoyé des acteurs à l'hosto mais ce n'est que broutille. L'humanisme du gars vaut celui de Abdellatif Kéchiche.) ainsi qu'aux avant-premières. Le réalisateur ne fait pas que défendre ses idées, il les impose ! Ce qui mène invariablement aux discours du film :
Vous pas être croyants comme moi je le suis. Vous pas mériter de vivre.C'est Dieu, le Créateur avec une majuscule, qui le dit.
(je rappelle à toute fin utile que : Parler à Dieu, c'est prier. Dieu qui vous répond, c'est de la schizophrénie.)
En ne posant aucun autre personnage principal que Noé et sa famille avant une heure de film, Aronofsky ne peut offrir aucun temps de paroles aux nuances concernant les autres humains de son récit. Ce sont les gentils contre les méchants sanguinaires, point. Ceux que personne dans le public ne souhaiterait voir sauvés. Sauf qu'arrivée la première demi-heure du film, on se déjà fout du sort des "gentils" aussi, tant le récit est premier degré absolu, pompeux et mal écrit, tant il s'évertue à faire de l'incohérence scénaristique un des beaux-arts.
Russel Crowe est en mode automatique, comprendre "il joue Maximus de Gladiator" parce que c'est une valeur sûre. Jennifer Connelly est mono-expressive (non, faux, il y a deux expressions : elle tire la gueule ou elle sourit comme une idiote. Mais dieu qu'elle est belle, au moins c'est déja ça de sauvé).
Reste quelques belles images dues au directeur photo. Mais c'est peu ( quoi, 6 plans en 2H20 de film ? ) L'homme n'est pas aidé par les idées de son réalisateur ni par les images de synthèses, grossièrement amenées, qui font passer les dinosaures de Jurassic Park pour le summum du genre 21 ans après sa sortie. Vous la sentez la supériorité de papy Steven ?
Moralement douteux et profondément anti-humaniste, le père Noé est une ordure,prônant l'idéologie de la pensée unique au risque de périr sous les coups du divin si l'on ne suit pas une certaine voie.
Le cinéma peut être un formidable outil de propagande, c'est pour ça qu'il est bon et heureux que des réalisateurs comme Aronofsky, qui ont eu trois idées dans leur vie et en sont désormais dépourvus, s'attaquent à ce genre de sujets : ça fait apparaître l'évidence de leur démarche douteuse prônant l'intégrisme religieux comme seule voie de secours pour l'humanité.
Noé est un film aux relents nauséeux niant tout humanisme ou mains tendues et Aronofsky surligne son propos nauséabond au fluo bien pétant !
Un déchet , purement et simplement.
Le cas Aronofsky est révélateur d'une chose : la majorité des critiques de cinéma sont des girouettes, bergers du troupeau qu'est le grand public. Peu importe que le réalisateur fut voué aux gémonies après son The Fountain puisque The Wrestler et Black Swan sont passés par là.
On parle bien d'un film tourné à la "frères Dardenne" et d'un autre dont un plan sur trois a été piqué à l'anime japonais Perfect Blue (ce que j'ignorais lorsque j'ai critiqué Black Swan. Depuis, le cygne a pris un coup dans l'aile. Et si vous voulez des preuves : Google est votre ami, c'est édifiant).
Girouettes ET incultes.
Car depuis le film qui valu à Natalie Portman son Oscar, il est trèèèès mal vu de taper sur le petit Darren.
Pourtant, a-t-il jamais été un grand réalisateur ou auteur ?
Les statistiques sont sans appel : un grand film malade que presque personne n'a vu et quatre films que presque personne ne regarde plus (comment je sais que vous ne les regardez plus des masses ? Vous n'en parlez plus jamais.).
Son seul travail intime, personnel et dans lequel il semble avoir mis toutes ses idées s'appelle The Fountain. Requiem for a dream s'appuie sur quelques images chocs et surtout le livre Retour à Brooklyn d'Hubert Selby ( qui a coécrit le scénario). The Wrestler et Black Swan sont des scénarios originaux qu'il a mis en images. Mais aucune thématique commune ne se dégage jamais de film en film.
Arrive donc ce naufrage euh ce Noé, où il a décidé de se remettre à écrire avant de repasser derrière la caméra….
Le déluge. Si la vision forcément judéo-chrétienne est imprimée dans nos esprit, il n'est pas mauvais pour la culture de rappeler qu'il s'agit de l'un des nombreux emprunts de la Bible aux mythologies et rites oraux qui ont précédés les religions monothéistes.
L'épopée de Gilgamesh ( écrite il y a 5000 ans contre 3000 pour les plus vieilles parties de la Bible ) faisait déjà mention d'un antique déluge vieux de plusieurs centaines d'années avant la naissance du héros. Là aussi, un homme sauvait les graines du futur en bateau…
Bref, Noé avait des bases pour transcender les cultures. Encore que pour cela, il aurait fallu faire une chose toute simple : ne pas constamment rappeler les barrières entre les cultures et ce sans chercher, jamais, à les abattre. D'un récit, on l'a vu, commun et semi-universel, Aronofsky ne va retenir que la vision biblique, creusant de facto un fossé entre croyants d'une part et non-croyants de l'autre. Mais retenir une version déjà pré-établie, c'est plus facile, pas besoin de faire des recherches en bibliothèque pour tirer une essence et en faire une histoire originale ( influencée certes, mais originale).
Donc, comme de bien entendu, ça commence avec " Au commencement étaient les ténèbres" , le serpent ( en CGI à deux balles) et le coup de la pomme, etc... on appuie à mort sur tout ce qui fera bondir qui n'est pas un intégriste. Car dans sa grande cohérence de division de l'humanité, Aronofsky arrive même à en venir à un schisme au sein même des croyants en rappelant que certains y voient des métaphores porteuses de sagesses et d'autres une parole d'évangile que nul sur cette Terre n'a le droit de remettre en cause, ambiance...
Bref, le déluge ne pouvant servir de matière à un film de plus de 20 minutes, il va falloir quand même broder autour. Va donc venir se greffer la subtilité de l'auteur, adepte des images chocs (Requiem for a dream) et dérangeantes (Black Swan) , bref adepte de l'antithèse absolue de la subtilité.*
Et là, commence la foire du slip ultime, presque du Uwe Boll au scénario....
Tout y passe : de la civilisation industrielle ( si si, il y a des passages où les décors font passer à …Mad Max 2 ! ) qui a détruit toutes ses ressources pour faire un film écolo engagé jusqu'au discours neuneu "carnivores méchants, végétariens gentils " (allant jusqu'à montrer que manger de la viande mène au cannibalisme hein, on va pas se priver).
Parce que bon, les carnivores mangeant la création de Dieu, ils sont d'infâmes profanateurs : CQFD.
Dieu n'a-t-il donc pas créés les fruits et les légumes qui sont aussi consommables ? Non je demande hein…
En tous cas, l'humanité qu'il a mise sur pieds n'est que blanche : pas d'ethnies.Les élus du Créateur seront blancs ! Merci Darren pour cette leçon humaine et poignante.Dire que le KKK était mal vu, mais toi, Darren, tu nous rappelles que seuls les bobos blancs, végétariens et bigots auront droit à l'éternité et aux cantiques des anges sur leurs nuages ! On se demande pourquoi Rachel Weisz t'a largué tiens....
Noé construit donc son arche en … détruisant une forêt. Oui, comme les infâmes industriels que Dieu veut faire disparaître avec son déluge. Et lorsque ces hommes et ces femmes, forcément barbares et violents du point de vue de Noé, car seul son point de vue, qui est aussi celui de Dieu dans le film, est vraiment exprimé, veulent sauver leur peau : Noé les envoie chier. Car, et c'est là que ça devient puant, ce point de vue est aussi celui de Aronofsky. Végétarien convaincu, il a interdit toutes sortes d'aliments sur le plateau de tournage (ainsi que l'eau en bouteille : ça a juste envoyé des acteurs à l'hosto mais ce n'est que broutille. L'humanisme du gars vaut celui de Abdellatif Kéchiche.) ainsi qu'aux avant-premières. Le réalisateur ne fait pas que défendre ses idées, il les impose ! Ce qui mène invariablement aux discours du film :
Vous pas être croyants comme moi je le suis. Vous pas mériter de vivre.C'est Dieu, le Créateur avec une majuscule, qui le dit.
(je rappelle à toute fin utile que : Parler à Dieu, c'est prier. Dieu qui vous répond, c'est de la schizophrénie.)
En ne posant aucun autre personnage principal que Noé et sa famille avant une heure de film, Aronofsky ne peut offrir aucun temps de paroles aux nuances concernant les autres humains de son récit. Ce sont les gentils contre les méchants sanguinaires, point. Ceux que personne dans le public ne souhaiterait voir sauvés. Sauf qu'arrivée la première demi-heure du film, on se déjà fout du sort des "gentils" aussi, tant le récit est premier degré absolu, pompeux et mal écrit, tant il s'évertue à faire de l'incohérence scénaristique un des beaux-arts.
Russel Crowe est en mode automatique, comprendre "il joue Maximus de Gladiator" parce que c'est une valeur sûre. Jennifer Connelly est mono-expressive (non, faux, il y a deux expressions : elle tire la gueule ou elle sourit comme une idiote. Mais dieu qu'elle est belle, au moins c'est déja ça de sauvé).
Reste quelques belles images dues au directeur photo. Mais c'est peu ( quoi, 6 plans en 2H20 de film ? ) L'homme n'est pas aidé par les idées de son réalisateur ni par les images de synthèses, grossièrement amenées, qui font passer les dinosaures de Jurassic Park pour le summum du genre 21 ans après sa sortie. Vous la sentez la supériorité de papy Steven ?
Moralement douteux et profondément anti-humaniste, le père Noé est une ordure,prônant l'idéologie de la pensée unique au risque de périr sous les coups du divin si l'on ne suit pas une certaine voie.
Le cinéma peut être un formidable outil de propagande, c'est pour ça qu'il est bon et heureux que des réalisateurs comme Aronofsky, qui ont eu trois idées dans leur vie et en sont désormais dépourvus, s'attaquent à ce genre de sujets : ça fait apparaître l'évidence de leur démarche douteuse prônant l'intégrisme religieux comme seule voie de secours pour l'humanité.
Noé est un film aux relents nauséeux niant tout humanisme ou mains tendues et Aronofsky surligne son propos nauséabond au fluo bien pétant !
Un déchet , purement et simplement.
* la subtilité n'est pas une condition sine qua non pour réaliser un bon film.on peut y aller avec ses gros sabots et fournir un travail intéressant.encore faut-il dès lors connaître des techniques de cinéma qui ne font pas que dans le choquant et dérangeant : ça aide quand on veut raconter autre chose.
mercredi 23 juillet 2014
Vivre un jour de plus.
Il y a 4 ans, une icône du petit écran nous quittait, laissant orphelins des millions de spectateurs avides de qualité
.
Après avoir été au feu 8 saisons (et un téléfilm) durant, Jack Bauer disparaissait dans la nature, fugitif poursuivi par son propre gouvernement et la Russie. Le dernier chronomètre de la série, repère visuel emblématique, ne se terminait pas sur une heure de la journée mais par un décompte jusque zéro, laissant penser que tout finissait.
Avant de parler de la genèse de cette nouvelle saison, j'aimerai un instant revenir sur la série en elle-même.
Lorsque "24" débarque à la télévision, en Novembre 2001, elle n'était pas destinée à obtenir une telle longévité. Mais les évènements tragiques de Septembre vont changer la donne. Si le pilote de la série devait bien être diffusé en Septembre (comme la plupart des nouveautés ), la destruction du World Trade Center repousse la diffusion et force les scénaristes à repenser plusieurs détails.
Ensuite, le fait que le héros pourchasse des terroristes alors que l'Amérique vient de le subir sur son sol va faire de Jack Bauer, une icône.
La seconde saison le verra d'ailleurs pourchassé un pseudo Ben Laden.
Car l'Amérique a besoin d'exorciser ses démons et cela se ressentira (et se ressent encore) dans ses fictions.
La série, co-créée par un militant républicain, sera souvent attaquée sur ce côté-là. (analyse débile et clivage intellectuel crasse : il y a tout autant des républicains ouverts que des démocrates toxiques).
La série offre le premier Président Noir de l'histoire (dans cette réalité fictive ) et il est clairement démocrate d'ailleurs. Au fil du temps, un second président noir siégera à la Maison Blanche. Les deux dernières saisons, avant la nouvelle, verront aussi la Première Présidente.
De multiples sujets seront abordés et souvent en rapport avec l'actualité les cyber-attaques, les armes bactériologiques, les drones de combat, wikileaks, peut-on torturer pour sauver des vies, la torture est-elle vraiment utile ( Bauer utilise plus souvent la peur de souffrir que faire souffrir pour obtenir des infos même si, en effet, il a franchi la ligne plusieurs fois), la vengeance peut-elle tout justifier, etc. , le background politique est très intéressant et questionnant si l'on fait attention à tous ces aspects qui ne sont pas dans le registre de l'action ou du suspens pur .
Peu de temps après la mort de la série, la rumeur persistante d'un long-métrage centré sur un Bauer en fuite quelque part en Europe arrive sur le net. La FOX, confirmera très vite qu'en effet, l'idée est en développement. Dès lors les mises à jour sur le projet arrivent régulièrement sur les sites spécialises jusqu'au jour où le couperet tombe : le film, jugé trop cher, ne se fera pas.
Déception et désappointement des fans.
Et puis, par un beau matin, la nouvelle tombe : 24 revient à la télévision, dans un format plus court. L'idée d'un Jack Bauer planqué en Europe est conservée et c'est à Londres qu'il refera surface. Au même moment, le nouveau Président des USA, James Heller (ancien ministre de la défense) est en visite officielle dans la capitale britannique et est accompagné par sa fille, Audrey…l'ex de Jack.
Le chrono est lancé, Bauer est de retour.
4 ans sans voir une série , c'est long. Et durant ce laps de temps, d'autres séries conceptuelles (ou non) ont occupé le terrain.
Si l'horrible Homeland (héritier autoproclamé de 24 ) avait tenté de faire oublier Jack Bauer ( j'en rigole encore, et en tremble aussi d'effroi), d'autres œuvres télévisuelles ont élevés les standards et , de facto, nos attentes ( Game of thrones, par exemple).
Et c'est un peu là que le bas blesse dans ce retour. Les scénaristes, les créateurs et le réalisateur principal de la série sont tout bonnement restés bloqués 4 ans en arrière.
Les tics d'écritures sont toujours les mêmes et ne sont pas forcément adaptés à un format amputé de 12 épisodes.
Surtout que cette saison s'appuie en grande partie sur la mythologie des saisons 4 à 6 qui ont été les plus soap-opéra du show (même si la saison 5 avait tellement bien ciselé cet aspect qu'elle gagna un Emmy Award, mérité, dans la catégorie meilleure série dramatique) et que cette approche phagocyte le temps de l'intrigue terroriste principale et que le coup de "la famille terroriste" nous avait déjà été servi par avant. Les clichés inhérents à la série, qui forment par ailleurs son ADN, seront respectés.
C'est un peu la force et la faiblesse de la série : son ADN est tellement reconnaissable et immuable que la recette ne change pas , on est en terrain connu. Mais bon, le terrain connu de cette qualité, on va pas trop se plaindre.
Kiefer Sutherland assure toujours dans LE rôle de sa vie, le personnage a pris des rides mais n'a rien perdu de sa pugnacité ni de son charisme. Le personnage reste l'un des plus fascinants du petit écran tant grâce à l'écriture qui respecte Bauer et enrichit son background de saison en saison que grâce à son interprète.
Une fois n'est pas coutume, Chloé O'Brian fait partie de l'aventure. Personnage introduit dans la saison 3, elle est devenue l'alliée par excellence de Jack et sans doute la seule amie qui lui reste. Et encore une fois, c'est un nouvel aspect de Chloé que l'on découvre. Si la facilité qui découle d'un tel personnage est souvent apparente ( elle peut vous hacker la NSA avec un smartphone déchargé), il n'en reste pas moins que son rôle n'est pas là que pour la tapisserie.
Rayon nouveauté, on notera le personnage de Kate Morgan, sorte de Bauer au féminin, qui démarre sa dernière journée de boulot avant de rentrer aux States. L'agent Morgan était mariée à un traître qui a vendu des secrets à la Chine et le retour de Bauer et la proximité d'une attaque vont lui donner l'occasion de tenter de se racheter.
Si Kate ne sert pas à rien, elle peine cependant à faire oublier feu Renée Walker, ancienne partenaire de Jack et amie proche qui sera assassinée dans la saison 8 peu après qu'elle et Jack se soit mis en couple. (C'est à la suite de son décès que Jack avait entamé une vendetta redoutable envers ceux qui avaient commandité sa mort. Et cette saison a le bon goût de ne jamais cracher à la mémoire de Renée ou de sa mort en ne remettant pas Audrey dans les bras de Bauer : ces deux là sont encore fort émus par leur passé mais ont fait le deuil de leur relation et c'est très bien ainsi. ).
Yvonne Strahovski, échappée de Dexter, donne corps à un personnage torturé mais pas assez profond pour vraiment marquer la mythologie de la saga ( elle n'est ni Renée Walker ni Michelle Desler). Cependant, le job est fait correctement et elle n'est pas là pour mettre en valeur le héros.
Pour pallier au manque de 12 épisodes et toujours se dérouler sur 24 heures, les producteurs avaient annoncé que l'intrigue subirait des ellipses narratives. Certes, le coupe de l'ellipse est bien présent mais en toute fin et sent un peu le coup facile pour justifier de garder 24 comme titre… On regrettera aussi que le teaser de la série, tourné en un magnifique plan séquence ne fasse absolument pas partie du show !!!!
Mais même si le plat est servi sans surprise , il n'est pas sans saveur.
Un peu comme une sortie dans son resto chinois préféré, celui où on commande toujours le même plat parce qu'on a beau le connaître par cœur, c'est le meilleur.
Et puis merde quoi, "24", même moyen, reste au dessus de tout, même après quelques années d'absence et vient cruellement rappeler qu'Homeland a été la plus grosse arnaque de ces années sans Jack.
La saison se terminant de manière ouverte et sur un cliffhanger insoutenable, il est à parier que Jack reviendra. Tant mieux, il m'avait trop manqué pour lui adieu si vite une seconde fois.
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Après avoir été au feu 8 saisons (et un téléfilm) durant, Jack Bauer disparaissait dans la nature, fugitif poursuivi par son propre gouvernement et la Russie. Le dernier chronomètre de la série, repère visuel emblématique, ne se terminait pas sur une heure de la journée mais par un décompte jusque zéro, laissant penser que tout finissait.
Avant de parler de la genèse de cette nouvelle saison, j'aimerai un instant revenir sur la série en elle-même.
Lorsque "24" débarque à la télévision, en Novembre 2001, elle n'était pas destinée à obtenir une telle longévité. Mais les évènements tragiques de Septembre vont changer la donne. Si le pilote de la série devait bien être diffusé en Septembre (comme la plupart des nouveautés ), la destruction du World Trade Center repousse la diffusion et force les scénaristes à repenser plusieurs détails.
Ensuite, le fait que le héros pourchasse des terroristes alors que l'Amérique vient de le subir sur son sol va faire de Jack Bauer, une icône.
La seconde saison le verra d'ailleurs pourchassé un pseudo Ben Laden.
Car l'Amérique a besoin d'exorciser ses démons et cela se ressentira (et se ressent encore) dans ses fictions.
La série, co-créée par un militant républicain, sera souvent attaquée sur ce côté-là. (analyse débile et clivage intellectuel crasse : il y a tout autant des républicains ouverts que des démocrates toxiques).
La série offre le premier Président Noir de l'histoire (dans cette réalité fictive ) et il est clairement démocrate d'ailleurs. Au fil du temps, un second président noir siégera à la Maison Blanche. Les deux dernières saisons, avant la nouvelle, verront aussi la Première Présidente.
De multiples sujets seront abordés et souvent en rapport avec l'actualité les cyber-attaques, les armes bactériologiques, les drones de combat, wikileaks, peut-on torturer pour sauver des vies, la torture est-elle vraiment utile ( Bauer utilise plus souvent la peur de souffrir que faire souffrir pour obtenir des infos même si, en effet, il a franchi la ligne plusieurs fois), la vengeance peut-elle tout justifier, etc. , le background politique est très intéressant et questionnant si l'on fait attention à tous ces aspects qui ne sont pas dans le registre de l'action ou du suspens pur .
Peu de temps après la mort de la série, la rumeur persistante d'un long-métrage centré sur un Bauer en fuite quelque part en Europe arrive sur le net. La FOX, confirmera très vite qu'en effet, l'idée est en développement. Dès lors les mises à jour sur le projet arrivent régulièrement sur les sites spécialises jusqu'au jour où le couperet tombe : le film, jugé trop cher, ne se fera pas.
Déception et désappointement des fans.
Et puis, par un beau matin, la nouvelle tombe : 24 revient à la télévision, dans un format plus court. L'idée d'un Jack Bauer planqué en Europe est conservée et c'est à Londres qu'il refera surface. Au même moment, le nouveau Président des USA, James Heller (ancien ministre de la défense) est en visite officielle dans la capitale britannique et est accompagné par sa fille, Audrey…l'ex de Jack.
Le chrono est lancé, Bauer est de retour.
4 ans sans voir une série , c'est long. Et durant ce laps de temps, d'autres séries conceptuelles (ou non) ont occupé le terrain.
Si l'horrible Homeland (héritier autoproclamé de 24 ) avait tenté de faire oublier Jack Bauer ( j'en rigole encore, et en tremble aussi d'effroi), d'autres œuvres télévisuelles ont élevés les standards et , de facto, nos attentes ( Game of thrones, par exemple).
Et c'est un peu là que le bas blesse dans ce retour. Les scénaristes, les créateurs et le réalisateur principal de la série sont tout bonnement restés bloqués 4 ans en arrière.
Les tics d'écritures sont toujours les mêmes et ne sont pas forcément adaptés à un format amputé de 12 épisodes.
Surtout que cette saison s'appuie en grande partie sur la mythologie des saisons 4 à 6 qui ont été les plus soap-opéra du show (même si la saison 5 avait tellement bien ciselé cet aspect qu'elle gagna un Emmy Award, mérité, dans la catégorie meilleure série dramatique) et que cette approche phagocyte le temps de l'intrigue terroriste principale et que le coup de "la famille terroriste" nous avait déjà été servi par avant. Les clichés inhérents à la série, qui forment par ailleurs son ADN, seront respectés.
C'est un peu la force et la faiblesse de la série : son ADN est tellement reconnaissable et immuable que la recette ne change pas , on est en terrain connu. Mais bon, le terrain connu de cette qualité, on va pas trop se plaindre.
Kiefer Sutherland assure toujours dans LE rôle de sa vie, le personnage a pris des rides mais n'a rien perdu de sa pugnacité ni de son charisme. Le personnage reste l'un des plus fascinants du petit écran tant grâce à l'écriture qui respecte Bauer et enrichit son background de saison en saison que grâce à son interprète.
Une fois n'est pas coutume, Chloé O'Brian fait partie de l'aventure. Personnage introduit dans la saison 3, elle est devenue l'alliée par excellence de Jack et sans doute la seule amie qui lui reste. Et encore une fois, c'est un nouvel aspect de Chloé que l'on découvre. Si la facilité qui découle d'un tel personnage est souvent apparente ( elle peut vous hacker la NSA avec un smartphone déchargé), il n'en reste pas moins que son rôle n'est pas là que pour la tapisserie.
Rayon nouveauté, on notera le personnage de Kate Morgan, sorte de Bauer au féminin, qui démarre sa dernière journée de boulot avant de rentrer aux States. L'agent Morgan était mariée à un traître qui a vendu des secrets à la Chine et le retour de Bauer et la proximité d'une attaque vont lui donner l'occasion de tenter de se racheter.
Si Kate ne sert pas à rien, elle peine cependant à faire oublier feu Renée Walker, ancienne partenaire de Jack et amie proche qui sera assassinée dans la saison 8 peu après qu'elle et Jack se soit mis en couple. (C'est à la suite de son décès que Jack avait entamé une vendetta redoutable envers ceux qui avaient commandité sa mort. Et cette saison a le bon goût de ne jamais cracher à la mémoire de Renée ou de sa mort en ne remettant pas Audrey dans les bras de Bauer : ces deux là sont encore fort émus par leur passé mais ont fait le deuil de leur relation et c'est très bien ainsi. ).
Yvonne Strahovski, échappée de Dexter, donne corps à un personnage torturé mais pas assez profond pour vraiment marquer la mythologie de la saga ( elle n'est ni Renée Walker ni Michelle Desler). Cependant, le job est fait correctement et elle n'est pas là pour mettre en valeur le héros.
Pour pallier au manque de 12 épisodes et toujours se dérouler sur 24 heures, les producteurs avaient annoncé que l'intrigue subirait des ellipses narratives. Certes, le coupe de l'ellipse est bien présent mais en toute fin et sent un peu le coup facile pour justifier de garder 24 comme titre… On regrettera aussi que le teaser de la série, tourné en un magnifique plan séquence ne fasse absolument pas partie du show !!!!
Mais même si le plat est servi sans surprise , il n'est pas sans saveur.
Un peu comme une sortie dans son resto chinois préféré, celui où on commande toujours le même plat parce qu'on a beau le connaître par cœur, c'est le meilleur.
Et puis merde quoi, "24", même moyen, reste au dessus de tout, même après quelques années d'absence et vient cruellement rappeler qu'Homeland a été la plus grosse arnaque de ces années sans Jack.
La saison se terminant de manière ouverte et sur un cliffhanger insoutenable, il est à parier que Jack reviendra. Tant mieux, il m'avait trop manqué pour lui adieu si vite une seconde fois.