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jeudi 28 avril 2011

An epic tale of epicness.

Attention bombe-ovni-délire cinématographique à l'horizon ! Scott Pilgrim VS The World est un bijou qu'il serait malavisé de louper ! Edgar Wright, le réalisateur des excellents Shaun of the dead et Hot Fuzz, adapte ici une bd déjantée en un film déjanté (et sous acide et coke, vu le rythme et les images surréalistes !).

Scott est un gentil loser de 22 ans. Il vit avec son meilleur ami gay, sort avec une lycéenne de 17 ans , Knives Chau,et joue dans un groupe de rock, les SexBob-omb. Mais un jour, Scott croise la fille de ses rêves (littéralement !! ) : Ramona Flowers. Mais très vite il découvre que pour sortir avec l'élue de son cœur, il va devoir combattre et défaire les 7 ex maléfiques de la belle !

Oui je vous l'ai dit c'est déjanté ! En deux heures, Wright filme Scott batailler pour obtenir un rendez-vous , batailler pour sa vie et sa belle et batailler pour que sa vie privée ne parte pas en sucette (rappelons pour ceux qui ont déjà oublié que Scott sort déjà avec quelqu'un !! ). Si les incrustations d'onomatopées apparaissent dès le début du film, il faut attendre que le premier adversaire maléfique apparaisse pour que ça parte dans tous les sens ! Et quand je dis tous les sens je pèse mes mots. Voici la liste non-exhaustive des références de l'œuvre : les jeux vidéos de combat, le rock, les films bollywoodiens, les mangas, le monde des acteurs,Seinfeld ,les jeux de rôles, les films tirés de comics ( Chris Evans et Brandon Routh jouent des ex maléfiques, et c'est le pied de voir Scott foutre la branlée à La Torche,Captain America et Superman dans le même film) et j'en passe et des meilleurs.

Un joyeux bordel que peu aurait su filmer pour en tirer un film cohérent à l'humour (aux humours !) ravageur(s) ! Car en plus d'être un roi de l'action (Hot Fuzz l'a démontré), Edgar Wright est le roi du timing qui fait mouche ( la scène de la fenêtre parle pour lui, un timing parfait et l'envie de se la repasser de suite). Je vais arrêter de me répandre en compliment sur le film en lui-même et continuer en parlant du blu-ray. Un disque à la définition impeccable qui est un vrai régal pour les yeux et qui rend justice à un délire visuel épatant qui joue aussi avec les codes de l'image (le film est en 16/9 mais passe souvent au cinémascope pour créer un effet, et je me demande d'ailleurs comment cela était géré en salle de cinéma).


mercredi 27 avril 2011

À hurler ...de rire !

Non,mon tire ne signifie nullement que Scre4m est un nanar et qu'il m'a fait me poiler devant tant de débilités. Non mon titre signifie que la saga a enfin achevé sa croissance et que cet épisode assume encore plus son côté parodique du genre de film d'horreur. Car si on y regarde de plus près et ce dès le début de la saga, Scream n'est pas un film d'horreur. Tout au plus un thriller un peu sanglant et un joyeux jeu de massacre presque tout public !

Un statut parodique que le début du film revendique pleinement, son introduction étant clairement un pied de nez aussi bien à tous les films d'horreurs post-scream qu'un pied de nez aux ouvertures de la saga Scream-elle-même. Wes Craven et son scénariste Kevin Williamson sont bien conscients que la mode a été relancée par leurs soins et qu'ils ont une part de responsabilités dans le nombre de navets sortis depuis la succès du premier opus. Le tout est servi bien entendu avec une certaine virtuosité dans le montage et la réalisation, Craven sait tenir une caméra !



Sydney Prescott, l'éternelle victime de la saga est maintenant écrivain. Il faut dire que 10 ans ont passé et qu'elle a eu le temps d'évoluer ( et de redevenir célibataire, pas de traces du petit ami flic du 3me épisode incarné par Patrick Dempsey…sans doute trop occupé à tourner dans Transformers 3 ou carrément gênant pour le déroulement de l'histoire). Et la campagne de promo de son livre passe par Woodsboro où comme de bien entendu un tueur a sévi la nuit avant son arrivée ! Woodsboro qui est le lieu d'habitation de Gale Weathers depuis que Dewey est devenu Shériff de la ville. En perte de vitesse dans le milieu de l'écriture, Gale va voir les nouveaux meurtres comme un moyen de relancer sa carrière moribonde ! Pendant ce temps, la cousine de Sydney,Jill (Emma Roberts, bien plus jolie que sa tante) reçoit un bien inquiétant appel téléphonique.

L'accent sera donc mis ici sur la nouvelle génération, l'ancienne étant dépassée par les nouvelles références du tueur qui ne se nourrit plus que des classiques du genre mais bien de la multitude de films et remakes sortis depuis 10 ans et de la propore saga interne à la saga Scream : les films " Stab" inspirés par le livre de Gale ! Scre4m se nourrit autant des autres que de sa propre mythologie et joue avec, faisant jubiler l'amateur de sensations cinématographiques.

La nouvelle génération donc qui éclipse l'ancienne…et c'est bien naturel : Scre4m étant un hommage plus appuyé que l'épisode 3 à l'épisode 1. On retrouve donc une bande de jeunes qui va se faire massacrer et on se doute que le tueur est parmi eux, comme dans le premier épisode, un hommage je vous dis ! D'ailleurs les hommages on en retrouve plusieurs plus ou moins évidents…comme le sergent Perkins dont je vous laisse deviner le prénom !!

Ça c'était pour le côté sérieux. Le côté parodique maintenant est très présent, autant dans les situations que les dialogues finement ciselés que beaucoup trouveront niais ou mal écrits alors qu'ils cachent en réalité un ressort qui parlera au cinéphile. Car Scre4m est aussi un énorme cri d'amour au cinéma de genre voir au cinéma tout court ! Des dialogues au double sens, qui parlent autant à un personnage qu'à l'acteur qui le joue, une écriture qui brise presque le 4me mur sans en avoir l'air, un bel ouvrage ! Et des dialogues pareils le film en est jonché, plus qu'il n'est jonché de cadavres ! Bref il n'est pas étonnant de voir quelques figures connues du petit écran avoir accepté de jouer des rôles mineurs pour le seul plaisir de déclamer ces dialogues et de s'amuser un peu !Scre4m 4 n'est pas une révolution mais il ne dénature pas la saga et la conclut même en beauté (quoique je dois être un des rares à ne pas avoir considérer Scream 3 comme déshonorant). Le script va même si loin qu'on en vient à avoir envie que le tueur survive à la fin, car cela en plus d'être inattendu (et l'inattendu est le nouveau cliché ! ) aurait pu poser des bases intéressantes pour un éventuel 5me opus !

vendredi 15 avril 2011

Birthday Party

Aujourd'hui pas d'article à proprement parler. Je fête mon 27me anniversaire (la trentaine se rapproche). Alors voila, j'ai décidé de me faire un petit plaisir avec une sélection musicale qui je l'espère sera un peu à votre goût quand même ;-). Bonne écoute et on se retrouve quand j'aurai décuvé.

























mercredi 13 avril 2011

Daredevil : Noir, Jaune, Rouge. (5/5)

Avouez le, vous n'y croyiez plus pas vrai ? Un mois après la 4me partie (sur 5 ! ) de ma série d'articles consacrés à Daredevil, vous pensiez que j'étais passé à autre chose, en ne finissant pas ce que j'avais commencé ! Et bien non, il est là, tout beau tout chaud, rien que pour vos yeux ! Et ce n'est pas de la suite des écrits de Brubaker que je vais vous entretenir !

Au vu du titre, vous vous demander sans doute : " Mais pourquoi énumère-t-il les couleurs du drapeau belge ?" Et bien ce n'est pas par patriotisme ni pour tenter de définir Daredevil comme un belge pure souche, je vous rassure. Non tout est affaire de titre (et un peu de couleur) de diverses aventures de tête à cornes! Comme il s'agit d'aventures limitées dans le temps, je ne vais pas analyser en profondeur les choses. On restera surtout dans le domaine d'une petite critique, histoire de peut-être donner envie à certains de tenter le coup qui sait !

Noir c'est noir…mais il y a de l'espoir.

Tout d'abord il n'est pas inutile de resituer la collection "Marvel Noir" dans laquelle évolue la mini-série Daredevil Noir. Il s'agit d'une collection lancée par Marvel pour faire apparaître et évoluer ses personnages emblématiques dans les années 30. De donner un petit côté polar. Deux séries valent le coup: Spider-man noir (et j'en reparlerai peut-être un jour) et ce Daredevil noir. Cependant, il est légitime de se demander ce que l'approche polar peut apporter à ce personnage quand on a vu plus tôt qu'il baigne dans cette ambiance depuis Brian Bendis ! Pas grand-chose mais, car il y a un mais, le fait qu'il n'apporte rien de particulier au personnage ne veut pas dire que l'intrigue est inintéressante, bien au contraire ! L'intrigue, parlons-en tiens ! Elle est signée Alexander Irvine,un romancier. Il dépeint donc les nouvelles origines de DD comme si il était né dans les années 1900 : impossible donc qu'un fils de boxeur se retrouve à faire la fac de droit, surtout quand on devient orphelin et aveugle très jeune : une bonne mise en situation donc. Ensuite il va jouer avec ce que l'on connait de la mythologie de Daredevil, à savoir faire enter le Caïd en scène, Bullseye mais aussi une femme fatale (typique du genre polar ) rappelant Elektra ( la femme s'appelle ici Eliza et elle produit le même effet sur ce Matt qu'Elektra sur le " vrai" Matt Murdock). Irvine joue avec ce que l'on croit savoir pour asséner de jolis rebondissements de situation tout en ancrant son histoire dans une ambiance d'époque très bien rendue ! Les dessins de Tom Cooker quant à eux rappellent encore une fois ceux d'Alex Maleev mais la colorisation en pointillés pour donner un côté un peu vieillot mais sombre calme un peu cette parenté. Au final Daredevil Noir est une vraie réussite et je n'aurais pas été contre l'idée que ce duo reprenne les rênes de la série classique après Brubaker et Lark !


Le maillot Jaune, enfin le justaucorps …

Daredevil: Yellow est une mini-série signée Jeph Loeb et Tim Sale. Ce duo avait travaillé peu auparavant sur un autre héros urbain, mais chez la concurrence : Batman ! Fort de leur collaboration à succès, les voila embauchés par Marvel pour une série de séries en rapport avec une couleur ayant défini un héros : ont donc suivi Spider-Man : Blue, Hulk : Gris, Captain America : Blanc. Pourtant ,malgré leur travail sur Batman, le duo décide de ne pas ancrer Daredevil dans la noirceur. Il régne parfois un ton désuet et un humour bienvenue dans cet aventure revenant aux sources du mythe et nous racontant la naissance de l'homme sans peur dans les années 60!Et comme il s'agit des premiers pas de Daredevil, il porte dans ce récit le costume dont on l'avait affublé au départ: un costume jaune (d'où le Yellow du titre).Car il s'agit d'un récit nostalgique bien loin de la redéfinition des origines de DD par Frank Miller!Un récit où son statut de "clone" de Spider-man est mis en évidence : ennemis hauts en couleur, triangle amoureux entre Matt, Ellen Page et Foggy Nelson, etc... Au final même si il ne révolutionne pas le genre et n'atteint pas les sommets de Long Halloween et Dark Victory, Daredevil Yellow reste une histoire agréable à lire et à regarder (Tim Sale est au sommet de sa forme)! Et comme ce sont les débuts de l'homme sans peur, le néophyte peut le lire sans crainte d'être largué!




Voir rouge.

Daredevil : Father n'a pas, vous l'aurez remarqué, de couleur dans son titre. Mais c'est pourtant la couleur prépondérante de cette histoire écrite et dessinée par Joe Quesada, l'homme qui participa à la résurrection éditoriale de Daredevil ! Ce récit est plus attaché à la continuité que les deux précédents mais qu'importe, cela reste minime.En effet il aborde un peu ce que Bendis écrivait au même moment, à savoir la divulgation de l'identité secrète de Murdock et surtout il revient sur le vieillard que Matt sauva, un geste qui lui valut de devenir aveugle !

Un été caniculaire s'est abattu sur Hell's Kitchen. Un sérial killer sévit dans les rues, un groupe de jeunes super-héros marche sur les plats de bande de DD et une nouvelle cliente engage Matt Murdock pour assigner une compagnie qu'elle considère comme responsable de son cancer des ovaires. Et l'éducation reçue par Matt de la part de son père se rappelle à son bon souvenir. Autant dire que Matt Murdock va encore avoir une vie bien chargée !

Si l'histoire n'est pas désagréable, force est de constater que c'est au niveau des dessins que Joe Quesada est le plus à l'aise. On en prend plein les yeux dans cette histoire violente magnifiquement mise en couleur par Richard Isanove (coloriste reconnu dans le milieu). Un récit parfois un peu mou mais dont la mise en page vaut le détour..et qui rappelle la maxime comme quoi une bonne action ne reste jamais impunie…ce qui résume assez bien la vie de Matt Murdock qui en bave de plus en plus d'épisode en épisode !





Bon, après tout ça il faudrait bien que je m'attaque à Batman maintenant, non ?

lundi 11 avril 2011

Une année de tous les dangers...


Nous sommes en 1918. La Grande Guerre vient de s'achever. Les boys rentrent au pays, et les noirs qui avaient des emplois sont souvent virés pour que les rescapés des tranchées puissent reprendre leur travail.Dans le même temps la concertation sociale bat son plein, syndicats, bolchevistes et anarchistes commencent à pulluler aux USA, et beaucoup les mettent dans le même panier.
La situation risque de devenir plus intenable encore quand la prohibition sera en application.
Une ville sera plus chaude que les autres. Bienvenue dans la ville natale de la révolution américaine, bienvenue à Boston !

Luther Laurence est noir. Autant dire qu'il vaut moins pour les blancs que les esclaves d'avant l'abolition. Suite à une erreur avec le crime organisé, il doit fuir et tout abandonner derrière lui.
Danny Coughlin est flic. Fils ainé d'un grand ponte de la police, son avenir semble tout tracé. Hors voila que son parrain Eddie , lui aussi policier, le charge d'infiltrer les milieux subversifs.
Luther et Danny n'avaient aucune raison de se rencontrer. Et pourtant leur rencontre va bouleverser leurs destins, dans une ville au bord de l'explosion…



Dennis Lehane est de ces auteurs qui provoquent une véritable addiction. Une fois un de ces romans lu,il se crée chez le lecteur un besoin compulsif de vite se plonger dans le reste de son œuvre. Une œuvre purement Bostonienne ( à l'instar de Ben Affleck, qui adapta justement un roman de Lehane pour son premier film en tant que réalisateur : Gone Baby Gone). Après les 5 romans suivant les aventures des détectives Patrick Kenzie et Angie Gennaro , et l'excellent Shutter Island ( que Martin Scorsese a malencontreusement raté dans les grandes largeurs) il était établi que Lehane était plus qu'à l'aise dans le genre policier. Mais ce genre est un cadre par trop restreint quand on veut décortiquer l'âme des gens. Mais on n'attaque pas un glissement vers autre chose sans se donner un coup de pouce, ainsi l'univers policier sera encore très présent dans l'excellent Mystic River. Mais " Un pays à l'aube" enfonce le clou de manière magistrale.

Dennis Lehane suit deux hommes, un noir et un blanc, deux visions des choses, deux visions de l'Amérique. Deux êtres que tout devait séparer et que le hasard et le destin vont réunir. Et autour d'eux gravitent un nombre important de personnage ( à tel point que ceux-ci sont repris au début du roman pour qu'on ne se perde pas). Un roman choral compris entre deux pôles pas si opposés au final. À travers la fuite de Luther et la mission de Danny, Lehane s'efforce de mettre en place une fresque de l'Amérique du début du XXme siècle des plus documentées et des plus réalistes. Plus que simple lecteurs, vous aurez l'impression de devenir témoin d'une époque, d'en faire partie prenante. Vous rirez, pleurerez, serez dégouté aussi parfois. La police de l'époque n'est pas des plus respectables, il s'agit presque d'un gang d'Irlandais ( les Dead Rabbits de Gangs Of New York en uniformes!!) qui agit en suivant certaines règles d'éthique, et encore, éthique est parfois un mot plus qu'incompris chez certains !

La grippe espagnole, la crise économique, la montée en puissance des syndicats pour les droits des travailleurs et la montée parallèle du bon vieux délire du complot contre le pays de la liberté, délire représenté au sein même de la famille de Danny ,et par le futur directeur du FBI : J.Edgar Hoover, sans oublier les conditions de travail de l'époque guère reluisantes (que l'on soit blanc ou noir): voila le menu !
Le tout servi avec,  comme point de mire, l'hypothétique grève de la police. Une grève inconcevable pour les esprits de l'époque et qu'il faudra absolument empêcher.

"Un pays à l'aube" ne se lit pas, il se dévore.
La rigueur d'écriture, le style fluide et envolé de Lehane et son incroyable reproduction littéraire des troubles de l'époque marqueront vos esprits dans une histoire qui tient autant du récit policier, de l'initiation, du drame comme seuls les grands auteurs américains savent le faire. Les parallèles socio-économiques avec notre propre époque sont légions, la nature humaine y est décrite comme elle est : imparfaite, violente, amoureuse, belle, vindicative…et plus encore.
On referme le livre avec l'impression d'avoir assisté à quelque chose d'important mais dont l'ampleur nous échappe encore. Un sentiment d'avoir perdu des amis soudain, tant les personnages existent en dehors des pages en s'installant dans votre mémoire pour un bout de temps considérable. À tel point qu'on en vient à souhaiter que le roman fut plus long, pour qu'on ne les quitte pas (et pourtant le livre fait ses 856 pages bien pesées!!).
Le Grand Roman américain n'est peut-être pas encore écrit, mais "Un pays à l'aube" est sans doute celui qui se rapproche le plus de ce grand fantasme de la littérature d'outre-Atlantique !
Loin d'avoir fait le tour de la question, Lehane a entamé la rédaction d'une suite thématique 
à la manière de Ken Follett ( Un monde sans fin suivant Les Piliers de la Terre, La chute des Géants précédant L'hiver du monde), Live by Night, que Ben Affleck a déja annoncé comme étant sa prochaine réalisation après Argo.

Il y a bien longtemps qu'un roman ne m'avait plus autant marqué. Ils sont extrêmement rares à avoir su s'imprimer aussi profondément en moi. Et "Un pays à l'aube" a pris la place d'honneur parmi les livres dont je garde un souvenir impérissable et dont la relecture s'imposera à moi comme une évidence élémentaire, un besoin viscéral de me replonger dans l'histoire d'un lieu à une époque donnée il y a presque un siècle et un besoin de continuer encore et encore de tenter de comprendre pourquoi l'humain, malgré toute sa splendide complexité, a si peu évolué depuis le siècle dernier.Pourquoi le monde file plein gaz vers sa sombre fin.
Et pourtant, au milieu des ténèbres de la vie, surgit encore une lueur réconfortante et qui réchauffe le cœur. Et si vous avez la chance de l'apercevoir et de la sentir, alors il ne faut surtout pas la laisser passer. Mais cette lueur qui peut apparaître, elle est de la même essence aujourd'hui qu'à l'époque...tout comme l'Amérique qui n'a pas vraiment changé depuis ce temps-là. Et si du point de vue littéraire le constat est des plus brillant, d'un point de vue humain le constat est des plus amer.

lundi 4 avril 2011

Fucker Punch !

Il y a un peu plus de 6 mois débarquait sur la toile et dans les salles la bande-annonce du nouveau film de Zack Snyder ( 300, Watchmen): Sucker Punch ( qu'on pourrait traduire par " coup en traître,par derrière, un coup bas).

Une bande-annonce qui a fait baver des millions de personnes tant elle était riche de promesses visuelles d'abord : un vrai fantasme se jouait devant nos yeux, Snyder semblant avoir régurgité tout l'univers et les références de la culture de l'imaginaire (d'Alice au pays des merveilles en passant par Sailor Moon, Donjon&Dragons et les jeux vidéos) nos conviait à un voyage auquel "on ne serait pas préparé" (dixit l'accroche de la bande-annonce). Ensuite,savoir que pour la première fois le réalisateur partait de rien (comprendre : n'adaptait pas ou ne remakait pas une histoire déjà existante) faisait tourner les neurones de la curiosité. En plus d'être un habile technicien (usant un peu trop souvent du ralenti c'est vrai), Snyder allait-il en plus démontrer un savoir faire d'écriture ?

Babydoll est une jeune fille qui suite à un drame se retrouve dans un asile d'aliénées. Son beau-père étant un salopard de premier ordre, elle a 5 jours avant qu'on ne vienne la lobotomiser pour qu'elle ne révèle jamais ce qu'elle sait sur le compte du gros porc qui avait épousé sa mère…Une seule solution : la fuite, et pour fuir elle commencera d'abord par fuir dans son imaginaire où elle se retrouve enfermée dans un bordel des années 50-60 avec d'autres filles dans le même cas. Sa tentative d'évasion ne se fera pas seule. Et à chaque épreuve dans le bordel, son imagination la conduira encore plus profondément dans le monde du phantasme. Oui vous l'aurez compris, Snyder ,avant de travailler avec Christopher Nolan sur le prochain Superman, a voulu faire son "Inception" à lui ! Et là où Nolan puisait dans ses obsessions et son goût pour l'espionnage et les films policiers, Snyder lui puise dans ses goûts pour les jolies filles, les mangas, les comics et les jeux vidéos ! Tout ce qu'il trouve cool (que ça le soit ou pas, ça dépend de vous, c'est subjectif après tout).

Bon sang, mais c'est Bunny,l'héroïne de Sailor Moon ça,non ?

La première séquence du film est une séquence muette. Toutes les émotions, les informations nécessaires à la compréhension passent par le jeu des acteurs, la façon de filmer, le montage, la musique ( la reprise de Sweet Dreams chantée par l'actrice Emily Browning et réarrangée par Tyler Bates le compositeur habituel de Snyder et par Marius De Vries). 5 minutes d'anthologie absolue, à tel point que l'irruption de dialogues dans le film est perçue comme choquante, dérangeante (et cela aurait été pareil si ils avaient été de qualité ces dialogues…). Et après, tout dérape. Après avoir démontré un savoir faire de metteur en scène et de technicien brillant, Snyder abandonne ses acteurs et ne chouchoute plus que sa caméra (j'y reviendrai) ! Il faut dire, pour sa défense, que vu le niveau de certains on comprend qu'il n'ait pas voulu tenter de tirer quelque chose de bon. Les rôles de Blondie et Amber étant interprétés à la "va-comme-j'te-pousse" par Vanessa ''High School Musical" Hudgens (le CV nous a tout dit) et par Jamie Chung (bombe anatomique de Dragon Ball Evolution) qui au moins est plaisante à regarder (oui là je passe pour un un macho qui matte, mais le cinéma est un art visuel aussi, et quand on s'emmerde faut bien passer le temps). Les bons acteurs comme Oscar Isaacs ( Agora, Robin Hood) ou Jon Hamm ( Mad Men, The Town) sont quant à eux sous-employés alors qu'ils bénéficient des lignes de dialogues les plus" soignées" .

Son scénario est d'une vacuité extrême. Aucun des personnages n'a vraiment de background et quand ils en ont celui-ci est expédié en 4 lignes de dialogues mal torchées en plus ! Impossible donc de vraiment s'en faire pour nos héroïnes et quand on se fout des personnages et de ce qui peut leur arriver alors la notion de suspense disparait aussi tôt ! Amanda Seyfried, qui devait initialement jouer Babydoll a eu du nez de quitter le navire.

Pour sauver les meubles il reste cependant plusieurs choses à se mettre sous la dent : le visuel et le travail musical de Tyler Bates et Marius De Vries.

Les images sont léchées, que cela soit dans les moments calmes ou les pures scènes d'actions, le directeur photo fait un travail de rendu remarquable, comparable à l'image de " Watchmen ". Un plaisir pour les yeux. Ensuite l'esthétique générale a été travaillée : les costumes, les décors, les gadgets, tout est beau et référentielle à la culture geek. Le travail de réalisation ensuite est époustouflant, les séquences d'action étant chacune un bijou d'orfèvrerie…et pourtant là aussi il est difficile de rentrer dedans, encore une fois à cause du scénario : une pièce d'orfèvrerie mécanique ne dégage pas de vie. Et je doute que la version longue du futur blu-ray (16 minutes en plus) n'arrive à arranger le constat !


Pourtant chaque séquence tente d'imposer un style différent (sans renier les autres,un style prend le dessus mais les autres restent derrière) et de diversifier les approches. De ce point de vue là Snyder gère bien son film : si son style de réalisation est identifiable, il faut noter que le rythme d'une séquence et la façon de gérer les effets changent en fonction du style , la partie Science-Fiction bénéficiant à mon sens du plus grand génie visuel déployé sur le film : la caméra jouent avec les reflets, virevolte plus en 5 minutes que dans toute la trilogie Matrix, les ralentis sont soudain compensés par une accélération et la scène reste lisible. Snyder connait tous les trucs et le prouve. On a presque frôlé l'arnaque totale quand même. Presque car au final on se retrouve avec l'un des meilleurs jeux vidéos de l'histoire du cinéma, le plus frustrant restant qu'on a pas le droit d'y jouer !!



Quant au travail musical, en plus d'une bande-originale assez passe partout (elle accompagne bien les images mais une fois sorti de la salle,on l'a oubliée) on retrouve des reprises de quelques titres (Sweet dreams comme je le disait plus haut, mais aussi Army of Me de Björk,toujours réarrangés par le duo de compositeurs et ou encore un mix hallucinant et halluciné de divers titres de Queen.).Cela confère presque une aura de " comédie musicale " undergroud et souffrant de crise de personnalités multiples à l'ensemble. L'idée de reprendre ainsi des chansons et de les réarranger pour former un morceau complètement adapté au film fait penser à "Moulin Rouge" mais l'idée reste très bonne en soi ! Ma référence au film de Baz Luhrmann n'est pas fortuite, De Vries ayant travaillé sur celui-ci et le précédent du réalisateur australien : Roméo & Juliet. Autant se payer celui qui a travaillé le concept quand on reprend une idée,c'est une marque d'intelligence de savoir s'entourer après tout!


La déception face à ce film est d'autant plus grande que la bande-annonce, en plus de nous en mettre plein la vue et de balancer des promesses ( à moitié tenues,et je suis généreux), avait donner envie de l'aimer avant même la projection!

[edit] : Une théorie,intéressante au demeurant mais à mon avis capilotractée, circule sur le net, et plus particulièrement ici. Attention cependant, si vous n'avez pas vu le film il est inutile de vous lancer dans la lecture de la-dite théorie. Mais cela apporte de l'eau à mon moulin : si vraiment Snyder a tenté de réussir ce coup-là,alors il s'est royalement planté ! Confortant encore mon idée qu'un vide scénaristique ne peut en aucun cas accoucher d'un intérêt pour les personnages et ce qu'ils pensent/ressentent/imaginent ! J'ai du mal à croire qu'avec un synopsis comme celui-là il n'ait pas su dégoter un scénariste chevronné pour développer le scénario. De plus après avoir adapté des comics comme 300 ou Watchmen et traîné des heures durant au Comicon je pense qu'il a du rencontrer quelques scénaristes de comics non ? Grant Morrison ou Warren Ellis là-dessus et je suis intimement persuadé que j'aurais fait dans mon pantalon...voir même dans le pantalon du voisin !!! Si dans un univers parallèle une telle chose s'est produite, alors j'espère qu'un jour ils m'enverront une copie!!!!

Le prochain Superman est entre de bonnes mains: Snyder va éblouir nos rétines, le scénario est confié à des vrais professionnels ( David Goyer et surtout Jonathan Nolan, le frère de Christopher et coscénariste de The Dark Knight!) et les acteurs déja castés semblent intéressants ! Vivement décembre 2012 !!

samedi 2 avril 2011

Le Cinéma c'est l'écriture moderne dont l'encre est la Lumière...


Courant du mois de janvier, une amie me fait part de la citation de Georges Duhamel comparant le cinéma comme rien de moins qu'un "amusement d'ilotes, un passe-temps d'illettrés! ". Pris par le temps, les cours et de multiples œuvres à lire, à écouter ou à contempler (et parfois même à chroniquer), j'ai laissé le temps passer. Mais sans jamais oublier cette affirmation provenant d'un écrivain. Un être supposément instruit. Si chaque être humain sur cette planète a le droit d'avoir une opinion (à défaut que chaque être humain puisse l'exprimer librement), en tant que cinéphile mais aussi dévoreur de pages devant l'éternel (quel qu'il soit) je ne peux que me sentir visé et méprisé par un homme qui ne me connait même pas. Et malgré mon envie violente de laisser mes émotions parler (et on sait que lorsque je le fais, je ne suis pas des plus polis, cfr cet article) , je vais tenter de contre-argumenter cette déclaration de façon posée, réfléchie et logique.
Mais avant toute chose penchons sur le contexte de cette déclaration publiée dans " Scènes de la vie future". Il s'agit d'un ouvrage publié en 1930 et qui s'inspire du voyage de Duhamel aux USA en 1929. Voulait-il parler des américains en particulier lors de cette sortie ? Et d'ainsi participer à cette grande cause qui consiste machinalement à considérer nos cousins d'outre-Atlantique comme de parfais imbéciles sans aucune culture ni éducation ? Hemingway était américain et a reçu un prix Nobel de littérature. Et il n'est qu'un exemple parmi tant d'autres . J'imagine qu'il lui est arrivé d'aller au cinéma de temps en temps. Si c'est le cas, Mr Duhamel considère donc le brave Ernest comme un ignare. J'avoue user d'un syllogisme assez frappant mais il n'est pas interdit au syllogisme d'être parfois d'une logique implacable!
Ensuite, prenons la peine, non, le temps (car s'instruire n'est pas une peine) d'ouvrir un dictionnaire (dans ce cas précis le Larousse 2006) pour clarifier (au cas où) la signification d'illettré et d'ilotes… je tiens juste à signaler avant même d'ouvrir ledit ouvrage que je sais déjà que si j'étais illettré je n'aurais aucune chance de lire les définitions.
ILLETRÉ : adj. et n.1 Qui ne maitrise ni la lecture ni l'écriture. 2 Qui n'est pas lettré, inculte.
ILOTE : n.m 1 Hilote: esclave d'état à Sparte. 2 Homme réduit au dernier degré de misère, de servilité ou d'ignorance.
Tout ceci n'est certes guère reluisant mais force est de constater une logique dans ses propos : sans éducation de l'écriture et de la lecture il vous sera dur de percer dans le monde du travail et vous risquez donc en effet de vous retrouver dans la misère. Au moins son discours ne se contredit pas. On peut sans doute le décoder comme suit : "le cinéma est un plaisir de masse et il est de notoriété publique que la masse est un mouton de Panurge."
Maintenant que diverses bases sont posées, entrons dans le vif du sujet.
De tous temps, l'homme a tenté de représenter son environnement, ses pensées, ses rêves. Des chevaux de Lascaux aux visions futuristes de Spielberg…en passant par le dessin au départ, et lorsqu'il inventa le langage, l'homme trouva un autre support : les mots ! Pas une évolution ( du moins pas dans le sens artistique), un ajout (et quel ajout j'en conviens)! Avec les mots viennent les concepts, avec les concepts viennent des idées de plus en plus précises, de plus en spécifiques et explicables,les associations d'idées... Les mots sont devenus symboles sur une page, les dessins sont devenus peintures sur une toile, photos dans un cadre… images en mouvement sur une toile (quoique : illusion de l'image en mouvement soit plus juste).
figure 1 :l'homme peint ce qu'il voit.
figure 2 :l'homme peint ce qu'il imagine.
Le cinéma est pourtant un vivier artistique et littéraire. Un véritable agglutinement de différents arts préexistants et que faire coexister est un art à part entière! Cela va de la photo (le cinéma ce n'est que la projection de 24 images par seconde pendant près de deux heures, c'est la persistance rétinienne qui donne l'illusion du mouvement comme je le disais plus haut, un tour de magie optique, un tour de saltimbanque ? D'ailleurs le directeur photo sur un film donne sa texture à l'image comme un photographe préparant son cliché), au dessin (tant et tant de croquis pour les story-board, les décors, les costumes, les concepts, etc…), en passant par la musique ( l'art qui parle sans mot ni illustration visuelle, faisant vivre nos émotions jusque dans nos inconscients). Au niveau de l'art graphique l'on peut même rajouter l'infographie qui est un élément récurrent avec l'avancée des effets spéciaux. Et aussi la littérature. Je le faisais remarquer dans cet article, mais pour faire un film il faut un scénario.
story-board de Matrix.
story-board de Underworld.
story-board de L'attaque des clones.
l'infographie au service du rendu final du film.

Un morceau de musique, composé spécialement pour un film.
Un scénario cela s'écrit n'en déplaise au copain Georges ,or Neil Gaiman (romancier mais aussi scénariste télé,ciné et BD ) déclarait qu'il était infiniment plus aisé d'écrire un roman qu'un scénario. Paradoxal ? Pas vraiment: un bon auteur agencera sa description suffisamment intelligemment et avec de bien belles métaphores pour que l'imagination du lecteur fasse le reste et comble les manques de détails. Un scénario doit être plus spécifique pour que le rendu sur la planche ou sur l'écran corresponde parfaitement à la vision du scénariste. Voila déjà un point qui parle en la faveur de ceux qui font le cinéma. Et un scénario, n'est-ce pas une sorte de livret d'une pièce de théâtre ? Un art visuel également…et pourtant les adorateurs de Molière ou de Shakespeare n'ont pas droit aux insultes.
Et ce scénario, ce livret moderne, il faut le jouer : tenir et interpréter un rôle n'est pas donné à tout le monde, c'est tout un art et des plus respectés.Et il faut également le faire jouer. Le réalisateur se doit donc d'être metteur en scène,de diriger ("to direct") ses acteurs. Ce n'est pas pour rien que les anglophones parlent de " director" pour parler d'un réalisateur. Ce faisant, ne place-t-il pas ,même inconsciemment,la mise en scène plus haut que la virtuosité technique dans le maniement de la caméra ?
Et enfin,ce scénario peut aborder tous les sujets et tous les genres, comme le peut la littérature ! Et comme la littérature, les histoires racontées par le cinéma peuvent être enrichissantes et développer des idées,des concepts, faire se questionner le spectateur,...( Matrix et Inception ne posent-ils pas la question " où est la réalité ? ". Mieux que ça, pouvez-vous me prouver là maintenant que nous ne sommes pas dans la Matrice ?).
Steven Spielberg derrière sa machine à écrire.
deux pages d'un scénario.
un acteur (Heath Ledger) , interprétant un rôle.

Ceux qui s'amusent à aller au cinéma ne sont certes pas souvent conscients du travail effectué. Mais cela en fait-ils des illettrés pour autant ? Et ceux qui vont voir leurs films en V.O sous-titrées alors ? Ou des esclaves ? Des esclaves de qui au fait ? Voila un moyen d'expression qui transcende les classes. Que vous soyez riches ou pauvres, face à un film ne sommes-nous pas tous égaux : tous spectateur d'une réalité qui n'est pas la nôtre ? Que le film soit d'une bêtise abyssale ou d'un niveau de réflexion supérieur et nécessitant un engagement intellectuel de la part du spectateur ne semble rien changer pour Duhamel car il met tous les spectateurs au même niveau et donc tous les films au même niveau. Mais pourquoi ? Sans doute à cause de cette croyance absurde que les mots sont supérieurs à l'image! Pourtant un homme qui par son instruction et son travail acharné dans son apprentissage n'a-t-il pas dit un jour "Un dessin vaut mieux qu'un long discours ! " ? Cet homme s'était Napoléon Bonaparte. Et il n'est pas arrivé là où il était en étant inculte ! (bien que certaines rumeurs le disent en guerre contre l'orthographe).
Un dessin vaut mieux qu'un long discours...et pourtant "il écrivait des lettres bouleversantes à Joséphine devant Moscou qui brûlait" .
Bien sûr, le cinéma de par son accessibilité et sa surexposition a aujourd'hui une place centrale dans le monde artistique, et il serait faux de nier que c'est grâce à l'image en mouvement,le mouvement qui capte le regard de l'homme. Mais l'image en mouvement n'est - elle pas une extension métaphorique de la littérature au final ? Car une image en mouvement est changeante de nature, comme les pages d'un livre qui ne sont jamais identiques.Comme les mots qui courent sur des pages blanches et qui ,bien que fixes, s'effacent alors que nos yeux glissent vers leurs voisins de lettres et d'encre noir !
De plus, comme tous les arts, le cinéma a une histoire. Riche, très riche pour un moyen d'expression pourtant relativement récent comparé à ses grands frères. Et la retranscrire ici serait certes très intéressant mais également terriblement long. Sachez seulement que les frères Lumières ne sont pas la seule genèse de cet art et que c'est Georges Méliès qui réalisa le premier ce que cette nouvelle invention pouvait apporter à l'art visuel. Comme tous les arts il peut être décortiqué, analysé, débattu : on écrit des livres sur le cinéma et les réalisateurs : preuve en est que le cinéma peut donner naissance à des livres entiers et pas juste à une phrase toute simple dont les vers assassins n'empoissonnent qu'un peu plus l'âme de celui qui les a écrits! Et nourrissent la révolte de celui qui y répond !
Attention cependant,le livre "100 ans de cinéma" ne parle pas de cinéma, il s'agit d'une rétrospective sur le football italien !


En assénant cette phrase comme une vérité absolue, Duhamel tente de faire du cinéma un art bas de gamme. Mais les arts sont par essences poreux. Ils assimilent et laissent filer de la substance. Ce faisant ils imprègnent aussi bien nos esprits avides que leurs divers cousins artistiques. Ils se croisent, s'influencent, s'interconnectent et tentent désespérément de cartographier les aspirations, les craintes, les joies, les angoisses, les folies, etc…de l'être humain. Les arts sont donc sans fin et sans frontières. Et tenter d'en imposer un par rapport à l'autre, de les classer par valeurs est un acte d'une immense bêtise indigne d'un être supposément lettré et ouvert d'esprit! Bien entendu, sa déclaration vise plus le public que le cinéma lui-même, une porte de sortie sans aucun doute. Le but de tout art est de provoquer une ou des émotions. De faire vibrer le récepteur d'une quelconque manière. Et que ce qui est provoqué sont positif ou négatif, le but aura été atteint, faire ressentir des émotions. Toutes les formes d'arts en sont capables, toutes méritent donc une place égale (d'un point de vue humain par contre il est évident que chacun en fonction de ses ressentis et affinités effectue un classement des arts qu'il préfère aborder). L'art quel qu'il soit ne doit pas être réservé à une élite, ce n'est pas comme ça que l'on peut tirer les humains vers le haut. Si ce sont toujours les mêmes et leurs descendants qui s'élèvent alors il n'y a aucune amélioration de la condition humaine de possible.En traitant les amateurs de cinémas d'illettrés, Duhamel glorifie l'élite littéraire sans même comprendre qu'il la discrédite.
Si des illettrés et des pseudo-ilotes se rendent sans aucun doute au cinéma (et je ne parle pas forcément des hordes de sans-gênes qui envahissent de plus en plus nos salles…on peut avoir un cerveau et aucune manières correctes), ils ne constituent sans doute pas la majorité des spectateurs. Et même si c'était le cas, le déferlement constant sur l'écran de la somme de divers arts, et leur intérêts même bas pour ceux-ci une fois en dehors de la salle, n'est rien d'autre qu'une ouverture artistique dont les gens n'ont sans doute pas conscience mais qui les fait néanmoins rentrer dans un monde emplit de ce que l'homme fait de plus beau. Et qui ne les laisse pas indifférents.
De nos jours cependant, le discours envers le cinéma s'est fait bien moins violent de la part des écrivains. Parce qu'ils ont évolué pour la plupart directement dans un monde où il existait peut-être ? Pas forcément, car la BD aussi fait partie de leur monde et c'est elle qui est la cible le plus souvent des bien-pensants dont le regard sur les lecteurs de cet art est le même que celui que Duhamel avait sur les spectateurs adeptes des salles obscures. Je ne suis pas un illettré, et j'aime à penser que je ne suis pas totalement inculte (mais face à l'ensemble des connaissances humaines je m'incline humblement devant certains)… et si je suis l'esclave de quelque chose, c'est de mon amour pour le cinéma, la lecture, le Louvre, les dessins de quelques époques que ce soit du moment qu'ils provoquent en moi un sentiment plaisant, la photo ( de celle que je prends à celle que j'admire ou qui m'interpelle), la musique et les chansons…et de tant d'autres choses qu'il me reste et me tarde de découvrir.
Pour conclure,rendons à César : le titre est une citation de Jean Cocteau : cinéaste...et écrivain!

nb : quelques uns de mes films de chevet : Rencontre du 3me type,1941,Les aventuriers de l'arche perdue, The Fountain, Matrix, Inception, The dark knight,Porco Rosso,Blade Runner, Alien,Aliens,Agora,Garden State,Les poupées Russes,L'Empire contre-attaque,Kill Bill, Pulp Fiction,Retour vers le futur,...