Il y dans le monde, une fracture. D'un côté le cinéma, souvent reconnu à part entière comme un art et de l'autre la Bande-dessinée, art également mais ô combien souvent rabaissé, comme si son statut d'art lui avait été attribué par un malheureux incident culturelle que la pseudo-élite intellectuelle tente par tous les moyens de corriger ( enfin, d'imposer sa vision de la chose serait plus juste). Comme si le cinéma (et encore,d'auteur ! avec tout ce que cela évoque de chiant,parceque le cinéma d'auteur et de grand spectacle n'existe pas parait-il….et Inception c'est quoi ? Un mirage ?) incarnait la quintessence absolue en matière d'art séquentiel.
Prenons cette notion d'ailleurs, "art séquentiel". Il s'agirait donc d'un art divisé en séquence. Le cinéma est de l'art séquentiel puisqu'un film se compose de plusieurs scènes (elles-mêmes subdivisée en plusieurs plans!). La BD suit la même logique en étant formée de plusieurs cases.
Pourtant,cette dernière est victime d'assauts répétés et vindicatifs de la part de bien des gens,de tous horizons ou classes sociales d'ailleurs. Dès notre jeunesse,à l'école, lorsque le prof de français demande la voix pleine d'espoir "qui lit dans la classe ?", ne s'empresse-t-il pas de rajouter ,souvent avec un air de dédain voire de dégout "mais pas des Bande-dessinées,hein!". Comme si les mots contenus en ces pages étaient plus indignes, moins profonds ou recherchés que dans un sacro-saint roman. L'attaque en règle contre ce médium est lancée dès que nos cerveaux sont encore maléables et attentifs à ( presque) tout !. Et peu de résistance se forme. Un art au rabais,voila comment la BD est cataloguée par nos maîtres d'écoles (enfin pas tous, heureusement ! Mais on n'en croise pas assez qui la défende!). Au pire la BD est considérée comme une sous merde artistique,un art qui n'a d'art que le nom et qui ne devrait pas exister. Au mieux,elle est perçue comme un passe-temps enfantin et infantile (infantilisant même!) et ses lecteurs sont soit vus comme de grands enfants soit carrément des débiles mentaux incapables sans aucun doute de lire un "vrai livre!". Et si déja la réaction de rejet envers le format franco-belge est assez grande,regardez un peu comment elle se traduit quand il s'agit d'une bande-dessinée venue des États-Unis ou du Japon. Pour elles, l’autodafé n'est pas loin tant elles sont méprisées tournées en ridicule et j'en passe.Comme si notre Bande-dessinée était tolérée parceque "Après tout,au moins ce sont des européens qui travaillent dessus" .
À contrario, le fait d'être cinéphile attire souvent l'attention plus ou moins admirative des gens. Pourtant,voila un art qui ne demande que peu d'efforts de lecture (à part les films sous-titrés,mais est-ce que ça compte ?). Accessible à tous ( une place coute moins qu'un bouquin),le cinéma est devenu le médium de masse par excellence. De quoi rebuter l'élite pour qui la masse n'est que le rebus humain qui peut servir à faire tourner les imprimeries. Et pourtant,scrutez bien cette élite autoproclamée maitresse du bon goût! Elle défend becs et ongles cette invention prodigieuse qu'est le cinéma (et bon je ne vais pas lui jeter la pierre,je suis cinéphile après tout). Souvenez vous de l'élan de soutien pour Roman Polanski uniquement parcequ'il est cinéaste (combien de ses "avocats" ont eu entre leurs petites mains le dossier de l'affaire ? Sans doute aucun)! Aurait-on vu pareil mouvement pour Zep ? Midam ? Jean Van Hamme ? Frank Miller ? J'en passe et des meilleurs ! Permettez-moi d'en douter fortement. Voila donc que ce cinéma,pointé du doigt comme l'un des coupables de la désertion du public des librairies, est défendu par des acharnés (oui oui,quand on défend cet art plus que je ne le fais c'est de l'acharnement!!!) qui n'arrivent plus à vendre leurs livres (mais suis-je donc le seul à penser que ce n'est pas de la faute du ciné et de la télé mais bien de la pauvreté de leur plume ?). Il y a là comme un paradoxe effarant.
Car en effet,si défendre le cinéma est plus que louable,il faut mettre en exergue le fait que les littéraires ont pourtant plus d'affinités avec la BD au final : ne fut-ce que par la présence de mots,de phrases! C'est un art écrit tout autant que visuel. Et pourtant la majorité cherche à dénigrer, mystifier cet art qui repose sur les mêmes bases que celui qu'elle défend si souvent.
Pour faire un film ou une bande-dessinée, il faut tout d'abord un scénario. Un scénario ça s'écrit. C'est un exercice plus périeux qu'il n'y parait : on n'y retrouve pas que des dialogues mais aussi (comme dans un roman) des descriptions (de geste, d'humeur, de décors…) mais sans les grandes envolées littéraires (et encore..).
Ensuite,il s'agit de le mettre en images ce scénario. Que cela soit au moyen d'une caméra ou d'un crayon,le problème reste le même : il faut penser à rendre la case/le plan compréhensible. Et faire en sorte que la case/le plan suivant(e) soit suffisamment lisible pour lui-même mais aussi qu'il assure la lisibilité et la fluidité de la transition. Un casse tête auquel est autant confronté le cinéaste que le dessinateur.
Ces deux arts ont donc le même terreau, les mêmes bases et pourtant sur l'échelle de l'appréciation ils sont situés à des extrémités différentes. Illogique. Incompréhensible. Irrécupérable ?
J'en vois déja qui se demandent pourquoi j'ai choisi Spirou et pas Tintin pour illustrer cet article sur la défense de la BD (surtout qu'en plus je suis Belge). Et bien c'est tout simplement parceque je n'ai jamais eu d'affinité avec Tintin. J'ai lu ces albums une fois et ça me suffit...alors que Spirou me plait toujours autant après moult et moult relectures(enfin,surtout ceux de Tome & Janry,la série étant finie dans mon cœur depuis que l'odieux "Paris sous Seine" est paru....)
4 commentaires:
C'est vrai qu'il faut toujours "se défendre" lorsqu'on dit lire des BD. Perso, quand les gensapprenne que je bosse sur un site qui parle de comics, le premier truc auquel ils pensent, ce sont les super héros. Et là, faut toujours leur dire "Mais non, tu vois, c'est pas que ça..." Tout en défendant les super-héros qui sont vus de manière assez manichéenne. Le must restant les gens qui te sorte qu'à la limite, ils préfèrent Batman parce que lui au moins, il est plus sombre. Sûr que les autres ce sont tous des tintins ! Spidey qui est enterré vivant pendant deux semaines pendant la dernière chasse de Kraven, Iron Man qui était alcoolique, Wolverine qui tue à tour de bras et de griffes.
Et puis, c'est bizarre cette image "pour enfant". Alexandre Astier s'est vu demander par Morandini si sa BD de Kamelott était pour les enfants. Et lui qui répond "pas seulement". Faut être un gamin pour aimer quand des images accompagnent le texte, mais quand ça bouge à la TV ou au ciné c'est bon, c'est de la vraie culture... C'est effrayant.
La défense s'est terminé...maintenant on passe à l'attaque !!! On spoil Waling Dead (la série TV pour commencer,mais pas trop,juste assez pour que les gens soient forcés de prendre le comic tellement ils seront spoilés jusqu'à un cliffhabger de folie!!!!).
Ensuite,on infiltre les ministères de l'enseignement,et on mets un ou deux albums de spirou au programme.Et on leur fait étudier "fables" en littérature classique!!!!
Dans le style, j'ai essayé d'expliquer Asterios Polyp pour montrer aux gens que les comics, c'est varié. Même si ça n'en est pas un, Mazzucheli est quand même un dessinateur de comics... Eh Bah, je me suis rendu compte que c'était vraiment compliqué comme concept pour le coup... ^^
Il me fait de l'œil chez mon revendeur préféré celui-là...mais je ne me suis pas encore décidé à le prendre et pourtant... Mazzucheli quoi !!!
Non mais en général pour leur perler comics sans super-héros autant commencer par " Y " ou " Walking Dead"...voir "Preacher" tiens. Et de là aller vers des choses moins "fantastique" peut-être...
Remarque j'ai la chance de ne pas avoir de remarques (redite là lol) de mon entourage (même si mon paternel devant mon t-shirt batman m'a demandé si je retombais en enfance...ça m'a tué parceque quand je porte du Corto Maltese j'ai pas ce genre de réflexions!!). Et l'un de mes anciens profs (devenu un ami depuis) partage ma passion de la BD (ce qui me fait dire que tout n'est pas perdu dans l'enseignement...malheureusement il ne donne pas cours de français mais de math, difficile de faire lire les élèves du coup :p ).
j'ai parfois l'impression que le combat est perdu d'avance...que jamais la BD ne sera reconnue à sa juste valeur. Pourquoi les gens insensibles à un médium veulent-ils toujours le rabaisser et faire passer ceux qui y sont sensibles pour des débiles (ou autres joyeusetés hein,un amateur d'art est traité de PD très souvent).
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