vendredi 17 décembre 2010

Ceci n'est pas un conte de fée...enfin presque pas...


Il existe, en plein cœur de New York, un quartier à l'intérieur d'un quartier. Ses habitants formant une communauté si pas soudée, au moins unie par une histoire commune.
Ils se nomment eux-mêmes les "Fables". Et leur quartier "Fableville". 


Ils sont là depuis avant que Nieuw Amsterdam ne devienne New York. Et ils n'ont pas changé depuis. Car les Fables ne sont pas de vulgaires communs, non ILS sont d'une nature que l'on serait tentée de qualifier d'irréelle…de magique! Au cœur de notre monde, vivent ces étranges personnages que nous connaissons pourtant tous instinctivement car ils proviennent de nos contes de fées (mais qui est apparu en premier ? les Fables ou nos contes de fées ??). 

Il y a des siècles, passant d'un royaume magique à un autre, une armée conquérante proclamant obéir à l'Empereur a pris possession de leurs terres. Certains ont réussi à s'échapper et à passer dans notre monde, un monde sans magie et donc sans grand intérêt pour l'Adversaire (ainsi nomment-ils l'Empereur).

Lors de leur arrivée, un article d'amnistie a été instauré pour que les "vilains" puissent vivre avec les "bons". L'union fait la force et face à l'Adversaire,tous sont logés à la même enseigne. Bannis, exilés de leurs royaumes, les Fables doivent donc faire front commun s'ils veulent survivre. C'est ainsi que l'on peut croiser une vieille sorcière qui habitait autrefois dans une maison en pain d'épice se promener ou encore apercevoir un noble ,ayant tué ses femmes, vouloir se remarier…

Pour gérer tout ce beau monde, Blanche-Neige (maire adjointe mais véritable tête pensante de la communauté) a eu l'idée saugrenue mais géniale de faire appel à un être particulier pour devenir le Shérif. Une créature qui jadis lui a sauvé la vie face aux hordes de l'adversaire,faisant fi de ses instincts pour s'en prendre à ceux qui troublait son territoire : Bigby (Big B) Wolf …Big Bad Wolf : le grand méchant loup ! 
Pour une raison obscure, le plus grand prédateur des royaumes (maintes fois défait mais jamais éliminé...d'ailleurs, a-t-on jamais entendu reparler du bûcheron qui a sauvé le Petit Chaperon rouge ?  ) a accepté de se laisser faire prendre forme humaine et de suivre Blanche pour surveiller tout ce petit monde. 

Mais Bigby ne s'est pas laissé domestiquer et il reste sans doute la personne la plus dangereuse pour qui s'en prendrait à lui ou au calme de la communauté (en comparaison, Wolverine pris d'une rage meurtrière n'est qu'un chaton dont les griffes sont molles). Il y a néanmoins un endroit dans lequel Bigby a interdiction de mettre les pieds (ou les pattes,c'est vous qui voyez) : la Ferme. 
La Ferme est l'endroit ou l'on cache les Fables n'ayant pas su ou voulu prendre forme humaine…inutile de dire qu'un cochon parlant ou un dragon ça ne passerait pas inaperçu,et que dire d'un tigre ou d'une panthère noire connaissant Kipling ?

Un zoo doré mais zoo quand même…et depuis des siècles, le manque de liberté commence à gangrener certains esprits,ce qui pourrait conduire à une révolte…mais ils en parlent depuis tellement longtemps que personne à Fableville n'y accorde le moindre intérêt. Erreur fatale ??


Lorsque l'histoire commence, Bigby doit enquêter sur la mort présumée de Rose-Rouge, la jumelle de Blanche-Neige (oui oui,c'est Disney qui l'a écartée de l'histoire que l'on connait tous…). Une enquête policière digne d'un polar des années 50 (Bigby a d'ailleurs tout du détective typé : cigarette au bec, imperméable usé, chemise sans cravate…mais pas de chapeau! Et un caractère bourru qui cache sans doute un gros cœur…pourquoi et comment alors est-il devenu ce monstre tant redouté? Réponse un jour prochain).

Et un coup de maître puisqu'ainsi Bill Willigham (le scénariste) à un prétexte pour passer en revue tout ce petit monde (de ses personnages à ses coutumes en passant par ses caractéristiques atypiques) sans jamais alourdir le récit. Simple, efficace, redoutable. C'est l'une des grandes forces de ce comic book : se rattacher à divers courants. Une enquête de police, des intrigues politiques, amoureuses, de l'espionnage même ! Tous ses gens vivent un peu comme nous et possèdent les même défauts et qualités de l'âme. Et derrière tout ça, en filigrane , se tisse la toile principale : la guerre contre l'Adversaire. 
Mais Willighman prend son temps,faisant évoluer ses personnages et ses situations,profitant de chaque zone trouble existant dans nos contes (comme le Prince Charmant…époux de Blanche…avant de divorcer et d'épouser Cendrillon,etc….il est aujourd'hui célibataire mesdames mais prenez garde qu'il ne vive à vos crochets!) pour bétonner son histoire et dramatiser son intrigue (tout en oubliant pas une bonne dose d'humour),cette approche rappelant celle de Joss Whedon (Buffy,Astonishing X-men,…) avec qui il est malheureusement en brouille …mais c'est une autre (et bien triste) histoire.

"Fables" est sans aucun doute ce qui est arrivé de mieux aux comics ces dernières années. Une BD bourrée de références (of course) mais jamais lourde ou pontifiante. Un régal pour l'esprit que les dessins de Mark Buckingham (et bien d'autres) et les couvertures de James Jean rendent appétissant pour les yeux. Ce n'est pas pour rien que cette série a déjà reçu 12 Eisner Awards (l'équivalent des Oscars pour le monde du comic).

Il existe,en plus de la série en elle-même un hors-série,1001 nuits de Neige. Cet album un peu à part mêle récit romanesque et bande-dessinée. l'on y apprend divers secrets entourant l'univers des Fables,le tout sous l'égide bien sûr de Bill Willigham et de divers artistes. Un supplément vraiment indispensable qui trouve sa place dans ce monde magique et merveilleux.

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