dimanche 31 juillet 2011

Mythologie comparée.

Quels sont les points communs entre les super-héros et les mythologies d'antan ? Y en a-t-il seulement ? Aux premières heures de ce blog j'avais déjà tenté avec mon pauvre style de l'époque de mettre en lumière les parallèles existants. Voir un ouvrage sérieux sous forme d'essai traiter du sujet (et accessoirement ne pas me faire passer pour une sorte d'illuminé) ne pouvait que me remplir d'aise. L'ouvrage en question "Mythe et Super-héros " (éd.Moutons éléctriques) ,écrit par le scénariste de BD et traducteur de comics Alex Nikolavitch, laisse pourtant un goût d'inachevé. Mais n'en reste pas moins un livre conseillé. Explications !

Il faut sans doute remettre en contexte ma lecture. La mythologie comparée est un de mes sujets de prédilections depuis 1997. À cette époque, Georges Lucas venait de ressortir au cinéma la première trilogie Star Wars et le LucasFilm Magazine ( qui allait devenir Star Wars magazine par la suite pour plus de visibilité …et s'est éteint il y a quelques années) soufflait quelques idées dans ses articles encore approximatifs sur les influences de Lucas. Fan absolu, j'ai donc commencé à m'intéresser au sujet, de fil en aiguille j'ai été initié à la théorie du mono-mythe de Joseph Cambell. Et en 1998 j'achetais mon premier comic book. Il n'a donc pas fallu longtemps pour qu'un fil des mois je subodore que là aussi, les influences mythologiques avaient frappé ! Hors donc, un sujet aussi vaste ne peut à mon sens tenir dans un livre aussi peu épais (194 pages). Mais c'est l'avis inobjectif d'un passionné qui parle et qui critique le livre tel qu'il est de ne pas être tel que j'aurais aimé qu'il soit ! C'est-à-dire ridiculeusement épais.

Car l'ouvrage de Nikolavitch n'est pas inintéressant, loin de là. Il est même sacrément bon. L'auteur remonte aux origines des super-héros en commençant par Superman et nous explique les parallèles parfois évident et parfois beaucoup plus subtils avec des mythes connus (ou que l'on croit connaître). Il déconstruit petit à petit le panthéon super-héroïque avec une rare érudition. On reprochera peut-être deux ou trois petites choses : 1° pour le non-fan de comics, certains personnages et de facto certains passages risquent de sembler assez obscurs. 2° Il y a fort à parier que le non-fan de comics ne connaisse pas l'existence de l'ouvrage ( et même si il la connaissait, s'y intéresserait-il ? ). Cet essai s'adresse donc à mon sens à un public déjà acquis à la cause. Il n'est d'ailleurs pas tellement mis en évidence dans les librairies (du moins dans celle que je fréquente ) et ne se trouvait pas au rayons "mythologie" mais au rayon "BD" . Alors que sa place y était, aux côtés de Campbell et autres "Larousse des mythologies". Et 3°, l'auteur passe sous silence la période actuelle, oubliant de parler de personnages comme Spawn, Witchblade et j'en passe. Si l'auteur apprécie particulièrement les comics d'antan, oublier ( à dessein ? ) la période actuelle n'est , à mon sens, pas une bonne idée si l'on veut faire le tour de la chose. Surtout que bon, sans vouloir en rajouter une couche, Alex Nikolavitch est le traducteur de Spawn chez Delcourt !

Néanmoins, voila le premier ouvrage du genre sur le sujet ( du moins en français) car les autres ouvrages sur les comics aux éditions "les moutons électriques " concernent un scénariste/artiste et non un sujet plus vaste.. Pas aisé d'être le premier à s'attaquer à un tel sujet. Et Nikolavitch a bien défriché le terrain pour le futur. Dans les mois qui viennent, un essai bien plus gros ( plus de 300 pages) signé Jean-Marc (Jim) Lainé débarquera. Je l'attends de pied ferme !

samedi 30 juillet 2011

Une étude quelque part entre les ombres.

À l'occasion du 41me anniversaire de Christopher Nolan aujourd’hui : retour sur un article déjà publié dans ces pages il y a un mois mais désormais revu et enrichi !

Avant toutes choses, je tiens à prévenir que si vous n'avez pas vu les films suivants : Memento, Batman Begins, Le Prestige, The Dark Knight et Inception, cet article sera alors pour vous rempli de spoilers divers et variés. Et vous risquez aussi de ne pas saisir toutes les références de mon propos.



Chistopher Nolan , ce nom ne vous est peut-être pas étranger.
Et pour cause, il a signé quelques succès imposants au box-office mondial ( dont l'un a même engrangé plus d'un milliard de $ de recettes). Et ce sans jamais prendre le spectateur pour un idiot, preuve que lorsque le scénario est écrit avec soin et mis en image avec autant d'attention le public suit, ravi qu'on lui demande de ne pas mettre son cerveau en veille.
Et comme il signe ou cosigne le scénario de ses films, cela en fait aussi un auteur littéraire. Et comme beaucoup d'auteurs , ses obsessions transpirent hors des pores de ses long-métrages.

Pour les raisons suivantes, je ferais l'impasse sur deux films de sa filmographie pour cet article. Tout d'abord son premier long : Following. Nolan ne disposant pas d'un budget conséquent ( il est à presque tous les postes : réalisateur, monteur, directeur photo) le film n'a pas le temps de vraiment prendre conscience des obsessions et tics de Christopher Nolan. Ensuite le second film que j'exclus sciemment est Insomnia car il s'agit du remake d'un film et Nolan n'a même pas signé le scénario. Il s'agit d'un film de commande, passage obligé pour se faire accepter par un grand studio Hollywoodien.
La Warner prend alors en charge son nouveau poulain et lui commande un autre film : un film sur Batman mais pour lequel il pourra revenir au scénario. Mais revenons un peu en arrière.

Christopher Nolan est le réalisateur en vogue à Hollywood, à tel point que son parcours commence à ressembler à celui d'un certain Steven Spielberg : tous deux ont rapidement fait preuve de talent et le succès à vite suivi. Et tous deux sont devenus également producteurs de films dont ils ne pouvaient pas se charger à cause de leur emploi du temps ( Nolan produit le prochain film Superman mais sa patte s'arrête sur le choix des scénaristes).

Il est né en Angleterre , d'un père britannique et d'une mère américaine. Bien que Londonien de naissance c'est pourtant vers la ville de Chicago que Christopher revient lors des vacances puisqu'il étudie dans une grande école anglaise ( alors que son jeune frère Jonathan n'aura presque pas connu Londres ). Ce point de divergence " culturel " est un aspect sur lequel je reviendrai plus tard lorsque j'aborderai sa relation professionnelle avec Jonathan. 

Pour son parcours universitaire, c'est sans surprise qu'il reste en Angleterre et il étudie la littérature anglaise à l' " University College of London ". C'est aussi durant cette période qu'il commence à filmer quelques court-métrages. La découverte enfant de la caméra paternelle l'avait marqué et le virus s'est réellement déclaré durant ses études. À la différence de beaucoup qui se forment soit dans l'écriture pure soit dans la mise en image, Nolan se forme dans les deux en parallèles.
Son premier film , Following, lui permet de se faire connaître et de mettre sur pied le film qui le révéla vraiment au public : Memento.

Le traumatisme fondateur ou le trauma comme moteur de l'action du héros nolanien.

Memento est le premier film "mode d'emploi " sur Christopher Nolan. Le voir c'est déjà comprendre la moitié de son raisonnement. C'est aussi la première fois qu'il travaille avec son frère sur un projet cinématographique. En effet le film est basé sur une nouvelle écrite par Jonathan. Du moins c'est que le générique nous fait croire. En réalité l'histoire de la genèse de ce film est plus complexe qu'une simple adaptation d'un récit pré-existant. Là encore les détails viendront plus tard. Un peu de patience.

L'histoire de Memento pourrait être un récit de vengeance comme tant d'autres. À ceci près que le héros souffre d'un trouble rare de la mémoire : la perte de mémoire immédiate : il oublie tous les quarts d'heure ce qu'il vient de faire. Léonard a subi une attaque à son domicile qui s'est soldée par la mort de sa femme. Son dernier souvenir intact si j'ose dire est celui de sa femme agonisant avant de rendre l'âme. Les autorités ne travaillent plus sur l'affaire. Pour Léonard il est clair qu'il va devoir faire justice lui-même, mais comment mener une enquête si l'on en oublie les détails ? 
Léonard à une solution : toutes les pistes qu'il suit, il se les fait tatouer sur le corps, créant une véritable cartographie de l'enquête qu'il mène. Il se ballade aussi constamment avec un appareil Polaroïd pour prendre en photo les gens qu'il croise et y inscrire leur nom. Moyen pour lui de se préserver de personnes en qui il pourrait ne pas avoir confiance.
Léonard et l'un des nombreux polaroids qui traînent dans ses poches !

Le moteur du personnage c'est son traumatisme fondateur : la perte de sa femme. Ce traumatisme de la perte de l'être (ou des êtres) cher(s) se retrouvent dès lors dans chacun des films que Nolan va scénariser ou co-scénariser. C'est Bruce Wayne qui perd ses parents, c'est Robert Angier qui perd sa femme, c'est Alfred Borden qui perd son épouse en partie par sa faute, c'est Harvey Dent qui perd Rachel sa fiancée, c'est Dom Cobb qui perd sa femme.

Toutes les bases du drame sont dans Memento. Mais aussi les bases des actions des héros. Selon le cas qu'ils soient des parents d'enfants ou non, le parcours vers la rédemption , le rachat de soi sera différent. Dans Memento , Léonard n'a pas d'enfants, son but est la vengeance, son aspiration de paix ne se fera que dans le combat qu'il mène. Un combat similaire à celui d'Harvey Dent dans The Dark Knight. Un combat qui ne peut que mal se finir, comme Nolan le fait dire à Dent : '' On n'en réchappe pas ! ". 

La quête de Robert Angier pour faire tomber Alfred Borden qu'il considère comme responsable de la mort de sa femme suit la même logique : lui aussi n'en réchappera pas ! Le seul a avoir une chance d'en réchapper de tous les héros nolaniens c'est Bruce Wayne (pour des raisons commerciales d'abord on ne va pas tuer Batman) mais aussi parce que la voie du combat qu'il a choisi n'est pas celui de la vengeance (ou de la rédemtion) : il ne cherche pas (plus) à se venger.

Le second film "mode d'emploi" de Christopher Nolan est Le Prestige, film intéressant à plus d'un titre pour analyser Nolan. Car se côtoient dans ce film le drame fondateur qui mène le héros sur une voie sombre, mais aussi les deux destinations possibles une fois que l'on emprunte cette voie.

Comme je le disais, la fin dépend du fait que le personnage ait un enfant ou non. J'ai déjà parlé de Robert Angier qui fini mal. Pour Alfred Borden outre le fait que sa femme se suicide par sa faute ( là aussi c'est quelque chose qui reviendra plus tard avec le suicide de la femme de Cobb dans Inception), son frère est mort par la faute d'Angier qui a réussi à devenir tuteur de la fille de Borden. Si Borden emprunte le chemin de la vengeance, ce n'est pas dans une optique aveugle mais dans l'optique de récupérer son enfant. Un enfant qu'il a dû quitter un temps et qui représente sa seule chance de repartir sur des bases saines.
Borden est le meilleur magicien des deux, tout comme Dom Cobb est le meilleur extracteur d'informations dans Inception. Tous deux ont vu leurs femmes se suicider, ont perdu l'accès à leurs enfants et tentent par tous les moyens de pouvoir revoir leur progéniture et de revivre. Borden retrouve sa fille, Cobb retrouve ses enfants ( et il n'est donc pas dans un rêve, dans la perspective " nolanienne" il a accompli son chemin vers une nouvelle vie, tout comme Borden dans Le Prestige. Hors l'analyse d'Inception n'est vraiment possible qu'à travers le prisme nolanien, il n'est dès lors même pas besoin de chercher les indices qu'il a disséminés dans son film !) !


Prestidigitateur : Christopher Nolan, le magicien des salles obscures !

Le Prestige est aussi un film sur la magie, puisque les deux adversaires sont des prestidigitateurs rivaux. Et il devient clair que Nolan considère son travail comme un tour de magie. Il présente une situation, fait diversion et livre une fin que l'on attendait pas ou qui nous ne laisse pas indifférent, que ce soit le twist final de Memento ou du Prestige ,les cliffhangers des " Batman " ou la fin abrupte de Inception
Les magiciens sont bien connus pour travailler avec la même équipe de techniciens , d'ingénieurs et d'assistants sur la scène.
Nolan ne fait pas exception : les acteurs avec qui il travaillent se retrouvent souvent de film en film ( Michael Caine, Christian Bale pour les records, et les nouveaux Tom Hardy et Joseph Gordon-Levitt se retrouvent sur le plateau de The Dark Knight Rises après avoir fait joujou dans Inception!). 
Son directeur photo, Wally Pfister le suit depuis Memento, tout comme son monteur Lee Smith. Il oscille par contre un temps entre deux compositeurs de musique : David Julyan et Hans Zimmer. Mais depuis Batman Begins ( à l'exception du Prestige ) c'est Hans Zimmer qui semble avoir pris la place de compositeur attitré de Christopher Nolan. Et il ne faut pas oublier que ses films parlent tous à un moment de manière claire de magie.

Dans Batman Begins,Nolan ne fait-il pas dire à Ra's Al Ghul que la diversion est une arme puissante ? Hors le magicien pour arriver à ses fins ne fait que ça : diversion ! 
Et ne parlons pas de la scène du tour de magie du Joker dans The Dark Knight lorsque celui-ci fait disparaître un crayon de manière…brutale ! Et quand la référence n'est pas explicite, c'est le film qui est un tour de magie à lui tout seul : Memento et Inception sont de ceux-là. On assiste au spectacle et une fois fini nous ne sommes pas certains de ce que nous avons vu ( dans Memento parce que le film est monté à l'envers et dans Inception parce que le générique apparaît avant que l'on puisse être certain de l'issue réelle de la chose). 
Nolan est un magicien qui manie la magie du cinéma, et il le sait ! Enfin, son collaborateur le plus proche est bien entendu : son frère ! C'est sur Le Prestige qu'ils cosignent ensemble pour la première fois un script.

Michael Caine, acteur de tous les films de Nolan depuis Batman Begins...dans le rôle du fidèle ingénieur de Robert Angier joué par Hugh Jackman.

Enfin, le film est adapté d'un livre de Christopher Priest, l'un des auteurs les plus intéressants de science-fiction de notre époque. Cet écrivain est obsédé par la réalité et ses multiples niveaux. Le prestige est à ce sens le plus simple puisqu'il joue sur la notion de réalité au travers des journaux intimes des deux protagonistes : la version de l'un n'étant pas forcément la version de l'autre. Il y a toujours deux versions à une histoire : mais alors, où est la vérité ? Quelle est la réalité de la situation ? Quelques romans de cet auteur, Les extrêmes et Futur Intérieur joueront quand à eux avec le concept de différents niveaux de réalités, un peu comme dans Inception. Nolan est un lecteur régulier de Priest, j'en mettrai mes mains à couper!



La ville comme danger immédiat.


L'environnement urbain est une donnée récurrente chez Nolan. La ville est un élément dangereux, ceux qui la peuplent pouvant être une réelle menace pour les héros (les projections militarisées dans Inception qui ratissent la ville pour trouver et éliminer les héros ou encore Mal, la femme de Dom Cobb, qui est la seule habitante de la ville des limbes et de facto est la seule menace dans cet environnement).

Le fait que la ville est dangereuse est connu des protagonistes chez Nolan, et beaucoup cherchent une sécurité illusoire mais renforcée en s'élevant socialement. Alfred Borden dans Le prestige évoque lui-même qu'il veut échapper " à ça " (il faut comprendre les bas-fonds de la ville) en regardant autour de lui et en frappant du poing un mur. Mais comme je le disais, accéder aux beaux quartiers ne rend pas forcément la ville plus sûre : le Joker débarquera carrément à une fête organisée chez Bruce Wayne, qui pourtant habite la plus haute sphère de Gotham City.

Mieux, les parents de Bruce Wayne ont été victimes d'un meurtre, certes dans une allée dégueulasse (la célèbre et fameuse Crime Alley ) et leur appartenance sociale ne les a pas protégés. Au contraire, il se peut qu'en accédant à un rang social des plus élevé on devienne une cible de choix : l'argent ne fait pas le bonheur et la femme d'Alfred Borden ne se suicide qu'une fois dans le beau monde ! Au final, la ville est une jungle, certains y sont plus préparés ou protégés que d'autres mais personne n'y est vraiment en sécurité.


D'ailleurs, il n'est pas étonnant de voir la ville et ses représentations être au centre des affiches des films de Christopher Nolan. Rien que celles de sa trilogie sur Batman offrent un bon exemple.



L'affiche : la ville comme personnage à part entière !
L'affiche de Batman Begins voit l'homme chauve-souris en contre-plongée, les buildings autour de lui. Batman arrive prendre possession de Gotham City. Il est l'animal ultime, le mâle alpha leader d'une horde qui tente de prendre le contrôle et qui va remettre de l'ordre !



L'affiche de The Dark Knight est bien différente. Batman a atterri. Et sa prise de pouvoir est contestée. L'énorme chauve-souris de feu sur la devanture d'un immeuble qui s'effrite peu à peu peut être prise comme une mesure désespérée de confirmer que c'est son territoire et pas celui d'un autre (l'autre étant bien entendu autant le Joker que les criminels plus ordinaires). La ville souffre donc de la présence de Batman mais tient encore le coup.L'accroche " welcome to a world without rules" (bienvenue dans un monde sans règle ) est quelque peut mensongère : il y a les règles édictées par Batman ! Et il vous le fait bien savoir !



Une autre affiche de ce film montre Batman surgissant d'un immeuble , encore en contre plongée. Le message est clair comme celui de l'affiche de Batman Begins avec une nuance. En surgissant ainsi d'un building, il montre bien que c'est SA ville, qu'il la connaît et que ses recoins cachent tous potentiellement sa présence !



L'affiche de The Dark Knight Rises est bien différente. On n'y voit pas Batman du tout et la ville s'effondre sur elle-même. Si la présence de Batman la mettait à mal de part la guerre au crime que cela a déclenché, son absence, par contre, provoque le chaos. Il n'est alors pas étonnant de voir la ville crier au secours et, dans un élan désespéré, de former un bat-signal géant : ultime espoir de voir réapparaître le chevalier noir !

Il en va de même avec Inception, ou les diverses affiches montraient souvent une ville sans dessus dessous, pleine de pièges ( l'architecture est truquée dans le film puisqu'il s'agit d'une architecture rêvée, mais chaque trucage risque de faire affluer les projections et donc d'empêcher les héros d'avancer!) ou s'effondrant. Encore une fois elle s'effondre parce qu'on ne prend plus soin d'elle (les limbes dans Inception) ! 

La ville est donc un personnage à part entière dans les films de Nolan et est traitée comme telle : remplie de complexité et d'incohérences, comme un humain. La plus grande incohérence étant que malgré son côté dangereux, le héros s'y sent chez lui et y habite. Une relation amour-haine donc.


Travail en famille : Jonathan, l'autre Nolan.

La relation de travail avec son frère ne se fait pas systématiquement. Et est parfois un peu spéciale. Pour Memento par exemple, ils ont eu l'idée de l'histoire lors du voyage de Chris , de Chicago à Los Angeles, pour déménager à Hollywood. Chacun a travaillé de son côté, envoyant ses écrits à l'autre, s'influençant l'un l'autre. Cela donnera la nouvelle " Memento mori " pour Jonathan et " Memento " tout court pour Christopher. Le personnage principal n'a d'ailleurs pas le même nom d'un récit à l'autre. 

Si Christopher est un anglais pur jus ( de par sa vie passée en Angleterre), Jonathan lui est plus américain. Si les deux parlent la même langue il n'en reste pas moins qu'ils pensent de manières différentes lorsqu'ils abordent un sujet comme le film policier. De plus, Chris est gaucher et Jonathan droitier ce qui fait dire à Jonathan en interview que lorsqu'ils écrivent ensemble ils s'offrent chacun des perspectives différentes sur lesquelles ils apportent alors leur ressentit. 
Cela crée un récit homogène dont aucun des deux ne peut finalement dire qui a écrit précisément quel passage.Néanmoins, on peut depuis peu ( avec la série Persons of interest créée par Jonathan) aisément deviner que le thème sécuritaire qui apparaît dans The dark knight (la machine permettant de retrouver le Joker mais surveillant en réalité toute la ville) est sans doute une approche propre à Jonathan, sa série en effet se basant sur l'existence d'une machine plus ou moins similaire à celle conçue par l'homme chauve-souris.

Voir Chris Nolan écrire seul Inception par contre est une preuve que le film se nourrit de SES obsessions et qu'il ne voulait pas être influencé par qui que ce soit si ce n'est par ce qu'il aime et ce qui le nourrit. Avec une filmographie courte mais déjà très riche, Nolan est presque assuré d'être très vite considéré comme un très grand parmi les grands.

Et sinon voici un de mes chats...pourquoi vous le montrer me demanderez-vous ? La réponse est évidente : il s'appelle Nolan bien sûr !

lundi 25 juillet 2011

Welcome to the Fringe division !


En général, je patiente jusque la fin de la diffusion de la série par la chaine belge RTBF et la chaine française TF1 avant de chroniquer une saison de Fringe. Mais ce soir je m'ennuie un peu et j'ai le spleen alors autant me changer les idées. Et quoi de mieux que de parler de la meilleure saison de cette série de SF trop comparée à X-Files alors qu'elles ont très peu en commun ?

À la fin de la seconde saison, nous avions laissé Olivia Dunham captive dans l'univers parallèle pendant que son double prenait sa place. Les scénaristes vont utiliser cet échange pour offrir des situations à suspens mais surtout pour faire quelque chose d'assez inédit : couper la saison en deux. Durant la première partie de la saison du moins, un épisode sur deux ce passe dans notre monde, et l'autre…et bien vous l'avez déjà deviné non ? Bref comment Olivia va-t-elle revenir ? Pourquoi Walternate veut-il lui faire croire qu'elle est l'Olivia de son monde ? Quelle est la mission de la " fausse" Olivia de notre côté ? Autant de question qui seront le moteur de l'intrigue de cette saison forte en émotions diverses !

D'année en année, la série se bonifie, comme le vin ! Les scénaristes savent où ils vont depuis le début mais cette fois-ci ils ont encore mieux emballé leur histoire. Ça veut dire que l'erreur de laisser passer quelques incohérences est définitivement réparée. La série s'en porte bien mieux et on ne tique plus sur certains détails, tant mieux. Ensuite, outre la caractérisation toujours soignée des personnages (évitant très souvent le manichéisme et offrant le point de vue de tous, y compris de l'adversaire, qui finalement a de bonnes raisons d'en vouloir à notre côté), les différents épisodes font tous partie de la toile générale ! Nous ne sommes pas dans X-fils où seulement quelques épisodes sur les 22 d'une saison faisaient avancer l'intrigue principale. Ici chaque épisode est une pièce en plus au récit, une pièce petite ou grande selon les épisodes mais toujours destinée à faire progresser la construction de l'histoire et ce pas toujours de manière linéaire.
La tension et le suspens vont crescendo tout au long des 22 épisodes, les concepts de SF parfois assez hard sont toujours abordés avec une base scientifique solide et juste ( les explications de Walter sont bonnes, ses extrapolations par contre sont bien entendu de la pure invention de science-fiction, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! ) sauf peut-être quand cela concerne directement Peter ! Comme lors de la dernière saison, nous aurons droit à un épisode flashback nous permettant de voir Olivia enfant et de revoir la mère de Peter, mais aussi un épisode se servant de l'animation en cell-shading lorgnant sur Inception de Nolan ( si si ! ) et aussi un épisode se passant dans le ***** (ah non ça faut que je me taise quand même ). Bref que du bon, jusqu'au cliffhanger final qui relance toute la machinerie quantique du bazar ! Fringe c'est bon, mangez-en !

dimanche 24 juillet 2011

Une bisque délicieuse !


J'ai déjà parlé de lui auparavant, et je risque de le refaire encore dans un avenir proche, mais Robert Charles Wilson me semble être l'un des auteurs les plus doués en matière de science-fiction moderne. 
Si vous ne deviez vous attaquez qu'à deux auteurs, je vous conseillerais de lire également Christopher Priest. 
Alors, que vaut Blind Lake ( sorti en …septembre 2009 chez Folio SF. Quand je dis que j'ai du retard de lecture!!! Mais bon au rythme de 500 pages par jour je pense que je vais finir par enfin le rattraper hé hé) ?

Chris est journaliste. Lui et deux collègues sont envoyés en reportage sur le site de Blind Lake où, depuis des années, un super-ordinateur quantique fournit des images d'un extra-terrestre surnommé " le homard " en raison de son apparence rappelant de très loin le célèbre crustacé.
 L'équipe en charge de l'observation est Marguerite Hauser, une femme dont l'exécrable ex-mari ( et père de sa petite fille, Tess) se trouve au dessus d'elle dans la hiérarchie du site. Chris et Marguerite ne devaient pas se rencontrer. 
Mais peu de temps après l'arrivée des journalistes le site est fermé et gardé par l'armée. La situation est sérieuse, toute tentatives de fuites se soldent par la mort : des drones, petits mais mortels, n'attendent qu'une occasion pour vous faire exploser de manière bien horrible ! 

Bloqués pour un temps considérables et sans nouvelle de l'extérieur, les gens ne peuvent qu'attendre , la vie se réorganise et Chris se retrouve à dormir dans la cave de Marguerite.Les semaines et les mois passent...

Wilson a une force, qui le rapproche de Stephen King : il cisèle ses personnages avec un talent incomparable. Ses personnages sont vivants ! À tel point qu'en fin de parcours, on en vient à abandonner des personnes qui nous donnent l'impression de les avoir connus. Leurs motivations (mêmes noires) ne sont pas noyées par l'intrigue : au contraire, elles s'en nourrissent. Et Wilson aime multiplier ses terrains de jeu au niveau des intrigues, son approche de la SF se faisant toujours sur un sujet différent ( bien que les théories quantiques soient sans doute une chose dont il est curieux, et sans doute passionné).

Comme on s'attache très vite (ou que l'on déteste très vite) certains personnages et que l'intrigue se met vite en place, l'on est happé par un tourbillon d'émotions et de questionnements. Pourquoi le site se retrouve-t-il fermé ? Pourquoi " le homard" semble-t-il soudain changer sa vie et entreprendre un périple qui peut lui coûter la vie ? Tout cela est-il lié ? Au bout du chemin vous n'aurez pas toutes les réponses, mais assez pour comprendre instinctivement ce qui ne vous sera pas livré explicitement. Ce n'est pas tellement sujet à débats, la réponse est là, à portée de main, mais aussi trop loin pour que l'esprit ne le traduise en mot. Par contre, le voyage des personnages prend fin, le chapitre se finit et un autre commence pour eux, ils ont tourné la page et peuvent enfin ouvrir un nouveau livre ou en écrire un si ça leur chante. Et comme c'est bien l'aspect humain qui prime dans les écrits de Robert Charles Wilson nous ne restons pas déçu de ne pas avoir tout saisi si ce n'est de manière implicite. 500 pages de très bonne SF, 500 pages d'un excellent roman, tout simplement !

vendredi 22 juillet 2011

Samouraï des temps modernes, seppuku pour le lecteur!

Le ronin venge son ancien maître en tuant le démon Agat. 800 ans plus tard, les voila réincarnés dans un complexe futuriste en plein Manhattan. Le combat peut reprendre. Ronin de Frank Miller est considéré comme une œuvre culte. Je me demande encore pourquoi.

Frank Miller est l'homme qui a ressuscité Daredevil dans les années 80 : son style de dessin novateur pour l'époque et ses scénarios en ont fait le chouchou des fans de comics. Il devient donc très vite à la mode et peut commencer à proposer aux éditeurs des sujets qui lui sont plus personnels. À ce titre, Ronin contient en effet plusieurs obsessions qui traverse l'œuvre de Miller : son amour pour le Japon, pour la SF, mais aussi ses préoccupations sociales comme les riches plus riches, les pauvres plus pauvres, la violence que cela peut provoquer, etc…on retrouve tout ceci dans Ronin et ce melting-pot aurait pu être sacrément intéressant mais une fois passé l'introduction située dans le Japon médiéval tout fout le camp et pas qu'un peu !.

D'abord le scénario,qui met bien trop de temps à se mettre en place et qui dans la dernière partie de l'œuvre va trop vite. Miller ne trouve pas le bon dosage, écrit des dialogues à rallonges et cela gave très vite.Entre hallucinations, délires scientifiques et violences gratuites, Miller nous sert une soupe lourde, mais pas totalement indigeste heureusement.La fin incompréhensible ensuite : Miller s'est pris soudain pour Kubrick sur 2001 l'odyssée de l'espace en mêlant la métaphysique au bazar sans que l'on comprenne pourquoi...et sans que l'on comprenne ce qui se passe. Si encore ça avait été poétique, mais même pas !

Niveau dessin ce n'est guère mieux. Miller change de style et se rapproche de celui de Moebius. Tristé idée de sa part, il n'avait pas besoin de ça, son style carré et son découpage aurait suffit à au moins ne pas totalement faire mentir le statut culte de l'œuvre mais à la place Miller expérimente beaucoup trop, dessine des décors hideux. Cependant tout n'est pas à jeter : son découpage de l'action comprend quelques fulgurances comme une splash-page mêlant fantasme vécu par une des héroïnes et la réalité de la situation! Et certaines séquences passant du fantasme à la réalité de planches en planches marchent très bien , dommage que cela soit pour servir un scénario aussi vain ! La colorisation de Lynn Varney rajoute une couche de mauvais goût sur bon nombres de planches et le rendu est super kitsch au vu des standards actuels. Dommage car tout était prometteur et s'est cassé la gueule en beauté.




Starlight, I will be chasing a starlight...♪♫


Super 8 est le nouveau film du réalisateur J.J Abrams qui n'avait réalisé jusqu'à présent que deux films s'inscrivant dans des franchises ne lui appartenant pas, bien qu'il ait imprimé, à la manière de Christopher Nolan, sa patte sur ces projets. Mais avant tout, une précision : non, Super 8 n'est pas un chiffre venu de Krypton. Il s'agit d'un format de film cinématographique lancé dans les années 60 par Kodak et qui resta en vogue durant de longues années.

Voir " Super 8 " était personnellement une de mes plus grandes attentes de l'année. Alors, quand l'opportunité d'assister à une avant-première privée dans les locaux d'Uiversal Pictures à Bruxelles s'est présentée, j'ai sauté dessus comme DSK sur une femme de chambre. Je ne savais pas où je mettais les pieds tant ces locaux ne sont pas aisément trouvables, à peine un sigle sur une sonnette et une affiche de cinéma sur la devanture d'un immeuble de la Rue Royale. Ajoutez à cela que nous étions en retard et le rush d'adrénaline ressentit par la course et la perspective de ne pas rentrer dans la salle vous donnerons un aperçu de l'état dans lequel je me pressentais en arrivant ! Voir un film est une aventure en soit, aller en voir le devient aussi !

Joe Lamb est un adolescent habitant à Lillian, Ohio à la fin des années 70. Il vit seul avec son père Jack, shérif adjoint. La mère de Joe est morte violemment et les deux hommes ont du mal à communiquer. Joe et sa bande de copains travaillent sur un film réalisé par leur ami Charles et dans lequel joue Alice, jeune fille dont Joe va se rapprocher. Un film au format Super 8 qu'il espère présenter à un festival de court-métrages. Alors que le petit groupe film une scène de nuit dans l'ancienne gare de la ville, une camionnette fonce vers un train de l'US Air Force et le fait dérailler dans un torrent de bruit et de fureur. Le groupe d'ado s'en sort de justesse et est mis en garde par le conducteur de la camionnette agonisant : fuyez et ne racontez rien ou ils vous tueront ! Ils fuient et décident de garder ça pour eux. Alors que les militaires cachent des choses aux autorités de la ville, des évènements étranges se produisent : dégradations, vols de moteur, disparition des animaux domestiques…il se passe quelque chose et les seuls à en avoir une véritable idée sont un groupe d'ado que tout le monde ignore. On aurait pu tomber dans le film pour mioches, nous sommes dans une film avec des mioches. Nuance salvatrice !

J.J Abrams signe ici son premier film personnel. Créateur de séries à succès ( Alias, Lost, Fringe) , Abrams est contacté par Tom Cruise pour relancer la machine " Mission : Impossible". Cruise l'a choisi car il a été emballé par la première saison d'Alias, série d'espionnage, qu'il a dévoré en un week-end. Bien qu'ayant déjà travaillé pour le cinéma en tant que scénariste, Abrams signe son premier film comme réalisateur avec Mission: Impossible III .  Star Trek suivra 3 ans plus tard.

Venu de la télé, Abrams sait imprimer un rythme dingue à ses productions tout en n'oubliant jamais de faire exister ses personnages. Un exploit quand on voit le nombre de péripéties qui arrivent en moins de deux heures de film, chose qu'il réitère avec " Super 8". Un film qui ne se base sur aucune franchise préexistante mais qui lorgne sacrément du côté des productions Spielberg des années 80…et ce n'est d'ailleurs pas surprenant de voir Steven Spielberg être le producteur du 3me film d'Abrams ( que Cruise qualifia de futur Spielberg lors du tournage de " M:I 3"). D'ailleurs, si le grand Steven n'avait pas eu d'autres projets il aurait peut-être considéré de réaliser " Super 8 " tant les sujets et les références spielbergiennes fleurissent dans " Super 8 ". Tout d'abord les gamins à vélos, seuls personnages dont l'esprit ne s'est pas encore fermé et donc seuls capables d'appréhender la réalité de la situation en cachant bien cette réalité aux adultes responsables.
Le fait de situer l'action en Ohio est une référence que les fans de Spielberg ne peuvent manquer car c'est dans cet état que Steven Spielberg est né. Les références à E.T ou Rencontres du 3me types sont aussi présentes voire même aux Dents de la mer ( le personnage du shérif adjoint, isolé dans sa quête), comme autant de clins d'œil aux spectateurs et au producteur du film, tout comme la bande-originale de Michael Giacchino qui signe une musique que John Williams n'aurait pas renié. Les relations au sein d'une famille monoparentale ensuite, récurrentes chez Spielberg avec une nuance cependant : la famille du héros est divisée non pas par une séparation ou un divorce mais par un décès tragique( néanmoins le sentiment d'abandon est bel et bien présent). 
Réussir à surmonter ce trauma traverse le film et l'émotion dégagée fait mouche : le jeune Joel Courtney qui incarne Joe étant un gamin tout sauf crispant, à l'instar de toute la bande de gamins qui ne sur -jouent pas (enfin pas trop ), mais celle qui tire le plus son épingle du jeu c'est Elle Fanning, la sœur de l'actrice Dakota Fanning qui jouait la gamine exaspérante ( voire horripilante ) dans  La guerre des mondes . Et bien Elle, c'est le contraire : un jeu en retenue, subtil et mélo juste quand et comme il faut ! Rappelez-vous, c'est déja elle qui jouait la toute jeune Daisy dans le merveilleux " L'étrange histoire de Benjamin Button " , et J.J Abrams par sa mise en scène et sa direction d'acteur arrive à tirer le meilleur des acteurs incarnant Joe et Alice ( la scène de l'éveil à la sensualité des deux ados principaux du film, lors d'une répétition d'une attaque zombie, est un exemple frappant).

La réalisation est un sans faute, pas de temps morts mais comme d'habitude cette faculté dingue à faire interagir et exister les personnages alors que tout s'agite dans tous les sens. Pendant 1h50 vous redevenez un gamin de 14-15 ans devant un classique des années 80, ceux qui après analyse ne tiennent pas debout mais qui sont inattaquables pourtant ! C'est d'une gageure rare à une époque où l'on dit trop souvent qu'il faut se mettre en condition avant de rentrer dans la salle pour apprécier un film. Et bien non, si il faut se mettre en condition avant la projection pour apprécier un film alors il est raté ! C'est le boulot du réalisateur de vous mettre en condition pendant la projection ! Si le boulot est bien fait alors il vous donnera envie de suivre, de mettre les choses dans leur ordre etc… et Abrams arrive sans problème à vous faire redevenir pendant 2 petites heures des ados qui s'émerveillent devant un écran de cinéma, il arrive à réveiller cette partie de vous qui se dit " Putain, j'aurai voulu vivre une aventure comme celle-là quand j'étais gosse! " ." Super 8 " est un film d'une force dingue(non de plusieurs forces mêmes) qui arrive à tenir en haleine, à faire rire, à faire transpirer et à faire s'émouvoir sans cul-cul la praline. Le meilleur film de Spielberg réalisé par un autre ! Si vous êtes cinéphiles vous l'avez déjà en tête, si vous ne l'êtes pas, retenez ce nom : J.J Abrams, le nouveau pourvoyeur de rêves pour de nombreuses années à venir !

mercredi 20 juillet 2011

Ô, Combien de musiciens, combien de capitaines ?

Sortie très attendue de l'été en matière de super-héros, Captain America est le dernier film Marvel avant The Avengers l'an prochain. Marvel Studio n'a pas toujours eu le nez fin lorsqu'il s'agissait de mettre en musique leur film: en effet, Iron-man bénéficia du sans talent Ramin Djawadi qui fut remplacé par John Debny lors du second opus. Debeny livra un meilleur travail mais vite oublié une fois sorti de la salle de cinéma. Thor fut bien entendu illustré musicalement par le compositeur habituel de Kenneth Branagh : Patrick Doyle, qui comme d'habitude ne livra rien de bien transcendant et qui faisait parfois pitié. Seul Craig Armstrong avait jusqu'ici livré un travail digne d'intérêt sur Incredible Hulk. Captain America devait initialement être composé par Michael Giacchino mais celui-ci abandonna le navire ( de son plein gré ? la question reste entière) au profit d'un vieux briscard renommé de la bande-originale. Mais cela ne veut pas dire que le résultat ne fera pas saigner des oreilles ( voire le désastre sonore de Green Lantern). Alors, que vaut la partition d'Alan Silvestri ?

Pour ceux qui ne le connaissent pas de nom, sachez que vous le connaissez sans doute de part ses nombreuses compositions comme celles de la trilogie Retour vers le futur ou encore Predator. Il est le compositeur attitré de Robert Zemeckis ( le réalisateur de Retour vers le futur justement) mais depuis 2002 il travaille aussi avec Stephen Sommers pour qui il signa la musique du Retour de la momie, de Van Helsing et de G.I Joe. Si cette dernière composition ne rendait pas hommage à son talent, rappelons que celle de Van Helsing était le seul point positif du film.

Silvistri livre ici une B.O dans la droite lignée de son travail sur Le Retour de la momie et Van Helsing ( et évite le plantage de G.I Joe). Il est extrêmement à l'aise sur les pistes de suspenses et d'action, un peu moins sur celles demandant de livre de l'émotion pure, mais c'est un défaut mineur tant les pistes de ce genre ne sont pas légion. Il offre une musique classique dans le sens où très peu de synthétique s'invite entre les notes. Les cuivres et les cordes mènent la danse, remplissant parfaitement leur rôle d'accompagnement de l'action. Le thème principal est peu utilisé et ne sert donc pas de bouée de secours pour manque d'inspiration. Ce thème est fortement influencé par la musique militaire ( logique) et sent le patriotisme américain à fond, on imagine sans peine le drapeau étoilé flotter dessus, mais ce n'est pas un reproche loin de là, c'est même extrêmement justifié au vu du contexte de l'histoire !

Alan Silvestri livre donc la meilleure B.O pour un film sorti des Studios Marvel depuis Incredible Hulk et je ne serai pas contre qu'il prenne les rênes de celle de The Avengers. Il y a peu de chances mais comme le compositeur du film de Joss Whedon n'a pas encore été désigné…

[edit] : finalement mon souhait a été entendu: c'est bien Alan Silvestri qui s'occupera de la b.o de The Avengers !

mardi 19 juillet 2011

Pas vu le temps passer.

Nom d'un cuberdon, je n'avais pas fait attention, mais ce blog a 3 ans depuis 2 semaines déja. Et dire que j'ai habituellement la mémoire des dates. En 3 ans j'ai amélioré ma plume au point de me faire " débauché " par deux sites web, changé le look de départ de ce blog, affirmé mon obsession pour Batman etc... Les discours n'étant pas mon fort, je vous laisse donc sur un gâteau, enfin une photo de gâteau et une image humoristique !



lundi 18 juillet 2011

Montrez moi une héroïne, je vous écrirai une élégie.

Batwoman est la nouvelle chauve-souris de la bande à Gotham. Enfin presque, elle n'entretient aucun lien une fois le masque tombé avec le reste de la Bat-family. Mais son style et ses efforts ont convaincu le Batman actuel ( Dick Grayson, Bruce Wayne étant …occupé ailleurs) à la laisser agir.Alors, que vaut "Élégie pour une ombre " édité par Panini Comics en VF sous nos latitudes ? Déjà, ils auraient bien fait de rédiger un texte d'intro car l'histoire de Batwoman ne commence pas ici mais a débuté bien avant dans d'autres publications qui ne tournaient pas qu'autour d'elle. Bref a vous de vous démerder pour comprendre certaines choses. Alors certes cela ne gêne pas trop l'histoire mais il y a un manque de background qu'un petit rédactionnel aurait permis de saisir ! Du foutage de gueule bien habituel de la part de Panini. Heureusement que les héros de DC comics ne seront plus aussi mal traités (et maltraités) d'ici 2012 avec leur passage chez Dargaud dans la collection "DC France".





Le scénario est signée Greg Rucka , qui a créé cette héroïne, et les dessins par J.H Williams III. "Élégie pour une ombre " comprend en fait deux récits distincts bien qu'étroitement liés entre eux. Batwoman a remplacé le temps de 9 épisodes ( dont 6 sont publiés dans cet album) le locataire habituel de la revue "Detective Comics", à savoir Batman. Batman était apparu dans l'un des premiers numéros de cette revue en 1939 et ne l'avait plus quittée depuis. C'est d'ailleurs fort du succès de cette revue que les éditions DC actuelles ont adopté les initiales de ce magazine pour prendre leur nom définitif ! Mais revenons à notre bat-cave!

Greg Rucka est donc le créateur de cette Batwoman, Kate Kane, qu'il avait introduite dans la maxi-série "52". Il avait introduit quelques conceptes et notions autour de l'héroïne. Notions qu'il reprend donc logiquement ici. À savoir "le culte du crime" divisé en plusieurs sectes et menées par la bible du crime. Et Batwoman est d'une façon ou d'une autre vouée à jouer un rôle dans la venue de leur version de l'apocalypse, rien que ça. Certains adeptes ont un pouvoir de métamorphose proche du garou, l'animal servant de particule au garou est différent selon la personne. Dis comme ça ça parait fort abscons et très différent de ce à quoi Rucka nous avait habitué sur Gotham Central mais il est talentueux et une fois le concept accepté, tout cela passe comme une lettre à la poste. L'histoire commence alors qu'une nouvelle secte adepte du culte sévit à Gotham. Son leader n'est autre qu'une femme se nommant Alice et se croyant sortie d'un bouquin de Lewis Caroll. Elle va s'évertuer à pourrir la vie de Kate Kane cela va sans dire. Entre deux missions en tant que Batwoman, Rucka va faire évoluer Kate dans le monde normale, parler de sa vie privée,etc… Kate est lesbienne et Rucka évite les clichés concernant les homos et n'en fait pas un objet de fantasme masculins comme il aurait si facile de le faire. Il faut dire qu'il s'était déjà fait la main sur Renée Montoya dans "Gotham Central"…et que cette dernière sortait avec…Kate Kane : tout se recoupe !

Après 4 chapitres sur le culte du crime, Rucka livre une histoire en 2 parties narrant la vie de Kate avant de devenir Batwoman, de son enfance à sa sortie de l'armée pour avoir avouée être gay ( en violant le " don't ask, don't tell" elle honore paradoxalement la droiture morale que l'armée veut qu'elle arbore en ne mentant pas…), sa vie dissolue se voit chamboulée quand elle se faite sauver d'une agression par un être nocturne protégeant Gotham depuis des années. Au long de ses 2 parties de l'album,Rucka explique comment une simple citoyenne peut rivaliser avec le matos super-high-tec de Batman (fournit par Wayne entreprises). Le père de Kate est haut placé à l'armée et ils ont réussi à faucher du matériel de pointe ( du coup je me demande si une partie de son arsenal ne sort pas des usines de Lex Luthor, ça serait ironique n'est-ce pas ?). Parmi tout cela, le costume est une armure liquide permettant de résister aux couteux et aux balles. J'ai été étonné après recherche de constater que le concept d'armure liquide n'est pas de la science-fiction ! C'est en effet une technologie prototype qui allie une base solide (le tissu) et une base liquide nano-technologique qui se solidifie une fois qu'un coup est porté, cela rend l'armure plus légère et plus solide qu'un gilet pare-balle ! Vu le prix que ça doit couter, on parie combien que les soldats sur le terrain n'en profiteront malheureusement jamais ?

Croquis d'étude sur le personnage. Ce matériel intéressant ne se retrouve évidemment pas dans l'ouvrage des vendeurs d'auto-collants. Un peu de professionnalisme risquerait bien entendu de leur faire se rompre un anévrisme.

La partie graphique est assurée par J.H Williams III . Et le bougre assure et change de style en fonction de l'action. Son style habituel, à la colorisation proche de la peinture et bénéficiant d'un découpage inhabituel ne se montre que lorsque Batwoman (ou ses adversaires) est impliquée. Les planches sont découpées de manière très dynamique, rajoutant du tempo à l'action ! Les scènes impliquant Kate Kane et sa vie sociale sont plus posées mais tout aussi détaillées, cependant la colorisation est soudainement proche d'une mise en couleur par ordinateur ! Le découpage se fait de manière plus classique. La dernière partie de l'album qui raconte le passé de Kane est lui un changement total dans l'esthétique du dessinateur. Il adopte en effet un style proche de celui d'un Michael Lark ou d'un David Aja ( Daredevil, voir cet article), faisant preuve d'un réalisme noir, ramenant l'héroïne dans un univers proche de celui du polar. Un travail remarquable qui mérite d'être salué.

Il est triste de constater que cet excellent album ne contient pas l'ensemble du travail de Rucka sur Detective Comics en n'incluant pas les 3 derniers épisodes sur lesquels il a travaillés et racontant en parallèle une enquête que Batman n'a pas résolu et que Batwoman reprend à son compte. Dieu seul sait si nous la lirons en français un jour. Notons que la belle rousse a fait une apparition dans la revue " Batman Universe " en Avril et en Juin dans la saga " Blackest Knight" de la série "Batman & Robin" !

vendredi 15 juillet 2011

Buffy, c'est fini. Et dire que c'était la série de mon premier amour ♫♪

Depuis quelques tomes il semblerait que je prends quelques mois de retard pour parler de la saison 8 de Buffy contre les vampires. Ça n'arrivera plus avec la saison 9 , juré ! Voici donc le dernier tome de la saison, la dernière ligne droite : les réponses vont tomber, des têtes aussi…

On avait laissé Buffy et Angel ensemble. Devenus des super-puissances, ils avaient crées de par leur union une dimension paradisiaque mais vous connaissez Buffy, rien ne vaut la vraie vie pour elle. Mais on n'abandonne pas ainsi ce que l'on crée sans conséquence. Et voila donc le monde et les tueuses dans un sale merdier. C'est sans compter sur l'arrivée inopinée de Spike. Spike qui revient dans un drôle d'engin conduit par …des cafards géants. Ça a l'air complètement barjo dit comme ça ( et ça l'est avouons le) et il fallait donc un sacré talent d'écriture pour que ça se tienne et ne se casse pas la gueule : heureusement on le sait depuis un moment, ce talent d'écriture, Joss Whedon l'a ( ce qui me fait dire que le scénario de son film The Avengers est certain d'être réussi, vous verrez en avril prochain !).

Durant 5 épisodes, Whedon va nos sortir ce qu'il fait de mieux : de l'action, du mystère, de l'humour, mais aussi du drame, des larmes, des morts ! L'enjeu est de taille : la survie de la magie dans notre monde. Les avis au sein même de l'équipe de Buffy sont divisés sur la question, ce qui rajoute un peu plus d'essence dramatique à l'ensemble et de conflits moraux : doit-on ne pas trahir ses amis aux dépends de ses convictions ? Peut-on décider seule du sort de la magie et de ce que cela va impliquer pour certains protagonistes ? Le final est doux amer et change soudain la donne pour la futur saison 9 qui s'annonce plus axée sur la chasse aux suceurs de sang qu'aux sauvetages hauts en couleurs du monde auxquels la série nous a habitués. Buffy aura de plus d'autres adversaires que les vampires, des adversaires bien humaines avec un petit plus, mais j'en dis déjà trop.

La fin ouvre la voie à deux séries en fait, un peut comme si la saison 8 était la fin de la série et lançait deux spin-offs ( séries dérivées) : Buffy 9 donc mais aussi Angel & Faith . Si Buffy 9 se passera à San Francisco ( avec la même équipe créative), A&F se déroulera en Angleterre, et c'est le scénariste Marvelien Christos Gage, habitué aux récits de groupes qui sera aux commandes, ce qui est une bonne chose. Il sera épaulé par la délicieuse (dans tous les sens du terme) dessinatrice Rebekah Isaacs , qui encrera ses planches ! C'est personnellement la série qui me fait le plus envie dans les deux (bien que je suivrai les deux) car Faith Lehane , la bostonienne pure souche (comme son interprête Eliza Dushku d'ailleurs. Et le nom de Lehane est sans doute un hommage à l'auteur Denis Lehane, qui a écrit Un pays à l'aube ou encore Shutter Island, etc…et qui est bostonien aussi) est un personnage complexe et torturé.

La couverture de l'épisode 1 de la saison 9. Buffy seule face aux dangers. Une première tant la série a toujours mis le groupe et non l'individu en avant.

Une page , mouvementée, de l'épisode 1 de Angel&Faith, dessinée par Rebekah Isaacs. Elle s'occupe elle-même de sa fan-page facebook et réponds aux commentaires quand elle a l'occasion.

La couverture du premier numéro de Angel&Faith, par Jo Chen qui s'occupera aussi de celles de Buffy saison 9 comme elle le fit sur la saison 8.

La fin de l'album est un épisode sur Riley et comment il a infiltré Crépuscule et pourquoi, un bon one-shot très bien foutu qui arrive a raconter plein de choses en 22 pages comme les comics d'antan.