mardi 29 mai 2012

Sang chichis.


Urban Comics a édité fin du mois d'avril un nouveau tome de la série AmericanVampire. Estampillé "legacy" car il ne s'agit pas ici de la série mère mais d'une mini-série centrée non pas sur les (més)aventures de Skinner Sweet ou de Pearl Jones. Sélection Naturelle se focalise sur l'autre versant de la mythologie vampirique : les chasseurs !

Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale. Les vassaux de Vénus, groupe œuvrant dans l'ombre à l'éradication des suceurs de sang, a eu vent des travaux d'un chercheur qui aurait mis au point un remède contre le fléau vampirique. Mais ce dernier est aux mains des Nazis, dans un vieux châteaux d'Europe de l'Est. Et ces Nazis ont fait un pacte avec une race violente de vampire.

En effet, l'une des originalités de la série est de présenter les vampires comme une race en évolution. Et cet album fait remonter leur apparition encore plus loin dans le temps que la série originale.

Scott Snyder, le créateur et scénariste du concept ( avec Stephen King comme co-auteur sur les 5 premiers numéros) livre ici un récit mêlant mélo, espionnage et action pure et dure. L'aspect horrifique est un peu mis de côté, bien que certains passages soient un peu sanglants, voire gores.

Divisé en 5 parties, le récit est sans temps mort mais s'offre parfois quelques raccourcis narratifs un peu faciles.  Les dessins de Sean Murphy font passer la pilule lors de ces rares passages un peu moins travaillés du scénario. Des dessins aux traits anguleux et efficaces. Murphy est en outre doté d'un grand sens de la narration et la fluidité de son travail est tout à fait exemplaire.

La traduction est assurée par un cador: Jérôme Wicky, bien connu dans le milieu des traducteurs de comics. Il fait partie du collectif non-officiel du Fulchibar (ne me demandez pas ce que ça veut dire) qui comprend en son sein : Edmon Touriol, Alex Nikolavitch, etc…du beau monde et des traducteurs respectueux du lectorat, qu'on se le dise. Et notre bon Mr Wicky ( qui officiait sur Buffy lors de la saison 8 ) glisse quelques références à Die Hard dans son travail ! Jouissif, bien que peu orthodoxe. Mais si la traduction colle…

vendredi 25 mai 2012

Sang contre-façon.


Après 7 saisons télévisées, la série Buffy the Vampire Slayer est devenue un comic book. La saison 8 était partie dans un peu tous les sens, les scénaristes s'amusant de l'aspect " budget illimité " que permet le format. Seulement voila, à trop vouloir en faire, la série partait un peu en couille par moments. Elle avait le mérite cependant de complètement redistribuer les cartes en fin de saison, lançant cette saison 9 et une autre série, Angel & Faith.

Buffy et ses amis vivent désormais dans un monde sans magie. Seuls demeurent comme résurgence de l'ancien temps les vampires et autres démons se trouvant sur Terre lorsque le " Germe" source magique sur la planète a été détruit. Les tueuses, et de facto Buffy,ont également gardé leurs pouvoirs tout en sachant qu'elles seront la dernière génération ( enfin pas tout à fait, mais c'est une autre histoire).

Le monde est au courant de l'existence des suceurs de sang et des tueuses élues. Certains humains cherchant même à accéder à l'immortalité des enfants de la nuit…mais dans un monde sans magie, la reproduction vampirique est-elle encore possible ? C'est dans cette nouvelle ambiance que Buffy continue sa mission la nuit et gagne sa croute comme serveuse le jour dans la ville de San Francisco. Dans l'ombre cependant, une nouvelle menace pour elle est tapie…et Spike mène l'enquête sur qui ou quoi pourrait en vouloir à l'élue de son cœur et élue tout court.

Cette saison commence extrêmement bien. En resserrant l'intrigue non plus sur tout un groupe (ou plusieurs) de tueuses menées par Buffy mais bien sur l'héroïne et ce qu'il reste de sa bande, les auteurs sont revenus à l'essence même de la série. On regrettera que Buffy ait l'air un peu gamine alors qu'elle devrait avoir dépassé la trentaine de nos jours. Le nouveau statu quo permet d'avancer de nouvelles idées dans le mythe du vampire  dont on pensait tout savoir ( du moins dans la version donnée par la série). 
Jamais avare en action, en bons mots et en moments plus intimistes, la saison 9 promet de belles choses et promet également de faire évoluer le personnage humainement et dramatiquement. La fin de l'album offrant un final inattendu, qui bouleverse pas mal la donne (une habitude dites moi ! ) sans jouer la carte de la fin du monde.


Les dessins sont de Georges Jeanty et Karl Moline, les dessinateurs principaux du Buffyverse. Au scénario on retrouve bien entendu Joss Whedon, le créateur de la série, accompagné par Andrew Chambliss. On imagine sans peine que le plus gros du travail a été accompli par Chambliss sur des idées de Whedon car notre bon Joss travaillait à la réalisation du film The Avengers. Cela explique peut-être la bonne direction de la série ( Whedon ?) et cette sensation de fraîcheur nouvelle ( Chambliss ?).  La série est publiée en V.F chez Fusion comics, un label de Panini Comics, qui n'a jamais bâclé le boulot sur cette série. Le changement de traducteur est par ailleurs imperceptible, ce qui est appréciable.

En aout, Angel & Faith devrait débarquer. Cette série se situant en Angleterre, l'ambiance devrait être fort différente. Mais nous y reviendrons en temps voulu.

lundi 21 mai 2012

Le cinéma en guerre contre lui même : RED is not dead.


C'est une guerre. Une guerre perdue d'avance. Une guerre qui va  se perdre non pas parce que la technique a évolué mais parce que le pognon "a dit que" ! La guerre entre la pellicule et le numérique fait rage à Hollywood. Mais c'est une guerre secrète dont presque personne n'entend parler, dont presque personne ne sait qu'elle existe.

J'aurai voulu entrer directement dans le vif du sujet mais comment parler technique si je ne remonte pas dans l'histoire du média cinématographique ?  Oh je vous rassure, je ne vais pas remonter jusqu'à l'invention de la photographie ( car c'est bien de cela qu'il s'agit quand on parle de cinéma, on parle de photographie)…Je vais juste poser quelques petites bases. Du noir&blanc muet au cinéma couleur parlant, il y a eu une constante : le cinéma se tournait et se projetait grâce à la pellicule ! Voila, je ne pouvais pas faire plus court niveau historique.

Le cinéma, c'est un peu un tour de magie. C'est en tous cas une illusion : celle du mouvement. En effet, si vous regardez une pellicule de cinéma déroulée devant vous, que voyez-vous ? Des milliers de petites photos, guère plus grandes que des diapositives. Comment une succession de photos arrive-t-elle à nous faire croire au mouvement ? Réponse : la persistance rétinienne.

Il s'agit d'un défaut de la vision. Une forte source lumineuse imprime sa marque sur l'œil (regardez le soleil, fermez les yeux…vous avez encore l'impression de voir le soleil…bon, même les yeux ouverts, la marque est toujours là ! ). Du coup, comme pour un dessin animé, l'illusion de mouvement existe parce que notre œil n'efface pas assez vite l'image précédente. Illusion de mouvement ! Chez l'homme, la persistance rétinienne fonctionne au minimum avec 15 images par secondes. Le cinéma  fonctionne avec du 24 images par secondes ( et je ne rentre pas dans les détails mais votre téléviseur fonctionne sur un tout autre mode de fonctionnement qui allie source lumineuse et effet phi ).  Les 24 images projetées sont portées artificiellement à 48 grâces à un obturateur dans le projecteur, il faut en effet à tout prix éviter que les mouvements ne semblent saccadés sur l'écran.

Bref, une caméra, c'est un peu un appareil photo capable de prendre 24 photos en 1 seconde. Plus fort que le meilleur appareil en mode rafale que pourrait utiliser un paparazzi ! Lorsque la photographie numérique est apparue, le cinéma a lui aussi vu arriver le binaire. Certains cinéastes ont tenté plusieurs tournages avec cette nouvelle technologie. Il était toujours possible pour le spectateur de discerner que le film avait une base numérique et non analogique ( par exemple , Michael Mann a utilisé des caméras numériques pour Collateral et Miami Vice, mais l'effet visuel se rapprochait énormément de celui d'une vidéo ).  La révolution, comme souvent , serait rouge ! La caméra RED a débarqué.

Pourquoi révolution ? Parce qu'enfin, une caméra numérique donnait l'impression que le film avait été tourné avec de la pellicule. Il faut savoir que la pellicule a plusieurs désavantages : on peut en manquer, il faut recharger la caméra, etc… Le numérique ne vous fait jamais le coup du " y a plus de pellicule pour tourner et le budget nous empêche d'en racheter." Depuis " Zodiac " en 2007, David Fincher ne tourne plus qu'avec la nouvelle génération de caméras digitales, et ça ne se ressent pas dans le traitement de l'image, l'effet est cinématographique et non pas vidéo !

De plus, avec la révolution HD, la conversion vers une projection numérique était plus aisée : plus la peine de numériser des kilomètres de bandes ! Pourtant la pellicule peut-être d'aussi bonne qualité, parfois même meilleure qu'une image HD. En effet, la pellicule de base permet de projeter plus de pixels que le full HD. Pourtant, il était très rare dans les cinémas de s'en apercevoir. Un projecteur fonctionne grâce à plusieurs ampoules. Il faut que toutes ces ampoules soient opérationnelles, changées souvent, etc…pour que l'effet soit bon. Et changer les ampoules, toutes les ampoules, et bien ça coute un bras. Même les multiplex ne se donnaient pas la peine d'avoir des projecteurs à 100% efficaces. De plus, après un certain nombre d'expositions à la lumière, la pellicule s'abimait, des taches apparaissaient sur l'image. Et si le projectionniste était un manche, alors le basculement d'une bobine à l'autre pouvait aussi poser problème. Tout cela disparaît avec le numérique. Pourtant, certains cinéastes continuent de ne penser qu'en termes de pellicule ? Pourquoi ? Par simple esprit de contradiction ? Par incapacité d'évolution ? Citons deux exemples de cinéastes qui ne rentrent dans aucune de ses interrogations de manière affirmative : Christopher Nolan (de la génération de Fincher) et Steven Spielberg. Rappelons que Spielberg a toujours été intrigué par les nouvelles technologies : Jurassic Park et ses dinosaures en images de synthèses en sont un des preuves. Ça remonte à 1993 ( hé oui, on se fait vieux les gars ! ) , une époque où cette technique était à ses balbutiements et pourtant, Spielby a tenté le coup ! Il est donc inconcevable de prétendre que nous tenons un réfractaire à l'évolution technique !


Steven Spielberg jouant...à la Wii.Adepte des nouveautés je vous dis !!!!

Christopher Nolan, lui,  est plus réservé sur les effets en images de synthèse. Sa devise pourrait être : le minimum possible. Il en use mais sans en abuser. Qu'est-ce qui pousse un cinéaste relativement jeune ( une quarantaine d'années, dans le milieu, ce n'est pas vieux) à rejeter la caméra numérique et à vouloir garder la bonne vieille pellicule ? Déjà, la pellicule, c'est moins cher. Même lorsque l'enveloppe allouée par les studios est imposante, un budget est un vrai cauchemar pour un réalisateur, même les plus chevronnés comme Spielberg ( qui ne dépasse plus son budget depuis le premier Indiana Jones, il était le champion toutes catégories du dépassement avant cela et ça a bien failli lui couter sa carrière. Depuis il s'amuse quand même à terminer ses films avant la date prévue.). C'est en outre une technologie fiable et connue de toute l'industrie : ça fait plus de 100 ans que ça existe et les évolutions de la pellicule n'ont pas été si nombreuses ni même renversantes dans la manière de filmer (ça , c'est la miniaturisation des caméras qui aidera). Enfin, la pellicule de type IMAX offre une qualité d'image inégalée, même en  numérique. Les inconvénients  sont la grosseur de la caméra et le fait que le film ne peut être développé qu'à Los Angeles. Cela oblige à bien penser son tournage et contraint (pour le moment ! ) à ne pas pouvoir tourner tout son film avec un tel format. Le format IMAX est 10 fois plus grand que le format traditionnel et capte donc plus de détails. Pour les scènes marquantes, c'est le format idéal ( l'attaque de la banque, l'attaque du fourgon blindé, la course poursuite en Lamborghini,etc... dans The Dark Knight ont été tournées en IMAX. Même rabotés pour une salle classique, les effets visuels sont plus forts).




On le voit, la pellicule peut encore offrir de belles perspectives. Les deux formats ne devraient d'ailleurs même pas se faire la guerre. Le choix existe, à chaque réalisateur de voir comment il veut faire…sauf qu'on n'est pas au pays des Bisounours.

De plus en plus, les studios s'acharnent pour que les films soient tournés numériquement. Cela rend, entres autres choses, la conversion 3D plus simple mais pas meilleure, attention, ça reste toujours , pardonnez moi l'expression, merdique lorsque le film n'est pas tourné en 3D. Et il n'y a que deux façons de faire un film en 3D : en le tournant avec une caméra binoculaire, ce modèle-même inventé par James Cameron et son équipe technique, ou en tournant grâce à l'ordinateur (films d'animations ou performance capture)  les animateurs  et les ordinateurs calculant l'effet 3D. Les coups de productions plus élevés des caméras numériques sont largement compensés par l'inflation artificielle du billet de cinéma pour une séance 3D ! Le secret n'est que là : le pognon ! Et beaucoup de réalisateurs cèdent aux exigences du studio. Cela crée petit à petit une disparition de l'art du cinéma tel qu'il a été inventé. Et avoir le choix ne devrait pas inclure la disparition d'un de ces choix, pas vrai ?

Dans cette guerre, aucuns camps de réalisateurs ne cherchent à imposer le format qu'ils ont choisi. Zack Snyder tourne en numérique son prochain film. Un film produit par…Christopher Nolan ! Spielberg produit des films en numérique également ! Et je n'entre pas dans le détail de certaines amitiés entre réalisateurs adeptes de formats différents.
Non, la guerre est entre le camp de la pellicule et les studios qui de plus en plus veulent imposer le numérique. Tant que des grands pontes de la réalisation (adepte de la pelloche) seront là, la pellicule, le format de base, le format historique, le format culturel du cinéma, sera toujours représenté ! Mais quand ils ne seront plus là ? Qui dira stop à l'idée de trop, celle qui dénaturera définitivement le média ?

Certains veulent déja passer au format de tournage de 48 images par secondes...et le résultat obtenu a été descendu : le rendu est si fluide et si précis...que la magie disparaît, les décors en carton sentent le carton, l'image est digne d'un soap-opera. À force de vouloir capter la réalité, la réalité s'est imposée sur la fiction.

samedi 19 mai 2012

Dans l'espace, personne ne les entendra composer...


Depuis A good Year (2006), Ridley Scott ne se sépare plus du compositeur Marc Streitenfeld ( ni de Russel Crowe,ce film étant le premier depuis Robin des Bois que Scott filme sans l'acteur néo-zélandais!). Simple assistant musical pour la société de composition de Hans Zimmer, Streitenfeld est propulsé par Scott sur le devant de la scène après que ce dernier ait joué les superviseurs musicaux sur Kingdom Of Heaven ( 2005) S'il est agréable à l'écoute, il n'est pas aussi marquant que son illustre mentor. 
Et sur le projet Prometheus, je dois avouer que j'avais de sacrées appréhension négatives sur le travail qu'allait remettre le bonhomme. Allait-il simplement copier la recette gagnante de la musique de The Ring (2003, la version  américaine, musique d'Hans Zimmer) ?

La crainte de devoir se farcir une musique plus que bof est montée d'un cran lorsqu'il a été annoncé qu'un autre compositeur avait été appelé en vitesse à la rescousse pour sauver les meubles : Harry Gregson-Williams, autre compositeur ayant fait partie de l'écurie Zimmer et ayant travaillé avec Ridley Scott sur Kingdom Of Heaven (mais d'innombrables fois avec Tony Scott, comme quoi, tout reste en famille au final). 

Le CD crédite Gregson-Williams de la paternité de deux pistes sur les 25. Une autre piste étant une reprise d'un thème musicale bien connu des amateurs de science-fiction…

Personne n'ignore (du moins si vous l'ignoriez, vous êtes sur le point de la savoir ) que Prometheus est un film qui s'inscrit dans l'univers de la saga Alien. C'est loin des terres zimmeriennes que le vaisseau s'est posé. Par contre on nage pleinement dans les sillons creusés par Jerry Goldsmith (Alien) et James Horner ( Aliens). Les ficelles sont les mêmes : des cuivres puissants, des cordes grinçantes, des percussions militaristes et violentes. On navigue en terrain connu,peut-être un peu trop d'ailleurs.Pas de surprises à ce niveau-là...enfin, ça veut aussi dire pas de mauvaises surprises.

Le résultat est par moment minimaliste, par moments chaotique et flippant. Il se dégage une poésie certaine de l'ensemble mais trop peu de moments restent en têtes après l'audition. Dommage, car la musique proposée ici est clairement réussie et parvient à distiller des ambiances diverses qui vont de l'émerveillement naïf à l'horreur la plus pure.

jeudi 17 mai 2012

Fangs of New-York.


Le mélange des genres est un exercice un peu casse-gueule. En effet, chaque genre a ses règles ( pas immuables certes) . Et si elles sont mal maitrisées, se faire rencontrer des genres avec des règles différentes voire antagonistes peut soit conduire à un gloubi-boulga indigeste et neuneu, soit créer un chaos maitrisé et jubilatoire. C'est plus vers la seconde option que nous emmène "Turf " qui va se faire croiser : polar noir, vampires et …aliens !

La fin des années 20. La prohibition est d'application et New-York voit donc le crime organisé …et bien, s'organiser un plus. L'alcool doit rentrer et les différents gangs sont plus ou moins à couteaux tirés tant cette nouvelle situation les met encore plus en compétition. Pire , un étrange gang, originaire d'Europe de l'est  veut sa part. Et ce gang règle ses problèmes sans révolvers…mais avec leurs crocs car ce sont des vampires et quand ils marquent leur territoire, le sang gicle comme jamais. L'intrépide journaliste Susie Randall ( erzats de Lois Lane) est intriguée par toute cette violence et décide d'enquêter. Pendant ce temps, Eddie, un chef mafieux devient gênant, et les vampires décident de l'éliminer. Il ne devra sa survie qu'à une rencontre inattendue ...du 3me type.


Ça sonne complètement fou (et ça l'est sans doute) et absurde, mais le scénariste Jonathan Ross traite son sujet avec sérieux sans faire le lourdaud. Les dessins de Tommy Lee Edwards sont anguleux mais dynamiques. Le tout rappelle parfois les synopsis improbables des productions Spielberg des années 80 mais avec la noirceur des histoires d'aujourd'hui. Mais sans oublier le sens du merveilleux et de l'énorme qui est une composante des comics ( et qu'on ne retrouve pas toujours ces temps-ci).

Il est dommage que la fin soit un peu trop vite expédiée, tant scénaristiquement que graphiquement. L'autre point dommageable, c'est que la série comporte 5 chapitres que l'éditeur a réparti en deux livres d'une quinzaine d'€ chacun. Alors que les USA profitaient d'un seul volume comprenant toute cette mini-série pour le même prix. 30€ pour si peu, ça fait un peu mal au portefeuille (mais l'éditeur est un habitué, le prix prohibitif était déjà de mise sur la série " The last days of american crime ").


Pour le prix d'un volume, vous pouvez vous rabattre sur le 1er tome de la saison 9 de Buffy qui devrait vous apporter autant de vampires et  de fun, si ce n'est plus, que "Turf" et un nombre plus élevé de pages.  Ou sur l'excellente " American Vampire " , scénarisée par Scott Snyder, l'homme qui préside à la destinée de Batman pour le moment.

samedi 12 mai 2012

Compte à rebours sanguinolent.


Milady, le label poche des éditions Bragelonne , est spécialisé semble-t-il dans la "bit-lit", un sous genre qui doit tout à Buffy mais qui en a mal compris l'intérêt et qui donne donc plus souvent qu'à sont tour des œuvres aussi inintéressantes que mal foutues ( et pour ne pas dire moralement douteuses ) que Twilight.

Mais, pour une raison qui m'échappe , Milady édite aussi une série vampirique bien loin de la mièvrerie : Vampire story. Après 3 ans d'attente (pour cause de refonte de la maquette.Et j'y vais franchement : je préférais l'approche précédente), voici enfin le tome 4 des aventures de Laura Caxton. Et bordel de dieu, ça fait du bien de la retrouver.

Laura est en prison pour avoir torturer un prisonnier qui détenait des informations essentielles à la capture ( et à la destruction ) du vampire le plus dangereux que Caxton ait connu jusque là : Jameson Arkeley, son mentor dans l'art de la chasse aux suceurs de sang. La voici dont en taule pour 5 ans. Placée en QHS (quartier de haute sécurité), Caxton est pourtant menacée une fois de plus par les enfants de la nuit : Justinia Malvern, le fléau qu'Arkeley a tenté toute sa vie de pouvoir détruire, a décidé de prendre possession de la prison et de s'amuser. Laura a 23 heures pour sauver sa petite amie prise en otage. L'enfer commence…

En changeant le statu-quo , David Wellington ,arrive à rendre prenante cette nouvelle aventure. Après 3 tomes lorgnant toujours avec le genre policier, il arrive à éviter la redite. La remarque vaut aussi pour la notion de temps : Laura a moins de temps que Jack Bauer pour s'en sortir. Plus que l'horreur, c'est un survival-horror ! Trouvé de la nourriture, accédé aux soins, trouver des armes, etc…tout devient une épreuve. Les qualités d'écritures restent inchangées et il est donc très difficile de ne pas continuer à tourner les pages encore et encore et encore…le tome suivant sera le dernier. Comme tous les autres, il contiendra un chiffre. Le chiffre 32 ! Le nombre de crocs d'un vampire…

vendredi 11 mai 2012

Un chevalier clair-obscur : 2me partie.

2. Les origines du mythe.


  I.Bob Kane,l'homme devant le collectif.



Batman né en mai 1939 dans les pages du numéro 27 de Detective Comics . Mais remontons le temps d'une année.

En 1938, le monde (enfin, les USA) découvre Superman dans le premier numéro de Action Comics, en juin. Le succès est au rendez-vous. À tel point qu'il faut vite inventer de nouveaux personnages pour combler l'envie du public de suivre les aventures rocambolesques de ce que nous nommons les super-héros !

Bob Kane a 22 ans lors de l'apparition de Superman. Il soumet une idée à l'éditeur du Kryptonien. Une idée qui mélangeait son goût pour les romans noirs et les inventions de Léonardo Da Vinci. Il crée donc un personnage doté d'une armature en forme de chauve-souris qui combat le crime sous le nom de The Bat ! Mais le projet n'est pas avalisé tout de suite, l'éditeur veut le voir remodeler, à commencer par le nom qui doit devenir Batman, pour créer une sorte de parenté avec Superman.



Il est assez intéressant de noter que ,malgré l'envie de DC Comics de voguer sur le succès de Superman, l'éditeur était intéressé par un héros aux particularités tellement contraires à Superman ( mais cela fera l'objet d'un autre chapitre).



Kane soumet une nouvelle version et bingo, l'impression se lance. Mais quelques mois plus tard , les responsables éditoriaux apprennent que Kane n'est pas la seule personne derrière cette refonte de l'homme chauve-souris. Kane s'était fait aider par un de ses amis, Bill Finger. DC engage Finger, mais pour des raisons de droits, préfére garder la seule appellation " Batman créé par Bob Kane ". Cette appellation apparait encore telle qu'elle de nos jours , notamment dans les génériques des films, alors que personne n'ignore la réelle implication de Finger dans la création de Batman.



Mais cela va encore plus loin. Car très vite, Batman devient le héros de Detective Comics ( encore édité à ce jour ! ) et d'une revue à son nom ! Le duo ne peut assurer seul. Une équipe se monte. Et des ajouts tels que Robin ou le célèbre Joker sortent tout droit des cerveaux d'auteurs que le grand public ne connait pas : Jerry Robinson, Dick Sprang,etc… Aujourd'hui encore, le débat sur la paternité du Joker n'est pas fini : chaque membre de ce collectif "batman" en revendiquait la création ! Mieux, chacun avait bien entendu une version de l'histoire sur l'inspiration qui servit à créer le vilain le plus emblématique de Batman !

Batman n'est pas la création d'un seul homme ( Superman ne l'était déjà pas à la base ) et pourtant un seul nom reste encore et toujours accrochés aux collants du super-héros Gothamite ! Une cruelle injustice que ni DC, ni Warner Bros ne semblent vouloir réparer…

jeudi 10 mai 2012

Du sel sous les paupières.


Thomas Day nous revient avec un court roman directement sorti en poche. En effet, l'auteur estime que fournir de l'inédit dans ce domaine de l'édition est une bonne chose pour la littérature.Il fait partie, avec Christophe Lambert (aucun lien avec l'acteur) de ces auteurs français qui sortent des chemines balisés de l'imaginaires et ne laissent pas "leurs idées folles" mourir sous prétextes qu'elles ne semblent pas rentrer dans une case dévolue à un genre bien défini. 

Son nouveau roman nous entraîne à Saint-Malo, dans les années 20. La guerre est finie mais les marques qu'elle a laissées sont profondes. Orphelins, misère sociale, les morts de la grippe espagnole reposent sous un ciel à jamais couvert par "la brume de la guerre". Judicaël, adolescent un peu petit pour son âge, vivant de ventes de journaux et de menus larcins, rencontre la belle Mädchen. Lorsque celle-ci disparaît, il va se lancer à sa recherche, trouvant en chemin un allié un peu particulier.

Day livre ici une œuvres aux diverses influences de genres. Pourquoi , en effet, se limiter à un territoire de l'imagination quand celle-ci recouvre tous les genres passés, présents et à venir ? Croisons les et obtenons un territoire de jeu "bigger than life" ! Day brasse ainsi l'uchronie, le steampunk, le fantastique et le mythologique dans un récit qui multiplie les références littéraires,historiques et cinématographiques (il place au minimum une référence par roman, à vous de retrouver celle provenant de Blade Runner de Ridley Scott).

Comme souvent avec Thomas Day, le lecteur est vite happé par une intrigue qui démarre sur les chapeaux de roues, fait vivre ses personnages et ne s'encombrant pas de fioritures ( le roman est trop court pour jouer à celui qui sortira la phrase de l'année). Néanmoins, certains trouveront peut-être que l'auteur a adoucit son style : la violence est moins graphique et la sensualité et la représentation parfois crue de la sexualité sont absents ici. La raison est simple : il a écrit ce livre pour son fils, Judicaël. Et en "adoucissant " certains aspects, Day a gagné en maturité narrative. Pas un grand livre, pas le roman de l'année…mais certainement une histoire dont les personnages, qu'ils soient humains ou non, vivront encore dans votre esprit après la lecture.

samedi 5 mai 2012

Waudru, d'âme et de pierre.

C'est tout chaud, ça sort du four.
En 2015, la capitale culturelle européenne sera la ville de Mons, en Belgique.
Hors, en cet an de grâce 2012, cette ville très attachée à son folklore et ses traditions voit arriver le 400me anniversaire de sa sainte patronne : Waudru. Dont le principale bâtiment religieux, la collégiale de Mons, porte le nom.

Pour l'occasion, un spectacle sous forme de ballet-théâtre se déroulant dans la collégiale a été commandé et réalisé. La plupart des intervenants, des élèves des trois principales écoles de la région, sont des amateurs d'origine montoise. Et sans être méchant : ça se sent.

Pour nous mettre dans l'ambiance médiévale du show, le spectacle commence avant l'entrée dans la collégiale, une troupe de jongleurs et autres cracheurs de feu s'agite devant l'entrée. Pensez à prendre quelques merguez, ça brule bien.

Premier accroc (et qui se répétera dans le spectacle  d'ailleurs) : on ne croit pas une seconde à une ambiance médiévale quand les habits sont manifestement en synthétique ou bas de gamme (cosplayers du dimanche, bonjour : on a vu des rôlistes en convention faire plus vrai) et que les intervenants sont plus propre sur eux qu'un mannequin hawaïen pour Tahiti Douche.

Second accroc : euh…le spectacle en lui-même.
Si je reconnais pleinement que l'amateurisme plein d'allant fait toujours plaisir à voir face à des professionnels efficaces mais souvent blasés, force est de constater qu'assister à une pièce prétendument élaborée (et payer sa place) quand ça ressemble à un spectacle , géant par ses intervenants, d'école  mis en scène par le prof de littérature peut être crispant.
Crispant aussi de constater les nombreux points communs entre le texte (qui raconte en partie la construction de la collégiale) avec Les Piliers de la Terre de Ken Follet (pour ne rien arranger, la série produite par Ridley Scott a été diffusée sur la Une il y a de cela quelques mois à peine, en Novembre, et certains artifices visuelles sont fort semblables, d'autres que moi oseraient se poser des questions).
Les dialogues ont été écrits à la truelle (où à la va-vite, je ne saurais dire) et les "acteurs" peinent souvent à faire passer une émotion : ils récitent un texte déjà bancal sans s'effacer et se fondre dans leurs personnages.Certes, ils n'ont pas la formation pour mais ce n'est pas une excuse : on n'embauche pas un plombier pour faire l'installation électrique.

Les parties ballet, si elles sont joliment exécutées sont elles aussi crispantes et ce pour une raison toute simple : la clé de lecture est obscure.
Nul doute que pour le metteur en scène, le chorégraphe et les danseurs, les pas et les actions allaient de soi pour transmettre une émotion. Mais pour le commun des mortels qui n'évoluent pas dans cet univers, ça reste des gens qui font un peu n'importe quoi (ah , la danse moderne, ce monde à part). On pourrait se raccrocher à la musique mais celle-ci n'est pas assez empathique (manque de budget pour payer des droits sans doute, reléguant le choix des partitions vers le libre de droit et le bas de gamme ? Oui, jeu de mot foireux).
Le final sous forme de procession se fait dans un silence presque religieux. Je parlerai de silence endormi ou gêné tant l'ensemble ne transporte jamais vraiment.
Nul doute que la plupart des applaudissements viennent des familles des étudiants ayant participé à l'entreprise et aux commanditaires du ...désastre ?
Une façon de concevoir la chose pourrait être la suivante : le spectacle est obscur pour refléter l'obscurantisme de l'époque mais la théorie est tirée par les cheveux et s'effondre lorsque l'auteur monte sur scène et prend la parole.
Tout est donc d'un premier degré sincère mais très maladroit, trop pour une ville dont les ambitions politico-culturelles pour 2015 sont si ambitieuses.
Ils ont deux ans et demi pour montrer qu'ils peuvent faire appel à des pros ou bien lamentablement se casser la gueule…
Il reste encore trois dates (voir affiche) mais si vous voulez goûter au folklore montois, patientez plutôt jusqu'au mois de Juin pour assister à son fameux Doudou.
C'était tout chaud, c'était un four !