On
distingue deux périodes temporelles où Batman a opéré sans Robin ( et sans "bat-family
"). La première prend place de 1939 à 1940. La seconde est plus éparpillée
et ne constitue pas un bloc brut à proprement parler.
À la
création du personnage, Batman opère seul. L'ambiance de la série est au
diapason de celle de son époque : sombre. Les années 30 sont marquées par la
prohibition, le crime organisé et les conséquences de la crise de 1929 ! Les
figures emblématiques qui constituent la galerie de vilains que presque tout le
monde connait ne sont pas encore présentes.
Batman
affronte des savants fous,des monstres et même des vampires en Europe! Il
n'hésite pas non plus à éliminer avec une arme à feu certains de ses
adversaires ! L'ambiance n'est pas à la rigolade, loin de là. C'est une période
brumeuse pour le personnage.
Ses origines évoluent au fil des mois : l'on passe
d'un bourgeois New-Yorkais, homme du monde et blasé, à un play-boy aisé ayant perdu ses
parents lors d'une agression à Gotham City.
C'est
parce que les éditeurs trouvaient que sa méthode expéditive pour régler un
problème était trop directe que Batman commença à se voir fournir par ses
créateurs un arsenal de gadgets plus utiles les uns que les autres ! Une
première tentative d'adoucissement de la série. La seconde sera l'arrivée de
Robin,de l'humour, de couleurs flashy…
Vers la fin
des années 80 cependant, DC décide de refondre son univers. Avec près de 50 ans
de continuités diverses ( plusieurs univers formaient l'ensemble des
publications),l'éditeur pense qu'il faut sérieusement repartir sur de nouvelles
bases, couper certaines branches, explorer de nouveaux horizons. L’évènement éditorial " Crisis on infinite Earth " a pour objectif de rendre plus
clair et plus simple d'accès un univers devenu très opaque pour le lecteur qui
voudrait tenter l'aventure.
Batman
repart donc presque à zéro et c'est l'occasion de publier "les origines
définitives" de l'homme chauve-souris. Batman Year One sort donc sur 4
mois et narre par le détail le retour de Bruce Wayne à Gotham, sa rencontre
avec Jim Gordon et comment ils vont combattre dans une ville infestée de gangs
et de ripoux. L'ambiance noire des débuts est de retour.Et cette fois-ci elle
s'installera pour de bon !
Batman Year
one est un récit un peu à part. Les numéros qui suivront ne seront pas ses suites
directes. Oh il y en aura (Year Two, Year Three…) mais de manières espacées. Certains auteurs, comme Jeph Loeb et Tim Sale,
fourniront des suites non-officielles à Year One avec Long Halloween et Dark
Victory. Si le futur Robin est introduit dans Dark Victory, il ne faut pas
s'attendre à le voir jouer tout de suite le rôle de fidèle allié de Batman. Le travail de Loeb et Sale est tellement bon, qu'il sert encore de référence maintenant lorsqu'il s'agit d'évoquer le passé de Batman. Year Two et Year Three ayant presque été effacés,la faute à leur médiocre qualité !
Matt Wagner,
dessinateur et scénariste, fournira aussi des suites non-officielles à Year One
tout en opérant une sorte de remake d'aventures classiques du Batman des années
30. Là où Loeb et Sale convoquaient Double-Face, le Joker et tous les autres,
Wagner convoque la figure du savant fou ( Batman et les monstres) et celle du vampire
(Batman et le moine fou) tout en n'oubliant pas de faire jouer un rôle aux
familles mafieuses de Gothamn inventées par Frank Miller et David Mazzuchelli
dans Year One.
Peu après avoir édité "Élégie",Urban Comics
enchaîne avec "Hydrologie", la suite des aventures de Kate Kane alias
Batwoman.
Lorsque nous avions quitté Batwoman,l'identité de Batman
était assurée par Dick Grayson (premier Robin avant de devenir Nightwing)
puisque Bruce Wayne était supposé mort. Depuis qu'il est revenu,il a lancé
l'opération "Batman Inc."
L'album débute alors que Bruce enquête pour confirmer ou
infirmer l'identité de Batwoman en vue de la recruter. Mais dans l'ombre, une
autre agence, bien plus officielle, a elle aussi des vues sur Batwoman.
Si l'on retrouve J.H Williams aux dessins, il n'en va pas de
même pour le scénariste Greg Rucka qui a quitté le navire ( quoique la rumeur
voudrait qu'on l'ai fait quitté le navire). C'est donc J.H Williams qui reprend
les rênes, aidé par un de ses amis absolument étranger au monde des comics
avant cela.
La bonne surprise, c'est que le niveau ne baisse pas
vraiment malgré l'absence de Rucka qui avait créé le personnage. Williams mène
bien sa barque scénaristique en continuant sur les bases lancées par Rucka,
des bases délicates car Rucka est un
maître dans la caractérisation des personnages féminins forts. La romance
esquissée entre Kate et Maggie Sawyer de la Police de Gotham prend ici son
envol.
Cet exercice aurait pu être casse-gueule et très cliché sur l'amour
lesbien et Williams évite les pièges. Mieux, plutôt que de nous ressortir une
collaboration Batwoman/Sawyer qui aurait fait écho à celle de
Batman/Commissaire Gordon,Williams lance presque directement Sawyer sur les traces
de Batwoman pour l'arrêter. On retrouve donc le couple civil être en conflit
une fois les masques et les plaques de police enfilés ! Un cliché éculé qui
pourtant apporte un souffle de suspens supplémentaire !
La série continue sa lancée dans le genre
fantastique,ambiance délaissée par les autres Bat-titres ( à l'exception de
"La nouvelle aube" qui restait moins maîtrisée à ce niveau que ne l'est Batwoman) tout en ne reniant pas le côté enquête et polar
qui traverse les titres liés à la chauve-souris gothamite ! En effet, Kate va enquêter sur des disparitions d'enfants.Disparition orchestrée par ce qui semble être une sorte de variation de la "dame blanche", un esprit fantomatique bien connu des amateurs d'histoires horrifiques.Kate aura aussi fort à faire en catalysant les envies super-héroïques de sa cousine.
Les dessins de J.H Williams sont encore découpés en 3 styles
différents. Un style plus âpre et réaliste souvent utilisé pour les flash-back,un
style plus rond et pastel pour la vie civile de Kate et enfin le même style mis en
couleurs par peinture pour la partie super-héroïque et qui renforce le côté
presque divin de ces personnages d'essence mythologique.
Alors oui, la maîtrise scénaristique est moindre que celle
de Rucka mais elle s'en approche vraiment de près et cela ne peut qu'aller vers le haut une
fois que Williams aura pris l'habitude de l'écriture pure.
Article un
peu spécial puisqu'il s'agit d'une refonte d'un ancien. Hors, pour des raisons
que je vais développer au fil du texte, il était en fait impensable de
simplement le revoir et de l'enrichir.
Batwoman est la nouvelle chauve-souris de la bande à
Gotham. Enfin presque, elle n'entretient aucun lien, une fois le masque tombé,
avec le reste de la Bat-family. Mais son style et ses efforts ont convaincu le
Batman actuel ( Dick Grayson, Bruce Wayne étant …occupé ailleurs) à la laisser
agir.
Alors, que vaut
"Élégie " édité par Urban Comics en VF sous nos latitudes ?
Déjà,comme pour Panini,
ils auraient bien fait de rédiger un texte d'intro car l'histoire de Batwoman
ne commence pas ici mais a débuté bien avant ,dans d'autres publications qui ne
tournaient pas qu'autour d'elle. Bref a vous de vous démerder pour comprendre
certaines choses. Alors certes cela ne gêne pas trop l'histoire mais il y a
un manque de background qu'un petit rédactionnel aurait permis de saisir .On
est en droit de s'étonner de l'absence des pages qui auraient été utiles
puisque Urban propose ce "service" sur les intégrales de" Batman
par Grant Morrison".
Le scénario est signé
Greg Rucka , qui a créé cette héroïne, et les dessins par J.H Williams III.
"Élégie" comprend en fait trois récits distincts bien qu'étroitement
liés entre eux. Batwoman a remplacé le temps de 9 épisodes le locataire habituel de la revue
"Detective Comics", à savoir Batman. Batman était apparu dans l'un
des premiers numéros de cette revue en 1939 et ne l'avait plus quittée depuis.
C'est d'ailleurs fort du succès de cette revue que les éditions DC actuelles
ont adopté les initiales de ce magazine pour prendre leur nom définitif ! Mais
revenons à notre bat-cave!
Greg Rucka est donc le créateur de cette Batwoman,
Kate Kane, qu'il avait introduite dans la maxi-série "52". Il avait
introduit quelques conceptes et notions autour de l'héroïne. Notions qu'il
reprend donc logiquement ici. À savoir "le culte du crime" divisé en
plusieurs sectes et menées par la bible du crime. Et Batwoman est d'une façon
ou d'une autre vouée à jouer un rôle dans la venue de leur version de l'apocalypse,
rien que ça. Certains adeptes ont un pouvoir de métamorphose proche du garou,
l'animal servant de particule au garou est différent selon la personne. Dis
comme ça ,ça parait fort abscons et très différent de ce à quoi Rucka nous
avait habitué sur Gotham Central mais il est talentueux et une fois le concept
accepté, tout cela passe comme une lettre à la poste.L'ambiance fantastique n'est pas sans rappeler "La nouvelle aube", une aventure de Batounet.
L'histoire commence alors
qu'une nouvelle secte adepte du culte sévit à Gotham. Son leader n'est autre
qu'une femme se nommant Alice et se croyant sortie d'un bouquin de Lewis
Caroll. Elle va s'évertuer à pourrir la vie de Kate Kane cela va sans dire.
Entre deux missions en tant que Batwoman, Rucka va faire évoluer Kate dans le
monde normale, parler de sa vie privée,etc… Kate est lesbienne et Rucka évite les
clichés concernant les homos et n'en fait pas un objet de fantasme masculins
comme il aurait si facile de le faire. Il faut dire qu'il s'était déjà fait la
main sur Renée Montoya dans "Gotham Central"…et que cette dernière
sortait avec…Kate Kane : tout se recoupe !
Après 4 chapitres sur le culte du crime, Rucka livre
une histoire en 2 parties narrant la vie de Kate avant de devenir Batwoman, de
son enfance à sa sortie de l'armée pour avoir avouée être gay ( en violant le
" don't ask, don't tell" elle honore paradoxalement la droiture
morale que l'armée veut qu'elle arbore en ne mentant pas…), sa vie dissolue se
voit chamboulée quand elle se faite sauver d'une agression par un être nocturne
protégeant Gotham depuis des années. Au long de ses 2 parties de l'album,Rucka explique
comment une simple citoyenne peut rivaliser avec le matos super-high-tec de
Batman (fournit par Wayne entreprises). Le père de Kate est haut placé à
l'armée et ils ont réussi à faucher du matériel de pointe ( du coup je me
demande si une partie de son arsenal ne sort pas des usines de Lex Luthor, ça
serait ironique n'est-ce pas ?). Parmi tout cela, le costume est une armure
liquide permettant de résister aux couteux et aux balles. J'ai été étonné après
recherche de constater que le concept d'armure liquide n'est pas de la
science-fiction ! C'est en effet une technologie prototype qui allie une base
solide (le tissu) et une base liquide nano-technologique qui se solidifie une
fois qu'un coup est porté, cela rend l'armure plus légère et plus solide qu'un
gilet pare-balle ! Vu le prix que ça doit couter, on parie combien que les
soldats sur le terrain n'en profiteront malheureusement jamais ?
La partie graphique est assurée par J.H Williams III .
Et le bougre assure et change de style en fonction de l'action. Son style
habituel, à la colorisation proche de la peinture et bénéficiant d'un découpage
inhabituel ne se montre que lorsque Batwoman (ou ses adversaires) est
impliquée. Les planches sont découpées de manière très dynamique, rajoutant du
tempo à l'action ! Les scènes impliquant Kate Kane et sa vie sociale sont plus
posées mais tout aussi détaillées, cependant la colorisation est soudainement
proche d'une mise en couleur par ordinateur ! Le découpage se fait de manière
plus classique. La dernière partie de l'album qui raconte le passé de Kane est
lui un changement total dans l'esthétique du dessinateur. Il adopte en effet un
style proche de celui d'un Michael Lark ou d'un David Aja ( Daredevil, voir cet article), faisant preuve d'un réalisme noir,
ramenant l'héroïne dans un univers proche de celui du polar. Un travail
remarquable qui mérite d'être salué.
La dernière partie est inédite, elle était absente de
l'album Panini et même de la version américaine de l'album ! Elle narre une
histoire jouant entre présent et passé en mêlant une enquête de Batman et une
autre de Batwoman. C'est Jock qui assure les dessins. Je ne reviendrais pas sur
son style, déjà évoqué ici, mais c'est la meilleure partie de l'album,tant au
niveau intrigue que dessins. La colorisation des planches permet même
d'identifier au premier coup d'œil dans quelle tranche temporelle l'histoire
évolue.
Au niveau éditorial, Urban a privilégié le format comics au
format Deluxe de Panini. Broutille. Mais Urban a ajouté des épisodes et traduit
les bonus ,à savoir une préface et les bonus américains. On regrettera
seulement que la traduction soit moins explicite sur certains mots employés.
Certains relèvent du jargon militaire quand la traduction de Panini était moins
nébuleuse sur les acronymes.
Ça faisait
un bon moment que l'idée me trottait dans la tête : écrire un article
relativement complet sur mon compositeur favori : Hans Zimmer. Pour ceux qui ne
connaitraient pas, il ne s'agit pas d'un obscur compositeur classique. Non, il
s'agit d'un compositeur de musique de film.
Même si son nom ne vous dit rien,
sa musique vous est sans doute connue...
Même la musique me ramène au cinéma, vous
avez le droit de me trouver obsessionnel.
Il y a deux façons de procéder pour parler de l'œuvre d'un artiste.
La manière chronologique ou la manière thématique. J'ai ici privilégié la méthode chronologique qui permet d'approfondir bien plus d'aspects personnels et de comprendre comment le compositeur travaille et en est arrivé là ou il est aujourd'hui.
Dans un livre, il est aisé d'intercaler certains encarts thématiques à-même le texte principal. Dans un blog comme celui-ci,c'est une autre histoire.
Néanmoins, il s'agit pour moi de tenter de faire le tour d'horizon le plus complet possible (et non une analyse poussée. Je serais d'ailleurs incapable de longuement déblatérer sur le sujet purement musical, je ne suis pas musicien et n'ai jamais fait de solfège ). Une partie plus thématique sera donc proposée une fois l'aspect chronologique passé.
Hans Zimmer Begins
Hans Florian
Zimmer naît le 12 septembre 1957 à Francfort, en Allemagne dans une famille
aisée. Son père est médecin, sa mère musicienne. Très tôt,le jeune Hans se
montre intéressé par la musique mais il est totalement allergique au système
d'enseignement du solfège ( rejoignant en ça son ami Steven Spielberg) : son
professeur privé de piano jettera l'éponge parait-il au bout de deux semaines.
Malgré tout, les ambitions artistiques de Hans restent à la surface. Il
apprendra en autodidacte : l'un des compositeurs les plus
respectés du milieu a longtemps eu du mal à lire une partition !
Lorsqu'il a
7 ans, son père décède. Au fil des années, sa mère n'arrive plus à canaliser
les élans créatifs de Hans , ces élans qui sont en train de miner profondément
ses résultats scolaires. En désespoir de cause, elle prend contact avec une
école anglaise qui aborde l'enseignement sous un autre angle et laisse aux
élèves une certaine liberté dans des disciplines ciblées dont la musique.
The British
Years.
À 14 ans,
Zimmer débarque donc à Londres. Il se fait convoquer chez le directeur de
l'établissement juste avant la rentrée des classes. En effet, ce dernier prend
peur à la lecture des anciens bulletins de notes et autres dossiers scolaires
de Hans. Le directeur va droit au but en lui demandant comment éviter une
catastrophe scolaire qui semble plus qu'annoncée : inévitable ! Hans Zimmer lui
répondra qu'il veut juste faire de la musique et ne pas être brimé dans cette
démarche. Sentant que la motivation du
petit n'est pas feinte, le directeur adapte les horaires du futur lauréat d'un
Oscar et il rédigera personnellement les bulletins qui seront envoyés à la mère
de Zimmer. Ses résultats en math seront toujours limites et pour cause : Hans
Zimmer avouera n'avoir jamais rencontré le prof de math de l'établissement.
La cave de
l'école devient son repère. Un antre dans laquelle il se réfugie avec les
autres aspirants musiciens de l'établissement. À 17, il devient l'un des
premiers acquéreurs au monde d'un nouveau système de synthétiseur musical : il
lui faudra 6 mois pour arriver à en tirer quelque chose. Car entendons-nous
bien, nous ne parlons pas ici d'un clavier comme on imagine un synthétiseur de
nos jours. Non, il s'agit d'un monstre technologique relié à un clavier. Et quand on se paye se genre d'engin, on est
vite repéré. Il intègre le groupe des Buggles et travaille sur leur titre phare
: Video killed the radio stars. Il compose également des jingles pour un studio
londonien et fait petit à petit son trou dans le monde de la musique. Il
travaillera aussi sur un album de Michel Polnareff (qui le saluera des années
plus tard dans ses mémoires).
C'est
lorsqu'il décroche le poste d'assistant de Stanley Meyers qu'il met enfin les
pieds dans le monde de la musique de film. Il devient très vite co-compositeur
officiel de plusieurs bandes originales avant de se lancer seul dans l'aventure
A world appart, un drame sur l'apartheid en Afrique du Sud. Avec cette B.O,
Zimmer démontre déjà qu'il aime s'imprégner des éléments locaux de l'action du
film (ici en incluant surtout des chants africains, ce qui rejoint une autre
particularité chez lui : un emploi de l'élément vocal assez conséquent) et
qu'il aime jouer avec les sonorités. Si toute la B.O est jouée au synthé, il
n'en reste pas moins que Hans Zimmer joue avec des sons purement électroniques
et des copies de sons issus de vrais instruments. Il ne le sait pas encore,
mais A World Apart va lui ouvrir les portes d'Hollywood !
Welcome to
Hollywood.
Barry Levinson
est un réalisateur, on lui doit notamment Le mystère de la
pyramide, sympathique production Spielberg sur les jeunes années de
Sherlock Holmes et du Dr.Watson. En l'an de grâce 1988, notre bon Barry cherche
un compositeur pour son film Rain Man. C'est sa femme, qui avait aimé la B.O de
A World Apart qui le convaincra de rencontrer Hans Zimmer. Le reste
appartient, comme on dit, à l'Histoire ! Non seulement Rain Man fait poser le pied à Zimmer à Hollywood mais sa première
nomination à l'Oscar pour ce film le fait rester ! L'année d'après, c'est au
tour de Ridley Scott de faire confiance au nouveau jeune prodige pour Black
Rain (décidément, les histoires de pluie…). Les sonorités légèrement asiatiques
entendues dans Rain Man peuvent soudain exploser dans le film de Scott qui se
déroule en grande partie au Japon. Bien que doté d'un meilleur budget pour sa
musique qu'à ses débuts, Zimmer doit encore compenser avec le synthétiseur.
Aujourd'hui encore, il est très difficile pour un expert en la matière de
distinguer les instruments réels et synthétiques qui forment la bande-originale
de ce film ! Il n'oublie pas ses origines rock'n'roll et composera même la
musique pour la chanson du générique du film I'll be holding on. Il signe encore de temps à autre
la musique de quelques chansons ciblées cinéma ( Tell me now pour la B.O de King
Arthur, A man for all seasons pour Johnny English, etc…).
Par
l'intermédiaire de Ridley, Zimmer se fait embaucher sur le film de Tony Scott,
Jours de tonnerre en 1990. Tony Scott convainc en effet son producteur, Jerry
Bruckheimer, d'engager Zimmer. Depuis lors, la plupart des productions
Bruckheimer utilisent une musique signée Zimmer ou l'un de ses protégés. Car ,
et c'est la rançon de la gloire, son style est si apprécié qu'il est convoité
par beaucoup de personnalités hollywoodienne. Il cofonde alors un studio,
Mediaventure, avec son ami Jay Rifkin qu'il rencontra lors de la composition de
Black Rain. Cela permet certains avantages à Zimmer : son style de musique est
plus accessible et n'est plus tributaire de son agenda, cela lui permet de
travailler en groupe et de confronter ses idées à d'autres ( Zimmer déteste
bosser tout seul, mais j'y reviendrai) et surtout cela lui permet de se sentir
utile en laissant leur chance à de jeunes talents ( dont beaucoup proviennent
d'Angleterre aux débuts du studio : des gens qu'ils avaient croisés là-bas
avant de s'installer en Amérique…et de s'y faire nationaliser). En se faisant
remarquer de la sorte, Zimmer obtient des budgets plus conséquents pour son
illustration musicale et commence donc à utiliser de gros orchestres. Mais pour
cela, il doit fournir des partitions, qu'il ne sait pas écrire ! Le problème
sera résolu grâce à l'informatique, puisque très vite il fera mettre au point
un programme qui retranscrit en notes ce qu'il pianote sur son clavier.
La
bande-originale de Power of one, en 1992, se fait néanmoins remarquer par son
manque flagrant d'instruments. Le film refait poser ses valises musicales à
Zimmer en Afrique. Comme cela restera le cas plus tard dans sa carrière, Zimmer
emprunte à la culture locale certains trucs musicaux. Ici il choisira
l'approche lyrique : des chœurs africains puissants remplaceront les instruments
! C'est cette B.O qui fait dire aux studios Disney qu'il est peut-être l'homme
de la situation pour un film dont personne n'imaginait à l'époque (tout le
monde pensait qu'ils allaient faire un bide avec ce film) qu'il entrerait dans
la légende Disney comme l'un des films les plus aimés : Le roi lion ! Zimmer
combinera dans cette musique tout ce qu'il aime : le synthé, l'orchestre et les
vocalises ! Entre autres récompenses, c'est un Oscar qui l'attend au bout du
chemin ! La reconnaissance du milieu est maintenant acquise 5 ans seulement
après avoir débarqué à L.A ! Sa carrière décolle vers les sommets. Il peut se
permettre de refuser les projets qui ne l'intéressent pas. Fan absolu d'Ennio
Morricone, il voit dans le film ,un brin nanard mais sympathique, Broken Arrow
de John Woo de composer une musique de western tout en déconstruisant
musicalement le genre. Il rendra un hommage plus reconnaissable à Morricone
dans la b.o de Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde.
Hans Zimmer et l'Afrique, une combinaison toujours gagnante !
Vers le
milieu des années 90, Steven Spielberg s'offre une folie : son propre studio de
cinéma DreamWorks ! La légende prétend ( Zimmer lui-même n'est pas certain du
pourquoi du comment) que c'est en écoutant la B.O de Crimson Tide ( U.S.S
Alabama ) que Spielberg décide d'octroyer le poste de directeur musical du
studio à Hans Zimmer, ce qui explique pourquoi un nombre important de films
sortants de ces studios possèdent une musique de Zimmer ou tout du moins
zimmerienne. Cela bien entendu ne
l'empêche nullement de travailler indépendamment. En 1998, il livre une de ses
bande-originales les plus intrigantes et des plus réussies : The Thin Red Line
( La ligne rouge) . cette composition atypique sera enfantée dans la douleur :
Zimmer et le réalisateur Terrence Malick ayant deux points de vues radicalement
opposés sur le sujet ! Le meilleur morceau de la B.O, Journey to the line, est
d'ailleurs la réponse en forme de " Va te faire voir " à Malick qui
ne voulait rien de mélodieux. Résultat des courses ? Zimmer se voit nominé à
l'Oscar 99 de la meilleure musique. La compétition est serrée, en face il
y a John Williams et son Il faut sauver
le soldat Ryan. Au final, ni l'un ni l'autre ne repartira avec la statuette,
c'est La vita e bella qui remporte la palme (façon de parler).
Les années
DreamWorks.
Studio
encore tout jeune à la fin des années 90, Dreamworks doit d'abord faire ses
preuves sur le terrain balisé d'Hollywood. Son premier film d'envergure est The
Peacemaker (Le Pacificateur),thriller d'action avec George Clooney et Nicole
Kidman. La musique est, bien entendu, confiée au directeur musical du studio
qui vient fraichement d'obtenir le poste !
Le résultat
est un concentré du style Zimmer des années 90 et rappelle aussi bien USS
Alabama que le thème de Rock (pour la petite histoire, Rock n'est pas de lui, la
majorité de la B.O est de Nick Glennie-Smith. Zimmer est arrivé tardivement sur
le projet à la demande du producteur qui souhaitait un nouveau thème principal.
Zimmer n'a composé que 15 minutes du film…mais comme ses compositions ont été
utilisées de manières plus longues et disséminées sur tout le long-métrage, la
musique lui est souvent entièrement attribuée, à tort).
On
retrouvera également Hans Zimmer au générique du dessin-animé Le Prince
d'Egypte, pour lequel il décrochera une nomination à l'Oscar !
Le studio
se diversifie et , jusque son rachat par Paramount il y a quelques années, alterne
film en live et film d'animation. Durant toutes ces années, la majorité des
projets sont confiés musicalement à Hans Zimmer ou à des membres de son studio.
Rien d'étonnant, c'est lui le directeur musical après tout. Il n'est donc pas
étonnant de retrouver des accents zimmeriens sur des films tels que Shrek, Sinbad
ou encore Transformers !
Harry-Gregson Williams signe la musique de Sinbad.2 ans plus tard, il signera le Kingdom Of Heaven de Ridley Scott.Tout reste en famille
Un petit air de Gladiator, n'est-ce pas ?
Gladiator, parlons-en ! En 2000, il
retrouve Ridley Scott avec qui il n'avait plus travaillé depuis Thelma & Louise ( ce n'est pas tout à fait vrai : Zimmer travailla sur 1492, le film de Scott sur Christophe Colomb. Sa musique fut rejetée par les producteurs et Scott confia la musique à Vangelis, autre compositeur ayant déja travaillé avec lui. À ce jour, à part les acteurs de cette histoire, personne ne sait à quoi ressemble la partition de Zimmer sur le projet.) Gladiator, film Dreamworks,débarque et emporte tout sur son passage. Jusque 2004, Zimmer
et Scott ne se lâcheront d'ailleurs plus ! Hannibal,Black Hawk Down et Matchstick Men ( Les associés,en VF ).
Gladiator
met tout le monde d'accord. Sa nomination aux Oscars ne fait aucun doute tout
comme sa victoire. Et là, roulements de tambours, apocalypse mondiale : Zimmer
perd face à Tigre & dragon. Encore aujourd'hui, cela fait partie des
énigmes des Oscars à ranger à côté de "Comment Shakespeare in love a-t-il
obtenu celui du meilleur film face à Il faut sauver le soldat Ryan et La Ligne
rouge ?" et " Pourquoi The dark knight n'a pas été nominé dans la
catégorie meilleur film ? ".
Il
existe une explication simple à la défaite de Zimmer , enfin, plutôt deux : 1°
Tigre & dragon est sorti 5 mois après Gladiator, la musique était plus
fraiche dans la tête des votants . 2° On a vu un phénomène massif de votes de
soutiens face à ce que tout le monde voyait comme le grand vainqueur :
Gladiator. Malgré encore pas mal de nominations, Zimmer n'a jamais regagné un
Oscar depuis Le roi Lion… Pourtant, aujourd'hui encore, si je vous passe un
morceau de Gladiator, vous risquez fort de le reconnaître. Alors que Tigre & Dragon… La même année, il livre la partition très Rock'n'roll de Mission:Impossible 2. Peu recherchée, elle propose néanmoins un morceau d'anthologie, rehaussé par le talent vocal de Lisa Gerrard,timbre fantomatique de la b.o de Gladiator !
Un morceau non utilisé dans le film...mais quelle montée en puissance dans le dramatique.
L'hommage à Ennio Morricone.
Le morceau justifiait à lui-seul la possession de la B.O
Gladiator
le laisse lessivé ! De plus , en hommage appuyé, son ouverture du film (qui se
déroule en pleine guerre) reprenait les mêmes éléments instrumentaux et thématiques que l'œuvre de Gustav Holst consacrée à
Mars (dieu romain de la guerre) dans sa
Symphonie des planètes. Un procès lui sera intenté par les ayant-droits…qui
seront déboutés.
À vous de vous faire votre idée sur la chose.
Si Zimmer
reste accroché à des projets parfois très épiques, comme,en 2001 avec Pearl Harbor ou en 2003 avec Le dernier Samourai, ce
n'est qu'en 2004 qu'il retrouve enfin un souffle, qui ne le lâche plus depuis, avec King Arthur !
Morceau absent du CD.Incompréhensible!
Pearl Harbor est considéré par Zimmer comme un semi-échec. Fatigué, il travaille d'arrache-pied pour livrer le thème musical romantique ultime...il est encore dépité d'avoir livré une mélodie agréable mais loin de ses aspirations. Les moments de bravoures musicales sont beaux mais tellement entendus qu'ils ne finiront même pas sur le CD ( ce qui est bien dommage, ils n'avaient rien,mais alors rien, de honteux).
Il arrive cependant en 2002 à livrer, avec Spirit, l'une des plus belles ouvertures musicales de ces dernières années.
Spirit est un album assez spécial puisque le film, centré sur un cheval, ne laisse pas de place aux animaux pour parler.Ce sont donc les chansons qui doivent transmettre le message. Les musiques des-dites chansons sont signées ou co-signées par Zimmer et les paroles et les vocalises sont de Bryan Adams.Autant B.O qu'album d'Adams,Spirit s'écoute sans déplaisir aucun !
Durant
toutes ces années, Zimmer subira nombres de critiques portant sur son utilisation
de compositeurs de musique additionnelle. Un b.o est mise au crédit de son
auteur si celui-ci à écrit au moins 70% de celle-ci,le pourcentage est le même
pour pouvoir être nominé aux Oscars.
Hors, dans le monde de la musique
hollywoodienne, parler des compositeurs de musique additionnelle est presque
tabou. Ils sont certes crédités comme assistants ou dans les remerciements sur
le livret du CD mais jamais vraiment reconnus. La politique de Zimmer est
de citer toutes les petites mains qui ont permis d'arriver au résultat final :
il n'oublie jamais que c'est comme cela que sa carrière a commencé et refuse
de cacher l'implication de l'un ou l'autre. Il ne compose pas seul ( ça
l'emmerde : rappelons que ses débuts se sont fait dans des groupes ou en
collaboration) et il n'a pas honte de le faire savoir, après tout, il assume la
paternité de la plus grosse partie, comme la plupart des compositeurs...même le grand John Williams travaille de cette façon.
Un peu avant 2005, Zimmer quitte le studio Mediaventure.Son associé ayant détourné des fonds, Zimmer claque la porte et s'en va fonder seul Remote Control Productions. Plusieurs de ses poulains le suivent.
Christopher
Nolan, le nouvel El Dorado ?
En 2005,
Christopher Nolan sort Batman Begins, une exploration de ce qui a fait de Bruce
Wayne un héros torturé. Nolan est convaincu que le seul homme capable de mettre
Gotham en musique est Hans Zimmer. Au départ réticent, Zimmer se laisse
convaincre par l'enthousiasme du réalisateur et décide de profiter de
l'occasion (qui fait le larron) de travailler avec son ami James Newton Howard,
également compositeur. Nolan accepte le deal, trop content de travailler avec
Hans. Depuis lors, Nolan lui passe tous ses désirs et le laisse bosser comme il
veut et produire la musique qu'il veut ! Une confiance absolue. Cela permet à
Zimmer d'expérimenter des sonorités peu courantes à Hollywood : son thème du
Joker est tout bonnement étonnant et je ne parle même pas de la musique de
Inception. Et la seule fois où Nolan sortira un film post-batman begins sans
confier les rênes de la musique à Zimmer, ce dernier se retrouvera producteur
de la musique ( sur Le prestige,en 2006).
The dark knight rises nous a réservé des surprises sonores cet été. Et comme Nolan
est bien placé pour réaliser un volet des aventures d'un autre héros
emblématique, Zimmer pourrait en toute logique le suivre pour illustrer
musicalement …James Bond !
Plus fort encore, Christopher Nolan s'est vu confié la production d'un autre film de Super-héros, qui sera réalisé par Zack Snyder ( 300 , Watchemen et Sucker Punch, c'est lui ) : Man of Steel, soit le retour de Superman au ciné depuis le bide (immérité) au box-office de Superman Returns. Et devinez qui a été choisi pour ,comme le disait l'intéressé, " être mis dans la position ingrate de passer après John Williams " ?
Quand Nolan
ne le monopolise pas…
Avec le
succès surprise (mais mérité ) de Batman Begins,le studio Warner envisage de
mettre à profit l'option qu'elle a mise sur un scénario qui redéfinit un autre
héros emblématique, connu du grand public et détective hors pair : Sherlock
Holmes !
Les films sur Sherlock suivent d'ailleurs un schéma assez proche de
ceux consacrés à Batman (mais c'est un histoire pour un article sur le ciné,
pas sur la musique). Il n'est dés lors
pas étonnant que le nom de Zimmer soit vite cité pour illustrer les aventures
du détective londonien. Cependant, le réalisateur Guy Ritchie le prévient
d'emblée : pas de pseudo-remake musical de Batman ici ! Pas de problème, Zimmer
ne le prévoyait même pas ( je l'ai déjà dit je pense : ne pas innover un
minimum l'ennuie ).
Au final, la partition sera nominée à l'Oscar alors
qu'aucune de celles sur Batman ne l'a été ( jusque maintenant, rien ne dit que
"The dark Knight rises" ne fera pas mentir mon affirmation).
Holmes est un joueur de violon ? Alors les
violons et les instruments à cordes vont hurler à la mort tout en accompagnant
des sonorités moins stridentes mais plus brutes,le style Zimmer devenant plus agressif
depuis Gladiator.
Nous pénétrons maintenant dans une partie plus thématique que le reste.
Les frères
Scott
Excusez ce
titre ressemblant à s'y méprendre à celui d'une série pour ados qui ne reflète
pas la vie d'ado.
Je l'ai
abordé plus haut, Hans Zimmer doit en grande partie son implantation
hollywoodienne à Ridley Scott et à Tony Scott. Si Ridley le conseille à Tony,
c'est sans doute ce dernier qui lui permet le plus de marquer de son empreinte le
monde de la musique de film puisque le producteur Jerry Bruckheimer use et
abuse de musique zimmeriennes depuis le début des années 90.
L'un des
points communs entre les deux frères, c'est leur relation étroite mais parfois
lointaine avec les compositeurs qui travaillent sur leurs films, en particulier
Ridley qui papillonne plus que Tony ( qui resta attaché à Harry
Gregson-Williams à partir d'Ennemi d'état jusque Unstoppable, son dernier film
avant sa mort cet été).
Ridley
Scott a travaillé avec Zimmer sur Black Rain et sur Thelma & Louise. 1492
marque un échec dans leur relation de travail et Ridley Scott se voit contrait
de faire appel à un autre compositeur, avec qui il avait déjà travaillé, pour
le remplacer. Nous sommes en 1992.
Thunderbird, morceau emblématique du film Thelma & Louise,ici joué en concert.C'était à Gand en 2000 lors du festival du film de la ville. J'enrage encore de l'avoir raté.
Il faudra
attendre 8 ans avant que les deux hommes ne retravaillent ensemble. Dès que le
succès de Gladiator est avéré, Scott ne cherche même plus à engager quelqu'un
d'autre et Hans se retrouve sur des films aussi divers que variés : Hannibal le
pousse vers le thriller, Black Hawk Down vers le film de guerre urbaine
oppressante (et la musique sera très expérimentale, opposant instrumentalisation
tribale à une musique purement électronique, seul un morceau sera vraiment
symphonique). Les associés versera dans la comédie dramatique ( genre que
Zimmer maitrise moins bien).
La cassure
survient lorsque Scott décide de mettre en scène Kingdom Of Heaven : un film de
chevalier en croisade. Mais Zimmer doit décliner. Il s'est laissé convaincre
par un jeune réalisateur de travailler sur une autre histoire de chevalier en
croisade : la croisade du chevalier noir contre le crime ! Nous sommes alors en 2005.
Depuis
lors, la musique des films de Scott reste d'accent zimmerienne (il engage Harry
Gregson-Williams sur Kingdom of Heaven et ne se sépare plus de Marc
Streitenfeld, un ancien assistant du studio de Zimmer, depuis A good Year pour
assurer l'accompagnement musical de ses films) mais le maestro n'est plus à la
barre. Un temps la rumeur aura voulu qu'il revienne pour Prometheus, c'était
sans compter son engagement sur The dark knight rises. Il y a peu de chance de
revoir un jour Hans Zimmer sur un film de Ridley Scott tant la séparation
semble consommée. Une sacrée perte tant pour Scott que pour le public. Moins
pour Zimmer qui semble s'épanouir comme jamais dans le giron de Christopher
Nolan.
Ron Howard.
Ron Howard
marche par phases. Tant au niveau de ses films ( soit il se donne et tire un
bon résultat,soit il s'en fout et fait tâche) qu'au niveau de ses
collaborations musicales.
C'est
pourquoi entre la première collaboration entre Zimmer et lui,sur Backdraft en
1991, et leur seconde, sur Da Vinci Code, il s'écoulera…15 ans ! Et à partir de
2009, avec Anges & Démons, les deux travaillent ensemble sur chaque film de
Howard. Cela ira de la composition remarquable à l'anecdotique pure qui ne se
verra même pas gratifiée d'une sortie en CD. Je parlerai du Da Vinci Code et
de sa suite un peu plus longuement ultérieurement.
Un morceau si efficace qu'il sera repris dans les bandes-annonces des deux films Jurassic Park réalisés par Steven Spielberg ! Vers les 40''
Vers les 35''. Mais la musique n'est pas montée dans l'ordre de composition.Oui, vous avez le re-droit (toi qui a encore l'esprit malléable et sans doute moins de 15 ans, ce mot "re-droit" n'existe probablement pas) de me trouver obsessionnel.
De sa
collaboration avec Howard, on retiendra surtout Backdraft donc, qui annonce le
style Zimmer des années 90 avec plus d'orchestre et moins de synthé et celle de
Frost/Nixon, composée juste avant Anges & Démons. Une b.o dont le tour de
force est d'avoir été jouée presque entièrement sur synthé sans que personne ne
s'en rende compte.
Gore
Verbinski.
La
collaboration entre Verbinski et Zimmer permet une approche de son travail sur
la continuité musicale. En effet, si les deux hommes ont également travaillé
sur The Ring, Weather Man et Rango, c'est surtout la trilogie Pirates des
Caraïbes qui reste le gros morceau de leur collaboration fertile.
La
gestation du premier opus est loin d'être une sinécure !
Lorsque la
première bande-annonce est lâchée sur internet, les crédits informent les
spectateurs que le compositeur sera Alan Silvestri. Silvestri n'est pas
n'importe qui : c'est l'homme derrière Retour vers le futur, Predator et plus
récemment Captain America. Et surtout derrière Le Mexicain, autre film de Gore
Verbinski. Le voir donc aux commandes n'est pas surprenant. Mieux, il s'agit là
semble-t-il d'une ouverture d'esprit de la part du producteur Jerry Bruckheimer
qui n'a pas tenté d'imposer Hans Zimmer ou l'un de ses poulains sur le projet.
Et à 6 semaines
de la sortie du film, tout s'effondre ! Le producteur trouve que la musique ne
fait pas assez "pirate". Verbinski suggère alors de se tourner vers
Zimmer avec qui il vient de sortir The Ring quelques mois plus tôt. Mais
personne ne peut composer 3 heures de musiques potables en 4 semaines ( il faut
compter deux semaines pour enregistrer, mixer, etc…).
Au final, ce
n'est pas moins de 6 compositeurs qui travaillent sur la b.o du premier épisode.
Le compositeur Klaus Badelt est crédité
comme compositeur principal car il est le chef d'équipe qui a mené le projet,
Zimmer est simplement crédité comme producteur. Réalité moins simple que cela
car c'est à lui qu'on doit le thème He's a Pirate et ceux de Jack Sparrow et du
couple Will/Elizabeth.
Dès le
second opus, Hans Zimmer prend toute la chose en main et la paternité des
titres du la b.o précédente ne laisse plus aucun doute : les musiques
emblématique sont réutilisées et le nom de Badelt n'apparait nulle part sur le
générique.
Tout au
long des 3 films (je ne compte pas le 4me pour deux raisons :1° le réalisateur
change et 2° Zimmer n'a quasiment pas bossé sur le 4me, il a surtout réarrangé
des morceaux existants. Les plus mauvaises langues vous diront qu'il a été
engagé pour combler des trous alors que la sélection musicale était déjà faite
en amont par le réalisateur et le producteur. Hypothèse probable puisque les
coupes budgétaires étaient de rigueur sur ce film), Zimmer va travailler les
thèmes de ses personnages, les restructurer et jouer avec eux en les entremêlant.
Blasé, il
ira jusqu'à bousculer le thème bien établi de Will & Elizabeth pour en
livrer un tout neuf à l'occasion du 3me film. Cette recherche du thème en
évolution est perceptible dans les films de Nolan sur Batman également !
Un thème romantique de 10 secondes passe à...
... un thème bien plus long et dramatiquement beau ( à partir d'1'30'')
Au final, la
musique ne fait pas forcément plus "pirate" mais elle est travaillée dans
une optique jusqu'au-boutiste de perturber les idées et les sonorités ! Le
fameux thème du Kraken est saturé parce que l'on croit être une guitare
électrique. Erreur, le travail aura été de tromper les oreilles du monde avec
des violoncelles toute ce qu'il y a de plus normaux !
Le
thriller.
Souvent
cantonné à des musiques d'action, Zimmer n'en est pas moins à l'aise dans le
genre du thriller. Poser une ambiance lourde et angoissante est un de ses dons
et quand le film réclame expressément cela, Zimmer ne se fait pas prier pour attaquer
les oreilles avec une musique viscéralement stressante !
Et le tout
en se répétant rarement. Ainsi, si l'usage des cordes quand il s'attaque au
thriller est souvent d'usage,il ne se repose pas sur ses acquis et s'adapte au
rythme où à ses envies.
Le thriller
Fenêtre sur Pacifique s'offre par exemple des accents jazzy sans que cela ne
soit choquant, Da Vinci Code se laisse aller aux grandes envolées sur la fin et
Anges & Demons laisse derrière lui une brutalité rare. Et que dire de The
Ring, dont les cordes hanteront longtemps vos nuits après l'écoute ?
Lentement mais surement, Zimmer conçoit un morceau où les cordes sont majoritaires à 90%. Un morceau qui marque dans la durée.
La grande envolée du film.Située à la fin, la mollesse du film ne permettant pas de la placer ailleurs !
À l'opposé de son grand frère, Anges & Démons est plus rythmé,beaucoup plus !
Seul le
genre de la comédie réussit moins bien à Hans Zimmer, c'est pourquoi je ne
m'attarderai pas sur le sujet. Sachez quand même qu'on lui doit, entre autres :
Pour le pire et le meilleur (oui oui, le film avec Nicholson ! ), Les Simpson-
le film , Miss Daisy et son chauffeur ou encore The holiday.
Et là, je vous achève en vous disant que j'ai omis , volontairement, de vous parler de plein d'autres choses...mais j'ai fait ici plus qu'un tour d'horizon et le reste n'intéresserait que les fans hardcore du compositeur. Cela alourdirait un article déja bien long et passablement emmerdant pour ceux qui ne s'intéressent pas au sujet !