samedi 22 septembre 2012

Donnez moi une héroïne, je vous écrirai une élégie.


Article un peu spécial puisqu'il s'agit d'une refonte d'un ancien. Hors, pour des raisons que je vais développer au fil du texte, il était en fait impensable de simplement le revoir et de l'enrichir.

Batwoman est la nouvelle chauve-souris de la bande à Gotham. Enfin presque, elle n'entretient aucun lien, une fois le masque tombé, avec le reste de la Bat-family. Mais son style et ses efforts ont convaincu le Batman actuel ( Dick Grayson, Bruce Wayne étant …occupé ailleurs) à la laisser agir.

Alors, que vaut "Élégie " édité par Urban Comics en VF sous nos latitudes ?
Déjà,comme pour Panini, ils auraient bien fait de rédiger un texte d'intro car l'histoire de Batwoman ne commence pas ici mais a débuté bien avant ,dans d'autres publications qui ne tournaient pas qu'autour d'elle. Bref a vous de vous démerder pour comprendre certaines choses. Alors certes cela ne gêne pas trop l'histoire mais il y a un manque de background qu'un petit rédactionnel aurait permis de saisir .On est en droit de s'étonner de l'absence des pages qui auraient été utiles puisque Urban propose ce "service" sur les intégrales de" Batman par Grant Morrison".

Le scénario est signé Greg Rucka , qui a créé cette héroïne, et les dessins par J.H Williams III. "Élégie" comprend en fait trois récits distincts bien qu'étroitement liés entre eux. Batwoman a remplacé le temps de 9 épisodes  le locataire habituel de la revue "Detective Comics", à savoir Batman. Batman était apparu dans l'un des premiers numéros de cette revue en 1939 et ne l'avait plus quittée depuis. C'est d'ailleurs fort du succès de cette revue que les éditions DC actuelles ont adopté les initiales de ce magazine pour prendre leur nom définitif ! Mais revenons à notre bat-cave!

Greg Rucka est donc le créateur de cette Batwoman, Kate Kane, qu'il avait introduite dans la maxi-série "52". Il avait introduit quelques conceptes et notions autour de l'héroïne. Notions qu'il reprend donc logiquement ici. À savoir "le culte du crime" divisé en plusieurs sectes et menées par la bible du crime. Et Batwoman est d'une façon ou d'une autre vouée à jouer un rôle dans la venue de leur version de l'apocalypse, rien que ça. Certains adeptes ont un pouvoir de métamorphose proche du garou, l'animal servant de particule au garou est différent selon la personne. Dis comme ça ,ça parait fort abscons et très différent de ce à quoi Rucka nous avait habitué sur Gotham Central mais il est talentueux et une fois le concept accepté, tout cela passe comme une lettre à la poste.L'ambiance fantastique n'est pas sans rappeler "La nouvelle aube", une aventure de Batounet.
 L'histoire commence alors qu'une nouvelle secte adepte du culte sévit à Gotham. Son leader n'est autre qu'une femme se nommant Alice et se croyant sortie d'un bouquin de Lewis Caroll. Elle va s'évertuer à pourrir la vie de Kate Kane cela va sans dire. Entre deux missions en tant que Batwoman, Rucka va faire évoluer Kate dans le monde normale, parler de sa vie privée,etc… Kate est lesbienne et Rucka évite les clichés concernant les homos et n'en fait pas un objet de fantasme masculins comme il aurait si facile de le faire. Il faut dire qu'il s'était déjà fait la main sur Renée Montoya dans "Gotham Central"…et que cette dernière sortait avec…Kate Kane : tout se recoupe !




Après 4 chapitres sur le culte du crime, Rucka livre une histoire en 2 parties narrant la vie de Kate avant de devenir Batwoman, de son enfance à sa sortie de l'armée pour avoir avouée être gay ( en violant le " don't ask, don't tell" elle honore paradoxalement la droiture morale que l'armée veut qu'elle arbore en ne mentant pas…), sa vie dissolue se voit chamboulée quand elle se faite sauver d'une agression par un être nocturne protégeant Gotham depuis des années. Au long de ses 2 parties de l'album,Rucka explique comment une simple citoyenne peut rivaliser avec le matos super-high-tec de Batman (fournit par Wayne entreprises). Le père de Kate est haut placé à l'armée et ils ont réussi à faucher du matériel de pointe ( du coup je me demande si une partie de son arsenal ne sort pas des usines de Lex Luthor, ça serait ironique n'est-ce pas ?). Parmi tout cela, le costume est une armure liquide permettant de résister aux couteux et aux balles. J'ai été étonné après recherche de constater que le concept d'armure liquide n'est pas de la science-fiction ! C'est en effet une technologie prototype qui allie une base solide (le tissu) et une base liquide nano-technologique qui se solidifie une fois qu'un coup est porté, cela rend l'armure plus légère et plus solide qu'un gilet pare-balle ! Vu le prix que ça doit couter, on parie combien que les soldats sur le terrain n'en profiteront malheureusement jamais ?


La partie graphique est assurée par J.H Williams III . Et le bougre assure et change de style en fonction de l'action. Son style habituel, à la colorisation proche de la peinture et bénéficiant d'un découpage inhabituel ne se montre que lorsque Batwoman (ou ses adversaires) est impliquée. Les planches sont découpées de manière très dynamique, rajoutant du tempo à l'action ! Les scènes impliquant Kate Kane et sa vie sociale sont plus posées mais tout aussi détaillées, cependant la colorisation est soudainement proche d'une mise en couleur par ordinateur ! Le découpage se fait de manière plus classique. La dernière partie de l'album qui raconte le passé de Kane est lui un changement total dans l'esthétique du dessinateur. Il adopte en effet un style proche de celui d'un Michael Lark ou d'un David Aja ( Daredevil, voir cet article), faisant preuve d'un réalisme noir, ramenant l'héroïne dans un univers proche de celui du polar. Un travail remarquable qui mérite d'être salué.




La dernière partie est inédite, elle était absente de l'album Panini et même de la version américaine de l'album ! Elle narre une histoire jouant entre présent et passé en mêlant une enquête de Batman et une autre de Batwoman. C'est Jock qui assure les dessins. Je ne reviendrais pas sur son style, déjà évoqué ici, mais c'est la meilleure partie de l'album,tant au niveau intrigue que dessins. La colorisation des planches permet même d'identifier au premier coup d'œil dans quelle tranche temporelle l'histoire évolue.




Au niveau éditorial, Urban a privilégié le format comics au format Deluxe de Panini. Broutille. Mais Urban a ajouté des épisodes et traduit les bonus ,à savoir une préface et les bonus américains. On regrettera seulement que la traduction soit moins explicite sur certains mots employés. Certains relèvent du jargon militaire quand la traduction de Panini était moins nébuleuse sur les acronymes.
Vivement conseillé !!!



Aucun commentaire: