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samedi 31 mars 2012

Daredevil : Glandeur et décadence, la période Diggle (6/5).


Oui, je sais, 6 parties sur 5 ça fait un peu too much. Mais que voulez-vous, j'aime me faire remarquer.

Après les runs de Bendis et de Brubaker, Marvel confie la série Daredevil aux bons soins de Andy Diggle pour le scénario et de Roberto De La Torre & Marco Checchetto pour les dessins. L'ambition de cette nouvelle équipe est de réintégrer pleinement Daredevil au sein de l'univers Marvel, lui qui était relativement isolé des évènements majeurs et cantonné à Hell's Kitchen.

Souvenez-vous (ou apprenez-le), à la fin du run écrit par Ed Brubaker, Daredevil se voyait offrir le contrôle de l'organisation ninja-criminelle La Main. Daredevil accepte, projetant d'utiliser cette force conséquente pour le bien !

Le run de Diggle commence le mois d'après avec un épisode centrée sur des funérailles. De qui ? Et bien pour le savoir il faut lire un épisode qui ne fait même pas partie de la série Daredevil ( Bullseye, éternel adversaire de Matt Murdock, a fait sauter un immeuble et 700 personnes avec). Alors que ces évènements vont traverser le run de Diggle ! Ils avaient prévenu, DD revient en plein dans les affres du monde Marvel. Bref, ça commence en branlant. Mais très vite (sur les 6 premiers numéros) Diggle dresse un tableau intéressant : Matt Murdock doit prouver son allégeance à La Main en salissant les siennes, il est aussi confronté aux luttes de pouvoir entre diverses factions de l'organisation, à la trahison de proches, etc…Les dessins restant dans la mouvance des runs précédents, la noirceur de l'ensemble est toujours transmise via un style de dessins qui reste proche de celui de Alex Maleev et Michael Lark.

Mais après 6 numéros , c'est le drame. DD projette de construire une prison sur le site de l'attentat commis par Bullseye : la prison de Shadowland. C'est l'occasion pour plonger DD au centre d'un cross-over : 12 numéros en 6 mois ( 1 numéro de Shadowland et un numéro de Daredevil par mois, à lire dans cet ordre). Très vite, une histoire qui aurait pu changer la donne et faire franchir pour de bon le Rubicon à DD se transforme en purge totale.



Tout d'abord, attaquons les dessins. Shadowland est assuré par Philip Tan. Si celui-ci n'est pas mauvais, il ne convient pas au type d'ambiance que le récit tente d'établir. Ensuite, comme il faut lire un numéro en alternance avec un numéro de Daredevil, cela nuit gravement à l'unité graphique de la chose.
Niveau scénario, la série plonge totalement dans le fantastique et la baston. La transition vers le fantastique pure est faite trop vite et elle arrive donc comme un cheveu sur la soupe. Pire, elle va rendre Murdock irresponsable de ses actes ( parfois extrêmes), faisant de lui une victime. On a vu des personnes convaincues de folie passagère s'en sortir vachement moins bien que le diable rouge !


Aucune unité graphique : les styles et la colorisation ne collent pas ensemble !

Diggle termine son run sur une mini-série en 4 parties : Daredevil Reborn. Après Shadowland, Murdock a disparu, il écume les routes à pied. Il arrive dans une petite ville de l'Amérique profonde où la population ( peu nombreuses ) vit dans la peur ou en collaboration avec un shérif pourri. Murdock, peu intéressé va pourtant se mettre à jouer les redresseurs de torts. Le manque d'originalité flagrant frappe si fort le lecteur qu'un sentiment de se faire avoir par un mec qui n'a rien à foutre de DD est palpable.



De plus, tous, j'ai bien dit TOUS les poncifs sur les petites villes de l'Amérique nous sont servis. Plus que des clichés, des caricatures phobiques provenant d'un citadin. Londonien, Diggle semble connaître l'Amérique uniquement grâce au prisme déformant des mauvais films. Il y a pourtant tant de livres couvrant le sujet à consulter pour éviter de tomber dans ce fantasme noir usé jusque la moelle.Bref, à réserver aux seuls fans…pauvre de moi !

mardi 27 mars 2012

Nouvelle aube.


Batman l'a mauvaise. Dawn Golden a disparu. Ancien amour de Bruce Wayne à l'université, celle-ci lui brisa le cœur. Et des années plus tard, voila qu'elle réapparaît dans sa vie en s'évaporant dans la nature. Batman commence donc à enquêter. Mais dans l'ombre, le démon Etrigan , autre héros gothamite, se réveille. La chauve-souris pénètre sur un territoire où ses aptitudes de détective ne lui seront peut-être pas aussi utiles que ses aptitudes à la survie.

Tout comme Sombre reflet, Nouvelle Aube se situe après le retour de Bruce Wayne ( que l'on supposait mort mais qui était en fait bloqué dans le passé suite au combat de la Ligue des Justiciers contre Darkseid). Cependant, ce n'est pas Dick Grayson sous le masque mais bien Bruce Wayne. Il y a deux batmen à Gotham et chacun à son costume, histoire que le lecteur sache immédiatement à qui il a affaire. Et accessoirement les criminels un tant soit peu malin auront vite fait de comprendre qu'il y a entourloupe, non ? Et en plus, Batman/Bruce Wayne se ballade avec un logo bien flashy ( à la limite alimenté électriquement ) qui peut servir de cible ambulante sur sa poitrine. 

Nouvelle aube est le premier arc narratif de la nouvelle série consacrée au chevalier noir, Batman The Dark knight ( oui ils se sont cassé le cul pour trouver le titre). Elle est dessinée et scénarisée par David Finch secondé par Jay Fabok. L'album est constitué de 5 numéros de la série.

Graphiquement c'est très beau. Finch a une belle mise en page, rend les choses vivantes. Lorsque Fabok prend sa place sur les deux derniers numéros c'est presque imperceptible, l'unité graphique est donc préservée ( normal , Fabok a en partie été formé par Finch ) . Au niveau de l'intrigue, c'est autre chose.

Plusieurs histoires se croisent dans cet album, certaines n'étant là que pour donner un background au futur de la série. Ainsi, alors que Batman enquête, le commissaire Gordon doit faire face à une jeune recrue aux dents longue de mèche avec le maire. Ces deux-là ont décidé de faire tomber Gordon ( et Batman avec si possible ). Pendant ce temps, une mystèrieuse organisation semble s'intéresser de près à l'homme chauve-souris. Cela donne de l'épaisseur au récit. Car l'enquête en elle-même est de nature trèèès classique et sombre dans le surnaturel de façon un peu abrupte.

Je vous le disais : une jolie cible bien voyante. Je pensais que Batman faisait dans la discrétion...

Alors l'intrusion du surnaturel n'est pas en soit gênante :dans l'univers DC, le polar, le fantastique et la SF se croisent et se décroisent. Mais force est de constater que c'est bien le côté polar / SF qui est plus souvent mis en avant dans l'univers de Batman depuis les années 80. De plus, les films de Christopher Nolan ont presque entériné cette image dans le subconscient du public. Bref, un album qui démarre fort et qui finit un peu en eau de boudin, sauvé par les sous-intrigues qui restent en suspend. Mais pas jusqu'au prochain numéro. Pour toujours semble-t-il.



En effet, aux USA, peut après la parution du 5me numéro, l'univers DC a été remis presque à zéro. Par la saga Flashpoint ! Seules quelques séries, dont Batman, n'ont pas été affectées outre mesure. Mais le mal est fait, certains aspects ont disparu (comme le fait que Sélina Kyle connaissait l'identité de Batounet, pas rien comme changement ça).  La nouvelle aube a accouché presque directement d'un crépuscule scénaristique.

Lors du redémarrage de la série, Finch reprendra pleinement les commandes du dessin mais sera pour l'occasion accompagné de divers co-scénaristes pour l'aider à tenir les délais. Pas mauvais en soit, mais certainement la plus faible des séries Batman actuelles en VF. Réservées aux curieux et aux fans. 

mercredi 21 mars 2012

A princess of Mars


La science-fiction est plurielle. Née on ne sait trop quand, je vais prendre le risque de la remettre en contexte temporelle vers la moitié du XIXme siècle avec la parution de Frankenstein de Mary Shelley (relisez ou revoyez les films, ça ressemble à du fantastique mais ça n'en est absolument pas). Voila posée "une" date de naissance. Hors un concept c'est comme un organisme : ça évolue. 

Étape par étape, le genre s'est construit ou plutôt s'est fait construire par divers auteurs. Citons H.G Wells bien entendu ( La machine à explorer le temps, L'île du Dr. Moreau, La guerre des mondes, etc…) ou Jules Verne. Quel est le point commun de leurs écrits les plus célèbres ? Ils appartiennent au genre dit de la science-fiction. Et pourtant les thèmes abordés par chaque histoire ne sauraient être plus différents: voyage dans le temps, invasion martienne, voyage spatial vers la lune, exploration des fonds marins quand le sous-marin n'était qu'une idée folle, etc…et de nos jours elle aborde les dérives de la génétique, de l'über-capitalisme, de la guerre pour le contrôle du net ( relisez Neuromancien à ce sujet : un roman qui décrit la lutte pour le contrôle d'internet, écrit en 1984 quand internet n'existait même pas ! ).

La science-fiction est plurielle, c'est une notion évidente de nos jours, tellement évidente et enracinée dans nos esprits qu'on ne prête même plus attention à ce fait. Mais cette pluralité s'est acquise sur la durée, il a fallu du temps et des ouvrages fondateurs pour en arriver là.

Le cycle de Mars, d'Edgar Rice Burroughs est de ceux-là. Entamé en 1912, il allait inventer le planet opera ( popularisé en 2009 par Avatar) et poser des bases pour une quantité colossale de récits à venir ( Avatar donc, mais aussi Superman, Star Wars).  Pourtant, il n'a jamais été adapté au cinéma ( ce n'est pas faute d'avoir essayé pourtant, depuis les années 30 le projet est dans les tiroirs des studios). Voir "John Carter " débarquer dans les salles, c'est voir un retour aux sources. Mais ce retour aux sources va devoir payer un prix fort  car en arrivant après tous les films qu'il a inspirés, il risque bien de souffrir d'un effet de comparaison inverse : pour le public, le copieur c'est " John Carter " ! J'en veux pour preuve l'affluences de citations tirées de divers journaux ( télévisés comme ceux de la presse écrite) qui trouvent divertissant  "ce film inspiré de Star Wars et d'Avatar". Cruelle ironie quand, en 1976, George Lucas déclarait vouloir faire avec Star Wars son " John Carter "( et son "Flash Gordon", autre grande influence de Lucas).  Que le public ne connaisse pas l'origine de John Carter semble soudain logique quand les journalistes eux-mêmes sont des incapables qui relaient de mauvaises informations.

John Carter est un soldat ayant fait la guerre de sécession dans le camp Sudiste. Alors que l'armée cherche à le réintégrer, lui ne rêve que de faire enregistrer sa mine d'or et vivre loin de tout. Acculé dans une grotte, Carter va faire une rencontre dangereuse qui va le conduire vers une planète éloignée, deux nations en guerre, une princesse en péril et un tout un tas d'emmerdes ! Oui, j'avais prévenu que ça avait bien servi d'influence !

Andrew Stanton, le réalisateur, est une pointure de chez Pixar. On lui doit "Le monde de Némo " et " Wall-e".  Et tout comme son collègue Brad Bird, parti réalisé Mission : Impossible – Ghost Protocol , il a passé le cap de la réalisation live.

Moins à l'aise que Bird ( le film est un brin moins fluide que celui de son collègue ), Stanton ne livre pourtant pas une œuvre indigne, loin de là. Mais le propos reste désuet, un peu old fashion car tentant de coller aussi bien à la modernité de notre époque qu'au texte d'origine. Hors, de nos jours, j'ose l'affirmer, certains côté old fashion sont vraiment cul-cul, particulièrement quand il s'agit de parler de sentiments ( amoureux, familiaux, etc…). Mais à bien y regarder, ces sentiments bien cul-cul sont au maximum 4 et durent chacun maximum 30 secondes. Bref 2 minutes au total sur 2h12 de film, ce n'est pas si terrible, mais ça peut vous faire sortir du film. Ce qui serait dommage ( mais le fautif c'est celui qui a laissé imprimé le scénario en l'état).




L'autre inconvénient c'est l'ambiance de la planète : rocailleuse, poussiéreuse. Vu tout ce que l'on sait sur Mars de nos jours, il est impossible de la représenter comme on veut où de prendre des libertés quand le texte d'origine le permet. Et un tel désert est fort peu attrayant pour l'œil. Pandora dans Avatar est bien plus belle. Reste que les différents peuples et leur religion sont intéressants. On distingue 3 races dans le film :les tharks ( martiens verts de 2m50 de haut possédant 6 membres ), les martiens rouges ( humanoïdes) et les therns ( humanoïdes à la peau laiteuse et doté d'une technologie bien en avance sur celle des martiens rouges). Les therns organisent à leur profit une guerre entre deux factions de martiens rouges . Et lors d'une longue conversation, leur but est exposé. Et il rappelle foutrement une situation bien connue et qui a échappé aux regards de Disney qui ne l'aurait pas laissé passer si ça n'avait pas été de la SF ( et donc imperméable à presque tous les patrons et exécutifs des studios ). On a jamais vu un vilain comme ça au cinéma. Par contre dans la vraie vie, il y en  a plein en ce moment ! La SF est prophétique et révélatrice !



Du sable, du sable et encore du sable. Tatooine, la planète des Skywalker, à côté ressemble à...bah ça ressemble à rien autant de sable !

John Carter est une grande fresque guerrière, romantique, philosophique sur la transformation d'un homme égoïste en héros d'un peuple qui n'est pas le sien. C'est aussi un sacré divertissement, certes conçu pour la jeunesse, mais qui mène son spectateur durant 2h12 sans l'ennuyer. Un rythme plus soutenu que celui du dernier Star Trek fait passer presque toutes les pilules ( y compris les incohérences inhérentes à ce genre de divertissement) et ne masque pas les idées de cinéma qui émaillent le film ( comme cette scène de bataille montée en alterné avec une séquence bien plus intimiste. Le résultat est garanti 100% couillu et efficace). Dommage que la musique de Michael Giacchino ( compositeur de J.J Abrams, mais aussi de Brad Bird) n'atteigne pas les sommets de Star Trek. Alors oui, on chipotera sur le fait que dans les romans, vu la chaleur sur Mars, presque tout le monde vit à poil ! Mais bon, je suis sûr qu'une parodie porno verra le jour et ne sera fidèle que sur ce point précis !

Allez, ne me dites pas que vous n'avez pas envie de la voir comme le roman la décrit...c'est à dire sans sa robe héhé ( oups, je suis passé en mode " pervers pépère " moi ).

Le design de production par contre est d'un haut niveau : les décors, les costumes, les véhicules...tout est beau ! Du travail d'orfèvre, mais pouvait-on vraiment en douter quand un as de Pixar est à barre ? On regrettera cependant que les martiens verts, race guerrière, ait un look si lisse. 







Pour la petite histoire, le film s'apprête sans doute à être un bide historique. Pas par son manque de qualité mais bien par l'incompétence du service marketing de Disney qui a salopé le travail. La responsable du département ( qui avait réussi à vendre la saga Pirates des Caraïbes) n'aimait pas John Carter et l'a bien montré…elle a été virée en février. Trop Tard pour rattraper le coup en salle. La sortie DVD et Blu-ray offrira peut-être une seconde chance au film !

dimanche 18 mars 2012

Le stratège.


Moneyball c'est l'histoire d'une révolution. Et toutes les révolutions passent mal au début. C'est ce que va apprendre Billy Beane, ancien joueur de baseball dont la carrière n'a jamais décollé. Et parce qu'il avait choisi le sport, il est passé à côté des études universitaires. Ayant nagé dans le milieu, il a peu à peu gravi les échelons en passant recruteur et enfin manager de l'équipe d'Oakland.

Doté d'un budget ridicule, il va faire le pari fou de miser sur des têtes peu connues et peu engageantes du monde du baseball, en ne se basant pas sur ce que les joueurs valent en $ mais en se basant sur les statistiques. Une théorie pas neuve du tout mais jamais appliquée. Et lui et son assistant vont devoir se battre ( enfin, surtout lui) pour faire en sorte que cette approche anticonformiste fasse ses preuves !

On peut se dire "Un film sur le baseball, je vais rien y comprendre. Je passe mon tour ." Mais la question ce n'est pas de savoir sur quel sport le film se base, après tout, sur 2h13 du film vous aurez quoi ? 20 minutes grand max ( et je pense exagérer) de baseball. Le sujet n'est pas là. Le sujet c'est comment on fait, avec quasi rien, pour changer du tout au tout la manière d'approcher une institution ! En regardant les gens qui le font d'un nouvel œil ! Pas en changeant la décoration comme avec les nouveaux règlements en F1 par exemple. Et même en ne comprenant rien à ce sport bien américain, le film passe tout seul parce que le sujet ce n'est pas le baseball ( je sais je me répète!). Nous ne sommes pas dans un film "sportif" comme on en a déjà vu 1000 fois où les matches se gagent au dernier moment grâce au retour du héros où la stratégie venue de Mars de l'entraineur. Pas de blagues entre joueurs, pas de faux suspense romantiques à deux balles. Juste une version de la vérité ( le film est inspiré d'une histoire vraie) que les scénaristes ont rendue juste !



Parlons-ne du scénario ! On retrouve à l'éciture Aaron Sorkin ( la série " À la maison blanche", le film "The social Network") et Steven Zaillian ( " La liste de Shindler"," The girl with the dragon tatoo"). Deux as du dialogue qui font passer le script comme une lettre à la poste parce que justement il ne s'encombre pas de fioritures. La réalisation est sans éclat mais pas honteuse et bénéficie de prises de vues planifiées par Wally Pfister ( le directeur photo attitré de Christopher Nolan, rien que ça…et oscarisé pour son travail sur la photo de "Inception").

Dans les rôles principaux, ceux de Billy et de son assistant, on retrouve Brad Pitt et Jonah Hill. Tous deux sont impeccables ( et ont d'ailleurs décrochés une nomination aux Oscars). Pas le film du siècle, mais il mérite au moins une vision, pour apprécier un travail honnête et bien écrit qui ne reflète pas la façon habituelle dont le sport est traité au cinéma !


samedi 10 mars 2012

Trinité ( 3/3 ) : Batman


Dernier chapitre sur le lancement en grandes pompes des publications Urban Comics consacrées à la " Trinité DC " avec le premier volume ( sur deux) de "Batman : Sombre reflet ".

Gotham. La ville est un monstre urbanistique. En mutation perpétuelle, elle peut vous engloutir si vous ne faites guère attention à vous : le crime, la corruption, l'absence de solidarité peuvent avoir raison de n'importe quel citoyen. Même le plus nanti. C'est ce qu'a appris le jeune Bruce Wayne lorsqu'il avait 8 ans quand ses parents ont été assassinés devant ses yeux. Cette vision d'horreur le poussera des années plus tard à créer Batman, le chevalier noir de Gotham City. Pourtant, ce n'est pas Bruce Wayne que l'on retrouve sous le masque. En effet, depuis son retour ( alors que tous le pensait mort) Bruce monte la franchise Batman Inc. autour du monde. C'est donc Dick Grayson, qui le remplaça avec brio lors de son absence, qui veille sur la ville et les Gothamites(qu'une erreur vient nommer Gothamiens dans l'ouvrage). Dick Grayson est le premier Robin, autant dire qu'il pratique depuis presque aussi longtemps que Bruce.

Deux récits forment la matière de cet album. Le premier voit Dick enquêter sur un étrange marché noir : des ventes aux enchères d'artefacts ayants appartenus à divers super-vilains. Le second, plus centré sur Gordon, voit le fils de ce dernier revenir à Gotham et soulever des questions sur ses activités présentes et passées. En effet, James Gordon Jr est soupçonné d'être un psychopathe qui fait son possible pour ne pas attirer l'attention. Sa sœur adoptive, Barbara Gordon, est même persuadée qu'il a commis son premier meurtre sur une de ses amies proches. Autant dire qu'elle ne le porte pas dans son cœur.




Les deux aventures sont scénarisées par Scott Snyder ( American Vampire) et autant le dire tout de suite : il assure grave ! Snyder a parfaitement compris l'essence de Gotham et des drames qui s'y jouent. Il manie de plus aisément les divers aspects qui font l'univers de Batman : le polar, la science-fiction, le fantastique et le drame psychologique. Rien d'étonnant à ce que l'ambiance soit au noir le plus sombre.

La première partie est plus orientée sur le suspense et l'action et les dessins de Jock sont au diapason. Anguleux, ils permettent de créer une ambiance carrée et presque claustrophobique à l'ensemble. La seconde partie est assurée par Francesco Francavilla qui est plus proche des travaux de David Mazuchelli qui dessina l'emblématique Batman Year One il y a presque 20 ans ( et qui servi de base de travail au très bon Batman Begins de Christopher Nolan, rien que ça ).

Snyder pose ses marques sur Batman de bien belle manière et ce n'est pas prêt de s'arrêter : le tome 2 de Sombre Reflet sort en Avril et dès le mois de Mai nous retrouverons le scénariste et le dessinateur Greg Capullo pour un album de 6 épisodes :  La cour du Hiboux  qui jouit d'une bonne réputation outre-atlantique. 

Batman est la valeur sûre de DC comics et il serait triste que vous vous en priviez.

vendredi 9 mars 2012

Trinité (2/3) : Wonder Woman


Alors qu'elle n'était qu'une enfant, la Princesse Diana ( je vous jure, je n'y suis pour rien, elle s'appelle vraiment comme ça ) a fui avec quelques amazones alors que sa mère et l'île de Paradise Island étaient livrées aux flammes. De nos jours, cachée dans notre monde, Diana tente de comprendre ses pouvoirs et ses responsabilités envers ce qu'il reste de son peuple. Vous pensiez connaître Wonder Woman ? Détrompez-vous !

Du jour au lendemain ( enfin, c'est une façon de parler, chaque numéros étant mensuel ), les origines de Wonder Woman ont été modifiées. Nous ne sommes pas dans la révision mais bien dans la révolution.  Il s'agissait pour DC comics de moderniser une héroïne qui n'avait pas vraiment connu de changements majeurs depuis sa création. Peut-être le signe qu'elle est plus solide que les deux autres membres de la trinité DC, Superman et Batman ?

Pour cette refonte presque totale, DC a fait appel à un scénariste ayant fait ses armes à la télévision et qui a , entre autres, présidé au destin de Spider-man pendant presque 10 ans : J.Michael Straczynski ( ou JMS, ce qui est vachement plus simple, on a pas idée d'avoir un nom comme ça). Ce dernier est aidé de Phil Hester. Aidé ? Pas si sûr !

Quand on fait appel à une pointure comme JMS et qu'on lui assigne un co-scénariste c'est qu'il y a comme une couille dans le pâté.  Et à la lecture, il apparaît qu'en guise de couille, ce soit carrément les attributs présents dans une partouze digne de Dédé La Saumure qui apparaissent.



Notez que la taille de sa poitrine n'arrête pas de changer selon le dessinateur. Et ce n'est pas le pire.

La pauvreté des situations, des dialogues et le manque total de charisme du méchant de l'histoire sont loin d'être des éléments que l'on retrouve souvent chez JMS, de là à dire que seul Hester assumé la paternité des scénarios est un pas que je franchis sans cas de conscience. La patte JMS n'est que très peu présente, on devine aisément ce qui provient de JMS ou non ( il suffit de se replonger sur ses anciens écrits pour cela). Il a sans doute fourni quelques synopsis et bonnes idées telles que l'oracle sous le pont, les divinités se promenant dans le monde ( quoique Neil Gaiman avait déjà fait le coup bien avant lui), les interférences temporelles venues de la continuité que l'on connaissait avant le redémarrage de la série, etc… mais cela reste bien mince face au reste du tome. Et le manque d'homogénéité graphique ( 4 dessinateurs différents, 8 encreurs. Seule la colorisation est assurée par la même personne sur l'ensemble) n'aide absolument pas à rendre la lecture de cet album passionnante, loin de là.

Tout n'est pas à jeter : le nouveau costume en jette plus que l'ancien qui était passablement ridicule ( un petite culotte étoilée ? Vraiment ? ) mais c'est mince, très mince pour captiver autre chose que le regard lubrique que les lecteurs masculins jetteront sur la Princesse Guerrière ( non, pas Xéna).
Je ferais l'impasse sur le tome 2. Néanmoins , dès le tome 3, notre belle amazone redeviendra celle que l'on a connue sous l'égide d'une équipe solide, mais nous en reparlerons en temps voulu…avec le retour de la petite culotte par contre, dommage.

Au niveau du travail éditorial, Urban applique la même recette que sur Superman et cela est très appréciable. Du beau travail qui témoigne d'un certain sérieux qui rappelle celui des éditions Delcourt.

jeudi 8 mars 2012

Trinité (1/3) : Superman.


La fin du mois de Février était attendue fébrilement par les amateurs de bande-dessinées américaines. En effet, après avoir réédité Watchmen en Janvier, les éditions Dargaud sous le couvert du label " Urban comics " allaient enfin éditer des comics inédits dont ils allaient eux-mêmes assurés la traduction. Avant de commencer la critique des albums consacrés à Batman, Superman et Wonder Woman, petit rappel sur le pourquoi du comment.

Panini : l'enfer c'est les vendeurs d'autocollants.

Les éditions DC Comics n'ont jamais vraiment eu, sous nos latitudes, la même notoriété que Marvel. Aux USA, ils se partagent le marché mais chez nous, Marvel gagne le combat à tous les coups. Ces 5 dernières années, ce sont les éditions Panini, déja détentrices des droits Marvel, qui ont eu la charge de publier le matériel DC. Et l'ont saboté : retard énorme par rapport aux publications américaines, publication noyée dans la masse ( plein de Marvel, peu de DC et zéro pub pour tenter de les faire exister), traduction souvent calamiteuse ( Batman a souvent été traduit de manières un peu…exotique). Et quand Panini, contre toutes attentes, a perdu les droits de DC, en plus des " bien fait pour vous ! ", une explosion a retenti. Enfin, une chance de voir DC exister et s'affirmer. Tache ardue mais qui ne semble pas insurmontable.
Bon, une fois n'est pas coutume, ce n'est pas avec le chevalier noir mais avec le dernier fils de Krypton qu'on attaque !
Le premier tome de Super-fiction contient 6 épisodes scénarisés par Joe Casey et dessinés par Derec Aucoin ( il a pas été sage sans doute).

Urban comics : premiers pas d'un sauveur ? 

Joe Casey décide de raconter des histoires complètes en peu d'épisode. Comme au bon vieux temps car il est rare dans les comics actuels de voir un numéro auto-suffisant. Il n'en oublie pourtant pas de placer par petites touches une intrigue secondaire qui arrivera à son point culminant très vite. Casey ne tire pas en longueur, c'est bien. Ensuite, les thèmes abordés sont originaux, c'est mieux. Pêle-mêle, Superman retrouve son ancien prof de journalisme quand, au même moment, un personnage de fiction, issu du roman de son professeur prend vie. Ce personnage, double de Superman ( il porte d'ailleurs le costume de l'homme d'acier tel qu'il était dans les années 30 ) est une représentation de ce que le super-héros devrait être. Le second épisode, centré sur Lois Lane, voit un arnaqueur profité du vide juridique sur les logos des super-slips pour se faire de l'argent et Lois couvre l'évènement…tout en s'immisçant dans l'affaire. Etc… en plaçant Superman dans des situations moins périlleuses que d'empêcher une énième fin du monde, Casey arrive  à rendre humain le plus extra-terrestre des hommes. Fort, très fort. Mais c'est le dernier épisode du recueil qui emporte l'adhésion la plus totale.


Clark enquête sur les conditions de travail dans une mine, il s'y infiltre comme simple ouvrier et découvre vite ce que l'Amérique profonde pense de Superman. Mais les évènements vont l'amener à déchirer sa chemise. Autant super-héros que défenseur social, l'épisode joue avec les diverses facettes de l'identité du grand bleu, mais dans les dernières pages c'est un Superman humain qui apparaît. Sans déflorer l'intrigue, je peux quand même dire qu'il aborde un sujet grave et poignant. Écrit avec justesse, l'épisode arrive à tirer une ou deux larmes ( un exploit étant donné que Superman , je ne le supporte qu'à petites doses).
Les dessins de Aucoin sont anguleux, parfois légèrement cartoony. Mais pas désagréables, bien que loin des dessins que l'on aurait l'habitude de trouver sur Superman. Il n'empêche que jamais les yeux ne pleurent du sang et que son sens du découpage de l'action est plus que satisfaisant.

Au niveau éditorial, Urban a la bonne idée de placer une ligne du temps situant l'action des épisodes par rapport aux grandes sagas DC. De plus, un rapide passage en revue des divers protagonistes et du contexte sont proposés avant que l'aventure ne commence. Idéal pour les lecteurs qui voudrait tenter DC sans rien y connaître. Le bas blesse en deux occasions : 1°, on retrouve le diminutif LDJ plusieurs fois. Pour ceux qui n'y connaissent rien, il s'agit en fait de la tradcution de JLA ( Justice League of America) qui devient Ligue des Justiciers. Mais à vous de le deviner puisque seul LDJ est indiqué. Ensuite, alors qu'en interview l'un des responsables annonçait que la dénomination classiques de certains vilains allait revenir (Pile-ou-Face redevenant enfin Double-Face en VF), le Riddler ( l'homme-mystère) est cité en tant que Sphinx. Faudrait savoir !
Mis à part cela, l'album est de bonne facture et se lit avec grand plaisir. Vivement avril pour la suite !