samedi 26 janvier 2013

Le Petit Chaperon Noir.


Il était une fois, dans un pays fort fort lointain , un écrivain qui publiait son premier roman. Déjouant les pièges de la sorcière Edition, il poussa son enfant vers la gloire de l’impression tout en terrassant la grande méchante meute de loups constituant le comité de lecture. Son livre vécut sans doute heureux car on dit qu’il en publia d’autres depuis lors.

Avec une couverture aussi aguicheuse, bien que d’aucun dirait suggestive pour préserver l’honneur de la dame, et un pareil titre,on aurait pu penser que Loup, y es-tu ? était un roman érotique ou au mieux à l’eau de rose. Il n’en est rien. Ouf, ami lecteur, il ne sera pas dit que mon blog t’aura dévergondé avant l’heure !

L’auteur est venu au roman sur le tard. Biologiste, il était également passionnée de littérature. Et c’est en 2010 que sort la première édition de ce roman ( cette critique arrive avec la version poche ) quand l’auteur a 42 ans. Être passionné ne veut pas dire que l’on saura mener à bien la rédaction d’une telle chose. Mais, pour un premier roman, cela se tient encore bien. Même si les défauts sont quand même bien présents.

Mais justement, ce roman, que nous conte-t-il ?  Les Fables…euh, les personnages de contes de fées existent et ils vivent parmi nous. Durant des siècles, la belle)mère sorcière de Blanche-Neige et Le Loup ont œuvré dans l’ombre, participé aux pires carnages et exactions. Ils étaient là quand les Nazis ont pratiqué le meurtre de masse, là quand les Twin Towers sont tombées. Et ils comptent bien rester présents encore un bon moment ! Une seule chose leur barre la route : Cendrillon,Blanche-Neige,La Belle au bois dormant et le petit chaperon rouge. Deux d’entre elles sont déjà mortes et les deux dernières ignorent leur condition d’être exceptionnel et immortel. Et le temps presse de se souvenir car on a retrouvé leurs traces.

Les contes de fées revisités semblent avoir le vent en poupe depuis que le premier comic book sur Fables est paru outre-Atlantique. L’échec de l’adaptation de cette série en série télévisuelle a donné naissance à Once Upon a Time et Grimm. Courtade vogue donc sur un schéma et un terrain déjà défrichés ! On aurait pu donc penser qu’il ne tomberait pas dans certains pièges comme : la coïncidence beaucoup trop heureuse (je sais que nous sommes dans un conte , mais quand même ), les dialogues tout sauf sonnant juste quand il s’agit d’aborder des sujets sensibles ou graves ( devoir de mémoire, idéologie nazie, capitalistes tous avides de sang évidemment ,etc…) et la naïveté de l’auteur quand il s’agit de mixer les histoires pour s’endormir avec l’Histoire tout court.

Car , au court du roman, certaines choses sont écrites qui frôlent au mieux la vision bien-pensante des bobos parisiens (ou autres, je ne suis pas sectaire) , au pire une méconnaissance crasse de l’histoire. Sa conception de la prise de l’Autriche par l’Allemagne est erronée ( non, ils ne furent pas vraiment contents qu’on vienne les emmerder : même langue ne veut pas dire même culture, il suffit de regarder les français et les belges qui ont pas mal de bases en commun mais aussi des différences bien marquées. Mais dans son esprit on a l’impression que «  Tous Germains ? Tous coupables ! Sans distinction » Et il dédie pourtant son livre à certains résistants allemands. Schizophrénie d’écriture ? Écrivain dépassé par son  sujet ? Possible.).

Et sa vision de la traque israélienne des anciens nazis fait rire (il a du louper le procès Eichmann : une fois trouvé, ils ne l’ont pas rendu à l’Allemagne pour lui faire subir une justice allemande. Courtade semble penser qu’ils jouent le jeu en suivant le droit international. Aurait-on peur de se voir traité d’antisémite juste parce qu’on tape sur Israël ? Spielberg l’a fait et personne n’aurait osé, fallait emprunter la porte ouverte ! )
On a aussi droit à une vision de l’Amérique profonde, de ses familles issues de fermiers et qui , de fait, possèdent de plus jolies valeurs (ce qui ne les empêchent pas de peu apprécier les étrangers à leur communauté et à se balader avec des semi-automatique pour protéger leur forêt face…face à quoi ? L’envahisseur anglais ? )

Bon, ce sont ces détails qui m’on fait tiquer, et grandement j’en conviens. Reste que malgré quelques facilités (comme de voir les deux héroïnes devenir les meilleures amies du monde en 3 jours ), le roman est mené tambour battant , que la relecture des contes classiques est souvent bien vue. L’auteur y apporte de menus changements pour servir son histoire sans vraiment trahir ce que Walt Disney nous racontait. Mieux ,de la vision de Disney, il glisse des éléments que seuls certaines personnes vraiment intéressées par le sujet connaissent : ainsi, il garde uniquement 7 nains mais n’oublie pas de leur donner leur nom en Allemand, la pantoufle de verre de Cendrillon (re)devient la pantoufle de vair que l’homonymie et le temps ont transformé,etc…de ce point de vue là, c’est un succès.

L’alternance des chapitres et des points de vue est bien agencé. On pourrait presque parler de montage comme en cinéma, en plaçant là un chapitre revisitant un conte, là un autre situé au même moment qu’un chapitre précédent. Cet agencement est fait avec talent. Le mélange des genres aussi est bien orchestré : thriller, espionnage, horreur, conte de fée forment un cocktail bien réalisé bien que manquant de saveur pour qui a lu la série Fables.

Au final, le roman n’est pas honteux mais claudique beaucoup par moments. On est loin, par exemple, d’un Neil Gaiman revoyant ses mythologies avec American Gods ou Anansi Boys. Ce qui ne signifie pas que seuls les anglo-saxons savent le faire : Végas Mytho , lui aussi généreux en mythologie, était écrit par un français !

Je ne recommande donc pas vivement Loup, y es-tu ? mais ne le déconseille  pas non plus. Si vous avez un peu de temps à perdre, il sera un bon moyen de vivre ce moment. Si vous cherchez à vraiment en prendre plein les gencives, passez votre chemin et préférez lui Fables , qui elle-même possède un roman dans sa matière littéraire !

dimanche 20 janvier 2013

L'impossible est du domaine du possible !


Après 5 années de bons et loyaux services, la division Fringe ferme ses portes au bout de 100 épisodes ! Alors, apothéose ou pétard mouillé ?

Fringe aura toujours été une série mal aimée par sa chaîne : la Fox ! La Fox qui lui a fait payer de ne faire que des audiences respectables et non des scores mirobolants. Plusieurs raisons à cela sans doute : la première saison voyait des épisodes de 50 minutes au lieu des 40 habituelles.Cela a-t-il perturbé un public américain enclin à de l’uniformité (Fringe est diffusée sur une chaîne accessible à tous et non sur une chaîne câble du type HBO ou Showtime) ? Le parallèle semi-évident (mais trompeur) avec X-files a-t-il découragé du monde ? Probable.

La Science-fiction ,ensuite, est un genre casse-gueule qui ne parle pas à tout le monde. Même en tentant le plus possible de garder des bases scientifiques fortes, Fringe extrapolait pas mal et cela a peut-être dérangé certains adeptes du rationalisme à outrance. Paradoxal dans un pays où les fictions tâtant du fantastique sont plus aisément acceptées (quoique ? un pays aussi porté sur la religion…)

Bref, Fringe n’a pas été le succès escompté. Elle a cependant joui d’un soutien de la part de ses fans et de la critique. Une mythologie forte, des personnages attachants dont les tourments mais aussi les moments de joie étaient écrits avec talent , une intrigue principale qui avançait vite contrairement à X-files qui s’est enlisée en son temps.

Et au bout de 4 saisons, la Fox a dit stop. Pour continuer l’aventure, il faudrait revoir le coup des épisodes à la baisse et ne livrer qu’une demi-saison de 13 épisodes. Dont acte avec cette 5me saison qui devait conclure une des meilleures séries de SF de ces 10 dernières années. Fringe était la preuve que la SF est pluriel à un niveau incroyable et qu’il serait malvenu de la cantonné à quelques sous-genres ( comme le space-opéra ou le voyage dans le temps, par exemple ).
Fringe est une série d’investigation : une enquête par semaine et un fil rouge conducteur. Mais de temps en temps, les auteurs ont joué avec cet état de fait : l’on a eu droit à un épisode rendant hommage aux polars dans la saison 2, un épisode en partie animé dans la saison 3 et un épisode dystopique montrant le futur de l’humanité dans la saison 4.

C’est à partir de cet épisode de la saison 4 que la saison 5 va se construire. Pour le meilleur et pour le pire ! Car ,si Fringe est restée jusqu’au bout une série passionnante et osant proposés des concepts de SF parfois assez hard, cette saison est tellement en dessous des autres qu’elle ne pouvait qu’être décevante. Alors oui, je sui un peu fine bouche, après tout, du mauvais Fringe reste supérieur à bon nombres de séries mais je réclame de le droit d’être en rogne ! En rogne contre les auteurs de la série qui m’ont habitué au grand luxe et qui me fournissent maintenant un simple billet en première classe. Ça reste un endroit agréable mais c’est plus du tout la même chose, loin s’en faut !




Cette saison, comme je le disais plus haut, se base sur une vision de l’avenir aperçue dans la saison précédente : les observateurs, ces êtres chauves qui ne sourient pas , ont envahi notre monde en 2015. En 2036, Etta Bishop, la fille de Peter et Olivia travaille pour la division Fringe. Ses parents et son grand-père se sont enfermés dans l’ambre il y a 21 ans et elle les en fait sortir pour l’aider dans sa lutte contre l’envahisseur. Ça tombe bien, Walter avait un plan tout prêt !
Le postulat de base n’est pas nouveau. Mais une idée aussi ancienne qu’elle puisse-t-être peut devenir intéressante : c’est le traitement qu’on lui donne qui en fait ou non la saveur ! Et ici, le traitement n’est pas à la hauteur des attentes !

Plongés en pleine période post-apocalyptique, nos héros s’adaptent trop vite à un nouveau statuquo, aux nouvelles technologies dont ils disposent. Le réseau de résistance avec lequel ils entrent en contact passe dès lors pour des guignols de première ! Pensez donc : le réseau (très petit au demeurant) est efficace mais bien moins que 4 pelés débarqués la veille au soir qui montent des plans commandos (parfois dans le seul but d’emmerder les envahisseurs alors que c’est pas comme s’il y avait un plan à suivre non plus). Il faut attendre 8 épisodes pour que les choses sérieuses se mettent en place, avant ça nous aurons eu droit à des épisodes certes agréables (mais pas géniaux ) qui faisaient avancer le schmilblick de manière lente, très lente.

De plus, les auteurs se prennent soudain les pieds dans leur propre chronologie ( qui fut effacée en partie lors de la saison 4* ) et foutent un bordel monstre : ne jamais jouer avec les paradoxes temporels sans avoir un sacré schéma avec soi, sinon on tombe dans l’effet « Looper », film au demeurant très sympa mais qui ne tient pas la route quand on essaye d’y attribuer une logique ! Pourtant, Retour vers le futur II avait bien expliqué certaines choses sur le voyage dans le temps ( dans la logique du « on peut changer le passé » loin de celle du « ce qui est arrivé est arrivé » chère à Lost ou Universal War One ). 
Hors, Fringe tombe dans le piège de manière si facile et flagrante qu’on peut se demander si les auteurs connaissent leur propre série et s’ils avaient vraiment envie de s’appliquer. Du coup, la saison tourne à vide : les paradoxes sont eux-mêmes victimes d’incohérence ! Un comble pour une série qui a toujours su où elle allait ! Et ce ne sont pas les clins d’œil émaillant la saison qui aideront : si certains sont subtils ou agréables à voir , d’autres sont carrément hors de propos (à l’image du cadavre, d’un ami d’Olivia et Peter dans la chronologie pré-saison 4, retrouvé en pleine forêt : ça aurait pu être n’importe qui d’autre, ça n’avait aucune incidence !!!! ).




Néanmoins…le côté dramatique marche encore à plein régime ! Les personnages ont toujours été le cœur de Fringe bien plus que les intrigues. Parce que malgré les dialogues trop explicatifs sur leurs sentiments, ils ont toujours été écrits avec une vraie envie de les voir progresser et surtout parce que leurs interprètes ont toujours su comment les aborder ! Si la fin du voyage m’a déçu, mes compagnons de route, eux, ont toujours fait en sorte que je ne les abandonne pas en route ! Et leur revirement idéologique ( de protecteurs du pouvoir en place , ils deviennent des "terroristes" utilisant les méthodes qu'eux-mêmes trouvaient barbares) est intéressant mais trop peu creusé à mon goût.
Alors oui, je suis en rogne. Mais cela restera une rogne éphémère.


*La fin de la saison 3 voyait la ligne temporelle être réécrite. Cela détruisait le risque de voir la série faire du surplace et surtout cela permettait de tuer certaines graines plantées dans la première saison mais qu’aucun auteurs n’avaient fait pousser : les problèmes de Peter avec la pègre de Boston, par exemple. Ces graines disparaissaient puisque l’espace-temps était réécrit comme si Peter était mort enfant ! L’utilité d’une telle réécriture de la part des observateurs n’a jamais été fournie, d’ailleurs. Tout comme le sorte de l'agent Jessup dans la saison 2.Ou encore comment fonctionne "la machine" dans une ligne temporelle où Peter n'a jamais existé, etc...

mercredi 16 janvier 2013

Gangster Squad : quand la réalité se fait défoncer par la fiction !


Le cinéma américain aime revenir à ses fondamentaux et aux fondements de l’histoire des USA modernes. Les films de gangsters sont donc légion depuis qu’Hollywood existe et souvent, ces films se déroulent dans notre passé.

Citons American Gangster de Ridley Scott ou encore Public enemies de Michael Mann pour les plus proches de nous, mais n’oublions pas le fameux Les incorruptibles de Brian Depalma avec Kevin Costner, Sean Connery, Andy Garcia et Robert DeNiro ; un casting de choix s’il en est. Et un casting de choix, c’est également ce que l’on retrouve dans Gangster Squad (quoique à moitié de seconds choix).


Gangster Squad est le troisième film de Ruben Fleischer. Ce dernier avait détourné les règles du film de zombies pour livre l’épatante comédie Zombieland et avait continué à jouer avec les règles dans 30 minutes or less,un sympathique film de braquages loufoque. Il aime les  différents genres et tente donc d’offrir du neuf avec du vieux et un relatif mauvais esprit ! Autant dire qu’avec le nombre de codes inhérents aux films de gangster,on pouvait baver.

La cité est chaude et moite (mmm , comme je les aime), dangereuse.Le crime est partout, l’espoir n’est nulle part. Le big boss est un malade, accro à la violence bien démonstrative. Un seul homme ose s’attaquer à son business. Et il va devoir recruter des hommes d’exception pour endiguer le fléau en se lançant dans une guerre au crime. Guerre qui se livrera avec des méthodes musclées et surement pas approuvées par le règlement ! Bienvenue chez Elliot Ness à Chicago ? Non, perdu, nous sommes à Los Angeles avec John O’Mara.



Le film commence en affirmant fièrement : "inspiré d’une histoire vraie". (et se termine en affirmant fièrement que la pègre ne s'est jamais installé à L.A. Et la Yiddish connection, c'est un mirage ?  )
Inspiré est le mot car niveau vérité historique, on repassera et pas qu’un peu. Le seul moment un tant soit peu véridique arrive en ouverture du film : l’ascension de Mickey Cohen,ancien boxeur new-yorkais, à la tête de la pègre de Los Angeles. 



Après, tout est à prendre avec d’énormes pincettes.
Certes, l’on attribue à Alexandre Dumas la célèbre phrase « On peut violer l’histoire pourvu qu’on lui fasse de beaux enfants ». 
Mais si l’enfant, aussi beau plastiquement soit-il ,est un handicapé ?

Plastiquement donc, c’est beau, c’est très beau. Les divers aspects techniques sont aboutis. Les costumes et les décors sont rehaussés par le directeur photo. 
Los Angeles et ses habitants portent des couleurs vives, c’est une ville d’aspect glamour comme on pouvait en voir sur les cartes postales des années 40 ou 50. Très peu correct historiquement ( Public enemies est plus proche de la réalité à ce niveau) mais collant parfaitement avec l’idée que l’on a actuellement du vintage tel qu’Hollywood nous le présente souvent ( et que Mad Men a fini d’ancrer dans le crâne des gens. Pour du coloré réaliste voyez plutôt l’imagerie de Populaire ). 


Ce genre de dessin aux couleurs ultra-contrastées ,typique des 40's et des 50's, a entériné l'image d'une époque colorée et pétillante dans l'inconscient collectif. La réalité était plus terne mais le réalisateur a choisi le glamour au réalisme.Mais après tout, le ciné ne reflétant pas la réalité...

La réalisation est soignée dans la mise en image, le montage est lisible (on comprend ce qui se passe durant les séquences musclées ) et Fleischer s’offre quelques folies visuelles, certes courtes, mais bien faites comme durant un poursuite en voitures bordélique entre flics et truands et pourtant terriblement fluides grâce au montage justement. 
On regrettera que la musique de Steve Jablonsky ,un poulain d’Hans Zimmer, soit efficace mais peu inspirée. L’homme avait pourtant écrit la musique de la trilogie Transformers, que beaucoup considère comme le seul aspect réussi de ces films. Les acteurs quant à eux participent à tout ça avec en tête un Josh Brolin plus déterminé que jamais et un Ryan Gosling qui, bien que sorti de Drive, garde des moments de pure barbarie qui s’expriment vite et bien.Sean Penn est un peu trop habité par son personnage et en fait des tonnes par contre. Fleischer convie également Emma Stone, actrice qu’il avait lancée avec Zombieland.




Hélas, trois fois hélas,le scénario est grossier, peu abouti.Il commençait pourtant bien en démontrant toute la folie de Cohen, adepte de la torture moyenâgeuse et sanglante ! (On comprend dès lors encore moins comment Fleischer a pu représenté une séquence de fusillade en pleine rue, à la sulfateuse , sans que personne ne soit touché !?!?)
Les personnages sont peu esquissés et donc trop enfermés chacun dans une case : le flic honorable dégoûté par le crime (dont la première action dans le film sera de sauver une jeune fille en détresse), le flic blasé , dégoûté également mais qui ne réagira que face à un drame personnel (que l’on voit venir 10 minutes avant tout le monde), le petit génie,le guerrier aguerri,le novice qui a tout à apprendre & avec qui personne ne voulait travailler à cause de ses origines et le noir de service qui connaît son quartier (noir) comme sa poche et tous ses habitants avec ( c’est bien connu, ils se connaissent tous entre eux). 
Idem pour le scénario qui accumule les lieux communs : la femme du flic est une femme forte mais inquiète,la maîtresse de Cohen devient également celle d’un des hommes de la brigade, faisant  planer le spectre que ne soit dévoiler le pot aux roses avec les conséquences néfastes encourues,etc...




Deux explications à cela . D’abord le scénariste, surtout connu pour écrire des scénarios de séries télés. Habitué au format court cela ne doit pas aider à écrire un long métrage. De plus , l’homme écrit pour la série Castle, certes bonne mais qui assume pleinement son côté semi-parodique du genre. Hors le ton de Gangster Squad se veut bien plus sérieux ! Il enchaîne aussi quelques incongruités : on se demande parfois comment tel personnage a compris un élément important ou encore pourquoi les héros montent des opérations commandos habillés de noir mais sans porter de masques…et ce même dans un endroit fréquenté assidûment par l’un des héros. Les dialogues sont parfois un peu trop démonstratifs ou peu réalistes dans leur écriture : faute du scénariste ou envie de coller au style des films des années 40-50 ? J’aimerai ne pas être mauvaise langue mais …

Ensuite, il y a le drame de la tuerie  d’Aurora où un malade avait fait feu dans une salle de cinéma avant une projection de The dark knight rises. Cette tragédie a poussé la Warner a décalé la sortie du film ( qui devait clôturer la saison des blockbusters estivaux en sortant début septembre 2012) car une séquence particulièrement violente voyait un gang se faufiler derrière un écran de cinéma et mitrailler la salle pour abattre des concurrents. La Warner tient là l’occasion de pousser le réalisateur a retourner certaines séquences. En l’état,le film voulu par le réalisateur n’est donc celui projeté en salles ! Peut-être un jour verrons-nous la version voulue ? Ce n’est pas impossible, on a déjà vu souvent ces dernières années la Warner sortir la version salle et la version du réalisateur en même temps ( voir les blu-rays de The Town ou encore Sucker Punch ). Les séquences sacrifiées et leurs remplaçantes expliquent peut-être en partie ce côté bancal de l’entreprise.



Sortie prévue le 7 septembre à la base. La Warner n'a pas fait confiance aux spectateurs pour différencier film et réalité. Un manque de gonades effarant autant qu'atterrant !

Finalement, Ruben Fleischer manque cruellement d’un regard de cinéaste. Il semble être un technicien redoutable mais Gangster Squad tendrait à démontrer que son côté subversif et rentre-dedans était le fait des scénarios de ses précédents longs-métrages. Comment expliquer qu’il passe d’un discours politiquement incorrect au discours de Nick Nolte dans le film «  Combattons la terreur par la terreur ! » ?  
Ce manque de regard était pourtant là dès le début du film, un détail en apparence insignifiant : le logo de la Warner. Depuis quelques années, on a vu certains réalisateurs utilisés le logo provenant d’une autre époque pour mettre le spectateur en situation ( Zodiac et Argo employaient de vieux logo de la Warner, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal celui de la Paramount des années 80,…) : point de cela ici. Vous allez dire que je chipote mais cela reste une pièce à charge.



L'autre problème majeur est que jamais, jamais, jamais Ruben Fleischer n'arrive à proposer quelque chose de neuf dans son film. On ressent bien l'admiration qu'il porte aux œuvres cultes ou non qui l'ont précédé : Les incorruptibles de De Palma bien sûr, mais aussi L.A Confidential  pour l'ambiance et la dynamique de groupe ou encore Le dahlia noir (encore de De Palma d'ailleurs ) pour son imagerie rétro-galmour où le rouge à lèvre est pétant et toujours appliqué avec raffinement & perfection et où la Californie n'est peuplée que de pin-up passées,présentes ou en devenir.


Au final, Gangster Squad n’est qu’un honnête film du samedi soir, porté par une réalisation efficace et surtout des acteurs qui y croient ! Cela ne sauve pas totalement du naufrage mais reste suffisamment distrayant pour tenter de sauver quelques passagers.Dommage que la véritable histoire de Cohen et de sa chute n'ait pas nourri le film mais cela aurait fait penser aux Incorruptibles : le type est tombé pour fraude fiscale !

jeudi 10 janvier 2013

Le Hobbit : Encore du Campbell et révolution technique.


Tel le lapin blanc, je suis en retard en retard ! Et non pas parce que je glissais au pays des merveilles, je n’ai pas eu de chance de ce côté-là depuis un moment. Donc, mes biens chers frères et sœurs , nous voici réunis pour parler de «  Le Hobbit : un voyage inattendu », premier volet d’une trilogie basée sur le roman «  Bilbo le hobbit » de J.R.R Tolkien ainsi que sur d’autres de ses écrits prenant place dans la même ligne chronologique.

Il est important, avant de vraiment se lancer,de bien faire comprendre que cette critique sera divisée en deux. Une partie pour le film en lui-même et une autre pour parler plus en détails du procédé « révolutionnaire » utilisé pour tourner le film.







Le Hobbit : un voyage inattendu en terre connue.

Si vous vous souvenez bien du « Seigneur des Anneaux », vous vous rappellerez sans problème que Bilbon Saquet (ou Bilbo Baggins pour les puristes) écrivait un livre. Et bien ce livre, on peut dire que Peter Jackson en a fait un film. 60 ans avant que Frodon et Sam ne vivent une passion homosexuelle platonique en allant jeter une bague en or dans un volcan en éruption, Bilbon était embrigadé dans une aventure par Gandalf le Gris. Une compagnie de Nains menée par Thorin Oakenshield est bien décidée à rependre le royaume d’Erebor au dragon Smaug qui s’y installa pour piller les richesses du coin (oui,Tolkien avait prédit Israël/Palestine). Hors, si le dragon connait bien l’odeur des nains, il ignore tout des hobbits, plus petits encore que les nains et capables donc de passer sous le nez du dragon. Bilbon cède à l’appel de l’aventure et quitte sa maison pour aider les nains à récupérer la leur !

J’ai employé à dessein l’expression « l’appel de l’aventure ». En effet, c’est ainsi que Joseph Campbell nomme un passage important que l’on retrouve dans tous les mythes du monde. Il a d’ailleurs écrit un livre sur le sujet, introduisant sa théorie du mono-mythe. Le schéma est connu et reconnu, seul finalement , l’emballage change. La quête de Bilbon étant moins épique que celle de Frodon, on distingue plus les ficelles de la chose. Pas embêtant car les lieux visités sont assez différents mais la fraîcheur a disparu. Même la musique d’Howard Shore a vu son ampleur baissé. Pourtant, Jackson ne ménage pas ses efforts pour tenter de porter les péripéties de nos héros au niveau de celles de Frodon,Aragorn,and co. Ce sont ces efforts justement qui font que le film passe à une grande vitesse malgré sa durée de près de trois heures. Car les efforts de Jackson compensent ce qui peut passer pour des erreurs ou au mieux des maladresses.




D’abord l’aspect des nains. Soit ils sont trop petits soit Bilbo est trop grand mais à part la carrure, hobbit et nains ont presque la même taille ici. De plus, les nains sont ultra-propres et doté de jolies barbes bien taillées. Alors que bon, on en a vu dans l’autre trilogie : un nain, c’est méchant comme une teigne, ça a jamais vu un peigne, ça a des carottes dans la barbe, ça a marié la Denise,une naine de la mine,enfin d’une autre mine…( Brel, je te demande pardon).



Ensuite, le recours au tout numérique. Là où « Le Seigneur des anneaux » employait au maximum des astuces de prothèses et de maquillages et multipliaient numériquement des acteurs et des figurants réels, « Le Hobbit » mise presque uniquement sur les images générées par ordinateurs pour faire apparaître les créatures hideuses qui en veulent à nos compagnons. Et ces images , bien que travaillées dans les détails, n’en paraissent pas moins un peu trop artificielles.

Il s’agit là d’un lissage en règle des aspects les plus glauques et repoussant de ce que l’on pouvait trouver dans l’autre trilogie.
Au final, ce n’est pas très grave. Le rythme est soutenu, la grammaire cinématographique de Jackson n’a pas changé ( cohérence avec les trois autres films) et seuls quelques menus détails explicités plus haut ne collent pas avec ce que l’on avait déjà vu. Mieux, le chemin pris par Bilbon étant différent de celui de Frodon, nous explorons d’autres endroits de la Terre du Milieu. Et on se prend à rêver d’une version longue (certains plans de la bande-annonce ne se retrouvent pas dans le film et Jackson est coutumier du fait) car n’en déplaise aux mauvaises langues : non, le film n’est pas lent à démarrer et sa longueur n’est donc pas excessive. Un an pour avoir la suite, ça passera vite vu les grosses machines qui nous arrivent cette année, ouf !

Un tournage révolutionnaire.

Vous le savez peut-être, un film se projette au rythme de 24 images par seconde. Je ne vais pas vous faire un cours d’histoire sur pourquoi il a été décidé de fixer cela à 24 images/seconde, cela prendrait trop de place (mais si ça vous intéresse, je répondrai volontiers dans les commentaires). Hors, ce film a été tourné en 48 images par seconde…pour chaque œil car il s’agissait en plus d’un tournage en 3D, donc avec une caméra binoculaire. Ce qui revient à dire que si vous l’avez vu en 2D ( les copies 2D ne sont distribuées qu’en 24 images/secondes ), vous avez payé un ticket entier pour apprécier un quart des images tournées. Un peu l’arnaque.

Alors, que nous apporte donc cette « révolution » ? Deux choses.
1° La fluidité des mouvements est époustouflantes. Tellement que votre œil mettra du temps à s’y faire tellement il est habitué à l’ancien format.
2° La 3D est enfin sortie de ses défauts : fini le voile sombre sur l’image et finit les maux de tête dû à une image qui parfois semble trembler.  




Alors, est-ce que ce genre de tournage est le futur du cinéma ? Je serais tenté de dire : NON.
D’abord, parce que le rendu 24 images par seconde n’a pas besoin d’une mise à jour. Tout comme la pellicule, il fonctionne très bien. Ensuite, parce que le rendu en HFR (le 48 images donc ) est utile pour effacer les défauts de la 3D (du moins de la 3D tournée ainsi, il faudra attendre pour savoir si elle efface aussi les soucis sur la 3D convertie). Hors, la 3D et le HFR reste des gadgets couteux qui ne font pas plus rentré le spectateur dans le film que la 2D. C’est le talent de conteur du cinéaste qui permet de faire en sorte que le spectateur s’immerge et se prenne d’affection ou de haine pour les personnages. Il en est ainsi depuis le début du cinéma et l’on pourrait même remonter jusque la littérature en passant par la BD ! Ici, tout ce que l'on nous donne, c'est une profondeur de champ épatante. Bref, du théâtre avec des angles de vue variés.

L’avenir nous dira si une idée révolutionnaire techniquement sera vraiment une révolution pour le cinéma. Car une révolution n’est pas l’affaire d’un réalisateur mais d’une multitude qui lui emboîte le pas. Ou non…