dimanche 21 avril 2013

Dans les serres assassines.


10 mois après La cour des hiboux, Urban comics édite La nuit des hiboux, seconde et dernière partie du premier long arc narratif de Scott Snyder et Greg Capullo qui s’étire sur 12 épisodes, excusez du peu.
Le premier tome comportait 7 épisodes tirés de la revue mensuelle Batman et s’achevait sur l’image de tous les Ergots de la cour ( les guerriers habillés en hiboux stylisés ) lâchés sur Gotham dans le but d’occire les notables et autres personnes d’influence susceptibles d’amoindrir voire d’oblitérer le pouvoir de la cour sur la ville.
C’est donc sans surprises que Bruce Wayne figure sur leur liste, mais les ergots ignorent une chose, qu’ils ne vont pas tarder à réaliser : Bruce Wayne est Batman. Et la Chauve-souris a de sacrées réserves !

Autant le dire tout de suite : non, La nuit des hiboux n’est pas du niveau de La cour des Hiboux. Tout d’abord, parce que pris séparément, il s’agit surtout du dernier acte de l’histoire, conçue pour aller crescendo : on a donc plus affaire à une aventure riche en action plus qu’en réflexion. Néanmoins, ce défaut n’en est plus vraiment un dés lors que l’on lit toute la saga d’une traite !

La résolution de l’intrigue n’est pas des plus réussies non plus : aucun indice n’avait été laissé au lecteur pour voir venir le coup ! Et si surprendre son lectorat est loin d’être une tare, dans un comic dont le trait principal est que le héros soit un détective, ça la fout un peu mal. Reste que Snyder joue avec la mythologie de la famille Wayne (au risque de surcharger cette dernière qui a été fortement exploitée dans le run de Grant Morrison) , prouvant là que ses intentions ne sont pas que jouer avec celle de Gotham City.  Les dessins de Capullo n’ont pas perdu de leur superbe, et c’est toujours un plaisir visuel intense que de le retrouver ( à tel  point que j’avais acheté la série Haunt surtout pour son trait ).




En plus des 4 épisodes  dessinés par Capullo, ce tome contient TOUS les back-ups de la série. Le premier se situe juste après le premier chapitre et est dessiné par Rafael Albuquerque ( qui travaille avec Snyder sur American Vampire ) , il fait le lien entre le chapitre 1 et le chapitre 2.
Tous les autres sont relégués après l’intrigue principale et ont pour protagoniste principal Jarvis Pennyworth, le père d’Alfred, qui fut au service des Wayne jusque sa mort dans la troisième année de la vie de Bruce ( Scott Snyder marquerait-il son territoire en expédiant la version qui veut qu’Alfred ait vu Bruce naître ? Cela créait un lien semi-filial bien plus fort.).
Jarvis a découvert que la cour existe et a décidé de ne pas s’y soumettre. Il écrit une lettre enjoignant à son fils de ne jamais venir se mettre au service des Wayne, vœu qui avait été le plus cher de ce bon Jarvis. Cette partie est un éclairage important sur certains points de l’intrigue et peut se lire comme un petit thriller horrifique de bonne facture. Le tout est lui aussi assuré par Albuquerque.







Ensuite, nous avons droit à un épisode centré sur Dr Freeze. Bien que n’étant pas présent au moment où les Ergots ont attaqué, nous apprenons que ses travaux ont un lien avec le réveil de ceux-ci car certains assassins de la cour étaient congelés depuis des siècles. Connaissant le savoir encyclopédique de Freeze sur le froid, cela coulait de source. Malheureusement, comme avec Alfred et Jarvis, Snyder décide de changer une composante de l’histoire de base en rapport avec Nora, la femme de Freeze. Ce changement radical atténue l’aura dramatique du personnage et renforce son côté psychopathe, c’est qu’il faut faire toujours plus fort, toujours plus gore ma petite dame.



Le recueil se termine sur un épisode antérieur à l’histoire du premier tome et revient sur Harper, la jeune fille qui avait sauvé Batman dans le tome précédent. Si ses raisons d’aider Batman son finalement assez logiques, son obsession ne l’est peut-être pas (mais bon, elle a 16 ans, l’âge où les filles cessent d’être vraiment normales).

Au final, ce second tome est loin d’être mauvais, mais la sensation d’avoir surtout assisté à une déferlante d’action pour résoudre l’intrigue reste bien présente. Les épisodes supplémentaires sont de bonnes factures mais le tout aurait gagné à posséder une cohérence graphique, Capullo ne signant que moins de la moitié du tome. On ressent aussi une certaine facilité dans l’exposition des motivations de l’antagoniste principale. Ce n’est pas la montagne qui accouche d’une chauve-souris mais cela reste un peu faible à mon goût ( car, comme je l’ai dit plus haut, Grant Morrison avait mieux exploité la mythologie des Wayne).

Aux USA, lorsque les Ergots sont lâchés sur Gotham, les séries de la Bat-Family sont entrées en cross-over. Ces épisodes ne sont pas inclus dans le présent recueil. Ils sont disponibles dans les revues Batman Saga 9 et 10. Deux épisodes de Nightwing, un épisode de Batman&Robin, un épisode de Detective comics , un épisode de Batman The dark knight et un épisode de Batgirl. Enfermé dans la bat-cave, Alfred lance un appel à la bat-family pour sauver certaines personnes présentes sur la liste de cibles des Ergots. Ce sont les tentatives des héros auxiliaires pour sauver ces personnes qui sont racontées.

Les épisodes de Nightwing sont sans doute les plus intéressants car scénarisés par Kyle Higgins, complice de Scott Snyder sur le premier travail du scénariste sur Batman. En effet, ces deux là avaient écrit la très bonne mini-série Gates Of Gotham dont certains éléments sont repris ici. Dick Grayson, le premier Robin, tente de sauver le maire et se frotte à un adversaire de taille. Dans le même temps, une histoire prenant place au début du XXme siècle nous est contée : celle d’un amour impossible entre un enfant de la balle et la fille d’un notable gothamite. Bien entendu les deux intrigues vont se rejoindre et les lecteurs devinent vite qui est l’Ergot que Nightwing va devoir affronter pour survivre. Prenant et sans temps mort, le scénario de Higgins s’apprécie sans doute plus si l’on a lu le premier tome de Nightwing sorti il y a quelques mois ( ce que je n’ai pas fait : je vais rattraper mon retard, il m’a donné envie le bougre ). Mieux, en profitant de la mythologie gothamite que lui et Snyder ont étoffée il y a quelques temps, il permet à Dick Grayson de pleinement prendre sa place dans l’histoire de cette ville et non plus uniquement dans l’histoire de Batman !






L'épisode de Batman The Dark Knight est à lire parallèlement avec l'épisode #9 de Batman : il revient sur la genèse, encore, de l'Ergot menaçant de l'histoire, celui qui a pour cible Lincoln March, un ami de Bruce. L'originalité est que cet ergot est celui entrevu dans l'épisode #9 de Batman.Mieux, l'épisode va même un peu plus loin que ce que Snyder avait raconté. Au scénario, on retrouve Judd Winick, qui remplace pour l'occasion Paul Jenkins. Pour le meilleur, Winick est un habitué de la chauve-souris et il distille une atmosphère noire et violente tout le long de cet épisode. David Finch aux dessins assure toujours de la même façon que sur les deux volumes qu'il a déja réalisés sur Batounet.
Notons qu’une série dérivée, Talon (Ergot) va voir le jour suite à la fin de l’aventure mouvementée de Batman. Il y a peu de chance qu’elle ne soit pas publiée à l’avenir par Urban.





L’épisode de Batman&Robin est uniquement centré sur le Robin actuel : Damian Wayne, le fils de Bruce Wayne et de Talia Al Ghul. Ce petit diable en botte verte, élevé durant 10 ans par la ligue des Assassins de Ra’s Al Ghul va devoir protéger un membre éminent de la garde nationale. Non seulement son adversaire lui donnera du fil à retordre ( ce qui est compliqué face à Damian ) mais il le forcera aussi à nous dévoiler ses talents de stratège ! Le petit est le digne héritier de son père et porte les germes pour être un Batman redoutable dans les années à venir. Peter Tomasi prouve une fois encore qu’il a parfaitement saisi le personnage de Damian et c’est un véritable plaisir que de voir le dernier-né de la bande s’offrir une aventure en solo.



L’épisode de Detective Comics se déroule à l’asile d’Arkham. Le directeur est une cible et Batman déboule pour lui sauver la peau. Batman, oui ! Qui est tellement pris dans la série qui porte son nom qu’il a eu le temps de faire un crochet par là-bas alors qu’il était en route pour sauver Lincoln March, son nouvel ami rencontré dans La cour des Hiboux. Tony Daniel, le scénariste et dessinateur de cette série a beaucoup de mal depuis le redémarrage des séries DC et cet épisode ne fait pas exception. Si son trait est toujours aussi beau, ses histoires ne le sont plus tellement. Rajouté à ça que la colorisation tire sur le pastel et l’ambiance est légèrement foutue.



Enfin, l’épisode de Batgirl est à l’image du reste de cette série ! Une purge mal écrite et juste sauvée par les dessins. Gail Simone nous embrouille dés le début en tentant de nous présenter les origines de l’Ergot que Barbara Gordon va affronter. Les ficelles pour tenir éloigné le commissaire des lieux de l’action sont trop grosses, et les méthodes explosives de l’assassin à la solde des hiboux sont ridicules car reposant sur un élément météo totalement aléatoire !!! Et lorsque l’épisode se termine, on en est encore à se demander qui était l’Ergot car les liens semblant évidents pour la scénariste sont loin de l’être pour le lecteur. Et je pense qu’il s’agit ici du meilleur épisode de la série jusqu’ici, c’est vous dire. Urban ne semble pas avoir jugé bon de publié les épisodes de Birds of Prey ,de Red Hood & The outlaws  ou encore de Batwing reliés à l’événement.Mais comme elles sont pour le moment inédites en VF, cela semble logique.





Quant à l'épisode de Catwoman dédié à l'invasion de Gotham par une bande de rapaces nyctalopes, il est disponible dans le tome 2 de sa série régulière, toujours chez Urban Comics. Ne l'ayant pas encore lu, échaudé que je suis par le premier tome, je ne saurais me prononcer sur la qualité de celui-ci. Je reste cependant étonné qu'elle ait été impliquée dans cette histoire car ses liens avec le bat-family ne sont plus les même depuis la ré-écriture de sa vie suite aux événements de Flashpoint ( qui , suite à une brouille temporelle, ont ré-écrit pas mal de choses dans l'univers DC et pas toujours pour le meilleur, pauvre Sélina Kyle).



dimanche 14 avril 2013

Dôme sweet dôme.


À l’occasion de sa réédition au format poche et de la diffusion en juin ( aux USA) de la série dérivée produite par Steven Spielberg et supervisée par Brian K.Vaughan, retour sur « Dôme » de Stephen King ( attention, cette chronique se base sur l’édition en grand format).

Dale « Barbie » Barabara est cuistot à Chester’s Mills, dans le Maine. Était, plutôt. Suite à un différent avec le fils d’un homme politique local, il a décidé de plier bagage et de prendre la route. Le plan parfait pour un ancien sergent de la guerre en Irak qui ne tient pas en place. Sauf que la vie, cette « salope avec un gode-ceinture de 30 centimètres » (merci Mazuka) ne l’entend pas de cette oreille. Arrivé aux limites de la ville, Dale se rend compte qu’une barrière invisible vient d’encercler Chester’s Mills. Toute la cité est prise au piège sous ce que les autorités nomment « le dôme ». Big Jim Rennie, politicien véreux et shooté au pouvoir y voit l’occasion d’affermir son autorité. Tout va foutre le camp dans les grandes largeurs….

Stephen King est sans doute l’un des écrivains actuels à faire partie du haut du panier américain. Alliant aussi bien la grande littérature et la littérature dite de genre, celle-là même qui est méprisée parce que c’est de bon ton par une certaine caste intello. En prenant une situation de départ comme celle-ci, King va passer à la loupe les mécanismes de l’esprit humain face à une situation inédite (semi-inédite, revoyez Les Simpson - Le film ). Coupée de toutes autorité supérieure et sans crainte de représailles, comment agissent les petites brutes tyranniques et comment enrôlent-elles dans leur délire des personnes lambdas ? Comment se résout-on à plier l’échine ou bien au contraire à cracher à la gueule d’un pouvoir illégitime ? Le tout servi avec moult péripéties, rebondissements de situation et surtout, exploitation maximale du concept de base.

Le tout n’est pourtant pas exempt de défauts : la longueur excessive est un facteur un poil rebutant et le manichéisme de la chose est parfois flagrant (c’est vraiment les méchants contre les gentils), néanmoins les personnages sont bien caractérisés et explorer beaucoup plus les zones de gris aurait alourdi un livre déjà gros de 1200 pages (nous aurions eu quoi ? Le double ? Indigeste non ? ). La toute fin est elle aussi décevante face au reste du livre. Mais c'est le voyage qui compte, pas la destination ! Et quand le bateau est mené d'une main royale, difficile de lâcher le truc !!



Le gros point noir provient de la traduction et du travail éditorial : c’est un florilège qui nous est servi ici. Coquilles ( il faudra attendre la fin du premier volume pour savoir si le Colonel américain en charge des opérations à l’extérieur du dôme se nomme Cox ou Fox ) , manque de cohérence ( les références culturelles sont désastreuses : on passe une fois de Les disparus à Lost, comme s’il s’agissait de deux séries différentes, etc…) et l’éternel ç’a en lieu et place de ça a (alors que même phonétiquement personne ne prononce ç’a, il y a toujours un doublement de la voyelle bordel de merde ! ).

En résumé, « Dôme » est un excellent livre à défaut d’un chef-d’œuvre ( à quelques poils près ) massacré trop souvent par un travail d’amateurs de la part des éditions Albin Michel. Faire ça à Dan Brown, passe encore, mais à King ? Impardonnable !

samedi 13 avril 2013

Obviously Oblivion.


La saison estivale ( oui je sais, nous sommes au printemps, mais les studios lancent leur films estivaux dés le printemps justement  pour étaler la sauce et ne pas trop se tirer dans les pattes) est officiellement lancée au cinéma avec le film de SF à grand spectacle Oblivion mettant en vedette Tom Cruise et réalisé par Joseph Kosinski, réalisateur de Tron : Legacy.

Alors,après avoir exploré la matrice…euh pardon, un univers virtuel connu sous le nom de La Grille (déjà moins sexy), Joe nous revient pour explorer une planète Terre dévastée. Nous sommes en 2077. Il y a 60 ans, nous conte le narrateur, la Terre a été attaquée par les aliens, les scavs. L’humanité a gagné la guerre mais au prix fort : la Terre a été ravagée. Les survivants ont migré vers Titan, satellite de Saturne. Les humains ont laissé derrière eux le TET, une gigantesque base spatiale qui dirige les opérations au sol, à savoir l’entretien des drones de sécurités protégeant d’immenses tours d’extraction de toute l’eau de mer sur Terre.
Cette eau doit rejoindre Titan et être partiellement transformée en énergie pour les humains. Mais les scavs survivants attaquent les drones de sécurités.

Jack Harper* et sa compagne Vika sont chargés de traquer les drones défaillants et de les réparer. Vika reste à la base et Jack est l’agent de terrain. Tout deux ont vu leur mémoire effacée avant leur mission, de sorte qu’ils ne puissent pas être une source d’infos pour l’ennemi. Deux semaines avant leur rapatriement sur Titan, un vaisseau s’écrase. Dans les débris, des tubes cryogéniques protégeant des être humains. C’est à ce moment que les drones commencent à canarder. Jack a juste le temps de sauver une survivante, Julia. Hors, celle-ci hante la mémoire résiduelle de Jack depuis des lustres. Sentant ses convictions trembler, Jack embarque Julia à la recherche de réponses.

La Terre et Titan, une lune saturnienne moins d'1 fois et demi plus grande que notre lune. L'exode a pas du être très massif.

Tom Cruise et la SF, c’est en général une bonne équation : Vanilla Sky ou encore Minority Report et La Guerre des Mondes . Les deux derniers étant de Steven Spielberg.
Mais Joseph Kosinski n’est pas Steven Spielberg.

Il y a deux parties bien distinctes dans ce film. La première nous montre le quotidien de Jack et Vika. Cette partie nous fait découvrir le monde tel que la guerre l’a laissé : désertique, en ruines. Jack , pourtant, de nature curieuse, n’hésite pas à enfreindre les règles et récupère certains objets d’antan qu’il « cache » à sa compagne dans un petit coin de verdure qu’il a aménagé. Si le contraste avec le reste du monde est flagrant, Kosinski manque d’en faire une poésie visuelle.





La seconde est un très centrée sur l’action et moins sur la réflexion  C’est carré, c’est correct mais sans génie, le potentiel des designs de production explose ( dans tous les sens du terme) dans cette partie plus riche en suspens et en émotions fortes. Dommage que le passage de l’une à l’autre soit si abrupte. Kosinski démontre pourtant dans cette partie plus violente qu’il est capable de quelques fulgurances visuelles, comme cette mort arrivant en hors champ mais dont les conséquences éclaboussent Tom Cruise. On a rien vu de gore mais on a tous compris ce qui se passe (et parfois, c’est même plus fort comme procédé que montrer l’horreur de visu).

Oblivion souffre d’autres maux. Tout d’abord un scénario vaguement complexe qui se trouve ne pas l’être tant que ça ( les vieux briscards de la SF, surtout littéraire, auront vite et facilement compris certaines choses )  tout en comptant quelques incohérences ( demandez-vous à quoi lui sert sa moto intégrée dans son vaisseau quand ce dernier peut le déposer n’importe où) et un montage bancal qui rend le travail narratif laborieux.

La direction des acteurs n’est pas non plus au top. Si Cruise reste un bon acteur, il serait bon de ne pas le laisser aller vers le trop théâtral. Quant à Olga Kurylenko, son jeu est assez fade alors qu’elle était plus que convaincante dans Quantum of Solace et Centurion.Seule Andrea Riseborough tire son épingle du jeu en incarnant une Vika ambiguë  Les autres second rôles sont à peine esquissés et on se demande encore pourquoi avoir sorti Morgan Freeman et Nikolaj Coster-Waldau ( Jaime « Le Régicide » Lannister de Game of Thrones ) si c’est pour si peu les exploiter. Mais pire que tout, les personnages peinent à exister, conséquence directe d'un manque de rigueur dans leur écriture. Dés lors, fort peu d'empathie à leur égard se dégage.






La musique composée par le groupe M83 est très agréable, mêlant électro et instruments physiques mais ils ont clairement eu la directive de singer celle que Daft Punk avait écrite pour le film précédent de Kosinski, Tron : Legacy ( elle-même singée à dessein sur le style de Hans Zimmer. À tel point que les Daft Punk l’avaient engagé comme consultant musical et utilisé ses studios pour écrire et enregistrer).

Au final, Oblivion n’est pas la révolution du siècle. Son manque de transcendance et son classicisme ( dans sa réalisation et ses thèmes ) jouant clairement contre lui.En bon petit soldat de la SF, Kosinski a étalé sa connaissance des sujets forts de ce genre particulier mais n'a pas su trouver un liant assez porteur pour le tout.
Il n’en reste pas moins un agréable divertissement loin d’être bête , qui ne tire pas en longueur du tout malgré sa durée et qui devrait ravir les amateurs pas trop exigeants et bon public. Les autres risquant plus d’y voir un simple produit agréable mais dispensable.
Le potentiel du réalisateur est bien visible, un peu de prise de risque, un scénariste plus ambitieux et un monteur plus pointilleux lui feraient le plus grand bien.


Ces deux affiches proposent des images que vous ne verrez pas dans le film.
Les concept-arts suivant ont plus de gueules que le résultat à l'écran : dommage.









*À croire que tous les Jack de fiction ont des noms en « er » : Jack Slater, Jack Bauer, Jack Reacher ( déjà incarné par Cruise d’ailleurs).

jeudi 4 avril 2013

Noir c'est noir.


Amis des ambiances noires, bonsoir ! Aujourd’hui, un petit voyage vers le passé vous est proposé par Dennis Lehane, auteur de polars loin des usines réglées comme un coucou suisse que sont Harlan Coben ou Michael Connelly , par exemple.

1926, Boston. La prohibition est de rigueur mais l’alcool continue de couler à flots. Le crime organisé a trouvé là une occasion sensationnelle de s’enrichir et de s’organiser encore plus. C’est dans cet univers qu’évolue Joe Coughlin. Joe est le plus jeune fils d’un haut gradé le police, Thomas Coughlin. Que ne feraient pas les garçons pour ne pas ressembler à leur père ?
Joe finit en taule et sera affranchi par un vieux prisonnier qui en fera un de ses associés à sa sortie. Une sortie qui va l’emmener loin de son Boston natal, là où sa tête de fils d’immigré irlandais va prendre de sacrés coups de soleil : la Floride*.

Il y a un avant et un après Un pays à l’aube  ( dont ce roman est une forme de suite ) chez Lehane. Ses premiers romans étaient une série mettant en scène les détectives Patrick Kenzie et Angie Gennaro. 5 tomes en tout ( un sixième verrait le jour plus tard ) qui allaient du très bon polar au roman qu’on ne pouvait lâcher ( le second tome de la série, Ténèbres, prenez-moi la main, restant à ce jour l’une de mes plus belles claques. Ben Affleck préférera adapter Gone, Baby,Gone).

Ont suivi Shutter Island,Mystic River et son mont Everest, sa 5me symphonie : Un pays à l’aube. Un sommet absolu dont la longueur n’avait d’égale que la qualité.
Mais voila, escalader une montagne n’est pas un exercice aisé et recommencer peut s’avérer impossible. Moonlight Mile, 6me roman de la série Kenzie/Gennaro sorti en 2012 est loin d’être le meilleur de la série(mais c’est à se demander s’il ne l’avait pas écrit pour qu’enfin on arrête de lui réclamer).

Le voir revenir dans l’univers des Coughlin de Boston m’enchantait donc. Et si le roman n’a pas été à la hauteur de mes espérances, il n’en reste pas moins un livre prenant aux tripes.

Durant près de 600 pages, Joe va servir au lecteur de guide au travers du crime organisé : que ce soit les petits coups, la prison & ses dangers où encore comment gravir les échelons. Le but de Lehane ici n’est pas d’explorer au microscope une période courte dans un endroit donné mais d’offrir une aventure humaine sur une période relativement longue.

On connaît tous les rouages du milieu, de la famille et ses clichés. Lehane ne s’attardera donc pas trop là-dessus. Au lieu de ça, il s’attardera sur Joe, comment il voit les choses, comment il réagit pour mener son business, l’éviction  de ses concurrents ( qui relève autant de la politique que de la violence pure). Et il n’est pas impossible qu’il vivre une histoire d’amour qui le marquera plus qu’il ne le croit ( les héros de Lehane sont toujours des romantiques dans l’âme). Le reste n’est que décorum. Mais un décorum dont Lehane sait tirer parti pour ne jamais endormir le lecteur ( c’est le cas de le dire, je l’ai lu en une nuit !!! ).

Diablement documenté historiquement pour recréer l’ambiance de ces années qui virent couler autant de sang que d’alcool dans les rues , Ils vivent la nuit n’atteint pas le niveau d’Un pays à l’aube, Lehane semblant incapable de réitérer l’exploit monstre que fût son Grand Roman. C’est la grosse déception de ce titre. Mais en faisant abstraction de ça, il reste imprimé dans ce livre un polar fiévreux, enivré et enivrant, doux comme le miel et chaud comme le rhum de contrebande. Mais aussi amer et noir que le sang vicié qui coule dans la gorge après un passage à tabac, et dont le goût ne cesse de revenir à la charge dans votre mémoire chaque fois que votre bouche vous  rappelle qu’il vous manque quelques dents.
Notons que Ben Affleck (encore lui!) réalisera l’adaptation au cinéma.

*Ce n’est pas la première fois qu’un héros bien bostonien finit en Floride chez Lehane, Patrick Kenzie y faisait déjà un grand détour dans Sacré, troisième tome de la série dont il était le héros.

lundi 1 avril 2013

Sûreté de l'État.


Homeland est LA série du moment . En reprenant le bon vieux truc de la chasse aux terroristes, les créateurs de la série (inspirée par une fiction israélienne, oh que j’ai du mal avec ce mot ) répondent au besoin de penser et de panser les plaies d’un pays encore hanté par le spectre du 11 septembre 2001.

Pourtant, il n’a pas fallu attendre Jack Bauer pour voir les terroristes de tous poils et de toutes obédiences ( n’en déplaisent aux bien-pensants qui n’ont vu que la moitié d’un épisode , il n’y avait pas que des islamistes musulmans dans le lot, loin de là…et j’assume mon pléonasme ) : John McClane dans les Die hard en butait déjà pas mal (oui je sais, ils avaient aussi un agenda caché autre que terroriste…mais je crois aux multiples facettes des gens ).

Mais le 11 septembre a tout changé. En laissant une plaie qui ne cicatrisera qu’en laissant une marque profonde dans la chaire de ce pays. 
Cet acte infâme a eu des conséquences dans l’écriture des séries, une telle ombre ne pouvant que toucher tout et tout le monde, même Hollywood basé sur l’autre côté des USA. 
Quand cela s’est produit, 4 épisodes de 24 (heures chrono ) avaient déjà été mis en boîte (bien que la série démarra en novembre, impossible de la lancer en septembre ). 
S’il m’est impossible de savoir quel impact cela a eu sur la première saison, sur la seconde c’est beaucoup plus simple : un leader clone de Ben Laden réussit à introduire une bombe sale (et atomique) sur le sol des USA. Le spectre de l’attaque ultime est largué aux heures de grandes écoutes.

 Les visages triomphants de l'Amérique, ça a été ça aussi. Et ça le restera.


Homeland est  lui aussi l’enfant de cette attaque. L’héroïne Carrie, est tourmentée par son incapacité à avoir empêché les attaques en 2001.Agente de terrain pour la C.I.A, elle découvre en Irak l’info qui la terrifie le plus : un soldat américain a été retourné par Abu Nazir ( un second clone de Ben Laden. Damned, je croyais que le clonage humain était impossible ). 
11 mois plus tard, le sergent Nick Brody est retrouvé dans une cache après un assaut des troupes américaines. Ce dernier, que tous croyaient mort, est resté 8 ans aux mains des islamistes. Carrie, pas parano pour un sou, pense qu’il est le fameux soldat retourné. Alors que le pays a besoin d’un héros, elle passe outre les ordres et le met sous surveillance illégale.



Avec une telle histoire, les scénaristes avaient de l’or dans les mains. Parano, faux semblants, ambiance détestable de bureau (les gars de Langley sont plus préoccupés par leur carrière que par les pistes pouvant éviter une attaque ), etc… La série, lors de ses 3 premiers épisodes, tire d’ailleurs parfaitement parti de tout ça. Mais il y a un hic. Au bout de 3 épisodes, on se rend compte qu’il y a eu autant d’avancées et de retournements de situation que dans la moitié d’un épisode de 24

Chaque personnage est  pourtant bien écrit, il y a des zones d’ombre, les acteurs sont bons. Carrie est parano mais logique. Un peu trop sans doute. Elle est aussi malade mentale : elle se fournit en lithium chez sa sœur médecin pour ne pas laisser de trace et garder son job. Son supérieur, Saul, est un vieux de la vieille qui a tout vu. Blasé mais alerte. Ils répondent tous deux aux ordres de David, arriviste mais soucieux d’empêcher son pays de sombrer. Nick Brody quant à lui, est présenté avec des failles, des traumas : il faut laisser le spectateur cogité sur son statut ou non d’agent dormant.
Mais c’est une arnaque destinée à ferrer le spectateur. La notion de suspense n'apparaît qu’aux endroits stratégiques : juste avant la pub, pour que le spectateur reste devant son écran. Ce n’est pas le pire. Brody rentre dans sa famille, retrouve ses marques avec ses enfants, sa femme ( qui s’est consolée dans les bras du meilleur ami de son mari). Un remake, pas drôle, de Desperate Housewives, au milieu d’une série à suspense. Ce cocktail , indigeste, m’avait déjà fait décrocher de The Unit.
Le tout est servi par une réalisation plan-plan, sans saveur et sans prises de risque.
Le générique, fourre-tout et vaguement conceptuel est noyé dans un jazz crispant et agressif pour les oreilles ( Carrie est fan de Jazz et le fait subir à tous et surtout à nous tout au long du show.Parfois ça passe, souvent ça casse...les pieds et les oreilles).



Mais ça ne s’arrête pas là. 
La maladie de Carrie ne sera pas exploitée avant la fin de la saison. Jamais avant cela on ne la verra vraiment montrer des signes de folie. On la sait malade mais cela arrive comme un cheveu sur la soupe. Les flashbacks et autres souvenirs de Brody , distillés au fil de la saison, n’ont aucun sens si on tente de les remettre dans leur ordre chronologique. Très vite, les scénaristes ont fait le tour du concept de base et doivent créer des tensions artificielles en se faisant croiser Carrie et Brody. Et ils ne tireront même pas profit des multiples situations que cela pouvait créer !!!!
Et quand la fin approche, ce qui était un thriller politico-paranoïaque devient peu a peu une resucée de 24 : multiples attaques, panique dans les hautes sphères du pouvoir ( 24 voyait le président être sur la brèche, ici c’est le vice-président) mais les greffes sont trop voyantes et le corps les rejette !  Le dernier épisode renoue alors avec la veine du début…mais trop tard : 4 bons épisodes, dont un dernier des plus intéressants pour la suite remarquez, ne suffissent pas à me mettre en confiance pour la suite.




Jack Bauer est bel et bien parti et les séries axées sur la lutte anti-terroriste ne semblent pas vraiment en position pour le déloger de la première place du podium ! LA meilleure série du moment ? Affirmation facile lancée par des journalistes stagiaires qui n’avaient jamais allumé un télé de leur vie…et qui a été reprise par une plèbe influençable apparemment (parce que les mêmes personnes lancent les mêmes compliments, mérités, à Game Of Thrones).