dimanche 15 décembre 2013

Au nom du père...

…Tu seras chauve-souris mon fils…

C’est presque une règle absolue, un artifice de création ,un acte fondateur immuable : le traumatisme initial d’un super-héros ! La perte d’un (ou plusieurs, selon les cas) être cher, qui poussera le héros à prendre part à une lutte contre le crime tout en se débattant pour ne jamais franchir la ligne rouge qui le pousserait à commettre ce qu’il sait être irréparable.

Batman est évidemment de ceux-là. Qui ignore encore que Thomas et Martha Wayne furent abattus par un voyou sans imagination du nom de Joe Chill ? Pourtant, tel un Matt Murdock/Daredevil se lamentant d’avoir perdu son père ou un Peter Parker/Spider-Man pleurant sur la mort de son Oncle Ben, Bruce Wayne est hanté par son géniteur. Il ne fait presque jamais allusion à sa mère.

La demeure de mon père, les entreprises de mon père…Même les anecdotes du passé que le chevalier noir utilise pour créer une métaphore avec ce qu’il vit est en relation directe avec Thomas Wayne.  Contrairement à la plupart des garçons de 8 ans fourrés dans les jupes de leur mère, le petit Bruce était en admiration totale devant la figure paternelle. Il y a fort à parier que si Martha était restée en vie, le petit Bruce aurait cherché à devenir l’ange de la nuit qu’il est aujourd’hui. Allons plus loin : dans une réalité alternative, Bruce meurt enfant, sa mère devient folle et devient le Joker. Son père se radicalise et devient...Batman.
Son trauma est là : la mort de son père et non celle de ses parents. Non pas que je minimise l'amour qu'il eu pour sa mère, de nombreux ouvrages démontrent bien la profonde relation qu'il entretenait avec elle.



Oui père, je serai chauve-souris.

Père et fils, lié par le même sort.


Dès lors, lorsque Grant Morrison, reprend l’écriture de la série « Batman » et nous fait découvrir le fils caché de Bruce et de Talia Al Ghul, la perspective de voir Batman devenir ce qu’il a perdu est excitante. Oh certes, on pourra toujours arguer qu’il a lui-même été un père de substitution pour les « Robin » qu’il a formé ( voire même carrément un père adoptif ), lui-même ayant trouvé des ersatz de paternels en Alfred ou Jim Gordon. Mais , dans la tradition anglo-saxonne, les liens du sang sont encore vus comme vecteurs de tempéraments ( «  C’est bien le fils de son père celui-là… » dira-t-on de Luke Skywalker n’ayant eu aucun contact avec Dark Vador ). Bref, Damian Wayne débarque et bouleverse le petit monde du chevalier noir.

Cependant, Morrison avait des plans bien précis pour Bruce, et développer son côté paternel n'en faisait pas partie. Qu'à cela ne tienne, un autre scénariste a compris le potentiel de la chose, et lors de la seconde série " Batman & Robin", Peter Tomasi va étoffer comme personne leur relation.

Bruce va apprivoiser ce fils qu'il ne connaît pas, Damian va peu à peu se laisser aller à apprécier cette nouvelle vie, ces nouvelles valeurs morales ( rappelons que le petit a été élevé par les gens de Ra's Al Ghul, ça vous situe le niveau humaniste de la chose). Leurs liens vont se construire vite et fort. À tel point que voir Bruce se comporter en père apparait comme une évidence, une évolution logique et normale. Cette évolution est tellement fluide, tellement nette, qu'elle semble faire partie du personnage depuis des lustres et non pas quelques années.






Il ne se bat plus uniquement pour que Gotham et ses habitants puissent vivre débarrassés du crime. Il se bat aussi pour que son fils puisse jouir d'une vie plus lumineuse, plus solaire. L'animal nocturne qu'il est souhaite que le rouge-gorge ( Robin signifie rouge-gorge en anglais) profite et s'expose à la lumière du soleil.

Mais Grant Morrison avait d'autres projets.
Son run sur Batman touche à sa fin après plus de 6 ans.
Et 4 épisodes avant la fin, il élimine Damian de l'équation. Robin meurt, dans les bras de son père, transpercé par la lame d'un sbire de sa mère.




Lorsque nous lisons une œuvre, regardons un film, une série ou assistons à une représentation théâtrale, notre réalité est altérée. Car cette fiction, dans laquelle nous nous immergeons semble bien réelle. Nous nous passionnons pour des êtres qui n’existent pas, nous nous passionnons pour ce qu'ils font, ne font pas. Nous ressentons (et une émotion , même si l'on ne peut la mesurer, la quantifier, est une chose bien réelle) pour eux des choses.

Alors oui, je revendique ici mon droit à pleurer la mort de Damian Wayne et à m'appesantir sur le sort de son père, Bruce Wayne. Lui pour qui l'image paternelle avait tant d'importance, vient de perdre la raison d'en donner une.

Fallait-il accabler ce personnage d'un nouveau tourment de ce type ? La mort qui frappe ses proches depuis ses 8 ans n'a-t-elle pas fait assez de dégâts ainsi ? J'ai pleinement conscience que les drames font avancer l'intrigue mais croire que certains statu quo ne sont que des handicaps ankylosant n'est pas forcément une bonne chose…je l'aimais moi, ce sale gosse…


King of the bad jokes.

Aujourd'hui, prenons un peu d'avance voulez-vous. Le 14 Février prochain, Urban Comics sortira le 3me tome de Batman scénarisé par Scott Snyder.

Ce tome sera centré sur le retour du Joker.

Cependant, le mensuel Batman Saga a publié, au rythme d'un chapitre par mois, ce fameux retour intitulé Le deuil de la famille ( Death of the family en V.O, ce qui n'est pas exactement la même chose*).
Lorsque le volume cartonné sortira, je mettrai cet article à jour si besoin est.

Il y a un an, le Joker s'évadait de l'asile d'Arkham ( oui, encore une fois ) avec l'aide d'un nouveau maniaque : le Taxidermiste. Pour une raison aussi obscure que malsaine, le Joker avait demandé à son complice de lui …couper le visage. Ce dernier a alors été confisqué par le GCPD (Gotham City Police Department ) et placé dans une chambre froide. Nul ne sait, pas même Batman, le plus grand détective du monde, où est allé le Joker et ce qu'il a fait durant ce laps de temps.
Ce soir, le propriétaire de ce morceau de peau décolorée vient reprendre ce qui est à lui.
Ce soir, le sang va couler.
Ce soir, le Joker est de retour…

Pour bien comprendre ma démarche pour rédiger cette critique, je vais devoir un peu vous parler de moi et beaucoup du mensuel Batman Saga. Tout comme lors de La nuit des Hiboux, les bat-séries sont entrées en crossover. Ici, l'ennemi multiple mais au visage de hibou a laissé place à une menace solitaire au visage balafré. Et ça a été une véritable overdose de gore, d'intrigues glauques et malsaines. Pris séparément, je pense que la lecture de chaque série aurait été possible sans haut-le-cœur. Mais à la suite, c'était presque insoutenable et je ne suis pas une petite nature.

J'ai donc décidé, avant d'écrire cette chronique, de relire l'arc narratif propre à la série Batman. Point.
Et force est de constater que ça passe déjà bien mieux, même lu d'une traite. Pendant 4 épisodes (sur 5 ) , Scott Snyder écrit une saga remplie de tension et de paranoïa : le Joker aurait découvert l'identité de chaque membre de " la famille" ( à savoir Batman/Bruce Wayne, Robin/Damian Wayne, Nightwing/Dick Grayson, Red Robin/ Tim Drake, Red Hood/Jason Todd et Batgirl/Barbara Gordon).
Et Bruce semble pourtant se comporter en connard prétentieux, trop sûr de lui et du fait que non, le Joker n'a rien pu découvrir, malgré sa théâtralité à démonter le contraire en agitant sous le nez de nos héros un mystérieux petit carnet en cuir de chauve-souris.

Scott Snyder sait sur quoi il écrit, et sait qu'il ne doit pas se planter en faisant revenir l'adversaire le plus emblématique de la chauve-souris gothamite. Le Joker est une sorte de personnage qui adapte sa personnalité à ses besoins de taré, c'est pour ça que même les pires frappés de Gotham le craignent : si on le croise, on ne sait jamais s'il va vous buter ou vous raconter une blague pourrie.Il évolue en permanence et les auteurs avant Snyder ont donc joué avec lui et changé son comportement en de nombreuses occasions. Snyder va aller plus loin, il va livrer le Joker ultime ! Il va amplifier ce personnage dérangeant ( et dérangé),c'est un individu hors-norme dont l'existence est dirigée vers le contraire des attentes sociétales de base : il est dérangeant par nature.






Cette incarnation du Joker est autant le Joker amoureux (de batounet) de The dark Knight Returns ( Frank Miller), que les Joker de Burton et  Nolan (au rayon cinéma), celui de Alan Moore ( The Killing Joke ) ou de Grant Morrison. Alors oui, Snyder a lu Batman, il a compris ce qu'était le Joker mais sa démarche, de ne pas le faire évoluer, peut sembler étrange...
Il va également émailler son récit de références plus ou moins explicites à d'autres "grands moments" de la vie du Joker en évoquant ses origines ( celles présentées dans The Killing Joke ) ou la prise d'otages à Arkham.



Jusqu'au bout, ce cinglé va jouer avec la Police et la Bat-Family, allant jusque les humilier. Embrigadant d'autres figures emblématiques pour jouer un rôle dans son plan de psychopathe. Et puis, soudain, lors des deux dernières pages du chapitre 5, tout s'éclaire, la démarche de Snyder apparaît : il s'agissait de raconter une très mauvaise blague du Joker.
Et pour raconter cela, le Joker n'avait d'autre choix que de s'adapter d'une manière inédite : en piochant dans tous ses aspects ! Le comportement hautain et trop sur de lui affiché par Bruce est expliqué. Scott Snyder avait prévu le coup.
Mais le coût payé par la bat-family est élevé et la fin, douce amère, indique peut-être que les blessures (physiques et surtout mentales ) prendront du temps à cicatriser. Le Joker est allé trop loin, peut-être Batman a-t-il une responsabilité morale dans le fait de laisser ce fou furieux en vie.
Quoiqu'il en soit, cet arc, qui démarrait et continuait sur une lancée trash et morbide, se termine plus subtilement en expliquant ( encore faut-il y réfléchir) pourquoi il nous a été livré comme cela. Une lecture qui peut s'avérer éprouvante par ses aspects morbides mais qui , finalement, nous démontre que Snyder réfléchit beaucoup à comment écrire ses histoires.

Les dessins de Greg Capullo rendent parfaitement cette atmosphère lourde et malsaine. En ajoutant des détails dans les décors, les costumes et le look du Joker nouveau, qui porte son visage comme un masque. Capullo fait un excellent travail sur Batman et il est allé chercher ici ce qui le rendait si bon sur la série Spawn : l'habilité à créer des images superbes tout en travaillant leur rendu dégueulasse.
Accrochez vous donc en le lisant, mais ne doutez pas qu'il y a un travail de réflexion de la part de l'auteur derrière tout ça.

*Un arc narratif antérieur, intitulé A death in the family avait été traduit par Un deuil dans la famille. Cet arc voyant le Joker assassiner Jason Todd, le second Robin ( qui, depuis, a été ramené à la vie par Talia Al Ghul en le plongeant dans un puits de Lazare). Le retour du Joker, sous son titre américain, était donc une référence claire au titre de la mort de Jason. La traduction dudit titre en français devait donc refléter cette parenté.

vendredi 13 décembre 2013

La consolation de Smaug.

Suivant la même logique de sortie que la trilogie du Seigneur des Anneaux ( un film par an), ce joli mois de décembre voit atterrir "La désolation de Smaug" dans les salles obscures.

Si vous vous rappelez de ma critique du premier volet, j'envoyais valser les défauts que beaucoup pointaient du doigt.
Soucis : ce second volet , supérieur, me fait remarquer qu'ils n'avaient pas tout à fait tort ( mais dans des proportions ô combien moins larges que ce que l'on peut lire un peu partout et surtout, pour des raisons dramaturgiques évidentes sur lesquelles je vais revenir).

En dramaturgie, on distingue bien souvent qu'une histoire se divise en 3 actes (eux-mêmes subdivisés d'ailleurs). Le Hobbit (tout comme Le Seigneur des Anneaux) n'est pas vraiment une trilogie mais un seul et même film tellement long qu'il est diffusé sous la forme de trois films, c'est donc une ruse, une tromperie (pas vilaine). On notera, pardonnez-moi cet aparté, que le film L'empire contre-attaque était le second acte d'une histoire en 3 parties qui lui-même respectait un déroulement dramatique en 3 actes.


Hors, un premier acte est toujours un peu plus lent : il sert à poser les personnages, les enjeux, etc…C'était le job d'Un voyage inattendu tout en assurant un spectacle envoûtant.
Mais maintenant que tout (ou presque) est posé , les personnages vont être ballottés d'un point à l'autre : l'échiquier a été préparé et un peu chamboulé en amont, place au gros du déroulement de la partie ! Dès lors , le premier volet semble (en comparaison, j'insiste) plus lent et moins épique.

Car niveau vitesse et dimension épique, vous allez être servis ! Sur près de 2H30 de métrage, nous assistons à sans doute 1H50 d'action pure, Peter Jackson semblant faire très souvent fi de l'adage qui veut " qu'il faut établir des zones calmes pour laisser respirer le spectateur"…et bien, quand on veut, on peut accrocher l'audience ET ne pas l'asphyxier ( la scène de la descente de la rivière, longue, fluide, magistrale)  : par exemple, en faisant en sorte que les personnages s'expriment tant en paroles qu'en gestes, continuant ainsi à se développer psychologiquement devant nous. Bien entendu, face à tant de protagonistes, ce sont quelques uns des 13 nains qui seront mis en avant : Thorin, Balin se taillent la part du lion tandis que Kili prend de l'ampleur. À tel point que Bilbo semble parfois en retrait malgré son rôle ô combien important.








Un rôle qui reprend le devant de la scène dès lors que la troupe arrive en Erebor et que Bilbo doit assurer sa mission de cambrioleur en allant dérober l'artefact qui légitimerait Thorin sur le trône nain. Un artefact gardé par un dragon, Smaug, que l'on avait vu se réveiller à la fin du premier volet.

Lors d'une demi-heure anthologique, Bilbo et les nains vont lutter pour leur survie. Smaug n'étant pas un dinosaure à ailes crachant des flammes mais bien un être pensant et intelligent, il y aura de la tension dans les joutes verbales ET l'action pure. Une action mise en scène en prenant en compte la géographie d'Erebor : le dragon vole quand c'est possible, marche, grimpe les autres fois. Crache du feu (un minimum syndical) etc…Une lutte pour la survie s'engage alors , une lutte qui débouchera sur le cliffhanger le plus frustrant de l'année : un an pour voir la suite, ça va être foutrement long !




Dans le registre des protagonistes, c'est le grand retour sur écran de Legolas, l'elfe blond au yeux bleus qui tire plus vite que Lucky Luke. Rayon elfe, Jackson invente un nouveau personnage, Tauriel, joué par Evangeline Lily. D'aucun crieront à la trahison. Criez mes braves, criez, vous attirerez sur vous l'attention des gens qui mettront en lumière votre sectarisme consumé. Cet ajout (ainsi que le plus large rôle de Legolas ) a été mûrement réfléchi et écrit en conséquence. Elle s'insère dans le récit sans que cela ne vienne alourdir le rythme. Nous croiserons également un archer humain, Bard, incarné par Luke Evans.





Comme dans la trilogie précédemment sortie au cinéma, une fois que Jackson pose ses valises en territoire humain, le drame et les enjeux deviennent plus grands, plus forts, plus durs. Car si les nains et les elfes ont des qualités et des défauts, les hommes sont sujets à tous les défauts et toutes les qualités : on ressent donc du dégoût pour ceux qui se laissent aller à leurs bassesses, de l'empathie pour ceux qui luttent pour ne pas y céder, etc… L'écriture des personnages et leur interprétation donnent corps aux personnages : même sans 3D, il y a donc du relief.

En parlant de 3D, voila un des aspects techniques les plus bandants du film.
Autant le premier volet se contentait d'avoir une 3D parfaite, autant ici presque chaque plan a été conçu dans l'optique d'être graphiquement travaillé avec sa profondeur de champ ( Erebor est une claque totale).
Le travail graphique est clairement pensé dans une optique en trois dimensions et on va perdre énormément quand il sortira en vidéo celui-là. Sans compter, encore une fois, la diffusion en HFR ( 48 images par seconde ) de toute beauté : ne pas le voir en 3D HFR c'est passer à côté de toute l'ampleur du film !
Vous voilà prévenus!

Au final, le film confortera les fans et devrait réconcilier les déçus du premier volet du Hobbit avec Peter Jackson.

vendredi 29 novembre 2013

La seconde guerre universelle aura bien lieu.

Fin 1998, le dessinateur Denis Bajram se lança dans l'aventure scénaristique. Il a écrit et dessiné un cycle de BD: Universal War One (ou UW1 ) était née et allait marquer durablement les amateurs de bonne SF voire même de bonnes histoires tout court.

6 tomes d'une bande-dessinée de science-fiction qui avait tout du blockbuster spatial…avec des thèmes ultra-connus mais traités correctement et parfois même à rebrousse-poil.

Mais , ce qu'on n'avait pas prévu et qui était pourtant prévisible : si on prend la peine de préciser que la première guerre universelle a eu lieu, c'est forcément qu'il y en a eu une seconde.

UW2
voit donc son premier tome débarquer en septembre 2013. Bon, autant vous prévenir…si vous n'avez pas lu UW1, vous n'allez pas piger grand-chose à ce que je raconte.




L'action se situe sur Mars, 13 ans après la fin de la première guerre.
La civilisation de Canaan occupe la planète en se sentant le droit de tout faire, convaincu d'être un peuple élu (tout parallèle avec une situation terrestre et contemporaine n'est pas fortuit).
Dans le même temps, le wormhole du soleil, dernier vestige de la guerre, consume celui-ci, qui risque de devenir une géante rouge et tout consumer sur son passage.
C'est dans ce décor qu'évolue Théa, descendante du fondateur de Canaan et forte tête en conflit avec l'autorité comme son aïeul.Son oncle est un dignitaire haut-placé et son cousin est un soldat Israélien de base : supérieur, imbu de sa personne. Oh pardon, je voulais dire Canaaen , sorry.



Bajram offre un épisode d'exposition des personnages où il se passe beaucoup de chose sans pour autant manquer de caractériser ses nouveaux protagonistes.
Les concepts de SF sont aussi très bons et , à part le Wormhole, ne sont pas une resucée de ce que le premier cycle proposait. Niveau dessin, l'homme a toujours un sacré coup de crayon et c'est un vrai plaisir (trop court) de le retrouver.



Le premier cycle avait mis presque 8 ans à se faire, celui-ci devrait aller plus vite :
Primo, l'intérieur de la page de garde nous renseigne sur les titres des futurs albums, signe que Bajram sait très bien où il va. Secundo, le tome 2 est semble-t-il prévu pour Juin 2014 : Bajram a délaissé depuis le tome 5 ou 6 la planche à dessin pour le stylet électronique et cela semble lui permettre de travailler plus vite et tout aussi bien ( Enki Bilal aussi a fait le grand saut il y a moment).

Universal War 2 s'annonce comme une nouvelle grande fresque de science-fiction qui alliera grand spectacle, concepts de hard science-fiction expliqués correctement au néophyte et réflexion sur le monde actuel.
Je trépigne d'impatience mes petits poussins !

lundi 30 septembre 2013

Aux sources du mythe.

Sorti en 2010 chez Denoël et sorti en poche en avril 2013, Le Vaisseau Ardent jouissait d'une excellente réputation.
Qu'en est-il une fois lu ?
Réponse !

Premier  - gros – roman de Jean-Claude Marguerite, Le Vaisseau Ardent aura mis 18 ans à être écrit par son auteur. 18 ans de gestation, on imagine sans problème la naissance dans la douleur de ces près de 1600 pages de textes. Oui, de textes, au pluriel ! Car c'est un roman aux formes diverses que nous offre (enfin, nous propose d'acheter ou d'emprunter…oh puis merde, au besoin, volez-le !) Jean-Claude Marguerite.

Dans le noir de la nuit, un homme d'âge respectable, assis à son bureau, se remémore son enfance. Le commandant Petrack, le "Sherlock Holmes des mers" comme le surnomme la presse, a jadis été un petit garçon vivant dans une ville portuaire de la mer Adriatique, côté Yougoslavie. 
Petit pour son âge et malingre, il n'en est pas moins un enfant débrouillard et trop intelligent pour son bien. À tel point que pour s'éviter des ennuis, il se fait passer pour plus bête qu'il n'est. Il se lie bien vite d'amitié avec Jak, fils d'aubergiste et tout en muscles. La tête et les jambes, chacun s'ennuyant à l'école pour des raisons divergentes.
Mais leur désir d'école buissonnière et d'aventures est un élément convergent. Tous deux rêvent de pirates et de rhum et bien vite, ils se lancent dans le vol sur des bateaux de plaisance. C'est ainsi qu'ils font la connaissance de l'ivrogne. Celui-ci se prétend universitaire et commence à raconter à Anton et Jak une histoire de trésor et d'un Pirate sans Nom contre une dose d'alcool chaque soir.
Pour Anton, tout ceci est vrai et sa vie sera vouée à la découverte des trésors des mers, un aventurier plus qu'un archéologue. Mais la nature du trésor du Pirate sans nom est-elle faite d'or et de bijoux ?

" La tradition orale, c’est d’abord l’histoire d’une histoire. Chaque narrateur se l’approprie et la réinvente. "

Le Vaisseau Ardent est un roman puzzle.
Sauf que toutes les pièces ne viennent pas forcément du même modèle : les morceaux peuvent s'emboiter mais le résultat ne sera pas autre chose que l'évocation d'un collage sauce Picasso. L'esprit du lecteur va donc devoir rester éveillé, prêt à trouver des liens entres certains segments.
La structure des 1000 premières pages relève de la construction narrative ingénieuse et inhabituelle : Petrack se souvient de Anton, Anton écoute les histoires de l'ivrogne, ce dernier, universitaire avant de sombrer, cite de mémoire tout un manuscrit écrit par celui qu'il pense être le Pirate Sans Nom.
Et que viennent dont faire une pièce de théâtre viking et un manuscrit mythologique relatant les aventures de l'ancêtre du premier pharaon dans tout cela ?
Pour attaquer cet ouvrage, il s'agit de savoir louvoyer matelot ! Mais le jeu en vaut la chandelle.

"Et si la réalité était un écran ou chacun projette son film ?"

Qu'est-ce que la vérité historique ?
Voila l'une des questions fondamentales posées par le livre. L'un des personnages décrit l'archéologie comme la science la plus importante. Et si aucun des personnages n'est archéologue (aventurier ou historien, parfois les deux), tous se basent sur elle pour leurs recherches.
Une remontée vers un point d'origine où le mythe et factuel se confondent. C'est donc une quête à laquelle nous assistons, aux dernières avancées de celle-ci surtout. La quête de démêler le vrai du faux, d'exposer les rapports ambigus entre les mythes et l'histoire avec un grand h.
N'est-il pas surprenant, dans des universités sérieuses, que La Bible, soit encore de nos jours considérée comme une source ? Et bien, pour tout le décorum religieux, bien sûr que oui. Pour certaines choses, pas tant que ça. Le déluge par exemple est l'un des nombreux emprunts des chrétiens et des juifs  aux mythes païens bien plus vieux que l'écriture de leur livre ( le déluge apparaît pour la première dans l'épopée de Gilgamesh…et le déluge n'y est que rapporté , pas vécu par le héros : encore une fois, il s'agit de louvoyer et de creuser ! ). Si La Bible ne doit pas être une seconde prise comme une source sérieuse de l'histoire, les trous qu'elle comble méritent d'être creusés: si la légende devient mythe, en perd-elle pour autant sa base de vérité ? Et c'est cette base qu'il faut rechercher !

Il ne vous aura pas échappé que le roman est estampillé SF lors de sa sortie chez Folio, en poche. Leur collection à la couverture mauve ne contient aucun textes purement terre à terre. Si la première partie fait part à la recherche pure, la seconde entre de plein pied dans le fabuleux, l'imaginaire, le fantastique. Cela peut désarçonner le lecteur mais ne vient en fait que renforcer la structure en miroir de l'ouvrage.
Si la première partie peut être vue comme un tunnel presque infini, comme deux miroirs face-à-face, la seconde est plus linéaire. La première partie multiplie les points de vues, la seconde suit un seul personnage, Nathalie Derennoy, dont la famille a un contentieux avec Petrack.
Je pourrais parler de jeu de miroirs (miroirs, miroirs sans teint, miroirs déformants, une vrai plaisir de lecture) pendant encore 30 pages tant la structure du roman tient de l'orfèvrerie littéraire : 18 ans de travail !

La grande histoire se répétant dans la petite (les points communs entre l'histoire des héros et l'Histoire passée qu'ils découvrent au fil de leurs vies), les références s’emboîtant quand tout laisse présager que c'est impossible...Tout est minuté, millimétré.

En cherchant, en fouillant, en s'improvisant archéologue des mythes ( en ce sens qu'il procède couche après couche), Jean-Paul Marguerite multiplie les thèmes et les pistes (amour, archéologie,conservation du patrimoine, essence enfantine du jeu, histoire,histoires, mythes, légendes) en créant un tout cohérent. 
Mais parfois un peu longuet, il y a sans doute 200 pages de trop, comme s'il avait refusé de coupé certains passages plus lents.
Paradoxalement, cela renforcera la portée de la fin du roman.

Le Vaisseau Ardent est un roman multiple.
Aux enjeux multiples et aux multiples niveaux et degrés de lecture. L'auteur crée des liens entre les mythes de l'Arche, du déluge, de l'île perdue ( un peu comme l'ile de Lost, en mouvement) et de la fontaine de Jouvence.
Il va plus loin en ne rejetant pas des histoires plus récentes, entendant en cela que certaines histoires sont si fortes qu'elles en deviennent vite partie prenante de notre imaginaire collectif ( si la mémoire de l'humanité est atavique, cette mémoire continue d'emmagasiner).

Le Vaisseau Ardent est un roman sniper : la première page fait mouche et vous fauche pour ne pas vous laisser vous relever : impossible d'y échapper, où vous arrivez à la fin du livre et il vous hante ou vous le reposez et il vous obsède, vous pousse à en reprendre le chemin.

Le Vaisseau Ardent est un roman fleuve, que l'auteur nous fait remonter, descendre et qui nous offre en sus l'exploration des sinuosités comme des affluents.

Le Vaisseau Ardent est le premier grand roman français de ce début du XXIe siècle, important et imposant, tant par sa taille que par sa richesse, sa profondeur et son ambition !



jeudi 26 septembre 2013

The Long Dark Night.

Après un tome 3 en demi-teinte,la saga Knightfall continue dans ce tome 4 qui se trouve être l’avant dernier avant l'apothéose chiroptère qui se profile à l'horizon.

Jean-Paul Valley est le nouveau Batman et son ombre est autant une bénédiction qu'un danger pour Gotham City.  Rendu fou par les lavages de cerveaux subis durant son enfance, Jean-Paul a perverti l'héritage de la chauve-souris en devenant un être animé par la violence et la rage. 
Mais dans le même temps, ce nouveau Batman décide d'appliquer certaines méthodes de Bruce Wayne en rapport avec l'art des détectives.

Ce nouveau tome est bien meilleur que le précédent. 
Les scénaristes abandonnent leur marotte de l'ultra-violence pure pour enfin revenir sur le chemin du récit de détective. Oh bien sûr, nous sommes en plein dans les années 90 et la concurrence avec Image Comics fait rage,ce qui explique pourquoi le look du nouveau Batman n'a plus rien de subtil et s'applique à copier par mal d'éléments vs dans la série Spawn ou encore la grande présence de scène d'action comme moteur de l'intrigue. 
Mais cela passe bien mieux dès lors qu'elle se retrouve diluée dans un peu de réflexion.

Les quelques épisodes centrés sur Bruce Wayne permettent de mettre un terme à sa souffrance physique et à son errance, promettant un final épique entre l'ancien et le nouveau Batman lors du prochain (et dernier) tome. 



Au niveau graphique, rien n'a vraiment changé depuis le premier volume, si les dessins amorcent le virage créatif des années 90, le découpage et la mise en couleur restent encore très en retard. 
Rien d'alarmant mais on a plus le sentiment de nager dans les années 80.

Ce quatrième tome de Knightfall est donc une bonne surprise vu la déconvenue du tome précédent et offre une belle promesse pour la fin qui arrivera dans quelques mois.


mercredi 11 septembre 2013

50 nuances d'engrais.

Attention, l'article suivant a autant pour but d'être sérieux que complètement barré lorsqu'il s'agit de critique pure. Vous qui cherchiez un article fin et subtil, abandonnez tout espoir. Pour les ouverts d'esprit, bon amusement !

Fifty Shades of Grey (traduit chez nous par 50 nuances de Grey, ce qui ne veut rien dire puisqu'on perd le double sens du titre ) est le nouveau Twilight. Une "œuvre" littéraire vide et sans âme mais, comme le public à ovaires  a grandi et découvert son corps (un peu ou beaucoup), on saupoudre le tout d'une dose de sexe. Attention, du sexe Bondage Sado-Maso parce que le but reste toujours le même dans ce genre de littérature : faire rêver tout en poussant à ne pas consommer ! Redoutable mécanique pudibonde de l'Amérique puritaine ayant tendance à contaminer notre esprit frondeur d'Européen décomplexé.

Bref, devant le succès de ce machin, les studios de cinéma ont décidé de l'adapter.
Personnellement, je m'en branle !
D'ailleurs en parlant de ça, l'industrie X californienne l'a déjà adapté avant tout le monde sous forme d'une parodie porno !

C'est d'ailleurs une affaire truculente voire succulente ! Aux USA, une parodie porno échappe vite aux poursuites sur les droits d'auteurs grâce à son statut de parodie justement (personne n'a attaqué la série Hot Shots ou Naked Gun pour contrefaçon, c'est pareil dans le X mais avec des scènes osées en sus ! ). 
Sauf que cette parodie a été attaquée pour plagiat par Universal, détenteur des droits d'adaptations pour le cinéma. 
En effet, toute l'intrigue reposant sur le cul de l'héroïne, une parodie X coupe vraiment l'herbe sous le pied des studios Universal qui, pour des raisons légales, ne pourront, pourtant  tourner qu'une version soft expurgée de tout le stupre de la chose ! (bon, pour l'aspect sérieux, c'est fini !). Universal a les boules et le montre, enfin presque !

Ana , jeune et jolie (oui, comme le film de François Ozon, le même Fraçois Ozon qui déclare que "faire la pute" est un fantasme féminin courant et répandu.Si si,là je suis sérieux en vous racontant ça.Quelle image il doit avoir chez les filles de sa famille maintenant. ) rencontre le riche et "un-peu-plus-âgé-mais-ça-se-verra-presque-pas-à-l-écran" Christian Grey. C'est le coup de foutre …euh le coup de foudre !
Mais Mr Grey, parce qu'il a eu une enfance traumatisante (ouin ouin ma mère était une pute et son mac me battait. Déjà petit, si son Mac te battait, fallait attaquer Apple ou Steve Jobs, tu serais encore plus plein aux as! Ensuite, grandir dans un bordel, ça peut aussi donner des Don Draper, c'est déja un autre niveau!) a des goûts bien particuliers en matière de sexualité. Mais par amour, Ana va apprendre à aimer le BDSM. Ah, l'amour, ça vous faire de ces conneries quand vous êtes jeunes…




Ana est incarnée par la jolie plante Allie Haze, que l'on avait pu découvrir dans le plus simple appareil dans des films tels que Viol au dessus d'un nid de cocus,Missionnaire : Impossible , Harry Peloteur et la croupe de feu, Le trésor de Braquemart le Rouge ou encore Accroche toi aux rideaux que je te tringle! Cette jeune actrice est tout bonnement ha-bitée par son rôle.
On la sent réellement pénétrée par son personnage et celui de son partenaire à l'écran ! Partenaire qui, malgré le charisme d'une huître, se lance dans un véritable élevage de moules !

Jeune, jolie et dotée d'une longue langue ! Elle va faire carrière longtemps elle !


La réalisation est bien entendu sans saveur ou originalité et le directeur photo est aux abonnées absent : nous sommes en territoire bien connu, pour les territoires verges …euh vierges, il faudra repasser, ce n'est pas encore la révolution qui légitimera ce genre de cinéma. Reste que le tout est assez bandant si l'on est réceptif à ce genre de sexualité (perso, ça m'en touche une sans remuer l'autre, syndrome de la demi-molle ou de la demi-dure selon comment vous voyez le verre ).

Fait étrange, un commentaire audio accompagne les pistes sonores du blu-ray et nous offre des anecdotes de tournages ou de production surprenantes! Ainsi, les producteurs ont sciemment choisi de réduire le nombre d'orgasmes de l'héroïne parce que, et je cite, " Même pour un porno, ça aurait fait trop chiqué ! " ou encore la réécriture totale des dialogues par un scénariste ougandais chevronné parce que, et là encore je cite, "Même pour un porno, il y avait un certain niveau qualitatif à atteindre pour que les acteurs ne se mettent pas à rire de leur texte" ! Incroyables aveux !  Plus négligeable, nous apprendrons aussi le nombre de préservatifs utilisés pour une seule scène ou encore que l'acteur principal a été repéré à Broadway dans une pièce de Shakespeare : Sodothello !

dimanche 8 septembre 2013

Le meilleur héros de BD a 75 ans !

Il a 75 ans cette année et son nom commence par un "S" ! Mais non, pas Superman, Spirou ! (oui, j'ai déjà fait cette blague dans le sens inverse pour Man of Steel, et alors ? )

Un anniversaire en grandes pompes pour les éditions Dupuis qui ont multiplié les événements autour du célèbre groom. Le magazine Beaux Arts sort donc un hors-série pour l'occasion qui revient sur la création du magazine et de sa mascotte qui allait vivre et vit encore de multiples aventures rocambolesques !

Il y a quelques mois, la chaîne de télévision Arte avait diffusé un documentaire sur la création du magazine et son fonctionnement jusque son âge d'or et s'intéressait plus à la revue hebdomadaire , ses lignes éditoriales, ses conflits artistiques, etc…qu'au personnage et son monde à proprement parler.

Ainsi, si vous avez vu ce documentaire, ce hors-série ne vous apprendra pas grand-chose de neuf, si ce n'est la collaboration souvent passée sous silence de Luc Lafnet avec Rob-Vel, créateur officiel du personnage. 

Mais la vie du magazine ( qui, durant la guerre, sera diffusé jusque 1943 sans jamais collaboré, lui. Non non, je ne pense pas au Journal Le XXme siècle et son supplément jeunesse Le petit vingitème qui accueillait le héros de Hergé, allons donc ! ) n'est pas le gros de ce hors-série atypique qui reprend la présentation d'un album de BD franco-belge cartonné !

Si ce numéro brasse les passages semi-obligés (sans les bâcler mais sans les approfondir ) comme les lieux exotiques visités par Spirou et Fantasio , un petite lexique de tout le beau monde croisé dans les albums ou encore les délires de science-fiction de la série passés au tamis de la science, c'est surtout le travail de Franquin dont il sera question ici, les autres auteurs ne seront que peu analysés.

Si la frustration de ne pas en savoir plus sur les autres artistes ayant travaillé sur le mythe est là ( dans mon cas particulier, le tandem Tome & Janry aurait mérité un coup de projecteur ), le travail réalisé par Franquin est vraiment disséqué voire parfois sur-intellectualisé (mais comme le dirait Jean-Marc "Jim" Lainé, essayiste sur la bande-dessinée, sur un célèbre forum : On ne sur-intellectualise jamais trop ! ) et comparé aux travaux de Hergé où le se rend compte que leurs traits si différents avaient des points communs frappants (article très intéressant que celui-là). 
Nous découvrirons aussi la création du Marsupilami et de Gaston Lagaffe qui est apparu dans les aventures de Spirou et Fantasio avant de posséder sa propre série de gags loufoques et tendres !

Le hors-série va jusque à recherche les objets du quotidien des années Franquin à avoir inspiré des décors, véhicules, etc…plus anecdotique et sentant le remplissage pour qui n'est pas sensible au vintage cher aux hipsters (les mecs, ces années ont vécu, Mad Men est super, et le polaroïd n'intéresse plus personne, merci !).

On regrettera une ou deux coquilles et une image des belges et de la Belgique pas toujours très juste (ou alors c'est de l'ironie que je n'ai pas comprise).


Au final, il se dégage un petit parfum d'inachevé car  en se focalisant sur l'homme qui a fait vivre le plus longtemps Spirou (19 albums et 4 Hors-Séries) ,qu'il qualifiait pourtant de coquille vide, et en délaissant les autres artistes, ce numéro spéciale de Beaux Arts ne fait pas le tour de la question ! 
Une semi-déception donc.Mais une semi-déception pleine de détails intéressants.

vendredi 6 septembre 2013

Elysium très mince !

En 2009, un petit film de Science-fiction super bien foutu, District 9, avait propulsé un jeune réalisateur,
protégé de Peter Jackson : Neil Blompkamp.
4 ans plus tard , il revient avec Elysium, un autre film de SF qui, comme son grand frère, a pour toile de fond des problèmes et des enjeux très actuels !

Neil Blompkamp est un protégé de Peter Jackson (mais je l'ai déjà dit) : lorsque le jeu vidéo Halo était en préparation pour devenir un film, le petit Neil a réalisé divers courts-métrages se déroulant dans cet univers et cela a tellement impressionné Jackson qu'il a fait des pieds et des mains pour imposer ce jeune inconnu sur le projet.
 Il avait également appelé son ami Steven Spielberg pour qu'ils produisent le film ensemble. Mais le studio, devant la demande de budget n'a même pas cherché à revoir le budget à la baisse et annule bonnement et simplement le film.

C'est alors que Blompkamp parle à Jackson d'un de ces courts-métrages, de comment il pourrait en faire un long pas trop cher et réutiliser quelques concepts qu'il avait développé pour réaliser son film fantasme qu'était Halo. District 9 est donc lancé et alliait narration intéressante, idées miroirs de notre monde ( l'apartheid mais appliqué sur une population alien réfugiée sur Terre) et film d'action dont certains éléments faisaient références à Halo. 30 millions de $ de budget  et 7 fois cette somme de bénéfice, Neil Blompkamp est officiellement un réalisateur que les studios recherchent.

Son nouveau film va puiser dans les mêmes recettes : les préoccupations actuelles sont traitées par un prisme déformant : surpopulation alarmante, pollution extrême, capitalisme ultra-sauvage, les pauvres plus pauvres et les riches plus riches. À tel point que les pauvres vivent sur Terre dans de véritables décharges et les riches dans une station inspirée d'une Tore de Stanford : Elysium.
Les Elysiens , en plus d'être aisés, gardent pour eux le système de santé ultime, les med-box, engin capable de réparer tout ce qui ne va pas chez vous : cancer, os cassé, foie hépathique,etc…rien ne peut vous tuer ! Max, un ouvrier d'usine sur Terre est irradié sur son lieu de travail. Pour survivre, il va tenter de pénétrer illégalement sur Elysium. Un magouilleur de première lui promet de l'emmener s'il se laisse implanter un exosquelette boostant ses capacités pour accomplir une mission dangereuse. Max accepte, pour sauver sa peau.

Et là, contre toute attente, Blompkamp chie dans la colle mais sévère !
Tout d'abord en pillant purement et simplement d'autres œuvres : Max devient une sorte de cyborg tentant de rallier Elysium. C'est exactement l'histoire du manga Gunnm où la cyborg Gally , vivant dans la décharge terrienne tente de rallier Zalem, la ville dans le ciel !


La Terre est une décharge et les riches vivent dans les airs : Gunnm, un manga plus que conseillé !

Elysium , bien qu'inspirée d'une Tore de Stanford, est aussi surtout une copie du fameux Halo qui donne son titre au jeu vidéo qu'il voulait réaliser il y a quelques années. Les concepts d'armements militaires entrevus dans District 9 sont ici développés puissance 10 (et eux aussi, sentaient l'inspiration Halo), etc…alors oui, visuellement ça dépote.




Une Tore de Standfort, une mégastructure Halo, la station Elysium...

Mais quelle introduction laborieuse, quel sens du convenu dans le déroulement de l'intrigue, quelle répétition des scènes d'actions ( en gros, à chaque fois, Max tombera légèrement dans les vapes, se relèvera et repartira à l'assaut ! ).
Tous les sous-textes intéressants sur l'état du monde,sur les coups fourrés politiques sur Elysium sont à peine entrevus. Il n'y en a que pour l'action et une histoire faiblarde où les gentils sont très gentils (même quand ils cherchent à jouer les durs ), où les méchants sont très méchants et où les coïncidences les plus énaurmes (oui, j'écris ça comme ça à dessein) font avancer l'intrigue.
C'est tellement gros et mal amené que j'ai presque entendu le commentaire audio du réalisateur me dire '' Je t'ai eu mon con en te faisant payer un ticket !".
Et que dire des incohérences : les clandestins tentant d'arriver sur la station ne sont repérés que lorsque cela arrange le réalisateur !





Il est étonnant que Matt Damon et encore plus Jodie Foster aient accepté de jouer dans un film au script aussi faiblard. J'entrevois deux hypothèses : soit ils avaient besoin de payer leurs impôts, soit, au vu de leur dires, le scénario devait sans doute être d'une autre ampleur et c'est la réalisation sans imagination constante et un montage ayant abandonné les scènes les plus posées qui ont fait de ce film plein de promesses un film bas de gamme !

Un univers visuel intéressant et bien rendu (on sait que ce sont des effets spéciaux uniquement parce que les vaisseaux n'existent pas, sinon leur rendu est tout simplement emprunt d'un réalisme rare, bluffant !) ne suffit pas à remplir un film !
Pour rendre le film intéressant ( dans l'exploration de ses thèmes et dans la création d'empathie envers les personnages) il manque 45 bonnes minutes à un film d'1H50 générique compris. À l'heure des films de prés de 2H30, c'est à se demander pourquoi cette option n'a pas été envisagée ! Quoique, vu à quel point l'heure cinquante semble longue,pas certain que des ajouts puissent vraiment sauver le spectateur de l'ennui gêné!

Le film avait tout pour devenir un grand film de SF, au final il ne survivra pas dans le temps au déla de 6 mois après sa sortie en blu-ray ! Quelle déconvenue, quelle déception ! Seule une hypothétique version longue vaudrait peut-être la peine de laisser une seconde chance au pire film sorti cet été !

jeudi 5 septembre 2013

Le Rouge est une Couleur Chaude.

Presque 20 ans après son film le plus connu (et son seul vrai succès commercial, Entretien avec un Vampire), Neil Jordan revient vers les suceurs de sang humain.
En changeant radicalement son angle d’attaque et en apportant un peu d’originalité à un genre qui dépérit au cinéma (soit en n’apportant plus de sang neuf, soit en faisant abstraction de tout ce qui fait un vampire, oui Twilight, je pense à toi, engeance putride !).

Elaenor "Ella" Webb et sa grande sœur Clara sont des marginales. Alors qu'Ella noircit des pages de textes qu'elle jette aux vents une fois écrit le mot "fin", Clara gagne leur croûte en faisant du strip-tease. Mais un danger les guette car Ella et Clara sont en réalité mère et fille, vampires depuis deux siècles, Clara a transformé sa progéniture vers la fin de l'adolescence de celle-ci.

Leur vie ne se fait jamais longtemps au même endroit et lors d'une énième fuite, Clara fait la rencontre de Noel, un homme un peu paumé propriétaire d'un vieil hôtel, le Byzantium.
Clara y voit l'occasion de se poser un bon moment et décide de mettre son expérience d'ancienne prostituée pour en faire un lupanar lucratif. Pendant ce temps, Ella intègre une école de haut niveau et fait la rencontre de Frank, jeune homme un peu marginal…
Mais les cadavres exsangues que les deux femmes laissent derrière elles ne vont pas les aider à passer inaperçues.

Si on replace tout ça dans la filmographie de Neil Jordan, beaucoup verront Ella comme une version adolescente de Claudia, la jeune vampire protégée de Lestat de Lioncourt : même air juvénile, même capacités au piano et même mal-être dû à un manque de contact humain. C'est bien entendu pertinent.
Mais ça serait omettre le film "La compagnie des loups", relecture du petit chaperon rouge que Jordan avait réalisé en 1988.
Hors, Elle se balade durant les ¾ du film avec un gilet à capuche rouge, allure trompeuse car cet aspect de victime cache bien entendu le loup qu'elle peut être.



Si Byzantium est l'un des films les plus originaux sur le thème du vampire de ces dernières années, il n'est pas exempt de défauts assez grands : le rythme est lent, l’enchaînement de certaines séquences est laborieux et les personnages ne sont pas écrits pour qu'on se prenne vraiment d'empathie pour eux.

Mais ces qualités l'emportent sur ces défauts.
Tout d'abord, comme je le disais, l'angle d'attaque est assez différent de ce qui se fait souvent : si laisser les enfants de la nuit marcher sous le soleil n'est pas nouveau en soit ( sachez que c'est le Nosferatu de Murnau qui ajouta la révulsion du soleil au mythe de vampire), les placer dans un cadre social proche des bas-fonds est rare car la plupart des vampires sont souvent des châtelains, des aristos ou juste des personnes ayant réussi professionnellement et menant une vie assez simple. Ici, Clara, pour vivre et protéger son enfant, a recours à la prostitution et au proxénétisme : l'immortalité n'a pas rendu leurs vies plus aisées. Elles sont également soumises à la fameuse règle de l'invitation pour pénétrer chez les gens, il y a des choses qui ne changeront jamais !


Ensuite, les canines pointues sont ici remplacées par les ongles, étirables et effilés. L'entaille profonde a de toutes façons toujours le même but, récolter le sang de la victime. Et si les deux femmes ont le même appétit, leurs méthodes divergent fortement : Clara est une tueuse sans pitié, si sa préférence va au rebus de la société que le monde ne pleurera pas, elle n'hésitera pas à tuer quiconque pourrait être une menace pour elle. Ella, quant à elle, écume les hospices et les hôpitaux pour apporter l'ultime réconfort à des mourants. Chacune cherche une justification à la mort qu'elle donne pour rester en vie un peu plus longtemps. Mais au final, leur route sera toujours jalonnée de morts violentes.





Gemma Arterton, ancienne James Bond Girl, incarne Clara, et son personnage est tour à tour emprunt d'une nature tragique (son histoire n'est pas un conte de fée ) tout autant que vulgaire car, sans porter de jugement de valeur, en dehors de son rôle de mère poule, elle reste bien souvent une pute de bas-étage. Le contraire de Ella incarnée par Saoirse Ronan (son pronom se prononce comme ceci, suivez le lien : http://www.youtube.com/watch?v=znCXvlhYV-Y, et oui, les prénoms irlandais c'est pas simple), jeune fille à suivre car derrière son regard bleu clair envoûtant se cache un talent rare : j'en connais peu qui , en une fraction de seconde, font passer leur  regard adolescent à la profondeur d'une être deux fois centenaire ! Elles forment donc un duo atypique mais complémentaire. Incapables de couper le cordon ombilical !



Les qualités graphiques de l'ensemble sont aussi à souligner. Si l'image est assez neutre et réaliste, il y a une utilisation de la couleur rouge que certains trouveront peut-être lourdingue (le rouge est la couleur du sang alors pourquoi le rappeler toutes les 10 minutes ? ), j'y vois une cohérence et une recherche bien vue.
Le rouge , contrairement au bleu par exemple, est une couleur qui charrie d'innombrables sentiments : la luxure et la timidité en tête. Rien d'étonnant à ce que Clara l'extravertie travaille sous néon rouge et qu'Ella la renfermée se promène comme un petit chaperon en mal de loup !
Si on va plus loin, l'un des mots grecs pour désigner la couleur est porphyros, qui donnera porphyrie...la maladie "du vampire".
Et ça ne s'arrête bien entendu pas, la création d'un humain en vampire nécessite ici un usage poétique de la couleur lors de séquences bien différentes des créations habituelles puisque ce n'est pas le folklore des Balkans mais plus celui Celtique qui est ici utilisé.
Même les habituels chasseurs de vampires recèlent quelques surprises.






Byzantium n'est donc pas un film parfait mais son traitement et son originalité le place clairement dans le classement des films les plus intéressants à l'instar du très bon La sagesse des crocodiles (ou Jude Law incarnait un prédateur froid , méthodique et pourtant terriblement humain) et qui aurait mérité un meilleur coup de projecteur sous nos latitudes ! Et puis on revoit enfin des chauves-souris et du sang dans un film de vampire, ça faisait longtemps !




mercredi 4 septembre 2013

Batman : épouvantable épouvantail.

Jusqu’ici plus faible des bat-séries  (mais, malencontreusement, Batwoman semble suivre le même chemin), Batman The Dark Knight vient d’atteindre le médiocre. 
Si dans l’optique éditoriale il s’agit du second tome, dans les faits nous en sommes au troisième et sans doute pas le dernier pour notre plus grand malheur.

Batman The dark knight est la série bébé du dessinateur David Finch qui assurait dessins et scénarios, puis juste le scénario. 
Lorsque la série est relancée , Finch reprend ses crayons et laisse à d’autres le soin d’écrire la série pour qu’il puisse avoir le temps de dessiner.
Avec cette troisième salve, nous en sommes également au troisième scénariste sur la série. Et chacun efface un peu plus les éléments mis en place par son prédécesseur, belle preuve d’envie de continuité même si je soupçonne une paresse crasse de lire le travail des autres.

Nous disions donc, après Finch et Paul Jenkins, c’est au tour de Gregg Hurwitz de s’y coller. 
L’auteur décide de faire du Dr Jonathan Crane, alias L’épouvantail, l’antagoniste des épisodes constituant ce tome. En plus de décrire ses exactions ( le kidnapping d’enfants et l’expérimentation de son gaz inducteur de panique sur ceux-ci avant de les relâcher dans la nature) , Hurwitz va tenter de nous faire avoir un peu d’empathie pour le personnage en nous dévoilant son enfance difficile et…
Mais attendez voir !  Ce n’est pas déjà ce qu’il nous avait fait sur La Splendeur du Pingouin ça ?

Hurwitz a donc trouvé une recette à son goût et décide semble-t-il de l’appliquer à toutes ses bat-histoires. Ça promet pour le reste…

Batman va donc tenter de retrouver l’une des dernières victimes de Crane. Cette partie est assez bien menée et force Batman a se monter parfois un peu humain envers une enfant, la dernière en date qui a été retrouvée. C’est bien vu de le voir s’adosser à un mur et de tendre la main vers une enfant traumatisée : cela le renvoie à sa propre enfance traumatisée et l’on sait , parce qu’il a adopté 3 Robin,que cela le touche profondément de voir des enfants dans cet état. Dès lors, pourquoi le montrer distant envers son propre enfant ( alors que les autres séries montrent que Bruce est très attentif envers son fils Damian, le transformer en père est l’une des plus belles évolutions accordées au personnage ! ) ? Parcequ’Hurwitz n’a rien lu des autres séries, voila pourquoi ! Ni même les numéros précédents de la série dont il reprend les commandes !





En effet, il oblitère totalement la nouvelle petite amie de Bruce avec un secret potentiellement dangereux pour sortir de son chapeau la belle Natalya, pianiste de renom avec qui le héros semble fricoter  depuis un moment. Mais plus fort, il passe complètement sous silence que l’Épouvantail lui-même apparaissait dans les épisodes précédents ! Pour la cohérence on repassera !



Très vite, le scénario devient confus et sujet aux incongruités les plus diverses voire débiles . Lors d’une séquence, il est très difficile de savoir si Batman hallucine ou non, à tel point que j’ai pensé qu’il manquait des pages ou que toutes n’étaient pas dans le bon ordre, comme une erreur d’impression. Et bien non, c’est bien un travail de sagouin.Plus loin,en manque d'imagination, le scénariste nous refait le remake de séquences sorties de Batman Begins et de The Dark Knight Rises à quelques variations près...quand on a pas d'inspiration, allons voir ailleurs et si jamais on nous le fait remarquer, on parlera d’hommage...


David Finch quant à lui continue sa décrépitude graphique. Pour sa défense on pourra toujours avancer que mettre en images des scénarios aussi indigents cela ne doit pas aider mais quand on est pro, on assure son boulot même si le boss est un crétin fini ! Il sera remplacé dès les prochains numéros par Ethan Van Sciver. Hurwitz , lui, restera en place. Et tant qu’il reste en place, cette série ne verra pas ses tomes suivants entrer dans ma bibliothèque, je suis loin d’être un masochiste aussi avancé ! 

Vivement que la série Batman (tout court) nous sorte son tome 3 car l’équipe aux manettes est d’un autre niveau et surtout, surtout, on devrait voir revenir le Joker…sans explication de son enfance tiens !